Texte de HORI Yasuo rédigé le 23 février 2015
traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN avec l’aide de Paul SIGNORET
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Sommaire
- Les accidents se multiplient
- Travaux difficiles dans les centrales nucléaires
- Craintes à cause de maladies
- Prolifération des déchets contaminés
- Poème écrit par un ouvrier de Fukushima
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Travailleurs de la Centrale Nucléaire N°1
Les accidents se multiplient
Le 19 janvier, à la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, un travailleur est tombé du bassin et il est mort, et à la centrale nucléaire n° 2, le 20 janvier, un autre travailleur est mort également, écrasé sous une machine. En 2014, jusqu'à fin novembre, 40 travailleurs ont été blessés. Ce chiffre est trois fois plus important que l'année dernière.
Maintenant, dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, travaillent chaque jour 6000 personnes. Il manque non seulement des forces de travail, mais aussi la qualité du travail. Un travailleur dit ceci : "Il manque certes des travailleurs, mais tout aussi grave est le manque de travailleurs expérimentés. Déjà sont partis la plupart des ouvriers expérimentés qui travaillaient avant l'accident, car leur norme d'exposition était dépassée. Maintenant, la politique de TEPCO est que nous finissions le travail donné le plus rapidement possible et à moindre coût. Sa politique axée sur le seul profit engendre des accidents."
Travaux difficiles dans les centrales nucléaires
Je traduis maintenant un article paru dans le journal Fukushima Minjū le 11 décembre 2014:
«Je suis sans famille, donc je peux subvenir à mes besoins, mais si j'avais de la famille, il me serait difficile de la nourrir", a déclaré un homme de 50 ans qui travaille à la centrale nucléaire n°1 depuis trois ans déjà. Auparavant, il s'occupait d'enlèvement de déchets et de construction de réservoirs pour l'eau contaminée, mais maintenant il transporte l'eau contaminée qui s'est accumulée sous les bâtiments des réacteurs. Son salaire est de 200 000 yens (1500 euros) par mois.
La radioactivité dans la centrale est encore si forte qu'il porte un vêtement de protection et un masque qui lui couvre toute la tête. Il est si lourdement couvert qu'il ne peut pas se déplacer facilement, c'est pourquoi un travail d'une heure et demie est sa limite mais, en raison de la longueur des procédures pour pénétrer dans l'usine et en sortir et à cause des préparatifs, il prend la route à 5 heures du matin, depuis son appartement à Iwaki, à 40 km de la centrale, et il rentre chez lui seulement dans la soirée. Il partage sa chambre avec quelques personnes. Il achète et mange des aliments déjà prêts dans un magasin qui lui convient pour trois repas. Il se distrait parfois en jouant au pachinko (genre de machine à sous).
Au cours du dernier mois, il a été exposé à 1,8 millisievert de radioactivité. Il est légalement permis aux travailleurs d'être exposés à un maximum de 50 millisieverts par an, cependant de nombreuses entreprises ont leur propre norme par exemple de 20 millisieverts, donc s'il travaille et se trouve exposé à ce rythme, il devra quitter son lieu de travail au bout d'un an. «Je sens que le public a commencé à se désintéresser de l'accident nucléaire, mais des travaux plus dangereux se multiplieront certainement dans les bâtiments des réacteurs. Je souhaite que l'on puisse connaître ce fait ".
(fin de la traduction)
Craintes à cause de maladies
TEPCO a enquêté chez 4587 travailleurs à la centrale nucléaire n°1 en août et septembre 2014.
2003 travailleurs (43,7%) ont peur en raison du travail à la centrale, et leur plus grande crainte était l'éventualité d'une maladie due à la radioactivité.
Le ministère a fait savoir que les travailleurs des centrales ont davantage de risques de cancers de la vessie, du poumon et du pharynx lorsqu'ils sont exposés à plus de 100 millisieverts.
Cependant il est étrange que l'Autorité de Régulation Nucléaire prévoie d'augmenter la norme maximale d'exposition des travailleurs, en passant de 100 à 250 millisieverts. Le responsable a dit: "La norme internationale est comprise entre 250 et 500 millisieverts par an, mais plus le niveau est bas mieux c'est. S'il arrive un accident de même niveau qu'à Fukushima, les travailleurs pourront s'occuper des réparations avec une exposition maximale de 250 millisieverts."
Peut-être n'est-ce applicable qu'en cas d'accident grave, mais TEPCO et d'autres compagnies profiteront de ce changement pour faire travailler plus dur les ouvriers.
Prolifération des déchets contaminés
Maintenant, on a commencé à démanteler les quatre réacteurs de la centrale nucléaire n°1. Tous les déchets, tels que morceaux de béton des réacteurs détruits et arbres abattus pour faire place aux réservoirs sont fortement radioactifs. On n'a pas le droit de les transporter à l'extérieur, de sorte que tous les déchets s'accumulent sur le site. TEPCO prévoit que jusqu'à 2027 s'amasseront 560 000 tonnes de déchets contaminés. Déjà 200 000 tonnes de déchets ont commencé à arriver, qui occupent 60% de l'espace de stockage.
Les travailleurs des centrales portent un casque, un vêtement de protection, des gants et plusieurs autres effets. On réutilise casques,masques et chaussures, mais on jette les autres articles. On les met dans de grandes caisses et on en fait des monticules à huit endroits sur le terrain. TEPCO prévoit de les brûler et d'en réduire la quantité, mais n'y parviendra pas, car le nombre de travailleurs est de plus en plus grand.
Poème écrit par un ouvrier de 53 ans employé à la centrale N°1 de Fukushima
Avec mes de gants de caoutchouc doubles
Mes doigts se meuvent difficilement.
Avec peine et patience
je tourne une vis.
Je travaille dans ce lieu
où je ne peux pas aller aux toilettes.
La couche pour personnes âgées
n'est pas agréable à mes fesses.
Les bassins d'eau polluée
se dressent comme de grands arbres.
parmi eux j'ai la sensation
de suffoquer.
Entre TEPCO et ma compagnie,
des sous-traitants bouffent mon salaire.
Puisse l'eau polluée diminuer
Autant que mon salaire
Texte original en espéranto