31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 19:32

En 2003, un envoyé spécial d’El Mundo, David Jimenez, constatait que les SDF étaient recrutés pour nettoyer les centrales nucléaires au Japon. Dix ans plus tard, la technique est la même pour les sales boulots de la centrale de Fukushima.

En savoir plus :

 

L’article de France 24

Des SDF japonais embauchés pour nettoyer Fukushima

 

L’article de David Jimenez (El Mundo)

Les mendiants, esclaves du nucléaire au Japon (lien ci-dessous)

 

 

Article connexe

Les disparus de Fukushima

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 02:03
Analyse des rejets de radionucléides dans l’atmosphère

Dans la revue Chocs Avancées 2012 du CEA, qui présente les « avancées scientifiques et techniques de la Direction des applications militaires », un article a été consacré à Fukushima dans la rubrique Environnement : « Accident de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi : analyse des rejets de radionucléides dans l’atmosphère ». Vous trouverez un extrait de cet article en bas de page. Il est un des rares articles scientifiques publiés par le CEA qui soit spécifique à Fukushima et à ce titre il mérite quelques commentaires.

L’article mentionne d’abord une mesure sur un échantillon d’air prélevé du 13 au 14 mars 2011 sur une durée de 24 heures à compter de 6h55 TU. Le bâtiment réacteur n°1 avait explosé la veille (6h36 TU le 12 mars), donc l’échantillon est cohérent avec le premier événement ; en revanche, il est peu probable que le panache noir de l’explosion du réacteur 3, qui s’est produite le 14 mars à 11h01 (2h01 TU), ait pu se déplacer jusqu’à la station de prélèvement de Takasaki, située à plus de 200 km au sud-ouest de Fukushima, surtout avec des vents contraires. Les mesures ne sont donc pas représentatives de la catastrophe atmosphérique dans son ensemble.

 

Le CEA étudie ensuite un prélèvement qui a été effectué du 22 au 23 mars 2011, et conclut à l’invalidité du « dénoyautage (sic) de la piscine de stockage de l’unité 4 ». On suppose que les auteurs veulent dire qu’il est impossible que la piscine se soit vidée (1). En tout cas, on peut se poser la question : comment peut-on invalider un feu de piscine qui aurait été éteint le 16 mars en analysant l’air une semaine plus tard  à 200 km de là ?

 

Dans le dernier paragraphe, les auteurs suggèrent que « les principales émissions atmosphériques ont eu lieu le 14 mars 2011 (explosion du réacteur n° 2) ». Encore une fois, l’explosion du n°3, qui a pourtant aussi eu lieu le 14 mars, est ignorée, comme si on voulait la gommer de l’histoire. Celle du n°4 également, qui a eu lieu le 15 mars. On aimerait pourtant que des gens sérieux du CEA se penchent sur ces incendies et explosions qui, presque 3 ans après les faits, restent des énigmes (2). Cet article semble donc faire l’impasse sur deux pollutions atmosphériques majeures. Pour réaliser une étude sérieuse sur ces évènements, il faudrait en fait prendre les données des jours concernés et utiliser des prélèvements plus rapprochés de la source. La marine américaine, qui était sous le vent, a forcément réalisé des prélèvements beaucoup plus probants (3).

 

Enfin, les auteurs affirment que les données issues des stations de surveillance de la radioactivité de l’atmosphère sont « particulièrement précieuses pour renseigner sur les chronologies de rejets et évaluer les niveaux de remise à l’atmosphère de la radioactivité ». Tellement précieuses qu’ils ne sont pas autorisés à les diffuser intégralement. La catastrophe de Fukushima, que l’on dit civile, est sous le sceau du secret d’état. Bientôt 3 ans après les évènements, on ne sait toujours rien de cette chronologie fine que nous cache le CEA. Les données recueillies dans l’atmosphère existent, il suffirait de les publier. Mais non, on emploie 6 auteurs pour écrire 4 paragraphes sur des miettes d’informations et tirer des conclusions hâtives, voir tendancieuses.

 

Alors pourquoi éditer cet article dans le blog de Fukushima ? Pour montrer que les gouvernements ne sont pas honnêtes avec leurs populations (3). La carte A montre que l’atmosphère est surveillé en secret de manière très performante. Celle-ci montre la pollution du monde au xénon-133, correspondant à l’exact emplacement des industries nucléaires. La légende parle d’un « bruit de fond ». On nous explique souvent que le bruit de fond radioactif est naturel. Or quand on le compare avec la carte mondiale des réacteurs nucléaires, on se rend compte que ce bruit de fond du xénon-133 est totalement artificiel, comme le montre l’illustration d’entête.

 

 (1) A propos du vocabulaire employé, on notera les précautions de langage des auteurs qui, au lieu de parler de corium, emploient les termes de « cœur de réacteur très dégradé » ou d’ « état de fusion avancée des cœurs ».

 

(2) A ce jour, toujours aucune vidéo diffusée de l’explosion du n°4, et aucune analyse du panache de l’explosion du n°3.

 

(3) Ce ne sont pas les 51 marins américains qui portent plainte contre Tepco qui démentiront. Sinon pourquoi souffriraient-ils tous de maladies étranges comme des leucémies, des cancers de la thyroïde ou des testicules, des tumeurs cérébrales, des saignements rectaux ou gynécologiques ?

 

(4) Le libre accès aux données de l’Otice est réclamé depuis des années par la Criirad. Vous pouvez aider cette association indépendante à obtenir gain de cause en participant à leur action.

 

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Accident de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi : analyse des rejets de radionucléides dans l’atmosphère 

 

G. Le Petit - P. Achim - G. Douysset - P. Gross - M. Monfort - C. Moulin / CEA−DAM Île-de-France

 

Source

 

Le 11 mars 2011, la côte Est du Japon est frappée par un séisme de magnitude exceptionnelle qui conduit à un tsunami majeur, puis à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi.

Quatre réacteurs sur six subissent des dommages irrémédiables entre le 12 et 15 mars 2011, principalement engendrés par des explosions d’hydrogène (unités 1, 2 et 3) et d’un feu affectant la piscine de refroidissement des éléments combustibles de l’unité 4. Dans les jours qui suivent, les stations aérosols et gaz rares du réseau de surveillance de l’Otice (Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires) mettent en évidence la présence de produits de fission dans l’atmosphère. Les données issues de ces stations, reçues au CND (Centre national de données) situé à Bruyères-le-Châtel, sont particulièrement précieuses pour renseigner sur les chronologies de rejets et évaluer les niveaux de remise à l’atmosphère de la radioactivité. Plus spécifiquement, les stations de surveillance aérosols et gaz rares localisées à Takasaki, à environ 100 km au Nord-Ouest de Tokyo (Japon), permettent de fournir un diagnostic sur l’état des réacteurs.

Analyse des rejets de radionucléides dans l’atmosphère

Les stations de surveillance Otice de Takasaki sont parmi les premières stations touchées par un rejet radioactif de Fukushima. La figure 1 montre les produits de fission volatils (131I, 132I, 133I, 134Cs, 137Cs, 129mTe, 131mTe et 132Te) mesurés à partir d’un prélèvement d’air de 23 000 m3 acquis sur 24 heures du 13 mars au 14 mars 2011 à Takasaki.

Les niveaux d’activité volumique mesurés sont de l’ordre de 3 500 Bq/ m3 pour 131I et de 400 Bq/m3 pour le 137Cs. Dans les jours qui suivent, les mesures des prélèvements aérosols réalisés à Takasaki mettent en évidence la présence d’un panel de radionucléides élargi. L’un de ces prélèvements, acquis du 22 mars au 23 mars 2011 par la station aérosol de Takasaki, est expertisé par les laboratoires du Département analyse surveillance de l’environnement (DASE) du CEA/DAM. L’analyse met en évidence, outre les produits de fission (110mAg, 140Ba, 136Cs, 137Cs, 131I, 132I, 140La, 99Mo, 95Nb, 86Rb, 125Sb, 127mTe, 129Te, 129mTe, 132Te) et d’activation (134Cs, 113Sn) volatils ou semi-volatils, la présence dans l’atmosphère d’éléments peu volatils, 95Nb et 103Ru, sous forme de traces (activités volumiques, respectivement de 3,0.10-4 et 5,0.10-5 Bq/m3).

 

En s’appuyant sur les travaux issus des programmes de simulation d’accidents graves de réacteurs (VERCORS, PHEBUS) conduits par le CEA (Direction de l’énergie nucléaire) et par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), les concentrations en produits de fission mesurées par spectrométrie d’émission gamma par le DASE, permettent de conclure à un état de fusion avancée des cœurs des réacteurs comme origine des rejets de produits de fission à l’atmosphère [1,2], et d’invalider le dénoyautage de la piscine de stockage de l’unité 4 (548 assemblages de haute activité étaient en cours de refroidissement durant les trois mois précédant l’accident). En effet, le rapport 131I /137Cs, mesuré dans les prélèvements atmosphériques, se révèle consistant avec celui correspondant à l’inventaire des cœurs des réacteurs de Fukushima au moment de leurs arrêts. Par ailleurs, la mise en évidence d’une faible signature 113Sn (4,7.10-5 Bq/m3) dans l’air, produit d’activation formé par la réaction 112Sn(n,γ)113Sn au sein des gaines de combustible (constitué d’un alliage en Zircalloy composé principalement de zirconium associé à 1,5 % d’étain), implique une température minimale de 1 800°C correspondant à la fusion des gaines. La non-détection du 95Zr, usuellement en filiation radioactive avec le 95Nb, dans les prélèvements liés à l’accident de Fukushima, est conforme aux résultats obtenus par les expériences CEA/IRSN qui ont montré que cet élément réfractaire était très peu relâché, même dans le cas d’un cœur de réacteur très dégradé.

Analyse des rejets de radionucléides dans l’atmosphère
Analyse des rejets de radionucléides dans l’atmosphère

 

Lire la suite de l'article :

Cliquer ici

 

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Illustration d’entête : cartes mondiales superposées de la pollution au xénon radioactif et des implantations de l’industrie nucléaire.

 

Illustration ci-dessous : figure 1 recomposée

Analyse des rejets de radionucléides dans l’atmosphère

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 00:58
Avaaz et le nucléaire

Il y a un an et demi, début juillet 2012, face à la menace que représentait le bâtiment réacteur n°4 de Fukushima Daiichi, je lançais la pétition « Appel urgent pour éviter une nouvelle catastrophe nucléaire mondiale ». J’avais choisi le nouveau site de pétition en ligne d’Avaaz car il était pratique. Mais je ne m’étais pas inquiété de savoir exactement ce qu’était Avaaz, pensant que c’était une organisation citoyenne comme une autre. Rapidement, de nombreux lecteurs m’ont contacté pour me prévenir qu’Avaaz était une ONG dont il fallait se méfier. Ayant déjà récolté plusieurs milliers de signatures, je décidai toutefois de la laisser en ligne, d’abord par respect pour les signataires mais aussi parce qu’elle avait le mérite de jouer un rôle de média et de diffuser une information qui était peu diffusée par ailleurs.

Je remercie vivement les 25 586 signataires qui ont choisi de soutenir cette initiative !

 

Mais aujourd’hui, je décide de la retirer (1) pour plusieurs raisons :

- elle n’a recueilli que 25 000 signatures en 18 mois, ce qui est ridicule face à l’enjeu mondial exposé ;

- elle n’a aucune valeur, car la liste fournie par Avaaz ne donne aucune autre information que le nom, ou pseudo, donné à la signature en ligne, ce qui ne permet aucune vérification ;

- ce qu’elle demandait n’a pas eu lieu : Tepco est resté « maître » de la centrale de Fukushima Daiichi, et aucune équipe d’experts internationaux ne s’est constituée pour gérer la crise ;

- enfin, le transfert du combustible de la piscine de désactivation est en cours depuis novembre. L’appel urgent n’a donc plus aucune raison d’exister.

 

 

Mon expérience d’une pétition en ligne Avaaz

 

Malgré l’échec – prévisible – de cette pétition, grâce à elle, j’ai pu toucher beaucoup plus de monde qu’un simple article de blog. Pour 25 000 signatures, il y a eu 100 000 visiteurs. Seulement un visiteur sur quatre a signé. Pourquoi tant d’hésitations ? Beaucoup ont estimé que l’ONU n’était pas le bon interlocuteur et me l’ont fait savoir, certains n’ont pas voulu signer une pétition Avaaz, enfin d’autres ont sans doute estimé qu’il n’y avait pas de danger avec cette piscine 4, ou alors ont trouvé que le texte était trop long à lire et sont passés à autre chose.

 

J’ai fait traduire la pétition et l’ai diffusée par d’autres articles du blog en anglais et en japonais, c’était le plus utile. Il y a eu aussi des traductions en espagnol et en polonais. De ce fait, elle a circulé à travers le monde : les signatures sont venues de l’Europe entière, mais aussi du Chili, de l’Argentine, des Etats-Unis, du Japon, du Cambodge, du Mozambique, du Népal, du Brésil, du Canada, du Sénégal, d’Israël, des Emirats, de la Tunisie, de l’Ouganda, de Singapour, etc. Ca c’est la magie d’Avaaz. Mais ces traductions ne l’ont pas fait décoller pour autant.

 

Aujourd’hui, je ne recommanderais à personne d’utiliser Avaaz pour créer une pétition. Avaaz est une grosse entreprise avec un chiffre d’affaire dépassant les 10 millions de dollars annuels. Avec ces moyens financiers gigantesques, ils n’arrivent même pas à répondre à un simple mail. En 2012, désirant faire traduire ma pétition dans d’autres langues, je me suis adressé plusieurs fois à Avaaz pour demander quelle était la procédure. Aucune réponse sinon un mail très court du type « Nous sommes surbookés. ».

 

Quand on écrit à Avaaz, on ne sait pas à qui on écrit. On utilise une adresse de contact impersonnelle. Quand on reçoit une réponse, on n’a jamais la réponse de quelqu’un de tangible, c’est juste un prénom qui répond, ou alors « l’équipe ». Du coup, on ne sait pas si la réponse a été générée par un robot ou un humain.

 

En octobre 2012, ma pétition a été attaquée par un robot spammeur situé en Afghanistan. Des signatures toutes plus bizarres les unes que les autres (du genre « online pokie game »), arrivaient en masse. Plus tard, en décembre 2012, le site de pétition a eu quelques problèmes et diffusait n’importe quoi. L’écran, qui n’affichait plus le titre de la pétition, indiquait qu’elle avait été créée le 31 décembre 1969 et qu’elle était adressée à Jean Charest !

 

 

 

Problème d'affichage de ma pétition : ça ne ressemble plus à rien !

Problème d'affichage de ma pétition : ça ne ressemble plus à rien !

 

Mais la pire chose qui me soit arrivée avec cette pétition est que j’ai constaté, fin 2012 et début 2013, que le nombre de signataires reculait d’un jour à l’autre. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à noter les chiffres du compteur quand je la consultais. Et un jour, j’ai eu la désagréable surprise de le voir reculer de plusieurs centaines en quelques jours : le 13 juin 2013, j’ai comparé le mail récapitulatif d’Avaaz avec le compteur, et il manquait 500 signatures !

 

Avaaz et le nucléaire

 

J’ai signalé ce problème à Avaaz, et là « Aloys » m’a répondu ce message :

 

Avaaz et le nucléaire

Sur le coup, je me suis dit : « Super, ils me répondent enfin un vrai mail personnalisé ». Mais en fait non, ce n’était qu’un formulaire puisqu’un lecteur a reçu un texte identique, à quelques mots près.

 

Si on regarde la raison qu’ils donnent pour supprimer des signatures, ça voudrait dire que l’adresse mail est primordiale pour authentifier la personne. La réponse d’Avaaz semble au premier abord tout à fait justifiée : leur gestionnaire de base de données fait régulièrement du nettoyage dans les mails pour faire le tri des “vrais” signataires et des spammeurs. Or à mon sens, ce n’est pas justifié pour le pétitionnaire, car quand on récupère la liste des signataires, Avaaz ne fournit pas les adresses mail. Comme ce n’est pas Avaaz qui prend en charge la remise de la pétition quand il s’agit d’une pétition lancée par un individu, leur démarche n’a aucun sens ! Si je signe une pétition Avaaz tel jour, et que le lendemain, pour une raison ou pour une autre mon adresse mail devient invalide, ma signature devient également invalide alors qu’elle était sincère. Ce système de signature électronique est donc incohérent et inutile, sauf pour Avaaz qui récolte des adresses mails qui serviront à diffuser d’autres campagnes et demandes de dons.

 

Il y a quelques jours, j’ai fait le point grâce aux mails statistiques envoyés chaque semaine par Avaaz. En fait, sur 18 mois, les chiffres annoncés sont plus ou moins justes, avec quelquefois des écarts énormes en plus ou en moins. Pour illustrer cette bizarrerie,  un mois après la création de la pétition, Avaaz la créditait de 400 signatures supplémentaires alors qu’elle en recevait 862. J’ai donc constaté qu’Avaaz crédite ou débite des signatures de manière aléatoire. Quand on fait le compte sur l’ensemble de la période, il manque plus d’un millier de signatures. Le système n’est donc pas fiable et semble obéir à d’autres motifs que de simples calculs additifs.

 

 

Avaaz et le nucléaire

 

Avec tous ces problèmes cumulés (et je ne vous ai pas parlé de tout !), alors qu’Avaaz se targue d’être hyper sécurisé et tout et tout, je me suis posé la question de la fiabilité et de l’honnêteté de cette organisation. D’autant plus que parallèlement, des lecteurs me donnaient de la lecture, critiquant très sévèrement l’intégrité du fondateur et l’opacité du système. J’en profite pour partager ce lien pour ceux qui voudraient se pencher sur le sujet :

Avaaz, cyber-actions et cybermanifs (Luc-Laurent Salvador, janvier 2012)

 

On apprend aussi par Wikipédia qu’historiquement, entre autres actions diverses et variées, Avaaz a comme fil directeur depuis sa création en 2007 le combat contre le réchauffement climatique. Si l’on regarde les pétitions mises en ligne, le sujet du nucléaire n’apparaît que très peu souvent, ou alors juste pour favoriser le désarmement nucléaire des grandes puissances. Le nucléaire civil est quasiment délaissé, sauf à propos de Fukushima, où l’on trouve quelques pétitions. Mais quelles pétitions ? Avaaz diffuse des pétitions en anglais, comme celle-ci (Hand in hand for Fukushima), mais elle n’a ni compteur de signatures, ni date ! Et quand on clique sur l’onglet « français » ou « japonais », la pétition n’est pas traduite et on tombe sur une autre page de promotion d’autres pétitions ! Pour celle-là (Stop the Next Nuclear Disaster!) c’est pareil, pas de compteur, pas de traduction. On a l’impression que tout est fait pour torpiller la cause défendue.

 

Alors voilà, je pose la question : Avaaz roule pour quelle cause ? Le combat antinucléaire civil est bizarrement très discret depuis la création de l’organisation. En revanche le combat récurent contre le réchauffement climatique pourrait correspondre à une posture pronucléaire car, du coup, la lutte d’Avaaz porte sur la réduction de l’utilisation du charbon et du pétrole, grands producteurs de CO2, mais jamais sur l’abandon de l’énergie nucléaire.

 

Le fondateur d’Avaaz, Ricken Patel, qui communique depuis six mois avec « l'email le plus important qu’il nous a jamais écrit », ne dit pas autre chose : « Nous pourrions tout simplement commencer par remplacer le pétrole et le charbon par d'autres sources d'énergie pour alimenter nos économies ». Le problème est qu’il ne se prononce pas pour les énergies renouvelables et qu’il ne condamne pas l’énergie nucléaire. On retrouve là le discours souterrain des sites « écolos » mais pronucléaires qui foisonnent sur la Toile et qui, sous couvert de développement durable, veulent nous faire accepter l’énergie nucléaire comme une énergie d’avenir. Là, c’est sous couvert de la catastrophe prochaine due au réchauffement climatique.

 

Avaaz et le nucléaire

Pour appuyer son discours, Avaaz met en avant dans ses pages d’accueil des citations de personnalités comme Al Gore ou Gordon Brown qui soutiennent l'ONG. Mais jamais ces célébrités n’écartent le nucléaire. Au contraire, Al Gore, ce militant mondial contre le réchauffement climatique, prévoyait en 2008 de conserver 20 % de nucléaire pour les Etats-Unis. Quant à Gordon Brown, alors Premier ministre du Royaume Uni, il a bel et bien relancé le nucléaire dans son pays.

La citation du pronucléaire Gordon Brown

Ricken Patel écrit dans sa dernière lettre que « C'est le moment d'offrir à nos enfants un monde dont la beauté correspond à nos rêves ». Ca me rappelle la belle phrase du Premier ministre Abe devant le comité olympique à Buenos Aires le 7 septembre 2013  : « Aujourd’hui, sous le ciel bleu de Fukushima, des enfants jouent au ballon et regardent vers l’avenir. »

Est-ce que l’on parle des mêmes enfants M. Patel ?

 

Moi je dis : M. Ricken Patel, je vous croirai quand vous ferez une campagne mondiale digne de ce nom contre l’énergie nucléaire civile. Ne pas combattre l’énergie nucléaire, c’est se prononcer tacitement en sa faveur. Tchernobyl et Fukushima ont démontré toute l’horreur de la pollution radioactive, elle met en péril l’intégrité du génome humain et les enfants sont les premiers à en souffrir. Alors arrêtez de faire du catastrophisme climatique pronucléaire comme savent si bien le faire « Les écologistes pour le nucléaire » ou les militants de « Sauvons le climat », et battez-vous véritablement pour un avenir meilleur, sans énergie nucléaire. Et surtout, dites-le clairement, sans aucune ambiguïté !

 

Pierre Fetet

 

(1) Impossible de la retirer pour l’instant : Avaaz ne propose même plus le bouton pour la stopper. Encore un bug, je ne les compte plus !

[ Mise à jour du 5/01/14 : Finalement, il y a quelques jours, j'avais trouvé le bouton en utilisant un autre navigateur ; j'ai cliqué sur l'option "Clore la pétition", mais elle est restée en ligne. Aujourd'hui, 5 janvier, j'essaie à nouveau, ça a marché ! ]

 

 

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Pour information, le dernier message de Ricken Patel en date du 23 décembre 2013

 

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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 00:01
La répression du « secret » dans l’après-Fukushima au Japon

La loi du secret, adoptée dernièrement par le Parlement japonais, donne au gouvernement carte blanche pour désigner des secrets d’Etat et restreindre l’information sur tout sujet à sa convenance. Les blogueurs et les journalistes indépendants diffusant des informations sur Fukushima vont-ils subir des pressions dans un avenir proche ?

Saul Takahashi, avocat japonais spécialisé dans les droits de l’homme, expose dans cet article ses inquiétudes face à la montée en puissance de pratiques qui rappellent des années sombres.

source image : Semmick Photo / Shutterstock.com

 

 

La répression du « secret » dans l’après-Fukushima au Japon

 

Saul Takahashi

 

Le 10 décembre 2013

Titre original : « Japan's post-Fukushima 'secrecy' clampdown »

Source : The Ecologist

Traduction : Javale Gola

Source : Groupe Facebook Fukushima Information

 

La possibilité de désigner toutes sortes d’informations « au secret » est quasi infinie.

 

La nouvelle loi japonaise du secret est un nouveau signe de la montée du militarisme dans le pays, car elle élargit le pouvoir du gouvernement en lui donnant la capacité de qualifier des secrets d’Etat, tandis que la belligérance est en progression dans la région. Faut-il encore et toujours le répéter, le peuple du Japon est bien obligé de constater une fois de plus combien le gouvernement peut être dissimulateur et arbitraire suite à la catastrophe de Fukushima. En raison des lenteurs du gouvernement et de sa répugnance à divulguer les informations, les gens sont restés exposés à de fortes doses de radioactivité durant plus d’un mois après la fusion, avec des conséquences sur la santé potentiellement graves.  Il est clair à présent que l’aile du gouvernement la plus à droite qu’on ait vue depuis des décennies, a fait passer en force au Parlement un projet de loi pour classifier « des secrets spéciaux », qui donne essentiellement carte blanche à l’exécutif pour censurer les informations à très grande échelle, ce qu’on n’avait plus revu depuis l’époque militariste qui avait conduit à la Seconde Guerre mondiale et qui s’était prolongée tout au long de cette période.

 

Cette loi, connue sous l’appellation de Loi des Secrets Désignés, est passée en force à la Chambre basse suffisamment puissante le 26 novembre, puis elle a été votée à la Chambre haute le 6 décembre dans la même précipitation. Elle donne à l’exécutif le pouvoir sans restriction de désigner une large gamme d’informations comme des secrets de la Nation. Il n’y a pas de contre-pouvoir efficace d’aucun organisme indépendant, ni vraiment le moyen de s’assurer que l’exécutif n’exerce aucun abus de pouvoir. C’est une indication des plus sommaires sur les renseignements désignés secrets, qui sera divulguée au public. Ce projet de loi violerait le droit du droit des populations d’avoir accès à l’information, punirait sévèrement les lanceurs d’alerte, porterait atteinte à la liberté de la presse et aurait des effets dissuasifs à l’égard des organisations de la société civile et des actions des citoyens engagés.

 

Le gouvernement a répété de façon litanique : la loi est nécessaire, parce que le Japon est « un paradis pour les espions » en raison de l’absence d’une infrastructure légale pour l’espionnage et les secrets d’état. On voudrait faire croire à la population que le gouvernement n’a pas le pouvoir de préserver la confidentialité des renseignements et que Tokyo serait rempli d’agents de l’étranger qui s’empareraient en toute licence de secrets sensibles. Rien n’est moins vrai – le gouvernement désigne déjà une vaste gamme d’informations comme confidentielles – 410 000 pièces d’informations ont été désignées comme telles depuis qu’une politique gouvernementale de balayage a été mise en œuvre à cet effet en 2009. En outre, en réponse à une question posée au Parlement, le Premier Ministre Abe a reconnu que le gouvernement a été informé de 5 cas de « fuites d’informations importantes de la part de fonctionnaires » au cours des 15 dernières années. 5 cas en 15 ans peuvent difficilement constituer « un paradis ».

 

La vérité, et le gouvernement lui-même l’a reconnu, c’est que cette loi est intrinsèquement liée à une autre loi adoptée par le Parlement en novembre, établissant un Conseil National de la Sécurité qui ressemble beaucoup à l’organisme américain du même nom. En fait, la loi des secrets stipule précisément le partage de secrets désignés avec des gouvernements étrangers, apparemment plus dignes de confiance que le peuple-même du Japon.

 

 

Une infraction constitutionnelle.

 

Quatre catégories d’informations répertoriées dans le projet de loi pourraient potentiellement être concernées par le secret : la défense, la diplomatie, « les activités désignées comme dangereuses » et la prévention du terrorisme, mais elles sont dénommées par une formulation extrêmement large. C’est ainsi que toute information liée à la défense pourrait qualifier aussi bien « toute information importante relative à la sécurité » dans le domaine des relations internationales, que toute information relative à la lutte officielle contre le terrorisme, ou encore toute information relative « aux activités potentiellement nuisibles à la sécurité nationale ». La possibilité de verser des informations spécifiques au « secret » est en définitive sans limitation aucune. Bien que l’amendement au projet stipule une durée de principe de 60 ans (ce qui est en soi déjà extrêmement long) il y a par ailleurs des catégories d’informations qu’on peut désigner au secret sans durée limite – ce qui revient au même.

 

Le rôle du Parlement est extrêmement limité,  à tel point qu’il sera probablement vide de sens.

 

Le projet stipule que dans l’application de la loi, le gouvernement devrait « entièrement tenir compte » des rapports de presse « qui ont pour but de garantir le droit des gens à l’information ».  Ces dispositions sont à tout le moins « vagues » et semblent laisser au gouvernement une marge de manœuvre pour apprécier quel rapport « a pour but de garantir » ce droit. Mais les sanctions pour la révélation de secrets sont sévères – jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour les fonctionnaires ou les sous-traitants livrant des secrets. Les personnes obtenant illégalement communication de secrets sont également sujettes à des peines de plus de dix ans d’emprisonnement, et celles qui « inciteraient » à leur révélation sont passibles de peines allant jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. On serait aussi passible d’emprisonnement pour avoir révélé des secrets par négligence, de même qu’en cas d’«incitation » ou de conspiration dans l’intention d’en révéler.

 

Il est important de souligner que la liberté d’information est non seulement un élément capital de la liberté d’expression, mais aussi un droit de l’homme fondamental inscrit dans la Constitution japonaise. L’Article 21  stipule que « la liberté[…] de parole, celle de la presse ainsi que toutes les autres formes d’expression sont garanties », et cet article, en conformité avec les développements du droit international, a été interprété par les tribunaux japonais de façon à inclure le droit d’accès à l’information. Ce même article rappelle également que le gouvernement est tenu de « s’abstenir de violer les droits fondamentaux de l’homme au-delà du raisonnable» dans l’application de la loi, ce qui, dans le nouveau contexte, pose la question de savoir ce que recouvre « au-delà du raisonnable ». Pire encore, l’Article 21 établit que les comptes-rendus des medias ne doivent pas faire l’objet de sanctions « dans la mesure où leurs communications auraient pour seule fin l’intérêt public et ne s’appuieraient pas sur des méthodes illégales ou à l’évidence déloyales ». Or, il n’existe aucune définition de « l’intérêt public » dans ce contexte, pas la moindre indication de la façon dont le gouvernement pourrait en attester. Le gouvernement a de même stipulé que les quelques blogueurs ou autres activistes des réseaux sociaux ne tombent pas sous la définition des « media » entendue dans cet article, en indiquant de ce fait que les susdits pathétiques garde-fous ne devront pas leur être appliqués.

 

Comme on l’imagine sans peine, ce projet de loi a déclenché un intense tollé dans la sphère publique avec l’expression de protestations quasi-quotidiennes et a essuyé la critique des Organisations de défense des droits de l’homme, au nombre desquelles l’Association du Barreau Japonais, de la part aussi d’éminents députés honoraires du Parti Conservateur, des Sociétés Savantes, des Sociétés de la Presse ainsi que des Conseils préfectoraux et des Conseils municipaux. Fait tout à fait inhabituel pour un pays qui d’ordinaire échappe à l’analyse internationale, le projet fut également l’objet de vives critiques de la part des défenseurs des droits de l’homme aux Nations-Unies. Au Conseil des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme, le Rapporteur Spécial  sur la Liberté d’Expression et le Rapporteur Spécial sur le Droit à la Santé ont publié une déclaration conjointe critiquant les dispositions trop larges du projet de loi et le manque de protection des informateurs. Le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme a partagé cette préoccupation.

 

Les réponses du gouvernement à ces problèmes ont brillé par leur caractère évasif, flou, et la mentalité condescendante du « taisez-vous et faites-nous confiance » _ en vérité, le fait que le gouvernement n’ait ouvert le projet de loi que deux semaines aux commentaires publics, au lieu d’un mois plein comme c’est l’usage, témoigne du mépris dans lequel il tient les points de vue en désaccord avec les siens. Une ONG a déposé la requête des minutes des comptes-rendus des réunions du groupe d’experts gouvernementaux qui avaient débattu des dispositions du projet _ lesquelles minutes remontent à l’année 2008. En insulte à la notion de responsabilité gouvernementale, les documents remis à l’ONG étaient presque complètement expurgés, c’est-à-dire censurés.

 

 

Un nouvel effet paralysant.

 

Pour faire une réponse éloquente à la question des suites qui seraient données à « un reportage à l’évidence déraisonnable», la Ministre Masako Mori, la membre du Cabinet missionnée par le Premier Ministre Abe pour porter le projet au Parlement, sans autre raison qu’une femme face aux caméras permet de donner du projet une image lénifiante, a cité pour illustration la tristement célèbre affaire Nishiyama en 1972.

 

Takichi Nishiyama, un ancien journaliste du grand journal japonais Mainichi Shimbun, fut arrêté pour avoir obtenu des informations de la part d’un secrétaire au Ministère des Affaires Etrangères Japonais (avec qui, l’apprit-on par la suite, il avait eu une liaison) à propos d’un accord secret entre les Etats-Unis et le Japon, relatif au retour d’Okinawa sous la souveraineté japonaise. Bien que l’accord publié par les deux gouvernements eût stipulé que certaines dépenses pour un  montant total de 4 millions de dollars US seraient payées par les Etats-Unis, ce fut un pur mensonge,  un accord secret précisa de fait que les coûts seraient payés par les Japonais. Pour les efforts qu’il a déployés à exposer au gouvernement la déception de son peuple, Nishiyama fut déclaré en 1978 coupable d’incitation à la révélation de renseignements confidentiels de la part d’un fonctionnaire. 30 ans plus tard, des documents déclassifiés du gouvernement américain confirmèrent les allégations de Nishiyama – or, son nom est dorénavant cité par le gouvernement comme un bon exemple de « mauvais » journalisme.

 

Fait révélateur, Mori a déclaré que les questions faisant l’objet d’un vif débat public, tel l’accord économique pour le Partenariat Transpacifique (TPP) actuellement en cours de négociation à huis clos entre les Etats-Unis et d’autres pays, pourraient être désignées au secret. Et les garanties présentées par le gouvernement n’ont pas suffi à apaiser les inquiétudes, du fait qu’avec dans le projet de loi des dispositions aussi larges, des informations importantes concernant la sécurité nucléaire pourraient aussi bien être désignées au secret.

 

Le plus important sans doute dans tout cela, c’est l’effet d’intimidation qu’aurait cette loi sur des personnes qui auraient accès à quelque sorte d’information que ce soit, ou qui en publieraient. En raison d’une formulation opaque de la loi, les gens ne peuvent pas être en mesure de savoir si une information à laquelle ils accèdent ou qu’ils rendraient publique est susceptible d’être de fait un secret désigné. L’Association du Barreau Japonais fait observer qu’aux termes des dispositions du projet de loi, il est tout-à-fait plausible d’être accusé et poursuivi en justice sans que ni la personne ni son avocat ne soient informés des renseignements précis qu’elle serait accusée d’avoir révélés. Il n’est dès lors pas surprenant que les déclarations du gouvernement, assurant que ne seraient pas punis des individus tombant sur des secrets ou en révélant par accident, ne soient pas convaincantes -  et tout indique que même dans l’hypothèse où elles ne seraient pas punies, ces personnes feraient l’objet d’une enquête.

 

Tôt dans la matinée du 5 décembre, en réponse à la pression, le gouvernement a fait cette annonce qu’il allait créer deux  organismes « indépendants » pour veiller à la mise en œuvre de la loi en garantissant qu’il n’y ait aucun abus. Mais l’un seulement de ces deux organes est véritablement indépendant – c’est un groupe d’experts juridiques qui aura une mission de conseil auprès du Premier Ministre, étant chargé d’élaborer des lignes directrices pour la désignation des secrets, et qui sera destinataire d’un rapport annuel sur la mise en application de cette loi. Il semble par ailleurs que le Premier Ministre ne fournirait à ce groupe d’experts qu’un vague aperçu du nombre d’informations désignées comme secrètes, par catégories. Au-delà de ce point, les choses ne sont pas claires en ce qui concerne le fonctionnement de cet organisme, on ignore aussi l’étendue réelle de ses compétences. Ce serait un jeu d’enfant pour le gouvernement de désigner un panel composé de ses copains, qui avaliseraient sans discussion telle ou telle proposition.

 

Prétendre que le second organisme serait « indépendant » est une offense à l’intelligence. Ce « Comité de Surveillance pour la Conservation des Renseignements » sera en charge de veiller à l’application de la loi en s’assurant qu’il n’y ait pas d’abus, et c’est sans conteste le plus puissant des deux organismes. Quoi qu’il en soit, il sera composé de secrétaires-adjoints (haut-fonctionnaires du plus haut rang) issus des Ministères des Affaires Etrangères et de la Défense – à savoir les Ministères qui désigneront sans aucun doute le plus grand nombre de secrets. Sans surprise, personne au Japon n’attend de la part de cet organisme aucun contrôle sérieux.

 

De nombreux opposants au projet de loi ont souligné qu’il y a dans les termes de cette loi des libellés strictement similaires à ceux qui remontent aux années sombres, en particulier dans l’infâme Loi pour la Défense de la Sécurité Publique de 1941, à laquelle le gouvernement eut recours pour jeter en prison les opposants à l’effort de guerre. L’expérience issue de ces années-là fait craindre aux Japonais que  les secrets gouvernementaux ne conduisent à des secrets plus nombreux encore de la part du gouvernement, et puis à la guerre.

 

Pour reprendre un adage employé souvent par la génération issue des années Trente pour décrire la nature insidieuse du militarisme : comme il se rapproche…le bruit des bottes !…

 

_______________________________

 

Saul Takahashi est un avocat japonais spécialisé dans les droits de l’homme et un activiste qui a débuté sa carrière auprès d’Amnesty International à Tokyo. Il a obtenu sa maîtrise en droit à l’Université d’ Essex, et travaille actuellement dans la Palestine occupée. Takahashi est l’éditeur [auteur ?] de « Human Rights, Human Security and State Security: the Intersection », un ouvrage qui sera publié par Praeger Security International en 2014.

 

Cet article a été publié à l’origine par Open Democracy sous le titre Japan’s designated secrets bill – the sound of the jackboots [Le projet de loi au Japon sur les secrets désignés – le bruit des bottes], sous licence d’Attribution Non Commerciale 3.0

 

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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 10:52

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 10 décembre 2013.

Traduit de l'espéranto par Ginette Martin

avec les conseils de Paul Signoret

 

Conversation de deux travailleurs de la centrale

 

M. Happy et M. Sunny travaillent dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima. Ils écrivent régulièrement dans leur twitter depuis le début de l'accident nucléaire. 88 000 personnes ont suivi Happy et 23 000 ont suivi Sunny. Il y a peu de temps, Happy a publié le livre "Journal du travail de réparation dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima."
Leur conversation se trouvait dans l'édition du dimanche du journal Akahata (le 1er décembre 2013). J'ai traduit l'article.

En une heure de travail, des ouvriers peuvent dépasser la limite du maximum annuel d’irradiation

Conversation de deux travailleurs de la centrale de Fukushima Daiichi

Question : Où étiez-vous lorsque l'accident nucléaire a eu lieu ?

 

Happy : À ce moment-là, j’étais dans l'enceinte d'un réacteur. Alors que je travaillais dans le réacteur n°3, j'ai senti une énorme poussée telle que je n’en avais jamais ressentie de semblable auparavant. On a entendu un grand fracas causé par la chute de débris au plafond. J'ai pensé que j'allais bientôt mourir ....

Sunny : Moi aussi, j'étais dans la centrale nucléaire n°1. Les voies étaient fissurées et les murs des bâtiments endommagés. De gros morceaux de béton de couleur bleue ont été propulsés un peu partout. Nous avions peur d'eux, car cette couleur est celle des détritus hautement radioactifs.

Question : J'ai entendu dire que la radioactivité est encore forte et qu'il est difficile de travailler là-bas.

 

Happy : Dans le réacteur n°4, ils ont commencé à extraire des combustibles nucléaires usés, mais pour trois autres réacteurs, ils n'ont pas de plan. On ne sait pas dans quel état sont ces produits nucléaires qui ont fondu.
Sunny : C’est surtout devant le réacteur n°3 que la radioactivité est intense, car à l'intérieur s’est produite une fusion de combustible MOX, un mélange de plutonium et d'uranium. Immédiatement après l'accident des travailleurs ont été exposés à 70 millisieverts de radioactivité pendant 3 jours.

Happy : À chaque entrée dans le réacteur n°3, un ouvrier s’expose à 1,5 millisievert de radioactivité. La limite supérieure d’exposition pour le commun des mortels étant de 1 millisievert par an, il dépasse donc cette limite au bout de trente minutes ou une heure de travail. Nous portons un masque et des vêtements de protection recouvrant entièrement le visage et le corps, de sorte que nous avons très chaud. En été, nous ne pouvons pas travailler plus d'une heure.

Sunny : Quand il pleut, des gouttelettes giclent du toit du réacteur et polluent notre corps. Certains endroits sont particulièrement pollués. Autour des tubes de ventilation, il y a tant de radioactivité que les gens pourraient y mourir. Ces tubes sont endommagés par le tremblement de terre, mais leur trop forte radioactivité interdit que l’on s’en approche.

 

Nos propositions sont rejetées par TEPCO ou sont remises à plus tard.

 

Question : Quelles sont les causes de divers problèmes rencontrés tels que panne d'électricité et fuite d'eau contaminée ?

 

Happy : Dans les centrales nucléaires n°1 de nombreuses installations sont provisoires. Vous vous souvenez de la panne d'électricité de 30 heures causée par les rats. Les bornes de connexion auraient dû être recouvertes, or celle-ci était nue. Sur le site vivent de gros rats et des serpents.

Sunny : Nous proposons que les conduites d'eau, à travers lesquelles s'écoule l'eau contaminée, soient en métal, mais TEPCO tarde à le faire, disant qu'il n'y a pas d'argent pour cela. Ces tuyaux ont été installés immédiatement après l'accident, donc si enchevêtrés qu'on ne sait pas à quoi ils sont reliés. Si une fuite se produit la nuit, on ne peut pas en connaître la cause.

Happy : Même de jour, on ne peut pas. Nous savons tous que les installations provisoires sont dangereuses, alors nous proposons à TEPCO une amélioration, mais TEPCO comprime le budget, même pour ces installations temporaires. On n’examine pas les choses d’assez près, donc tout se délabrera et il pourra s’ensuivre des accidents irréparables. Si la compagnie TEPCO a l'intention d'utiliser ces installations et ces dispositifs pendant plus de 10 ans, elle doit construire non pas du temporaire, mais du durable.

Sunny : TEPCO fait accélérer le travail, donc la qualité diminue. Lorsque nous avons construit ALPS (un appareil capable d’extraire toutes les substances radioactives sauf une) (1), le travail a été mortel. TEPCO et le gouvernement nous font nous hâter, donc nous avons accumulé les heures supplémentaires. C’est dans un tel contexte que s’est produit un très simple ratage, à savoir l'oubli d'un tapis en caoutchouc dans le système.

Happy : Depuis le début, TEPCO pensait que, si ALPS commençait à fonctionner, il n'aurait pas besoin de réservoirs pour l'eau contaminée, de sorte qu'il n'était pas prêt à continuer de construire des réservoirs. Mais le fonctionnement de ALPS n’a pas été conforme au plan, donc TEPCO a dû construire beaucoup de réservoirs en peu de temps, ce qui a rendu le travail de construction terriblement hâtif.

 

Le manque de travailleurs expérimentés a pour conséquence le manque de formation des nouveaux.

 

Question : J'ai entendu dire qu'on manque de main-d’œuvre à la centrale.

 

Sunny : Il est interdit de travailler isolément dans la centrale, mais un jour l'un des employés de TEPCO transportait seul de l'eau polluée et il a provoqué un accident.

Happy : Il manque surtout des travailleurs expérimentés, qui puissent guider un groupe. C'est le problème le plus grave, je pense. Bien sûr, auparavant il y avait aussi des nouveaux qui travaillaient, mais ils étaient guidés par des travailleurs expérimentés. Maintenant un chef de groupe a la responsabilité de 10 hommes, alors qu'il ne devrait s’occuper au plus que de cinq. Il doit leur montrer sur place (sur le lieu même du travail) et directement ce qu'ils doivent faire, or maintenant il fait cela seulement sur le papier, ce qui entraîne des bêtises chez les nouveaux.

Sunny : C’est la loi qui définit la quantité maximum d’irradiation à laquelle peut être exposé un travailleur. Les travailleurs expérimentés sont plus exposés, donc déjà un grand nombre d'entre eux ne peut plus travailler à la centrale.

Happy : Je ne pourrai plus continuer à travailler dans la 4ème ou 5ème année qui suivra mon embauche. De nombreuses entreprises ont décidé de leur propre chef de porter la limite d'exposition à 20 millisieverts. Lorsqu'un travailleur dépasse cette limite pendant le premier mois de son engagement, il ne peut plus travailler pendant les onze mois suivants. Voilà pourquoi les travailleurs expérimentés vont à une autre centrale plus sûre, ou bien ils se font embaucher pour le nettoiement de la ville. Nous pensons tous que le travail de réparation des réacteurs est important, mais nous tous devons gagner notre vie. Si de nombreux réacteurs sont remis en marche dans tout le Japon, on manquera de travailleurs à Fukushima, en particulier de travailleurs expérimentés.

Sunny : Si je dépasse la limite d’irradiation et suis licencié, personne n’assurera mon existence. Si je tombe malade en raison de l'irradiation au bout de quelques années, ni TEPCO, ni le gouvernement ne me verseront une indemnité.

Happy : Bien sûr, tu as raison. Ce qui compte le plus pour nous, c’est le travail et la santé. Les erreurs humaines sont fréquentes. La raison en est le manque de travailleurs expérimentés. Ce qui est en cause, ce n’est pas la qualité des ouvriers, mais la qualité de la gestion.

 

Salaire supplémentaire : certains reçoivent seulement 0,8 euros

 

Question : Le fait que le salaire journalier et le salaire supplémentaire pour travail dangereux sont trop bas ne pose-t-il pas un problème ?

 

Sunny : Ces salaires varient selon les entreprises. J'ai entendu dire que certaines paient seulement 100 yens (€ 0,8) ou 500 yens (4 euros) par mois pour un travail dangereux (2). TEPCO a publié, qu'il paiera de 10000 à 20000 yens, mais les sociétés sous-traitantes ne suivent pas pour l'instant.

Happy : Les gens qui travaillent dans des firmes situées au quatrième échelon de sous-traitance gagnent en moyenne 10.000 yens (€ 78) par jour. Après que le premier ministre Noda a déclaré la fin de l'accident en décembre 2011, TEPCO a baissé les salaires, prétextant que le travail n'était plus urgent.

Sunny : Les tâches sont sous-traitées d’abord par TEPCO à des firmes plus petites, qui à leur tour les sous-traitent à de plus petites, qui à leur tour, etc… ce qui fait que la somme payée par TEPCO pour les travaux dangereux ne va pas totalement aux travailleurs. Si le gouvernement veut améliorer les conditions de travail, il doit obliger TEPCO à payer directement les travailleurs.

Happy : Oui, oui, tu as raison. Celles qui recrutent des travailleurs, ce sont celles d'en bas, les très petites entreprises avec quelques employés. Le travail de réparation n'ira pas bien, si ces petites boîtes ne sont pas en bonne santé.

 

Question : Le gouvernement dit qu'il fera lui même les réparations, sans dépendre entièrement de TEPCO.

 

Happy : À présent, il y a tellement de commandants qu’on ne saurait en retenir le nombre : le Ministère de l'économie et de l'industrie, l'Autorité de régulation nucléaire et ainsi de suite. Combien de séances qui se déroulent à propos de l'eau contaminée? Qui est responsable? J’appelle ça, pour rire, un monstre à plusieurs têtes.

Sunny : L'accident n'a pas eu lieu dans les sessions, mais à Fukushima!

Happy : J’ai commencé à bavarder sur twitter afin que les gens soient informés de ce qui se passe à la centrale. L'accident de Fukushima n'est pas terminé. Par conséquent, le gouvernement n'aurait pas dû parler de remise en route de réacteurs.
Sunny : J'ai commencé à travailler ici après l'accident pour sauver mon lieu de vie, Fukushima. Ici aussi c'est toujours le chaos. Dans cette situation, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement veut exporter des réacteurs nucléaires à l'étranger.

Happy et Sunny : A la télévision apparaissent rarement des nouvelles de Fukushima, et nous sommes souvent anxieux, parce que les gens ont déjà oublié l'accident. Souvenez-vous qu'il y a des travailleurs qui s’emploient de tout leur cœur à éviter un autre accident, une autre erreur.

_____________

 

[NDE]

(1) En fait, le système ALPS ne traite qu’une soixantaine de radionucléides sur une centaine. Pour en savoir plus, se reporter à cet article : http://gen4.fr/post/2013/03/fukushima-alps-62-sur-100.html?2013/03/fukushima-alps-62-sur-100.html

 

(2) Cette info, traduction fidèle du journal, est surprenante.

 

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 08:00
Le deuxième événement

Après Les Maîtres ne vinrent plus, Ludovic Klein propose ici une courte nouvelle fantastique, onirique, et effrayante, sur ce qui continue à vivre en secret après la catastrophe.

Nouvelle également parue en juin 2013 dans l'anthologie de nouvelles Sales bêtes, aux Editions des Artistes Fous.

Illustration par Cham

Le deuxième événement

 

Ludovic Klein

 

 

Tu étais en train de vaquer à tes occupations familières, quand le premier événement eut lieu.

 

Un matin ensoleillé, caresse de chaleur sur le pelage. Nonchalance du pas dans les rues odorantes. Le monde est senteur, et toi, Shiro, le petit chat blanc, tu vis par cela. Toujours le vent change, et toujours de nouvelles sensations viennent te chatouiller le museau. Toutes directions possibles. Queue balancier, yeux mobiles ; toucher l’inconnu du nez, de la patte. Fuir, mordre si nécessaire. Nourriture, partenaire sexuel, combat, jeux et repos. La suite le jour d’après.

Mais il y a cette lueur qui envahit le ciel. Et cette chaleur insupportable qui balaie les rues, racornit les maisons, pétrifie les gens ; l’asphalte devient brûlant. Il y a quelque chose qui explose devant toi, une grande explosion lente et assourdissante, qui a pris la place des nuages, du soleil. Tout tremble. Et en cet instant, sans que tu comprennes, la langue de flammes est sur toi.

 

Tu brûles, tu es emporté dans ce feu primordial, celui issu de la désagrégation des atomes, matière, force pure. Ton poil se racornit, tu es changé en un instant en petite boule qui se consume, se consume. Tu t’effondres en cendres, comme les autres. Mais le souffle a été le plus fort : derrière toi, sur le mur, il y a une silhouette, ton ombre, soigneusement décalquée. La queue dressée, la gueule ouverte en signe d’hostilité. Tout a été reporté sur le mur. Le brasier t’a tiré le portrait, grand flash, vacillement de l’univers, transgression.

 

La ville est détruite.

 

Mais les électrons vibrent encore. La silhouette noircie se détache, tombe à terre. Un rayon de soleil la disperse, comme du vent sur un pissenlit.

La ville reste dans le noir. Obscurité qui dure, grande plaine vide, émaciée, sous la nuit ; les cris des survivants. « À boire, à boire ». Les visages ont fondu. Les corps sont couverts de plaques noires, impossibles à gratter même au couteau. La cité a été aplatie, réduite à l’état de crêpe ; sur le fleuve flottent des cadavres. On erre, vidé, récuré à la soude, les pas comme des aiguilles. Douleur égale au ciel, écrasement.

 

Petit à petit... Combien de temps ça prend ? Des mois, des années. La ville se reconstruit. On a enterré, on a pleuré, on a été endeuillé. Mais il y a d’autres nécessités sur cette terre triste. Survivre, se remettre debout, réapprendre. Ne pas lâcher. Et puis la lumière revient : la nuit se peuple. Les échoppes de nouilles sont les premières. Petits groupes électrogènes. Le soir, le cuisinier voit dans la lueur de sa lampe à arc affluer tous les chats du quartier. Parmi eux, un fauve comme il n’en a jamais vu : une pelure vibrante, en mouvement, chaque poil indépendant, comme mû par l’électricité statique. Il semble continuer de brûler intérieurement. Il a la même expression crispée. Il ne mange pas les restes donnés généreusement par le cuistot fourbu.

Puis l’éclairage revient. On souffle : on n’est plus tout seuls sous la voûte des étoiles. La grande ville se repeuple, allons, ce n’était qu’une épreuve, on se serre les coudes, et on travaille à reconstruire. Les voitures, les trams, les néons, ça recommence à grésiller. Avec acharnement, pied de nez, on peut le faire.

Mais dans les recoins mal éclairés, il y a ce contour de chat qui s’épaissit de nuit en nuit. Certains l’ont déjà vu : un chat, un chat, ici, vous n’avez pas vu ? On s’interroge, il a été aperçu, juste un frisson, fatigue peut-être ?

Mais ce n’est pas comme au début, il ne se laisse pas approcher. Il s’est fait timide.

Et pourtant, il revient sans cesse se dorer à la lumière des lampadaires. Présence discrète et toutefois indispensable. Ouvrant leur porte, les habitants lui laissent une tranche de lard, un reste de poisson. Mais il n’y touche pas. Il se contente de sauter de mur en mur, il les traverse, drôle de petit être en fil de fer bariolé, néon tordu, passager de la brique, du papier, du bois, du béton : toutes les surfaces sont poreuses pour ce félin désincarné. Il devient légende, plaisante légende, lorsque les marchands matérialistes de toutes sortes ont envahi l’espace.

Ça s’agrandit. Des résidences succèdent aux résidences. Comme les séismes sont nombreux, on construit ; puis on rase, et on reconstruit. Papier mâché contre le remous de la terre. Mais ça brille de plus en plus : enseignes, pancartes, avertissements, achetez, STOP, feux, traversez, cigarettes, MANGEZ, distorsion, festival de couleurs, le chat se régale, les orchidées de lumière trouent la nuit, répliques modestes et maîtrisées de la fleur atomique qui a tout ravagé, il y a de cela des années. Mais le spectre reconnaît, de manière confuse et sensible, la même vibration, la même force dans les lumières de la ville. La déperdition permanente d’atomes comme foudre et sang urbain, irriguant de ses veines toute l’activité humaine.

Le temps a passé. Le chat devient de plus en plus brillant : il s’est nourri des paillettes, des halos, des fanaux. Quand la nuit tombe, du corps bulbeux et inerte des lampadaires, sortent des chrysalides de lumière, et le chat insaisissable vient s’y attarder, s’y réchauffer. Il est diffusé dans toute la ville maintenant, on jurerait l’avoir vu partout, il est devenu un organe, ou alors la partie pour le tout, une énigme, tapie dans les ténèbres, devenant un continent de fibres la nuit. Ça palpite, ça danse, dans son cœur immatériel.

 

Et puis, un beau jour, tant d’années plus tard, la terre tremble, une usine explose au nord, tout le courant est coupé. D’un seul coup, la ville se retrouve dans l’obscurité la plus complète. Les plus vieux des enfants de vieux se souviennent de quelque chose : il y eut un instant tel, dans l’histoire de la cité. Mais tout le monde a déjà oublié la grande plaine réduite à néant par le feu nucléaire, les anatomies constellées de chéloïdes, l’énorme brûlure, déferlante de suie et d’horreur qui avait avalé la ville d’un seul coup, il y a de cela des décennies, presque un siècle, on plisse les yeux en tâchant de se rappeler.

 

Mais ce que l’on voit, c’est au milieu de la ville, comme une bouche de flammes en mouvement, un chat, gigantesque, chaque poil est une mèche de canon, son cœur est un creuset de combustion, ses yeux sont les opales de la nuit, il respire, et à chaque inspiration, le temps semble défaillir. Il a grandi, il a aspiré toute la chaleur électrique. Car lui n’a pas oublié ; et vous, vous vous retrouvez coi, devant l’effondrement programmé, ô combien programmé, la date butoir contre laquelle est venue comme prévu se briser la vague de tous vos efforts et plaisirs :


Et ouvrant une gueule de lave comme un four, d’un coup de mâchoire, il les engloutit tous.  

 

 

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 13:38

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 9 décembre 2013.

Traduit de l'espéranto par Paul Signoret

 

 

Dangereuse est la « Loi pour la protection de secrets spécifiques »

 

Le 6 décembre une « Loi pour la protection de secrets spécifiques » a été approuvée par le parti au pouvoir, le Parti Libéral Démocratique (LDP) et par le parti allié Koomeï. Cette loi autorise désormais les ministres à définir des « choses à ne pas divulguer », dans quatre domaines – la défense, la diplomatie, le terrorisme et l’espionnage – en tant que « secrets spécifiques ».

 

La presque totalité des médias, journalistes, chercheurs, avocats, écrivains, organisations pacifistes et féministes, ainsi que plus de la moitié des gens ayant répondu à une enquête, ont exprimé une opinion défavorable à cette loi, car on ne sait pas, de façon claire, ce que recouvre le mot "secret" et que même la liste de ces secrets restera un secret. Tous craignent que le gouvernement, et donc la police, n’aient le pouvoir d’entraver à leur guise le libre exercice de l’action des citoyens, et que, à la faveur de cette loi, ne s’instaure à nouveau une société sans liberté et qu’enfin n’éclate une guerre, comme cela s’était produit avec le deuxième conflit mondial.

 

Pourtant, le secrétaire général de LDP, Ishiba, a écrit dans son twitter, que les démonstrations bruyantes, organisées tous les jours autour du Parlement, ressemblent à une action terroriste. Ce qui montre clairement que même des manifestations pacifiques pourront désormais être interdites, et leurs participants arrêtés.

 

Ayant ses raisons, le gouvernement a insisté pour que soit approuvée cette loi. Le premier ministre Abe, entend faire du Japon “un pays ordinaire, qui a le droit de faire la guerre et qui de fait peut la faire, sur ordre des USA”. Cet homme est très dangereux, mais en décembre dernier le peuple japonais, trop désillusionné par le précédent gouvernement de Parti Démocratique, a voté pour le LPD, et donc pour cet homme.

Manifestation contre la Loi pour la protection des secrets

Manifestation contre la Loi pour la protection des secrets

Cette loi a trait également aux affaires nucléaires. Elle permettra au gouvernement de déclarer certaines informations relatives au nucléaire comme étant secrets spécifiques, car il importe de protéger les centrales contre les terroristes et les espions et parce que le nucléaire a un rapport étroit avec la diplomatie et la défense du Japon. À présent déjà, le gouvernement et TEPCO tentent de dissimuler le plus possible de choses au public, et donc, si cette loi s’applique, nous cesserons d’être informés. Il leur sera possible de passer sous silence un accident grave suivi d’effluences d’eau polluée, et ainsi laissés dans l’ignorance nous pourrons alors être exposés à des radiations nucléaires au risque de notre vie.

 

Le nucléaire ne doit pas relever du secret

 

Le 11 novembre 2013, dans le journal Fukushima-Minpoo a paru un article concernant M. Naka Yukiteru, un ingénieur de 72 ans, qui depuis quarante ans s’occupe de centrales nucléaires. En voici la traduction :

 

Sa compagnie compte quarante employés, dont quatre travaillaient à la centrale nucléaire n°1 de Fukushima au moment de l’accident.

Le gouvernement dit qu’appartiendront aux “secrets spécifiques” les plans de surveillance des centrales, mais non le plan de construction des réacteurs, ni les informations relatives aux accidents. Toutefois beaucoup craignent qu’à l’avenir un nombre de renseignements de plus en plus grand ne relève du secret spécifique.

M. Naka confie : « Avant l’accident nucléaire de Fukushima, émettre un doute sur la sécurité des centrales relevait du tabou, si bien que sont nés, d’une part le mythe concernant la sécurité et d’autre part l’habitude de dissimuler accidents et problèmes, et au bout du compte la catastrophe est arrivée. ».

 

Au cours des travaux, les employés voient les accidents et ont connaissance des problèmes. « Si la loi définit ce qui touche au nucléaire comme secret, les ingénieurs et les ouvriers auront peur, si bien qu’ils ne pourront pas dire la vérité des choses, ce qui par voie de conséquence portera atteinte à la sécurité. Or les gens ont le droit d’avoir, sur tout ce qui touche au nucléaire, des informations fiables, car celles-ci concernent directement la vie. ».

 

Selon la loi, si des fonctionnaires publics et des membres des compagnies concernées révèlent un secret, ils seront condamnés à une peine maximale de dix ans de travail obligatoire. Or à l’heure actuelle, dans la centrale n°1, beaucoup de gens s’emploient de tout leur cœur à la réparation du site. « Il y a, parmi eux, de nombreux jeunes gens de Fukushima même, qui se sont donné pour mission de reconstruire leur ville. Je redoute qu’ils ne perdent cette forte motivation, si à l’avenir on les suspecte de vouloir « révéler des secrets ».

 

Dans sa compagnie, des employés de plus en plus nombreux ont déjà dépassé la limite de la norme d’exposition aux radiations et travaillent donc dans un autre secteur. « Déjà, dans la centrale, la main d’œuvre manque et par suite le niveau technique s’est abaissé. Or avoir des travailleurs est le problème majeur de l’industrie nucléaire. Si la loi nous ligote, le recrutement deviendra encore plus difficile. ».

 

Et il ajoute que le moyen de lutte le plus efficace contre les terroristes est de renforcer les clôtures, d’installer des caméras de vidéosurveillance, des détecteurs de métaux, etc « Cette loi peut avoir une incidence sur le plan de démantèlement de la centrale n°1 et aussi sur la remise en marche de réacteurs. Aussi devons-nous en poursuivre la discussion. ».

 

Hélas, en dépit des craintes et du souhait de M. Naka, la loi a été approuvée sans une discussion approfondie. Le 6 décembre 2013 est peut-être le jour où le Japon s’est mis en marche vers sa perte, en ce qui concerne la démocratie et la sécurité des centrales nucléaires.

 

Suppression de la « Suppression des centrales nucléaires »

 

Le même jour, le 6 décembre 2013, le Ministère de l’Économie et de l’Industrie a rendu public un plan drastique, relatif au nouveau projet énergétique. Après l’accident nucléaire de 2011, le gouvernement, alors aux mains du Parti Démocratique, avait décidé la suppression de tous les réacteurs d’ici à 2040. Mais après la victoire éclatante, en décembre dernier, de son parti, le Parti Libéral Démocratique, le premier ministre Abe déclara sans tarder son intention de remettre en question la politique énergétique du précédent gouvernement.

Ce nouveau plan énergétique peut se résumer ainsi :

« Grâce à l’énergie nucléaire on peut produire de façon stable et efficace, une électricité dont le prix de revient est bas et varie peu, et de surcroît le fonctionnement des centrales se fait sans émission de gaz à effet de serre. Ces raisons font que le nucléaire est une très importante source d’énergie de base, qui assure un système stable de livraison et de consommation d’énergie. »

« Sur la base d’un fonctionnement hautement sécurisé des centrales, le Japon continuera à utiliser l’énergie nucléaire. »

 

Le gouvernement et le monde industriel sont complètement stupides. Ils n’ont tiré aucune leçon de Fukushima. Ils continuent à croire et à nous faire croire que l’électricité produite par énergie nucléaire est bon marché et que sa production ne nuit pas à l’environnement. Ils n’apportent aucune réponse à notre question : Comment se débarrasser des déchets nucléaires ? Si l’actuel gouvernement se maintient, un deuxième Fukushima pourra se produire, et même dans le cas contraire, le Japon va devenir un pays inhabitable, où des montagnes de dangereux déchets seront une menace pour la vie.

 

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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 11:08
Aux travailleurs de Fukushima

Le blog de Fukushima participe et s’associe à la démarche de Kna pour envoyer et diffuser un message de remerciement et de soutien aux travailleurs de Fukushima. La photo qui illustre ce message montre deux ouvriers qui avaient été envoyés sur le réacteur 4 après son explosion et qui travaillaient au niveau de la vanne entre la piscine de désactivation et le drywell. Que sont devenus ces héros anonymes ? Depuis, la vidéo dont est extrait ce cliché a disparu d’internet. En revanche, une avalanche de très beaux clichés et vidéos de matériel flambant neuf a lieu depuis que Tepco a commencé le retrait de combustible de cette même piscine. Ca s’appelle de la com. Je veux rappeler qu’il n’y a pas que des vidéos qui disparaissent, il y a aussi des travailleurs, je les ai appelés les disparus de Fukushima. Deux ans après, on n’a jamais eu de nouvelles d’eux. Je voudrais encore une fois leur rendre hommage.

PF

_______________

 

 

Aux travailleurs de Fukushima.
Ceux des premiers instants, les plus terribles de la catastrophe nucléaire.
Ceux qui chaque jour continuent de se battre contre la situation qui s'aggrave.
Ceux qui devront les remplacer, pendant de nombreuses années.
A leur famille et à leurs proches.

 

Voici un message de reconnaissance et de sympathie qui vient de France.

 

Si vous ne pouvez pas compter sur vos employeurs et dirigeants pour vous traiter correctement, vous n'êtes pas pour autant seuls, déconsidérés, face aux problèmes difficilement surmontables que vous devez affronter.

 

Même si c'est une faible consolation, à des milliers de kilomètres, des inconnus, des gens ordinaires comme vous, sont avec vous en pensée et vous remercient du fond du cœur pour votre courage et votre volonté.

 

Vous êtes des gens importants, qui méritez le respect, de par les responsabilités qui reposent sur vos épaules, et en raison de ce que vous accomplissez sans vraiment recevoir en retour reconnaissance ni gratifications.

 

On ne peut pas en vouloir à l'ouvrier qui a débranché le mauvais tuyau, appuyé sur le mauvais bouton ou fait déborder un réservoir, à cause d'un manque de formation, d'instructions précises, ou de moyens de contrôle.

 

On ne peut pas en vouloir au travailleur qui perd le moral, car il est aux prises avec des conditions de travail difficiles et périlleuses.

 

Des gens comme nous, qui sont de votre côté, qui comptent sur vous, qui vous offrent leur confiance et leur soutien moral, qui ne vous oublient pas, il y en a des milliers, et même sûrement des millions à travers le monde.

 

Nous ne vous connaissons pas, mais nous sommes des êtres humains comme vous, des citoyens de la Terre. Nous connaissons la difficulté de votre situation, et si nous ne pouvons pas faire grand-chose pour vous, nous tenons à vous dire merci pour ce que vous faites, merci pour les risques que vous prenez pour nous tous. Nous sommes avec vous.

 

Merci aux "Fukushima 50" et à toutes les personnes courageuses, qui depuis le premier jour de la catastrophe n'ont pas hésité à mettre leur vie en danger pour éviter qu'une situation encore plus grave ne se produise.

 

Merci à toutes les personnes dont on ne parlera jamais, qui chaque jour à leur niveau, participent à la tâche colossale de juguler le péril radioactif à la centrale nucléaire de Fukushima.

 

Notre soutien moral et nos pensées vont vers vous et vos familles, et vers les proches des victimes qui ont laissé leur santé ou leur vie dans ce combat.

 

Merci de diffuser ce message à travers le monde !

 

Japonais

福島原発で働く皆さんへ

http://goo.gl/re5822

Allemand

An die Arbeiter im Atomkraftwerk Fukushima

http://goo.gl/0LtHXo

Anglais

To the workers of Fukushima

http://goo.gl/zCEpg0

Espagnol

A los trabajadores de Fukushima

http://goo.gl/nNukUA

Espéranto

Al la laboristoj de Fukushima

http://goo.gl/JBp9MF

Français

Aux travailleurs de Fukushima

http://goo.gl/br0Mi2

Italien

Ai lavoratori di Fukushima

http://goo.gl/7XOmX8

Néerlandais

Aan de werknemers van Fukushima

http://goo.gl/rOMnfB

Portugais

Aos trabalhadores de Fukushima

http://goo.gl/B1E3i1

Russe

Работникам на Фукусиме

http://goo.gl/s3wGze

Je serais très heureux que d'autres personnes ou d'autres groupes reprennent cette idée, et expriment aussi leur soutien à ceux qui luttent sur le champ de bataille de Fukushima, pour nous tous.

Diffusez ce message sur votre site ou blog, contactez-nous pour le traduire dans d'autres langues et pour figurer dans la liste des participants.
Rédigez votre propre message de réconfort si vous préférez, et diffusez-le également.

Vous pouvez également écrire un courrier traditionnel, voici l'adresse postale de la "base-arrière" des travailleurs au J-Village. Elle comporte en japonais la mention " A l'attention des travailleurs de Fukushima". Le plus simple sera probablement de l'imprimer directement ou de la coller sur l'enveloppe.
Pensez que la majorité des destinataires ne lisent que le japonais. Mais il y a des dessins, des symboles, qui n'ont pas besoin de mots pour êtres compris.

〒979-0513福島県双葉郡楢葉町大字山田岡字美シ森8番Jヴィレッジ内
福島復興公社
福島第一原発の作業員の皆様へ

Fukushima Revitalization Headquarters at J-Village
8, Utsukushi-mori, Yamada-oka aza
Naraha-machi oaza, Futaba-gun
979-0513, Fukushima
Japan

Le tarif d'affranchissement est de 0,95€ pour une lettre de 20 g et 1,75€ pour 50 g. Il existe aussi des enveloppes pré-affranchies pour l'Asie, un peu plus chères mais bénéficiant semble-t-il d'un meilleur traitement. Renseignez-vous auprès de votre bureau de poste.

Si nous sommes assez à relayer et démultiplier ce mouvement de soutien fraternel, si assez de médias s'en font l'écho, alors peut-être que cela incitera le Japon à faire un geste en faveur de ces hommes courageux.

Kna Blog

 

En France quand il y aura un accident nucléaire, ce sera le même traitement pour les salariés du nucléaire. La plupart sont déjà considérés comme de la chair à neutron. Voir le dossier sur le scandale de la sous-traitance dans les centrales nucléaires.

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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 10:02

Alors que les officiels japonais commencent à peine à reconnaitre que tous les évacués de la zone interdite de Fukushima ne pourront peut-être pas rentrer chez eux, Chris Busby publie un article qui rappelle les dangers de la vie en secteur contaminé. Il dénonce encore une fois les mensonges des scientifiques pro-nucléaires sur la soi-disant innocuité des faibles doses, avec l’exemple d’une étude sur les bébés californiens…

Tout le monde n’aura pas la chance de retourner vivre en enfer

 

C’est désormais officiel. Toutes les personnes évacuées de la zone interdite autour de la centrale nucléaire de Fukushima ne pourront pas rentrer chez elles. Ce sont les autorités japonaises qui le disent. On croit rêver, mais c’est pourtant vrai… Jusqu’à présent, les officiels affirmaient que les réfugiés pourraient un jour rentrer chez eux et reprendre leur vie d’avant la catastrophe... On attend avec impatience les traditionnelles courbettes de la part des officiels qui ne manqueront pas de s’excuser d’avoir échoué dans leur impossible mission de décontamination, mais qui, dès que les caméras seront coupées, continueront de priver les enfants de la préfecture de Fukushima du minimum de solidarité nationale qui aurait pu garantir la préservation de leur santé.

Le déni permanent du risque radioactif

 

La préfecture de Fukushima offre des examens médicaux aux enfants âgés de moins de 18 ans au moment des explosions de la centrale.

Car pendant que l’on fait semblant de s’excuser de ne pouvoir ramener tout le monde au bercail, des centaines de milliers de personnes vivent toujours en zone fortement contaminée dans la préfecture de Fukushima, sans aucune reconnaissance du risque qu’elles encourent. Le gouvernement japonais comme les instances internationales font la sourde oreille. Wolfang Weiss, membre de l’UNSCEAR (l’organisme des Nations-Unies chargé d’évaluer les conséquences des catastrophes nucléaires et des radiations) est même allé jusqu’à affirmer que les niveaux de radioactivité avaient été « si bas que nous n’attendons aucune hausse des cancers dans le futur pour cette population». C’était en mai dernier. En novembre, on comptait déjà 26 cas confirmés de cancer de la thyroïde chez les enfants de moins de 18 ans, ainsi que 32 cas suspects supplémentaires (289 960 enfants ont été examinés)... Dans la seule préfecture de Fukushima…

 

Mais que cela n’entame pas votre moral, le gouvernement japonais a décidé de réagir en annonçant l’ouverture d’un centre d’entrainement olympique à 15 km de la centrale. A plus de 8 000 kilomètres de là, les « faibles doses » issues de Fukushima ont laissé leurs traces dans les thyroïdes des bébés californiens. Que se passera-t-il alors, pour ceux qui grandissent à quelques dizaines de kilomètres de Fukushima Daiichi ?

 

Les faibles doses, une invention « scientifique »

 

Dans un article publié sur le site counterpunch.org, Chris Busby présente les résultats d’une étude montrant que les bébés nés en Californie ont subi les effets des retombées de Fukushima. Cette étude apporte un éclairage saisissant sur les discours rassurants des officiels japonais et des instances internationales concernant la sécurité sanitaire des personnes résidants dans les zones contaminées et plus particulièrement des enfants. Chris Busby y dénonce l’utilisation du concept de « faibles doses ».

 

L’article original est disponible ici. Vous trouverez sa traduction ci-dessous :

Michel Fernex, Wladimir Tchertkoff et Chris Busby dénonçant le mensonge des instances internationales sur les effets de la radioactivité. © Yann Forget

Michel Fernex, Wladimir Tchertkoff et Chris Busby dénonçant le mensonge des instances internationales sur les effets de la radioactivité. © Yann Forget

" Le 19 novembre 2013

 

Une menace mondiale
Les retombées de Fukushima ont endommagé les thyroïdes des bébés californiens

par CHRIS BUSBY

 

Une nouvelle étude sur les effets des petites quantités de retombées radioactives de Fukushima sur la santé des bébés nés en Californie montre un excès significatif d'hypothyroïdie causée par la contamination radioactive qui a voyagé sur 5 000 miles au-dessus du Pacifique. L'article sera publié la semaine prochaine dans la revue scientifique Open Journal of Pediatrics.

 

L'hypothyroïdie congénitale est une maladie rare mais grave qui affecte normalement environ un enfant sur 2 000, et qui exige une intervention clinique - la croissance des enfants souffrant de cette maladie est affectée s’ils ne sont pas traités. Tous les bébés nés en Californie sont suivis à la naissance pour vérifier le taux de thyréostimuline (TSH) dans le sang, car des niveaux élevés indiquent une hypothyroïdie.

 

Joe Mangano et Janette Sherman du Projet Radioactivité et Santé Publique à New York, et Christopher Busby, chercheur invité à l'Université Jacobs de Brême, ont examiné les taux d'hypothyroïdie congénitale (CH) des nouveau-nés à partir des données de l'État de Californie sur la période des explosions de Fukushima.

 

Leurs résultats sont publiés dans leur article "Changement dans les cas confirmés et limites d’hypothyroïdie congénitale en Californie, en fonction des retombées environnementales de la catastrophe nucléaire de Fukushima". Les chercheurs ont comparé les données de bébés exposés à l'iode 131 radioactif et nés entre le 17 mars et le 31 décembre 2011, avec celles de bébés non exposés nés en 2011 avant les expositions ainsi que d’autres nés en 2012.

 

Les cas confirmés d'hypothyroïdie, définis comme ceux ayant un niveau de TSH supérieur à 29 unités, ont augmenté de 21% dans le groupe de bébés qui ont été exposés à un excès d'iode radioactif dans l'utérus (*). Le même groupe d'enfants montre une augmentation de 27% des "cas limites" (**).

 

Contrairement à ce que disent de nombreux rapports, l'explosion des réacteurs et des piscines de combustible usé à Fukushima a produit des niveaux de contamination radioactive comparables aux rejets de Tchernobyl en 1986. En se basant sur les estimations du Laboratoire Norvégien de l’Air, il est possible d'estimer que plus de 250PBq (200 x 1015) d'iode 131 (d’une demi-vie de 8 jours) ont été rejetés à Fukushima.

 

Ceci est également prévu si l’on compare les estimations de césium 137 avec les rejets d’iode 131 rejetés à Tchernobyl, des quantités qui ont causé l'épidémie de cancers de la thyroïde de la Biélorussie, de l’Ukraine et de certaines parties de la République de Russie.

 

Nous y reviendrons plus tard. A Fukushima, les vents ont de manière générale poussé l'iode radioactif et les autres radionucléides volatils vers la mer, vers l'océan Pacifique. Le voyage de 5 000 miles jusqu’à la côte Ouest des Etats-Unis laisse beaucoup de temps pour la dispersion et la dilution. Néanmoins, de petites quantités d'iode 131 ont été mesurées dans le lait, provoquant l'inquiétude générale.

 

Les autorités ont minimisé les risques en se basant sur le fait que les "doses" étaient très faibles ; beaucoup plus faibles que le fond radioactif naturel. L'Université de Berkeley a mesuré de l’iode 131 dans l'eau de pluie du 18 au 28  mars 2011, date après laquelle les niveaux ont diminué. Si nous supposons que les mères buvaient 1 litre d'eau de pluie par jour pendant cette période (bien sûr, elles ne l'ont pas fait), le modèle actuel de risque radioactif de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) calcule une dose absorbée par la thyroïde des adultes de 23 microsieverts, moins de 1/100ème de la "dose" de fond radioactif annuel. Le fœtus est plus sensible (environ 10 fois plus, selon le CIPR) mais il est exposé à moins que cela car il est peut-être 100 fois plus petit.

 

Donc, cette constatation est un exemple de plus pour dire que le modèle de risque radioactif actuel, utilisé par les gouvernements de tous les pays, est massivement inadapté pour prédire le préjudice de l'exposition des radionucléides internes ou pour expliquer des observations claires.

 

On a refusé que la catastrophe de Fukushima puisse être une cause potentielle d'effets sur la santé, même au Japon, et encore moins aussi loin qu’en Californie. Et sur ​​quelle base ? Parce que la «dose» est trop faible.

 

C'est le mantra scandé par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, en grande partie la même équipe) et le Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets des Rayonnements Ionisants (UNSCEAR). Et n'oublions pas tous les scientifiques nucléaires qui s'abattirent sur ​​Fukushima avec leurs conférences internationales et leurs présentations apaisantes.

 

On a entendu ce chant après Tchernobyl, après les leucémies infantiles des sites nucléaires, dans les cas concernant les vétérans d’essai nucléaire atmosphérique, et dans toutes les autres situations évidentes qui, dans n'importe quel domaine scientifique impartial, auraient depuis longtemps balayé la conviction que les expositions internes de bas niveau ne sont pas dangereuses.

 

Mais ce concept de «dose» qui s’adapte à tout est le navire en perdition de l'industrie nucléaire. Il offre un paravent essentiel pour l'utilisation des armes à l'uranium, que ce soient les bombes à fission ou les munitions à l'uranium appauvri, pour le développement de centrales nucléaires comme Hinkley Point, pour l'enfouissement des déchets radioactifs dans des décharges au centre de l’Angleterre, pour les rejets de plutonium en mer d'Irlande provenant de Sellafield (où il dérive jusqu’au rivage et provoque une augmentation des cancers sur les côtes du pays de Galles et d’Irlande) et, plus récemment, pour le déni des gouvernements britanniques des excès de cancers parmi les vétérans des essais nucléaires.

 

Cette nouvelle étude n'est pas la première à attirer l'attention sur la sensibilité de l'enfant à naître aux produits de fission internes. En 2009, j'ai utilisé les données qui m’ont été fournies quand j'étais membre de la Commission d'Examen des Risques des Rayonnements des Emetteurs Internes (CERRIE) du gouvernement britannique pour réaliser une méta-analyse des taux de leucémie infantile dans cinq pays d'Europe : Angleterre et Pays de Galles, Allemagne, Grèce, et Biélorussie.

 

Il y avait eu une augmentation inattendue et statistiquement significative des leucémies infantiles (0-1 ans) chez les enfants qui étaient dans l'utérus (le corps entier ayant été suivi) pendant l’augmentation des niveaux de césium 137 de Tchernobyl. L'intérêt de cette étude (comme l'étude de la TSH) est que, contrairement aux  leucémies infantiles de Sellafield, il n'y a vraiment aucune autre explication possible.

 

C'était la faible "dose" de césium 137 qui a causé les leucémies. Et la corrélation dose-réponse n'est pas une ligne droite : l'effet avec une "dose" très faible était supérieur à celui de la "dose" très élevée. Sans doute parce qu’avec les doses élevées les bébés ont péri dans l'utérus et ne pouvaient pas, par conséquent, développer une leucémie. J'ai publié les résultats et attiré l'attention sur l'échec du modèle de la CIPR dans le International Journal of Environment and Public Health  en 2009.

 

J'ai publié un article sur cette preuve par la leucémie infantile de l'échec du modèle de risque dans Energie et Environnement en 2000, et je l’ai également présentée la même année à la conférence de l'Organisation Mondiale de la Santé à Kiev. C'est là que j'ai vraiment affronté pour la première fois le renversement de la science déployé par les chefs de l'AIEA et de l'UNSCEAR. La conférence a été filmée par Wladimir Tchertkoff et vous pouvez voir son excellent documentaire, qui été fait pour la télévision suisse, Mensonges Atomiques (titre original : Atomic Lies), réédité en 2004 en Controverses Nucléaires (lien vers Youtube, documentaire sous-titré en français, visible en 5 parties - titre original : Nuclear Controversies, lien vers Youtube, 51 minutes, sous-titrage en anglais).

 

Ce que font ces gens, c’est de rejeter tout élément de preuve d'une augmentation des taux de cancer ou de toute autre maladie en opposant que "les doses étaient trop faibles". De cette façon, la réalité est dissipée. Mais que signifie cette quantité de "dose"? Il s'agit d'une simple quantité physique, qui représente l'absorption de l'énergie du rayonnement. Un Sievert de rayonnement gamma correspond à une Joule par kilogramme de tissu vivant.

 

Cela pourrait fonctionner pour le rayonnement externe. Mais cela ne fonctionne pas pour les expositions internes à des éléments radioactifs qui peuvent produire d'énormes effets sur l'ADN cellulaire à de faibles "doses" moyennes. C'est comme comparer le fait de se réchauffer devant un feu avec le fait de manger un charbon ardent. Ou comme comparer un coup de poing avec un coup de couteau. La même dose, la même énergie. Des effets très différents…

 

Cette escroquerie de la "dose" a été utilisée pour rejeter les effets réels depuis son invention en 1952 pour faire face aux risques liés aux expositions dues au développement des armes nucléaires et aux essais. Pour ceux qui veulent creuser plus profondément dans la science, il y a un chapitre récent que j’ai écrit dans le livre  New Research Directions in DNA Repair [Nouvelles orientations de la recherche pour la réparation de l’ADN].

 

Les cas les plus inquiétants de la sensibilité du fœtus à la radioactivité sont les études de sex-ratio de Hagen Scherb, un biostatisticien allemand et membre du Comité Européen sur les Risques Radologiques (CERI). Avec sa collègue Christina Voigt, il a publié une série d'articles montrant un changement soudain dans le sex-ratio des nouveau-nés après divers incidents d'exposition à la radioactivité.

 

Le sex-ratio - c’est-à-dire le nombre de garçons nés pour 1 000 filles - est un indicateur bien accepté pour les dommages génétiques, et les perturbations dans le ratio normal de 1 050 (garçons pour 1 000 filles) sont dues à la mort avant la naissance d’individus touchés par la radioactivité, d'un sexe ou de l'autre selon que le père (le sperme) ou de la mère (œuf) a été plus exposé.

 

Nous avons trouvé un tel effet (plus de filles) dans notre étude de Falloujah, en Irak, où il y avait une exposition à des armes à l'uranium. Mais Scherb et Voigt ont étudié les grandes catastrophes, Tchernobyl, les retombées des essais d'armes nucléaires, la proximité de sites nucléaires dans les données de nombreux pays du monde. C’est un ensemble de données énormes.

 

Ils estiment que des millions de bébés ont été tués par ces expositions discrètes aux rayonnements internes. Le projet nucléaire militaire est responsable d'un très grand nombre de décès. Dans les années à venir, je crois que cela finira par être considéré comme le plus grand scandale de santé publique de l'histoire humaine.

 

Bien entendu, l'exposition à l’iode radioactif est associée au cancer de la thyroïde chez les enfants. Il y a eu une forte hausse du cancer de la thyroïde en Biélorussie, en Ukraine et en  République de Russie après Tchernobyl. La situation à Fukushima semble devoir y faire écho, bien que les autorités affirment qu'il n'y aura pas d'effet.

 

Notre article rapporte 44 cas de cancer de la thyroïde confirmés dans la classe des 0-18 ans dans la préfecture de Fukushima pour les six derniers mois (un chiffre qui a augmenté depuis à 53). Dans l’article sur l'hypothyroïdie, nous discutons des 44 cas relativement à la population et calculons que cela représente un excès de 80 fois, sur la base des données nationales d’avant les rejets d'iode de Fukushima.

 

Cela pose un sérieux défi pour le Dr Wolfgang Weiss de l'ONU et de l'OMS, qui a déclaré l'année dernière qu’aucun cancer de la thyroïde ne pourrait résulter de la catastrophe de Fukushima car les "doses étaient trop faibles". Comment explique-t-il l'augmentation de 80 fois dans cette situation normalement rare ?

 

Ou plutôt, quand admettra-t-il que l'ensemble du modèle scientifique qui sous-tend son point de vue est frauduleux ? Et que le rayonnement nucléaire est - grosso modo – 1 000 fois plus dangereux pour la santé humaine qu’il ne le prétend ?

 

Chris Busby


Pour les statisticiens :
* RR 1,21, IC 95% 1,04 à 1,42, p = .013
** RR 1,27, IC 95% 1,2 à 1,35, p = 0,00000001.
"

Modification du 29.11.2013 à 10h21

L'étude citée par Chris Busby vient d'être publiée dans l'Open Journal of Pediatrics.

Vous pouvez la télécharger en cliquant sur le lien suivant : article de Jospeh Mangano, Janette Sherman et Christopher Busby sur les effets de Fukushima sur les cas d'hypothyroïdie chez les bébés nés en Californie.

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 14:32
Dans quel état de santé sont les gens à Fukushima ?

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 13 novembre 2013.

traduit de l'espéranto par Paul Signoret

  • Dans quel état de santé sont les gens à Fukushima ?
  • Les suicides et les "morts consécutives" se multiplient.

Dans quel état de santé sont les gens à Fukushima ?

 

J’ai récemment reçu un coup de fil de Madame H, qui me priait de lui prêter de l’argent. Avant la catastrophe, elle habitait dans le village  de Tōni, dépendant de la ville de Kamaishi, dans le département de Iwate et gagnait suffisamment bien sa vie, mais sa maison a été détruite par le tsunami si bien qu’elle et son mari ont perdu leur travail de pêche. Son fils souffre de troubles psychiques consécutifs au choc provoqué par le raz-de-marée. En raison de l’état de leur enfant, ils ont décidé de s’installer dans la ville de Marioka, chef-lieu du département de Iwate, pour y commencer une nouvelle vie. Mais la vie à Marioka n’est pas aussi facile qu’ils l’avaient imaginée. Son mari a commencé à travailler dans une compagnie, mais son salaire n’est pas assez élevé pour couvrir leurs dépenses. Elle aussi avait pris un travail, mais elle n’a pas pu s’intégrer à l’atelier et a dû très vite renoncer. Son fils est entré dans une école secondaire privée en 2012, mais lui non plus n’a pas réussi à bien s’adapter et à présent il ne peut plus la fréquenter.

Je suppose qu’après la catastrophe les sinistrés disposaient d’une certaine épargne, mais maintenant, deux ans et huit mois plus tard, celle-ci est presque totalement épuisée, et pourtant ils ne voient luire aucun espoir d’avenir et ils sont confrontés à toujours plus de difficultés. Je traiterai aujourd’hui de l’état des victimes de Fukushima qui, du fait de l’accident nucléaire, ont une vie plus difficile.

 

Le nombre d’enfants maltraités augmente

Dans l’ensemble du pays, les cas de mauvais traitements à enfants ont atteint le nombre de 66 807 en 2012, mais leur croissance est particulièrement forte à Fukushima : 311 cas (52 de plus qu’en 2011)

M. Tōno Kaoru, qui vient en aide aux mères célibataires, analyse ainsi la situation :

« Un nombre assez important de personnes ont perdu l’espoir, à cause de la catastrophe et certaines mères célibataires, occupant des logements provisoires, refusent la responsabilité de prendre soin de leurs enfants ».

M. Kanbé Shinitshi, qui s’occupe de tels enfants dans le département de Fukushima dit : « Les parents qui maltraitent leurs enfants, vivaient déjà auparavant en désaccord ou logeaient séparément. Le stress et l’inquiétude engendrés par la catastrophe et l’accident nucléaire les pousse dans la voie de la maltraitance. Il y a certainement davantage de tels parents que ne l’indiquent les rapports. ».

(paru dans le journal Mainitshi du 28 juillet 2013)

 

La capacité sportive des élèves s’est amoindrie

Le département de Fukushima vient de publier les résultats d’une enquête ayant trait à la force corporelle et à la capacité sportive des élèves. Selon cette enquête, c’est surtout le niveau des garçons qui a baissé. Le professeur Ogawa Hiroshi de l’université de Fukushima a déclaré : « La diminution de la capacité sportive conduit à l’habitude de ne plus faire de sport et, par suite, à l’obésité et à la maladie. ». Dans le département, on a interdit aux enfants de jouer longtemps à l’extérieur.

(paru dans le journal Fukushima-Minpō du 13 juillet 2013)

  

Dans le jardin d’enfants de la ville de Nihonmatsu, département de Fukushima, se trouve un dosimètre mesurant la radioactivité de l’aire de jeux. Le taux actuel est de 0,166 microsieverts/h (la limite supérieure « sûre » étant de 0,23 µSv/h)), mais la ville ordonne, que les enfants ne jouent pas à l’extérieur plus de trente minutes par jour. Le directeur du jardin d’enfants dit : « Je veux que les enfants puissent librement jouer sur l’aire de jeux. »

(paru dans le journal Fukushima-Minpō du 11 juillet 2013)

 

Au cours de la réunion pédagogique qui a suivi l’accident nucléaire, un enseignant a déclaré : « Les élèves semblent en forme, mais en fait, fréquentant une école provisoire et logeant dans une maison petite et provisoire, ils souffrent d’un grand stress. » Un autre a dit : « Les conditions permettant aux élèves un développement humain convenable ont disparu. Certains d’entre eux répètent : "Nous sommes des enfants à jeter, bons pour la poubelle !" ou bien ils s’en prennent à leurs parents en disant : " Pourquoi donc tu ne travailles pas, idiot de père ? "

(paru dans le journal Akahata du 29 juillet 2013)

 

Les suicides et les “morts consécutives”se multiplient

 

Suicides

2011: 10 suicides

2012: 13

2013 de janvier à août : 15

Total : 38 (hommes : 24, femmes : 14)

Par âge: de 20 à 29ans : 5

de 30 à 39 ans : 2

de 40 à 49 ans : 1

de 50 à 59 ans : 12

de 60 à 69 ans : 7

de 70 à 79 ans : 3

de 80 ans         : 8

Mme Narui Kanae, psychologue, livre cette analyse : « Plus le temps passe, plus les réfugiés souffrent psychiquement de l’accident nucléaire. Ils ont leur maison mais ne peuvent y revenir, c’est pourquoi ils ne cessent d’hésiter, ne pouvant ni y renoncer, ni commencer une nouvelle vie. En voyant leur maison pourrir, leur stress s’accroît. Les suicides pourraient se multiplier. »

 

Morts consécutives à l’accident nucléaire

Dans Fukushima 1599 personnes sont mortes à cause du tsunami. Depuis, 1459 autres décès en rapport avec l’accident nucléaire se sont produits. En 2011, après la catastrophe, 761 sont morts à cause de circonstances et de conditions de vie désastreuses, or les décès actuels sont dus au désespoir. Le professeur Takagi Ryūsuke de l’université de Iwaki-Meisei affirme: « Les victimes vivent depuis bientôt deux ans et demi hors de leur foyer, sans aucune perspective d’avenir, ce qui influe de façon néfaste sur leur corps et leur esprit. ».

Dans une telle situation, le nombre de ceux qui veulent entrer à l’hôpital se multiplie également. Sans travail, sans foyer, sans espoir beaucoup vieillissent rapidement et tombent malades.

(paru dans le journal Fukushima-Minpō du 17 août, du 12 septembre et du 13 octobre 2013)

 

Aux Philippines, vient de se produire une grande catastrophe. Là-bas, les gens sont beaucoup plus pauvres que les Japonais et le gouvernement n’est pas aussi bien organisé que celui du Japon, donc il y aura beaucoup de victimes qui souffriront comme celles de Fukushima.

Pardon pour ce triste rapport, mais il s’agit là de faits auxquels nous devons faire face.

 

(Source photo entête)

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