4 mars 2015 3 04 /03 /mars /2015 22:37
Travailleurs à Fukushima Daiichi

Texte de HORI Yasuo rédigé le 23 février 2015

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN avec l’aide de Paul SIGNORET

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Sommaire

  • Les accidents se multiplient
  • Travaux difficiles dans les centrales nucléaires
  • Craintes à cause de maladies
  • Prolifération des déchets contaminés
  • Poème écrit par un ouvrier de Fukushima

____________________

 

Travailleurs de la Centrale Nucléaire N°1

 

Les accidents se multiplient

Travailleurs à Fukushima Daiichi

     Le 19 janvier, à la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, un travailleur est tombé du bassin et il est mort, et à la centrale nucléaire n° 2, le 20 janvier, un autre travailleur est mort également, écrasé sous une machine. En 2014, jusqu'à fin novembre, 40 travailleurs ont été blessés. Ce chiffre est trois fois plus important que l'année dernière.

    Maintenant, dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, travaillent chaque jour 6000 personnes. Il manque non seulement des forces de travail, mais aussi la qualité du travail. Un travailleur dit ceci : "Il manque certes des travailleurs, mais tout aussi grave est le manque de travailleurs expérimentés. Déjà sont partis la plupart des ouvriers expérimentés qui travaillaient avant l'accident, car leur norme d'exposition était dépassée. Maintenant, la politique de TEPCO est que nous finissions le travail donné  le plus rapidement possible et à moindre coût. Sa politique axée sur le seul profit engendre des accidents."

 

Travaux difficiles dans les centrales nucléaires


    Je traduis maintenant un article paru dans le journal Fukushima Minjū le 11 décembre 2014:

«Je suis sans famille, donc je peux subvenir à mes besoins, mais si j'avais  de la famille, il me serait difficile de la nourrir", a déclaré un homme de 50 ans qui travaille à la centrale nucléaire n°1 depuis trois ans déjà. Auparavant, il s'occupait d'enlèvement de déchets et de construction de réservoirs pour l'eau contaminée, mais maintenant il transporte l'eau contaminée qui s'est accumulée sous les bâtiments des réacteurs. Son salaire est de 200 000 yens  (1500 euros) par mois.


 

Travailleurs à Fukushima Daiichi

La radioactivité dans la centrale est encore si forte qu'il porte un vêtement de protection et un masque qui lui couvre toute la tête. Il est si lourdement couvert qu'il ne peut pas se déplacer facilement, c'est pourquoi un travail d'une heure et demie est sa limite mais, en raison de la longueur des procédures pour pénétrer dans l'usine et en sortir et à cause des préparatifs, il prend la route à 5 heures du matin, depuis son appartement à Iwaki, à 40 km de la centrale, et il rentre chez lui seulement dans la soirée. Il partage sa chambre avec quelques personnes. Il achète et mange des aliments déjà prêts dans un magasin qui lui convient pour trois repas. Il se distrait parfois en jouant au pachinko (genre de machine à sous).

 

Au cours du dernier mois, il a été exposé à 1,8 millisievert de radioactivité. Il est légalement permis aux travailleurs d'être exposés à un maximum de 50 millisieverts par an, cependant de nombreuses entreprises ont leur propre norme par exemple de 20 millisieverts, donc s'il travaille et se trouve exposé à ce rythme, il devra quitter son lieu de travail au bout d'un an. «Je sens que le public a commencé  à se désintéresser de l'accident nucléaire, mais des travaux plus dangereux se multiplieront certainement dans les bâtiments des réacteurs. Je souhaite que l'on puisse connaître ce fait ".

(fin de la traduction)

 

 

Craintes à cause de maladies


    TEPCO a enquêté chez 4587 travailleurs à la centrale nucléaire n°1 en août et septembre 2014.
    2003 travailleurs (43,7%) ont peur en raison du travail à la centrale, et leur plus grande crainte était l'éventualité d'une maladie due à la radioactivité.
    Le ministère a fait savoir que les travailleurs des centrales ont davantage de risques de cancers de la vessie, du poumon et du pharynx lorsqu'ils sont exposés à plus de 100 millisieverts.

      Cependant il est étrange que l'Autorité de Régulation Nucléaire prévoie d'augmenter la norme maximale d'exposition des travailleurs, en passant de  100 à 250 millisieverts. Le responsable a dit: "La norme internationale est comprise entre 250 et 500 millisieverts par an, mais plus le niveau est bas mieux c'est. S'il arrive un accident de même niveau qu'à Fukushima, les travailleurs pourront s'occuper des réparations avec une exposition maximale de 250 millisieverts."

     Peut-être n'est-ce applicable qu'en cas d'accident grave, mais TEPCO et d'autres compagnies profiteront de ce changement pour faire travailler plus dur les ouvriers.

 

Prolifération des déchets contaminés


    Maintenant, on a commencé à démanteler les quatre réacteurs de la centrale nucléaire n°1. Tous les déchets, tels que morceaux de béton des réacteurs détruits et arbres abattus pour faire place aux réservoirs sont fortement radioactifs. On n'a pas le droit de les transporter à l'extérieur, de sorte que tous les déchets s'accumulent sur le  site. TEPCO  prévoit que jusqu'à 2027 s'amasseront 560 000 tonnes de déchets contaminés. Déjà 200 000 tonnes de déchets ont commencé à arriver, qui occupent 60% de l'espace de stockage.

   Les travailleurs des centrales portent un casque, un vêtement de protection, des gants et plusieurs autres effets. On réutilise casques,masques et chaussures, mais on jette les autres articles. On les met  dans de grandes caisses et on en fait des monticules à huit endroits sur le terrain. TEPCO prévoit de les brûler et d'en réduire la quantité, mais n'y parviendra pas, car le nombre de travailleurs est de plus en plus grand.

 

Poème écrit par un ouvrier de 53 ans employé à la centrale N°1 de Fukushima

 

Avec mes de gants de caoutchouc doubles
Mes doigts se meuvent difficilement.
Avec peine et patience
je tourne une vis.

 

Je travaille dans ce lieu

où je ne peux pas aller aux toilettes.

La couche pour personnes âgées

n'est pas agréable à mes fesses.

 

Les bassins d'eau polluée

se dressent comme de grands arbres.

parmi eux j'ai la sensation

de suffoquer.

 

Entre TEPCO et ma compagnie,

des sous-traitants bouffent mon salaire.

Puisse l'eau polluée diminuer

Autant que mon salaire

 

Texte original en espéranto

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 14:48

Le site lundimatin a commencé à mettre en ligne une série de trois témoignages concernant des Japonais qui ont réagi de manières différentes à la catastrophe nucléaire. Le premier entretien est consacré à Yuki qui a choisi de rester à Tokyo. Voici quelques extraits de son témoignage que vous pourrez lire en entier ou écouter dans l'édition originale « Rester à Tokyo ».

 

(source photo : lundimatin)

(source photo : lundimatin)

 

(…)

 

Est-ce que les générations d’irradiés s’additionnent ?

 

J’ai un ami qui fait partie de la troisième génération des irradiés, la première génération c’est ceux qui ont vécu les bombes de Hiroshima et Nagasaki, leurs enfants sont la deuxième génération et leurs petit-enfants la troisième, mon ami fait parti de ceux là.

 

Après l’accident, cet ami m’a dit : « Maintenant je suis irradié, donc je suis devenu un de la première génération des irradiés de Fukushima sans pour autant perdre ma qualité de membre de la troisième génération des irradiés de Hiroshima et Nagasaki, donc qu’est ce que je suis maintenant ? Est-ce que les générations d’irradiés s’additionnent ? Est-ce que je suis de la quatrième génération ? Qu’est ce que je suis devenu ? ». Je me suis rendu compte qu’un petit pays comme le Japon avait vécu plusieurs catastrophes nucléaires, dans une temporalité très courte.

 

La contamination n’est pas visible, elle n’a ni goût, ni odeur, pour cela, c’est seulement la peur qui s’accumule au fur et à mesure.

 

Je vis à Tokyo qui est une ville contaminée, mais la contamination n’est pas visible, elle n’a ni goût, ni odeur, pour cela, c’est seulement la peur qui s’accumule au fur et à mesure. Donc pour survivre dans ces conditions, j’ai établi plusieurs règles. La règle n°1 chez nous, c’est qu’on a mis un seau à côté de l’entrée et dès que l’on rentre dans la maison, on enlève tous nos vêtements pour les mettre dedans. Mon copain a très froid en hiver, ça me désole, mais je n’ai pas le choix. Et comme je me vois difficilement dire aux gens qui viennent chez moi de se mettre à poil, je n’invite personne... C’est une vie horrible.

 

J’adore les chats, j’ai toujours été une bonne amie des chats mais comme les chats vivent au sol, ils accumulent des radio-particules et de ce fait maintenant ils me font peur, donc je ne suis plus une bonne amie des chats. En hiver maintenant, je ne porte plus de pulls en laine, ni les chapeaux ou les écharpes, je préfère les matières plus lisses. Je me trouve assez dingue, donc je suis allé à l’hôpital psychiatrique, parce que mon copain n’éprouve pas cette radiophobie que je ressens et il trouvait que je m’inquiétais trop. Quand j’ai consulté le docteur, il m’a dit que je n’allais pas bien. Il m’a conseillé d’entamer une thérapie et m’a prescrit différents médicaments.

 

L’important ce n’est pas tellement la contamination mais l’ambiance générale qui règne à Tokyo, le tabou qui règne, et le fait que j’ai peur de dire que je suis effrayé par la radiation. Et quand je croise les gens qui s’en foutent complètement, ça me soulage tout de même parce que je me dis qu’il y a quand même des gens qui ont réussi à ne pas se faire reformater par l’accident de Fukushima.

 

« Et bien, il faut rentrer maintenant, c’est fini »

 

Lorsque je suis allé à Nagoya, la semaine que j’ai passé après l’accident chez Yabu, il y avait cette jeune femme avec un nourrisson. Cette dame, dont le mari est resté travailler à Tokyo, l’appelle au téléphone et lui dit « Et bien, il faut rentrer maintenant, c’est fini ! » et elle avait l’air très déstabilisée parce qu’elle est partie à Nagoya parce qu’elle avait peur des radiations et là, son mari qui exige d’elle qu’elle revienne... Alors si l’on met la famille en priorité, peut-être que j’ai tort mais j’ai voulu dire à cette femme : « ton choix de quitter Tokyo avec ton bébé était juste, tu avais raison de partir ».

 

Un mois après, il y a eu la grande manifestation à Tokyo à laquelle je me suis rendue. Là-bas, un ami m’a dit : « Mais pourquoi es-tu ici ? Tu vas être contaminée ».

 

 

(...)

 

 

 

________________________

 

 

Lire l'article en entier ou écouter le témoignage audio en cliquant sur le lien suivant :

 

 

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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 12:00
Nouvelles de Fukushima en janvier 2015

Texte de HORI Yasuo rédigé le 31 décembre 2014

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN avec l’aide de Paul SIGNORET

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Sommaire

- On a réussi à retirer les matériaux nucléaires du réacteur n° 4

- L'eau contaminée est en augmentation

- Le gouvernement a l'intention de remettre en route des réacteurs

- TEPCO attend la mort des victimes
- Santé des enfants et des adolesce
nts

Qu'est-il arrivé en ce qui concerne Fukushima et la politique nucléaire au cours de ces derniers mois?
 

    A l'occasion de la fin de l'année 2014, je vous fais un rapport sur ce qui est arrivé au cours de ces derniers mois concernant Fukushima et la politique nucléaire au Japon.

 

On a réussi à retirer les matériaux nucléaires du réacteur n° 4

    Lorsqu'ont eu lieu le séisme et le tsunami en 2011, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima n'était pas en fonctionnement. Jusque-là, on pensait qu'un réacteur à l'arrêt n'était pas dangereux, mais c'était un malentendu. Pendant que le réacteur est contrôlé, on en retire les combustibles usagés et on les met dans un bassin. Si de l'eau du bassin se perd, les barres de combustibles seront à nu et vont émettre une quantité considérable de radioactivité. Une telle situation de crise a failli arriver dans le réacteur n°4. Par un heureux hasard, l'eau du bassin voisin a envahi le bassin qui s'était vidé et cela a sauvé le Japon et le monde. Si l'eau s'était complètement échappée, le monde entier aurait été si contaminé que vous aussi, qui habitez à l'étranger, vous auriez dû vous enfuir quelque part (certainement nulle part). 

     Après la catastrophe, ces 1 535 combustibles nucléaires sont restés dans le bassin à l'intérieur du bâtiment sinistré. Si un autre grand séisme survenait, le bassin  pourrait se rompre, le plus important était de retirer rapidement ces combustibles hors du bassin et de les transporter en lieu sûr. Ce travail a commencé en novembre 2013, et le 20 décembre 2014 TEPCO réussi à retirer tous les combustibles nucléaires.

 

 L'eau contaminée est en augmentation
 

    Une grande quantité d'eau souterraine s'écoule dans les bâtiments  endommagés et se charge de radioactivité. TEPCO extrait 400 tonnes d'eau chaque jour et les conserve dans d'énormes cuves de métal sur le terrain de la centrale. La quantité stockée était de 351 800 tonnes début novembre. Pour la réduire, il y a deux moyens.

 

   La première méthode est de bloquer l'eau qui s'infiltre grâce à un mur gelé autour des bâtiments. Bien sûr, on essaie de construire ce mur, mais je n'ai toujours pas entendu dire qu'on soit parvenu à le construire.

   La deuxième méthode est de purifier cette eau polluée par des machines appelées ALPS. A présent, on a installé trois ALPS, cependant des problèmes surviennent souvent sur les machines et le nettoyage ne progresse pas dans la facilité. En outre, ces machines ne peuvent retirer le tritium. La compagnie TEPCO veut rejeter l'eau avec le tritium dans la mer, en faisant valoir que ce n'est pas une substance radioactive dangereuse, mais elle ne publie pas ce projet, craignant les critiques des pêcheurs, du public et du monde.

 

Le gouvernement a l'intention de remettre en route des réacteurs
 

    Le 15 septembre 2013, tous les réacteurs au Japon ont été arrêtés. Le gouvernement veut les remettre en route, arguant que l'énergie nucléaire est une source d'énergie basique stable, peu coûteuse et nécessaire, mais la plupart des gens s'opposent à cette politique, et pendant un an et trois mois les Japonais ont vécu avec de l'électricité non produite par les centrales nucléaires. Cependant, le gouvernement et le monde industriel persistent à vouloir la remise en route des réacteurs.

   Le 10 septembre 2014, l'Autorité de Régulation Nucléaire, qui examine les réacteurs, a publié que les deux réacteurs de Sendai dans le département de Kagoshima sur l'île méridionale de Kyūshū sont conformes aux règles de sécurité concernant les réacteurs, et la ville de Satsuma-Sendai, où se trouvent ces réacteurs, et le département de Kagoshima ont accepté la remise en route. Le gouverneur, M. Itō Yūichirō, dit que, pour garder le niveau de vie actuel de la population, l'énergie nucléaire ne doit jamais manquer, et que, même si un accident survient comme dans le département de Fukushima, il n'y aura aucun risque de mort. 

    Le 17 décembre 2014, l'Autorité de Régulation Nucléaire a publié que les deux réacteurs du département de Fukui Takahama sont en conformité avec les règles de sécurité.

    Cependant, ces observations de l'Autorité de Régulation Nucléaire ne sont pas fiables. Le responsable en chef de cette Autorité, M. Tanaka Shunichi, dit lui-même: "Je dis que les réacteurs sont en conformité avec les règles, mais je ne dis pas qu'ils sont sûrs et seront exempts d'accidents". La mission de l'Autorité est seulement de juger si l'équipement du réacteur est en conformité ou non avec les règles, mais le premier ministre Abe ne cesse de dire en déformant ses paroles: "Si l'Autorité constate la sécurité d'un réacteur, mon l'intention est de le remettre en route."

 

   Au sujet des réacteurs de Sendai, le plan d'évacuation des habitants des  villes environnantes n'est pas prêt, et en outre beaucoup craignent que ne survienne une énorme éruption volcanique sur l'île de Kyūshū. Le gouvernement et le département disent que, lorsque surviendra un accident grave, ils prendront la responsabilité sur eux, mais, comme vous constatez la réalité dans le département de Fukushima, il est clair que personne ne pourra en répondre.

 

   Or, le parti du premier ministre a gagné aux élections générales qui ont eu lieu le 14 décembre. Ce dernier, avec encore davantage de confiance en lui, va pousser à une politique d'énergie nucléaire. Beaucoup ressentent de la peur ou de la terreur à cause de sa façon de gouverner en dictateur.

 

TEPCO attend la mort des victimes
 

    Le gouvernement et TEPCO ne veulent pas verser aux sinistrés des indemnités suffisantes. Afin de résoudre un conflit entre TEPCO et les sinistrés, il existe le système ADR (Alternative Dispute Resolution, résolution alternative par discussion), plus simple et facile qu'un règlement  en justice. Avec l'ADR, les victimes qui sont mécontents de la somme de compensation accordée par TEPCO peuvent demander une solution au "Centre pour régler un différend concernant la rémunération due à l'accident nucléaire", organisme officiel dans le cadre du ministère de l'éducation et des sciences. A présent, de plus en plus de personnes, individuellement et en groupes, demandent cette solution.

   Le nombre des demandes est le suivant :

2011 :  521 (entre  septembre et décembre)

2012 : 4542

2013 : 4091

2014 : 4825 (jusqu'à fin novembre)

   Le total est de 13 979, parmi lesquelles 9219 (66%) ont été résolues, cependant les concrétisations s'effectuent très lentement.

 

   Par exemple, dans la ville de Namie, ville voisine de la centrale nucléaire, 15 313 citoyens (70% de la population) se sont groupés pour demander la résolution par l'ADR en mars 2013. La compagnie TEPCO paie actuellement par personne 100 000 ¥ (1000 euros) par mois, mais ils ont exigé qu'elle paie 350 000 ¥, (3500 euros) et le Centre a arrangé un compromis pour faire passer le montant compensatoire à 150 000 ¥ (1500 euros), mais TEPCO a refusé. Pendant ce temps, déjà 238 personnes sont mortes.

Nouvelles de Fukushima en janvier 2015

   A présent, tous les habitants de Namie se sont réfugiés dans d'autres villes et ils vivent dans de petites maisons provisoires. Mme Matsumoto, 82 ans, a déclaré: "Dans ce quartier ici, un grand nombre de personnes sont mortes aussi. Nous n'avons pas de connaissances ici ni d'emploi, donc beaucoup s'enferment en solitaires dans leur petite maison et ils déclinent". Son mari non plus, depuis l'évacuation, ne parlait pas beaucoup, il ne mangeait pas assez et finalement il est mort.

 

Nouvelles de Fukushima en janvier 2015

Santé des enfants et des adolescents
 

   Le 26 décembre 2014, le département de Fukushima a publié les résultats de l'enquête sur l'influence de la radioactivité sur la thyroïde des enfants et adolescents de moins de 18 ans.

Au cours du premier examen sur 370 000 enfants et adolescents,

ont été trouvés porteurs d'un cancer de la thyroïde :

14 sur 48 000 en 2011

50 sur 161 000 en 2012

20 sur 159 000 en 2013

    Lors du deuxième examen portant sur 385 000 enfants et adolescents et aussi sur les nouveaux-nés, quatre ont été trouvés souffrant d'un cancer de la thyroïde.
    Le département pense, à propos de ce résultat, que l'on ne peut attribuer la survenue du cancer à la radioactivité.

    Dans l'article sur ce résultat est en outre apparu «le résultat d'une exposition de 444 362 personnes aux rayonnements." Selon ce résultat, les habitants vivant à côté de la centrale ont été exposés à la radioactivité, au cours des quatre premiers mois qui ont suivi l'accident nucléaire, de la façon suivante (les quantités sont en millisieverts/an) :        

Nouvelles de Fukushima en janvier 2015

   L'université du département de Fukushima a déduit la quantité d'irradiation en fonction des activités des personnes interrogées, et a conclu que, en fonction des connaissances actuelles en épidémiologie, une irradiation de moins de 100 millisieverts par an n'affecte pas la santé.

 

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Texte original en espéranto :

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 20:07
Liberté d’expression antinucléaire

Les rassemblements historiques qui ont eu lieu la semaine dernière en solidarité avec Charlie Hebdo démontrent que les Français sont très attachés à la liberté d’expression. Aux Etats-Unis en 2001 le Patriot Act et au Japon en 2014 la loi sur les secrets d’Etat ont montré toutefois qu’une restriction des libertés était toujours possible dans les démocraties. C’est pourquoi il faut rester vigilant sur l’évolution des lois, même après des actes barbares.

Dans le domaine anti-nucléaire, il existe une multitude de sites web qui exercent ce droit d’expression pour dire combien est stupide la position figée du gouvernement français de continuer à miser sur le nucléaire. Régulièrement, sur la toile, des articles d’origines diverses relatent des analyses ou dénoncent des postures, des agissements, des compromissions, des collusions, des corruptions.

Ainsi, depuis la catastrophe de Fukushima, on sait très bien grâce à l’Internet que le nucléaire est mort. Mais sa mort est lente, il fait la manche pour survivre encore un peu alors que (presque) tout le monde sait que la relance du nucléaire est... une fumisterie. On sait aussi que le problème des déchets radioactifs ne sera jamais réglé, malgré les mensonges de l’Andra devant la justice.

Or, tandis que le nucléaire est en train de ruiner la France, il se trouve qu’Areva, un fournisseur mondial de la substance la plus dangereuse au monde – le plutonium – s’acharne à vouloir museler cette expression en utilisant une arme judiciaire, la plainte pour diffamation. Mais le combat est inégal entre un géant de l’industrie nucléaire et des petites organisations militantes, c’est pourquoi je porte à votre connaissance deux actions en cours : la plainte d’Areva contre la Coordination Antinucléaire du Sud-Est et le suivi du procès en appel de l’Observatoire du nucléaire.

La liberté d’expression antinucléaire est encore un droit, il faut la soutenir tant que c’est encore possible. Après un accident nucléaire majeur en France, ce sera trop tard pour se rassembler par millions contre cette énergie qui rend malade et qui tue, car une fois le poison déversé dans l’environnement, il ne sera plus possible de le récupérer. On ne pourra plus manifester dans les rues alors qu’il sera impératif de rester confinés ou d’être évacués.

Pierre Fetet

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Liberté d’expression antinucléaire

Communiqué de la Coordination Antinucléaire du Sud-Est

Site : www.coordination-antinucleaire-sudest.org

Contact

AREVA porte plainte contre la Coordination Antinucléaire du Sud-Est !

Nous ne nous laisserons pas bâillonner !

 

Le site internet de la Coordination Antinucléaire du Sud-Est vient d’être informé ce mardi 6 janvier 2015 d’une plainte en diffamation d’Areva pour un reportage mettant en cause la pénétration du lobby nucléaire auprès des élus alors que le crime nucléaire sanitaire se poursuit à Fukushima et en vallée du Rhône.

 

Qui sommes-nous ?

La Coordination Antinucléaire du Sud-Est est constituée de collectifs informels et d'individus, reliés en réseau autour d’un site internet pour l’arrêt immédiat et inconditionnel du nucléaire.

Pas d’argent, pas de personnel salarié, pas de locaux, pas de budget, pas de subvention et surtout pas de hiérarchie ou de délégation de pouvoir.

 

Notre force c’est l’engagement opiniâtre pour la vie, contre le crime nucléaire.

Par cette attaque en justice, le géant du nucléaire veut faire taire la contestation au moment même où le groupe Areva est en décrépitude financière (-52% de sa valeur en Bourse) et industrielle (échec de l’EPR en Finlande, investissements hasardeux, réduction de ses ventes de Mox notamment au Japon, mis en cause dans des financements de budget étranger,…), où les incidents se multiplient dans ses installations en France et alors que se meurent à petit feu des milliers d’enfants et d'adultes (recensés ou pas encore) à Fukushima et ailleurs, comme au Niger.

 

La Coordination Antinucléaire du Sud-Est dénonce :

. la guerre idéologique fanatique que les tenants de la destruction atomique mènent contre une pensée libre et contre le peuple, l’arrogance et l’impérialisme du lobby nucléaire et de sa caste dirigeante,

. les atteintes à la santé et à la vie des populations et la contamination des territoires par les rejets radioactifs dans l’air et dans l’eau de chacune des 125 installations nucléaires civiles auxquelles s’ajoutent les Installations Nucléaires de Base secrètes militaires disséminées sur le territoire français. Atteintes voulues, répétées et quotidiennes, telle la fabrication par Areva de l’uranium « appauvri » radioactif, sans doute utilisé dans les armes de guerre.

. l’exploitation colonialiste des travailleurs et des ressources du Niger ainsi que la contamination radioactive des territoires de vie et de culture des populations touareg et autres de ce pays,

. le noyautage des institutions, de l’État, et des assemblées élues par un groupe d’intérêts privés et leurs relais idéologiques pour imposer un ordre dominant et un état de terreur nucléaire sur le pays et la planète.

 

La Coordination Antinucléaire du Sud-Est rappelle qu’il n’y a pas de dose de radioactivité artificielle inoffensive.

 

La Coordination Antinucléaire du Sud-Est appelle à la solidarité toutes les personnes et  tous les collectifs, groupes et organisations épris de liberté et attachés au droit d’expression et de critique :

- à s’opposer à cette atteinte à la liberté d’expression,

- à soutenir la défense en justice de la Coordination antinucléaire du sud-est,

- à manifester son/leur indignation auprès des pouvoirs et de Areva par les voies que chacun-e déterminera.

 

Nous avons besoin dans l’urgence

- de la manifestation expresse de votre soutien de principe

- de ressources documentaires sur les victimes sanitaires des activités d’Areva en France et/ou à l’étranger

- d’aide juridique (conseil, avocat,…)

- de soutien informatif et de caisses de résonance médiatiques pour faire connaître l’attaque dont nous sommes l’objet.

 

La plainte d’Areva contre nous et le procès qui pourrait s’ensuivre est l’occasion d’en faire une tribune de dénonciation des atteintes à la liberté d’expression, de dénonciation des lobbies (celui du nucléaire particulièrement) qui gangrènent notre société depuis des décennies.

 

Avec nos remerciements,

 

La Coordination Antinucléaire du Sud-Est

 

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Liberté d’expression antinucléaire

Extraits du site de l’Observatoire du Nucléaire

Site : http://observ.nucleaire.free.fr/

Contact

Procès du "don d'Areva"
Areva a offert un avion au Président du Niger
Corruption ou diffamation ?

 

Verdict de la Cour d'appel de Paris le mercredi 21 janvier 2015

 

Dossier complet + Chronologie

 

Areva veut pouvoir continuer à piller l'uranium du Niger ... mais sans être mis devant ses responsabilités. Pour ce faire, Areva veut la disparition de l'Observatoire du nucléaire en exigeant plus de 25 000 euros de pénalités !

Stéphane Lhomme (directeur de l'Observatoire du nucléaire) est poursuivi aussi à titre individuel par Areva...

 

Ce que demande Areva en justice (cf assignation):

- une amende de 5000 euros contre Stéphane Lhomme (*) = 5 000 euros

- 3 publications dans la presse de 5000 euros HT chacune = 18 000 euros TTC

- frais de procédure et de déplacement : au minimum 2 000 euros

Total : au minimum 25 000 euros !


L'Observatoire du nucléaire dégaine 3 preuves :

1) un document officiel nigérien prouvant le "don d'Areva"

Liberté d’expression antinucléaire

2) un enregistrement audio annonçant le "don d'Areva"

Il s'agit d'un enregistrement audio de la séance de l'Assemblée nationale du Niger au cours de laquelle est annoncée l'arrivée du "don" d'Areva...

 

3) le compte-rendu d'une réunion secrète Areva/Présidence du Niger

L'Observatoire du nucléaire a annoncé par communiqué la mise en ligne d'un document confidentiel explosif : le compte-rendu d'une rencontre secrète entre le Directeur de cabinet du Président nigérien et trois hauts dirigeants d'Areva, qui a eu lieu le 9 novembre 2012 et au cours de laquelle Areva s'est effectivement engagée à verser 35 millions d'euros au budget du Niger...

 

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Illustration d'entête : Charb

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 06:22

Rapport de HORI Yasuo, rédigé le 30 décembre 2014

traduit de l'espéranto par Paul SIGNORET

 

 

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Visite aux réfugiés dans la ville de Aizuwakamatsu

 

Le 29 décembre 2014 la « Société de la ville de Maebashi visant à la suppression de tous les réacteurs nucléaires du Japon » a organisé une visite aux réfugiés qui habitent la ville d’Aizuwakamatsu, dans le département de Fukushima.

La centrale nucléaire n°1 de Fukushima est située sur le rivage de l'Océan Pacifique. Les gens qui logeaient autour de cette centrale ont dû chercher refuge en d'autres lieux. Nous avons visité le quartier des réfugiés venus de la ville d'Ōkuma. Ce quartier se trouve dans Aizuwakamatsu, ville située dans la montagne, dans le département de Fukushima.

Visite aux réfugiés dans la ville de Aizuwakamatsu

Quelle ville est Ōkuma ?

 

Dans la ville d'Ōkuma se trouvent quatre réacteurs de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima endommagés par le tsunami. La ville avait environ dix mille habitants. Presque 60% d'entre eux travaillaient dans les centrales nucléaires de Fukushima. Il y avait de vingt à trente compagnies liées aux centrales. Le budget municipal dépend donc principalement de la subvention gouvernementale pour la centrale et des impôts  versés par TEPCO, ces compagnies et les employés.

 

Suite à l'accident, tous les habitants se sont réfugiés dans d'autres villes. À présent 4 211 d'entre eux logent dans la ville d'Iwaki, 2 071 dans Aizuwakamatsu, 1 133 dans d'autres villes du département de Fukushima, et les autres hors du département : il y en a par exemple 402 dans le département de Saitama, 408 dans celui de Ibaraki et 308 dans celui de Tokyo.

 

Le plan de restauration de la ville de Ōkuma est le suivant :

1. Retour des habitants dans la ville quand les conditions le permettront.

2. Entre-temps, l'administration municipale – actuellement réfugiée dans la ville de  Aizuwakamatsu – veillera aux conditions de vie des habitants.

3. La ville future comprendra trois districts :  une zone naturelle, une zone commerciale et une zone de logement.

4. On dépolluera d'abord deux districts, Ōkawara et Shimo-Ōno, qui serviront de base au renouvellement à partir desquels seront ouverts de nouveaux espaces logeables.

    5. Calendrier de réalisation du plan :

2018 : ouverture de ces deux districts de base.

2023 : ouverture du bureau municipal et des hôpitaux autour de la gare.   Réoccu-pation des logements dans les districts de base.

2028 : aménagement de nouveaux quartiers d'habitation. Ouverture de bureaux et de compagnies.

                  2033 : mise en place d'une information sur l'accident de la centrale nucléaire.

 2053 : déclaration du démantèlement complet des réacteurs endommagés.

 Préparation de la fondation du musée de la restauration de la ville d'Ōkuma.

 6. Prévisions par la ville de la réduction de la radioactivité dans les districts  suivants (en millisieverts/an. Le maximum prévu par la norme gouvernementale pour le logement  est de 1 millisievert/an):

 

 

2014

2018

2023

2O28

2033

2038

Ōkawara

Kuma

Kumagawa

Otosawa

5,7

22,9

53,6

118,6

3,2

5,4

12,6

65,1

2,1

3,7

8,6

19,0

1,7

2,9

6,8

15,1

1,4

2,4

5,6

12,4

0,7

1,1

2,6

5,8

 

 

Voici ce que je pense de ce plan :

1. Jusqu'à présent, la loi sur la radioactivité stipulait, et stipule encore, que l'on n'a pas le droit d'habiter un lieu dont la pollution est supérieure à 1 millisievert/an. Ce chiffre est officiellement considéré comme principe intangible, or s'il est interdit aux gens de loger dans de tels lieux, il leur sera impossible de revenir chez eux quasiment pour l'éternité, ce qui signifie que le gouvernement et TEPCO devront les prendre éternellement en charge par des subventions ou par d'autres moyens. C'est pourquoi le gouvernement tente à présent d'obliger les habitants à revenir dans les logements qu'ils ont quittés, si ceux-ci n'ont pas une pollution supérieure à vingt millisieverts. Ceci est absolument contraire à la loi, mais l'État impose aux habitants cette illégalité.

2. Certaines personnes âgées veulent revenir chez elles, même dans cette situation, mais cela signifie qu'alors elles ne recevront plus d'indemnités. Il leur sera difficile de gagner de l'argent par l'agriculture. Pourront-elles vivre avec seulement une petite retraite ?

3.  Les jeunes couples ne reviendront pas, car ils craignent pour la santé de leurs enfants. Sans attendre le moment où leur foyer redeviendra suffisamment dépollué, ils vont chercher à gagner leur vie dans d'autres villes et ils ne retourneront pas dans leur district d'origine.

Selon une enquête menée dans la ville en février 2014, presque la moitié des habitants ont déjà décidé qu'ils ne reviendraient pas :

Question : Voulez-vous emménager dans les districts de base ?

                       11,2% : Oui

13,3% : J'examinerai la situation et si c'est possible je veux revenir à Ōkuma.

45,8% : Je n'ai pas l'intention de revenir.

22,4% : Je ne peux pas prendre de décision.

 

Visite du quartier où sont les réfugiés d'Ōkuma

 

Nous sommes partis à sept heures du matin de ma ville de Maebashi par un bus plein de riz, de motchi (plat de riz pétri pour le Nouvel An) et de légumes, et nous avons atteint la ville de Aizuwakamatsu à onze heures. À ma grande surprise, il y avait beaucoup de neige et la couche sur les toits était épaisse de trente centimètres.

 

L'endroit auparavant était un parc,  dans lequel on a construit quatre-vingts maisons provisoires comportant chacune deux petites pièces, un wc, une salle de bains et une cuisine  Nous avions préparé du matériel d'aide pour quatre-vingts familles, mais trente cinq d'entre elles avaient déjà quitté le quartier. La plupart logent maintenant dans la ville de Iwaki, afin que les maris puissent travailler dans les centrales nucléaires de Fukushima.

Sous un ciel de neige les maisons provisoires se dressent, silencieuses.

Sous un ciel de neige les maisons provisoires se dressent, silencieuses.

Une trentaine de personnes âgées et deux jeunes étaient venus dans la salle  commune. Le chef du district, un ancien employé de la centrale, était fier d'être en excellente santé, bien qu'il ait travaillé là-bas pendant quarante années et qu'il ait été fortement exposé aux irradiations. Il avait parfois avalé ou inspiré des matières radioactives et on lui avait alors recommandé de boire beaucoup de bière pour les éliminer de son corps. Il soulignait que dans le manga  « Oishinbo » on voit des hommes souffrir de saignements de nez consécutifs à l'explosion des réacteurs, or d'après lui la chose est complètement fausse, car beaucoup de ses collègues n'ont jamais saigné du nez. Je lui ai opposé avec un peu d'hésitation que d'après certains rapports, des mères réfugiées avaient témoigné que leurs enfants avaient des saignements de nez, mais cet homme insistait, disant que ces rapports étaient mensongers.

 

Nous avons distribué du riz et des motchis.

Nous avons distribué du riz et des motchis.

Un autre homme a fait rire les gens présents en racontant sa vie future : « Lorsque je reviens provisoirement chez moi, j'y vois souvent des sangliers avec des petits très mignons. Les chiens viverrins et les faisans s'y multiplient. La ville dispose pour sa restauration d'un plan sur vingt ans. J'ai soixante-dix ans, mais je pourrai revenir à la maison … sous forme de cendres. J'ai exigé de la ville qu'elle construise en priorité une maison de retraite car presque tous les habitants ici sont vieux, et c'est donc la construction la plus nécessaire. Nous pourrons ainsi revenir chez nous, d'abord à la maison de retraite dans le district de base, ensuite dans notre tombe sous forme de cendres. »

 

Sa prévision se vérifiera, car ils sont originaires d'Otozawa et d'autres  districts, qui sont situés près de la centrale nucléaire. La radioactivité y est très forte, exemple dans le n°1 d'Otozawa, elle était de 184,4 millisieverts/an en 2012, et même en 2053 elle sera de 5,8 millisieverts/an.

 

Ensuite j'ai donné un concert avec des instruments de musique insolites, originaires du monde entier, et j'ai beaucoup fait rire les spectateurs. Ce fut le seul moment où leurs visages ont rayonné de joie comme jadis, mais le concert fini, leurs mines se sont de nouveau rembrunies. Il m'a semblé qu'ils n'avaient ni colère ni animosité à l'égard de TEPCO, seulement de la résignation.  Avant la construction des centrales nucléaires, la ville était pauvre, et donc ses habitants l'étaient aussi. Pour subvenir aux besoins de leur famille, les hommes travaillaient dans Tokyo l'hiver. Mais, grâce aux centrales, leur niveau de vie s'est élevé de plus en plus. C'est ainsi que leur existence est devenue très dépendante de TEPCO, et ils acceptent donc leur situation et leur sort en silence.

 

Les gens ordinaires, surtout les personnes âgées, ont une existence banale, sans dessein précis. Ils sont contents s'ils peuvent vivre sans soucis, voir grandir leurs enfants et leurs petits-enfants, avoir des amis autour d'eux et s'impliquer un peu dans la société. C'est ainsi que vivaient ces réfugiés et ils pensaient mourir chez eux, mais  l'accident nucléaire leur a fait perdre leur vie tranquille et ils doivent désormais vivre difficilement et d'une façon qui ne leur est pas coutumière. Ils ne savent pas comment affronter cette nouvelle situation. Le gouvernement et TEPCO ont précipité les habitants dans l'abîme, cependant ils ne font nullement leur auto-critique, ni ne demandent pardon, et ils essaient de payer le moins possible d'indemnités aux victimes dont ils attendent sûrement la mort prochaine.

 

 

 

______________________________

 

Texte original en espéranto

 

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La 30an de decembro 2014

 

Vizito al rifuĝintoj en la urbo Aidu-Ŭakamacu

 

La 29an de decembro 2015 « la Societo de la urbo Maebaŝi celanta nuligi ĉiujn nukleajn reaktorojn el Japanio » organizis viziton al rifuĝintoj loĝantaj en la urbo Aidu-Ŭakamacu de la gubernio Fukuŝima.

   La nuklea centralo n-ro 1 de Fukuŝima troviĝas laŭ la marbordo de la Pacifika Oceano en Fukuŝima. La loĝantoj, kiuj loĝis ĉirkaŭ tiu centralo, devis rifuĝi en aliaj lokoj. Ni vizitis la kvartalon de rifuĝintoj el la urbo Ookuma. Tiu kvartalo situas en la urbo Aidu-Ŭakamacu, la urbo en la montaro de la gubernio Fukuŝima.

 

Kia urbo estas Ookuma ?

En tiu urbo Ookuma troviĝas 4 reaktoroj de la nuklea centralo n-ro 1 de Fukuŝima damaĝitajn de la cunamo. La urbo havis/as ĉirkaŭ 10 mil loĝantojn. El tiuj preskaŭ 60% laboris por la nukleaj centraloj de Fukuŝima. Troviĝis 20-30 kompanioj rilatantaj al la centraloj. Do la urba buĝeto ĉefe dependas de la subvencio pri la nuklea centralo de la registaro kaj impostoj el TEPCO, tiuj kompanioj kaj la laboristoj.

Pro la akcidento de la centralo ĉiuj loĝantoj rifuĝis en aliaj urboj. Nun 4,211 homoj loĝas en la urbo Iŭaki, 2,071 en la urbo Aidu-Ŭakamacu, 1,133 loĝas en aliaj urboj en Fukuŝima kaj la aliaj loĝas ekster la gubernio Fukuŝima, ekzemple 402 en la gubenrio Saitama, 408 en Ibaraki kaj 308 en Tokio.

La plano de la urbo Ookuma por revivigi ĝin estas :

1. La loĝantoj revenu al la urbo Ookuma, kiam la kondiĉoj por tio estos pretaj.

2. Ĝis tiu tempo la urba administracio (nun en la urbo Aidu-Ŭakamacu) prizorgos la loĝantojn pri vivado.

3. La estonta urbo dividiĝos en la tri distriktojn: naturriĉa zono, komerca zono kaj loĝzono.

4. Komence oni purigos du distriktojn Ookaŭara kaj Ŝimo-Oono kiel bazojn por reviviĝo, de kiuj oni disvastigos loĝeblajn lokojn.

5. Laŭjara efektivigo de la plano:

2018 : ekfunkciigo de tiuj du bazaj distriktoj.

2023 : ekfunkciigo de la urba oficejo kaj hospitaloj

ĉirkaŭ la stacidomo. Ekloĝado en la bazajn

distriktojn.

2028 : aranĝo de novaj loĝkvartaloj. Malfermoj de

oficejoj kaj kompanioj.

  2033 : aranĝo por informi la mondon pri la akcidento

de la nuklea centralo.

  2053 : deklaro de perfekta forĵetado de la damaĝitaj

reaktoroj. Preparo por la fondo de la muzeo pri la reviviĝinta urbo Ookuma.

6. La urbo antaŭvidas la reduktiĝon de radioaktiveco jene en jenaj distriktoj (milisivertoj/jare. La registara maksimuma normo por loĝado estas 1 miliziverto/jare):

 

            2014  2018  2023  2028  2033  2053

Ookaŭara     5,7    3,2    2,1   1,7   1,4    0,7

Kuma               22,9      5,4    3,7   2,9   2,4    1,1

Kumagaŭa  53,6  12,6    8,6   6,8   5,6    2,6

Otosaŭa    118,6   65,1   19,0  15,1  12,4    5,8

 

Jen estas miaj opinioj pri tiu plano :

1. Ĝis nun la legistara leĝo pri radioaktiveco estas/is, ke oni ne rajtas loĝi en lokoj pli poluitaj ol 1 milisiverto/jare. Oficiale ĝi tenas tiun ciferon kiel la principon, sed se estas ne permesite al homoj loĝi en lokoj pli poluitaj ol 1 siverto/jare, ili ne povos reveni hejmen preskaŭ eterne, kaj tio signifas, ke la registaro kaj TEPCO devos zorgi pri ili eterne per subvencio kaj aliaj rimedoj, do nun la registaro provas devigi la loĝantojn reveni al siaj hemlokoj, se tiuj ne estas poluitaj je pli ol 20 milisivertoj. Tio estas tute kontraŭleĝa, sed ĝi trudas al la loĝantoj tiun kontraŭleĝecon.

2. Iuj maljunuloj volas reveni hejmen eĉ en tiu situacio, sed tio signifas, ke tiam ili ne povos ricevi kompensan monon. Estos malfacile al ili gajni monon per agrikulturo. Ĉu ili povos vivteni sin nur per malmulta pensio?

3. Junaj gepatroj ne revenos, ĉar ili estos maltrankvilaj pro la sano de siaj gefiloj. Ili ne atendas la tempon, kiam iliaj hejmon fariĝos sufiĉe puraj kaj dume ili serĉos vivrimedojn en aliaj urboj kaj forlasos sian distrikton.

Laŭ enketo farita de la urbo en februaro 2014 preskaŭ duono de la loĝantoj jam decidis ne reveni:

Demando : Ĉu vi volas loĝi en la bazaj distriktoj ?

   11,2% : Jes

13,3% : Mi konsideros la situacion kaj se eblos, mi volas reveni al Ookuma.

45,8% : Mi ne havas intencon reveni.

22,4% : Mi ne povas decidi.

 

Vizito al la kvartalo de la rifuĝintoj el Ookuma

   Ni ekveturis je la 7a matene de mia urbo Maebaŝi per buseto plena de rizo, moĉio (knedita rizaĵo por la nova jaro) kaj legomoj, kaj atingis la urbon Aidu-Ŭakamacu je la 11a. Post tagmanĝo, ni atingis la kvartalon Oogimaĉi proksima al la stacidomo de la urbo. Je mia surprizo estis tre neĝe kaj sur tegmentoj estis 30-centimetroj da neĝtavolo.

   La loko antaŭe estis parko, sur kiu oni konstruis 80 provizorajn domojn kun du malgrandaj ĉambroj, necesejo, banejo kaj kuirejo. Ni preparis helpomaterialojn por 80 familioj, sed jam 35 familioj forlasis la kvartalon. Plejmulte de tiuj 35 familioj nun loĝas en la urbo Iŭaki por ke la edzoj povu labori en la nukleaj centraloj de Fukuŝima.

 

Venis al la komuna salono ĉirkaŭ 30 gemaljunuloj krom 2 junuloj. La distriktoestro estis eksa laboristo en la centralo, kaj li fieris, ke kvankam li laboris tie 40 jarojn kaj elmetiĝis al multe da radioaktiveco, li estas tute sana. Li foje englutis aŭ enspiris radioaktivaĵojn en sian korpon, kaj tiam oni rekomendis, ke li trinku multe da biero por eligi ilin el la korpo. Li substrekis, ke en la manga-o « Oiŝinbo » aperas homoj, kiuj suferis pro nazsangado post la eksplodoj de la reaktoroj, sed tio estas tute mensoga, ĉar multaj liaj kolegoj neniam nazsangis. Mi heziteme argumentis, ke en kelkaj raportoj de la rifuĝintaj patrinoj iliaj gefiloj nazsangis, sed tiu viro insistis, ke tiuj raportoj estas falsaj.

 

Alia viro rakontis sian estontan vivon, ridigante la ĉeestantoj: « Kiam mi provizore revenas hejmen, mi ofte vidas aprojn kun tre amindaj idoj. Multiĝas niktereŭtoj kaj fazanoj. La urbo havas 20-jaran planon pri sia revivigo. Mi nun estas 70-jara, sed mi povos reveni hejmen…kiel la cindro. Mi postulis de la urbo, ke ĝi unue konstruu maljunulejon, ĉar preskaŭ ĉiuj loĝantoj ĉi tie estas maljunaj, do maljunulejo estas la plej necesa. Tiamaniere ni povos reveni hejmen, komence al la maljunulejo en la baza distriko, kaj poste kiel cindro al mia tombo ».

Lia antaŭvido estos prava, ĉar ili devenas de la distrikto Otozaŭ kaj aliaj, kiuj situas apud la nuklea centralo. La radioaktiveco estas tre forta, ekzemple en n-ro 1 de Otozaŭa ĝi estis 184,4 milisivertoj/jare en 2012, kaj eĉ en 2053 ĝi estos 5,8 milisivertoj/jare.

 

Poste mi havis etan koncerton pri nekutimaj muzikiloj el la mondo kaj ridegis la ĉeestantojn. Nur tiun momenton iliaj mienoj estis brilaj kiel antaŭe, sed kiam finiĝis la koncerto, iliaj mienoj denove fariĝis nebulaj kaj mallumaj. Ŝajnias al mi, ke ili havas nek koleron nek batalemon kontraŭ TEPCO, sed nur rezignacion. Antaŭ la konstruado de la nukleaj centraloj la urbo estis malriĉa, do ankaŭ la loĝantoj estis malriĉaj. Por vivteni la familion, viroj laboris en Tokio en vintro. Sed dank’ al la centraloj ilia vivnivelo pli kaj pli altiĝis. Tiamaniere ilia vivado multe dependis de TEPCO, do ili nun silente akceptas la situacion aŭ la sorton.

 

Ordinaraj homoj, precipe gemaljunuloj, vivas tre ordinale sen specifaj vivceloj. Ili estas kontentaj, se ili povas vivi sen zorgoj, ĝui kreskon de siaj gefiloj kaj genepoj, havi amikojn ĉirkaŭe kaj iom kontribui al la socio. Tiuj rifuĝintoj vivis tiamaniere kaj planis morti en sia hejmo, sed pro la nuklea akcidento ilia trankvila vivo perdiĝis kaj ili devas vivi malfacile kaj malordinare. Ili ne scias, kiel fronti al tiu nova situacio. La registaro kaj TEPCO faligis la loĝantojn en la abismon, sed ili nek kritikas sin, nek petas pardonon, kaj provas plejmalmulte pagi kompenson al la loĝantoj kaj certe atendas ilian baldaŭan morton.

 

 

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 19:58
Appel de Kazuhiko Kobayashi : Aidez les enfants de Fukushima, arrêtez les centrales nucléaires !

KAZUHIKO KOBAYASHI adresse au monde un message important : Aidez les enfants de Fukushima, arrêtez les centrales nucléaires !

 

Traduction française : Odile Girard (Fukushima is still news)

d’après la traduction anglaise http://vimeo.com/114145144 diffusée par  Projekt Soziales Europa

 

 

" Je m’appelle Kazuhiko Kobayashi et j’ai vécu en Europe pendant près de 29 ans. En 1997, je suis retourné au Japon. Depuis l’accident de Fukushima, le pire accident qui se soit jamais produit, je fais chaque année le tour de l’Europe pour faire des conférences pendant six semaines sur les armes et les centrales nucléaires. Cette fois-ci, je récolte des dons pour les enfants, qui sont les victimes de cette catastrophe. L’autre soir, j’ai fait une conférence en Autriche dans la ville de Krems où j’ai passé la nuit et c’est de là que je m’adresse à vous, mes chers auditeurs japonais.

 

Tepco, les ministères responsables et en particulier l’actuel ministère de l’Économie et de l’Industrie ainsi que tous les partis au pouvoir au Japon jusqu’à présent, n’ont pas tenu compte du fait pourtant essentiel que le Japon est connu pour être un pays extrêmement sujet aux séismes. Ils étaient bien conscients que d’un point de vue technique, il n’y a pas de sécurité absolue quant aux accidents qui peuvent se produire dans les centrales nucléaires. Malgré cela, ils ont répandu largement et délibérément parmi tous les citoyens japonais le mythe des “centrales nucléaires sans danger”; ce faisant ils ont trahi la confiance de la population. L’accident de Fukushima démontre sans conteste la grave responsabilité et le remords qu’ils ont à porter. Malgré cela, tous les responsables n’ont fait que déclarer que la magnitude du séisme et du tsunami avaient largement dépassé ce qu’ils avaient imaginé. Tout ce qu’ils ont fait jusqu’ici, c’est donc d’essayer de se débarrasser de leur responsabilité.

 

Tous les Japonais savent pertinemment qu’un séisme des plus violents peut frapper n’importe où et à n’importe quel moment au Japon. Ceux qui gèrent les centrales nucléaires dans un pays où la probabilité de séisme est si forte auraient dû avant tout mettre au point et appliquer les mesures de sécurité les plus fiables. Mais ils savaient que ces techniques n’existaient pas. Et malgré cela, ils ont poursuivi leurs programmes nucléaires.

 

On ne peut que qualifier cette attitude d’absolument criminelle ! Or, ces responsables ne sont toujours pas prêts à admettre leur culpabilité dans cette catastrophe. En outre, ils ont l’intention de redémarrer leurs centrales, bien qu’on soit encore très loin d’avoir éliminé les conséquences de l’accident de Fukushima. Les sommes nécessaires pour compenser les dommages dépassent de loin les capacités  financières de Tepco.

 

Comment se fait-il que Tepco ne soit pas encore en faillite ?

 

Compte tenu des principes de l’économie de marché et de l’éthique des affaires, tous les actifs de l’entreprise devraient être mis sur le marché. Les actifs de Tepco ont une valeur élevée et il existe suffisamment d’entreprises douées de pouvoir financier et de compétences techniques qui seraient intéressées pour assurer le fonctionnement. Tous les revenus obtenus par la vente des actifs et des droits de Tepco devraient servir à aider les gens qui ont été touchés par la catastrophe. Ce n’est qu’une fois que tout cet argent a été dépensé que les deniers publics devraient venir à la rescousse.

 

En réalité, c’est tout le contraire qui se passe. Les ministères en charge et le gouvernement veulent sauver Tepco de la faillite. Sans hésiter, ils utilisent l’argent public pour préserver de pertes gigantesques les grandes banques, qui sont en fait les plus gros actionnaires de Tepco. Ils veulent aussi absolument ne pas perdre le contrôle et leur pouvoir sur l’alliance qui relie les politiciens, les employés du gouvernement ainsi que les directeurs de Tepco.

 

Par contre, les paiements versés aux victimes innocentes que sont les citoyens de Fukushima sont calculés au centime près !

 

Tel est le vrai visage d’une politique fondamentalement mauvaise et injuste.

 

En vérité, on demande à la population japonaise de payer des sommes énormes pour sauver Tepco. En même temps les gens – et cela concerne tout particulièrement les gens de Fukushima - sont loin de recevoir une indemnisation suffisante pour les blessures physiques et psychiques incommensurables causées par la catastrophe. C’est donc comme s’ils étaient doublement punis.

 

Parmi les gens vivant à Fukushima, nombreux sont ceux qui non seulement s’inquiètent pour leur propre santé, mais sont en outre terrifiés à l’idée des malformations génétiques qui peuvent frapper leurs enfants. Ils n’ont pas suffisamment accès aux traitements médicaux et thérapeutiques. Ils sont obligés de rester à Fukushima, sans soutien suffisant du gouvernement.

 

Et surtout il y a là-bas 300 000 enfants en grand danger, car ils sont 6 à 8 fois plus affectés par la contamination radioactive que les adultes.

 

Toutes les instances responsables du Japon sont parfaitement conscientes que le danger des radiations de faible niveau a été prouvé scientifiquement. Elles n’hésitent pas cependant à laisser des gens vivre dans la région dangereuse qu’est Fukushima, et tout particulièrement ces enfants innocents qui vont porter notre avenir, en leur disant tout simplement : “il n’y a aucun danger”.

 

C’est à nous d’empêcher des actes aussi irresponsables et injustes. Pendant mes interventions en Europe, j’ai l’intention  d’informer la communauté internationale de la situation et de lui demander son soutien pour dénoncer publiquement les coupables. En même temps, je demande aux gens en Europe de faire des dons pour les victimes les plus durement touchées, c’est-à-dire les enfants de Fukushima qui sont bien sûr obligés de rester et de vivre là-bas.

 

Et partout où je vais durant cette tournée, les gens expriment leur profonde inquiétude et leur compassion pour la population de Fukushima et donnent beaucoup d’argent. Mais on entend simultanément de violentes accusations et des accès de colère contre les ministres japonais responsables, le gouvernement et Tepco. On se demande si les fonctionnaires, les hommes politiques japonais et les directeurs de Tepco ont la moindre parcelle de conscience ou le moindre sens moral ou éthique.

 

Quand on regarde leur façon d’agir, on ne peut qu’être choqué de cette démonstration de leur énorme avidité et de leur soif de pouvoir.

 

Toutes les technologies développées par l’homme peuvent s’avérer défectueuses. L’application de la sécurité maximum durant le déploiement d’une technologie dépend entièrement de l’existence de mesures de sécurité extensives et adaptées même aux pires des scénarios. 

 

Dans un tel cas, nul ne peut mettre un terme aux dégâts provoqués. Les conséquences de la contamination radioactive s’étalent que des milliers et des milliers d’années, voire plus. Elle détruit entre autres le patrimoine génétique de tous les êtres vivants, mettant ainsi en péril les générations suivantes. Comment les opérateurs de centrales, qui vont vivre au maximum cent ans, pourraient-ils prendre la responsabilité des dommages permanents et de la destruction à long terme causés par la contamination radioactive ?

 

Et même sans parler d’accidents, chaque centrale nucléaire produit des déchets nucléaires. À cette date nous ne disposons d’aucune technologie capable de neutraliser les déchets nucléaires qui sont quasiment éternels. Ils sont tout simplement  déposés sous le sol dans des conteneurs spéciaux. Peut-on parler ici de technologie responsable ?

 

Aujourd’hui les lobbies représentant les intérêts des partisans de l’énergie nucléaire font pression sur les gouvernements et répandent le mythe de la sécurité nucléaire qui n’est qu’un tissu de mensonges, juste pour pouvoir faire fonctionner leurs centrales et en construire de nouvelles. L’AIEA ne peut pas être considérée comme un organisme indépendant, puisqu’elle ne fait que représenter les intérêts des industries nucléaires du monde entier.

 

Nous avons aujourd’hui atteint un stade où de plus en plus de gens dans le monde entendent parler des dangers et de l’irresponsabilité de la technologie nucléaire. Je peux le confirmer durant mon tour actuel à travers l’Europe, où de plus en plus de gens crient de plus en plus fort : Nucléaire ? Non merci !

 

Chers concitoyens japonais, l’énergie nucléaire implique un risque de contamination irréparable et permanent pour toute la population, toute la nature et l’environnement.

Nous devons donc empêcher toute expansion future dans le monde !

 

Unissons nos efforts pour lutter contre les centrales nucléaires en ignorant les frontières !

 

_______________________________

Vidéo en français :

https://www.youtube.com/watch?v=29F-a86NX4o

ou

https://vimeo.com/115666657

 

 

 

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 08:00

Rapport de HORI Yasuo du 13 décembre 2014

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN

 

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Nouvelle visite au mont Shinobu


Profitant de la fête de Zamenhof* organisée par l'Association d'Espéranto de Fukushima qui avait lieu le 10 décembre, j'ai voyagé vers la ville de Fukushima et j'ai visité à nouveau le mont Shinobu.

 

*Note de la traductrice : Les espérantistes ont l'habitude de fêter chaque année la naissance du créateur de l'espéranto, qui est né le 15 décembre 1859.

 

Intensité de la radioactivité à divers endroits


J'ai mesuré la radioactivité sur le quai de la gare du train rapide Shinkansen, et le chiffre était de 0,09 microsieverts. Ce chiffre n'était pas inquiétant, car la norme du gouvernement pour la pollution radioactive commence à 0,23 microsieverts par heure (1 millisievert par an). A l'échelle mondiale, on accepte cette norme comme  irradiation acceptable pour l'homme. Selon la loi japonaise, les gens ordinaires ne sont pas autorisés à (ne peuvent pas) vivre dans les lieux contaminés par plus de 0,23 microsieverts par heure. Dans le département de Fukushima (et dans certaines villes voisines) on nettoie ces sites, en raclant la terre contaminée et en lavant les murs et les toits pollués, pour que ces endroits descendent sous le chiffre de 0,23 microsieverts.

 

À côté de la gare de Fukushima, j'ai emprunté un vélo. J'ai immédiatement allumé mon dosimètre et ai constaté que le chiffre était de 0,29. Ce chiffre m'a effrayé. Il dépassait la norme ! Plus tard, toujours à bicyclette vers le mont Shinobu et en circulant dessus, j'ai mesuré la radioactivité dans de nombreux endroits. Les résultats sont les suivants:

 

1-Trottoir à 10 m de la gare : 0,24~0,27

2- Ruelle jouxtant le musée départemental : 0,23~0,24

3- Rigole au pied du mont Shinobu: 10,7!!!

4- Jardin du musée : 0,18

5- Le temple Henshō-in : 0,26~0,42

6- Un endroit sur la route dans la montée : 0,53~0,90

7- Plus haut dans la montée : 0,35

8- Le belvédère No2 :0,23

9- Le parc sur le mont : 0,17 (là, une information datant du 9 septembre indique que le chiffre était de 1,25)

10- Au sommet, près de la tour de la télévision: 0,73

11. Le temple Haguro : 0,32

12- Le lycée Tōryō au pied de la montagne: 0,31

Décontamination à Fukushima : Si on ferme les yeux, tout est propre !

Dans l'image ci-dessus, la pancarte montre le chemin vers le temple shintoïste appelé "Grand Dieu de l'Air". C'est la première fois que je voyais un nom de temple aussi étrange. Le dosimètre montrait 0,90 microsieverts. Un lieu bien impur pour un temple... Sur la pancarte à côté du mot "Grand Dieu" on lit sur la gauche "Dieu Inari gardien des aliments». J'ai prié ces dieux de tout mon cœur, en leur demandant: «Si vous êtes des dieux de l'air et de la nourriture, purifiez l'air et la nourriture de Fukushima ! »

 

Efficacité du nettoyage


Au pied du mont Shinobu, côté sud, immédiatement derrière le Musée départemental, il y a un temple, et plus de dix maisons. Quand je suis arrivé ici en novembre, des ouvriers avaient nettoyé la terre autour des maisons près du temple. J'ai mesuré la  radioactivité à trois endroits, et les chiffres étaient de 0,36, 0,32 et 043. L'effet du nettoyage n'était pas bien grand. Et où avait-on porté cette terre polluée qu'on avait raclée ? Voyez l'image.

 

Décontamination à Fukushima : Si on ferme les yeux, tout est propre !

Devant l'entrée de la maison, il y a quelque chose dans un plastique vert. Dedans il y a de la terre raclée, d'abord couverte de terre non polluée et ensuite recouverte d'une toile plastique. Il semble que cette maison ne soit plus habitée. Peut-être les habitants ont-ils fui quelque part en raison de la forte radioactivité. Même si la maison et le jardin étaient assez propres, ils ne voudraient pas vivre ici, obligés de faire toujours face à cette montagne de déchets.

 

Dans un autre quartier, des ouvriers nettoyaient la maison et le terrain. Ils sont venus du département d'Aichi, à 1000 km de Fukushima. Certes, il manque des ouvriers dans le département de Fukushima, alors viennent maintenant de nombreux travailleurs d'autres départements. Ils raclaient le sol et le mettaint dans des caisses en plastique, puis ils faisaient un monticule de caisses et le couvraient avec une toile en plastique. J'ai mesuré la radioactivité de la terre dans cette caisse. Le chiffre était de 0,78.

 

J'ai mesuré la radioactivité du jardin dépollué. Les chiffres étaient 1,10, 0,96 et 0,98, donc, à ma surprise, les zones dépolluées étaient plus contaminées que la terre raclée et l'herbe. Le nettoyage n'a eu aucun effet. Les ouvriers ont réellement travaillé, donc j'ai dû en conclure que le nettoyage n'était pas très efficace. Par la suite, bien sûr, arrivera de la montagne de l'eau contaminée et elle continuera d'augmenter la pollution du sol. Donc, certains prétendent que le nettoyage est inefficace et constitue du gaspillage d'argent, et qu'il faudrait utiliser l'argent pour des choses plus vitales.

Décontamination à Fukushima : Si on ferme les yeux, tout est propre !

Si on ferme les yeux, tout est propre.


Dans la soirée, nous avons passé un joyeux moment dans les bains chauds de la station thermale d'Iizaka. Le 11 décembre au matin, j'ai mesuré la radioactivité du terrain de l'hôtel. Les chiffres étaient 0,65 ~ 0,72. A un autre endroit sur la pelouse, les chiffres étaient de 0,82 ~ 0,90. Je me suis hâté vers les gens de Fukushima, qui faisaient la pause dans le vestibule de l'hôtel, et j'ai montré mon dosimètre, mais personne n'a manifesté d'intérêt pour ces chiffres. Ces chiffres n'ont rien de nouveau pour eux. Ils ne peuvent pas changer la situation, si bien qu'ils doivent bon gré mal gré s'y adapter.

 

Cependant, je ne peux pas les critiquer pour leur attitude. La même chose arrive dans mon département. Après les explosions des réacteurs, des nuages radioactifs   sont venus jusqu'à mon département et ont contaminé la terre, mais à présent on n'en a jamais parlé, et on ne mesure pas la radioactivité. Nous vivons en accord avec le proverbe : "Si on ferme les yeux, tout est propre." Et le gouvernement agit avec l'énergie nucléaire selon un autre nouveau proverbe: «Si on ferme les yeux, tout est sûr."

 

Nettoyage dans le village d'Iitate


De retour du mont Shinobu, j'ai visité la "Place du nettoyage" située à côté de la gare. Elle a été fondée et parrainée par le gouvernement et le département de Fukushima afin de donner aux habitants des informations sur la radioactivité et le nettoyage. Dans le bureau, j'ai trouvé des informations sur l'état actuel de la décontamination dans divers villes et villages. J'ai été surpris de voir les informations sur le village d'Iitate.

 

Iitate n'est pas situé à proximité des centrales nucléaires mais à 60 km de celles-ci, donc les 6 500 habitants ont d'abord pensé que les explosions concernaient d'autres personnes, mais ensuite ils ont su que les nuages nucléaires étaient passés à travers le village et l'avaient beaucoup contaminé, et maintenant tous les habitants se sont réfugiés dans d'autres villes et personne ne vit dans le village. A l'intérieur de celui-ci travaillent maintenant 7 500 ouvriers, pour la plupart venus d'autres villes et départements pour le nettoyage. Chose bien surprenante !

 

Dans le livre "Le courageux village d'Iitate" les auteurs M. et Mme Hasegawa Kenichi et Hanako, qui étaient des habitants du village, décrivent en détail  comment on le nettoie. Je vais en traduire un résumé :

 

   "En janvier 2012, le ministère de l'environnement a publié le plan du nettoyage de 11 villes et villages, dans les régions à pollution intense. Selon lui, la décontamination sera achevée pour mars 2014.
    En septembre 2013, il a publié, que la décontamination ne sera pas terminée selon les prévisions et que, concernant Iitate, le nettoyage des maisons durera jusqu'en 2016.

   Dans le plan pour le nettoyage à Iitate, le ministère a pour objectif  5 millisieverts par an, tandis que dans d'autres villes et villages l'objectif est de 1 millisievert par an. Le maire Kanno veut faire rapidement revenir les habitants dans le village, et il a donc décidé de ce chiffre comme objectif, mais est-ce que les habitants pourront vivre tranquillement dans des lieux plus pollués que ne le sont des locaux spécialement autorisés dans les hôpitaux et centres d'exploration sur la radioactivité et les villages à Tchernobyl?

Décontamination à Fukushima : Si on ferme les yeux, tout est propre !

Modèle de nettoyage
   
   Selon le plan du ministère, on nettoie les endroits suivants: logements, bureaux, bâtiments communaux, rues, champs et forêts autour des maisons. On nettoie  bâtiments et rues par des jets d'eau à haute pression, on racle la terre jusqu'à une profondeur de 5 centimètres, dans un rayon de 20 mètres autour des maisons et on essuie les murs et les toits avec du papier absorbant, mais 75% de la ville est couvert de forêts, de sorte qu'à court terme l'eau, la terre et les feuilles contenant de la radioactivité voyageront jusqu'aux jardins et champs "nettoyés", et les pollueront à nouveau."

Décontamination à Fukushima : Si on ferme les yeux, tout est propre !

   Alors savoir où l'on doit mettre ces terre, herbe, branches, feuilles, papier pollués est un problème important. Dans le département de Fukushima on devra conserver 28 millions de tonnes de déchets quelque part, et le ministère projette de construire des entrepôts dans les villes autour de la centrale nucléaire n° 1 de Fukushima et de les faire fonctionner en janvier 2015. Jusqu'à ce moment-là, on devra conserver les déchets provisoirement au village, c'est pourquoi on voit partout des  monticules de  sacs noirs ((fle-con-bag, fleksible container bag, sac poubelle flexible) avec des déchets à l'intérieur. 

   Mais ces entrepôts restent encore à l'état de plan. Les responsables du ministère répondent sans arrêt : «Nous ne savons pas quand ces entrepôts seront achevés». (Fin du résumé)

 

Sur la "Place du nettoyage", j'ai demandé à l'employé si les ouvriers pour la dépollution ne viendront pas à manquer. La réponse a été : "La plus grande menace, ce sont les Jeux olympiques de Tokyo. on va payer des salaires plus élevés aux ouvriers du bâtiment pour les Jeux Olympiques, donc beaucoup de travailleurs quitteront Fukushima et on manquera alors d'ouvriers pour le nettoyage ".


La situation est grave, mais le gouvernement et le premier ministre sont très optimistes ou irréfléchis. Ils agissent selon le proverbe: " Si je vais bien, tout est en ordre."

 

 

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Texte original en espéranto

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La 13an de decembro 2015

 

Denove la monto Ŝinobu

   Profitante Zamenhofa Festo de la Fukuŝima-Esperanto-Societo okazinta la 10an de decembro, mi vojaĝis al la urbo Fukuŝima kaj denove vizitis la monton Ŝinobu.

 

Forteco de radioaktiveco en diversaj lokoj

   Mi mezuris radioaktivecon sur la kajo de la kugla trajno Ŝinkansen, kaj la cifero estis 0,09 mikrosivertoj. Tiu cifero tute ne estis timiga, ĉar la legistara normo pri radioaktiva poluo komenciĝas ekde la cifero 0,23 mikrosivertoj hore (1 milisiverto jare). Tutmonde oni akceptas tiun normon kiel akcepteblan homan elmetiĝon al radioaktiveco. Laŭ la japana leĝo ordinaraj homoj ne rajtas/povas loĝi en la lokoj poluitaj pli ol 0,23 mikrosivertojn hore. En Fukuŝima (kaj en iuj najbaraj urboj) oni purigas tiajn lokojn, skrapante poluitan teron kaj lavante poluitajn murojn kaj tegmentojn, por ke la lokoj fariĝu malpli poluitaj ol 0,23 mikrosivertojn.

   Apud la stacidomo de Fukuŝima mi pruntprenis biciklon. Mi tuj ŝaltis mian dozmetron kaj trovis, ke la ciferoj estas 0,29. Tiu cifero timigis min. Ĝi superis la normon! Poste, biciklante al kaj en la monto Ŝinobu, mi mezuris radioaktivecon en multaj lokoj. La rezultoj estis jenaj :

1. Trotuaro 100 metrojn for de la stacidomo : 0,24~0,27

2. Strateto apud la gubernia muzeo : 0,23~0,24

3. Flueto piede de la monto Ŝinobu: 10,7!!!

4. Ĝardeno de la muzeo : 0,18

5. La templo Henŝoo-in: 0,26~0,42

6. Loko sur la vojo en la monto : 0,53~0,90

7. Pli alta loko sur la vojo en la monto : 0,35

8. La belvidejo n-ro 2 : 0,23

9. La parko en la monto : 0,17 (tie estis informo pri radioaktiveco de la 9a de septembro kaj la cifero estis 1,25.)

10. Ĉe la pinto apud la televidturo: 0,73

11. La templo Haguro : 0,32

12. La supera mezlernejo Toorjoo piede de la monto : 0,31

 

   En la maldekstra foto la ŝildo montras la vojon al ŝintoisma templo nomata «  Aera Granda Dio ». Unuan fojon mi vidis tian strangan templan nomon. La dozmetro montris 0,90 mikrosivertojn. La templo staras en tiom malpura loko. En la ŝildo apud « la Granda Dio » estas skribita maldekstre « Manĝaĵkonserva Inari-dio ». Mi elkore preĝis al tiuj dioj, petante: « Se vi estas dioj de aero kaj manĝaĵoj, purigu la aeron kaj la manĝaĵojn de Fukuŝima! »

 

Efiko de purigado

   Sur la suda piedo de la monto Ŝinobu tuj malantaŭ la Gubernia Muzeo estas templo kaj pli ol dek domoj. Kiam mi venis ĉi tien en novembro, laboristoj purigis la teron ĉirkaŭ la domoj apud la templo. Mi mezuris radioaktivecon en tri lokoj, kaj la ciferoj estis 0,36, 043 kaj 0,32. La efekto de la purigado ne estis granda. Kaj kien oni portis tiun skrapitan poluitan teron ? Vidu la foton.

Antaŭ la enirejo de la domo estas io verde kovrita. En ĝi estas skrapita tero, unue kovrata de sakoj da nepoluita tero kaj due de la plasta tuko. Ŝajnis, ke tiu domo jam ne estas priloĝita. Eble la loĝantoj fuĝis ien pro alta radioaktiveco. Eĉ se la domo kaj la ĝardeno estus sufiĉe purigitaj, ili ne volus loĝi ĉi tie, ĉiam frontante al tiu monto de radioaktivaĵo.

En alia distrikto laboristoj purigis la domojn kaj teron. Ili venis de la gubernio Aiĉi, 1000 kilometrojn for de Fukuŝima. Certe mankas laboristoj en Fukuŝima, do nun venas multaj laboristoj el aliaj gubernioj. Ili skrapis la teron kaj enmetis ĝin en plastajn kestojn, kaj poste faris monton da kestoj kaj kovras ĝin per plasta tuko. Mi mezuris radioaktivecon de la tero en tiu kesto. La cifero estis 0,78.

Mi mezuris radioaktivecon de la purigita ĝardeno. La ciferoj estis 1,10, 0,96 kaj 0,98, do surprize la purigitaj lokoj estis pli poluitaj ol la skrapitaj tero kaj herboj. La purigado tute ne efikis. La laboristoj sincere laboris, do mi devis konkludi, ke purigado mem ne efikas multe. Poste, certe envenos de la monto akvo enhavanta radioaktivecon kaj denove plipoluos la teron. Do iuj argumentas, ke purigado estas senutila kaj misuzo de mono, kaj ke oni uzu monon por pli valoraj aferoj.

 

Se ni ne vidas, ĉio estas pura 

   Vespere ni havis tre ĝojan tempon en la varmfontejo Iizaka. Matene la 11an de decembro mi mezuris radioaktivecon de la tereno de la hotelo. La ciferoj estis 0,65~0,72. En alia loko sur la gazono la ciferoj estis 0,82~0,90. Mi hastis al la fukuŝima-anoj, kiuj paŭzis en la vestiblo de la hotelo, kaj montris la dozmetron, sed neniu montris intereson pri tiuj ciferoj. Tiuj ciferoj tute ne estas novaĵo al ili. Ili ne povas ŝanĝi la situacion, do ili devas vole nevole adaptiĝi al la situacio.

Tamen mi ne povas kritiki ilin pro ilia sinteno. Samo okazas en mia gubernio. Post la eksplodoj de la nukleaj reaktoroj radioaktivaj nuboj venis al mia gubernio kaj poluis la teron, sed nun oni neniam menciis tion, nek mezuras radioaktivecon. Ni vivas laŭ la proverbo: « Se ni ne vidas, ĉio estas pura ». Kaj la registaro agas pri atomenergio laŭ alia, nova proverbo: « Se ĝi ne vidas, ĉio estas sekura ».

 

Purigado en la vilaĝo Iitate

   Revenante de la monto Ŝinobu, mi vizitis « Placon pri purigado » situantan najbare al la stacidomo. Ĝi estis fondita aŭ aŭspiciita de la registaro kaj la gubernio Fukuŝima por doni informojn pri radioaktiveco kaj purigado al la loĝantoj. En la oficejo mi trovis informon pri la nuna stato de purigado en diversaj urboj kaj vilaĝoj. Mi estis surprizita vidi la informojn pri la vilaĝo Iitate.

   Iitate situas ne proksime al la nukleaj centraloj, sed 60 kilometrojn for de tiuj, do la 6500 vilaĝanoj komence opiniis, ke la eksplodoj estas aferoj de aliaj homoj, sed poste ili sciis, ke la nukleaj nuboj pasis tra la vilaĝo kaj multe poluis ĝin, kaj nun ĉiuj vilaĝanoj rifuĝis en aliajn urbojn kaj neniu loĝas en la vilaĝo. En tiu vilaĝo nun laboras 7500 laboristoj, plejmulte el aliaj urboj kaj gubernioj, por purigi ĝin. Tre eksterordinara afero !

   En la libro « Madei-a vilaĝo Iitate » la aŭtoraj ges-roj Hasegaŭa Keniĉi kaj Hanako, kiuj estas/estis loĝantoj de la vilaĝo, detale skribas, kiel oni purigas la vilaĝon. Mi resume tradukos ĝin.

*Madei: loka vorto, kiu signifas « sincere, zorege, diligente ».

 

   En januaro 2012 la ministerio pri medio publikigis la planon de purigado en dense pouitaj 11 urboj kaj vilaĝoj. Laŭ ĝi la purigado finiĝos ĝis la fino de marto 2014.

   En septembro 2013 ĝi publikigis, ke la purigado ne finiĝos laŭplane kaj ke rilate al Iitate la purigado pri domoj daŭros ĝis 2016.

   En la plano pri purigado en Iitate la ministerio celas 5 milisivertojn jare, dum en aliaj urboj kaj vilaĝoj la celcifero estas 1 milisiverto jare. La vilaĝestro Kanno volas plej frue revenigi la loĝantojn en la vilaĝon kaj pro tio li decidis tiun ciferon kiel la celon, sed ĉu la loĝantoj povos vivi trankvile en la lokoj pli poluitaj ol en la speciale permesitaj lokoj en hospitaloj kaj esplorejoj pri radioaktiveco kaj en la vilaĝoj en Ĉernobil?

 

 Modelo de purigado

 

Laŭ la plano de la ministerio ĝi purigas jenajn lokojn: domoj, oficejoj, komunaj konstruaĵoj, stratoj, kampoj kaj arbaroj ĉirkaŭ la domoj. Oni purigas konstruaĵojn kaj stratojn per altapremaj akvoŝpruciloj, skrapas teron ĝis la profundo de 5 centimetroj 20 metrojn radiuse ĉirkaŭ la domoj kaj viŝas murojn kaj tegmentojn per paperaj tualetoj, sed 75% de la vilaĝo estas kovrata de arbaroj, do baldaŭ akvo, tero kaj folioj enhavantaj radioaktivecon vojaĝos en la « purigitajn » ĝardenojn kaj kampojn kaj denove poluos tiujn.

Poste kien oni metu tiujn poluitajn teron, herbojn, branĉojn, foliojn, paperajn tualetojn, estas grava problemo. En la gubernio Fukuŝima oni devos konservi 28 milionojn da poluitaĵoj ie, kaj la ministerio planas konstrui konservejojn en la urboj ĉirkaŭ la nuklea centralo n-ro 1 de Fukuŝima kaj funkciigos ilin en januaro 2015. Ĝis tiu tempo oni devas konservi la poluitaĵojn provizore en la vilaĝo, tial ĉie oni vidas montetojn de nigraj sakoj (fle-con-bag, fleksible container bag) enhavantaj  poluitaĵojn.

 

   Sed la plano de tiuj konservejoj ankoraŭ restas plano. Respondeculoj de la ministerio respondadas : « Ni ne scias, kiam tiuj konservejoj finkonstruiĝos ». (Fino de la resumo)

 

   En « Placo pri purigado », mi demandis la oficiston, ĉu ne mankos laboristoj de purigado. La respondo estis : « La plej granda minaco estas Tokiaj Olimpikoj. Oni pagos pli da salajro al laboristoj pri la konstruado rilata al Olimpikoj, do multaj laboristoj forlasos Fukuŝima-on kaj sekve mankos laboristoj pri purigado ».

   La situacio estas serioza, sed la registaro kaj la ĉefministro estas tre optimismaj aŭ senpensaj. Ili agadas laŭ la proverbo: « Se mi estas en ordo, ĉio estas en ordo ».

 

 

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 18:50

Voici le 3ème témoignage de Fonzy.

« Amusons-nous à Fukushima ! » dit cette publicité de Japan Railways, la compagnie des chemins de fer au Japon. Une croix rouge a été ajoutée par Fonzy : c'est l'emplacement de la centrale de Fukushima Daiichi.

« Amusons-nous à Fukushima ! » dit cette publicité de Japan Railways, la compagnie des chemins de fer au Japon. Une croix rouge a été ajoutée par Fonzy : c'est l'emplacement de la centrale de Fukushima Daiichi.

« Cela fait des mois que je ne vais plus aux manifs anti-nucléaires, ni aux conférences sur Fukushima. Je suis tout simplement lasse de ce qui se passe ici. Presque quatre ans se sont écoulés après la catastrophe de Fukushima, mais rien ne s’améliore. Au contraire, il y a de plus en plus de choses qui se détériorent. Depuis, nous avons eu deux législatives qui ont fini toutes les deux par la victoire « écrasante » du Parti Libéral Démocrate qui est au pouvoir depuis plus de 60 ans et qui est évidemment pronucléaire. En effet, le premier ministre Shinzo Abe est prêt à redémarrer toutes les centrales, et il a déjà donné son accord au redémarrage de Sendai, celle qui se trouve dans le sud du pays et qui est entourée de volcans très actifs... Ce n’est pas tout, mais ce qui me désole le plus, c’est l’indifférence de la plupart des Japonais vis-à-vis de la politique, du nucléaire, de Fukushima enfin, et de tout.

 

Fukushima, qui est « officiellement » sous contrôle, n’est plus le souci principal pour la majorité de mes compatriotes, malgré de petits incidents assez fréquents à Daiichi et l’augmentation du nombre d’enfants atteints du cancer de la thyroïde (112 enfants). Ils auraient oublié Fukushima, ou simplement veulent l’oublier, comme moi. Oui, j’ai voulu oublier Fukushima, la contamination de Tokyo, le césium dans les aliments, et le fait que Fukushima Daiichi soit toujours en état périlleux. Vous ne pouvez pas continuer à vivre tous les jours avec ces angoisses et ces tensions qui durent depuis déjà quatre ans.

 

Pour me distraire, j’ai participé à une chorale d’amateurs. Avec les choristes, c’était un autre monde ; personne ne parlait de Fukushima ni du césium, nous chantions joyeusement, car c’est une chorale formée uniquement pour chanter ‘l’Ode à la joie’ en fin d’année. (Au Japon, en fin d’année, c’est le moment de la Symphonie no9 de Beethoven.) Pourtant, les chants joyeux ne m’ont pas aidée à supprimer Fukushima de mon esprit.

 

Deux de mes amis sont décédés ces derniers mois ; l’un a été victime d'une dissection aortique aiguë et l’autre d’un cancer du poumon. Ils avaient tous les deux 51 ans. Impossible d’établir les relations entre leurs décès et la radioactivité. Toutefois je constate de plus en plus de personnes qui tombent malades, d’hospitalisations, de cataractes, d’herpès... Alors comment puis-je oublier Fukushima avec toutes ces anomalies qui commencent à se déceler ? Et comment les autres peuvent-ils l’oublier ? Font-ils semblant de ne pas voir la réalité ? Plus j’essaie de ne pas penser à Fukushima, plus je suis convaincue que ce n’est pas possible.

 

Notre concert est fini, et c’est maintenant le Nouvel an. J’espère que l’année 2015 vous apportera beaucoup de bonheurs et qu’elle apportera la paix à Fukushima. »

 

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30 décembre 2014 2 30 /12 /décembre /2014 01:45

Rapport de HORI Yasuo du 22 décembre 2014

traduit de l'espéranto par Paul SIGNORET

Carte de la Région Océan Pacifique du département de Fukushima

Carte de la Région Océan Pacifique du département de Fukushima

La 7ème séance publique de Cour d'Assises concernant l'accident nucléaire a eu lieu dans ma ville

 

Dans ma ville, Maebashi, située dans le département de Gunma et distante de 250 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima, logent environ 1 500 personnes réfugiées du département de Fukushima. 137 d'entre elles ont porté plainte, le 11 septembre 2013, afin d'obtenir une indemnisation de la compagnie TEPCO. Aujourd'hui s'est tenue la septième séance du procès en assises, au cours de laquelle une femme de 59 ans, qui habitait Minami-Sōma, ville voisine de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, a raconté sa vie après la catastrophe.

 

 

 "À cause de l'accident nucléaire, nous avons perdu notre vie"

 

« Mon mari, ma fille et moi-même habitions dans le district Takanokura de la ville de Minami-Sōma. Ce district de montagne, distant de plus de trente kilomètres de la centrale, est situé hors de la zone évacuée, cependant il est très radioactif.

 

Quand s'est produit le séisme du 11 mars 2011, tout a continué à fonctionner normalement dans notre maison, mais de plus en plus d'habitants du district se sont enfuis. Mon mari travaillait alors à la centrale nucléaire de Fukushima et il croyait qu'elle était la plus sûre au monde, si bien qu'en entendant parler des explosions des réacteurs, nous avons pensé que l'information était mensongère. Mais quand par la suite, la ville a fait savoir qu'il ne fallait pas boire l'eau, nous avons compris que la situation était sérieuse et nous nous sommes réfugiés chez ma fille aînée, dans le département de Saitama. Cependant, comme sa maison est petite, nous ne pouvions loger longtemps chez elle et nous avons fini par atteindre le département de Gunma, où nous habitons à présent, dans un appartement de la ville de Tatebayashi.

 

Ma fille, qui était alors étudiante, ne pouvant plus se rendre à l'Université a dû interrompre ses études et a fini par abandonner car nous n'avions plus suffisamment d'argent. C'est une fille d'un milieu simple aussi pensions-nous qu'il serait bon qu'elle se dirige vers des études polytechniques mais, en raison de l'accident nucléaire, elle a perdu tout espoir de travailler dans ce secteur. À présent, elle cherche du travail mais sans succès, car elle est considérée comme étant du niveau de fin d'enseignement secondaire. Et de plus, au cours des entretiens d'embauche, quand elle dit qu'elle vient de Fukushima, on lui demande combien de temps elle pourra travailler. Je comprends qu'on doive lui poser la question, mais ces interrogatoires la rendent nerveuse et elle ne réussit pas à avoir un emploi stable. Or elle a bénéficié d'une bourse qu'elle doit à présent rembourser, mais comment pourra-t-elle y arriver avec un travail précaire et un salaire bas ?

 

Après notre départ forcé, je suis devenue très malade. Mon diabète s'est aggravé. Je dois désormais m'injecter de l'insuline chaque jour et en outre je ne vois plus très bien de l'œil gauche. Ma tension artérielle a augmenté. Je souffre de stress, je pleure pour un rien et je dors mal. Ces difficultés m'amènent à me quereller pour des bagatelles avec mon mari et ma fille. Sans cet accident nucléaire jamais je n'aurais souffert de tous ces maux ni ne me serais disputée avec les miens. 

 

Dans notre ville de Minami-Sōma, nous vivions dans une ambiance amicale, nous rencontrions souvent des copains. Je travaillais dans un supermarché. Parfois j'indiquais aux clients de nouvelles recettes, et en remerciement, ils me faisaient cadeau de plats qu'ils avaient eux-mêmes cuisinés. Je travaillais aussi comme bénévole pour aider des personnes handicapées. Mais à présent, tout cela est fini. Je suis malade, je n'ai pas d'amis, j'ai perdu confiance en moi et je n'ai plus le courage d'entreprendre des choses nouvelles. J'habite au cinquième étage d'un immeuble sans ascenseur, il m'est donc difficile même de sortir.

 

Mon mari travaille maintenant dans la ville de Iwaki du département de Fukushima et il est seul dans l'appartement. Il part très tôt le matin au travail, il ne peut donc pas faire d'achats, même pour son petit déjeuner. C'est un homme très taciturne et très laborieux. Il travaille trop. L'été il a souffert de diarrhée et il est tombé malade à cause de la canicule. Si j'étais avec lui, je pourrais l'aider et il ne souffrirait pas.

 

Notre maison est détruite, nous ne pouvons plus y habiter. Elle était le foyer au cœur duquel se retrouvait toute la famille. Nous avons perdu non seulement nos biens, mais aussi notre cœur. Il faut que le gouvernement et que TEPCO comprennent combien lourdes sont nos pertes. Nous voulons retrouver notre vie d'antan. Si cela est impossible, qu'on nous assure au moins une existence stable et tranquille. 

 

Jusqu'à la catastrophe, nous étions très optimistes, mais à présent nous souffrons beaucoup, financièrement et mentalement. Logeant loin de la centrale nucléaire, nous nous étions persuadés que nous n'endurerions pas des souffrances aussi graves que ceux qui habitaient près d'elle, mais maintenant nous ne pouvons plus nous taire. Le gouvernement et TEPCO ont eux-mêmes fixé la norme selon laquelle ils nous indemnisent, mais nous ne voulons plus vivre selon cette norme-là. Aujourd'hui, j'ai la possibilité de parler de nos souffrances. Je remercie ceux qui nous soutiennent. »

(Fin de son témoignage)

 

Après la séance d'assises a eu lieu une réunion des avocats, des réfugiés et de leurs soutiens. Les avocats ont fait savoir qu'aujourd'hui ils avaient présenté à la cour les témoignages de tous les 137 plaignants, mais qu'ils ne pouvaient les rendre publics, car ils contiennent des informations confidentielles. J'ai proposé que nous ayons chaque mois une réunion au cours de laquelle les plaignants pourraient parler de leurs souffrances. Les réfugiés, originaires de diverses villes du département de Fukushima, logent à présent en divers endroits et il est donc malaisé de leur venir en aide groupés. En de telles réunions, ils auront l'occasion de s'exprimer et nous, leurs soutiens, nous aurons avec eux une  relation plus intime. Cela aidera beaucoup notre mouvement.

 

25 km séparent la centrale (qui fuit toujours) de Minamisoma

25 km séparent la centrale (qui fuit toujours) de Minamisoma

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Article original de Hori Yasuo en espéranto

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La 22an de decembro 2014

 

La 7a Publika asizo pri la nuklea akcidento okazis en mia urbo

 

   En mia urbo Maebaŝi de la gubernio Gunma, 250 kilometrojn for de la nuklea centralo de Fukuŝima, ĉirkaŭ 1500 homoj el Fukuŝima rifuĝinte loĝas. El tiuj fukuŝima-anoj, 137 homoj metis sian aferon al juĝo la 11an de septembro 2013, postulante kompenson de TEPCO. Hodiaŭ okazis la 7a asizo, en kiu 59-jara virino el la urbo Minami-Sooma, najbara urbo de la nuklea centralo n-ro 1 de Fukuŝima rakontis pri sia vivo post la katastrofo.

 

Ni perdis vivon pro la nuklea akcidento

 

Mi, mia edzo kaj mia filino loĝis en la distrikto Takanokura de la urbo Minami-Sooma. Tiu ĉi montara distrikto estas pli ol 30 kilometrojn for de la centralo kaj ekster la rifuĝiga zono, sed estas tre radioaktiva.

Kiam okazis la tertremo la 11an de marto 2011, ĉio funkciis bonorde en mia domo, sed el mia distrikto pli kaj pli da loĝantoj fuĝis eksteren. Mia edzo laboris por la nuklea centralo de Fukuŝima, kaj kredis, ke la nuklea centralo de Fukuŝima estas la plej sekura en la mondo, do kiam ni aŭdis pri la eksplodoj de la reaktoroj, ni opiniis, ke tiu informo estas mensoga. Sed poste la urbo avertis, ke ni ne trinku akvon, kaj ni unuan fojon eksciis la seriozecon de la situacio, kaj ni fuĝis ĉe mia plej aĝa filino en la gubernio Saitama. Sed ŝia domo estas malgranda, kaj ni ne povis loĝi ĉe ŝi longe, kaj fine ni atingis la gubernion Gunma kaj nun ni loĝas en la apartamento en la urbo Tatebajaŝi.

Mia filino, kiu tiutempe estis studento, ne plu povis viziti la universitaton, do interrompis la studadon, kaj fine forlasis la universitaton, ĉar mankis al ni sufiĉa mono. Ŝi estis ordinara knabino, do ni opiniis, ke estos bone, ke ŝi studu en politeknika kampo, sed pro la nuklea akcidento ŝi perdis esperon labori en tiu kampo. Ŝi nun serĉas laboron en Gunma, sed vane, ĉar ŝi estas rigardata kiel fininto de supera mezlernejo. Krome kiam ŝi intervjuas kun la kompanianoj kaj diras al ili, ke ŝi devenas de Fukuŝima, ili demandas ŝin, kiom longe ŝi povos labori. Mi komprenas, ke ili devas demandi ŝin pri tio, sed pro tiuj demandoj ŝi fariĝas nervoza kaj eĉ nun ŝi ne povas akiri stabilan laboron. Ŝi ricevis stipendion, do ŝi devas redoni ĝin, sed kiamaniere ŝi povos, laborante malstabile kun malalta salajro?

Rifuĝinte, mi fariĝis tre malsana. Mia diabeto pliserioziĝis. Nun mi devas injekti insulinon ĉiun tagon kaj mi ne povas vidi bone per la maldekstra okulo. Mia sangopremo altiĝis. Mi suferas pro streso, mi facile larmas kaj mi ne povas dormi bone. En tiuj malfaciloj mi facile kverelas kun miaj edzo kaj filino pro bagatelaj aferoj. Se ne okazus la nuklea akcidento, mi neniam suferus pro malsano kaj neniam spertus tiajn kverelojn.

En la urbo Minami-Sooma ni ĝuis la vivon kun amika etoso, ofte renkontiĝante kun amikoj. Mi laboris en superbazaro. Mi foje montris novajn kuirmanierojn al la klientoj, kaj dankante al mi, ili donacias al mi memkuiritajn manĝaĵojn. Mi laboris ankaŭ por helpi handikapulojn kiel volontulo. Sed nun ĉio estas perdita. Mi nun estas malsana, ne havas amikojn kaj mi perdis memfidon, kaj ne havas kuraĝon alfronti al novaj aferoj. Mi loĝas en la 5a etaĝo de la apartamentaro sen lifto, do estas malfacile eĉ eksteren iri.

Mia edzo nun laboras en la urbo Iŭaki de Fukuŝima sola en apartamento. Li iras al la laborejo tre frue matene, do li ne povas aĉeti eĉ matenmanĝon. Li estas tre silenta kaj diligenta homo. Li laboras tro multe. En somero li suferis pro diarero kaj malsaniĝis pro varmego. Se mi estus kun li, mi povus helpi lin kaj li ne suferus.

Nia domo estis perdita, ni ne plu povos loĝi en tiu domo. Ĝi estis nia hejmo por ĉiuj familianoj, kaj nia koro. Ni perdis ne nur niajn posedaĵojn, sed ankaŭ nian koron. La registaro kaj TEPCO komprenu, kiom multe ni perdis. Ni volas reakiri nian eksan vivon. Se tio ne eblus, donu al ni minimume nian stabilan, trankvilan vivon.

Ĝis la katastrofo ni vivis tre optimisme, sed nun ni suferas multe finance kaj mense. Mi loĝis for de la nuklea centralo, do ni persvadis nin, ke nia sufero estas ne tre severa, kiel aliaj homoj loĝintaj najbare de la centralo, sed ni jam ne povas deteni nin de la silentado. La registaro kaj TEPCO mem decidis la normon kaj donas al ni kompensan monon laŭ ĝi, sed ni ne plu volas vivi laŭ tiu normo. Hodiaŭ mi havas okazon paroli pri nia sufero. Mi dankas al la subtenantoj.

(Fino de ŝia rakonto)

 

   Post la asizo okazis kunsido de la advokatoj, rifuĝantoj kaj subtenantoj. La advokatoj raportis, ke hodiaŭ ili prezentis atestojn de ĉiuj 137 akuzantoj al la juĝejo, sed ili ne povas publikigi tiun atestojn, ĉar tiuj enhavas personajn sekretojn. Mi proponis, ke ni havu kunsidon ĉiun monaton, en kiu la akuzantoj povu havi okazon paroli pri siaj suferoj. Rifuĝintoj el diversaj urboj de Fukuŝima loĝas dise en diversaj lokoj, do estas malfacile helpi ilin grupe. Tamen en tiuj kunsidoj ili havos okazon paroli kaj ni, subtenantoj, havos intiman rilaton al ili. Tio multe helpos nian movadon.

 

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25 décembre 2014 4 25 /12 /décembre /2014 12:27

S’adressant au ministre de l’Économie du Japon, Brian Victoria revient sur le procès intenté à Tepco par des « marines » américains, pour avoir été irradiés durant l’opération humanitaire menée au large de Fukushima après la catastrophe du 11 mars 2011.

Risqué ? Les membres de l'équipage de la marine américaine nettoient le pont d'envol pour éliminer la radioactivité du porte-avion USS Ronald Reagan le 23 mars 2011.| AP

Risqué ? Les membres de l'équipage de la marine américaine nettoient le pont d'envol pour éliminer la radioactivité du porte-avion USS Ronald Reagan le 23 mars 2011.| AP

Des entreprises nucléaires accusées de négligence dans une cour américaine à propos des retombées de Fukushima

 

 

Titre original : “Question of negligence hangs over nuclear firms in U.S. case over Fukushima fallout

Traduction : Odile Girard (Fukushima is still news)

 

 

Au ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, M.Yoichi Miyazawa,

 

Monsieur le Ministre,

 

Comme vous le savez peut-être, un juge fédéral américain a décidé récemment qu’une action collective pouvait être engagée par quelque 200 marins américains contre Tokyo Electric Power Company et d’autres défendeurs à qui ils attribuent la responsabilité de maladies provoquées par l’exposition à la radioactivité suite à la fusion des réacteurs nucléaires de Fukushima n° 1.

 

Les marins allèguent qu’en toute connaissance de cause et par négligence, Tepco a donné au public, en particulier la marine américaine, des informations fausses et trompeuses sur la véritable situation de la centrale nucléaire de Fukushima n° 1. Ils allèguent en outre que Tepco savait que les marins de l’USS Ronald Reagan seraient exposés à des taux de radiation dangereux, parce que l’opérateur était au courant que trois des réacteurs nucléaires de la centrale avaient déjà fondu (1).

 

À cet égard, l’action en justice indique que le 14 décembre 2013, Naoto Kan, Premier ministre au moment de la catastrophe, a déclaré à un groupe de journalistes en parlant de la première fusion : «  Les gens pensent que ça s’est passé le 12 mars, mais la première fusion a eu lieu en fait cinq heures après le séisme. »

 

Les marins concernés participaient à l’Opération Tomodachi, une mission d’aide humanitaire engagée pour répondre aux demandes d’assistance du gouvernement japonais. En accord avec le Traité de sécurité États-Unis-Japon, ces marins ont littéralement risqué leur vie pour venir au secours et protéger la population japonaise.

 

Les marins ont neuf motifs de réclamation de dommages et intérêts ; ils accusent notamment Tepco de négligence et de manquement au devoir d’avertir des dangers et des défauts de conception dans la construction et l’installation des réacteurs. À ce jour, les marins souffrent de maladies - leucémie, ulcères, cancer du cerveau, tumeurs au cerveau, cancer des testicules, saignements utérins anormaux, maladies de la thyroïde, problèmes d’estomac – et toutes sortes d’autres affections inhabituelles chez des adultes aussi jeunes.

 

L’une des questions principales qui doivent être décidées par ce procès est de savoir qui paiera les traitements médicaux actuels et peut-être les traitements à vie des marins. Non seulement il va falloir faire face à des maladies spécifiques, mais il faudra aussi financer à l’avenir le suivi médical des marins eux-mêmes et de leurs enfants, pour surveiller notamment les risques de mutations génétiques radio-induites. En effet, certaines des particules radioactives inhalées par les membres de l’équipage ont des demi-vies longues, allant de six à 50, voire 100 ans.

 

Il n’y a aucun doute que le gouvernement japonais dispose d’une mine d’informations sur ce qui s’est réellement passé à Fukushima n° 1 et à quel moment. Il semblerait donc juridiquement et moralement souhaitable que le gouvernement partage ces informations sur Fukushima avec la Cour fédérale du district sud de Californie.

 

Ceci pourrait se faire par exemple par l’intermédiaire d’un mémoire d’amicus curiae, c’est-à-dire soumis par une personne non-partie à une procédure judiciaire mais qui est cependant en possession d’informations pertinentes pouvant éclairer la cour. Ma première question, Monsieur le Ministre, est la suivante : êtes-vous, vous-même et le Gouvernement japonais, d’accord pour soumettre ce genre de mémoire ?

 

Un point extrêmement important est que les constructeurs des réacteurs de Fukushima n° 1, General Electric, EBASCO, Toshiba and Hitachi, sont également les défendeurs. La raison est que les réacteurs des unités 1, 2 et 6 ont été fournis par General Electric, ceux des unités 3 et 5 par Toshiba et ceux de l’unité 4 par Hitachi. C’est toutefois General Electric qui a conçu les six réacteurs et les plans architecturaux ont été réalisés par EBASCO.

 

Notons en particulier que GE savait, il a déjà plusieurs décennies, que la conception de ses réacteurs de type Mark I installés à Fukushima était défectueuse. Il y a trente-cinq ans, Dale G. Bridenbaugh et deux de ses collègues de General Electric ont donné leur démission, après avoir acquis la conviction que la conception du Mark I était si défectueuse qu’elle pouvait provoquer un accident catastrophique. Ils ont témoigné publiquement devant le Congrès américain de l’incapacité du Mark I à faire face aux niveaux de pression énormes qui résulteraient d’une perte du système de refroidissement du réacteur.

 

Leurs inquiétudes ne se sont révélées que trop exactes à Fukushima n° 1, une catastrophe qui est loin d’être terminée, vu la contamination radioactive massive et incessante de l’océan.

 

Compte tenu de tous ces éléments, Monsieur le Ministre, je me permettrai de terminer ce message avec une dernière question : pourquoi le Gouvernement japonais n’a t-il pas, comme l’ont fait les marins américains, engagé des poursuites contre les entreprises susnommées pour établir leur responsabilité légale ? En d’autres termes, pourquoi la population japonaise devrait-elle payer les actes potentiellement négligents de certaines des plus grandes entreprises mondiales ?

 

BRIAN VICTORIA

Auteur de Zen at War, ancien directeur du Programme d’Études bouddhistes au Japon de l’Université d’Antioch. Brian vit actuellement à Kyoto.

 

 

________________________

 

Note du blog de Fukushima

 

(1) Effectivement, Tepco savait que les cœurs avaient fondu. L’opérateur a attendu le mois de mai 2011 pour divulguer l’information. Il porte donc la lourde responsabilité d’avoir caché une information cruciale. Mais que penser de la responsabilité de l’armée étatsunienne ? Comment imaginer que ce porte-avion militaire ne disposait pas d’appareils de mesure de la radioactivité ? Qui a donné l’ordre d’envoyer des soldats nettoyer le pont sans masque ni combinaison "adéquate" (en réalité, il n’existe pas d’équipement adéquat face aux rayons gamma qui traversent toute chose) ? Incompétence, ignorance ou ordre en connaissance de cause ?

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