L'Université Paris Diderot organise deux journées d’études les 26-27 septembre 2014 au Campus Grands Moulins - Halle aux farines. Cette rencontre intitulée « Le nucléaire et sa critique, de Tchernobyl à Fukushima » se tiendra en présence de chercheurs, sociologues, philosophes et militants, avec le concours du Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale. En voici la présentation, le programme et la liste des intervenants.
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La crise nucléaire de Fukushima a relancé la critique antinucléaire tant au Japon qu’en France et d’autres pays. Si les gouvernements japonais et français avaient annoncé leur ferme volonté de tirer toutes les leçons de la catastrophe de Fukushima, aujourd’hui ils tendent l’un et l’autre vers une relance des centrales avec un moindre niveau d’écoute de la critique. Comment comprendre cette évolution ? Trois ans après, quelle leçon tirer de ces « leçons » pour la recherche franco-japonaise ? En nombre de réacteurs et par la taille des entreprises du secteur, le Japon demeure la troisième industrie électronucléaire au monde après les Etats-Unis et la France. Alors s’agit-il d’effets de pesanteur d’un Etat dans l’Etat (le « village nucléaire » au Japon et le « lobby nucléaire » en France) ? Ya-t-il néanmoins des signes de sortie de cette politique ? Quelles marges de collaboration possibles pour les militants associatifs impliqués avec les victimes de Fukushima et les chercheurs en sciences sociales engagés dans une approche critique de cette situation ?
Les journées d’études permettront d’échanger tant sur la teneur des recherches en cours que sur les modes de financement possibles pour une recherche à plus long terme. Cette évolution post-Fukushima sera replacée à la lumière de celle qui a suivi Tchernobyl, et en confrontant l’expérience de terrain des sociologues et des militants avec la réflexion de philosophes.
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PROGRAMME
Vendredi 26 septembre 2014
1) Enjeux et limites du nucléaire comme « catastrophe » (philosophie et anthropologie)
Amphi 1A
9h30-9h45 Introduction : Paul Jobin
9h45-10h30 Satoshi Ukai : (Re) découvrir Hiroshima après Fukushima
10h30-11h15 Jean-Jacques Delfour : La philosophie face au nucléaire : pire qu’une catastrophe, la condition nucléaire
11h15-12h00 Christine Bergé : De Superphénix à Mururoa, une déconstruction infinie
2) Une catastrophe chronique : le travail nucléaire et ses déplacements (sociologie)
Amphi 12E
14h00-14h45 Marie Ghis : Santé sous-traitée et mobilisations de travailleurs dans l'industrie nucléaire française
14h45-15h30 Paul Jobin : La condition « gitane » du travail nucléaire (Japon)
15h30-15h45 Pause
15h45-16h30 Rina Kojima : Les personnes sinistrées en dehors des zones désignées: une palette de disparités
16h30-17h00 Annie Thébaud-Mony : Nucléaire : un « précariat » sacrifié (discussion du panel)
Samedi 27 septembre 2014
3) La gouvernance nucléaire et sa critique (sociologie et action citoyenne)
Amphi 11E
9h30-10h15 Sezin Topçu : Du nucléaire et de ses dégâts : analyse sociologique d'une filière d'exception
10h15-11h00 Kolin Kobayashi : Du projet Ethos au mythe d'une sûreté sereine, ou "la gestion post-accidentelle" du lobby nucléaire
11h00-11h45 Yves Lenoir : Les différents temps d'une catastrophe atomique et le dilemme de la décision
11h45-12h15 Sezin Topçu, Paul Jobin, Kolin Kobayashi : Discussion du panel et conclusion du colloque
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Intervenants :
Christine Bergé, docteure de l’EHESS, anthropologue et philosophe des techniques, auteure de Superphenix, déconstruction
d'un mythe (La découverte 2010)
Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie à l’Université Toulouse-Le Mirail, auteur de La condition nucléaire ; réflexions sur la situation atomique de l’humanité (L’échappée, 2014)
Marie Ghis, doctorante contractuelle à l’EHESS, prépare une thèse de sociologie sur les mobilisations autour des questions de santé au travail dans l'industrie nucléaire en France
Paul Jobin, maître de conférences à l’Université Paris-Diderot (UFR de Langues et civilisations de l’Asie orientale), a publié plusieurs articles sur les ouvriers de l’industrie nucléaire au Japon
Kolin KOBAYASHI, journaliste indépendant, écrivain et vidéaste, auteur notamment de Le crime du lobby nucléaire international, de Tchernobyl à Fukushima (en japonais, Editions Ibun-sha, Tokyo, 2013)
Rina KOJIMA, doctorante allocataire Université Paris-Est LATTS (thèse sur les déplacés de Fukushima)
Yves Lenoir, président de l’Association « Enfants de Tchernobyl Belarus »
Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm et présidente de l’Association Henri Pézerat Santé Travail Environnement
Sezin Topçu, chargée de recherche au CNRS (CEMS, Paris), a publié La France nucléaire, l’art de gouverner une technologie contestée (Seuil, 2013)
Satoshi UKAI, professeur à l’Université Hitotsubashi Tokyo, administrateur du Maruki Gallery For The Hiroshima Panels Foundation.
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Lieux :
Vendredi matin : Amphi 1A
Vendredi après-midi : Amphi 12E
Samedi matin : Amphi 11E
Accès :
Accès par l'Esplanade des Grands Moulins
(Rue Marguerite Duras/ Rue Françoise Dolto ou Quai Panhard)
Paris 13ème, RER/Métro : Bibliothèque François-Mitterrand
Bus : 89, 62, 64, 325
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Interventions disponibles sur le net :
Les différents temps d'une catastrophe et le dilemme de la décision / Exposé de Yves Lenoir, président de « Enfants de Tchernobyl /Belarus»
Du projet Ethos au mythe d’une sûreté sereine, ou "la gestion post-accidentelle" du lobby nucléaire / Kolin Kobayashi
(dernière mise à jour : 5 octobre 2014)