23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 21:54

Quand, en 2011, la marine américaine se retrouve piégée par le nuage radioactif au large de Fukushima… A qui la faute ? Et que cherche-t-on à protéger en niant l’importance de la pollution subie ? C’est le sujet du troisième article de Jean-Marc Royer, tiré de son ouvrage inédit, "Le nucléaire, érotisation suprême et planétaire de la mort ".

 

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Atoms for peace [1], à la sauce baroque, au bas mot

 

 

Jean-Marc Royer

 

 

Une des obsessions du village nucléaire international est de cacher la nature et le niveau des effluents radioactifs émis durant les premiers jours de la catastrophe de Fukushima après les explosions des réacteurs, car il y a là de gigantesques enjeux économiques, juridiques et politiques internationaux. Or il vient de se produire un petit évènement gênant pour tous ces thanatologues et thanatopracteurs du nucléaire, comme si la vérité que l’on voulait absolument enfouir dans de profonds souterrains comme un déchet, venait inopinément de surgir à un endroit inattendu. Voici.

 

Participant à l'opération Tomodachi – amitié – déclenchée le 11 mars 2011, le porte avions à propulsion nucléaire de 100 000 tonnes USS Ronald Reagan, sur lequel servaient 5 500 personnes [2] s’était dérouté afin de servir de plate-forme de ravitaillement et de zone de transit pour les victimes et arrivait le lendemain aux abords de Fukushima (environ 3 km). Malheureusement, le vent soufflant vers la mer ce jour là, le navire était pris dans une sorte de « nuage inattendu », les hommes sur le pont se retrouvant enveloppés par une moiteur qui leur laissait dans la bouche « comme une sorte de goût métallique », le même que certains riverains avaient pu sentir lors du dégazage de Three Mile Island : ces personnels allaient être parmi les premiers à être exposés au panache de rayonnements dus à l’explosion du bâtiment-réacteur n°1 à 15h36. Les niveaux d'exposition sur le navire et sur les chaussures des militaires s’avérèrent être étonnamment élevés. De plus, les marins, comme à leur habitude, avaient utilisé l'eau de mer dessalée grâce aux dispositifs internes, pour cuisiner, se doucher, ainsi que pour tous leurs autres besoins avant que cela ne leur soit interdit. Cette situation dura dix heures avant que le bateau ne soit repositionné à plus de 100 km et que des mesures supplémentaires soient prises. Selon le Huffington Post du 27 février 2014 « des retombées graves ont été également apparemment trouvées sur les hélicoptères qui revenaient des missions de secours. […] à 100 mètres devant, l'hélicoptère lisait 4 sieverts par heure.[3] » Pour mémoire, le 16 mars, la US Nuclear Regulatory Commission portait la zone d’exclusion à 80 km de Fukushima, le 17 le département d’Etat publiait un mémo recommandant l’évacuation du Japon à tous ses ressortissants, personnels de l’ambassade et de la défense compris, et le 21 mars la prise d’iodure de potassium était recommandée jusqu’à 320 km de Fukushima. Ensuite de quoi des considérations diplomatiques et la prise en compte des intérêts de l’industrie nucléaire ont rapidement atténué des recommandations trop visibles …

 

La marine a toujours argué depuis le début que le porte-avions n’était pas contaminé, mais ni le Japon, ni la Corée du Sud, ni même l'île de Guam ne l’ont autorisé à venir à quai après cette mission. Depuis, le navire, après quelques épisodes, est finalement allé en cale sèche 14 mois à Bremerton, dans l'état de Washington, près de Seattle, pour un soi-disant « grand entretien et une remise à niveau » puis en est reparti en mars 2013 vers San Diego ; mais selon son capitaine, il semble que sa fin approche. Dans le Pacifique, tôt ou tard, il pourrait se faire définitivement oublier dans un de ces nombreux cimetières marins où il sera mis en pièces à mains nues par les esclaves des temps modernes qui y laissent leur peau, puisque c'est là que de nombreux navires terminent leur course.

 

Mais les marins connaissent depuis leur retour des problèmes de santé rares et gravissimes pour des personnes aussi jeunes : leucémies, dégénérescence du nerf optique, cancer de la thyroïde, des appareils génitaux et du cerveau. En avril 2012, le lieutenant Steve Simmons, un sportif, était hospitalisé pour une inflammation des ganglions lymphatiques, mais bientôt ses jambes ne le porteraient plus : il se déplace maintenant en fauteuil roulant. A trente cinq ans, il a été mis à la « retraite pour raison médicale » en avril 2014. Mathew Bradley, lui, a contracté une maladie dégénérative de la colonne vertébrale. Une femme de la Navy affirmait quant à elle : « pendant l'opération Tomodachi, j'ai commencé à avoir des migraines, des cycles menstruels irréguliers. Après, j'ai dû avoir recours à des opérations du genou, du sein et de la jambe pour enlever des excroissances » et l’épouse d’un marin a rapporté « qu’à la suite de cette exposition, notre fils, qui est né le 14 novembre 2012, a été diagnostiqué à huit mois avec le cancer du cerveau et de la colonne vertébrale ». Etant donné le développement du droit aus Etats-Unis, il y subsiste encore des possibilités de recours, c’est ce qui a permis la class-action de quelques 81 marins du navire. Et grâce au Freedom of Information Act (FOIA), les plaignants – dont la majorité travaille toujours pour la Navy – ont eu accès aux transcriptions des conversations téléphoniques entre les fonctionnaires du gouvernement fédéral, les autorités nucléaires, les responsables de l'ambassade des États-Unis à Tokyo et le personnel militaire du Commandement Pacifique (PACOM) à ce moment-là. On y constate la véracité de leurs dires malgré la prudence de mise dans ce type d’échanges sensibles (The Asia-Pacific Journal, Vol. 12, Issue 7, No. 4, February 17, 2014). Mais selon l’avocat des plaignants, la Navy ne serait pas nécessairement en cause : le principal responsable serait Tepco qui n'aurait pas prévenu du fait que le cœur du réacteur n°1 avait fondu et que des éléments radioactifs avaient été projetés à l'extérieur de la centrale lors de l'explosion du bâtiment. Les enjeux dans cette affaire sont si importants que malgré le nombre de plaignants et la solidité de leurs dossiers médicaux, il existe un fort risque qu'elle soit classée sans suite. Ce fût d'ailleurs le cas une première fois en novembre 2013 pour « absence de preuves ».

 

Quels sont les enseignements provisoires de cette affaire ? Primo, il est dit dans ces transcriptions de conversations téléphoniques que « le niveau de radiations était tel qu’en 10 heures le seuil admis pour le public était atteint ». Traduction de cette novlangue : le seuil admis outre Atlantique étant de 15 mSv [4] annuels, cela signifie qu’en une heure l’irradiation était de 1,5 mSv, ce qui en France, aurait déjà constitué un dépassement du seuil annuel ! Je rappelle que selon le rapport de l’ECRR, si les marins étaient restés dans ces conditions deux semaines, ils avaient une chance sur deux de rester vivants après leur retour.[5]

 

Comme à Hiroshima, à Nagasaki, et comme dans tous les accidents majeurs qui ont eu lieu depuis 1945, l’enjeu capital de cette affaire réside dans la dissimulation des radiations émises dans les premiers jours, car c’est à ce moment-là qu’elles sont les plus importantes. Il en va de l’avenir de l’industrie et du village nucléaire international ainsi que de la pérennité des pouvoirs aux commandes des Etats nucléaires. Autrement dit, il faut absolument dissimuler au public la gravité des faits durant les premiers jours, sous prétexte d’éviter la panique, mais en réalité pour éviter tous les recours qui pourraient durer des décennies contre l’industrie, le village et les Etats nucléaires, quitte à en augmenter les dangers et le nombre de victimes futures. Ainsi, depuis 1945, l’histoire nous enseigne que pour les Etats et le village nucléaire international, « gérer une catastrophe », c’est avant tout en éviter les répercussions socio-politiques incontrôlées, la sécurité des populations passant au second plan étant donné qu’il sera toujours possible de contester tous les effets de cette catastrophe, à condition que la nature et la quantité des effluents émis durant les premiers jours soient drastiquement minimisées. Après tout, qu’y-a-t-il à craindre de pauvres gens qui tomberont malades dans quelques années ou dans trente ans, puisqu’il ne leur sera pas possible de prouver l’origine de leur cancer, et que les responsables de ce temps-là exerceront … d’autres responsabilités ou auront fait valoir leurs droits à la retraite chapeau avec parachutes dorés ?

 

Deuzio, on se souvient que Tepco avait « balladé » les journalistes du monde entier en cachant la fusion des cœurs des réacteurs durant dix semaines, le temps que l’actualité internationale de Fukushima refroidisse … Pendant tout ce temps, le village et les puissances nucléaires étaient évidemment au courant des fusions, mais l’omerta internationale a correctement fonctionné. Via leur système satellitaire et leurs capteurs au sol, les Etats-Unis (et vraisemblablement d’autres nations), sont capables de détecter les effluents d’une explosion atomique (par exemple en Corée du Nord) dans les minutes qui suivent celle-ci. A qui fera-t-on croire que les responsables de la marine de ce pays en charge du porte-avions Ronald Reagan n’étaient pas au courant de la fusion des cœurs des réacteurs à Fukushima ? Et quand bien même cela serait le cas, cela marquerait un grave dysfonctionnement des échanges entre les services de surveillance ad hoc et les forces armées de ce même pays, au détriment des personnels militaires et des réfugiés qu’ils étaient venus secourir.

 

Democraty now. http://www.natureetsciences.com/2014_03_01_archive.html

Democraty now. http://www.natureetsciences.com/2014_03_01_archive.html

Tertio, sur les photos de ce porte-avion (dont la marine nie encore l’irradiation), on peut voir une chose dont on est à chaque fois abasourdi, à savoir les moyens dérisoires utilisés contre la contamination radioactive : comme dans les années 1950, des files de marins bottés avaient été alignés et, armés de balais-brosse et de produit vaisselle, ils lessivent le pont du navire, comme à Fukushima on arrosait les bâtiments à la lance à incendie ou bien qu’on mettait ensemble des batteries de voitures pour désespérement palier au défaut de courant électrique dans les salles de contrôle-commande. Violent paradoxe que celui-là et qui se renouvèle à chaque fois : d’un côté ils nous vantent la modernité scientifique et la sécurité technique du nucléaire ad nauseam, de l’autre ils font appel à des ressources ridiculement inadaptées pour lutter contre ces catastrophes, signe de l’impuissance réelle de ces cow-boys face à ce qu’ils ont déclenché. Il faudrait demander à tous ceux qui soutiennent le nucléaire de s’engager publiquement, à l’avance et par écrit à servir dans un corps de volontaires pour aller sur les lieux de la prochaine catastrophe nucléaire puisqu’ils n’en excluent plus l’occurrence périodique !

 

Quarto, sur d’autres photos du pont de ce navire prises deux ans après, il est possible de voir les dizaines d’automobiles des marins qui n’ont pas été autorisés à les récupérer lorsqu’ils ont débarqué ! Sans doute serait-il fâcheux qu’ils irradient un peu trop leur famille, leurs voisins de garage ou bien que des oragnismes indépendants soient à même de confirmer la contamination épouvantable de véhicules bon pour le rebus comme des centaines de véhicules et d’hélicoptères avaient du être abandonnés dans des cimetières à ciel ouvert après Tchernobyl. Plus forte que Balladur ou Juppé, soyons sûrs que la marine US se chargera elle-même d’emmener les véhicules à la casse après avoir octroyé une prime royale à ses personnels afin qu’ils en achètent des neufs …

 

21 mars 2013, http://www.10news.com/news/uss-ronald-reagan-returns-to-san-diego-after-more-than-a-year-in-washington-state-032113

21 mars 2013, http://www.10news.com/news/uss-ronald-reagan-returns-to-san-diego-after-more-than-a-year-in-washington-state-032113

Au-delà de tous ces détails, ce qu’il faut réaliser, c’est que « la gestion des catastrophes nucléaires » consiste essentiellement à nier par tous les moyens l’importance de ses effluents dans les tous premiers jours [6], afin de préserver l’avenir du nucléaire, plutôt que de risquer une situation de révolte de type insurrectionnelle de la part d’une multitude de personnes qui n’auraient plus rien à perdre, pas même leurs vies, ni celle de leurs descendants. La militarisation de ces situations va dans le même sens évidemment. On comprendra dans ce cadre que l’ignorance des foules et leur encadrement soient essentiels. Ceci est tellement vital que le gouvernement japonais vient de prendre un « State Secrets Act » qui criminalise toutes les critiques et les lanceurs d’alerte : il s’agit-là encore une fois de la restriction démocratique des libertés démocratiques …

 

Jean-Marc Royer, mai 2014

 

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[1] Voir le second paragraphe.

 

[2] http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/atom-heart-fucker-16-qu-est-il-150906

 - http://www.natureetsciences.com/2014_03_01_archive.html

http://thelead.blogs.cnn.com/2014/02/19/did-fukushima-disaster-make-u-s-sailors-and-marines-sick/

 - http://japanfocus.org/-Kyle-Cleveland/4075

http://ecowatch.com/2013/12/11/japans-new-fukushima-fascism/

 

[3] http://www.huffingtonpost.com/harvey-wasserman/documents-show-the-navy-k_b_4859290.html

 

[4] Les Etats-Unis en sont restés aux recommandations 26 de la CIPR de 1977, contrairement à d’autres pays qui ont adopté celles de 1990.

http://www.akademia.ch/~sebes/textes/1998/Belbeoch/1998RB_norme77.htm

 

[5] Il faut avoir atteint, selon la CIPR 5000 mSv, soit en l’occurrence 139 jours pour « avoir 50% de chances de mourir » rapidement, mais l’ECRR préconise de diviser par dix ces « recommandations », ce qui correspond 2 semaines.

 

[6] Cf. à ce sujet les révélations du Guardian.

 

 

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Mise à jour : 12 octobre 2014 (phrase "mais selon son capitaine, il semble que sa fin approche. Dans le Pacifique, tôt ou tard, il pourrait se faire définitivement oublier dans un de ces nombreux cimetières marins où il sera mis en pièces à mains nues par les esclaves des temps modernes qui y laissent leur peau, puisque c'est là que de nombreux navires terminent leur course.") 

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 15:50
Le nucléaire et sa critique, de Tchernobyl à Fukushima

L'Université Paris Diderot organise deux journées d’études les 26-27 septembre 2014 au Campus Grands Moulins - Halle aux farines. Cette rencontre intitulée « Le nucléaire et sa critique, de Tchernobyl à Fukushima » se tiendra en présence de chercheurs, sociologues, philosophes et militants, avec le concours du Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale. En voici la présentation, le programme et la liste des intervenants.

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La crise nucléaire de Fukushima a relancé la critique antinucléaire tant au Japon qu’en France et d’autres pays. Si les gouvernements japonais et français avaient annoncé leur ferme volonté de tirer toutes les leçons de la catastrophe de Fukushima, aujourd’hui ils tendent l’un et l’autre vers une relance des centrales avec un moindre niveau d’écoute de la critique. Comment comprendre cette évolution ? Trois ans après, quelle leçon tirer de ces « leçons » pour la recherche franco-japonaise ? En nombre de réacteurs et par la taille des entreprises du secteur, le Japon demeure la troisième industrie électronucléaire au monde après les Etats-Unis et la France. Alors s’agit-il d’effets de pesanteur d’un Etat dans l’Etat (le « village nucléaire » au Japon et le « lobby nucléaire » en France) ? Ya-t-il néanmoins des signes de sortie de cette politique ? Quelles marges de collaboration possibles pour les militants associatifs impliqués avec les victimes de Fukushima et les chercheurs en sciences sociales engagés dans une approche critique de cette situation ?

Les journées d’études permettront d’échanger tant sur la teneur des recherches en cours que sur les modes de financement possibles pour une recherche à plus long terme. Cette évolution post-Fukushima sera replacée à la lumière de celle qui a suivi Tchernobyl, et en confrontant l’expérience de terrain des sociologues et des militants avec la réflexion de philosophes.

 

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PROGRAMME

 

 

Vendredi 26 septembre 2014

 

 

1) Enjeux et limites du nucléaire comme « catastrophe » (philosophie et anthropologie)

Amphi 1A

9h30-9h45 Introduction : Paul Jobin

9h45-10h30 Satoshi Ukai : (Re) découvrir Hiroshima après Fukushima

10h30-11h15 Jean-Jacques Delfour : La philosophie face au nucléaire : pire qu’une catastrophe, la condition nucléaire

11h15-12h00 Christine Bergé : De Superphénix à Mururoa, une déconstruction infinie

 

2) Une catastrophe chronique : le travail nucléaire et ses déplacements (sociologie)

Amphi 12E

14h00-14h45 Marie Ghis : Santé sous-traitée et mobilisations de travailleurs dans l'industrie nucléaire française

14h45-15h30 Paul Jobin : La condition « gitane » du travail nucléaire (Japon)

15h30-15h45 Pause

15h45-16h30 Rina Kojima : Les personnes sinistrées en dehors des zones désignées: une palette de disparités

16h30-17h00 Annie Thébaud-Mony : Nucléaire : un « précariat » sacrifié (discussion du panel)

 

 

Samedi 27 septembre 2014

 

 

3La gouvernance nucléaire et sa critique (sociologie et action citoyenne)

Amphi 11E

9h30-10h15 Sezin Topçu : Du nucléaire et de ses dégâts : analyse sociologique d'une filière d'exception

10h15-11h00 Kolin Kobayashi : Du projet Ethos au mythe d'une sûreté sereine, ou "la gestion post-accidentelle" du lobby nucléaire

11h00-11h45 Yves Lenoir : Les différents temps d'une catastrophe atomique et le dilemme de la décision

11h45-12h15 Sezin Topçu, Paul Jobin, Kolin Kobayashi : Discussion du panel et conclusion du colloque

 

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Intervenants :

 

Christine Bergé, docteure de l’EHESS, anthropologue et philosophe des techniques, auteure de Superphenix, déconstruction

d'un mythe (La découverte 2010)

 

Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie à l’Université Toulouse-Le Mirail, auteur de La condition nucléaire ; réflexions sur la situation atomique de l’humanité (L’échappée, 2014)

 

Marie Ghis, doctorante contractuelle à l’EHESS, prépare une thèse de sociologie sur les mobilisations autour des questions de santé au travail dans l'industrie nucléaire en France

 

Paul Jobin, maître de conférences à l’Université Paris-Diderot (UFR de Langues et civilisations de l’Asie orientale), a publié plusieurs articles sur les ouvriers de l’industrie nucléaire au Japon

 

Kolin KOBAYASHI, journaliste indépendant, écrivain et vidéaste, auteur notamment de Le crime du lobby nucléaire international, de Tchernobyl à Fukushima (en japonais, Editions Ibun-sha, Tokyo, 2013)

 

Rina KOJIMA, doctorante allocataire Université Paris-Est LATTS (thèse sur les déplacés de Fukushima)

 

Yves Lenoir, président de l’Association « Enfants de Tchernobyl Belarus »

 

Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm et présidente de l’Association Henri Pézerat Santé Travail Environnement

 

Sezin Topçu, chargée de recherche au CNRS (CEMS, Paris), a publié La France nucléaire, l’art de gouverner une technologie contestée (Seuil, 2013)

 

Satoshi UKAI, professeur à l’Université Hitotsubashi Tokyo, administrateur du Maruki Gallery For The Hiroshima Panels Foundation.

 

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Lieux :

 

Vendredi matin : Amphi 1A

Vendredi après-midi : Amphi 12E

Samedi matin : Amphi 11E

 

Accès :

 

Accès par l'Esplanade des Grands Moulins

(Rue Marguerite Duras/ Rue Françoise Dolto ou Quai Panhard)

Paris 13ème, RER/Métro : Bibliothèque François-Mitterrand

Bus : 89, 62, 64, 325

 

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Interventions disponibles sur le net :

 

Les différents temps d'une catastrophe et le dilemme de la décision / Exposé de Yves Lenoir, président de « Enfants de Tchernobyl /Belarus»

 

Du projet Ethos au mythe d’une sûreté sereine, ou "la gestion post-accidentelle" du lobby nucléaire / Kolin Kobayashi

 

(dernière mise à jour : 5 octobre 2014)

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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 19:23

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 30 août 2014.

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN

avec les conseils de Paul SIGNORET

  • Le tribunal a reconnu qu'un suicide a eu lieu en raison de l'accident nucléaire
  • 57 enfants atteints d'un cancer de la thyroïde
  • Composition des sources d'énergie au Japon
  • Le gouvernement va acheter le terrain pour stocker la terre polluée

 

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Le tribunal a reconnu qu'un suicide a eu lieu en raison de l'accident nucléaire

    Le tribunal de district de Fukushima a prononcé ce verdict : TEPCO doit verser 49.000.000 yens (490 000 euros) à titre de compensation à M. Mikio Watanabe, 64 ans, dont l'épouse Hamako s'est suicidée après l'accident nucléaire.

Rapport de HORI Yasuo du 30 août 2014

La famille Watanabe a déménagé de son domicile situé dans la  ville de Kawamata pour un appartement dans la ville de Fukushima en juin 2011 à cause de l'accident nucléaire. Par la suite la femme a souffert d'insomnies et a maigri. Trois semaines plus tard, ils sont revenus chez eux pour une nuit. Dans la soirée, elle a été retrouvée morte, elle s'était immolée avec de l'essence.

 

Rapport de HORI Yasuo du 30 août 2014

    Le verdict  indique : «Hamako a vécu dans le quartier de Jamakiya de la ville Kawamata pendant 58 ans, et elle voulait continuer d'y habiter, cultiver des légumes et des fleurs, mais l'accident nucléaire lui a brusquement ravi cette vie qui était la sienne. La famille a perdu son travail d'élevage de volailles et Hamako a dû vivre dans un petit appartement. Elle n'a pas pu s'habituer à cette nouvelle vie et elle est devenue mélancolique. De retour chez elle, elle a été désespérée de sa vie de réfugiée et elle a choisi de mettre fin à ses jours dans le quartier où elle était née et avait grandi."

TEPCO a souligné que Hamako était faible d'esprit, mais le tribunal a jugé que le suicide et l'accident nucléaire avaient un lien de causalité. M. Watanabe Mikio a déclaré: « Que Hamako reste maintenant en paix dans le ciel. TEPCO doit accepter le verdict et me demander pardon."

Mme Vanessa Kanno, 36 ans, qui a également porté plainte contre TEPCO en mai dernier, a déclaré: "Ce verdict m'encourage. Je continuerai de me battre pour mon mari ". Son mari, producteur de lait, 54 ans, s'est suicidé trois mois  après l’accident nucléaire, après avoir écrit son testament sur  le mur de l'étable "Si l'accident nucléaire n'était pas arrivé ...".

Ce verdict est une grande victoire pour les victimes dans le département de Fukushima, et celles-ci espèrent que cela aura une répercussion pour d'autres cas, mais TEPCO fera certainement appel, par conséquent la bataille de M. Watanabe continuera...

 

57 enfants atteints d'un cancer de la thyroïde


    Le Comité des examens de santé des habitants du département de Fukushima a publié les résultats de l'enquête portant sur 370.000 jeunes gens qui avaient moins de 18 ans, lorsque l'accident nucléaire a eu lieu en 2011. Le Comité donne les chiffres suivants :
(1) Nombre de malades et de personnes susceptibles d'avoir un cancer :
    Souffrent d'un cancer de la thyroïde : 57
    susceptibles d'avoir un cancer de la thyroïde : 46
(2) Proportion de malades selon les régions :
    zone inhabitable (13 villages) autour de la centrale nucléaire n°1: 0,034%
    Hamadōri (le long de la côte du Pacifique, sauf la zone mentionnée ci-dessus): 0,035%
Nakadōri (région de l'intérieur): 0,036%
Aidu (région de montagne): 0,028%

Rapport de HORI Yasuo du 30 août 2014

Le directeur du Comité M. Hoshi Hokuto a dit: « Non, il n'y a pas de différence entre les régions dans les pourcentages de personnes atteintes, donc on peut conclure qu'il n'y a pas de lien de causalité entre l'apparition de cancers et l'accident nucléaire. A propos de la région d'Aidu, le nombre des cas examinés est plus faible que dans d'autres régions, et lorsque l'examen sera terminé, les différences s'atténueront ». Selon l'enquête menée par le ministère de l'environnement, le pourcentage de cancers de la thyroïde  dans d'autres départements  est  similaire à celui de Fukushima.
(Selon le journal Fukushima-Minpō du 25 août 2014)

Cependant, j'ai des doutes quant à ce résultat:
1- Selon le Centre National du Cancer, sur un million de jeunes gens âgés de 10 ans on en trouve 1 à 9 souffrant d'un cancer de la thyroïde. Dans le département de Fukushima 54 cas avérés (+46 possibles) sur 370.000 jeunes. S'il y avait un million de jeunes à Fukushima, cela ferait 146 avérés (+124 possibles). Le Centre du Cancer dit que jamais jusqu'à présent on n'a fait une recherche concernant les personnes souffrant de cancer de la thyroïde à une aussi grande échelle qu'à Fukushima, et que pour cette raison on peut difficilement faire des comparaisons.

Cependant le nombre de personnes atteintes dans le département de Fukushima est trop élevé.

2- Est-ce que vraiment le pourcentage dans l’Aidu avoisinera celui des autres régions ? L'Aidu  est situé loin de la centrale nucléaire, de sorte que, même immédiatement après l'accident nucléaire, la radioactivité n'y était pas aussi forte que dans d'autres régions. Je vois une grande différence entre les chiffres 0.028 et 0.034 ~ 0.036. Cette différence ne met-elle pas en évidence l'influence des radiations sur ​​le corps humain?

3- Le Comité n'a pas mis en évidence le nombre de malades en fonction de leur sexe. M. Matsuzaki Michiyuki, médecin, a écrit dans la revue «Science» (numéro de mars de 2014, publié par les éditions Iwanami) : "Les jeunes filles souffrent de 2 à 6 fois plus de cancers thyroïdiens que les garçons. Dans le département de Fukushima, les jeunes, garçons et filles, sont atteints dans les mêmes proportions qu'à Tchernobyl. Cela a pu être l'influence de l'accident nucléaire ».

4- Dans le journal Fukushima-Minpō du 17 août a paru une page de grande propagande de l'État: «Ayez une juste connaissance de la radioactivité", dans laquelle s'expriment M. Nakagawa Keiichi (professeur adjoint de l'hôpital universitaire de Tokyo) et Lethy Keeth Chem (orthographe  incertaine, ex-spécialiste de la santé en AIEA). Nakagawa dit: «Trop de nervosité au sujet de la radioactivité empoisonne l'existence et augmente les risques de cancer» et «les cancers causés par l'exposition à la radioactivité dans le département de Fukushima n'augmenteront pas" et Chem dit: "Agissez selon la norme scientifique établie par des organisations internationales"

Il me semble que le gouvernement essaie de cacher le danger de la radioactivité pour continuer à utiliser l'énergie nucléaire. Il me semble que ce résultat du Comité s’inscrit dans la ligne du gouvernement.

 

Composition des sources d'énergie au Japon

 

Suite à mon rapport précédent est arrivée une question à propos de la composition des sources d'énergie au Japon. Voici une réponse :

 

Successivement : en  2010 (avant l'accident nucléaire) et en 2013

- énergie de la vapeur (avec le pétrole):  61,8%  88,4%

- énergie atomique: 28,6%  1,0%

- énergie hydraulique: 8,5%  8,5%

- autres: 1,1%  2,2%

(La somme des chiffres de 2013 n'atteint pas 100 à cause du traitement des décimales.)

 

Le Japon a une technique avancée pour les centrales à vapeur. Le  réacteur le plus moderne pourra économiser 20% de pétrole. Beaucoup de compagnies d'électricité produisent actuellement de l'électricité avec de vieux réacteurs et veulent (à mon avis "veulent mollement» ou pas du tout) les remplacer par des neuves, mais le problème financier (et aussi le fait que l'on prévoit pour bientôt la remise en fonction des réacteurs nucléaires) freine ce mouvement. TEPCO prévoit de construire deux centrales à vapeur de 500.000 kilowatts dans le département de Fukushima comme symboles de la restauration du département, (parce que, à mon avis, elle ne peut pas envisager facilement la remise en route de ses centrales nucléaires).

 

Le gouvernement va acheter le terrain pour stocker la terre polluée


    Le 29 août, le département de Fukushima a décidé d'accepter la proposition du gouvernement concernant les terrains pour stocker la terre contaminée.
    Partout à Fukushima se trouvent des montagnes de sacs de terre contaminée. On ne peut pas la dépolluer, alors le seul remède est de la conserver quelque part, et le gouvernement a proposé de faire les stockages dans les villes de Ōkuma et de Futaba, où sont les réacteurs détruits. Afin d'acheter des terrains pour le stockage, le gouvernement a proposé  85.000.000.000 yens et le département 15.000.000.000 yens (total 100 milliards de yens, 1.000.000.000 euros) comme montant compensatoire pour les deux villes. Les deux villes accepteront l'offre. Par conséquent, les habitants de ces villes perdront à jamais leurs terres et l'espoir de rentrer chez eux. Le gouvernement a promis que, dans 30 ans, elle transportera la terre hors du département et l'enlèvera définitivement, mais personne ne croit que l'on trouvera des volontaires pour accepter de la prendre.
    Finalement c'est l'argent qui a eu le dernier mot !

 

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Texte original en espéranto

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La 30an de aŭgusto 2014

 

La tribunalo agnoskis, ke sinmortigo okazis pro la nuklea akcidento

 

   La distrikta tribunalo de Fukuŝima verdiktis, ke TEPCO pagu 49 milionojn da enoj (490 mil eŭrojn) kiel kompenson al s-ro Ŭatanabe Mikio 64-jara, kies edzino Hamako mortigis sin post la nuklea akcidento.

   La familio Ŭatanabe translokiĝis de sia hejmo en la urbeto Kaŭamata al apartamento en la urbo Fukuŝima en junio 2011 pro la nuklea akcidento. Poste ŝi suferis pro sendormo kaj maldikiĝo. Tri semajojn poste ili provizore revenis hejmen por tranokti unu nokton. Vespere ŝi estis trovita morta bruligite per benzino.

  La verdikto diras: « Hamako loĝis en la distrikto Jamakija de la urbeto Kaŭamata dum 58 jaroj, kaj volis loĝadi tie, kultivante legomojn kaj florojn, sed la nuklea akcidento abrupte rabis al ŝi tiun vivon. La familio perdis sian laboron de kokina bredado kaj ŝi devis loĝi en malgranda apartamento. Ŝi ne povis alkutimiĝi al tiu nova vivo kaj fariĝis melankolia. Kiam ŝi revenis hejmen, ŝi sentis malesperon pro la rifuĝa vivo kaj elektis sinmortigon en la distrikto, kie ŝi naskiĝis kaj kreskis ».

TEPCO insistis, ke Hamako estis mense malforta, sed la tribunalo konstatis, ke la sinmortigo kaj la nuklea akcidento havas kaŭzecon. S-ro Ŭatanabe Mikio diris: « Hamako nun restu pace en la ĉielo. TEPCO akceptu la verdikton kaj petu pardonon de mi ».

S-ino Vanessa Kanno 36-jara, kiu ankaŭ akuzis TEPCO-n en la lasta majo, diris : « Tiu verdikto kuraĝigas min. Mi plu batalos por mia edzo ». Ŝia edzo, laktofabrikisto 54-jara, mortigis sin tri monatojn post la nuklea akcidento, skribinte testamenton sur la muro de la bovinejo « Se ne okazus la nuklea akcidento, ... ».

 

Tiu verdikto estas granda venko por la suferantoj en Fukuŝima, kaj ili esperas, ke ĝi influos aliajn kazojn, do certe TEPCO apelacios, do la batalo de s-ro Ŭatanabe plu daŭros.

 

57 infanoj suferas pro tiroida kancero

   La Komitato pri sanekzamenado de la gubernianoj de Fukuŝima publikigis rezulton de la enketo inter 370 mil gejunuloj, kiuj estis pli junaj ol 18-jaraj, kiam okazis la nuklea akcidento en 2011. La Komitato jene klarigas :

(1) La nombro de suferantoj kaj eblaj suferantoj

   Suferantoj pro tiroida kancero :    57 personoj

   Eblaj suferantoj pro tiroida kancero:    46 personoj

(2) Proporcioj de la suferantoj laŭ la regionoj

   Neloĝebla distrikto (13 urbetoj) ĉirkaŭ la nuklea centralo n-ro 1:                                                                 0,034%

   Hamadoori (laŭ la pacifika marbordo krom la ĉi-supraj urbetoj):                                                                 0,035%

Nakadoori (enlanda regiono) :             0,036%

Aidu-regiono (montara regiono) :                 0,028%

 

La komitatestro s-ro Hoŝi Hokuto diris: “Ne troviĝas diferenco de procentoj de la suferantoj inter la regionoj, do oni povas konkludi, ke ne ekzistas kaŭzeco inter la kanceriĝo kaj la nuklea akcidento. Pri la regiono Aidu la nombro de la ekzamenitoj estas pli malgranda ol en aliaj regionoj, kaj kiam la ekzamenado finiĝos, la diferenco plimalgrandiĝos”. Laŭ la esploro de la ministerio de medio, la procentoj de tiroida kanceriĝo en aliaj gubernioj estas similaj kun tiu de Fukuŝima.

(Laŭ la ĵurnalo Fukuŝima-Minpoo, la 25an de aŭgusto 2014)

 

   Tamen mi havas dubojn pri tiu rezulto :

1. Laŭ la Ŝtata Kancercentro, el ĉiu unu miliono da gejunuloj en siaj 10aj jaroj aperas 1~ 9 suferantoj pro tiroida kancero. En Fukuŝima 54 (+46) suferantoj aperis el 370 mil gejunuloj. Se estus unu miliono da gejunuloj en Fukuŝima, aperus 146 (124) suferantoj. La Kancercentro diras, ke neniam antaŭe oni ne esploris tiel grandskale kiel en Fukuŝima pri suferantoj de tiroida kancero, tial la komparado estas malfacila.

Tamen la nombro de la suferantoj en Fukuŝima estas tro granda.

 

2. Ĉu vere la procento de Aidu proksimiĝos al tiuj de aliaj regionoj? Aidu situas tre fore de la nuklea centralo, do eĉ tuj post la nuklea akcidento, radioaktiveco ne estis tiel forta kiel en aliaj regionoj. Mi vidas grandan diferencon inter la ciferoj 0,028 kaj 0,034~0,036. Ĉu tiu diferenco ne evidentigas la influon de radioaktiveco sur homan korpon ?

 

3. La Komitato ne klarigis la nombron de la suferantoj laŭ la sekso. S-ro Macuzaki Miĉijuki, kuracisto, skribis en la revuo “Scienco” (marta numero de 2014) eldonita de la eldonejo Iŭanami : « Junulinoj 2~6-oble pli multe suferas pro tiroida kancero ol junuloj. En Fukuŝima gejunuloj samproporcie suferas, samkiel en Ĉernobil. Tio povis esti influo de la nuklea akcidento ».

 

4. En la ĵurnalo Fukuŝima-Minpoo la 17an de aŭgusto aperis unu-paĝa granda reklamo de la ŝtato : “Havu ĝustan scion pri radioaktiveco”, en kiu s-ro Nakagaŭa Keiiĉi (asista profesoro de la hospitalo de la universitato Tokio) kaj Lethy Keeth Chem (literumado de lia nomo ne estas certa, eksa fakestro de sano en IAEA). Nakagaŭa diras: « Tro da nervoziĝo pri radioaktiveco malbonigas vivadon kaj pligrandigas riskon de kancero » kaj « Ne multiĝos kancero kaŭzita de radioaktiva elmetiĝo en Fukuŝima », kaj Chem diras: « Agu laŭ la scienca normo fiksita de internaciaj organizoj ».

Ŝajnas al mi, ke la registaro provas kaŝi danĝeron de radioaktiveco por plu uzi atomenergion. Ŝajnas al mi, ke ankaŭ tiu rezulto de la Komitato sekvas la vojon de la registaro.

 

Konsisto de energifontoj en Japanio

   Al mia antaŭa raporto venis demando pri la konsisto de energifontoj en Japanio. Jen estas respondo :

 

En 2010 (antaŭ la nuklea akcidento),  en 2013

   Vapor energio : 61,8%                      88,4%

   Atomenergio :   28,6%                       1,0%

   Akva energio :  8,5%                        8,5%

   Aliaj :                1,1%                        2,2%

      (La sumo de la ciferoj en 2013 ne fariĝas 100 pro traktado de malgrandaj ciferoj.)

 

Japanio havas altan teknikon pri reaktoro de vaporenergio. La plaj nova reaktoro povos ŝpari petrolon je 20%. Multaj elektraj kompanio nun produktas elektron per malnovaj reaktoroj kaj volas (laŭ mi « voletas » aŭ nevole) anstataŭigi ilin per novaj, sed la financa problemo (kaj ankaŭ « antaŭvidataj baldaŭaj » refunkciigo de nukleaj reaktoroj) bremsas tiun movon. TEPCO planas konstrui du 500.000-kilovatajn vaporenergiajn reaktorojn en Fukuŝima kiel simbolojn de restarigo de Fukuŝima, (ĉar, laŭ mi, ĝi ne povas facile antaŭvidi refunkciigon de siaj nukleaj centraloj).

 

La registaro aĉetos la terenon por konservi poluitan teron

   La 29an de aŭgusto la gubernio Fukuŝima decidis akcepti la registaran proponon pri la tereno por konservi poluitan teron.

   Ĉiu en Fukuŝima troviĝas montoj da sakoj da poluita tero. Oni ne povas senpoluigi ĝin, do la unusola rimedo estas konservadi ĝin ie, kaj la registaro proponis fari la konservejon en la urboj Ookuma kaj Futaba, kie estas tiuj detruitaj reaktoroj. Por aĉeti terenon por la konservejo, la registaro proponis 85 miliardojn da enoj kaj la gubernio 15 miliardojn da enoj (sume 100 miliardojn da enoj, 1 miliardoj da eŭroj) kiel kompensan monon al ambaŭ urbetoj. Ambaŭ akceptos tiun proponon. Sekve la loĝantoj en tiuj urboj eterne perdos sian terenon kaj esperon reveni hejmen. La registaro promesas, ke post 30 jaroj ĝi transportos la teron ekster la gubernio kaj finforĵetos ĝin, sed neniu kredas, ke troviĝos tiuj, kiuj akceptos ĝin.

   Fine mono parolis !

 

 

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13 septembre 2014 6 13 /09 /septembre /2014 15:35
De la gestion des flux migratoires par un État nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire

Dans son numéro d’août-septembre, la revue Diplomatie (Les Grands Dossiers n° 22) a édité un nouvel article de Cécile Asanuma-Brice concernant la gestion des flux migratoires suite à la catastrophe de Fukushima, présentant des questions peu traitées jusqu'à maintenant comme le déplacement de la responsabilité de la catastrophe au niveau local et individuel, l’accès kafkaïen au dédommagement des victimes, l’anéantissement de l’interaction entre les habitants et leur territoire ou encore la stratégie d’endoctrinement utilisée par le gouvernement via une communication ciblée.

Le blog de Fukushima a choisi de publier une partie de cet article et propose sa lecture dans son intégralité en version pdf avec l’accord de son auteur.

 

__________________

 

 

De la gestion des flux migratoires par un État nucléariste

dans un contexte de catastrophe nucléaire

 

 

Par Cécile Asanuma-Brice, spécialisée en géographie urbaine, chercheuse associée au Clersé – Université de Lille I et au centre de recherche de la Maison franco-japonaise de Tokyo (1).

 

 

Trois années se sont écoulées depuis le tremblement de terre suivi d’un tsunami le 11 mars 2011, qui, faut-il le rappeler, a engendré un accident nucléaire majeur à la centrale de Fukushima Dai-ichi, dans le Nord-Est du Japon. Au cœur de la gestion post-catastrophe, c’est celle des hommes et de leur mobilité qui est en jeu.

 

Nous avions, en décembre 2011, rédigé un bilan précis des dégâts provoqués par la catastrophe de Fukushima dans le secteur du logement, ainsi que du relogement des personnes victimes à la fois du tsunami, et de la contamination nucléaire qui s’est très largement répandue dans une partie de la préfecture de Fukushima et des départements voisins (2). Le gouvernement a fait état de 160 000 personnes déplacées, dont 100 000 à l’intérieur du département et 60 000 à l’extérieur. À la suite de la politique publique de retour à vivre dans les territoires en grande partie contaminés, l’estimation officielle est aujourd’hui de 140 000 personnes réfugiées : 100 000 personnes à l’intérieur du territoire et 40 000 à l’extérieur. Néanmoins, ces chiffres sont le fruit d’un système d’enregistrement extrêmement contraignant, auquel une partie non négligeable des habitants n’a pas voulu se plier (3). La population déplacée est donc notablement plus élevée que ce que les statistiques officielles laissent entendre. Comment le Japon a-t-il géré ses « réfugiés du nucléaire » ? Quelles sont les logiques nationales et internationales à l’œuvre derrière les politiques publiques en la matière ? C’est ce que nous allons tenter d’expliquer ici.

 

Une fillette japonaise originaire du village d’Okuma, proche de Fukushima Daiichi, prend des jouets pour son frère au cours d’une distribution de jouets, de vêtements et de produits d’hygiène organisée par l’armée américaine, fin mars 2011. Au lendemain de l’accident de la centrale, les 11 500 habitants d’Okuma, ainsi que les quelque 65 000 habitants des huit autres communes situées à moins de 20 km de la centrale, ont été évacués dans des gymnases et des abris de fortune, qui seront plus tard remplacés par des logements dits « provisoires ». (© Leo Salinas)

Une fillette japonaise originaire du village d’Okuma, proche de Fukushima Daiichi, prend des jouets pour son frère au cours d’une distribution de jouets, de vêtements et de produits d’hygiène organisée par l’armée américaine, fin mars 2011. Au lendemain de l’accident de la centrale, les 11 500 habitants d’Okuma, ainsi que les quelque 65 000 habitants des huit autres communes situées à moins de 20 km de la centrale, ont été évacués dans des gymnases et des abris de fortune, qui seront plus tard remplacés par des logements dits « provisoires ». (© Leo Salinas)

Les enjeux de la catastrophe

 

Il est essentiel, lorsque l’on évoque la gestion des flux migratoires par un gouvernement et afin de comprendre ses choix, d’en appréhender la politique tant intérieure qu’extérieure. Or, parmi les plus grands paradoxes qui ont suivi la catastrophe dont il est question ici, se trouve la multiplication des accords internationaux en matière de nucléaire entre la France et le Japon (Mitsubishi et Areva notamment) pour la construction de nouvelles centrales nucléaires et l’exploitation de nouveaux gisements d’uranium (4), plus particulièrement en Asie. On notera par ailleurs – mais c’est sans doute une coïncidence – la première participation en juin 2014 du groupe Mitsubishi à Eurosatory, considéré comme le plus grand salon mondial de l’armement terrestre (5). Quelques mois plus tôt, dans une phase préparatoire, s’était tenue en décembre 2012, à Fukushima, la Conférence ministérielle sur la sécurité nucléaire. Des représentants de pays du monde entier y ont promis le développement de centrales désormais sûres et sans danger. La décision politique de poursuivre et de développer l’énergie nucléaire était prise au niveau international, requérant dès lors un retour à la normale des plus prompts et à moindre coût au Japon. Afin de concrétiser cette démarche, les outils élaborés par l’ICRP (International Commission on Radiological Protection), basés sur « les notions de doses collectives* et sur les analyses coûts-bénéfices », sont utilisés comme fondement des calculs de profitabilité en situation de risque. Selon cette institution, la gestion du risque relève d’une équation attribuant une valeur économique à la vie humaine, le calcul du coût de sa protection permettant de déterminer la rentabilité ou non de la mise en place de cette protection (6). Mais, comme le déclarait Jacques Lochard, membre du comité de l’ICRP et directeur du CEPN (Centre d’étude sur l’évaluation de la protection dans le domaine nucléaire)  lors d’un entretien que nous avons mené en novembre 2013, « Ethos ne va jamais sans Thanatos (7) ». Le tout est de savoir de quel côté l’on souhaite faire pencher la balance ! Attribuer une valeur monétaire à la vie humaine matérialise certainement l’aboutissement le plus extrême de la tendance à l’objectivation de l’être (devenu objet) dans nos sociétés.

 

De la gestion des flux migratoires par un État nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire

 

Phase 1. Une politique de gestion des flux à rebours

 

On peut découper en trois phases la politique de contrôle des flux de population en fonction des directives énoncées dans les plans de priorité annuels du gouvernement japonais dans le contexte que nous venons de décrire. La première étape a été mise en œuvre dans l’année qui a suivi la catastrophe. Il fallait répondre à l’urgence, et cela a été fait notamment par la mise à disposition gratuite du parc de logements publics vacants sur l’ensemble du territoire afin d’y accueillir les victimes. Rapidement, le réconfort prend place à l’intérieur du département de Fukushima, par la construction de l’illusion de la protection. Certes, des mesures concrètes et visibles sont réalisées. Cependant, les logements provisoires sont bâtis en partie sur des zones contaminées (voir carte ci-dessus), les postes de mesure installés sont trafiqués et l’inefficacité de la décontamination est rapidement montrée du doigt (voir notamment les nombreux travaux de l’auteur sur ce sujet, et en particulier l’article paru dans Outre-terre signalé en bibliographie, NdlR).

 

Un poste de mesure de la radioactivité. Installés à plus d’un mètre du sol, voire sur des plaques de fer, avec des nettoyages fréquents aux alentours, ils produisent des chiffres inférieurs à la réalité dans le but de rassurer les habitants. (© Cécile Asanuma-Brice)

Un poste de mesure de la radioactivité. Installés à plus d’un mètre du sol, voire sur des plaques de fer, avec des nettoyages fréquents aux alentours, ils produisent des chiffres inférieurs à la réalité dans le but de rassurer les habitants. (© Cécile Asanuma-Brice)

 

La fin de l’année 2012 est marquée par le premier appel au retour avec l’arrêt de la gratuité des logements publics vacants sur l’ensemble du territoire, la décision du maintien de cette mesure revenant désormais aux collectivités locales. C’est là l’un des points fondamentaux qui caractérisent la gestion du désastre, à savoir le déplacement de la responsabilité. Déresponsabiliser les pouvoirs publics – plus particulièrement gouvernementaux – au profit d’une responsabilisation des collectivités locales est le premier degré de ce processus. Cela se traduit par un retard considérable dans les plans de reconstruction, les collectivités locales concernées n’ayant pas les moyens de les assumer. Ainsi, pour l’État japonais, ne pas reconstruire tout en appelant au retour en vantant une reconstruction fictive garantit un maintien des dépenses à un niveau bien moindre que ce qu’impliquerait une véritable politique de reconstruction. Mais surtout, les autorités s’efforcent de fixer les populations dans le département de Fukushima afin d’assurer leur suivi statistique et scientifique. Elles ne sont pas prêtes à prendre en charge la protection de ces populations qu’elles estiment condamnées. Pourquoi investir dans des logements publics pour un département déjà dépeuplé et amené à l’être encore plus ?

(…)

 

Lire l’intégralité de l’article en français : cliquer ici.

 

Cécile Asanuma-Brice a écrit un texte plus complet intitulé "Au-delà du réel – ou Quand le concept participe de la création d’un espace idéal illusoire : de la gestion des flux migratoires par un Etat nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire" ; il comprend la totalité des notes et références.

- publié en anglais dans le magazine Japan Focus (novembre 2014)

- publié en japonais dans la revue critique de l'université de Kanagawa (n°79, décembre 2014)

Les traductions française, anglaise et japonaise de cet article plus complet sont disponibles sur le site du CSRP :  cliquer sur le lien ci-dessous.

_________________

 

(1) Résidente permanente au Japon depuis 2001, auteur de nombreux articles sur la gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima, Cécile Asanuma-Brice a participé à (ou organisé) un grand nombre de conférences sur ce même thème en France comme au Japon.

 

(2) Cécile Asanuma-Brice, « Logement social nippon : quand la notion de public retrouve sa raison », Revue Urbanisme, nov.-déc. 2011, no 381.

 

(3) Cécile Asanuma-Brice et Thierry Ribault, Quelle protection humaine en situation de vulnérabilité totale ? Logement et migration intérieure dans le désastre de Fukushima, rapport dans le cadre du programme « Nucléaire, risque et société » de la Mission Interdisciplinarité du CNRS (2012).

 

(4) Entre autres sur le sujet : « Le Duo Mitsubishi-Areva va construire quatre réacteurs nucléaires en Turquie », Le Monde, 2 mai 2013 ; « Nucléaire : accord de partenariat entre Areva, Mon-Atom et Mitsubishi », Le Parisien, 26 octobre 2013.

 

(5) « Le Japon revient dans la course aux ventes d’armes », Le Monde, 16 juin 2014.

 

(6) Franco Romerio, Énergie, économie, environnement : le cas de l’électricité en Europe entre passé, présent et futur, Genève, Librairie Droz, 1994.

 

(7) Entretien réalisé par C. Asanuma-Brice et T. Ribault à Fukushima en nov. 2013. J. Lochard faisait ici référence au projet ETHOS établi par le CEPN à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2012, visant à donner les connaissances de radioprotection à la population vivant dans des territoires contaminés afin de permettre le glissement de responsabilité que nous évoquons ici, soit l’autogestion de sa protection.

 

____________________________

Photo d'entête : Au lendemain du séisme de magnitude 9 qui a dévasté le Nord-Est du Japon, du 9 au 11 mars 2011, des habitants de Minamisoma (préfecture de Fukushima) observent les débris charriés par le tsunami qui s’est ensuivi. Si la catastrophe naturelle a laissé au moins 387 000 sans-abris, hébergés dans des structures d’accueil, l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Dai-ichi a, à lui seul, provoqué l’évacuation de 160 000 Japonais. (© AFP/ Toru Yamanaka)

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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 20:52

En 2011, Ian Goddard s’est penché sur l’explosion de l’unité 3 et, après avoir abandonné l’hypothèse d’Arnie Gundersen, a proposé une théorie basée sur une explosion de vapeur dans l’enceinte de confinement. Les autorités japonaises et l’opérateur Tepco ont toujours affirmé officiellement que cette explosion avait été provoquée par de l’hydrogène, mais cette position est uniquement due aux premiers communiqués du Cabinet du Premier ministre japonais et de la NISA, et non pas à la réalité constatée. En effet, quelques secondes après l’explosion, le directeur de la centrale s’est écrié : « QG, QG, c’est affreux ! L’unité 3 a explosé à présent ! Je pense que c’est probablement dû à la vapeur ». Mais on lui a bien fait comprendre ensuite qu’il ne faudrait plus qu’il en parle de cette manière et que l’on devait désormais uniquement expliquer les faits avec la version officielle.

J’ai choisi de diffuser la théorie de Ian Goddard car, 3 ans après les faits, elle reste la théorie la plus plausible et paradoxalement une des moins diffusées. Deux informations données par Tepco postérieurement à l’édition de l’article original en 2011 corroborent son scénario. Tout d’abord, en 2012, l’opérateur a lâché une information de taille : un bouchon de grandes dimensions qui ferme un conduit permettant d’apporter ou retirer des équipements lourds à la base de l’enceinte de confinement est sorti de son emplacement. Il est probable qu’une surpression interne ait pu réaliser cet exploit de déplacer cet équipement de plusieurs dizaines de tonnes qui reste évidemment fermé quand le réacteur est en fonctionnement. La deuxième information date de cette année : suite au nettoyage des ruines de l’unité 3, une partie de la dalle anti-missile, élément intégral du couvercle du puits de cuve du réacteur, a été retrouvée affaissée de 30 cm en son centre par rapport aux autres éléments, ce qui peut s’expliquer par son soulèvement et sa chute, aucun objet lourd n’étant tombé directement dessus. Là encore, cet équipement en béton armé d’environ 40 tonnes n’a pas pu bouger sans qu’une très forte pression n’apparaisse subitement.

Toutefois, la complexité de cette succession d’explosions de l’unité 3 est telle qu’il est possible que d’autres facteurs soient responsables de tel ou tel évènement physique non pris en compte dans ce scénario énoncé précocement. C’est pourquoi il doit être considéré comme une bonne piste de recherche et doit laisser la porte ouverte à d’autres scénarios ou variantes. Quoi qu'il en soit, cette hypothèse d’explosion de vapeur, toujours tue par les autorités scientifiques de la planète nucléaire, a le mérite d’exister et Ian Goddard doit ici être remercié pour la clarté de sa démonstration qui contraste avec le mutisme des organismes scientifiques censés nous expliquer ce qui est arrivé.

Pierre Fetet

 

 

__________________

 

 

 

Unité 3 de Fukushima : la théorie de l’explosion de vapeur

 

Ian Goddard

 

 

 

Titre original : Fukushima Unit 3 - steam-explosion theory

Source : http://iangoddard.com/fukushima01.html

Traduction française : Pierre Fetet (relecture Phil Ansois)

 

 

 

 

L’événement marquant des fusions de cœur de Fukushima a été la grande explosion de l'unité 3, le 14 mars, avec son nuage en forme de champignon, en total contraste avec l'explosion de l'unité 1 qui n'avait provoqué aucune projection verticale remarquable. Pourtant, Tokyo Electric Power Company suppose que chacune de ces explosions est due à de l’hydrogène qui s’est retrouvé confiné au niveau supérieur au-dessus du réacteur. Toutefois, parce que des effets radicalement différents suggèrent des causes différentes, considérons un modèle fondé sur des données probantes dans lequel l’explosion de l'unité 3 était une explosion de vapeur qui a vaporisé des tonnes d'eau de mer injectées en un nuage en forme de champignon et qui a déclenché des explosions secondaires d'hydrogène.
 

Figure 1: L’explosion de l’unité 1, contrairement à celle de l’unité 3, n’a pas eu d’amplitude verticale et n'a pas formé de nuage en forme de champignon. Il semble donc que quelque chose en plus soit arrivé à l'unité 3. Le nuage en forme de champignon est composé d’une masse compatible avec des tonnes d'eau vaporisée.

Figure 1: L’explosion de l’unité 1, contrairement à celle de l’unité 3, n’a pas eu d’amplitude verticale et n'a pas formé de nuage en forme de champignon. Il semble donc que quelque chose en plus soit arrivé à l'unité 3. Le nuage en forme de champignon est composé d’une masse compatible avec des tonnes d'eau vaporisée.


Le risque d'une explosion de vapeur au cours d’une fusion de cœur dans une enceinte de confinement abritant un réacteur a été un sujet de préoccupation et de recherche considérable, comme indiqué dans Moriyama et al .:

« L'explosion de vapeur provoquée par le contact d’un cœur fondu et d’un liquide de refroidissement [l'eau] est reconnue comme l'une des menaces potentielles pour l'intégrité d’une enceinte de confinement lors d'un accident grave de réacteurs à eau légère et l'une des plus importantes sources d'incertitude dans l'évaluation des fréquences des premiers rejets importants de produits de fission. » [1]

Puisque de l'eau de mer a été injectée dans le réacteur de l’unité 3 dans le but de le refroidir lors de sa fusion, les ingrédients nécessaires pour une explosion de vapeur dans l'enceinte de confinement étaient réunis avant l'explosion. Donc, étant donné que l'explosion de vapeur est un risque reconnu dans de telles circonstances, la possibilité d'une explosion de vapeur nécessite une enquête que nous allons entreprendre sans délai.


Panaches de vapeur distincts provenant de l'enceinte de confinement

 
Dès que les nuages ​​de l'explosion se sont dissipés, deux panaches de vapeur distincts ont été vus sortant du niveau supérieur démoli de l'unité 3.

La figure 2 (a) montre l'unité 3 trois minutes après son explosion, et là nous voyons deux panaches de vapeur distincts. Ces deux panaches ont été observées tout au long du début du printemps, quand l'unité 3 produisait de la vapeur, comme le montre la figure 2 (b, c, d).
 

Figure 2 (a-d): des panaches de vapeur distincts vus tout au long du début du printemps après l’explosion s’élèvent en nuage de l'unité 3. (e) La tendance à un panache de vapeur persistant suggère une vapeur provenant de l'enceinte de confinement.

Figure 2 (a-d): des panaches de vapeur distincts vus tout au long du début du printemps après l’explosion s’élèvent en nuage de l'unité 3. (e) La tendance à un panache de vapeur persistant suggère une vapeur provenant de l'enceinte de confinement.


La figure 2 (e) situe les panaches de vapeur sur le plan de l'unité 3. Sans surprise, le volume important des nuages de vapeur qui s'échappaient est en corrélation avec un grand réservoir d'eau bouillante [2]. La seule autre masse d'eau sur le site est la piscine de combustible usé sur le côté sud de l'unité 3 (voir la piscine de combustible usé dans les figures 2 (e) et 3). Cependant, les panaches de vapeur émanent de points autour du centre de l'unité 3, et s’échappent dans de gaies volutes tout comme de la vapeur s’échappant de trous dans un récipient d'eau bouillante. De toute évidence, ces panaches de vapeur distincts ne viennent pas de la piscine de combustible.


Les points chauds du couvercle du puits de cuve correspondent aux panaches de vapeur


La figure 3 localise les points chauds sur les photos infrarouges associées au plan de l’étage de service de l'unité 3. On constate que les points chauds clés s'alignent avec le bord du couvercle du puits de la cuve du réacteur. Ces points chauds correspondent à leur tour aux panaches de vapeur de la figure 2 et aux forces explosives que nous verrons dans la figure 4.
 

Figure 3 : Animation : les points chauds correspondent au couvercle, à la vapeur et aux souffles explosifs dans la figure 4. Notez que la piscine de combustible à gauche est décentrée ; c’est également chaud au niveau du stockage de combustible usé.

Figure 3 : Animation : les points chauds correspondent au couvercle, à la vapeur et aux souffles explosifs dans la figure 4. Notez que la piscine de combustible à gauche est décentrée ; c’est également chaud au niveau du stockage de combustible usé.


Les panaches de l’explosion correspondent aux panaches de vapeur


La figure 4 montre les séquences vidéo initiales de l'explosion de l’unité 3. Notez qu'il y a des panaches explosifs distincts, le plus évident étant le panache de feu qui a la forme d’un poing qui frappe et passe à travers le haut de la paroi sud ensoleillée. Notez aussi que les panaches explosifs initiaux ne se propagent pas vers le haut comme le nuage en forme de champignon qui les a suivis, mais qu’ils ont plutôt des effets de souffle sur les côtés suivant un angle d’environ 45˚. Les angles des vecteurs [d’éjection ; cf. Fig. 3] convergent bien sur ​​le bord du couvercle du réacteur, là d’où proviennent aussi les panaches de vapeur. Par conséquent, dans ce modèle d’explosion de vapeur, ces panaches explosifs sont une phase ignée des panaches de vapeur qui s’est produite immédiatement après, comme le montre la figure 2. Cette phase enflammée des panaches provenant de l’enceinte de confinement reflète l'éjection explosive de gaz inflammables comme l'hydrogène à partir de la zone supérieure de l'enceinte de confinement.
 

Figure 4 : Animation : modélisation de la phase initiale de l'explosion sur la base des données des figures 2 et 3. L'eau, dans notre modèle, est assombrie par sa contamination avec du combustible fondu et des dégagements gazeux.

Figure 4 : Animation : modélisation de la phase initiale de l'explosion sur la base des données des figures 2 et 3. L'eau, dans notre modèle, est assombrie par sa contamination avec du combustible fondu et des dégagements gazeux.


La figure 5 montre le mécanisme de déclenchement d’une explosion de vapeur hors cuve, comme cela est décrit dans Moriyama et al., où l'eau s’est accumulée au fond de l'enceinte de confinement en dessous du réacteur. Ensuite, le combustible fondu, en traversant le fond de la cuve fondue du réacteur, provoque une explosion de vapeur au moment où il tombe dans l’eau en dessous du réacteur. [1] Ainsi, dans notre modèle pour Fukushima, l'eau de mer injectée dans le réacteur de l'unité 3 s’écoule hors du réacteur et s’accumule dans l’enceinte de confinement. La chute du combustible en fusion déclenche alors une explosion de vapeur qui elle-même déclenche les explosions secondaires d'hydrogène. [1,3]
 

Figure 5 : Animation: l’explosion de vapeur hors-cuve déclenchée par le combustible fondu tombant dans l'eau.

Figure 5 : Animation: l’explosion de vapeur hors-cuve déclenchée par le combustible fondu tombant dans l'eau.


Dans la figure 6, toutes nos observations sont réunies pour former un modèle compatible et cohérent d’explosion de vapeur hors-cuve qui concorde parfaitement avec l'explosion de l'unité 3. Ici, nous faisons fonctionner ce modèle plus loin que l’animation de la figure 4, jusqu’au point de « l'épanouissement du champignon », qui arrive juste après comme prévu, une grosse boule de vapeur de carburant usé roulant vers le haut dans le ciel. Nous supposons que la force de l'explosion dans l'enceinte a momentanément soulevé le couvercle du puits de cuve, permettant à une partie importante de l'eau de mer de s’échapper, avant qu’il ne retombe et se referme. Mais les dégâts de l'explosion sur les joints du couvercle ont permis à la vapeur de se propager pendant des semaines comme on le voit dans la figure 2.

 

Figure 6 : Animation : modélisation de l’explosion de vapeur hors-cuve appliquée à l'explosion de l'unité 3.

Figure 6 : Animation : modélisation de l’explosion de vapeur hors-cuve appliquée à l'explosion de l'unité 3.

 

Indices donnés par les instruments de mesure

Les données enregistrées indiquent que l'explosion de l’unité 3 a été associée à un taux significatif de variation de pression (une chute de pression) dans l’enceinte de confinement (appelée aussi drywell, ou D/W) comme si cela correspondait à un rejet explosif soudain provenant de celle-ci. [4]

 

Figure 7 : l'explosion a coïncidé avec une baisse soudaine de la pression de confinement. Le graphique montre le taux de variation de pression et son évolution ; la pression n’est pas revenue à la normale après l'explosion (voir [4] pour plus de détails).

Figure 7 : l'explosion a coïncidé avec une baisse soudaine de la pression de confinement. Le graphique montre le taux de variation de pression et son évolution ; la pression n’est pas revenue à la normale après l'explosion (voir [4] pour plus de détails).


La théorie de TEPCO selon laquelle l'explosion de l’unité 3 est uniquement due à une explosion d'hydrogène dans l'espace du niveau supérieur au-dessus du confinement est contredite par la perte simultanée et soudaine de la pression de l'enceinte de confinement, qui indique clairement son implication dans l'explosion.
Cela montre aussi que l'eau de mer injectée dans le réacteur fuyait, ce qui de ce fait inondait l'enceinte de confinement comme le montre la figure 5. Vingt heures avant que l'unité 3 n’explose, TEPCO a également indiqué dans un communiqué de presse (soulignement ajouté):

En tenant compte du fait que le niveau d'eau dans la cuve sous pression n'a pas augmenté depuis longtemps et que la dose de rayonnement augmente, nous ne pouvons pas exclure la possibilité que la même situation se soit produite à l'unité 1 le 12 mars. [5]

Que le niveau de l’eau n'ait pas augmenté pendant une longue période est conforme à un écoulement de l'eau hors du réacteur. Et qu'il ait finalement augmenté est cohérent avec le fait que le niveau dans l'enceinte de confinement était finalement suffisamment élevé pour permettre au niveau d’augmenter aussi dans le réacteur. Cependant, gardez à l'esprit que ce sont des conclusions à partir d'une déclaration au sujet d'une situation complexe et que même ceux qui étaient sur le site à ce moment ne pouvaient pas être certains de la signification des données des niveaux d'eau.


Discussion


Étant donné que l'explosion de vapeur hors cuve au cours d'une crise est reconnue par l'industrie nucléaire et les scientifiques comme un risque grave, il est surprenant que la seule mention de celle-ci en rapport aux fusions de cœurs de Fukushima trouvée via Google (au 03/09/11) se trouve dans un rapport de Greenpeace Allemagne [6]. Ce qui est aussi surprenant, c'est qu'il n'y a pas eu à ce jour d'explication ou même de reconnaissance des différences considérables entre les explosions de Fukushima provenant de l'industrie, du gouvernement ou de sources universitaires. Et pourtant, comprendre exactement comment les centrales nucléaires ont explosé pourrait évidemment aider à protéger le public contre les catastrophes nucléaires du futur.


Dans le rapport du gouvernement japonais, l’explosion de l’unité 3 est expliquée de cette manière : " Une explosion, qui était probablement une explosion d'hydrogène, a eu lieu à la partie supérieure du bâtiment réacteur à 11h01 le 14 mars " [7]. C'est tout ! Pour une explication universellement acceptée, sans question à faire valoir en passant simplement comme probable, c'est surprenant. En outre, elle est probable par rapport à quoi ? Si je dis « La pluie est probable », nous savons que ça signifie que c’est probable par rapport au fait qu’il ne pleut pas, et nous savons ce que ne pas pleuvoir veut dire. Pourtant, il n'est pas fait mention de toute autre cause possible relative au fait que cette probabilité est favorisée. Le terme explosion de vapeur ne figure même pas dans le rapport. Il semble donc que soit il n’y a que Greenpeace à être familier avec la littérature nucléaire, soit le gouvernement et TEPCO ont choisi de garder le silence sur d'autres causes possibles.

Considérant que la fuite de liquide de refroidissement dans l'enceinte de confinement est une condition préalable pour une explosion de vapeur hors-cuve tant redoutée, il est curieux que TEPCO ait déclaré dans presque chaque communiqué de presse précédent l’explosion de l'unité 3 : « Actuellement, nous ne croyons pas qu'il y ait une fuite de liquide de refroidissement du réacteur vers l’enceinte de confinement du réacteur. » [8] En commençant par dire « nous ne croyons pas », c'est avant tout une déclaration au sujet de la croyance qui revient à dire : nous ne savons rien de toute fuite. Un tel déni de savoir qu'une condition préalable essentielle à une explosion de vapeur hors-cuve puisse exister a des relents de manœuvres précontentieuses destinées à réduire la responsabilité éventuelle de TEPCO.

En conclusion, les éléments de preuve dans le présent rapport ramènent constamment à une explosion dans l'enceinte de confinement et donc plus probablement à une explosion de vapeur hors cuve dans cette grande enceinte d'eau bouillante [2]. Ce type d'explosion de vapeur est le type le plus probable parce que la recherche indique qu’il est très peu probable qu’une explosion à l’intérieur de la cuve (c’est-à-dire une défaillance du confinement en mode alpha) survenant à l'intérieur du réacteur lui-même puisse provoquer une brèche dans l'enceinte de confinement, et il y aurait donc peu de chances qu’elle produise l'explosion dramatique de l'unité 3 [1].

 


Conclusion

La preuve empirique multimodale examinée ci-dessus démontre que tous ces éléments, à savoir (a) les panaches de vapeur d'eau, (b) les points chauds, (c) les forces explosives et (d) un nuage de vapeur en forme de champignon,  correspondent à des vecteurs [d’éjection ; cf. Fig. 3] dont les origines convergent autour du couvercle d'un grand réservoir d’eau bouillante connu sous le nom d’enceinte de confinement. En outre, les données enregistrées montrent que la pression dans l'enceinte de confinement a soudainement chuté au moment de l'explosion (conformément à une explosion provenant de l'enceinte de confinement) et que le jour avant l'explosion, les niveaux d'eau n'ont pas augmenté dans le réacteur pendant une longue période en dépit de l’eau injectée (compatible avec l'eau qui s'écoule du réacteur et son accumulation dans l’enceinte de confinement). Enfin, compte tenu de la présence de flammes dans deux des panaches explosifs (figures 4 et 6), l'explosion dans l'enceinte a probablement déclenché les explosions secondaires d'hydrogène, car ce  gaz se serait accumulé à la fois dans l'espace de l’enceinte de confinement et dans l'espace du niveau supérieur au-dessus de l'enceinte de confinement.

 


_______________

[1] Moriyama, K., et al. (2006). Evaluation of Containment Failure Probability by Ex-Vessel Steam Explosion in Japanese LWR Plants, Journal of Nuclear Science and Technology, 43(7), p.774-784.


[2] Nous n’avons pas besoin d’émettre l'hypothèse que le réservoir d'eau était en train de bouillir parce que son ébullition est un fait accepté par tout observateur bien informé. En effet, (1) l'eau autour du combustible nucléaire fondu ou en train de fondre est nécessairement en ébullition et doit être renouvelée en permanence pour étancher le rythme rapide de l'ébullition, et (2) les panaches de vapeur vus dans la figure 2 montrent clairement que l'eau fuyant de l’intérieur de l’enceinte de confinement de l’unité 3 bouillait. Reconnaissant que l'enceinte de confinement était un grand réservoir d'eau bouillante, comme une grande cocotte-minute avant que ses joints ne cèdent, la théorie selon laquelle il a subi une explosion de vapeur doit être considérée comme la théorie par défaut.

[3] JAEA. (2006). Nuclear Safety Research, Evaluating the Risk of Steam Explosions, JAEA R&D Review, p. 83.


[4] Variation du taux de pression du D/W de l’unité 3 (MPa/h) dans la période 0-96 heures après le séisme.

Voir aussi: la pression de la cuve du réacteur (RPV) et de l’enceinte de confinement primaire (PCV, et toute autre dénomination : enceinte de confinement, drywell ou D/W) au moment de l'explosion.

Données brutes de Tepco pour l'unité 3, certaines d'entre elles utilisées ici.

[5] TEPCO Communiqué de presse de Tepco du 13 Mars 2011 : Impact to TEPCO's Facilities due to Miyagiken-Oki Earthquake (as of 3:00PM).

[6] Large, J.H. (2011). Brief opinion on the TEPCO plan to flood the primary containment of Unit 1 Fukushima Dai-ichi, Greenpeace Germany.

[7] Prime Minister of Japan and His Cabinet. (2011). Report of Japanese Government to the IAEA Ministerial Conference on Nuclear Safety - The Accident at TEPCO's Fukushima Nuclear Power Stations, Chapter 4.


[8] Communiqué de presse de Tepco du 12 mars 2011 : Plant Status of Fukushima Daiichi Nuclear Power Station (as of 11PM March 12th).

 

 

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 18:34

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 21 août 2014

traduit de l'espéranto par Paul Signoret

 

_________________

 

 

 

La centrale nucléaire de Sendai a subi l’examen avec succès

 

Aucun de nos 54 réacteurs nucléaires (50 + 4 hors d’usage à Fukushima) ne fonctionne. Après l’accident nucléaire de Fukushima, le gouvernement a créé un organisme, l’"Autorité Nucléaire de Régularisation", qui examine les réacteurs selon une norme nouvelle, plus sévère. Toutes les compagnies d’électricité possédant des réacteurs nucléaires veulent les remettre en marche et réclament de l’Autorité qu’ils soient examinés dans les meilleurs délais.

A propos de la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai

Le 16 juillet, l’Autorité a fait savoir que la centrale nucléaire de Sendai, située au sud de l’île de Kyushu (voir carte ci-contre : c’est l’île située à l’extrême sud-ouest de l’archipel) répondait à la nouvelle norme. Interviewé, le chef de l’Autorité, Tanaka Shunitsi, a dit : « Nous avons examiné la centrale non sous le rapport de sa sécurité, mais de sa conformité à la norme. Je ne dis pas que la centrale est sûre. Je ne peux pas dire qu’elle ne présente aucun risque. »

Le premier ministre Abe a délibérément mal interprété cette déclaration en disant : « Nous avons fait un pas en avant. L’Autorité a examiné la centrale selon la norme la plus sévère au monde et si, sur la base de cet examen, il sera conclu que la centrale est sûre, je veux la remettre en service après avoir reçu l’approbation des communautés concernées. ».

Beaucoup de gens critiquent le chef de l’Autorité et le premier ministre. Les principaux problèmes sont les suivants :

 

1. Cette norme n’est nullement la plus sévère au monde. Elle n’exige ni que le réacteur soit équipé d’un récupérateur du corium, entrant en fonction quand se produit une fusion du cœur du réacteur, ni que l’enceinte de sécurité ait une double paroi. Il s’agit pourtant là des techniques les plus modernes, déjà à l’œuvre en Europe.

 

2. Sendai est situé à proximité d’un grand volcan et beaucoup de géologues mettent en garde contre le danger d’une éventuelle éruption menaçant la centrale, mais l’Autorité a ignoré l’avertissement et approuvé les mesures préventives proposées par la compagnie d’électricité.

(À gauche, au centre du petit cercle rouge : la centrale de Sendai ; zones entourées de vert : trois grands volcans)

(À gauche, au centre du petit cercle rouge : la centrale de Sendai ; zones entourées de vert : trois grands volcans)

 

3. Il n’existe toujours pas de plan d’évacuation. Ni l’Autorité ni le gouvernement n’en ont la responsabilité. Le chef du département de Kagoshima dit même qu’un plan concernant les gens qui logent dans un rayon de dix kilomètres suffit, alors qu’à Fukushima il y a eu de nombreuses victimes à l’extérieur de cette zone. La remise en route de la centrale compte davantage, à ses yeux, que la vie des habitants.

La procédure se poursuivra ensuite de la façon suivante :

1. Audition par le gouvernement, pendant un mois, des opinions exprimées* par les gens.

    * Celles-ci seront majoritairement défavorables, mais le gouvernement les ignorera.

2. Approbation* de la remise en marche de la centrale par le département de Kagoshima et la ville de  Satsuma-Sendai.

    * Jusqu’à présent, il était admis qu’en cas d’approbation des deux communautés, la compagnie d’électricité aurait le droit de remettre en marche la centrale, or maintenant les villes voisines exigent que la compagnie les entendent, elles aussi, car en cas d’accident elles aussi seraient concernées.

3. Après l’automne, remise en marche des réacteurs.

 

 

 

Enquête sur la remise en marche des centrales

 

59% s’opposent à la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai

(enquête téléphonique menée par le journal Asahi, les 26 et 27 juillet)

 

1. Sur la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai :

 

Hommes :      pour : 33%          contre : 37%

Femmes :        pour : 13%          contre : 65%

Total :            pour : 23%          contre : 59%

 

2. Sur la sécurité de l’énergie nucléaire :

 

Peut être considérée comme sûre, si elle est techniquement bien gérée :

25%

36% (mai 2011, après l’accident de Fukushima)

Tellement dangereuse, que les hommes ne peuvent la rendre sûre :

63%

56% (mai 2011, après l’accident de Fukushima)

 

3. Le premier ministre a tiré la leçon de l’accident :

19%

Le premier ministre n’a tiré ancune leçon de l’accident :

61%

 

 

 

 

Enquête menée dans la ville de Satsuma-Sendai

 

La « Société de vie – Adieu à l’énergie nucléaire » a enquêté auprès de 1133 personnes, dans la ville de Satsuma-Sendai où est implantée cette centrale nucléaire.

 

1. Sur la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai :

Pour :                        7%

Contre :                     85%

2. La ville progressera-t-elle avec la centrale nucléaire ?

Ne progressera pas : 68%

Progressera :             9%

Progressera ou pas :  20%

 

Le premier ministre a fait à la compagnie d’électricité Kyushu la promesse suivante : “De toute façon, je réussirai à remettre la centrale en marche”, Mais y parviendra-t-il si facilement, alors qu’en raison de sa politique militariste les oppositions se multiplient ?

 

____________________________

 

Texte original en espéranto

____________________________

 

 

La 21an de aŭgusto 2014

 

La nuklea centralo de Sendai sukcese trapasis la ekzamenon

 

   Nun neniu el 54 nukleaj reaktoroj (50 + 4 forĵetitaj reaktoroj en Fukuŝima) funkcias. Post la nuklea akcidento en Fukuŝima, la registaro starigis organizon « Nuklea Reguligada Aŭtoritato », kiu ekzamenas reaktorojn laŭ la nova, pli severa normo. Ĉiuj elektraj kompanioj, kiuj posedas nukleajn reaktorojn, volas refunkciigi siajn reaktorojn plej baldaŭ kaj hastgis al la Aŭtoritato plej rapidan ekzamenon.

 

La 16an de julio, la Aŭtoritato publikigis, ke la nuklea centralo de Sendai en la suda insulo Kjuuŝuu (en la mapo : plej sube kaj plej maldekstre) konformiĝas al tiu nova normo. En la intervjuo la aŭtoritatestro Tanaka Ŝuniĉi diris: « Ni ekzamenis la centralon ne pri ĝia sekureco, sed pri ĝia konformeco al la normo. Mi ne diras, ke ĝi estas sekura. Mi ne povas diri, ke la centralo estas senriska ».

La ĉefministro Abe intence misinterpretis lian klarigon kaj diris: « Ni paŝis unu paŝon antaŭen. La Aŭtoritato ekzamenis la centralon laŭ la plej severa normo en la mondo kaj se oni konkludos surbaze de tiu ekzameno, ke la centralo estas sekura, mi volas refunkciigi ĝin, ricevonte aprobon de la rilatantaj komunumoj ».

Multaj homoj kritikas la aŭtoritatestron kaj la ĉefministron. Troviĝas jenaj ĉefaj problemoj:

1. Tiu normo tute ne estas la plej severa en la mondo. Ĝi postulas nek ekipi la reaktoron per “kerno-kaptilo (core catcher)”, kiu funkcias, kiam okazas kernofandiĝo, nek duoble kovri la reaktorsekrujon. Tiuj estas la plej moderanaj teknikoj, kiujn jam en Eŭropo oni adoptis.

2. La nuklea centralo Sendai situas proksime de la grandega vulkano kaj multaj geologoj avertas eventualan danĝeron de la erupcio al la centralo, sed la aŭtoritato ignoris la averton kaj aprobis la kontraŭrimedojn proponitajn de la elektra kompanio.

 

 

(Maldekstre, la ruĝa rondeto : Sendai-centralo, meze, verdaj zonoj : tri grandaj vulkanoj)

 

 

 

3. Ankoraŭ ne ekzistas sufiĉa plano de evakuado. Nek la aŭtoritato, nek la registaro respondecas pri evakuad-plano. La guberniestro de Kagoŝima eĉ diras, ke la plano nur por la loĝantoj en la radiuso de 10 kilometroj estas sufiĉa, kvankam en Fukuŝima multegaj homoj ekster tiu zono suferis. Por li refunkciado de la centralo estas pli grava ol vivo de la loĝantoj.

 

   Poste jene okazos la proceduro :

1. La registaro aŭskultos opiniojn de la popolanoj dum unu monato.

   *La plejparto de la opinioj estos kontraŭaj, sed la registaro ignoros ilin.

2. Aproboj de la gubernio Kagoŝima kaj la urbo Sacuma-Sendai.

   * Ĝis nun se la du komunumoj aprobos la refunkciigon, la elektra kompanio rajtas refunkciigi la centralon, sed nun ĉirkaŭaj urboj postulas, ke la kompanio aŭskultu ankaŭ ilin, ĉar kiam okazos akcidento, ĝi influos anakŭ ilin.

3. Post aŭtuno oni refunkciigos la reaktorojn.

 

Enketoj pri la refunkcigo de la centraloj

 

59% kontraŭas refunkciigon de la nuklea centralo de Sendai

   La ĵurnalo Asahi enketis telefone la 26an kaj la 27an de julio.

1. Pri refunkciado de la nuklea centralo de Sendai. 

Viroj :   por 33%     kontraŭ 37%

   Virinoj:    por 13%     kontraŭ 65%

   Sumo:      por 23%     kontraŭ 59%

2. Pri sekureco de nuklea energio

  Oni povas teni ĝin sekura, se oni bone zorgas ĝin teknike:

25%

36% (majo 2011, post la akcidento en Fukuŝima)

  Ĝi estas tiel danĝera, ke homoj ne povas teni ĝin sekura :          

63%

            56% (majo 2011, post la akcidento en Fukuŝima)

3. La ĉefministro lernis de la akcidento:

                   19%

  La ĉefministro ne lernis de la akcidento:

                   61%

 

Enketo en la urbo Sacuma-Sendai

   « La societo de vivo - Adiaŭo al nuklea energio » enketis al 1133 homoj en la urbo Sacuma-Sendai, kie situas tiu nuklea centralo.

1. Pri la refunkciigo de la nuklea centralo Sendai

   Por :                  7%

   Kontraŭ :          85%

2. Ĉu la urbo Sacuma-Sendai progresos, dependante de la nuklea centralo?

   Ne progresos :   68%

   Progresos :               9%

   Progresos aŭ ne:  20%

  

La ĉefministro promesis al la elektra kompanio Kjuuŝuu, dirante: “Mi ĉiel sukcesigos la refunkciigon”, sed ĉu li tiel facile povos sukcesi, ĉar nun pli kaj pli multiĝas kontraŭaj voĉoj al li pro lia militisma politiko ?

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 18:02

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 20 août 2014

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN

avec les conseils de Paul SIGNORET

 

_________________

 

 

       Que s'est-il passé au cours du dernier mois à Fukushima ?


    Afin de participer au Congrès Mondial d'Espéranto à Buenos Aires, j’ai séjourné en Argentine du 26 Juillet au 10 Août. Entre-temps les journaux Fukushima-Minpō sont arrivés à mon domicile. Aujourd'hui, je vais faire le rapport de ce qui s'est passé au cours de cette période dans le département de Fukushima. J'ai écrit tous mes articles sur la base de ce document. Les brèves remarques à la fin des articles sont de mon cru.

 

1 Nettoyage dans le village d'Iitate
    Quand a eu lieu l'accident nucléaire, les vents ont soufflé en direction du nord-ouest à partir de la centrale nucléaire. Le village d'Iitate est malheureusement situé dans le couloir de ces vents et a été contaminé par une forte radioactivité. Tous les habitants ont été obligés de se réfugier à l'extérieur du département et sont maintenant dispersés çà et là en divers endroits. Le gouvernement envisage de les faire revenir, et il prévoit de nettoyer les champs de la manière suivante:

1 Décaper la surface de la terre des champs sur les 5 centimètres qui sont contaminés par du césium radioactif.
2. Y déposer une terre propre venant des collines
   Cependant, le problème est que cette couche de 5 cm contient des éléments nécessaires pour les plantes, tels que des minéraux et du potassium. Pour rendre cette nouvelle terre suffisamment fertile, il faudra de nombreuses années. M. Satō Haruo, 65 ans, a déclaré: «Nous avons rendu la terre fertile par l'effort incessant de plusieurs générations. Il ne sera pas facile de retrouver cet état de fertilité, même si l'on utilise des engrais

chimiques ".

* On devra conserver cette terre grattée comme déchet radioactif

 

2. Dispersion de poussière radioactive
   Au cours de l'été dernier, de la poussière radioactive a volé et s'est dispersée, lorsque l'on a réaménagé des décombres dans le réacteur n°3. En automne, dans la ville de Minami-Sōma, on a détecté du césium dont la radioactivité dépassait la norme dans le riz récolté. Le département et la ville ont fortement protesté contre TEPCO et exigé des moyens adéquats pour y remédier.
    TEPCO va bientôt réaménager les décombres dans le réacteur n°1. Le 17 juillet, la compagnie TEPCO a expliqué que, pour éviter que la poussière radioactive ne se disperse, elle répandra plus souvent un "matériau anti-poussière" et de l'eau. Elle insiste sur le fait que la méthode est améliorée et  qu’aucun problème ne se posera, mais beaucoup ont des doutes quant à son efficacité.
* Moyens toujours très primitifs, alors que les centrales nucléaires sont très modernes.

 

3.  Fukushima continuera de demander du soutien à l'ensemble du Japon
      A partir du mois d'août, les fonctionnaires du département de Fukushima visiteront les communes, les entreprises, les universités et les médias dans tout le Japon pour les remercier et leur demander plus de soutien. Le département a déjà reçu beaucoup d'aide, mais il lui en faut davantage pour la  réhabilitation.
* Le gouvernement n'est pas le meilleur pour apporter de l'aide, c'est souvent tout le contraire.

 

4. De jeunes ambassadeurs
    Trois étudiants visiteront Paris au mois d'août comme "ambassadeurs de la restauration du département de Fukushima." Ce sont Hatakeyama Seena (17 ans),  Nakamura Keisuke (17 ans) et Komedō Asumi (12 ans). Ils enverront au monde un message fort à propos de la réhabilitation en train de s'accomplir à Fukushima.
* Ils disent qu'ils vont apprendre le français, mais ils devraient apprendre l'espéranto.

 

5. A propos de pêches
    Le 19 Juillet, des "Mademoiselle Pêche" ont distribué des pêches aux passagers à la gare de Fukushima pour promouvoir ces fruits délicieux et effacer la mauvaise réputation de Fukushima.
* Chaque été, je déguste des pêches venant de Fukushima.

 

6. TEPCO va déverser une énorme quantité de glace
    Il y a 11.000 tonnes d'eau contaminée dans le fossé entre les réacteurs n°2 et n°3 et la mer. TEPCO essaye de retirer cette eau, en bouchant son goulet tout proche des réacteurs avec de la glace, et dans ce but elle déversera chaque jour 15 tonnes de glace et de neige carbonique.
    Le 7 août, TEPCO a rendu public l’échec de sa tentative de geler le goulet, et a commencé à déverser 27 tonnes de glace par jour.
    Beaucoup craignent que le projet de construction d'un mur de terre gelée autour des réacteurs ne réussisse pas, puisque TEPCO ne parvient même pas à geler cette petite partie de canal.
* C’est tout bénéfice pour la compagnie qui fabrique de la glace.

 

 

7. Des champignons shiitake ont été mis sur le marché pour la  première fois
    M. Kikuchi Hisamitsu, 65 ans, a commercialisé des champignons Shiitake pour la première fois depuis l'accident nucléaire de 2011. Il est heureux, mais en même temps il craint de ne pas bien les vendre. Les champignons absorbent facilement la radioactivité, de sorte qu'il est difficile de produire des Shiitake non pollués, mais à la fin il a réussi.
* La collecte de champignons dans les collines était le passe-temps favori pour beaucoup de gens, mais ils y ont désormais renoncé.

Eté 2014 à Fukushima

8. Le festival équestre dans la ville de Minami-Sōma
    La région de Sōma est célèbre pour son festival équestre, pendant lequel les cavaliers s’affrontent dans un costume traditionnel de samouraï. Il a eu lieu les 26, 27 et 28 juillet. À cause du tsunami et de l'accident nucléaire beaucoup de ces "samouraïs" (guerriers de l’époque féodale) ont souffert et souffrent encore, eux aussi. Mais ils sont revenus pour se battre. Ils ne sont jamais vaincus.

Eté 2014 à Fukushima

Notre été
poème de Nemoto Masayuki

De la mer au petit matin
la brise commence à souffler
le bruit des sabots commence à enfler.

Lorsque vient cette saison,
 Nous nous échauffons.
 Nous sautons sur nos pieds.
Nous surmontons toutes les difficultés,
En nous coule le sang des samouraïs.

Qu'il fasse soleil, que le ciel se couvre,
qu'il pleuve, qu'il vente,

quel que soit le temps,
il a lieu depuis mille ans.
le festival équestre de Sōma.
Nous, les samouraïs de Sōma, ne devons jamais être surpris,
Nous devons protéger ce que notre devoir ordonne.

C'est ainsi que nous vivons.
Lançons notre cri de guerre!
Hourrah! Hourrah!
Hourrah! Hourrah! Hourrah!

Oh,  les chevaux hennissent !
Oh, résonne la conque dans laquelle nous soufflons !
Oh, un feu de signal y répond !

 Foncez !
Foncez pour attaquer les ennemis!
Hommes de Sōma !

Il est venu notre été chaud!

*  A la fin de Juillet arrive aussi le Congrès Mondial d'Espéranto, c'est pourquoi je n'ai malheureusement pas eu la chance de voir le spectacle.

 

9. Quelle image a-t-on de Fukushima ?
    Le 28 Juillet, le département de Fukushima a publié les résultats d'une enquête sur «L'image que donne Fukushima" menée auprès de 1077 personnes vivant dans la métropole.
  (1) L'image que vous avez de Fukushima
   un département de centrales nucléaires: 57,8%
   un département qui fait des efforts: 52,0%
   rempli de nature (ou : plein de beauté naturelle): 30,3%
   un département à plaindre: 23,2%
   en stagnation:

21,3%                                                                                                                      

Image positive : 19,0%    

(2) Votre intérêt pour le département de Fukushima
S'y intéressent comme à une affaire personnelle : 15,7%
S'y intéressent : 52,3%
(3) Votre aide à Fukushima
 Aident concrètement : 9,7%
Ont le désir d'aider: 71,2%

* Fukushima est voisin de mon département de Gunma, c'est pourquoi je le considère comme mon frère.

 

10. TEPCO prévoit de rejeter l'eau "décontaminée"
   Le 7 août, TEPCO a exposé aux pêcheurs son plan de rejet de l'eau "décontaminée" à la mer. Chaque jour, 400 tonnes d'eau s'écoulent sous les bâtiments des réacteurs et se polluent. Maintenant, TEPCO conserve cette eau dans des citernes dont le nombre s'accroît continuellement, donc résoudre ce problème est la chose la plus importante. Afin de réduire la quantité d'eau contaminée, TEPCO prévoit de la rejeter, après en avoir retiré presque tous les éléments radioactifs comme le césium et le strontium, mais pas le tritium. Les pêcheurs à Fukushima protestent vivement contre TEPCO.
* TEPCO prévoit de rejeter du tritium – élément radioactif – à la mer  en quantité illimitée. Cela n'est pas admissible.

 

 

 

____________________________

 

Texte original en espéranto

____________________________

 

La 20an de aŭgusto 2014

 

Kio okazis dum la pasinta monato en Fukuŝima?

   Por partopreni en la UK en Bonaero, mi estis en Argentino ekde la 26a de julio ĝis la 10a de aŭgusto. Dume venadis la ĵurnaloj Fukuŝima-Minpoo al mia hejmo. Hodiaŭ mi raportos, kio okazis dum tiu periodo en Fukuŝima. Ĉiujn artikolojn mi verkis surbaze de tiu ĵurnalo. Estas miaj mallongaj rimarkoj fine de la artikoloj.

 

1. Purigado en la vilaĝo Iitate

   Kiam okazis la nuklea akcidento, ventoj flugis nordokcidenten de la nuklea centralo. La vilaĝo Iitate malfeliĉe situas laŭ la vojo de tiuj ventoj kaj estis poluita de forta radioaktiveco. Ĉiuj vilaĝanoj devis fuĝi eksteren kaj nun dise loĝas en diversaj lokoj. La registaro planas revenigi ilin, purigonte la kampojn per jenaj manieroj :

1. skrapi surfacan teron de kampoj je 5 centimetroj, kiuj estas poluitaj de radioaktiva cezio

2. enmeti puran teron el montetoj

Tamen la problemo estas, ke tiu 5-centimetra tavolo enhavas necesajn elementojn por plantoj, ekzemple mineralojn kaj kalion. Por fari tiun novan teron sufiĉe fekunda, oni bezonos multajn jarojn. S-ro Satoo Haruo, 65-jara, diras: « Ni faris la teron fekunda per multgeneracia klopodado. Estos ne facile reakiri tiun staton, eĉ se oni uzos kemian sterkon ».

* Oni devos konservi tiun skrapitan teron kiel radioaktivan rubaĵon.

 

2. Disflugo de radioaktiva polvo

   En la lasta somero radioaktiva polvo disflugis, kiam oni rearanĝis detruitaĵojn en la reaktoro n-ro 3. En aŭtuno oni detektis radioaktivan cezion pli fortan ol la normo el la rikoltita rizo en la urbo Minami-Sooma. La guberino kaj la urbo forte protestis kontraŭ TEPCO kaj postulis taŭgan kontraŭrimedon.

   TEPCO baldaŭ rearanĝos detruitaĵojn en la reaktoro n-ro1. La 17an de julio TEPCO klarigis, ke por preventi disfluon de radioaktiva polvo, ĝi plioftigos disĵeton de « kontraŭpolva materialo » kaj akvo. Ĝi insistas, ke la kontraŭrimedo estas plibonigita kaj ne okazos problemo, sed multaj dubas pri la efiko.

* Ĉiam rimedoj estas tre primitivaj, kvankam nukleaj centraloj estas tre modernaj.

 

3. Fukuŝima plu petos subtenon en la tuta Japanio

   Ekde aŭgusto funkciuloj de la gubernio Fukuŝima vizitos komunumojn, kompaniojn, universitatojn kaj amaskomunikilojn en la tuta Japanio por danki ilin kaj peti de ili pli da subteno. La gubernio jam ricevis multegon da helpo, sed ĝi bezonas pli da helpo por restariĝo.

* La registaro estas la plej malbona helpanto, ofte malhelpanto.

 

4. Junaj ambasadoroj

   Tri gelernantoj vizitos Parizon en aŭgusto kiel « ambasadoroj de restariĝo de Fukuŝima ». Ili estas f-ino Hatakejama Seena (17-jara), s-ro Nakamura Keisuke (17-jara) kaj f-ino Komedoo Asumi (12-jara). Ili sendos fortan mesaĝon pri restariĝanta Fukuŝima al la mondo.

* Ili diras, ke ili lernos la francan, sed ili lernu Esperanton.

 

5. Persikoj

   La 19an de julio Fraŭlinoj Persiko disdonis persikojn al pasaĝeroj en la stacidomo Fukuŝima por propagandi bongustajn fruktojn kaj forviŝi misfamon de Fukuŝima.

* Ĉiun someron mi gustumas persikojn el Fukuŝima.

 

6. TEPCO enĵetos kvantegon da glacio

   Troviĝas 11000 tunoj da poluita akvo en la fosaĵo inter la reaktoroj n-ro 2 kaj 3 kaj la maro. TEPCO provas elpreni tiun akvon, ŝtopante ĝian kolon ĉe la reaktoroj per glacio, kaj por tio ĝi enĵetos 15 tunojn da glacio kaj seka glacio ĉiun tagon.

   La 7an de aŭgusto TEPCO publikigis, ke oni ne sukcesis glaciigi la kolon, tial ĝi komencis enĵeti 27 tunojn da glacio ĉiun tagon.

   Multaj timas, ke la plano konstrui glaciigitan termuron ĉirkaŭ la reaktoroj ne sukcesos, ĉar TEPCO ne povas glaciigi eĉ tiun malgrandan parton.

* Kompanio pri glacio profitas.

 

7. Fungo ŝiitake unuan fojon surmerkatiĝis

   S-ro Kikuĉi Hisamicu 65-jara surmerkatigis fungon ŝiitake unuan fojon post la nuklea akcidento en 2011. Li estas ĝoja, sed samtempe timas, ke ĝi ne vendiĝos bone. Fungoj facile ensorbas radiaktivaĵojn, do estas malfacile produkti nepoluitan ŝiitake-on, sed finfine li sukcesis.

* Fungo-kolektado en montetoj estis ŝatata hobio de multaj homoj, sed ili jam rezignis.

 

8. Okazis Ĉevalfestivalo en la urbo Minami-Sooma

   La regiono Sooma estas fama pro Ĉevalfestivalo, en kiu viroj batalas en tradicia, samuraja kostumo, rajdante sur ĉevalo. Ĝi okazis la 26an, 27an kaj 28an de julio. Pro la cunamo kaj la nuklea akcidento ankaŭ multaj « samurajoj » (militistoj en la feŭdisma epoko) suferis kaj suferas. Sed ili revenis por batali. Ili neniam malvenkas.

 

Nia somero

Versita de Nemoto Masajuki

 

De la frumatena maro

ekblovas ventetoj,

Hufsonoj pli kaj pli klare aŭdiĝas.

 

Kiam venas tiu ĉi sezono,

Ni varmiĝas.

Ni ekstaras.

Ni venkas ĉiujn malfacilaĵojn,

En ni fluas ja sango de samurajoj.

 

Ĉu sune, ĉu nube,

Ĉu pluve, ĉu vente,

en ĉiu veterkondiĉo,

Ĝi daŭras de mil jaroj.

Sooma-Ĉevalfestivalo.

Ni, samurajoj de Sooma, neniam surpriziĝu,

Ni devas protekti, kion ni devas protekti.

 

Tiamaniere ni vivas.

Ni batalkriu !

Hurao ! Hurao !

Hurao ! Hurao ! Hurao !

 

Aĥ, henas ĉevaloj!

Aĥ, trumpetado per konko !

Aĥ, eĥas signalfajro!

 

Impetu!

Impetu al atakantaj malamikoj!

Viroj de Sooma!

 

Venis nia varma somero !

 

* Bedaŭrinde fine de julio okazas ankaŭ UK, do mi ne havas okazon vidi la spektaklon.

 

9. Imago de Fukuŝima

   La 28an de julio la gubernio Fukuŝima publikigis rezulton de enketo pri « Imago de Fukuŝima » al 1077 homoj loĝantaj en la metropolo.

 (1) Imago de Fukuŝima

   Gubernio de nukleaj centraloj:      57,8%

   Strebas :                              52,0%

   Plena de naturo :                           30,3%

   Kompatinda :                      23,2%

   Stagnanta :                                    21,3%

Pozitiva :                                    19,0%

(2) Intereso pri Fukuŝima

Havas intereson kiel sian aferon:         15,7%

Havas intereson:                        52,3%

(3) Helpo al Fukuŝima

  Konkrete helpas:                          9,7%

Havas volon helpi :                    71,2%

 

* Fukuŝima kaj mia gubernio Gunma estas najbaroj, tial mi sentas, ke Fukuŝima estas mia frato.

 

10. TEPCO planas forĵeti “purigitan” akvon

La 7an de aŭgusto TEPCO klarigis al la fiŝistoj planon forĵeti “purigitan” akvon en la maron. Ĉiun tagon 400 tunoj da akvo enfluas sub la reaktordomojn kaj poluiĝas. Nun TEPCO konservadas tiun akvon en akvujoj kaj la nombro de la akvujoj pli kaj pli multiĝas, do kiel solvi tiun problemon estas la plej grava. Por malmultigi la kvanton de poluita akvo, TEPCO planas forĵeti tiun akvon, elpreninte preskaŭ ĉiujn radioaktivaĵojn kiel cezion kaj stroncion krom tricio. Fiŝistoj en Fukuŝima forte protestas kontraŭ TEPCO.

* TEPCO planas forĵeti senlime tricion, radioaktivaĵon, en la maron. Tio ne estas permesebla.

 

 

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 17:55

Voici un deuxième article de Jean-Marc Royer, tiré de son ouvrage inédit, "Le nucléaire, érotisation suprême et planétaire de la mort ". L’auteur revient sur l’épisode tragique subi par des pêcheurs japonais en 1954, à la suite d’un essai nucléaire atmosphérique états-unien.

Les îles Marshall, un des cimetières de la terre

 

____________________

 

 

 

Les îles Marshall, un des cimetières de la terre

 

Jean-Marc Royer

 

Le 1er mars 1954 survenait l’irradiation des pêcheurs japonais du Lucky Dragon à la suite de l’explosion de la bombe H Castle Bravo sur l’atoll Bikini dans les îles Marshall, la plus puissante explosion nucléaire états-unienne jamais réalisée (15 Mt, mille Hiroshimas). Il en résulta ensuite une zone interdite (W ci-dessous) de 2400 kilomètres de diamètre [1] ! Alors qu’ils se trouvaient en dehors de la zone prohibée lors de l’explosion, les marins avaient ramassé sur le petit navire une poussière grisâtre, qu'ils avaient vite surnommée « cendre de la mort ». Les dégâts imprévus avaient été dissimulés par les autorités états-uniennes jusqu'au 14 mars, date à laquelle le chalutier était rentré au port avec la plupart de son équipage malade. Son opérateur radio Aikichi Kuboyama allait mourir le 23 Septembre suivant, des suites d'une irradiation aiguë et malgré les soins du Pr Tsuzuki Masao. D'autres décès allaient suivre. Les Etas-unis accordèrent royalement à la veuve d'Aikichi Kuboyama un chèque d'un million de yens (2 800 dollars) et en janvier 1955, offraient au gouvernement japonais 2 millions de dollars de compensation pour les dégâts causés par Castle Bravo. Tsuzuki Masao avait joué un rôle majeur dans cette affaire, prenant en charge les irradiés à Tokyo.

 

[1] Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Castle_Bravo. Dito pour les illustrations.

Les îles Marshall, un des cimetières de la terre

« Carte montrant des points (X) où furent capturés des poissons contaminés et où la contamination radioactive de l’Océan était excessive.

B = zone de danger délimitée autour de Bikini, telle qu’annoncée par le gouvernement U.S.

W = zone de danger, telle qu’elle fut ensuite étendue …

xF = position du bateau Lucky Dragon …

NE, EC, et SE sont des courants équatoriaux ».[1]

[1] S. Sevitt, "The Bombs," The Lancet, July 23, 1955, pp. 199-201.

Les îles Marshall, un des cimetières de la terre

Les retombées de l’explosion réparties niveaux de rayonnement. Les courbes de niveau montrent la dose de rayonnement cumulative en Rœntgens (R) pour les 96 premières heures après le test.

http://www.nuclearweaponarchive.org/Usa/Tests/Castle.html

Cet essai avait entraîné la contamination l'atoll de Rangelap pourtant éloigné de 180 km et dont les habitants avaient dû être évacués (3 jours après) et jusqu’en 1957, avant que 300 d’entre-eux ne soient finalement transférés en 1985 à Majetto, une île dans l'atoll de Kwajalein, par le Rainbow Warrior, [1] (qui fut coulé quelques mois plus tard par la DGSE, sous le gouvernement Fabius). De même, 28 marins états-uniens qui opéraient sur la station météo de Rongerik située à 246 km furent également contaminés. Il faut dire qu'en à peine 6 minutes, le nuage avait atteint une altitude de 40 km ! L'historien Alex Wellerstein a écrit à son propos que « Castle Bravo est un récit édifiant sur l'orgueil et l'incompétence des scientifiques de l'ère nucléaire, déclenchant une arme d'une puissance qu'ils ignoraient, avec des effets qu'ils n'avaient pas prévus, et dont l'héritage ne sera pas oublié de si tôt ». En fait, tous les essais nucléaires effectués à Eniwetok ont dépassé les puissances prévues pour atteindre parfois 200% [2] (le 1er novembre 1952, la première explosion de bombe H « Ivy Mike », avait déjà entièrement vaporisé l'atoll d'Elugelab [3]).

 

 

[1] Film de 12 minutes réalisé en 1986 : http://www.youtube.com/watch?v=Oq9fVlBwuJc

[2] http://en.wikipedia.org/wiki/Enewetak_Atoll

[3] Voir le film de propagande de l’époque : http://www.youtube.com/watch?v=lcywb_VPPgg

Les îles Marshall, un des cimetières de la terre

Non seulement les états nucléaires ont failli à leur mission principale qui consiste à protéger les populations, mais ils ont de surcroît répandu la mort sur la Planète. En conséquence, ils n’ont pas seulement perdu leur légitimité politique, mais devraient être jugés pour l’écocide et les crimes contre l’Humanité commis depuis 1945. Certes, il y a peu de chances que cela advienne un jour car cela signifierait le retournement du totalitarisme démocratique à l’œuvre depuis le basculement de la civilisation occidentale [1]. Néanmoins, ce qui nous importe avant tout c’est que cette idée devienne l’horizon d’une réflexion politico-philosophique car elle emporte avec elle des prémisses et des développements qui nous semblent essentiels pour l’analyse critique.

 

Il y a peu de chances … disions-nous, mais il se trouve que le jeudi 24 avril 2014, la République des Îles Marshall – petit pays de 55 000 habitants au nord-ouest de l’Australie, théâtre de 67 essais nucléaires américains entre 1946 et 1958 sur les atolls de Bikini et d’Enewetak [2] – a déposé à la cour internationale de justice de La Haye, « des requêtes introductives d'instance » sans précedent contre les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France, la Chine, l'Inde, le Pakistan, Israël, la Corée du Nord, les accusant de ne pas s'acquitter des obligations contractées à la suite de la signature en 1968 du traité de non-prolifération des armes nucléaires, à savoir de cesser la course aux armes nucléaires et à procéder au désarmement nucléaire à une date rapprochée ; ceci constituerait une « violation flagrante » du droit international. La Cour a toutefois indiqué qu'elle n'avait admis que les plaintes contre le Royaume-Uni, le Pakistan et l'Inde car ces trois nations ont accepté par le passé la « compétence obligatoire » de la CIJ. Les autres plaintes ne seront examinées que si les gouvernements des pays visés donnent leur feu vert ... C’est sans doute la raison pour laquelle une poursuite contre les États-Unis a également été déposée à San Francisco et vise spécifiquement le président Barack Obama, les départements et les secrétaires à la Défense et à l'Énergie et l'Administration fédérale de la sûreté nucléaire. En Molussie, la vie étant simplement une marchandise comme les autres et par conséquent l’objet de transactions financières, les Etats-Unis qui ont versé 500 millions de dollars, s’estiment quittes devant les populations qui ont connu des problèmes de santé et/ou ont dû abandonner leurs îles natales. [Les gouvernements français ont pour leur part procédé à 196 essais nucléaires en Polynésie française, entre 1966 et 1996]. Les Îles Marshall affirment que plutôt que de négocier leur désarmement les neuf pays en question modernisent leurs arsenaux nucléaires, et qu'ils y consacreront 1000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.

« Notre peuple a souffert des dommages catastrophiques et irréparables causés par ces armes, et nous promettons de nous battre afin que personne d'autre sur Terre n'ait à vivre de nouveau de telles atrocités », a déclaré le ministre des Affaires étrangères du pays, Tony de Brum, dans un communiqué. C'est un dossier où David affronte Goliath, estime David Krieger, président de l'organisation californienne Nuclear Age Peace Foundation, qui agit comme consultant dans le dossier. Les Îles Marshall espèrent que d'autres pays se joindront à l'initiative. Plusieurs lauréats du prix Nobel de la paix soutiendraient l'initiative, dont l'archevêque sud-africain Desmond Tutu et l'avocate iranienne Shirin Ebadi.

 

[1] Référence à un manuscrit intitulé Le nucléaire, erotisationsuprême et planétaire de la mort. Essai d’histoire et de philosophie politique. Décoloniser l’imaginaire occidental II, 30/05/2014.

[2] https://marshallislands.llnl.gov/enewetak.php

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26 août 2014 2 26 /08 /août /2014 11:17

Nous recevons de plus en plus d’informations sur l’augmentation de la fréquence des cancers au Japon, en particulier dans la région de Fukushima.

Même le Figaro est obligé de le constater, pour ensuite dénier directement tout lien de causalité :
« Une étude sur l'impact des radiations de la catastrophe de Fukushima a révélé que 103 enfants et adolescents de la région, âgés de moins de 18 ans au moment de l'accident, avaient développé un cancer de la thyroïde confirmé par chirurgie ou fortement soupçonné, mais le lien avec le désastre atomique n'est pas pour autant établi ».
(Source)

Leucémies infantiles près des centrales nucléaires

Comme nous ne pouvons pas invoquer une relation de causalité directe (l’exposition à la radioactivité ne produit pas une cellule cancéreuse à tous les coups, le développement est différé, une personne n’est pas l’autre, tous les sujets ne sont pas atteints par la contamination interne, etc…), et que les nombres de cas sont petits par rapport à la population, il faut donc recourir aux statistiques et aux probabilités.
Pour tirer des conclusions valables, il faudrait comparer deux populations qui vivent dans un cadre de vie identique, qui ont la même pyramide d’âges, les mêmes habitudes alimentaires, etc…
Il faut donc collecter des données médicales et radiologiques, des contaminations externes et idéalement internes, collectées de manière complète et honnête sur la population saine et la population affectée. C’est là que les nucléocrates aidés par le musellement de l’OMS dans ce domaine, tentent de noyer le poisson, en empêchant ou en manipulant la collecte des données, à Tchernobyl et à Fukushima comme ailleurs.

L’étude dont l’article suivant est l’objet évite cet écueil car il s’agit ici de comparer une population précise, celle qui habite à moins de 5 kilomètres des centrales en Europe, au reste de la population.
Nous pouvons donc considérer que ces habitants ont un mode de vie qui ne diffère pas significativement du reste de la population.
Il reste à préciser que l’outil statistique ne donne jamais des preuves absolues, c’est sa fonction-même. Dans le langage des probabilités, à propos d’une corrélation entre deux ensembles A et B, « zéro » veut dire « aucun lien », « 1 » veut dire « certitude d’un lien».
Notons que cela ne prouve rien sur la cause physique du lien, tout ce que l’on peut dire c’est que « quelque chose » lié à la présence de la centrale au centre de la zone crée une augmentation de la fréquence des cancers. Cela pourrait être dû à l’utilisation de solvants cancérigènes (je pose ici cette hypothèse hautement improbable, en avocat du diable), tout doit être envisagé et le Dr Fairlie, auteur de cette étude, donne son avis sur la cause la plus probable, et explique pourquoi elle est liée à la radioactivité.
Donc quand les statisticiens disent qu’avec un « intervalle de confiance » de 90%, il y a une corrélation entre l’augmentation des leucémies infantiles et le fait de vivre dans un rayon de 5 kilomètres autour d’une centrale, ils disent juste qu’il y a 90 chances sur 100 que cette corrélation ne soit pas due au hasard, et donc qu’elles est « statistiquement significative » dans un I.C. de 90%.
A strictement parler cela ne prouve pas la nuisance de la centrale, cela prouve qu’il y a 9 chances sur 10 qu’il y ait une relation entre non pas une centrale et un cancer particulier, mais entre le fait de se trouver à moins de 5 km d’une centrale et l’augmentation de la fréquence des cancers dans cette zone par rapport à la zone extérieure.
Et c’est ici que l’on nous roule dans la farine, comme expliqué dans l’article.
Très embêtés par le fait que la grande majorité des études montrent des augmentation des cancers autour des centrales, et voyant que la corrélation devenait significative à 90%, les conseillers des gouvernements ont décidé de refaire l’évaluation en appliquant un « intervalle de confiance » de 95%, et alors miracle, les augmentations constatées ne sont alors plus « statistiquement significatives », et ils peuvent alors clamer qu’on ne peut pas tirer de conclusions…
Les fluctuations statistiques liées à la nature du phénomène observé font que nous ne pouvons pas atteindre dans ce domaine une certitude très élevée, plus grande ou égale à 95%, comme dans le domaine de la police scientifique, ou les juges estiment qu’il peuvent condamner un suspect s’il n’y a qu’une chance sur 1 million de se tromper sur sa culpabilité, due à la corrélation trouvée entre son profil ADN et celui retrouvé sur la scène du crime… mais ce n’est jamais la certitude absolue non plus, et en plus il y a des milliards d’humains sur terre, et donc potentiellement plusieurs personnes avec le même profil génétique…

Il faut donc souligner que les augmentations de la fréquence des leucémies autour des centrales sont bien réelles, comme on le voit dans cet article, et que nous avons 9 chances sur 10 de ne pas nous tromper.
Nous ne pouvons donc pas raisonnablement nier la corrélation entre une exposition à la radioactivité, en particulier interne, et une augmentation des cancers chez les enfants, autour des centrales comme dans la région de Fukushima !

Phil Ansois

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Leucémies infantiles près des centrales nucléaires

Dr Ian Fairlie

Je suis un consultant indépendant travaillant dans le domaine de la radioactivité dans l’environnement et je vis à Londres au Royaume Uni. J’ai étudié la radioactivité et les radiations au moins depuis Tchernobyl en 1986. Je suis diplômé en “biologie et radioactivité “ de l’Hopital Bart à Londres, et j’ai fait mon doctorat à l’Imperial College de Londres et (brièvement) à Princeton sur le thème des dangers radiologiques du retraitement du combustible nucléaire.

J’ai travaillé précédemment en tant que fonctionnaire occupé à la régulation des risques radiologiques créés par les centrales nucléaires. Entre 2000 et 2004, j’ai été à la tête du Secrétariat du comité gouvernemental CERRIE du gouvernement britannique sur les risques d’irradiation interne. Depuis que je me suis retiré du service Gouvernemental, j’ai été un consultant sur les questions de radioactivité au Parlement Européen, pour des gouvernements locaux et régionaux, des ONG environnementales, et des individus privés. Mes centres d’intérêt sont les doses de radiation et les risques qui surgissent des fuites de radioactivité dans les installations nuc
léaires.

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Leucémies infantiles près des centrales nucléaires : nouvel article

 

Ian Fairlie

 

 

Publié le 25 Juillet 2014,  traduit par Phil Ansois
Source : http://www.ianfairlie.org/news/childhood-leukemias-near-nuclear-power-stations-new-article/

 

 

En Mars 2014, mon article  sur l’augmentation des taux de leucémie près des centrales nucléaires a été publié dans le “Journal of Environmental Radioactivity” (JENR). Une publication précédente discutait de la préparation de l’article et de la qualité de son lectorat : cette publication-ci décrit son contenu en termes profanes.

Avant de commencer, une certaine base est nécessaire pour saisir la signification du nouveau rapport. Beaucoup de lecteurs ne sont peut-être pas au courant que l’augmentation des leucémies infantiles près des centrales nucléaires a été une question controversée pendant des dizaines d’années. Par exemple, cette très importante question soulevée au Royaume Uni dans les années 80 et au début des années 90, a conduit à de nombreuses émissions de télévision, à des commissions gouvernementales, à une importante conférence internationale, à au moins deux procès « mammouth » et probablement à plus d’une centaine d’articles scientifiques. Cela a été renforcé en 1990 par la publication du fameux rapport Gardner (Gardner et autres, 1990) qui a trouvé une très forte augmentation (fois 7) de la leucémie infantile près de l’installation nucléaire de Sellafield (de très mauvaise réputation)  dans la région de  Cumbria.

 

Cette question semble avoir diminué en importance au Royaume Uni, mais est toujours chaudement débattue dans la plupart des autres pays Européens, en particulier l’Allemagne.

 

La question centrale c’est que, de par le monde, plus de 60 études épidémiologiques ont examiné l’incidence des cancers infantiles près des centrales nucléaires et que la plupart (plus de 70 %) indiquent des augmentations de la leucémie. Je ne pense à aucun autre domaine de la toxicologie (par exemple l’amiante, le plomb, la tabagie) qui a été autant étudié, et dans lequel on trouve d’aussi claires associations que celles que l’on trouve entre les centrales nucléaires et les leucémies infantiles. Et cependant de nombreux gouvernements nucléaires et l’industrie nucléaire réfutent ces conclusions et continuent à résister à leurs implications. C’est similaire aux situations face au tabagisme dans les années 60 et de nos jours face au réchauffement climatique d’origine humaine.

 

Au début 2009, le débat a été partiellement ranimé par l’étude renommée KiKK (Kaatsch et autres, 2008), commissionnée par le gouvernement allemand, qui a trouvé une augmentation de 60% du total des cancers et une augmentation de  120% des leucémies parmi les enfants de moins de 5 ans vivant à moins de 5 kilomètres de toutes les centrales nucléaires allemandes. Le résultat de ces découvertes surprenantes, les gouvernements français, suisse et britannique ont en vitesse mis sur pied de nouvelles recherches près de leurs centrales nucléaires. Tous ont trouvé des augmentations des leucémies, mais parce que les nombres étaient petits, les augmentations manquaient de “signification statistique”.  C'est-à-dire que vous ne pouviez pas être sûrs que les résultats n’étaient pas dus au hasard.



Cela ne signifie pas qu’il n’y avait pas d’augmentations, et en réalité si des tests statistiques moins stricts avaient été appliqués, les résultats auraient été « statistiquement différents ».
Mais la plupart des gens, y compris les scientifiques, qui devraient mieux s’y retrouver, se font  facilement embobiner par les statistiques ; ainsi les niveaux de tests très stricts à 95% ont été vigoureusement  saisis par les gouvernements qui étaient désireux d’éviter des résultats indésirables. Et de fait de nombreux tests de nos jours utilisent un niveau de signification statistique de 90%.

 

Dans une telle situation, ce que vous devez faire est de combiner les ensembles de données dans une méta-étude pour obtenir de plus grands nombres et ainsi des niveaux plus élevés de signification statistique. Les quatre gouvernements se sont abstenus de le faire parce qu’ils savaient quelle serait la réponse, c'est-à-dire des augmentations statistiquement significatives  près de presque toutes les centrales nucléaires dans les quatre pays.
C’est ainsi que Korblein et Fairlie les ont aidés en faisant le travail pour eux (Korblein et Fairlie, 2012), et bien sûr ils ont trouvé des augmentations significatives près de toutes les centrales nucléaires.
Voici les résultats.

 

Etudes des cas de leucémie observés (O) et attendus (A) dans les 5 km des centrales nucléaires

 

O

A

SIR=O/A

90% IC

p-value

Allemagne

34

24.1

1.41

1.04-1.88

0.0328

Grande Bretagne

20

15.4

1.30

0.86-1.89

0.1464

Suisse

11

7.9a

1.40

0.78-2.31

0.1711

Franceb

14

10.2

1.37

0.83-2.15

0.1506

Ensemble

79

57.5

1.37

1.13-1.66

0.0042

[Notes : voir tableau ci-dessus]
a : Dérivé des données de Spycher et autres (2011)
b : Cas de leucémie aigüe

 

Ce tableau révèle une augmentation statistiquement significative de 37% des leucémies infantiles dans un rayon de 5 km de presque toutes les centrales de Grande Bretagne, Allemagne, France et Suisse. Il n’est peut-être pas surprenant que les 3 derniers pays cités ont annoncé des retraits et une sortie progressive du nucléaire. Seul le gouvernement Britannique reste dans le déni.

 

Donc le problème n’est plus de chercher une réponse, cette question est dépassée : il y a bien une association très claire entre la leucémie infantile et la proximité des centrales nucléaires,
La question suivante est de trouver la ou les causes.

 

La plupart des gens se tracassent à propos des émissions radioactives et de l’effet direct de l’irradiation provenant des centrales nucléaires, cependant toute théorie impliquant l’irradiation se heurte à une difficulté majeure, à savoir comment tenir compte de la très large différence (d’un facteur 10 000) entre les estimations des dose officielles des émissions des centrales et l’augmentation clairement observée des risques.



Mon explication implique la radioactivité. Elle se base sur la découverte principale du  KiKK, que les incidences de leucémie des bébés et des enfants étaient très fortement associées à la proximité des cheminées des centrales. Il ressort aussi des observations du KiKK  que les cancers solides dont on a constaté l’augmentation étaient la plupart du temps « embryonnaires », c'est-à-dire que les bébés étaient nés avec soit des cancers solides, soit avec des tissus précancéreux qui, après la naissance se sont développés en tumeurs complètement cancéreuses. En fait ceci arrive aussi pour les leucémies.

 

Mon explication repose sur cinq points.
Premièrement les augmentations de cancer peuvent être dues aux expositions de l’air à la radioactivité, venant de la centrale.
Deuxièmement, de forts pics annuels dans les émissions des centrales peuvent produire des taux d’augmentation des doses pour les populations habitant dans les 5 kilomètres des centrales.
Troisièmement, les cancers observés pourraient commencer « in utero » chez les femmes enceintes.
Quatrièmement, à la fois les doses et les risques pour les embryons et les fœtus peuvent être plus grands que les estimations actuelles.
Cinquièmement, les cellules prénatales qui produisent le sang dans la moelle des os peuvent être beaucoup  plus radiosensibles que les autres.
L’ensemble de ces cinq facteurs sont discutés dans l’article complet, de manière considérablement détaillée.

 

Mon article montre en fait que la différence actuelle peut être expliquée. Les augmentations de leucémie observées par le KiKK et par d’autres études peuvent trouver leur source dans l’utérus en raison de l‘exposition de l’embryon ou du fœtus aux radionucléides incorporés lors des émissions de radioactivité produites par les centrales nucléaires. Les très grands pics d’émission des centrales peuvent produire un clone pré-leucémique [d’une cellule], et après la naissance un second coup au but radioactif peut transformer un petit nombre de ces clones en des cellules complètement leucémiques. Les bébés affectés sont nés pré-leucémiques (ce qui est invisible) et les leucémies complètes ne seront diagnostiquées que dans les quelques premières années après la naissance.
 


A ce jour, l’éditeur n’a reçu aucune lettre signalant des erreurs ou des omissions dans cet article.

 


REFERENCES

Bithell JF, M F G Murphy, C A Stiller, E Toumpakari, T Vincent and R Wakeford. (2013) Leukaemia in young children in the vicinity of British nuclear power plants: a case–control study. Br J Cancer. advance online publication, September 12, 2013; doi:10.1038/bjc.2013.560.

Bunch KJ, T J Vincent1, R J Black, M S Pearce, R J Q McNally, P A McKinney, L Parker, A W Craft and M F G Murphy (2014) Updated investigations of cancer excesses in individuals born or resident in the vicinity of Sellafield and Dounreay. British Journal of Cancer (2014), 1–10 | doi: 10.1038/bjc.2014.357

Fairlie I (2013) A hypothesis to explain childhood cancers near nuclear power plants. Journal of Environmental Radioactivity 133 (2014) 10e17

Gardner MJ, Snee MP; Hall AJ; Powell CA; Downes S; Terrell JD (1990) Results of case-control study of leukaemia and lymphoma among young people near Sellafield nuclear plant in West Cumbria. BMJ. 1990;300:423–429.

Kaatsch P, Spix C, Schulze-Rath R, Schmiedel S, Blettner M. (2008) Leukaemia in young children living in the vicinity of German nuclear power plants.  Int J Cancer; 122: 721-726.

Körblein A and Fairlie I (2012) French Geocap study confirms increased leukemia risks in young children near nuclear power plants. Int J Cancer 131: 2970–2971.

Spycher BD, Feller M, Zwahlen M, Röösli M, von der Weid NX, Hengartner H, Egger M, Kuehni CE. Childhood cancer and nuclear power plants in Switzerland: A census based cohort study. International Journal of Epidemiology (2011) doi:10.1093/ije/DYR115.

http://ije.oxfordjournals.org/content/early/2011/07/11/ije.dyr115.full.pdf+html

 

________________

IC : Intervalle de confiance  http://fr.wikipedia.org/wiki/Intervalle_de_confiance

Lien Facebook sur Fukushima Information :
https://www.facebook.com/groups/Fukushima.informations/permalink/812930588728686/

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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 15:17

Avec ce deuxième témoignage de Fonzy, on se rend compte qu’en 2011 les Japonais n’étaient pas très au fait des dangers considérables qu’une centrale nucléaire pouvait faire encourir à leur pays et au monde. Les Français en sont-ils aujourd'hui plus conscients ?

Temple Tokei-ji à Kamakura,pendant notre promenade du 17 mars 2011

Temple Tokei-ji à Kamakura,pendant notre promenade du 17 mars 2011

________________

 

 

« Le 11 mars 2011, j’étais à la maison dans la banlieue de Tokyo quand le tremblement de terre a eu lieu. C’était une secousse qui était forte dès le début, et qui durait longtemps. La terre a été secouée comme un petit bateau frappé par de grandes vagues. Bien qu’habituée aux séismes, je n’en ai jamais connu de si violent. Prise de peur, je suis sortie sur le balcon et ai vu une grosse 4x4 s’ébranler de haut en bas. J’ai allumé la télé. Ils ne parlaient que du tremblement de terre, de tsunamis, de répliques, de transports perturbés, de victimes..., mais pas de centrales nucléaires ni de Fukushima.

 

Ce n’est que le 13 au matin que j’ai appris à la télé qu’il y avait eu un phénomène explosif dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, et qu’ il avait provoqué un trou d’un diamètre de 50 m sur le bâtiment n°1, selon M. Edano, porte-parole du gouvernement. Qu’est-ce un phénomène explosif  ? Est-il différent de l’explosion ? Un trou d’un diamètre de 50 m ? Est-ce plutôt la destruction du bâtiment ? Le gouvernement essayait déjà de dissimuler la vérité mais, à ce moment-là, j’étais moins sceptique et plus naïve. Il disait qu’il y aurait des coupures pour quelques heures à cause  du manque d’électricité. Donc c’était plutôt un problème d’électricité, j’ai compris comme ça cette nouvelle. 

 

Je suivais aussi les informations sur les médias français ou britanniques, qui signalaient sans arrêt l’importance de l’accident de Fukushima Daiichi, mais je disais avec mon copain qu’ils exagéraient un peu trop : « C’est n’importe quoi ! Fukushima n'est pas Tchernobyl ! »

 

Mes amis français ont commencé à quitter Tokyo autour du 17 mars, soit avec un vol charter organisé par le gouvernement français, soit en passant par Osaka, une ville qui se trouve à l’Ouest du Japon. Ils m’ont envoyé des mails qui me déchiraient le coeur. J’avais aussi des amis qui me proposaient de m’héberger pour quelques semaines en France. Pourtant, je ne voyais pas trop la nécessité immédiate de l’évacuation. Mes parents voulaient rester chez eux à Tokyo (d’ailleurs ils croyaient que ce n’était rien à Fukushima), en plus j’avais moins peur de la radioactivité que des tremblements de terre, en tout cas à cette époque-là.

 

Toutefois j’ai été obligée de réaliser la gravité de l’accident fin mars. On parlait de plus en plus de la situation de Fukushima, même à là télé japonaise, et d’un ton plus sérieux : pastille d’iode, noyau du réacteur fondu, enceinte de confinement, meltdown, Sievert, Becquerel, césium... Tous ces termes étaient tout à fait nouveaux pour moi. Tout en m’informant sur Internet, je lisais tranquillement La Peste d’Albert Camus, qui me faisait pressentir des malheurs que l’on avait et que l’on aurait dans un futur proche à Fukushima. Oui, à ce moment-là, je croyais que c’était le problème de Fukushima, seulement à Fukushima... »

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« Fukushima - Rejets dans le Pacifique : clarification et mise en perspective »

Une analyse critique des données concernant les rejets des eaux radioactives de la centrale de Fukushima Daiichi initiés en août 2023, dossier réalisé par la CRIIRAD qui tente de répondre à ces questions : Quels sont les principaux défis auquel est confronté l’exploitant de la centrale ? Quels sont les éléments radioactifs rejetés dans le Pacifique ? Les produits issus de la pêche sont-ils contaminés ? Est-il légitime de banaliser le rejet d’éléments radioactifs, notamment du tritium, dans le milieu aquatique ? Qu’en est-t-il en France ?

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