15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 23:57
HORI Yasuo, grand témoin de la catastrophe de Fukushima

Depuis le 11 mars 2011, l’écrivain espérantiste HORI Yasuo a témoigné jour après jour dans un journal dont il a tiré, en avril 2012, un recueil dénommé « Tertrema katastrofo de Japanio 2011 ». Depuis, il n’a pas cessé d’écrire et continue de témoigner en diffusant tous ses écrits en espéranto sur le site satesperanto. Au début, de nombreux espérantistes ont souhaité partager les témoignages de Yasuo en traduisant en français ses notices, ce qui lui a valu un certain succès ; mais aujourd’hui, seuls deux traducteurs infatigables continuent ce travail régulier car ils considèrent, à juste titre, que les informations données par Yasuo sont importantes et utiles pour comprendre ce qui se passe au Japon.

Yasuo, membre de l'UEA (Association mondiale d'espéranto), vit au Japon dans la préfecture de Gumna. Dans ses textes, il témoigne « des conditions de vie difficiles à la suite de la catastrophe qui a frappé ses compatriotes », décrit « l'entraide des habitants, leurs craintes face à la catastrophe nucléaire qui s'est ajoutée à celle du séisme », comment ils ont dû tout quitter « pour fuir cette région dont le taux d'irradiation devenait dangereux pour leur santé » et montre « les incohérences entre le discours du gouvernement et ce que les gens vivent sur place ». Il reprend parfois des articles de la presse japonaise qui lui semblent importants et commente des visites qu’il fait personnellement, toujours en rapport avec la catastrophe du 11 mars 2011.

 

Cette page reporte les deux derniers rapports de l’écrivain, traduits de l’espéranto en français par Ginette Martin et Paul Signoret. A la suite de cela, ceux qui veulent connaître mieux les écrits de Yasuo trouveront 5 fichiers à télécharger rassemblant les traductions françaises des textes de Yasuo du 16 avril 2012 jusqu’à aujourd’hui, ce qui représente environ 200 pages. Bonne lecture !

 

(autres sources : Ouest-France, Wikipédia, Centre culturel Angevin d’Espéranto)

 

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Le 9 août 2013

 

 Je suis parti pour l’Europe le 11 juillet et je suis revenu chez moi le 3 août. Pendant ce laps de temps d’un peu plus de trois semaines se sont produits divers événements ayant trait à la politique énergétique et à l’accident nucléaire.

 

 

Grande victoire pour le Parti Libéral Démocratique

 

Le 21 juillet a eu lieu l’élection générale pour la Chambre des Conseillers. La moitié des conseillers ont été réélus et le Parti Libéral Démocratique (PLD) a triomphé. Ce parti conservateur a presque toujours été au pouvoir au Japon depuis la deuxième guerre mondiale, sauf pendant une courte période, et c’est lui qui a introduit l’énergie atomique dans le pays. En 2009, il a été battu par le Parti Démocratique (PD) qui a formé un nouveau gouvernement. Mais le PD a trahi la confiance que le peuple avait mis en lui et par suite, l’an dernier, il a perdu les élections à la Chambre des députés si bien qu’il est à présent sur le point de disparaître.

Le PLD, qui ne se repend nullement d’avoir introduit l’énergie atomique et qui ne se sent pas coupable de l’accident nucléaire, veut remettre en route le maximum de réacteurs et envisage même, sans état d’âme, d’exporter à l’étranger des réacteurs japonais. Il dispose actuellement de 115 sièges sur un total de 242 membres et, grâce aux coalitions de partis, il pourra gouverner le pays à sa guise. Le résultat de ces élections est un coup terrible pour les opposants à l’énergie atomique.

 Plus de la moitié des gens dans le pays sont opposés à la reprise des réacteurs nucléaires et leurs voix sont allées au Parti Communiste Japonais (PCJ). Ce dernier a vu le nombre de ses sièges passer de six à onze. Comme il exige inébranlablement l’abandon de la politique énergétique nucléaire, il bénéficie du soutien de beaucoup de gens. Et, bien qu’il soit un petit parti, nous espérons qu’il s’opposera aux menées du PLD.  

 

 

Quatre compagnies d’électricité ont demandé la reprise de dix réacteurs

 

Le 8 juillet, lorsque le nouveau critère pour la reprise des réacteurs a été légalisé, quatre compagnies d’électricité ont déposé, auprès de l’Autorité de Régulation Nucléaire, des demandes pour la remise en route de dix réacteurs. Il s’agit de ceux de Tomari n° 1, 2 et 3 dans le district d’Hokkaido (l’île du nord), de Takamaha n° 3 et 4, de Ooi n° 3 et 4 (district de Kansaï, dans l’ouest du Japon), de Ikata n° 3 dans l’île de Shikoku, de Sendaï n°1 et 2, dans l’île de Kyushu. TEPCO, elle aussi, avait l’intention de demander la reprise de réacteurs dans le district de Niigata, mais le gouverneur s’y est fortement opposé si bien que la compagnie a dû renoncer.

Ces dix réacteurs ne répondent pas aux critères. Par exemple, ils ne sont pas encore équipés de ventilateurs avec filtres, mais l’Autorité leur a accordé, pour s’y conformer, un délai de cinq ans, afin qu’ils puissent présenter leur demande.

 

 

300 tonnes d’eau polluée rejetées quotidiennement à la mer

 

TEPCO avait publié une information selon laquelle mille tonnes d’eau  venue de la montagne s’écoulent chaque jour dans la mer et que 400 tonnes de cette eau, transitant par le sol du site de la centrale n° 1 de Fukushima, deviennent radioactives.

Mais l’état-major responsable de la situation de crise nucléaire a, de son côté, fait savoir que, d’après ses propres calculs, 300 des 600 tonnes restantes sont également polluées par les terrains environnant les réacteurs. On ne sait pas de façon claire quand ont commencé ces écoulements, il est donc possible que ce soit dès le moment où a eu lieu l’accident. Le site de la centrale n° 1 est rempli de barils de cette eau. TEPCO envisage d’entourer les installations de murs de terre gelée afin d’empêcher que l’eau n’y pénètre, mais l’efficacité de ces nouveaux murs n’est pas évidente et le problème est qu’il faudra un ou deux ans pour les construire et que l’on n’a jamais dans le passé fait l’expérience à grande échelle de tels murs. TEPCO ne peut en assurer elle-même le financement et le gouvernement a donc décidé  de le prendre à sa charge.

La nouvelle de ces écoulements d’eau polluée dans la mer a provoqué la colère des pêcheurs de Fukushima. Ils avaient essayé de recommencer à pêcher en juin mais ils ne le feront plus.

 

On envisage la construction de murs de terre gelée autour des installations nucléaires

On envisage la construction de murs de terre gelée autour des installations nucléaires

Témoignages d’habitants de Fukushima

 

Les souffrances continuent à Fukushima

 

Mme Sakamoto Joshié, 52 ans, employée dans une maison de retraite

 

« Du fait de l’accident nucléaire, je suis partie de ma ville de Tomioka et j’ai emménagé dans Aidu, ville située dans la montagne. Ma maison à Tomioka est devenue un nid de rats. Les champs sont envahis de mauvaises herbes. Ce lieu de résidence cher à mon cœur, où nous avions élevé nos enfants, est complètement transformé.

Mes parents avaient souffert à cause de la guerre. Pourquoi ont-ils dû, à plus de quatre-vingts ans, quitter leur foyer ? L’État avait provoqué la souffrance des gens par la guerre, puis il a introduit l’énergie atomique pour l’économie et ça a été la misère pour Fukushima..

Quand donc pourra-t-on résoudre le problème posé par l’accident, nul ne le sait. Les travailleurs de la centrale ne cessent de craindre l’exposition aux radiations. Les parents inquiets nourrissent leurs enfants dans des lieux insuffisamment dépollués. Si d’autres réacteurs redémarrent, ces mêmes choses pourront se reproduire partout dans le Japon. »

 

(paru le 15 juillet 2013, dans le journal Asahi)

 

 

Il faut que la responsabilté de l’État et des compagnies électriques soit ajoutée comme condition à la reprise

 

M. Takano Itsuo, 71 ans, sans emploi, habitant le district de Mijaghi

 

« Quatre compagnies d’électricité ont présenté une demande de remise en marche pour dix réacteurs. Le premier ministre Abe a dit que le gouvernement approuverait le redémarrage des réacteurs que l’Autorité de régulation Nucléaire aurait déclarés sûrs.

Qui donc a la responsabilité de l’accident nucléaire ? Les coupables en sont le Parti Libéral Démocratique, qui a introduit l’énergie atomique, et TEPCO, qui n’a pas mis en œuvre les moyens appropriés contre le tsunami. Aujourd’hui encore, 150 000 habitants de Fukushima ne peuvent rentrer chez eux. Leurs demeures sont devenues des nids pour les rats, les sangliers et les singes. Ils ne pourront jamais plus vivre ici comme avant.

Vous qui logez à proximité de réacteurs un peu partout dans le Japon, venez et voyez ce qu’est la réalité de Fukushima. Il faut que le premier ministre Abe ajoute la responsabilité de l’État et des compagnies d’électricité à la liste des conditions exigées pour la remise en marche des réacteurs. »

 

(paru le 17 juillet 2013, dans le journal Asahi)

 

[traduit de l'espéranto par Paul Signoret]

 

 

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Le 10 Août 2013


 

Quand je suis rentré d'Europe, j'ai trouvé une grande enveloppe dans mon stock de courrier. L'expéditeur était M. Kanno Norio. Je ne me souvenais pas de ce nom, mais après avoir ouvert l'enveloppe, j'ai découvert qu'il était le maire de Iitate. Quand a eu lieu l'accident nucléaire, le vent soufflait en direction du nord-ouest, et Iitate malheureusement se trouvait sur la trajectoire de ce vent. Des particules nucléaires ont couvert le village, si bien que tous les villageois ont dû se réfugier ailleurs.

Maintenant, l'administration municipale se trouve dans la ville de Fukushima, ainsi que l'adresse de l'expéditeur. En 2011, j'avais écrit un conte pour enfants "Iitate, mon rêve", que j'avais envoyé à la ville. Sa lettre était une réponse à la mienne. Dans l'enveloppe se trouvait un livre "Des particules nucléaires sont tombées sur un beau village", qu'il a écrit et que j’avais lu il y a déjà longtemps, les copies de ses salutations à diverses occasions et les brochures "Dix nouvelles des plus importantes à Iitate entre 2003 et 2013" et "Choses oubliées des Japonais".

 

Aujourd'hui, je vais traduire cette dernière brochure. "Choses oubliées" signifie ici les "expressions et phrases importantes" que les Japonais ont oubliées au cours de ces dernières années centrées sur la course à l'argent et l'égoïsme. Ce projet a été initié par des élèves de Iitate. Ils ont commencé à rassembler des expressions venues de tout le Japon, et au final le total dépassait 2600. Le Comité des élèves en a choisi 11, le Comité des adultes, 12, et on en a choisi 300 autres. Je vais traduire les 23 premières.


* Malheureusement, il n'y a aucune mention de l'âge ni de l'adresse des auteurs des citations.

HORI Yasuo, grand témoin de la catastrophe de Fukushima

Onze expressions que les élèves ont choisies.


1. On trouve toujours des sakuras sur la planète. (Itsumo tshikjuu ni sakura ari)

Mme Gotoo Yumi : Je veux que les gens qui souffrent de la catastrophe aient une vie heureuse. On trouve toujours des sakuras, donc ayez une vie remplie d'espoir et sans crainte.


 * Photo: dans la ville détruite, les sakuras ont commencé à fleurir, mars 2011.

 

2. "Bon retour chez vous"  et "Je suis rentré à la maison" (Okaéri et Tadaïma, des mots qu'on emploie lorsque les Japonais reviennent à la maison.

M. Ikegaya Reo: C'est très bien qu'on ait un endroit où revenir, c'est-à-dire non seulement un foyer, mais aussi des gens à qui nous pouvons dire ces mots.

 

3. Ensemble .... (tomoni)

        Mme Suzuki Seïna: «Ensemble, efforçons-nous d'aller vers notre but», «Marchons ensemble,", ces mots sont d'une grande banalité, mais je pense qu'ils sont très nécessaires dans le Japon d'aujourd'hui.

 

4. Le possible est sans limite. (Kanouseï wa mugenndaï)
        M. Yamasaki Soodaï: Même si l'on souffre d'une grande catastrophe, quand tous les gens ont une forte volonté de se relever, le possible devient illimité.

 

5. Un Japon fort et généreux. (Tsuyoku yasashii Nihon)

      Mme Oohara Natsuko: Après la catastrophe, des personnes dans tout le Japon ont agi sans cesse pour aider ceux qui souffraient. Grâce à la générosité des Japonais et grâce à la force des gens dans l'épreuve, le Japon se remet debout, c'est pourquoi j'ai choisi ces mots.

 

6. Nous pouvons changer notre avenir. (Ashita wa kaéraréru)

       Mme Ikébé Sayuri: Les lendemains ne se ressemblent pas toujours. Lorsque je change, le monde montre un autre visage. Lorsque je change, les gens autour de moi changent aussi, alors les lendemains changent.

 

7. La route se construit après notre passage. (Aruita atoga mitshi ni naru)

    M. Naganawa Yuudaï : Nous nous remettons constamment debout. Je veux dire que c'est le fait de notre action quotidienne et constante.

 

8. Marchons en regardant vers le haut. (Ué wo muite arukoo)
       M. Utshida Kenitshiroo: Je veux que les victimes ne s'affligent pas, mais marchent avec l'espérance.

 

9. En avant !! Un pas en avant. ( Maé é ! Ippo zennshin )
      Mme Hoshi Yukiko: Pour remettre le Japon debout, avançons sans crainte. Un avenir plein d'espoir nous attend certainement.

 

10. Suivez le nouvel avenir. (Atarashii miraï é tsuzuké)
      M. Takahashi Shuu : N'oublions pas ce sentiment de tristesse et, en nous basant sur lui, dirigeons-nous vers l'avenir.

 

11. En mémoire de ce jour. (Ano hi no kioku)

      Mme Nishikawa Aïri: Il semble que le souvenir de ce jour soit de plus en plus oublié parmi les gens épargnés. Pour qu’il reste présent  dans les mémoires, je veux envoyer ces mots aux générations futures.


    * Mme Nishikawa Aïri est à la tête du comité de l'école.

 

 

12 expressions que les adultes ont choisies


1. Merci du fond du coeur. (Arigatou gozaïmasu)

       Mme Itoo Akiko: Nous devons remercier le cœur de l'homme, beau et chaleureux, qui rend les bienfaits choses quotidiennes. Je ne veux pas oublier ce cœur.

 

2. Grâce à ... (Okage-sama désu)

       Russel Tshiharu: Nous pouvons vivre grâce à la bénédiction de la nature, à l'aide des autres et à notre aide mutuelle constante. N'oublions pas cela!

 

3. Le soleil a des yeux (Le soleil nous voit). (Otentou-sama ga mité gozaru)
     M. Onoda Osamu: La haute moralité des Japonais est née de cette philosophie.

 

4. Quand nous le faisons, nous pouvons le faire. (Naséba naru)
       Mme Hashimoto Yunko: Je crois que lorsque l'on a une forte volonté, on peut fabriquer un avenir plein d'espoir.

 

5. Nous devons nous aider les uns les autres dans les difficultés. (Otagaï-sama désu)
      Mme Tomoda Miyoko: Quand j'entends ces mots prononcés avec modestie, je me sens envahie de chaleur.

 

6. Le bonheur vient à la famille qui sait rire. (waraou kado niwa fuku kitaru)
       Mme Saïtoo Matsuyo: Quand je souris à d'autres, ils me sourient en retour.

 

7. Dieu sait, la terre sait et je sais. (Ten shiru, Tshi shiru, waré shiru)
       Mme Kominé Hisaé: Ne faites pas le mal. Quand j'ai fait du mal, je ne dois pas recommencer.

 

8. Partagez un peu. (Osuso waké)
       Mme Yoshinaga Eïko: (sans commentaire).
    * Lorsque nous recevions un cadeau, cuisions des aliments ou produisions des légumes, etc.,  nous avions l'habitude d'en donner un peu à nos voisins et amis. Après l'accident nucléaire, nous ne pouvions plus le  faire, car nous hésitons à donner quelque chose qui puisse contenir de la radioactivité. Mme Yoshinaga veut que les relations amicales reprennent vie dans notre société.

 

9. L'harmonie est la chose la plus désirable. (wa o motte tootoshi to nasu)
       M. Sékigutshi Seïkoo: Les Japonais estiment au plus haut point l'harmonie. Redonnons-lui sa valeur.
    * Ces mots sont tirés du premier chapitre de la Constitution en 17 chapitres, mise en vers, dit-on, par le  prince héritier Shootoku en 604.

 

10. Sachez être contents. (Taru o shiru)

       Mme Izumi Shizué : Le désir de l'homme est sans limite et nous voulons tous posséder davantage. Dans la société d'aujourd'hui, nous devons savoir être contents.

 

11. Madéi la vie et le cœur. (Madéi na kurashi to kokoro)
       Mme Akiko Kanémitsu: J'ai découvert le mot "madéi" il y a 10 ans. Depuis, ma vie a changé.


* Madéi est un mot local de Fukushima, qui signifiait à l'origine «des deux mains», donc «avec sincérité», «avec soin», «cordialement».

 

12. La connaissance du nouveau à partir de l'ancien. (Oncle Tshishin, 故知 )

      M. Sasaki Ikuo : Afin de bien transmettre le témoin à la prochaine génération,  ayons courage et espoir,  tirons les leçons du passé, et  marchons en avant vers l'avenir.


    * Paroles de Confucius.

 

 

Dans la brochure il y a plus de 300 expressions, mais outre celle-ci "On trouve toujours des sakuras sur la planète" et quelques autres, presque toutes sont de banales expressions de sagesse. Cependant, je crois que, après la catastrophe, ces mots apparemment anodins prennent une signification plus profonde dans le cœur de tous les Japonais.

 

Pour ma part, le mot "sakura" m'a beaucoup impressionné. Lorsque j'ai visité la ville de Ishinomaki dans le district de Miyaghi, trois mois après la catastrophe, dans le quartier complètement désert fonctionnait déjà par miracle un salon de coiffure appelé "Sakura". J’étais si ému que je n'ai pu m'empêcher de pleurer. À coup sûr, la beauté et la noblesse des sakuras s’ancrait déjà au plus profond du cœur des Japonais.

 

[traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN, avec le contrôle de Paul Signoret]

 

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Textes de HORI Yasuo

 

Pour l’an I de la catastrophe, se procurer « Tertrema katastrofo de Japanio 2011 » de Hori Jasuo (Lettre numéro 24 – avril 2012 - Espéranto France). On peut commander ce livre de 165 pages, édité par SAT-MAS, auprès du service de librairie d’Espéranto France. On peut aussi lire le contenu de ces comptes rendus sur le site de l’association SAT : http://www.satesperanto.org/-Marto-.html . Enfin, on peut trouver certains textes de cette première année traduits en français sur des sites espérantistes locaux :

www.esperanto-angers.fr, rubrique accueil / Japon

www.esperanto-provence.org, rubrique tsunami, regroupées par mois en texte déroulant

www.esperanto65.fr, dans la rubrique Fukushima

 

Pour les textes suivants (an II et III), la plupart sont en ligne dans les deux langues sur le site Espéranto-Indre, dans la rubrique « Nouvelles du monde ». J'ai rassemblé les traductions françaises de Paul Signoret en 5 fichiers d’environ 40 pages.

 

Fichiers à télécharger ci-dessous (format pdf)

Interview de HORI Yasuo du 8 janvier 2015 sur la NHK

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12 août 2013 1 12 /08 /août /2013 20:14

La deuxième partie de l’article de Mako Oshidori expose les grandes inquiétudes du témoin de Fukushima Daiichi : la présence du shroud en morceaux dans la piscine de stockage de matériel du réacteur n°4, la grande radioactivité dégagée par le réacteur n°2 et la forte incertitude sur la faisabilité d’une intervention humaine en cas de problème au n°2. Dans cette entrevue, le travailleur rapporte également qu’il n’y a eu ni explosion, ni fusion à l’unité n°2. Il va sans dire que ces propos n’engagent que lui. A notre connaissance, Tepco a annoncé une explosion au niveau de la piscine torique en mars 2011, puis s’est rétracté 7 mois plus tard. Quant à la fusion du cœur du n°2, celle-ci a également été reconnue par l’opérateur. Si effectivement il n’y a eu ni fusion, ni explosion pour le n°2, alors il faudrait en conclure que l’enceinte de confinement a été ouverte par le tremblement de terre. Mais comme on ne peut rien savoir pour l’instant, il est tout à fait normal que les plus grandes craintes de cet ouvrier se portent sur le n°2 car du coup Tepco et ses employés subissent les caprices du monstre plus qu’ils ne maîtrisent la situation.

 

Shroud du réacteur n°3 de Fukushima Daiichi lors de son remplacement à la fin des années 90 (source Toshiba)

Shroud du réacteur n°3 de Fukushima Daiichi lors de son remplacement à la fin des années 90 (source Toshiba)

 

L’histoire incroyable d’un travailleur de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi (suite)

 

par Mako Oshidori

 

 

Extrait de l’article #57 de “Datsutte miru?” paru dans Magazine 9

Traduction anglaise : Naoko Miyajima (sur le site Daily Noborder)

Traduction française : Odile Girard (du blog Fukushima-is-still-news)

 

 

Lien vers la première partie

 

 

Le problème du réacteur n°4 n’est pas seulement sa piscine !

 

T : Pour ce qui est de la gestion de l’accident, TEPCO a tendance à dissimuler les problèmes dont on entend parler. Aucun plan à long terme n’est mis en place pour le démantèlement de la centrale ; ce qui se fait, c’est plutôt un plan confus qui ne sert qu’à embobiner le public. Tout ce qui n’est pas sous les feux de l’actualité est simplement laissé de côté.

 

On parle de la piscine de combustible usagé de la piscine n°4, n’est-ce pas ? Des stratégies et des plans ont rapidement été mis en place pour faire face à ce problème, mais je pense que la piscine de combustible usagé n’est pas le seul problème qui menace le réacteur n°4.

 

De l’autre côté du puits du réacteur, en face de la piscine de combustible usagé, il y a une piscine de stockage de matériel (DSP). Ce DSP n’est pas utilisé quand le réacteur est en opération. Mais quand le séisme a frappé, le réacteur n°4 était en phase d’inspection périodique. Juste avant le séisme, quand l’enveloppe du cœur (shroud) a été retirée du puits du réacteur, il a été coupé sous l’eau et mis dans le DSP. Le DSP du réacteur n°4 contient donc un grand nombre de fragments du shroud hautement radioactifs.

 

[Un « shroud » est une plaque d’acier cylindrique fixée à l’intérieur de la cuve du réacteur. Il entoure les assemblages de combustible nucléaire et les barres de contrôle. Il sert également de partition pour sécuriser le flux d’eau de refroidissement dans un réacteur. Il peut atteindre 7 mètres de haut, 4,5 mètres de large et peser 35 tonnes. Etant donné que ce shroud est à l’intérieur du réacteur quand les barres de combustible atteignent le niveau de criticité, il contient inévitablement une forte dose de radiation. C’est le shroud qui se trouve dans le DSP qui est en face de la piscine de combustible irradié du réacteur 4.]


T : Le DSP est plein d’eau et comme vous le savez, il contient l’enveloppe et tout un tas d’équipements. La résistance sismique du DSP était estimée à un an. Maintenant que le bâtiment du réacteur a été affaibli par l’explosion, je me demande avec inquiétude ce qu’il va advenir du DSP.

 

Quand il a été question de retirer les barres de combustible irradié de la piscine, il a été suggéré que les matériaux contenus dans le DSP soient également enlevés, mais la suggestion a été rejetée, parce que  « nous n’avons pas le budget nécessaire pour ça ; ce qui inquiète le public actuellement,  c’est la piscine de combustible usagé. » 

 

–Oh non ! Je me demande combien de temps le DSP va être capable de tenir…

 

T : La couverture du réacteur n°1 a  été terminée, mais là encore, cela s’est passé de façon typique. Le couvercle n’est pas démontable. En fin de compte, les opérations de démantèlement vont se faire à l’intérieur du bâtiment du réacteur et je me demande comment la couverture pourra être retirée… Je pense que cela va demander un énorme travail. La couverture a été mise en place comme mesure d’urgence pour « réduire les émissions de substances radioactives dans l’atmosphère et donc calmer les inquiétudes du public à propos des rayonnements. »

 

Plus j’entends ce qui se passe, plus je suis déçu. J’ai commencé à comprendre pourquoi la fuite d’eau salée d’une citerne de stockage souterraine n’est qu’un incident assez mineur.

 

        -  Et si la situation du réacteur n°2 empire ?

 

T : Oui le problème de la citerne de stockage souterraine est vraiment assez peu important, parce que la source de tous les problèmes n’est ni la pollution radioactive, ni le système de refroidissement, mais les bâtiments des réacteurs et les réacteurs eux-mêmes. Comment les réacteurs 1, 2, 3 et 4 vont-ils être démolis et comment va-t-on pouvoir s’en débarrasser ? À présent, le fait est que personne ne peut pénétrer à l’intérieur. Par comparaison, les ouvriers qui travaillent sur le site ont le sentiment que les problèmes externes aux bâtiments, comme le tableau de distribution recouvert de métal ou la citerne de stockage souterraine sont plutôt anodins, même s’ils constituent aussi de sérieux problèmes.

 

– Dans ce cas, quel est le problème le plus grave ?

 

 T : C’est sans aucun doute le réacteur n°2.

 

Le professeur à l’Université de Tokyo : C’est bien ce que je pensais ! Même pour les chercheurs, la situation du réacteur n°2 dépasse tout ce qu’on peut imaginer.

 

T : Pour ce qui est du réacteur n°2, personne ne sait exactement ce qui s’y passe ou ce qui s’est passé juste après le séisme. On a pu simuler jusqu’à un certain point l’explosion des réacteurs 1 et 3. À partir de certains paramètres, on pouvait prédire la réaction initiale et ce qui allait suivre.

 

Mais nous n’avons aucune idée de la situation du réacteur n°2. Pourquoi est-ce qu’il a eu de tels rejets de substances radioactives alors qu’il n’y avait pas eu explosion ? Que se passe t-il avec les barres de combustible ? Certains paramètres indiquent qu’il n’y a pas eu fusion des barres de combustible.

 

Le professeur à l’Université de Tokyo : Je suis d’accord ; il semble que le combustible n’ait pas traversé la cuve du réacteur.

 

T : Mais dans ce cas, pourquoi y a t-il eu de tels rejets de substances radioactives à l’extérieur du bâtiment ? Personne n’a de réponse !

 

 [Les quantités de substances radioactives émises par le réacteur n°2 sont largement plus élevées que celles provenant des réacteurs 1 et 3 !]

 

T : La condition dans laquelle se trouvait le réacteur n°2 juste après le séisme ne peut pas être estimée. Dans le même temps, les taux de radioactivité dans le bâtiment du réacteur n°2 sont remarquablement élevés.

 

Je vais donner un autre exemple extrême. Admettons que la situation empire au point qu’il devienne impossible d’arroser les réacteurs avec de l’eau pour les refroidir. Pour ce qui est des réacteurs 1, 3 et 4,  un commando spécialisé et prêt à s’exposer aux risques des rayonnements peut toujours entrer dans les bâtiments et accomplir le travail nécessaire.

 

Mais dans le cas du réacteur n°2, le taux de radioactivité est tellement élevé dans la plupart des bâtiments que même un commando bien préparé risquerait fort de mourir avant de pouvoir mener à bien sa mission.

 

   – Je n’ai jamais imaginé que la situation puisse être aussi grave.

 

T : Maintenant vous comprenez bien pourquoi je ne peux pas m’empêcher de penser que des travaux à l’extérieur des bâtiments, que ce soit le tableau de distribution ou la citerne de stockage souterraine, sont plutôt mineurs. On ne peut pas éviter d’être exposé aux rayonnements, mais au moins on peut intervenir dans ces endroits.

 

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ADDENDUM

 

Le niveau 7 dans cette catastrophe nucléaire est toujours d’actualité. La gestion actuelle de l’accident a peu de chance d’apporter des solutions. Si TEPCO ne renonce pas rapidement à avoir la mainmise sur la centrale de Fukushima Daiichi, le Japon risque de se trouver à nouveau dans une situation extrêmement critique. C’est le message que je voudrais que vous fassiez circuler. Ce sont les paroles du travailleur interviewé.

 

J’ai transmis ce message à “Iwaki no Shoki Hibaku wo Tsuikyu Suru Mama no Kai” (Association des mères pour le suivi de l’exposition aux radiations pour les enfants en bas âge).

 

Les mères : «  Comme on s’y attendait, l’annonce de l’arrêt à froid des réacteurs était prématurée. Il n’existe aucun plan spécifique pour évacuer rapidement les enfants si une autre catastrophe  frappe la centrale de Fuksuhima Daiichi.

Le rôle d’Iwaki est de soutenir les efforts de rétablissement après l’accident nucléaire. Mais s’il arrive quelque chose, nous exigeons que les enfants soient évacués immédiatement.

 

Tant que l’accident de la centrale reste classé au niveau 7, les membres d’Iwaki doivent faire très attention et envisager plusieurs solutions. La sécurité des ouvriers, l’évacuation des enfants et la sécurité du Japon sont pour nous des problèmes d’égale importance. »

 

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Post-Addendum

 

L’eau, de plus en plus contaminée, sera éventuellement déversée dans l’océan, après avoir été nettoyée autant que possible des substances radioactives qu’elle contient par le Système ALPS, un système de nettoyage multi-nucléides. 

 

À la fin de 2011, j’ai reçu un coup de téléphone d’un autre ouvrier du site annonçant : « Le système ALPS a commencé à fonctionner ! J’ai entendu dire que l’eau contaminée serait déchargée dans l’océan une fois que les substances radioactives auront été filtrées autant que faire se peut grâce au système ALPS. »

 

J’ai peu après posé une  question à ce sujet au cours d’une conférence de presse conjointe, mais M. Matsumoto, porte-parle de TEPCO, m’a répondu « Il n’existe aucun plan de ce genre. » J’ai eu l’impression que TEPCO n’avait tout simplement pas le courage de dire qu’ils étaient sur le point de déverser l’eau nettoyée avec le système ALPS dans la mer. Depuis on ne parle plus de la question d’une opération de test et le temps passe.

 

T: En fait le système n’a été mis en opération que partiellement puis abandonné pendant toute une année. Je pense que c’est parce que l’utilisation éventuelle en pratique du système ALPS a suscité de grandes craintes. On a certainement craint que le système ne déraille.

 

Quoi qu’il en soit, le système de nettoyage multi-nucléides n’est même pas en mesure de filtrer le tritium !!

 

Tout ceci est l’histoire racontée par un des ouvriers de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Son message : les conséquences de l’accident de la centrale sont loin d’être résolues et on peut s’attendre à ce que la situation aille en empirant. Il vous invite à anticiper et à faire tous les efforts possibles pour changer tout le pays et la société. 

 

[Extraits de “Datsutte miru?” dans Magazine 9.]

 

 

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11 août 2013 7 11 /08 /août /2013 16:41

Mako Oshidori, de la Yoshimoto Creative Agency, est membre de Manzai Kyokai (l’Association des monologuistes) et du conseil d’administration de la Free Press Association of Japan. Elle assiste de façon régulière aux conférences de presse données par les autorités japonaises et par TEPCO depuis le séisme du 11 mars 2011. Elle publie sans se lasser des reportages sur Fukushima et les autres zones touchées par des catastrophes. Elle a écrit il y a quelques mois dans MAGAZINE 9  un article intitulé « A propos des mères d’Iwaki, des citernes d’eau souterraines et histoires d’un travailleur » qui expose entre autres, sous forme d’un dialogue, le témoignage d’un ouvrier de Fukushima Daiichi. La traduction française de cet article a été réalisée à partir d’une traduction anglaise. En France, l’information en provenance du Japon est souvent ralentie à cause de la langue. Merci aux traducteurs qui acceptent de jouer ce rôle de passeur entre les pays, même si les nouvelles ne sont pas si heureuses qu’on le souhaiterait.

Témoignage d’un ouvrier de la centrale de Fukushima Daiichi (1)

 

L’histoire incroyable d’un travailleur de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi

par Mako Oshidori

 

 

Extrait de l’article #57 de “Datsutte miru?” paru dans Magazine 9

Traduction anglaise : Naoko Miyajima (sur le site Daily Noborder)

Traduction française : Odile Girard (du blog Fukushima-is-still-news)

 

 

J’ai entendu une histoire incroyable qui m’a fait réaliser que la fuite d’eau salée concentrée venant d’une citerne souterraine n’est qu’un incident relativement mineur.

Le 11 avril, j’ai parlé avec un travailleur de la centrale de Fukushima Daiichi et un jeune professeur de l’Université de Tokyo.

Pourquoi lésiner sur les coûts et les délais quand on a à gérer un accident nucléaire de niveau 7?

- Le travailleur (T) : Je pense qu’une fuite de ci de là, c’est parfaitement normal.

 

            – Vous parlez sérieusement ? Mais pourquoi ?

 

- T : Parce qu’on s’est trouvé dans une situation d’urgence qui a fait que de nombreux équipements ont été construits à la va-vite. Après l’accident, les équipements ont été mis en place très rapidement mais ce n’était pas un problème car ils ne devaient durer qu’un an ou deux.

 

Certains fabricants ont même inclus la phrase “La qualité n’est pas garantie” dans leurs contrats. Des équipements ont été construits qui étaient censés « ne durer qu’un an » mais ils sont encore utilisés aujourd’hui. C’est normal que leur condition se soit détériorée.

 

            – Je suis choquée…

 

- T : De plus, les efforts pour garantir “des commissions plus basses pour réduire les dépenses” sont également un problème. Le gouvernement accorde à TEPCO des fonds pour gérer l’accident qui a frappé la centrale nucléaire, mais l’argent n’est pas une subvention. C’est une dette et il devra être remboursé un jour. Comme il n’est pas prévu que la centrale de Fukushima Daiichi génère des bénéfices à l’avenir, il est normal que TEPCO cherche à réduire sa dette au maximum.

 

C’est la raison pour laquelle « diminuer le budget, réduire les coûts et utiliser des matériaux à moindre prix” sont de rigueur. Sur le terrain, on n’en est pas à essayer de rassembler tous les grands cerveaux du monde pour trouver des solutions efficaces à l’accident nucléaire.

 

            – On est loin en effet d’un rassemblement des cerveaux du globe. C’est juste un ramassis de radins, c’est ça ?

 

T : On lésine non seulement sur l’argent, mais sur le temps. On entend couramment des ordres du genre « C’est la fin de l’année fiscale. Alors dépêchez-vous de terminer ce travail de construction !”  Ou d’autres fois on s’entend dire : « C’est la fin de l’année fiscale. Les financements sont épuisés. »  Pourquoi donc une histoire de « fin d’année fiscale » devrait-elle avoir priorité absolue dans une situation aussi chaotique qu’un accident nucléaire de niveau 7 ?

 

Est-il raisonnable de confier la gestion d’un accident de centrale nucléaire à une seule entreprise comme TEPCO ? TEPCO en tant qu’entreprise privée est à la recherche du profit et terminer les comptes en fin d’année en fait partie. Je pense par conséquent que les choses ne marcheront pas si la gestion de l’accident et le projet de démantèlement de la centrale de Fukushima Daiichi ne sont pas retirés à TEPCO et confiés à une équipe ad hoc spécialisée.

 

Si la politique de recrutement du personnel reste la même qu’avant l’accident, le recrutement de travailleurs pour gérer l’accident va être un désastre.

 

T : Le problème n’est pas seulement financier, mais concerne le recrutement même des ouvriers. Il est de plus en plus difficile de garantir la main d’œuvre nécessaire à la gestion de l’accident.

 

Les ouvriers qui ont déjà été exposés à des doses d’irradiation qui dépassent les limites autorisées doivent cesser de travailler. Il était tout à fait prévisible que la disponibilité d’ouvriers qualifiés et compétents diminuerait.

 

En outre, certains ouvriers viennent de loin ; ils veulent juste faire de l’argent rapidement. Je sais que ce problème n’est pas spécifique à la centrale.  C’est un des aspects douteux de l’industrie du bâtiment.

 

Avant l’accident, ces ouvriers faisaient affaire avec l’entrepreneur initial sous la supervision de 4 ou 5 sous-traitants. Mais depuis l’accident, il est devenu extrêmement difficile de garantir un nombre suffisant d’ouvriers, même en s’arrangeant pour avoir par exemple jusqu’à neuf ou dix niveaux de sous-traitants. Et le fait de faire appel à tant de sous-traitants intermédiaires réduit considérablement les salaires.

 

Ce qui se passe, c’est que les ouvriers qui viennent de loin pour travailler et gagner de l’argent  à Fukushima vivent dans des logements pour ouvriers et se rendent compte de certaines réalités en discutant avec les autres ouvriers.
Ils apprennent ainsi que les salaires payés pour les travaux de décontamination sont plus élevés et que ce travail entraîne moins de risques d’irradiation que le travail de construction à la centrale. Et ces ouvriers changent alors de travail pour se consacrer à des tâches de décontamination.

 

            – Oh… J’ai déjà entendu d’autres ouvriers parler de ce problème.

 

T : Et puis il existe aussi une autre catégorie d’ouvriers. Ce sont ceux qui viennent des autres centrales nucléaires réparties dans tout le Japon. Actuellement la plupart de ces centrales sont arrêtées, n’est-ce pas ? Ces ouvriers viennent à Fukushima parce qu’ils y ont été envoyés ou bien par choix personnel pour remplir une sorte de mission ou parce qu’ils ont un sens de la responsabilité. Cependant, à l’avenir, les centrales nucléaires vont être redémarrées une par une, ce qui veut dire que ces ouvriers, pour la plupart, devront retourner, volontairement ou non, dans leurs centrales d’origine.

 

            – Vraiment ? Comme on le soupçonnait, elles vont être redémarrées l’une après l’autre ?

 

Évidemment ! Les choses vont dans ce sens. C’est bien avec l’idée de redémarrer les centrales nucléaires à l’arrêt que l’Autorité de réglementation nucléaire (la NRA) a publié sa feuille de route pour les opérations d’inspection. Et il ne faut pas s’étonner qu’on demande aux ouvriers de retourner dans leur centrale. 

 

La NRA a publié la version préliminaire de ses nouvelles normes de sécurité [« Outline of the New Safety Standards »] et déjà certains producteurs d’électricité ont lancé investigation, inspection et construction. Entre temps, les ouvriers du nucléaire venus de tout le pays commencent à retourner dans leur centrale d’origine.

 

T : Parmi ceux qui travaillent à Fukushima depuis le début, la dose limite d’irradiation est de plus en plus souvent dépassée. Les ouvriers d’autres centrales retournent chez eux. Les ouvriers qui viennent d’autres régions du pays travailler à Fukushima pour faire de l’argent sont de moins en moins nombreux et le recrutement est difficile.

 

Construire des équipements avec des matériaux à bas prix pour réduire les coûts n’est pas le seul gros problème. Assurer le recrutement de la main d’œuvre est également devenu un sérieux problème.

 

            – Les coûts et la main d’œuvre posent donc de sérieux problèmes…

 

T : Il y a aussi un problème lié au statut des ouvriers. Le côté plus ou moins honnête de l’industrie du bâtiment ne date pas d’hier, mais passer entre les mains de 3 ou 4 sous-traitants pose vraiment problème.

 

Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous travaillons désormais avec des gens qui sous-traitent jusqu’à neuf niveaux. Imaginons qu’une équipe de 10 ouvriers comprennent des membres qui ont des statuts contractuels différents, disons par exemple, des sous-traitants qui dépendent d’une entreprise située trois voire six échelons plus bas. Pour éviter ce qu’on appelle les « arnaques au contrat », les chefs d’équipe de la première ou seconde entreprise n’ont pas le droit de donner des ordres directs aux ouvriers de la sixième ou neuvième entreprise sous-traitante.

 

Il est certain que donner des instructions directes à quelqu’un qui n’est pas votre employé direct est illégal et il y a fort à faire pour améliorer l’honnêteté de l’industrie du bâtiment. Mais ce genre de réglementation pourrait bien s’avérer un obstacle quand il s’agit de trouver des solutions efficaces pour gérer l’accident de la centrale.

 

Sur les sites, les chefs d’équipe ne peuvent pas donner d’instructions telles que « Voilà comment  ce travail doit être fait » de peur d’être accusés de fraude au cas où la personne concernée porterait plainte en disant «  j’ai reçu des instructions de quelqu’un avec qui je n’ai pas de lien d’emploi direct. » Les chefs d’équipe ont donc peur de donner des instructions. Et c’est un problème supplémentaire.

 

La fraude au contrat est sans aucun doute inacceptable. Mais dans une situation où des ouvriers  ayant des statuts différents doivent travailler ensemble parce qu’il n’y a pas assez de main d’œuvre, ce genre de réglementation n’est pas très justifiable. J’espère que ces conditions de travail vont être changées. Le gouvernement et les diverses organisations devraient travailler de concert pour gérer tous les employés afin de trouver des solutions efficaces. C’est une des raisons pour lesquelles je pense que TEPCO devrait renoncer à la direction de la centrale de Fukushima Daiichi.

 

.............………………...............………………………………………...............…………………...à suivre

 

Suite de l’article :

Témoignage d’un ouvrier de la centrale de Fukushima Daiichi (2)

Le problème du réacteur n°4 n’est pas seulement sa piscine !

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7 août 2013 3 07 /08 /août /2013 16:05

Que veut dire le mot « urgence » à la centrale de Fukushima Daiichi ? Ce mot a tellement été employé depuis deux ans et demi qu’on a du mal à croire à une urgence alors que Fukushima n’inquiète plus grand monde depuis longtemps. Et pourtant, ce mot vient d’être employé par quelqu’un qui s’occupe de la sécurité nucléaire au Japon : selon l’agence Reuters, le responsable d’un groupe de travail sur Fukushima de la NRA – l’Autorité de régulation nucléaire du Japon –  a annoncé lundi que Fukushima était dans une situation d’« urgence ». Shinji Kinjo n’est pourtant pas du genre à s’inquiéter d’habitude : le 15 mars 2011, après la troisième explosion à la centrale de Fukushima Daiichi, l’expert avait déclaré que l’augmentation de la radioactivité n’aurait pas d’effets immédiats sur la santé. C’est dire si ses propos publics aujourd’hui sont inquiétants. Pour comprendre pourquoi cet homme sort de sa réserve en remettant sévèrement en cause l’opérateur Tepco, il faut revenir sur les évènements qui ont débuté le mois dernier. C’est l’objet de cet article qui va essayer de faire le point de la situation concernant les eaux contaminées à la centrale de Fukushima Daiichi.

Etat de la situation en mars 2013 selon Ken Buesseler

Etat de la situation en mars 2013 selon Ken Buesseler

La gestion des eaux de Fukushima Daiichi

 

Pour bien appréhender la situation, il faut connaître l’état des lieux. En bref, en mars 2011, les sous-sols de la centrale on été entièrement inondés par le tsunami, d’où la présence abondante d’eau salée initialement. Puis elle a subi 3 meltdowns (fonte du cœur) – c’est-à-dire l’accident le plus redouté de l’industrie nucléaire – formant chacun un corium d’environ 70 à 90 tonnes. Mais pire, au moins un des coriums a traversé la cuve d’un réacteur pour s’arrêter et se solidifier en fond d’enceinte de confinement ; ça c’est la version officielle. Mais pour l’instant, Tepco n’a pas été capable de montrer quoi que ce soit prouvant cette version. Car il y a une autre hypothèse : le corium a peut-être traversé le radier de fondation, ce qui l’aurait mené à la couche géologique contenant la nappe phréatique. Personne n’a prouvé cela non plus, car c’est tout simplement impossible en l’état des connaissances étant donné que Tepco pratique la rétention d’une grande partie des données. Mais cette hypothèse est de plus en plus plausible, nous allons voir pourquoi.

A la télévision japonaise (Asahi TV), on n’hésite plus à parler de melt-out (sortie du corium de l’enceinte de confinement).

A la télévision japonaise (Asahi TV), on n’hésite plus à parler de melt-out (sortie du corium de l’enceinte de confinement).

Arrosage des cœurs fondus

 

Tepco arrose les cœurs fondus – du moins leur emplacement supposé dans les cuves – pour évacuer leur chaleur résiduelle. Cela nécessite environ 360 m3 d’eau par jour. L’eau, au lieu de rester dans les enceintes de confinement, se répand dans les sous-sols de la centrale, probablement à cause de failles provoquées par le tremblement de terre du 11 mars 2011. On estime que 100 000 tonnes d’eau contaminée stagnent ainsi à la base de la centrale. La contamination de cette eau est très importante : les dernières mesures donnent 5,7 millions de Bq/L pour l’unité un, 36 millions de Bq/L pour l’unité 2, et 46 millions de Bq/L pour l’unité 3.

 

Nappe phréatique en jeu

 

Une autre arrivée d’eau, incontrôlable, a été rapidement constatée, c’est celle de la nappe phréatique qui vient de toute part : 400 m3 d’eau par jour, qui se mélange et se contamine à celle utilisée pour le refroidissement.

Pour que le niveau d’eau ne monte pas et que le site ne devienne pas un marécage radioactif, Tepco est obligé de pomper en permanence l’eau des sous-sols. Cette eau est ensuite acheminée à des systèmes complexes de traitements qui suppriment la salinité et enlèvent une partie des radionucléides. L’eau est ensuite stockée dans des réservoirs, et une partie est réutilisée pour le refroidissement. En effet, pour éviter de relâcher de l’eau radioactive dans l’océan, on la stocke sur le site. Actuellement, il y a environ 1000 réservoirs contenant quelques 300 000 m3 d’eau contaminée. Au 5 août 2013, Tepco a annoncé avoir encore 60 000 m3 de stockage disponible, ce qui lui permettrait de tenir jusque décembre 2013. Sur le long terme, d’ici deux ans, Tepco prévoit d’augmenter sa capacité de stockage à 700 000 m3.

 

Le point sur le stockage et le traitement des eaux contaminées le 30 juillet 2013 (source Tepco)

Le point sur le stockage et le traitement des eaux contaminées le 30 juillet 2013 (source Tepco)

Le combat contre l’arrivée d’eau

 

Pour éviter de traiter trop d’eau, Tepco a installé 12 puits en amont des réacteurs pour pomper l’eau de la nappe phréatique avant qu’elle n’arrive dans les sous-sols. Cette opération ne permet en fait que de pomper 100 m3/jour. Mais comme le terrain surplombant ces puits a été contaminé par des fuites d’eau très radioactive provenant de réservoirs souterrains que l’opérateur avait creusés à même le sol – pour réduire la facture du stockage en cuves métalliques  – il n’y a pas encore d’autorisation pour relâcher cette eau en mer. En effet, après le tollé provoqué par le relâchement de 11 500 m3 d’eau radioactive dans l’océan en mars 2011, Tepco a promis de ne plus le faire sans l’autorisation des pêcheurs. Mais aujourd’hui, les pêcheurs n’ont plus confiance et ils ont sans doute raison.

 

Ce poisson, pêché à proximité de la centrale de Fukushima Daiichi en janvier 2013 est très radioactif : 254 000 Bq/kg, soit 2 540 fois la limite de 100 Bq/kg définie pour les produits de la mer par le gouvernement.

Ce poisson, pêché à proximité de la centrale de Fukushima Daiichi en janvier 2013 est très radioactif : 254 000 Bq/kg, soit 2 540 fois la limite de 100 Bq/kg définie pour les produits de la mer par le gouvernement.

Mur étanche et fuites vers la mer

 

Prévu depuis deux ans, la construction d’un mur étanche en acier et béton entre la centrale et l’océan aurait dû être aujourd’hui terminée. Il n’en est rien. Pour des raisons probablement financières (ça coûte évidemment très cher) et humaines (difficulté de recruter des ouvriers), la construction de cette barrière est loin d’être terminée.

Projet du mur étanche en acier et béton (Tepco et Asahi TV)
Projet du mur étanche en acier et béton (Tepco et Asahi TV)

Projet du mur étanche en acier et béton (Tepco et Asahi TV)

Dans la précipitation due aux découvertes du mois de juillet, Tepco a opté pour la réalisation de murs chimiques. Cette technique avait déjà été employée en 2011 : à l’époque, on avait injecté dans le sol du silicate de sodium (Na2SiO3), qui est un composé chimique ayant la particularité de solidifier le sol et le rendre dur comme du verre. Il est possible que ce soit le même procédé. Toujours est-il qu’une raison technique empêche de réaliser cette structure jusqu’au niveau du sol. Le mur chimique de 16 m de profondeur s’arrête à 1,80 m de la surface.

Principe de réalisation du mur chimique par injection (source Tepco)

Principe de réalisation du mur chimique par injection (source Tepco)

Or il semble que l’utilisation de cette technique sur une longueur de 100 m ait provoqué la montée du niveau de la nappe phréatique en aval de la centrale au niveau de l’unité 2 : le niveau d'eau dans un des puits a augmenté d'un mètre depuis début juillet. Cela semble assez logique étant donné que l’eau souterraine se déplace de la montagne vers l’océan. Rencontrant un obstacle, cela provoque une élévation de son niveau. Le gros problème, c’est que cette eau est fortement contaminée ; Tepco reconnaissait qu' « il est possible que les eaux aient commencé à passer par dessus le mur souterrain », ce qui signifie en clair qu’elle est déjà en train de rejoindre l’océan.

Schéma de l’Asahi TV : le niveau de l’eau de la tranchée est plus haut que le sommet du mur chimique.

Schéma de l’Asahi TV : le niveau de l’eau de la tranchée est plus haut que le sommet du mur chimique.

De l’eau contaminée dans l’océan

 

Les mesures réalisées en mer depuis deux ans et demi montrent que la radioactivité ne baisse pas près de la centrale de Fukushima Daiichi, alors que la décroissance radioactive et la dilution auraient dû provoquer une diminution significative de la pollution. On supposait donc que la centrale relâchait des effluents radioactifs mais Tepco refusait jusqu’à maintenant d’admettre cette réalité. Ce n’est que le 22 juillet 2013 que l’opérateur a reconnu une pollution du Pacifique, puis le 2 août, Tepco a annoncé que la quantité totale de tritium rejeté depuis mai 2011 était comprise entre 20 000 et 40 000 milliards de becquerels (20 et 40 TBq). En fait, suite à la fuite de 2011 qu’ils avaient eu du mal à contenir, Tepco s’était engagé à boucher des conduits, ce qui pourtant n’a jamais été fait durant 2 ans, la situation s’étant soit-disant « stabilisée ».

 

Localisation des fuites de 2011 (Asahi)

Localisation des fuites de 2011 (Asahi)

On se rend compte à chaque fois que l’opérateur n’a rien d’un service public – bien que l’état japonais soit l’actionnaire majoritaire – mais est bien une entreprise commerciale qui, recherchant toujours le profit, évite au maximum les dépenses. Finalement le 7 août 2013, le gouvernement, par l’intermédiaire de l’Agence des Ressources Naturelles et de l’Énergie, annonce que 300 m3 d’eau contaminée rejoignent quotidiennement l’océan.

 

Pomper en urgence

 

L’ensemble des conduits-tunnels-tranchées en aval de la centrale contiennent environ 15 000 m3 d'eaux contaminées. Devant l’insistance de la NRA, Tepco s’est engagé à commencer à les pomper dès le week-end prochain alors qu’ils programmaient ce nouveau chantier seulement à la fin du mois d’août. Comme le bassin qui devait recueillir cette eau supplémentaire près de l’unité 2 n’a pas encore été construit, cela va réduire mécaniquement les capacités de stockage du site.

Dès le mois de juin 2013, Tepco avait constaté une augmentation de la radioactivité dans l’eau d’un conduit situé près de l’unité 2. Mais en juillet, ça a été un peu la panique : deux prélèvements dans des tranchées qui servent en fait de réservoir d’eau contaminée depuis le début de la catastrophe ont donné des mesures impressionnantes : le premier prélèvement (19 juillet 2013) a mesuré 36 milliards de Bq/m3 de césium 134/137, et le second (26 juillet 2013) 2 350 milliards de Bq/m3. D’où l’état d’urgence décrété par la NRA.

 

 

Des tranchées qui débordent

 

Aujourd’hui, il est avéré que l’eau contaminée passe par-dessus la barrière chimique. On peut penser aussi qu’elle passe par en dessous et sur les côtés, étant donné que ce « mur » chimique est intermittent. On peut également penser que depuis 2 ans toute la communication de Tepco sur la nappe phréatique qui se serait maintenue sagement sous la centrale n’est qu’une vaste fumisterie. Dans une émission récente sur Asahi TV, des experts dénoncent les projets désastreux de l’opérateur.

 

Sur Asahi TV, on explique que même le mur en acier-béton ne serait pas efficace puisque l’eau de la nappe phréatique contournerait facilement la barrière pour rejoindre l’océan.

Sur Asahi TV, on explique que même le mur en acier-béton ne serait pas efficace puisque l’eau de la nappe phréatique contournerait facilement la barrière pour rejoindre l’océan.

Pour l’instant, aucune action destinée à retenir l’eau contaminée n’a été efficace. Elles ont été réalisées en dépit du bon sens. Pourtant depuis le début de nombreux experts réclament une enceinte souterraine fermée, une sorte de sarcophage souterrain gigantesque dont la construction prendrait deux années. Si cette décision avait été prise il y a deux ans, le déferlement de l’eau contaminée dans l’océan Pacifique aurait peut-être été contenu aujourd’hui. Peut-être, car on ne sait pas pour l’instant quelle profondeur devrait avoir cette enceinte. La centrale de Fukushima repose sur des couches sédimentaires gréseuses et il est probable que l’eau y circule très facilement à des profondeurs insoupçonnées.

 

Le corium sorti de l’enceinte ?

 

Selon l’ACROnique de Fukushima du 1er août, les derniers résultats de mesure de la contamination en césium de l'eau des tranchées incriminées font apparaître des concentrations en centaines de millions de becquerels par litre pour le réacteur n°2. Plus l'eau est prélevée profondément, plus elle est radioactive, relate aussi Gen4 : il y a jusqu'à 950 millions de becquerels par litre. Cela laisse penser que l’eau qui refroidit les coriums sort de l’enceinte de confinement et largue ses radionucléides en continu dans la nappe phréatique. Etant donné que Tepco ment par omission en permanence sur tous les fronts depuis le début de la crise, on peut penser raisonnablement que c’est une des dernières cachoteries de l’opérateur maudit.

Des échantillons ont été prélevés le 31 juillet à une profondeur de 1 mètre, 7 mètres et 13 mètres sur le côté mer de la centrale. (Asahi)

Des échantillons ont été prélevés le 31 juillet à une profondeur de 1 mètre, 7 mètres et 13 mètres sur le côté mer de la centrale. (Asahi)

Que faire maintenant ?

 

Maintenant que le gouvernement a révélé que 300 m3/jour d’eau contaminée s’écoulent en continu dans l’océan, que va-t-il être possible de faire ? Il devient très critique de travailler dans cet environnement de plus en plus radioactif. Les hydrogéologues de la NRA certes travaillent sur le sujet, mais rarement la théorie concorde avec le terrain. L’eau finit toujours par s’infiltrer et s’installer. Il serait dangereux que le sol où est construite la centrale devienne un bourbier radioactif car il pourrait devenir instable. La solution à court terme est donc d’encore pomper et stocker. La solution à long terme n’est pas encore connue. Ou alors, il faut faire comme l’IRSN, rester optimiste quoi qu’il arrive : « Au vu des valeurs observées dans l’eau de nappe, l’apport de radioactivité à l’océan par le site devrait rester limité au regard de cet apport terrestre global, compte tenu des mesures prises, et les éventuels impacts écologiques devraient vraisemblablement rester localisés aux environs immédiats de la centrale du fait de l'importante capacité de dilution de l'océan. » (IRSN, 10 juillet 2013)

 

Grès de Fukushima (coupe géologique à 300 m de la centrale)

Grès de Fukushima (coupe géologique à 300 m de la centrale)

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2 août 2013 5 02 /08 /août /2013 23:21

Il existe deux webcams braquées en permanence sur la centrale de Fukushima Daiichi et disponibles en ligne. L’une est gérée par Tepco sur le site nucléaire même (lien), l’autre par une chaîne de télévision commerciale, JNN (Japan News Network), régie par le réseau TBS (Tokyo Broadcasting System, Inc.). Aujourd’hui, je vais vous parler de la seconde, connue sous le sigle TBS/JNN. L’accès à cette webcam se fait sur le compte Youtube TBS News-i , mais attention, le lien change de temps en temps et il faut le réactualiser. Cette webcam est très visitée par les veilleurs de Fukushima du monde entier.

 

Depuis longtemps, je me demandais où pouvait se trouver cette caméra indiscrète qui donne des images de la centrale avec un autre angle de vue que celle de Tepco et qui a fourni en mars 2011 les célèbres images des explosions des unités 1 et 3. Pour tenter de localiser cette caméra, j’ai prospecté les montagnes situées au sud-ouest de Fukushima Daiichi en utilisant l’outil Google Earth. Une fois trouvés quelques points culminants possibles, j’ai comparé l’image virtuelle 3D avec une vue grand angle capturée le 16 mars 2011 (explosion de l’unité 3) par la caméra TBS/JNN et j’ai choisi la configuration de paysage la plus proche du cliché.

Image tirée de Google Earth avec cadrage centré sur le site de Fukushima Daiichi

Image tirée de Google Earth avec cadrage centré sur le site de Fukushima Daiichi

Comparaison de la photo avec l’image virtuelle 3D

Comparaison de la photo avec l’image virtuelle 3D

Situation du sommet repéré en plan et ligne de visée

Situation du sommet repéré en plan et ligne de visée

La position possible de la caméra TBS/JNN se situe à 17 km à vol d’oiseau de la centrale, au sommet d’une montagne du district de Naraha, à 682 m d’altitude. A cet endroit, on voit sur la photo aérienne plusieurs mâts, reconnaissables par leur ombre au sol.

Au premier plan, vue du point culminant probable avec ses installations

Au premier plan, vue du point culminant probable avec ses installations

Le fait que cette caméra soit placée en altitude donne une image oblique plongeante avec un horizon qui n’est pas le ciel mais la mer.

Zoom avec la mer comme horizon (cliché du 8 avril 2013)

Zoom avec la mer comme horizon (cliché du 8 avril 2013)

La qualité HD de l’objectif lui permet de faire des zooms impressionnants qui ont permis par exemple de voir évoluer les ouvriers sur le niveau technique du réacteur n°4 en 2012.

 

En revanche, toute perturbation atmosphérique de type brouillard, brume, nuage, pluie, neige engendre un brouillage partiel ou complet de l’image. Un autre écueil à la netteté de l’image est la chaleur, les mouvements de convection de l’air chaud provoquant des distorsions visuelles.

 

La webcam TBS/JNN a permis durant deux ans et demi de suivre l’évolution des travaux sur le site, souvent même avant d’avoir des informations de Tepco. Ce qu’ont découvert les veilleurs de Fukushima en visionnant cette webcam, c’est que justement Tepco ne donne pas toutes les informations. Par exemple, l’opérateur japonais ne s’est jamais vanté de l’apparition de panaches de vapeur alors que l’arrêt à froid avait été décrété.

 

Par ailleurs, la caméra ne fixe pas sans arrêt la centrale. De temps à autre, des plans sont faits sur le paysage, avec quelques zooms intéressants donnant divers aspects du point de vue. Par exemple, voici des clichés extraits de l’enregistrement du 25 janvier 2012 :

La webcam TBS/JNN surveille la centrale de Fukushima Daiichi
La webcam TBS/JNN surveille la centrale de Fukushima Daiichi
La webcam TBS/JNN surveille la centrale de Fukushima Daiichi

Dernièrement, le 3 mai 2013, la caméra s’est intéressée aux réacteurs 5 et 6, très peu observés jusqu’à maintenant. Malheureusement, la source a disparu en l’espace de quelques semaines et je n’avais pas encore extrait de clichés quand je m’en suis aperçu. Dans ces défuntes images, on percevait que les deux bâtiments réacteurs n’ont pas la même hauteur. Le n° 6, que l’on voyait en arrière-plan, dépasse de 14 m son voisin n° 5. Il est aussi plus puissant, avec une puissance thermique presque 3 fois supérieure à l’unité 1 : 3293 MWt contre 1380 MWt. Mis en service en 1979, il est le dernier construit sur le site de Fukushima Daiichi (source).

 

Cela m’amène à penser que la disparition progressive des images et des vidéos sur Fukushima peut faire partie d’un plan de nettoyage du net. Certaines parties sensibles des installations ne sont jamais montrées, et si, pour une raison ou pour une autre, une image gênante sort par mégarde, on s’arrange pour la faire disparaître. Par exemple, les images de l’incendie survenu le 19 octobre 2012 ont été « nettoyées ». Mais le cas du réacteur n°4 est un meilleur exemple. Tepco a déjà prouvé plusieurs fois son intention de cacher des endroits de ce bâtiment, soit directement par coloriage blanc, soit par aplats noirs. Mais le summum est bien le verrouillage total de la diffusion d’images des incendies et de l’explosion du bâtiment réacteur 4. Pourtant, la caméra TBS/JNN, ainsi que bien d’autres caméras fixées sur la centrale en pleine crise, filmaient bien la centrale en continu en ces jours des 15 et 16 mars 2011…

 

En fait, je suis très inquiet de la disparition progressive des documents sur Fukushima, car cette suppression des sources empêchera les historiens de travailler correctement et permettra un lissage, voire un gommage de certains faits. Tout en rédigeant ce billet, alors que je vérifiais quelques liens, je me suis rendu compte à nouveau de la fragilité des documents mis en ligne et de la nécessité de les sauvegarder. Non seulement la vidéo infrarouge du 11 mars 2011 a disparu, mais la pire découverte pour moi a été de constater la suppression de l’intégralité de la collection des 11 vidéos de 2012 prouvant que « l’arrêt à froid » était un mensonge (lien vers la collection massacrée). La création d’une base de données francophone sur la catastrophe de Fukushima pourrait contrer cette dégradation progressive et continue des sources.

 

Pierre Fetet

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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 01:53

Manifestement, Tepco est débordé. Non seulement il doit toujours gérer l’arrivée de centaines de tonnes d’eau contaminée par jour, les fuites multiples et variées des réservoirs souterrains ou aériens et la contamination de la nappe phréatique et de l’océan qui sont de plus en plus radioactifs, mais il doit en plus trouver une solution à une découverte faite le 18 juillet 2013 par un ouvrier sous-traitant chargé de nettoyer les débris du niveau technique du réacteur n°3 : de la vapeur s’échappe du bâtiment en continu. Pour minimiser ce fait très gênant, Tepco l’explique en prétendant que de l’eau de pluie s’est infiltrée et s’évapore à cause de la chaleur.

 

En fait, Tepco fait semblant de ne pas savoir, comme d’habitude. Il faut revenir en mars 2011 pour comprendre ce qui se passe. Une vidéo aérienne prise le 27 mars 2011 montre très clairement que le confinement du réacteur 3 était atteint après l’explosion du 14 mars 2011. Voyez ce cliché extrait de cette vidéo : de la vapeur s’échappe du centre du bâtiment en ruine, côté nord. On distingue bien la fosse de rangement de matériel, et la vapeur qui s’échappe à sa droite.

Tepco débordé à Fukushima Daiichi

Or aujourd’hui, Tepco essaie de cacher, de manière ridicule, qu’il y a une fuite à ce même endroit, alors qu’ils savent très bien que la vapeur provient de l’enceinte de confinement.

On a souvent vu de la vapeur s’échapper des bâtiments depuis que Tepco et le gouvernement ont déclaré les réacteurs à froid en décembre 2011 (Se reporter aux vidéos collectées dans cette page : Arrêt à froid avec panaches). Donc on sait bien que les coriums sont capricieux. Non seulement on ne sait pas où ils sont, mais en plus ils peuvent de temps en temps générer des recriticités (redémarrages localisés et chroniques de fissions), donc de la chaleur, d’où le bore préparé par Tepco pour calmer le monstre.

Situation de la fuite du réacteur 3

Situation de la fuite du réacteur 3

Donc pour résumer, Tepco nous fait un sketch sur une fuite connue depuis deux ans et demi en nous expliquant que ce n’est que de la pluie qui s’évapore alors que c’est le scénario du pire : il n’existe plus de confinement, la vapeur radioactive sort de l’enceinte de confinement comme d’une vieille cocotte minute ayant perdu son joint.

 

Maintenant, on peut se demander pourquoi Tepco (et le gouvernement qui est actionnaire majoritaire) joue à ce petit jeu. Est-ce pour détourner l’attention de la contamination record de l’océan ? ou est-ce pour annoncer petit à petit, l’air de rien, que le Japon ne pourra pas gérer et payer tout seul cette catastrophe continuelle qui affecte le monde depuis 2 ans et demi ?

 

Photos fournies par Tepco :

 

1 : A droite, on voit la piscine de combustible recouverte d’une toiture protectrice qui a été posée pour la durée des travaux de déblaiement du niveau technique.

1 : A droite, on voit la piscine de combustible recouverte d’une toiture protectrice qui a été posée pour la durée des travaux de déblaiement du niveau technique.

2 : Cette photo démontre, pour ceux qui pensaient que la cuve du réacteur avait explosé, que la dalle ronde anti-missile, située juste au dessus de l’enceinte de confinement, est toujours en place. Par-dessus cette dalle se trouve le pont roulant qui est tombé là lors de l’explosion du 14 mars 2011.

2 : Cette photo démontre, pour ceux qui pensaient que la cuve du réacteur avait explosé, que la dalle ronde anti-missile, située juste au dessus de l’enceinte de confinement, est toujours en place. Par-dessus cette dalle se trouve le pont roulant qui est tombé là lors de l’explosion du 14 mars 2011.

3. Il reste encore beaucoup de décombres, mais pour l’instant le chantier a été arrêté à cause de la vapeur. Quoi qu’il en soit, ce sont des robots qui travaillent à cet étage car la radioactivité y est trop importante.

3. Il reste encore beaucoup de décombres, mais pour l’instant le chantier a été arrêté à cause de la vapeur. Quoi qu’il en soit, ce sont des robots qui travaillent à cet étage car la radioactivité y est trop importante.

___________________

Pour suivre l’évolution de la catastrophe nucléaire :

Info quotidienne avec la page de l’ACRO

Infos hebdomadaires avec la compilation de Pectine

Infos japonaises, traduites en français, avec Fukushima Diary

Infos interactives avec les groupes Facebook dédiés à Fukushima : Fukushima Information, Les veilleurs de Fukushima francophones, Dernières nouvelles de veilleurs, etc.

Infos techniques avec Gen4

Infos diverses avec Les veilleurs de Fukushima

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 21:53

La zone interdite en juin 2013

Alex Thomson a realisé un très bon reportage sur Channel4News, « Signs of radioactivity return to Japan »

Voici quelques clichés extraits de cette vidéo :

Poupée abandonnée

Poupée abandonnée

Déchets et eau radioactive s’accumulent à la centrale de Fukushima

Déchets et eau radioactive s’accumulent à la centrale de Fukushima

Il y a encore des réfugiés 2 ans après l’évacuation !

Il y a encore des réfugiés 2 ans après l’évacuation !

Des haut-parleurs annoncent la fin de la visite autorisée.

Des haut-parleurs annoncent la fin de la visite autorisée.

Conférence de Janick Magne

Janick Magne a parcouru la France en mars-avril 2013 pour témoigner de ce qui se passe au Japon depuis deux ans, en présentant sa conférence dans 5 lieux dont le dernier, Bonnet, se situe à quelques kilomètres de Bure, commune qui accueille le projet de centre d'enfouissement de déchets nucléaires (CIGEO).

Femmes de Fukushima

Six femmes Japonaises nous offrent ici, loin des dissimulations et des mensonges d’état à propos du progrès réel de la décontamination en cours, une vision brute et sans états d'âme de la façon dont l’accident de Fukushima a affecté leur vie, leur foyer, et leur famille.

Le tourment d’une mère de Fukushima

Photos : Tchernobyl au Japon

The Telegraph publie les photos d’une ville abandonnée (Namie) dans la zone d'exclusion nucléaire de Fukushima. Le photographe Franck Robichon suit Yuzo Mihara et son épouse Yuko qui, comme des dizaines de milliers de personnes, ont tout perdu.

Voir les 19 photos

Quatre photos extraites de la galerie proposée par The Telegraph :

Yuzo Mihara et son épouse Yuko © Franck Robichon

Yuzo Mihara et son épouse Yuko © Franck Robichon

L’école élémentaire abandonnée de Namie © Franck Robichon

L’école élémentaire abandonnée de Namie © Franck Robichon

Sacs d’élèves abandonnés sur place © Franck Robichon

Sacs d’élèves abandonnés sur place © Franck Robichon

Stockage "temporaire" de terre contaminée à Naraha © Franck Robichon

Stockage "temporaire" de terre contaminée à Naraha © Franck Robichon

Musique : Fukushima Style

Une parodie de Gangnam Style, proposée et sous-titrée en français par Kna

Ecouter Fukushima

Dans le cadre de l’émission « La demi-heure radio-active » diffusée le 11 juin 2013 sur Radio Galère, Thierry Ribault, économiste au CNRS, s’exprime sur le sort des réfugiés nucléaires, la fin de la zone interdite, les rapports contradictoires au sein de l’ONU et la politique nucléaire du gouvernement japonais.

Au-delà du nuage

Site consacré au web documentaire "Au-delà du nuage", et contenant de multiples témoignages. Cette création transdisciplinaire est une co-production franco-japonaise de KI / Keiko Courdy
Accès au site

Voir Fukushima (56)

Tous Fukushima

Le projet de "Tous Fukushima" : des jeunes en photo, tous informés de la situation des habitants du Japon, de Minami-Soma, Fukushima, et qui ont accepté de participer en tant que "citoyens du monde". Pour participer, il suffit de se prendre en photo devant un fond blanc ou rouge ( drapeau japonais ) avec un masque en papier ( pas cher, en pharmacie). L’idée, c'est de faire une "chaine humaine de photos" pour dire à nos amis japonais que l'on pense toujours à eux.

Voir Fukushima (56)

Artiste engagé

Face au déni généralisé de la part de ceux qui vivent dans le Tohoku, un artiste dénommé 281_Anti Nuke tente de faire prendre conscience des dangers du nucléaire à Tokyo par des œuvres murales. Etant devenu la cible de l’extrême droite, il a choisi de rester anonyme.

En savoir plus avec cet article du Japan Times (en anglais)

Accéder à sa galerie en ligne ici

Voir Fukushima (56)

A la centrale…

Tepco a engagé la construction d’un gigantesque bâtiment destiné au traitement des déchets radioactifs solides afin de réduire leur volume (source)

Voir Fukushima (56)
Voir Fukushima (56)

MOX

Manifestation le 27 juin 2013 au port de Takahama : 200 citoyens japonais manifestent contre l’arrivée du carburant MOX au plutonium d’Areva.

En savoir plus (vidéo, explication de ce qu’est le MOX) avec l’article de Georges Magnier

Voir Fukushima (56)

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 16:32
Fukushima : une vidéo inédite et des vapeurs suspectes

Selon le Japan Times du 18 juin 2013, l’autorité de réglementation nucléaire japonaise (NRA) vient de faire savoir que, suite à l’inspection du bâtiment réacteur 1, le tremblement de terre du 11 mars 2011 n’aurait pas endommagé la tuyauterie du condenseur d’isolement, système qui permet le refroidissement du réacteur. Cette enquête a pour origine le constat d’une fuite d’eau qui aurait pu avoir causé l’arrêt du système de refroidissement avant l’arrivée du tsunami. Un ouvrier témoin avait affirmé que cette fuite n’était pas de la vapeur, ce qui signifie, selon ce média, qu'il serait peu probable que les tuyaux des condenseurs aient été endommagés, car ils sont censés contenir uniquement de la vapeur.

Pourtant, il y avait bien de la vapeur qui s’échappait de la centrale de Fukushima Daiichi au moment de l’arrivée du tsunami, évènement que j’ai pu observer récemment en visionnant une vidéo restée inaperçue jusqu’à maintenant.

J’ai trouvé ces images de la chaîne japonaise FNN au hasard de mes recherches.  Elles ne semblent pas avoir été très diffusées, allez savoir pourquoi. C’est une vidéo de l’arrivée du tsunami sur la centrale de Fukushima Daiichi, vue du sud. La prise de vue est réalisée avec un téléobjectif, probablement depuis un éperon rocheux à 6 km au sud, ce qui permet d’avoir cet angle de vue. On voit les quatre cheminées du site nucléaire, l’unité n°4 qui est juste derrière la plus grosse cheminée en premier plan, l’unité 1 qui se dégage car décalée par rapport aux unités 2, 3 et 4, et les unités 5 et 6 en arrière-plan surélevé.

Vision de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi depuis le sud

Vision de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi depuis le sud

Ce qui est très intéressant dans cette vidéo, c’est sa relative netteté et les informations nouvelles qu’elle met au jour : hormis la violence des vagues frappant la falaise, on peut observer très nettement que le site, au niveau des unités 1-2-3-4, laisse échapper des panaches de vapeur provenant de deux endroits différents. Au temps 3’28, une réplique sismique a lieu et immédiatement se forme un énorme panache côté est. Il est possible qu’à ce moment-là, au moins un panneau-évent était déjà tombé et que la vapeur provenait directement de cette ouverture de sûreté. Cette observation tend à montrer qu’au moment du tsunami, il existait déjà une grande chaleur dans au moins un des bâtiments réacteurs et donc que le tsunami n’était pas responsable de ces rejets de vapeurs.

 

Ca démontre aussi que l’accident nucléaire a commencé au moment du séisme et non pas suite au tsunami, car en fonctionnement normal, une unité de production ne produit pas de tels panaches de vapeur. Il semble que dès 15h37, au moment de l’arrivée du tsunami, soit 3 quarts d’heure après le séisme, les réacteurs 1 et 2 avaient des problèmes de confinement.

 

Etant donné qu’il n’est pas possible qu’une piscine se soit déjà réchauffée à ce point en seulement 45 minutes, il est fortement probable que cette vapeur ce soit échappée soit du circuit de refroidissement, soit de l’enceinte de confinement.

 

Cette information est capitale car Tepco, le gouvernement et l’AIEA ont toujours affirmé que la catastrophe avait débuté avec le tsunami. A ce propos, seule la commission d’enquête indépendante de la Diète a émis des réserves sur les conclusions empressées des protagonistes du village nucléaire :

Nous concluons que TEPCO a été trop rapide à avancer le tsunami comme cause de l'accident nucléaire et à nier que le séisme ait causé des dégâts. Nous croyons que le séisme a probablement endommagé l'équipement nécessaire pour assurer la sécurité et qu’il est possible qu’il y ait eu une légère perte du liquide de refroidissement dans le réacteur 1. Nous espérons que ces points seront examinés de façon plus approfondie par une prochaine enquête.

Même si les deux catastrophes naturelles – le séisme et le tsunami qui a suivi - ont été les causes directes de l’accident, il reste plusieurs points dans le déroulement des événements qui n’ont pas été éclaircis. La raison principale en est que presque tout l’équipement directement lié à l’accident se trouve à l’intérieur de l’enceinte des réacteurs, qui sont inaccessibles et le resteront encore de longues années. Un examen complet et une analyse exhaustive sont donc impossibles actuellement.

TEPCO n’a cependant pas hésité à attribuer l'accident au tsunami, et à conclure que le séisme n'était pas responsable des dommages à l'équipement nécessaire à la sécurité (même s’il a ajouté « dans la mesure où l’information a pu être confirmée », une phrase qui apparaît dans les rapports de TEPCO au gouvernement et à l'AIEA). Cependant, sans preuve de fond, il est impossible de considérer le tsunami comme la cause directe de l’accident. La Commission estime qu'il s'agit là d'une tentative pour éviter toute responsabilité en mettant tout sur le compte de l’inattendu (la hauteur du tsunami), comme il est écrit dans le rapport intermédiaire, et non pas sur le séisme, plus prévisible.

Grâce à notre enquête, nous avons vérifié que les personnes impliquées étaient au courant du risque de séisme et de tsunami. En outre, les dommages causés au réacteur 1 ont été causés non seulement par le tsunami, mais aussi par le séisme, une conclusion établie après avoir examiné les faits suivants :
1) La plus grande onde de choc du séisme a frappé après l'arrêt automatique (SCRAM) [des réacteurs].
2) La JNES a confirmé la possibilité d’un accident localisé de perte de liquide de refroidissement.
3) Les opérateurs du réacteur 1 se sont inquiétés de la fuite de liquide de refroidissement de la soupape de sécurité.
4) La soupape de décharge ne fonctionnait pas.

En outre, il y a eu deux causes à la perte d'alimentation externe, toutes deux liées au séisme: il n'y avait pas de systèmes redondants et diversifiés, ni de résilience parasismique pour les alimentations électriques externes, et par ailleurs, le poste de transformation de ShinFukushima n'était pas résistant aux séismes.

Rapport NAIIC

 

 

Chronologie et analyse de la vidéo

 

14h46 : au moment du tremblement de terre, les alarmes fonctionnent normalement. Les barres de contrôle se relèvent automatiquement et mettent à l’arrêt les 3 réacteurs en fonctionnement. Les piscines se remplissent d’eau pour éviter toute surchauffe.

 

14h52 : un système de refroidissement de secours se met en route automatiquement. Les opérateurs estiment qu’un refroidissement trop rapide du cœur pourrait endommager la cuve et arrêtent le système. L’alerte au tsunami prédit une vague de 3 m à Fukushima.

 

15h27 : une première vague de 4 m arrive. La digue de la centrale étant à 5m70, cette première vague n’atteint pas les installations.

 

15h35 : une autre série de vagues d’une hauteur de 14 à 15 m inonde le bâtiment des turbines et percute la pompe d’eau de mer. 11 groupes électrogènes sur 12 sont mis hors service.

C’est à ce moment précis que commence la vidéo, et plus exactement quelques secondes plus tard.

 

 

Séquence 1 : 0:16 à 1:11 (c’est-à-dire 15:35:20 à 15:36:15)

 

Pour bien faire, il ne faut pas regarder les vagues impressionnantes qui ont lieu sur des falaises situées en premier plan à 3 km au sud de la centrale. Il faut fixer son attention sur le site nucléaire lui-même.

Vague se fracassant sur la falaise située 3 km au sud de la centrale (0:31) et analyse du paysage
Vague se fracassant sur la falaise située 3 km au sud de la centrale (0:31) et analyse du paysage

Vague se fracassant sur la falaise située 3 km au sud de la centrale (0:31) et analyse du paysage

 

Mais avant tout, voici une analyse de la silhouette de l’usine nucléaire, on verra que la localisation précise des bâtiments réacteurs (BR) est importante à connaître pour situer les différents panaches.

Analyse de l’image de la centrale vue du sud

Analyse de l’image de la centrale vue du sud

 

Revenons à la chronologie fine.

15 :35 :21 : un panache de vapeur apparaît entre le BR1 et le BR2. Ce panache ne peut être confondu avec une vague car celui-ci se déplace lentement de l’ouest vers l’est, alors que l’eau d’un ressac projetée vers le haut retombe de manière verticale.

Panache provenant de l’entre BR1-BR2 ou du BR2 (0:18)

Panache provenant de l’entre BR1-BR2 ou du BR2 (0:18)

15:35:58 : un nouveau panache situé entre le BR1 et le BR2 confirme que de la vapeur fuit en masse.

Panache provenant de l’entre BR1-BR2 ou du BR2 (0:55)

Panache provenant de l’entre BR1-BR2 ou du BR2 (0:55)

 

La vidéo attachée à un timing (horaire local) s’arrête à 1:10, soit à 15:36:13 selon le timing visible au début de la séquence, puis flouté. Les autres séquences de la vidéo de FNN n’indiquent pas le timing, mais on peut l’évaluer en observant les évènements et le niveau de la mer.

 

 

Séquence 2 : 1:11 à 2:02

 

La deuxième séquence montre un zoom sur la centrale. On voit une vague se fracasser sur le côté sud-est de la centrale, mais la vision est insuffisante pour savoir où a lieu l’impact, qui probablement est situé plus au sud que ce qu’on pense.

 

Vague au sud-est de la centrale de Fukushima Daiichi (1:18)

Vague au sud-est de la centrale de Fukushima Daiichi (1:18)

Puis on voit un panache de vapeur semblant provenir de l’espace entre le BR1 et le BR2.

Panache provenant de l’entre BR1-BR2 ou du BR2 (1:50)

Panache provenant de l’entre BR1-BR2 ou du BR2 (1:50)

 

La mer est haute, mais il est difficile de savoir si la séquence 2 est antérieure ou postérieure à la séquence 1. Toutefois, selon le choix chronologique du montage de cette vidéo, il est probable que la séquence 2 soit postérieure à la séquence 1.

 

Un détail permet de faire un raccord avec la séquence suivante : une cheminée située sur le BR6 est en train de fumer à la fin de la séquence 2 (à partir de 1:40) et on la retrouve identique au début de la séquence 3. Le BR6, dont Tepco ne parle quasiment jamais, a donc eu aussi un problème suite au séisme qui a provoqué ou nécessité un relâchement de gaz.

 

Fumée provenant d’une cheminée du BR6 (1:44)

Fumée provenant d’une cheminée du BR6 (1:44)

 

Séquence 3 : 2:02 à 3:14

 

La mer est en train de se retirer, et une réplique a lieu à 2:04-2:06. Puis la vidéo passe en vitesse accélérée montrant l’océan reprendre sa place habituelle.

A 2:25, on observe encore un panache de vapeur, mais cette fois-ci provenant de l’arrière du BR1 (nord du bâtiment).

 

Panache provenant de l’arrière du BR1, soit entre BR1 et BR5 (2:25)

Panache provenant de l’arrière du BR1, soit entre BR1 et BR5 (2:25)

A 2:31, une image est insérée pour faire une comparaison du niveau de la mer pendant et après le tsunami. La vapeur est encore visible derrière le BR1 à 2:35.

 

 

Séquence 4 : 3:14 à 3:50

 

La mer est à un niveau bas. A 3:28, une grosse réplique secoue la caméra. Immédiatement, cela provoque le dégagement d’un gros panache de vapeur, provenant du côté nord du BR1. Qu’est-ce qui peut provoquer de la vapeur quand on le secoue ?

La réplique enregistrée est peut-être celle de 15h48 ou celle de 16h10.

 

 

Fukushima : une vidéo inédite et des vapeurs suspectes

 

Séquence 5 : 3:50 à 4:29

Zoom sur la côte et ses vagues. Vision tronquée et embrumée de la centrale.

 

Séquence 6 : 4:29 à 5:09

Vision générale de la côte rocheuse et ses vagues.

 

Conclusion 

 

Ma conclusion aura la forme de questions :

Quelle est l’origine de ces panaches de vapeur, à deux endroits différents de la centrale ?

Pourquoi le BR6 a une cheminée qui dégage de la fumée peu après le tsunami ?

Quelle est la nature de ces rejets atmosphériques, et sont-ils volontaires ?

Tepco doit le savoir évidemment, pourquoi n’a-t-il jamais rien dévoilé sur ces sujets ?

Pourquoi cela reste-t-il caché ?

Cette vidéo compromettante pour l’industrie nucléaire ne va sans doute pas faire long feu. Amis de la vérité, sauvegardez-la avant que les nettoyeurs de la révision historique ne passent à l’action ! Je viens de me rendre compte que sur les 2 vidéos que je proposais dans un de mes premiers articles en avril 2011, 100% ont été supprimées (cf. ci dessous). C’étaient des comptes youtube, et à l’époque, je ne savais pas télécharger une vidéo. L’une montrait la vague arriver sur la centrale, l’autre montrait les dégâts causés sur les quais de la centrale. Encore un bel exemple de la « transparence » de l’industrie nucléaire.

 

Pierre Fetet

 

Vidéo supprimée de la vague sur Fukushima : http://www.youtube.com/watch?v=xwFrah3o4Cs

Vidéo supprimée de la vague sur Fukushima : http://www.youtube.com/watch?v=xwFrah3o4Cs

Vidéo supprimée des quais de la centrale de Fukushima Daiichi : http://www.youtube.com/watch?v=uAVKoCmBaPw

Vidéo supprimée des quais de la centrale de Fukushima Daiichi : http://www.youtube.com/watch?v=uAVKoCmBaPw

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 00:51
Explications d’experts sur les conséquences de la contamination radioactive de l’eau à Fukushima

Akio Matsumura, ancien diplomate japonais, Gordon Edwards, expert en physique nucléaire et Helen Caldicott, médecin pédiatre, s’expriment dans un article publié sur le site akiomatsumura.com sur les conséquences de la contamination radioactive de l’eau à Fukushima.

Titre original : Experts Explain Effects of Radioactive Water at Fukushima

Traduction française : Fukushima-is-still-news

Introduction

 

Akio Matsumura

Explications d’experts sur les conséquences de la contamination radioactive de l’eau à Fukushima

La contamination de l’eau pose un nouveau problème sur le site de Fukushima. Tepco doit continuer à refroidir les barres de combustible irradiées, mais n’a pas réussi à mettre en place un système permanent et soutenable pour se débarrasser de l’eau hautement radioactive produite par la procédure de refroidissement. Son système peut certes filtrer une grande partie de la radioactivité de l’eau, mais certains éléments comme le tritium, un agent cancérigène, ne peuvent pas être extraits et la concentration dépasse largement les normes légales. Tepco veut déverser l’eau dans l’Océan Pacifique afin de diluer le tritium pour rendre le taux acceptable, mais les pêcheurs, qui se méfient du fournisseur d’électricité, y sont opposés. Entre temps, Tepco stocke l’eau contaminée dans des citernes. Peut-on être surpris que ces citernes fuient (New York Times) ? De plus, Tepco admet qu’il finira par manquer de place pour toutes ces citernes de stockage.

La gestion de cette eau de refroidissement contaminée est devenue le problème le plus crucial  et le plus dangereux que Tepco ait eu à affronter depuis 2011.

 

 

Contexte

 

Selon le Japan Times (extraits): À la date du 7 mai , Tepco avait récupéré 290 000 tonnes d’eau radioactive dans 940 énormes citernes sur le site de la centrale, mais il en reste

94 500 tonnes dans les sous-sols des bâtiments des réacteurs et de diverses installations.

Tepco doit en permanence arroser les cœurs fondus des réacteurs 1, 2 et 3 en utilisant des systèmes de fortune pour éviter que le combustible ne fonde et ne provoque de nouveaux incendies.

 

Cependant, les enceintes de confinement des cœurs ont été endommagées par la fusion, ce qui a permis à l’eau de refroidissement hautement radioactive de fuir et de s’infiltrer dans les sous-sols. Les taux élevés de radioactivité ont empêché les ouvriers de s’approcher suffisamment pour inspecter correctement les dégâts, sans parler de démarrer la procédure de démantèlement.

 

Pour tout compliquer, 400 tonnes d’eaux souterraines pénètrent également quotidiennement dans les sous-sols des bâtiments endommagés par le tsunami et les explosions, se mélangeant aux fuites d’eau de refroidissement.

 

Tepco a utilisé un système de recyclage pour assécher les sous-sols. Ce système est supposé extraire le césium avant de remettre l’eau en circulation dans les réacteurs. Mais la menace est encore exacerbée par l’afflux des eaux souterraines.

 

Tout ce que Tepco a été capable de faire a été de construire davantage de citernes de stockage. Quels problèmes toute cette eau peut-elle provoquer ?

Selon Tepco, il y a une limite au nombre de citernes qui peuvent être installées avant que le site ne manque d’espace de stockage.

 

Tepco a affirmé pouvoir augmenter la capacité de stockage de 430 000 tonnes cette année à 700 000 d’ici la mi-2015, en abattant une forêt et en faisant de la place dans l’enceinte de la centrale. Cette façon de faire est censée lui procurer un répit de trois ans.

 

 

Le processus de contamination de l’eau

 

Gordon Edwards, expert en physique nucléaire

Explications d’experts sur les conséquences de la contamination radioactive de l’eau à Fukushima

1. Quand du combustible nucléaire est utilisé dans un réacteur nucléaire ou une bombe atomique, les atomes qu’il contient se désintègrent (subissent une “fission”) destinée à produire de l’énergie. Le processus de fission est déclenché par des particules subatomiques appelées neutrons. Dans un réacteur nucléaire quand les neutrons sont arrêtés, le processus de fission s’arrête également. C’est ce qu’on entend par “arrêt du réacteur”.

2. Mais le processus de fission nucléaire crée des centaines de nouvelles variétés d’atomes radioactifs qui n’existaient pas auparavant. Ces sous-produits radioactifs dont on ne veut pas s’accumulent dans le combustible irradié et pris collectivement, sont des millions de fois plus radioactifs que le combustible nucléaire de départ.

 

3. Ces nouveaux matériaux radioactifs sont classés comme produits de fission, produits d’activation et éléments transuraniens. Les produits de fission — comme l’iode131, le césium 137 et le strontium 90 — sont les fragments des atomes désintégrés. Les produits d’activation — comme l’hydrogène 3 (“tritium”), le carbone 14 et le cobalt 60 — sont le résultat de la transformation d’atomes non radioactifs en atomes radioactifs après absorption d’un ou plusieurs neutrons égarés. Les éléments transuraniens — comme le plutonium, le neptunium, le curium et l’américium — sont créés par transmutation quand un atome massif d’uranium absorbe un ou plusieurs neutrons, devenant ainsi encore plus massif (d’ou le terme « transuranien », qui signifie « au-delà de l’uranium »).

 

4. À cause de l’intense radioactivité de ces sous-produits, le combustible nucléaire usagé continue à dégager de la chaleur pendant des années après l’arrêt du processus de fission. Cette chaleur (appelée “ chaleur résiduelle”) provient de la désintégration incessante des déchets nucléaires. Nul ne sait comment ralentir ou arrêter la désintégration radioactive de ces atomes ; autrement dit, la chaleur résiduelle est littéralement impossible à arrêter. Mais la chaleur résiduelle décroît progressivement avec le temps, devenant beaucoup moins intense après une dizaine d’années.

 

5. Toutefois, dans les années qui suivent la mise à l’arrêt d’un réacteur, si la chaleur résiduelle n’est pas supprimée au fur et à mesure qu’elle est produite, la température du combustible irradié peut atteindre des niveaux dangereux et des gaz, vapeurs et particules radioactifs sont émis dans l’atmosphère à des taux inacceptables.

 

6. La manière la plus courante de supprimer la chaleur résiduelle du combustible irradié est de l’arroser en permanence. C’est ce que fait Tepco, à raison de quelque 400 tonnes d’eau par jour. Cette eau est contaminée par les produits de fission, les produits d’activation et les éléments transuraniens. Comme ces déchets sont radiotoxiques et nocifs pour les organismes

vivants, l’eau ne peut pas être rejetée dans l’environnement tant qu’elle est contaminée.

 

7. En plus des 400 tonnes d’eau utilisées journellement par Tepco pour refroidir le cœur fondu des trois réacteurs endommagés, 400 tonnes d’eaux souterraines s’infiltrent chaque jour dans les bâtiments des réacteurs endommagés. Cette eau est également contaminée par la

radioactivité et doit donc être stockée en attendant d’être décontaminée.

 

8. Tepco utilise un “Système de traitement liquide avancé ”(ALPS) qui est capable de filtrer

62 types de matériaux radioactifs contenus dans l’eau contaminée, mais ce procédé est lent, l’extraction est rarement efficace à cent pour cent et certains matériaux radioactifs ne sont pas filtrés du tout.

 

9. Le tritium, par exemple, ne peut être filtré. Le tritium est de l’hydrogène radioactif : quand des atomes de tritium se combinent avec des atomes d’oxygène, on obtient des molécules d’eau radioactives. Aucun système de filtration n’est en mesure de retirer le tritium de l’eau, parce qu’on ne peut pas extraire l’eau de l’eau. Une fois rejeté dans l’environnement, le tritium pénètre librement dans tous les organismes vivants.

 

10. L’énergie nucléaire constitue l’exemple ultime de la société du tout-jetable. Le combustible irradié doit en effet être tenu à l’écart de l’environnement des organismes vivants pour l’éternité. Les matériaux de qualité utilisés pour construire la zone centrale des réacteurs nucléaires ne peuvent jamais être recyclés ou réutilisés, mais doivent être stockés en tant que déchets radioactifs pour toujours. Les réacteurs défaillants ne peuvent jamais être complètement arrêtés, parce que la chaleur résiduelle continue bien après la mise à l’arrêt. Et les efforts déployés pour refroidir un réacteur sévèrement endommagé produisent d’énormes volumes d’eau contaminée par la radioactivité ; celle-ci doit être stockée ou rejetée dans l’environnement. On comprend pourquoi certains qualifient l’énergie nucléaire de « technologie sans pitié ».

 

 

Neuf conséquences médicales de la contamination de l’eau par le tritium

 

Helen Caldicott, médecin pédiatre

Explications d’experts sur les conséquences de la contamination radioactive de l’eau à Fukushima

1. Il n’existe pas de moyen de séparer le tritium de l’eau contaminée. Le tritium, un émetteur bêta de faible énergie, est un puissant cancérigène qui reste radioactif pendant plus de cent ans. Il se concentre dans les organismes aquatiques dont les algues, les crustacés et les poissons. Parce qu’il n’a ni goût ni odeur et qu’il est invisible, il sera inévitablement ingéré à travers l’alimentation, en particulier les produits de la mer, pendant de nombreuses décennies.

Il se combine dans la molécule d’ADN – le gène – où il peut provoquer des mutations qui peuvent ultérieurement causer un cancer. Il provoque des tumeurs du cerveau, des malformations congénitales et des cancers dans beaucoup d’organes. La situation est extrêmement grave parce qu’il est absolument impossible de contenir toute cette eau radioactive en permanence et elle s’écoulera inévitablement dans l’Océan Pacifique pendant

50 ans ou plus, en même temps qu’une série d’autres isotopes très dangereux, comme le césium 137, qui a une durée de vie de 300 ans et provoque des tumeurs des muscles très malignes, les rhabdomyosarcomes, et le strontium 90 qui est également radioactif pendant 300 ans et provoque des cancers des os et des leucémies ; ces deux isotopes ne sont qu’un exemple des nombreux éléments radioactifs [contenus dans cette eau contaminée].

2. Les rayonnement peuvent provoquer tous les types de cancers. Comme une grande partie des terres de Fukushima et des environs sont contaminées, la nourriture – le thé, le bœuf, le lait, les légumes verts, le riz, etc. – resteront radioactifs pendant plusieurs centaines d’années.

 

3. Le terme de “nettoyage” est inapproprié : les sols, le bois, les feuilles et l’eau contaminés ne peuvent pas être décontaminés ; ils peuvent à la limite être déplacés ailleurs et contaminer les nouveaux emplacements.

 

4. L’incinération des déchets radioactifs propage les agents cancérigènes dans d’autres régions du Japon, y compris des régions qui n’étaient pas contaminées.

 

5.  Les cancers ont une longue période d’incubation : 2 à 80 ans après que les gens ont mangé de la nourriture radioactive ou respiré de l’air contaminé.

 

6. Selon l’AIEA, le démantèlement des réacteurs [de Fukushima] va prendre entre 50 et

60 ans et certains prédisent que ce désastre ne pourra jamais être nettoyé ni éliminé.

 

7. Où est-ce que le Japon va pouvoir déposer ce combustible fondu hautement radioactif, les barres de combustible et le reste ? Il n’existe aucun lieu sûr pour stocker ce matériau mortel

(qui doit être isolé de l’exosphère pendant un million d’années si l’on en croit l’EPA, l’Agence américaine de protection de l’environnement) sur une île régulièrement frappée par des séismes.

 

8. Au fur et à mesure que ces éléments radioactifs s’infiltrent dans l’eau et dans les océans et qu’ils sont rejetés dans l’air, l’incidence des malformations congénitales, des cancers et des aberrations génétiques ne peut qu’augmenter au fil du temps et dans les générations à venir.

 

9. Les enfants sont de 10 à 20 fois plus sensibles aux effets cancérigènes des rayonnements que les adultes (les petites filles y sont deux fois plus sensibles que les garçons) et les fœtus des milliers de fois plus – une radio chez la femme enceinte double le risque pour l’enfant d’avoir une leucémie.

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 20:54
Green et Vert et le hameçonnage écolo

On connait tous le hameçonnage (phishing) par mail ou par site falsifié qui consiste à usurper l’identité d’une entreprise ou d’une personne de confiance afin de soutirer des renseignements personnels.

Eh bien tout utilisateur de l’Internet doit être averti qu’une autre forme de « hameçonnage » existe pour l’écologie à travers de nombreux sites. Ce n’est ni de l’écoblanchiment (greenwashing), ni du filoutage mais c’est une démarche trompeuse pour qui n’y prend pas garde. Le lobby nucléaire est très puissant, il n’a pas peur des dépenses dès qu’il s’agit de favoriser l’idée que le nucléaire est indispensable à nos sociétés. Pour ce faire, des associations, des fondations ou des sociétés sont créées avec des buts reprenant les thèmes écologistes. Ça c’est pour la façade officielle et irréprochable. Puis, du fait de l’absence de militant, la vie de ces organismes est activée artificiellement par l’intermédiaire de sites internet subventionnés par des fonds inconnus. Ces sites présentent bien, ils sont riches d’informations diverses et variées touchant à l’écologie, et abordent des sujets intéressants de manière régulière. Mais, dans le même temps, sous couvert de « développement durable », de « communication responsable », d’ « éco-acteur », etc., on y place, parmi beaucoup d’articles hameçons, des articles favorables aux idées du lobby nucléaire.

L’exemple de Green et Vert

 

D’après la rubrique « Qui sommes-nous ? », le site existerait depuis mars 2010 ; mais les premiers articles en lignes datent bizarrement de janvier 2010. Six mois après Fukushima, une association loi 1901 intitulée « Green et Vert » est constituée.  En septembre 2011, le site est édité par le « Fonds de dotation Green et Vert », constitué et financé par les fondateurs du site. Qui sont-ils ? Mystère. Les noms des fondateurs sont introuvables. La demande de renseignement adressée à l’adresse mail de contact reste sans réponse.

Quel est l’objectif de cet « Établissement à but non lucratif » ? Il « opère toutes activités d’intérêt général visant à sensibiliser sur les enjeux et les opportunités du développement durable ».

Au fait, que signifie ce terme, « développement durable » ? Voici sa définition : Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Selon la déclaration de Rio, il doit respecter entre autres principes :

- La protection de l'environnement est partie intégrante du processus de développement.

- Le public doit être impliqué dans les décisions.

- Le principe de précaution doit être mis en œuvre.

Donc très clairement, l’industrie nucléaire ne peut pas prétendre contribuer à ce développement durable puisqu’elle génère des déchets radioactifs qu’elle disperse dans l’environnement pour des milliers d’années, que l’avis de l’opinion publique n’est quasiment jamais pris en compte et que le principe de précaution n’est jamais appliqué (on aurait dû arrêter la production d’énergie nucléaire dès la catastrophe de Tchernobyl. On aurait ainsi évité Fukushima et les catastrophes futures).

 

Alors pourquoi cet exemple de Green et Vert ? Parce que le site présente de nombreux articles qui, sournoisement, diffusent les idées pronucléaires traditionnelles, à savoir :

- Fukushima n’est pas une catastrophe, c’est un « incident ».

- On ne peut pas se passer du nucléaire.

- Les énergies renouvelables sont trop chères.

- L’énergie nucléaire est la moins chère à produire.

- Le nucléaire est une énergie propre, sans résidus.

- Il faut accepter l’idée des réacteurs de 4ème génération.

- Le nucléaire est acceptable si l’on met le paquet sur la sécurité.

- La science va permettre de faire des progrès pour diminuer les risques.

- On doit se préparer à une nouvelle catastrophe.

- On peut vivre en territoire contaminé.

 

Vous ne me croyez pas ? Alors lisez ces exemples :

 

7 juin 2013 : Quand le nucléaire menace plus que la santé et l’environnement

Le titre est bien accrocheur, mais au fil de l’article, on lit : « la fermeture de près de la moitié du parc nucléaire national combiné à un été qui s’annonce torride et allongé, fait craindre des rationnements d’électricité. De quoi faire dérailler une économie qui se relève doucement après une période difficile » . Le principe trompeur développé dans cet article est de faire croire au rationnement. Or il a été démontré au Japon qu’un pays fortement nucléarisé pouvait stopper toutes ses centrales sans problème majeur.

 

5 janvier 2013 : Réacteurs au thorium : le nucléaire du futur ?

C’est une publicité pour ce type de réacteur : « Un chercheur local affirme néanmoins avoir trouvé une alternative plus sûre et fiable, et bien meilleur marché ». Et plus bas ce titre : « Une énergie nucléaire plus respectueuse de l’environnement ».

 

17 juin 2012 : La preuve du retour en force du nucléaire

Le titre est trompeur, car il concerne la Chine uniquement. « Le seul espoir qu’il reste, c’est que la sécurité ne soit pas sacrifiée pour la vitesse de réalisation de ces projets » : Green et vert accepte donc l’option nucléaire en Chine en se satisfaisant d’une sécurité accrue.

 

20 mars 2012 : Des mini-centrales nucléaires plus sûres ?

 « le réacteur modulaire Carem-25 devrait permettre de diminuer les risques grâce à sa petite taille ».  Green et Vert insinue que le nucléaire est acceptable si on diminue les risques.

 

14 mars 2012 : Un an après Fukushima

 « Le Canada et les États-Unis se veulent rassurants et soulignent la fiabilité de leurs réacteurs ». « Selon de nombreux experts, la tragédie de Fukushima a démontré que le Japon n’était pas prêt à faire face à une crise nucléaire de cette ampleur ». Green et Vert insinue que dans les autres pays, on est prêt ?

 

13 mars 2012 : Fukushima, un an après

La photo d’illustration ‒ on croit rêver ‒ date de 1999, et montre la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi impeccable ! Il y a là une véritable volonté de Green et Vert de ne pas diffuser les images des bâtiments nucléaires éventrés après les multiples explosions.

Et puis cette phrase extraordinaire : « Si les autorités de l’archipel multiplient les déclarations en faveur des énergies renouvelables, comme l’a récemment fait le gouverneur de la préfecture de Fukushima, on ne voit pas comment il se passerait totalement, à court terme, de l’énergie atomique ». Green et Vert, le soi-disant défenseur du développement durable, ne voit pas comment faire pour se passer de nucléaire ! Et pour bien embrouiller le lecteur, ils parlent du « ratio production/capacité [qui] s’élevait aux alentours de 80% » au lieu de parler des 30 % de production d’électricité… C’est dans ce genre d’article glissés de temps en temps que le véritable objectif du site se dévoile : promouvoir le nucléaire.

 

12 mars 2012 : La place du nucléaire dans le monde de demain

 « L’énergie est reconnue par l’ONU comme la clé de voûte du développement et de la stabilisation des civilisations. Étant donné les ressources limitées dont nous disposons à tous points de vue, la question ne semble pas être pour ou contre le nucléaire, mais plutôt comment ». Green et Vert ne remet pas en cause le nucléaire, c’est clair.

Publicité pour Areva : « Areva investit dans le renouvelable »

« Le nucléaire justifie donc sa place par le besoin d’une énergie disponible, abondante et propre ». Euh, oui, il n’y a pas de souci, Green et Vert, on a bien compris votre position ! Encore un article très clair sur les intentions du site !

 

16 décembre 2011 : Bill Gates en visite pour réduire la pauvreté ou pour vendre du nucléaire ?

 « L’alliance entre Bill Gates et la Chine pour développer la nouvelle génération de nucléaire est une preuve supplémentaire de la confiance qu’ont les dirigeants de Pékin dans cette filière. C’est une option essentielle de la politique énergétique chinoise pour faire face à l’augmentation de la demande électrique ». En somme, vive Bill Gates, vive le nucléaire chinois !

 

25 novembre 2011 : L’archipel doit-il miser sur le nucléaire?

Green et Vert apporte le témoignage d’un « entrepreneur du secteur des énergies « amies » de l’environnement ». Et que dit cet homme ?

- « Les politiques récentes de retour aux énergies renouvelables sont critiquables en raison de leurs coûts. »

- « Le nucléaire offre des garanties »

- « L’énergie nucléaire est la moins chère à produire »

- « Pour le Cap Vert, il suffirait d’une centrale de 100 MW, qui ne génère pratiquement pas de résidus. » (Si, si, vous avez bien lu !)

- « Nous devons nous préparer pour le futur, et le futur sera l’énergie nucléaire. »

Cet article est bien révélateur des intentions du site, n’est-ce pas ?

 

16 novembre 2011 : Les grands moyens pour faire un état des lieux de la contamination autour de Fukushima

« Pour reconstruire la région autour de Fukushima, il faut d’abord décontaminer et rassurer la population sur le niveau de radiations ». Mais surtout ne pas l’informer des risques sur la santé ! Green et Vert fait donc connaître son avis sur la question de la contamination : il faut apprendre aux populations à vivre en territoire contaminé.

 

30 juillet 2011 : Le premier réacteur de 4ème génération connecté au réseau électrique

Encore un coup de pub pour les réacteurs de 4ème génération : « c’est une étape sensible de plus dans la maîtrise et le développement de la quatrième génération de réacteurs nucléaires par la Chine. Cette technologie devrait permettre de mieux utiliser le combustible nucléaire, de faire des avancées en termes de sécurité, et de réduire le problème des déchets. »

 

28 juillet 2011 : Le secteur du nucléaire à peine ébranlé après Fukushima

 « A ce jour, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et le Japon sont cependant les seuls pays à avoir réellement cédé à la pression populaire et aux écologistes ». C’est vrai que par ailleurs, on ne demande que rarement à la population si elle est d’accord ou pas à prendre ce risque.

« Pourquoi ne pas continuer avec le nucléaire effectivement ? »

« Sortir du nucléaire aujourd’hui ne serait pas possible »

« L’industrie de l’atome n’est donc pas prête à régresser »

 

6 juin 2011 : Christophe de Margerie s’adresse aux jeunes

Arrêter le nucléaire, ce n’est pas bien, et hop, on tape sur le choix de l’Allemagne : « M. de Margerie ne mâche pas ses mots, jugeant la sortie de l’Allemagne du nucléaire d’ici 10 ans comme étant une « décision unilatérale et égoïste» »

Et puis le traditionnel : « Les énergies renouvelables coûtent très chères ». A force de le marteler, les gens le croient !

 

15 mars 2011 : Le spectre de Tchernobyl plane sur Fukushima

 « La possible catastrophe nucléaire au Japon rappelle aux Ukrainiens et aux Russes l’explosion dramatique de la centrale de Tchernobyl, le 26 avril 1986. Selon les experts interrogés par Komsomolkaya Pravda, en Ukraine et en Russie, les deux situations sont loin d’être identiques, même si au fil des jours, des voix discordantes se font entendre sur la dangerosité de l’incident japonais ». Green et Vert, comme le gouvernement français, refuse de voir une catastrophe nucléaire alors que les 4 réacteurs de Fukushima Daiichi ont déjà explosé !

 

Dans quel but Green et Vert agit ainsi ? Apparemment pour maintenir l’état de désinformation des Français au sujet du nucléaire, comme cela se fait depuis des décennies. Egalement pour contrer l’effet négatif de la catastrophe de Fukushima. En tout cas ça marche, ça mord, car en deux ans ce site est devenu très bien référencé sur la toile.

 

Ce genre de site utilise une technique se rapprochant du hameçonnage (ou phishing ou  filoutage si vous préférez !) parce qu’il utilise une technique de communication qui détourne l’utilisation de l’expression « développement durable » au profit de l’énergie nucléaire. Ce n’est pas une usurpation d’identité mais une usurpation de sens. Si on ne fait pas attention, on peut facilement être trompé. Les internautes qui font confiance à ce genre de site sont des victimes potentielles si elles vont plus loin. En effet, le site est devenu en 2012 un « social media ». Dans ce nouveau cadre, on peut créer un compte et donner ses coordonnées. Mission accomplie alors pour les fondateurs inconnus du site si des écolos distraits sont ferrés.

 

Green et Vert, finalement, ce n’est ni green, ni vert, c’est pronucléaire.

 

Pierre Fetet

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