Des métastases aux poumons retrouvés chez des enfants de Fukushima atteints de cancer de la thyroïde
Mari Takenouchi se bat pour l’évacuation des enfants et des femmes enceintes des territoires contaminés par la catastrophe nucléaire de Fukushima. Dans un billet du mois d’août 2014, elle rapporte une information qui a été peu diffusée, à savoir que pour deux enfants atteints du cancer de la thyroïde, des métastases s’étaient propagées aux poumons.
Elle revient également sur les attaques qu’elle continue de subir. Malgré la suspension des charges dont elle avait fait l’objet suite à la plainte d’une responsable d’Ethos à Fukushima, Ryoko Ando (alias Yoko Kamata), des trolls et des harceleurs diffusent des infos calomnieuses comme quoi elle serait paranoïaque et coupable de fraudes. Manifestement, son combat entre en conflit avec des intérêts politiques et économiques.
Parallèlement, Jan Hemmer, un de ses amis militant en Allemagne, a également reçu des messages hostiles après avoir soutenu Mari Takenouchi dans son blog .
A partir du 10 décembre 2014, la loi de protection des secrets d’Etat va être appliquée au Japon. Ce qui est arrivé à Mari Takenouchi préfigure ce qui peut se passer : un simple tweet pourra envoyer quelqu’un en prison. C’est pourquoi il est important de soutenir les journalistes et les blogueurs qui continuent à informer sur ce qui se passe dans les centrales nucléaires japonaises, sur la réalité de la contamination et sur les conséquences sanitaires de la catastrophe nucléaire en cours.
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Des métastases aux poumons retrouvés chez des enfants de Fukushima atteints de cancer de la thyroïde
Mari Takenouchi
Source : http://savekidsjapan.blogspot.fr/2014/08/2-thyroid-cancer-fukushima-kids-had.html
Traduction : Cécile Monnier
Aujourd’hui [29 août 2014], j’ai appris une nouvelle très triste par l’Agence Kyodo News. Deux enfants de Fukushima atteints d’un cancer de la thyroïde avaient aussi des métastases dans leurs poumons.
Je réclame l’évacuation des enfants et des femmes enceintes depuis les tout premiers instants après l’accident de Fukushima.
Quelles que soient les précautions que l’on prend pour manger, personne ne peut s’arrêter de respirer. J’ai eu moi-même des toux persistantes après avoir été exposée à la radioactivité à Tokyo le 15 mars, et ce dont j’ai eu le plus peur, c’était d’avoir un cancer des poumons.
J’ai visité Fukushima une seule journée, à l’automne 2011. Ce jour-là, mon échine s’est glacée quand j’ai vu des affiches annonçant la tenue d’un marathon féminin à Fukushima.
Après ça, j’ai appris que même des marathons pour enfants étaient organisés dans des zones avec des doses correspondant aux zones où l’on contrôle la radioactivité.
NHK, une chaine japonaise de télévision publique, n’évoque jamais l’incidence du cancer de la thyroïde dans la préfecture de Fukushima (alors qu’elle le fait sur NHK International, mais jamais dans les programmes domestiques), et à la place, elle continue de couvrir les événements sportifs en extérieur et la cueillette des fruits par les enfants à Fukushima.
NHK diffuse des programmes qui encouragent les habitants des zones contaminées à rentrer chez eux, et ils ne parlent jamais de ces questions graves.
Pendant ce temps, j’ai été accusée pénalement par un leader d’ETHOS, une ONG de Fukushima qui encourage les habitants à rester vivre chez eux, et j’ai été menacée par d’innombrables trolls sur Internet.
Je crois vraiment qu’un gouvernement ou un média qui ignore la santé/ la vie de ses propres enfants est fou.
http://takenouchimari.blogspot.jp/2014/08/pm-abe-tried-to-hid-donation-from-nhknhk.html
En outre, récemment, le Premier ministre Abe a été pénalement accusé d’avoir dissimulé le don fait par le producteur en chef de la NHK à son organisme de gestion de campagne, mais la NHK a ignoré ce scandale important.
Je veux que ces faits soient connus de tous les citoyens éveillés du monde.
De Kyodo News
Le 28 août, à la Société Japonaise de Traitement du Cancer, le professeur Shinichi Suzuki de l’Université de Médecine de Fukushima a présenté des exemples concrets d’enfants ayant ou étant soupçonnés d’avoir un cancer de la thyroïde, à partir des examens de la thyroïde réalisés dans le cadre du suivi de la population de la préfecture de Fukushima après l’accident de Fukushima Daiichi.
Après avoir expliqué son point de vue selon lequel l'influence de l'accident nucléaire serait faible, il a souligné, que "son traitement était conforme à la norme."
Les examens de la thyroïde ont été réalisés sur 370 000 enfants de moins de 18 ans vivant dans la préfecture de Fukushima au moment de l’accident. Les cas [note des traducteurs : de cancer] confirmés sont au nombre de 57 et les cas suspectés 46. Comparé à l’accident nucléaire de Tchernobyl en 1986, le professeur Suzuki a déclaré : « Aussi bien les symptômes que la distribution des âges sont différents ».
Sur les 54 patients atteints d’un cancer de la thyroïde qui ont été opérés à l’Université de Médecine de Fukushima [note des traducteurs : 3 patients ont été opérés ailleurs], plus de 80% avaient une tumeur d’une largeur supérieure à 10mm, ou une métastase sur les ganglions lymphatiques ou d’autres organes, qui a nécessité une opération. Deux avaient des métastases dans les poumons.
Les 9 derniers patients avaient des tumeurs inférieures à 10 mm, sans métastase. Mais, selon le professeur Suzuki, « 7 d’entre eux avaient un cancer proche des voies respiratoires et l’intervention chirurgicale était une bonne décision ». L’opération des deux derniers aurait pu attendre un examen ultérieur, mais ils ont été opérés à leur demande et à celle de leurs familles.
90% des patients ont subi une ablation de seulement la moitié de la thyroïde.
Pour le cancer de la thyroïde à Fukushima, quelques experts ont demandé « N’y avait-il pas de cas où la chirurgie n’était pas nécessaire ? » et l’appel à la divulgation des données des patients prenait de l’ampleur.
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En savoir plus sur Ethos avec le blog de Jan Hemmer (en anglais)