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“Tchernobyl n’est pas derrière nous, la catastrophe vient à peine de commencer” - Youri Bandajevsky, scientifique en exil
Kim Hjelmgaard
Le scientifique en exil Youri Bandajevsky, 59 ans, fut le premier scientifique à implanter au Belarus un institut pour étudier les effets de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl sur la santé des populations, en particulier celle des enfants (*) ; il est situé près de Gomel, à 200 km environ de la frontière ukrainienne. Il fut interpellé au Belarus en 1999 et condamné à huit ans de détention pour avoir prétendument obtenu des pots de vin de la part de familles désireuses de faire entrer leurs enfants à l’Institut médical d’Etat de Gomel. Il a toujours nié ces accusations (1).
L’Académie Nationale des Sciences ainsi que Amnesty International ont communiqué qu’on l’a arrêté pour sa remise en question de la politique sanitaire publique du Belarus relativement à la gestion des conséquences de la catastrophe nucléaire. Il a été libéré en 2005, a obtenu la citoyenneté française grâce au soutien d’organisations de droits de l’homme en Union Européenne, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. Il dirige aujourd’hui un centre médical de soins près de Kiev, qui se consacre aux examens et à la prise en charge sanitaire des victimes de Tchernobyl.
Bandajevsky n’est pas revenu au Belarus, de crainte que sa famille n’y soit victime de persécutions, voire arrêtée par les autorités.
Voilà quelques-unes de ses observations (extraits choisis, pour la clarté du propos) :
KIEV, Ukraine – « Quand on vous dit qu’on connaît aujourd’hui à peu près tout des effets de la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine et au Belarus, permettez-moi de vous dire qu’on vous mène en bateau. Comment dire... c’est aujourd’hui seulement, soit 30 ans après le début de cette catastrophe, qu’on peut commencer à mesurer ses effets. Nous avons établi notamment que le Belarus a été touché bien plus qu’on ne l'a dit. Les retombées radioactives ont été bien plus importantes qu’on ne le prétend. La radioactivité déversée sur les populations a en vérité atteint un niveau de dose démentiel. Voilà ce que mon équipe de chercheurs et moi avions pu observer dès notre arrivée à Gomel en 1990, lorsque nous avons mis sur pied l’institut médical (qui est aujourd’hui devenu une université).
On a commencé par étudier les effets des fortes doses parce que Gomel était situé à l’épicentre du plus haut niveau de contamination. Par la suite, nous avons commencé à nous intéresser à l’accumulation des éléments radioactifs dans les organes internes au corps, relativement aux faibles doses, notamment chez les enfants. On a très vite vu qu’un ensemble complexe de pathologies avaient affecté le système endocrinien (c’est lui qui produit les hormones), le système cardiovasculaire ainsi que la totalité quasiment des organes internes. De telles recherches n’avaient jusqu’alors jamais été faites au Belarus, et personne à ce jour ne fait plus de recherches similaires.
Enfants victimes de l’accident nucléaire (Photo Kim Hjelmgaard – USA Today)
A mon arrivée en Ukraine en 2009, j’ai eu beau chercher, je n’ai trouvé aucune source d’information sérieuse et objective sur l’état de santé des enfants ni des gens des régions de Ivankiv et de Polesskiy (deux régions en bordure de Tchernobyl). La question ne présentait aucun intérêt.
A ce jour, nous avons examiné environ quatre mille enfants de la seconde génération ; la plupart d’entre eux sont victimes de graves atteintes au système cardiovasculaire. C’est ce que j’avais déjà commencé à observer au moment où j’ai dû quitter le Belarus. Je suis particulièrement préoccupé par les irrégularités que j’ai pu noter chez les adolescents, surtout les garçons de la classe d’âge 12 -17.
80% environ d’entre eux présentent un taux beaucoup trop élevé en homocystéine (un acide aminé) reconnu comme un marqueur de maladie cardiaque. Nous avons observé des modifications très préoccupantes des taux hormonaux chez 45% des enfants examinés. Certains scientifiques à l’Ouest ne sont pas d’accord avec nos conclusions puisque on ne dispose pas d’un marqueur spécifique pouvant apporter la preuve qu’il s’agirait d’un effet de Tchernobyl. En fait, ces scientifiques viennent sur place pour de courtes missions et ils n’ont accès à aucune source.
Plusieurs millions d’Ukrainiens résident dans des terres contaminées par la radioactivité, ce pourquoi il est nécessaire d’examiner un très large contingent d’individus. Mais il n’existe aucun programme de la sorte aujourd’hui. Or, il est nécessaire de vivre parmi les populations pour prendre pleinement conscience de ce qui est en train de se produire ici, parce que le problème est de fait très complexe. J’ai par exemple tenté de conduire des personnalités sensibilisées jusqu’au cimetière de Ivankiv afin qu’elles mesurent du regard le nombre impressionnant de tombes – beaucoup de personnes décédées à un très jeune âge. Il est évident que les statistiques officielles ne mesurent pas cette réalité.
Pripyat en 2016 (Photo Kim Hjelmgaard – USA Today)
Je ne dispose d’aucune information objective sur l’état de santé des enfants au Belarus aujourd’hui. L’information est verrouillée. Le gouvernement répète “tout va bien”, “tout va bien”. Mais je reçois, moi, des appels téléphoniques de résidents à Gomel, qui m’informent qu’un grand nombre des enfants qu’on suivait, quand j’ai dû quitter le Belarus, sont morts aujourd’hui. Des enfants qui avaient alors 6, 12 ou 14 ans. J’ai un vif souvenir de mon intervention à la télévision du Belarus aux côtés du Président (Alexander Lukashenko). Je disais alors qu’on observait de très graves atteintes à la santé des enfants provoquées par la radioactivité, tandis que lui rétorquait “tout va bien”. Malheureusement je ne suis plus aujourd'hui en mesure de me pencher sur le problème parce que je ne peux pas me rendre sur place, ni travailler là-bas.
De mon point de vue, la catastrophe de Tchernobyl ne relève pas du passé, elle commence à peine.
Je redoute surtout que la population du Belarus et de l’Ukraine victime de Tchernobyl ne finisse par s’éteindre d’ici une à deux générations. Cette perspective me semble tragiquement probable. Or, je refuse que les paysans de ma terre ne meurent. Il est certain qu’on a besoin aujourd’hui du soutien de la communauté internationale pour faire bien comprendre cet enjeu, tout comme on a dû le faire au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.
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(1) NDT : un lien qui a l'intérêt de regrouper différentes sources et engagements à l'époque (suivant une présentation antechronologique) : http://www.dissident-media.org/infonucleaire/cata_banda_web.html
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Pour en savoir plus sur Youri Bandajevski
Exposition artistique du 23 mars au 03 avril 2016 à Grenoble, dans le cadre de : « Tchernobyl 30 ans, Fukushima 5 ans » - photo Amis de la Terre.
(*) notre commentaire :
Youri Bandajevsky, anatomo-pathologiste, s'est rapproché du laboratoire Belrad à Kiev, pour étudier notamment ses données de relevés de la contamination interne dans la population du Belarus suite à Tchernobyl.
L'Institut Belrad est le premier "laboratoire biélorusse indépendant de protection radiologique". Il fut fondé en 1990 à Kiev par le physicien nucléaire Vassili Nesterenko, avec l'aide de Andrei Sakharov, Ales Adamovitch et Anatoli Karpov.
Pour votre information :
www.belrad-institute.org
Un article de Wladimir Tchertkoff, 2007, via "monde solidaire" www.monde-solidaire.org/spip/spip.php?article4043
L'association ETB "enfants de Tchernobyl Belarus" poursuit aujourd'hui inlassablement l'action de Belrad initiée par V. Nesterenko - aujourd'hui disparu - de protection des enfants vivant toujours en territoire contaminé au Bélarus et a toujours besoin de votre soutien.
http://enfants-tchernobyl-belarus.org/doku.php?id=adhesion_don
Youri Bandajevski
Enfants de Tchernobyl, Enfants de Fukushima…
Un dossier préparé par Evelyne Genoulaz
I. Le Centre Ecologie et Santé de Kiev
Youri Bandajevsky dit en 2005 : « Tchernobyl a paralysé la volonté des gens. Le pouvoir a créé une représentation de la désolation telle qu’on puisse croire à la résolution du problème. Même aujourd’hui, Tchernobyl ne révolte pas les gens. Désormais, intimidés par le pouvoir en place, ils sont même d’accord pour mourir des maladies provoquées par la radioactivité. Et même si des appels se font entendre dans la société pour la protection des gens victimes des effets de la radioactivité, on les fait taire, pour ne pas mettre en péril les mensonges des Etats […] Le devoir du médecin et du professionnel de la santé consiste à défendre la vie et la santé de l’homme […] en étudiant l’influence des différents facteurs de l’environnement sur la population humaine, et en tirant les enseignements pour mieux la protéger et la soigner »(1)
Le projet de centre de recherche en partenariat avec la CRIIRAD au Belarus n’a pas pu voir le jour en raison de difficultés et de pressions mais, soutenu par l’Association Les Amis de Yuri Bandajevsky, Youri fonde fin 2009, au bord des zones contaminées ukrainiennes, le Centre de coordination et d’analyse Espace et Santé, un centre destiné à la radioprotection des habitants des zones contaminées qui deviendra le « Centre Ecologie et Santé de Kiev ».
Youri Bandajevsky en détaille les objectifs dans un entretien rapporté pour le 25ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl par le Syndicat d’aide aux liquidateurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl et aux victimes du nucléaire :
« L’objectif principal est la coordination des efforts pour aider les victimes de la radioactivité […]
L’ensemble des populations qui ingèrent des radionucléides avec les aliments peuvent être considérées comme victimes de la radiation […] Le Centre devrait devenir pour la communauté internationale une source d’information objective sur la situation écologique, démographique et sanitaire dans les régions contaminées. »
II. Bilan mensonger de la catastrophe de Tchernobyl : assez !
En 2010, Corinne Lepage interviewée devant le Parlement européen informe qu’une « chape de plomb » continue de s’abattre sur Tchernobyl et ses victimes, sous la pression des nucléocrates.
Youri Bandajevsky oppose au bilan 2010 de l’UNSCEAR la lettre ouverte : « Bilan mensonger de la catastrophe de Tchernobyl : assez ! » dans laquelle il réaffirme le risque des faibles doses (2) :
« …Ce sont tous les habitants des zones contaminées du Belarus, de l’Ukraine et de Russie, dont l’organisme incorpore chaque jour depuis plusieurs décennies des éléments radioactifs, qui sont victimes potentielles de Tchernobyl. Des informations objectives et des mesures appropriées pour protéger la santé des populations exposées de façon chronique à la radioactivité sont nécessaires […]
Le Centre se donne aussi pour but de fédérer les efforts des médecins, économistes, industriels, politiques etc., pour engager un ensemble de mesures visant à assurer la sécurité pour la santé des populations vivant dans les secteurs contaminés par des éléments radioactifs.
Le projet, intitulé « Modèle intégré de système de vie dans un territoire contaminé par la radioactivité», vise à coordonner les efforts de la communauté internationale dans la conception de mesures de sécurité sanitaire… Il est décrit sur : http://chernobyl-today.org/ »
III. De Tchernobyl à Fukushima
Le 11 mars 2011 commence la catastrophe nucléaire de Fukushima et recommence dès le 11 mars 2011, depuis le Japon, la pression du silence sur les conséquences sanitaires d’une catastrophe nucléaire majeure…
C’est ainsi que le Rapport 2013 de l’UNSCEAR, martèle derechef les mots d’ordre du lobby nucléocrate international ! en particulier dans son chapitre B. intitulé : les effets sur les enfants de l’exposition à la radioactivité, pp. 12-13 :
d - « les projections statistiques d’un risque à long terme sont à ce jour non significatives »
f - « le Comité recommande d’éviter les généralisations sur les risques liés aux effets d’une exposition à la radioactivité pendant l’enfance »
g - « les études menées sur les effets héréditaires potentiels, passées en revue par le Comité en 2001, permettent de conclure qu’on n’a pas pu établir scientifiquement d’effets héréditaires, etc. »
Youri Bandajevsky se rendra à Fukushima et continue plus que jamais ses recherches appliquées à la protection des populations d’Ukraine et du Bélarus !
Alors qu’à sa libération, il lui fut interdit de prendre part à quelque symposium international que ce soit jusqu’en 2011, il communiquera les conclusions de ses dernières recherches, gravement habité par son combat, lors d’un symposium sur les effets de la contamination interne, en présence de Wataru Iwata, la députée européenne Michèle Rivasi, en 2012. (3)
IV. Le SLIR ou les faibles doses
Non ! la population au Belarus ne croît pas mais décroît !
Les maladies mortelles sont multiples et diverses.
« Ainsi, en pénétrant dans l’organisme, un radio-isotope à durée de vie longue, le Césium 137, affecte nombre d’organes et de systèmes vitaux. Ce sont avant tout les cellules hautement différenciées qui sont touchées, l’atteinte étant proportionnelle au taux de radio-césium. La destruction des mécanismes énergétiques cellulaires est à la base du processus et aboutit à des destructions protéiques (…) Ces modifications pathologiques retrouvées dans l’organisme humain ou animal peuvent être réunies dans un même syndrome de l’incorporation chronique de radio-isotopes à demi-vie longue « syndrome of the long-living incorporated radio-isotopes (SLIR) ».
Le SLIR apparaît en cas d’incorporation de Cs 137, son intensité est fonction de la quantité incorporée et de la durée d’incorporation. Il a été observé sur de vastes espaces dans la région.
Il altère les systèmes cardio-vasculaires, nerveux, endocrinien, immunitaire, génital, digestif, rénal et hépatobiliaire. L’effet de la quantité de Cs-137 sur l’induction d’un SLIR peut varier selon l’âge, le sexe et l’état fonctionnel préalable de l’organisme. Les enfants ont des modifications pathologiques considérables au niveau des organes et systèmes, pour un taux d’incorporation supérieur à 50 Bq/kg. Simultanément, des perturbations métaboliques, essentiellement dans le myocarde, ont été enregistrées à une concentration de Cs-137 de 10 Bq/kg.
Conclusion :
1. Vingt-cinq ans après l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, les habitants de la République du Belarus et Ukraine, qui ont vécu dans des territoires contaminés par les éléments radioactifs et qui ont consommé ces radionucléides sur une longue période sont exposés à un risque accru de maladies cardio-vasculaires et de tumeurs malignes.
2. L’augmentation constante de ces pathologies durant les 26 années après l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl conduit à une situation proche de la catastrophe démographique où le taux de mortalité atteint le double du taux de natalité.
3. La situation actuelle requiert des décisions immédiates au niveau national et international afin d’apporter au problème survenu sa solution _ la protection de l’état de santé des personnes habitant dans les territoires contaminés par l’accident de Tchernobyl_.
V. Présentation du projet international de « modèle intégré de système de vie dans un territoire contaminé par la radioactivité ».
Le district d’Ivankov très contaminé, situé près de la centrale nucléaire de Tchernobyl, a été choisi comme territoire pilote. Les projets majeurs :
1 - Création d’une carte moderne et véridique de la contamination radioactive du territoire.
2 - Alimentation saine, mesure de la contamination radioactive de la population.
3 - Information sur les problèmes de santé (…) pour attirer l’attention internationale et l’assistance humanitaire, tout particulièrement dans le contexte actuel de désinformation. Information en direction de la population. ( 23’54)
4 - Projet de rénovation du Centre hospitalier régional d’Ivankov.
5 - Rénovation du centre de réadaptation des victimes de Tchernobyl à Kiev, développement de nouvelles méthodes de traitement et de prévention pour les maladies radio-induites.
6 - Développement de programmes de réadaptation pour les enfants ayant une affection cardiovasculaire.
7 - développement de programmes de protection sanitaire maternelle & infantile .
8 - développement et mise en œuvre de technologies pour la production d’aliments favorables à la santé.
VI. Dans le symposium qu’il a animé à Paris (6) en 2015, Tchernobyl, perspectives pour la seconde génération , Youri Bandajevsky a présenté les avancées de ce projet.
Tchernobyl, perspectives pour la seconde génération
Conférence "Tchernobyl, perspectives pour la seconde génération"
Mercredi 22 avril 18h30 à l’Espace Jean Dame, 17 rue Léopold Bellan - 75002 Paris
Animée par Youri Bandajevski, scientifique de référence, emprisonné en Biélorussie pour ses recherches sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl, et réfugié en France.
Avec : Michèle Rivasi, députée européenne, Corinne Lepage, avocate et auteure du livre L’État nucléaire.
Un nombre significatif des enfants examinés présentent des retards de croissance, 82 % d’entre eux des anomalies cardiaques et 5,6% des 3088 enfants examinés, des problèmes à la thyroïde.
En 2014 - 2015, des contrôles de routine ont révélé des dysfonctionnements de la fonction cardiaque chez la plupart des enfants des districts d’Ivankov et de Polésie dans la région de Kiev en Ukraine.
Il serait pertinent de porter une attention particulière à l’état de santé des garçons de la tranche d’âge 12-17 ans, car elle fait apparaître de nombreux cas de pression artérielle élevée, d’anomalies du rythme cardiaque (bradycardie) et de syndrome de repolarisation ventriculaire initiale.
Les pathologies diagnostiquées dès l’adolescence peuvent être à l’origine de maladies graves qui induiront des décès chez les adultes.(4)
VII. Printemps 2016 : Tchernobyl 30 ans & Fukushima 5 ans
Au cours du Symposium « Tcherno23 » à Paris, Youri Bandajevski lance un appel à l’aide internationale pour les 2,5 millions d’habitants dont sept cent mille enfants, habitant les territoires contaminés par la catastrophe de Tchernobyl, menacés de disparition. On observe, dit-il, des problèmes cardio-vasculaires, des AVC ou encore des crises cardiaques dans « la deuxième génération », en particulier chez les garçons de 12 à 17 ans, dont 90% d’entre eux présentent un taux d’homocystéine trop élevé, un effet de la contamination par la radioactivité. Or, ces anomalies auront des effets dramatiques chez les adultes. C’est à Gomel qu’a été découverte pour la première fois la cardiomyopathie chez des enfants.
Michel Fernex enchérit, il montre la pression du silence à Minsk, à travers une anecdote : suite à deux morts subites parmi des enfants, une cardiologue les examinera tous ; mais elle indique qu'elle ne pourra pas en tirer de conclusions parce qu'elle ignore si les familles sont, ou ne sont pas, des réfugiées de Tchernobyl !
Wladimir Tchertkoff rappelle le parcours de Bandajevsky, de Nesterenko et l’histoire du projet ETHOS et CORE, qui leur fait barrage. Aujourd’hui encore, le Bélarus interdit de soigner les enfants avec la pectine de pomme. Or, il est nécessaire et urgent de rétablir les centres de soin.
Wladimir Tchertkoff a donné en mars 2016 trois conférences au Japon (5). C’est devant le Sénat du Japon qu’il rappelle, je cite : le cri de Bandajevsky : “Nos enfants meurent!”, dans le film “Controverses nucléaires”…
Au Japon, l’ingénieur nucléaire Hiroaki Koide, une figure centrale du mouvement antinucléaire, considère que le Japon est majoritairement contaminé par le Césium 137, suite aux essais atmosphériques américains puis à la catastrophe nucléaire du 11 mars 2011, qu’il n’y a pas de seuil de dose sans danger et qu’il faudrait idéalement déclarer la région de Fukushima inhabitable.
Mais c’est l’inverse qui semble s’accélérer en ce moment-même à l’approche des Jeux Olympiques en 2020 au Japon, avec le durcissement de la politique du retour des personnes évacuées en territoire contaminé, la levée des ordres d’évacuation, et la campagne de propagande de la Préfecture de Fukushima pour "la reconstruction", "la renaissance" ou encore " la revitalisation de Fukushima ", relayée aussi à l'International ...
Et pourtant, trente ans après Tchernobyl, la catastrophe de Fukushima n'en est qu'à son début ...
Evelyne Genoulaz
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Notes
1) Citation de Yuri Bandajevsky, in Tchernobyl Forever : carnet de voyage en enfer de Alain-Gilles Bastide. Ed. Photomorphisme, octobre 2014.
2) Sa découverte principale, Bandajevsky la fait avec sa femme Galina, pédiatre et cardiologue, en mettant en évidence une corrélation quantifiable entre le taux de radioactivité dont un enfant est porteur et la pathologie cardiaque qu’il développe. Cette radioactivité qu’il étudie n’est pas celle, reconnue, de l’iode 131 qui provoque troubles et cancers de la thyroïde, mais celle du Césium 137. Une radioactivité que les populations ingèrent à petites doses, au quotidien, dans les produits sauvages, mais aussi dans les produits cultivés. C’est l’influence sur l’organisme vivant, de ces faibles doses de radioactivité incorporées qui est une donnée scientifique nouvelle.
Dix ans après le 26 avril 1986, les autorités veulent réintroduire des populations dans les endroits encore contaminés. La théorie des effets dangereux, à court et à long terme, de faibles doses accumulées que soutient Bandajevsky vient à l’encontre de cette politique. Il devient gênant…
http://tchernobyl.verites.free.fr
3) Wataru Iwata, musicien de profession avant la date de 3.11 qui a bouleversé sa vie, est le co-fondateur avec l’appui de l’association française la CRIIRAD, du premier CRMS (Citizen's Radioactivity Monitoring Station ou Centre de Mesure de Radioactivité Citoyen) au Japon, sitôt après la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi. Depuis, des labos de mesures citoyennes se sont multipliés dans la préfecture de Fukushima. Présentation : conférence de presse du 11/08/2011, vidéo youtube https://www.youtube.com/watch?v=QXQ33ffA930.
4) Le site « Tchernobyl Solidarité internationale » chernobyl-today.org
présente l’étude de Yuri Bandajevski conduite jusqu’en 2014 - 2015 et publiée en 2015 :
« ASSESSMENT OF THE CARDIOVASCULAR SYSTEM IN CHILDREN FROM POLESIE AND IVANKOV DISTRICTS ».
5) Textes des conférences de W. Tchertkoff au Japon en mars 2016 sur le site de l’Association Enfants de Tchernobyl Belarus. http://enfants-tchernobyl-belarus.org/doku.php?id=actualites
6) Youri Bandajewski est citoyen d'honneur de la Ville de Paris depuis 2003. Voici son allocution donnée à l'occasion de la célébration, à la Mairie de Paris, des 20 ans de la Citoyenneté d'Honneur, le 10/12/2021.
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Dernière mise à jour : 29/10/23