26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 16:34
Hiroaki Koide - Fukushima Daiichi : un compte rendu chronologique de la catastrophe

La deuxième intervention du Symposium de New York sur Fukushima est celle de Hiroaki Koide. Depuis plus de 40 ans, ce scientifique japonais n'a cessé de lancer des avertissements sur les dangers de l'énergie nucléaire. Deux ans et demi après le début de la catastrophe de Fukushima, l’électricien Tepco et l’état japonais sont totalement démunis devant l’eau radioactive se déversant en continu dans l’océan Pacifique et ce simple aveu d’impuissance face à l’horreur nucléaire donne ainsi raison à son combat.

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[Cet article fait suite à Naoto Kan - Mon expérience de Premier Ministre durant l'accident nucléaire de Fukushima]

__________________

 

 

Symposium de New York, 11 mars 2013

Les conséquences médicales et écologiques de l'accident nucléaire de Fukushima

 

 

Fukushima Daiichi :

un compte rendu chronologique de la catastrophe

 


par Hiroaki Koide

Master en génie nucléaire
Professeur adjoint à l'Institut de Recherche de l'Université de Kyoto
Expert en sécurité & gestion des déchets nucléaires

 

 

Bonjour à tous.

Merci de vous réunir aujourd'hui pour discuter de la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. J'aimerais vous communiquer quelques-unes de mes réflexions sur cette catastrophe.

Au Japon, il y avait 54 réacteurs nucléaires à la date du 11 mars 2011. La première centrale électrique du Japon a été l'unité 1 de Tokai, qui a été fournie par le Royaume-Uni en 1966. D'autres centrales nucléaires ont été installées, à Tsuruga et Mihama en 1970. Puis la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a été fournie par GE [General Electric] aux États-Unis. Elle avait été exploitée pendant près de 40 ans quand elle a été frappée par l'énorme séisme et le tsunami, le 11 mars 2011.

 

Fondamentalement, une centrale nucléaire est une installation dans laquelle l'énergie électrique est produite à partir de l'énergie libérée par la fission nucléaire de l'uranium. Lorsque l'uranium subit une fission, des produits de fission s'accumulent dans le cœur du réacteur nucléaire. Parce que ces produits de fission sont des matériaux radioactifs, ils ont la propriété fondamentale de produire de la chaleur par eux-mêmes.
 

Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi

Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi

Après que la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ait été frappée par le tsunami et le tremblement de terre le 11 mars, elle a perdu sa capacité à produire de l'électricité et à recevoir de l'électricité de l'extérieur.

 

Bâtiment n°4 en cours de démolition

Bâtiment n°4 en cours de démolition

Et les générateurs diesel d'urgence ont été emportés par le tsunami.

Travailleurs luttant avec des lampes-torches
Travailleurs luttant avec des lampes-torches

Travailleurs luttant avec des lampes-torches

La centrale a été forcée à être dans une situation où elle ne disposait plus d'électricité en interne.

 

Toutefois, les matières radioactives accumulées dans le cœur du réacteur ont continué à générer de la chaleur, et par conséquent, le cœur du réacteur allait fondre s'il n'était pas refroidi. C'est essentiellement le sort de toute centrale nucléaire.

Afin de refroidir le cœur d'un réacteur, il faut de l'eau de refroidissement. Afin de faire circuler l'eau de refroidissement, il faut une pompe. 

Unité 4 de Fukushima Daiichi

Unité 4 de Fukushima Daiichi

Afin de faire fonctionner une pompe, il doit y avoir de l'électricité.

 

Cependant, toutes les sources électriques avaient été perdues et les pompes ne fonctionnaient pas, et personne ne pouvait apporter de l'eau pour refroidir les cœurs des réacteurs.

 

Unité 4 de Fukushima Daiichi

Unité 4 de Fukushima Daiichi

Sur un total de 6 réacteurs nucléaires qui existaient au sein de la centrale de Fukushima, seules les unités 1, 2 et 3 étaient en service. Au moment où ces unités 1, 2 et 3 produisaient une chaleur féroce, elles ont été frappées par le séisme et le tsunami, et même si l'arrêt automatique de la réaction de fission nucléaire a fonctionné, le dégagement de chaleur par les matières radioactives elles-mêmes n'a pu être stoppé ; c’est ce que nous appelons "la chaleur résiduelle".


Tout cela a conduit à la fusion des cœurs des réacteurs dans les unités 1 à 3.

Maintenant, je voudrais que vous visualisiez le cœur d'un réacteur nucléaire qui est constitué d'une céramique - céramique et uranium frittés. C'est semblable aux tasses à thé et aux plats que vous utilisez tous à la maison.

 

Hiroaki Koide - Fukushima Daiichi : un compte rendu chronologique de la catastrophe

Ils disent que c'est devenu trop chaud et que cela a fondu. Maintenant, les gens ordinaires ne peuvent pas faire fondre des tasses et des plats. C'est difficile à imaginer. La céramique à base d'uranium ne fond pas à moins que la température ne dépasse 2800 ° Celsius. Mais elle a fondu. Il y avait environ 100 tonnes  de céramique à l'uranium fritté  dans le cœur du réacteur nucléaire, et ça a fondu.

La partie contenant le cœur du réacteur est une cocotte-minute en acier que l'on appelle "cuve sous pression du réacteur".  L'acier fond à 1400 ° - 1500 ° Celsius. La céramique à l'uranium fritté qui avait dépassé 2800 ° Celsius est tombée sur le fond de cette cocotte-minute. Elle a rapidement traversé le fond de la cuve sous pression. Le cœur fondu du réacteur est ensuite tombé sur le sol de l'enceinte de confinement du réacteur, qui confine la radioactivité et est le dernier rempart de protection.

 

Cependant, la cuve du réacteur a continué à céder à différents endroits, l'un après l'autre. D'où la perte du rempart de protection qui assure le confinement des radiations. La radioactivité a commencé à être libérée dans l'environnement.

Au même moment, l'hydrogène qui a été généré lorsque le cœur du réacteur a fondu a provoqué une explosion, qui a soufflé le bâtiment lui-même.

 

14 mars 2011 : explosion de l’unité 3 de Fukushima Daiichi

14 mars 2011 : explosion de l’unité 3 de Fukushima Daiichi

A gauche, unité 4, à droite, unité 3

A gauche, unité 4, à droite, unité 3

Je pense que la matière radioactive césium 137 était la plus dangereuse de celles  dispersées par la bombe atomique d'Hiroshima. La quantité de césium 137, qui a été libérée dans l'atmosphère par les unités 1 à 3 était de 168 fois celle de la bombe atomique d'Hiroshima, selon le rapport du gouvernement Japonais à l'AIEA, une organisation internationale qui promeut l'énergie nucléaire.

 

Hiroaki Koide - Fukushima Daiichi : un compte rendu chronologique de la catastrophe

Je pense pour ma part que c'est probablement une sous-estimation, et que deux ou trois fois ce montant, soit 400 à 500 fois la quantité de césium 137 de la bombe atomique d'Hiroshima a déjà été dispersée dans l'atmosphère.

 

Dans le même temps, les matières radioactives qui ont été dissoutes dans l'eau ont coulé dans le sol, puis sont arrivées dans l'océan. Je crois que presque la même quantité de matières radioactives rejetées dans l'air a probablement coulé dans l'océan.

Je pense que vous tous ici présents ce jour savez que le Japon appartient à la zone appelée zone tempérée de l'hémisphère Nord. Dans cette zone, les vents d'Ouest soufflent d'Ouest en Est. La centrale nucléaire de Fukushima est située sur la côte du Pacifique dans la région du Tohoku, et à l'Est, il n'y a que la mer.

Lorsque le vent souffle de l'Ouest, la quasi-totalité des matières radioactives rejetées par la centrale de Fukushima Daiichi partent vers l'Est, au-dessus de l'Océan Pacifique. Cependant, parce que c'est un vent, parfois il souffle à l'Est et par moments c'est un vent du Sud ou un vent du Nord. Pour cette raison, les régions du Tohoku et du Kanto au Japon ont été extrêmement contaminées par les radiations.

 

Les gens qui vivaient au sein d'une zone d'environ 1 000 kilomètres carrés (390 miles carrés) autour de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ont été forcés d'évacuer par le gouvernement Japonais. Plus de 100 000 personnes ont perdu leurs villes natales, leurs maisons, leurs voisins, et vivent en exil. Et, si les lois du Japon avaient été strictement observées, les zones où le sol est contaminé à plus de 40 000 Bq par mètre carré seraient désignées comme étant des zones contrôlées. Cependant, les zones contaminées allaient jusqu'à 20 000 kilomètres carrés (7 700 miles carrés), ce qui signifie qu'une vaste zone dans les régions du Tohoku et du Kanto aurait dû être évacuée.

 

Face à une telle réalité, le gouvernement Japonais a décidé qu'il ne serait jamais en mesure d'aider les gens dans ces zones contaminées, et que les gens seraient abandonnés et laissés là. A ce jour, environ 10 millions de personnes ont été laissées dans des zones qui auraient dû être désignées comme zones contrôlées, et elles sont exposées quotidiennement à une radioactivité continuelle.

Ensuite, vous pourriez demander si la catastrophe de Fukushima a pris fin, mais ce n'est pas le cas.

Le 15 mars 2011, il y a eu une explosion dans le bâtiment du réacteur n° 4, qui était situé juste à côté des réacteurs n ° 1, 2 et 3 et était hors service au moment de la catastrophe du 11 mars. Parce que le réacteur n° 4 n'était pas en exploitation, toutes les barres de combustible qui avaient été dans le cœur du réacteur avaient été transférées dans la piscine à combustible usé dans le bâtiment réacteur.

 

Il y avait 548 assemblages de combustible dans le cœur, mais la piscine du combustible détient 1 331 assemblages de combustible, soit 2,5 fois le nombre d'assemblages de combustible qui auraient dû être dans le cœur du réacteur. À l'heure actuelle, ils sont au fond de la piscine à combustible usagé, qui est pleine de produits de fission.

 

Je pense que ce combustible au fond de la piscine de combustible usé contient en césium 137 l'équivalent de plus de 10 000 bombes atomiques d'Hiroshima. Le bâtiment du réacteur nucléaire, qui a été détruit par l'explosion, est toujours exposé à l'environnement, même aujourd'hui, et il y a des répliques presque tous les jours, dans les environs de la centrale nucléaire de Fukushima.

 

Si une autre réplique importante avait lieu, le bâtiment du réacteur subirait d'autres dommages, et si la piscine à combustible devait s'effondrer, il deviendrait impossible de refroidir le combustible usagé. Je crains que beaucoup plus de matières radioactives que relâchées jusqu'à présent ne seraient expulsées dans l'environnement.

 

TEPCO est bien sûr conscient du danger et a continué à travailler pour enlever le combustible de la piscine à combustible usé et le transférer à l'endroit le plus sûr dès que possible, mais TEPCO estime que cela prendra plusieurs mois, probablement jusqu'à la fin de cette année, avant de pouvoir enfin commencer à retirer le combustible usagé. J'espère qu'il n'y aura pas de tremblement de terre avant cela.

 

Même s'il n'y a pas de tremblement de terre et qu'ils peuvent commencer l'enlèvement, ce sera un travail difficile. Je ne suis pas sûr qu'ils puissent vraiment retirer les 1 331 assemblages de combustible irradié en toute sécurité. Je pense que de nombreux autres  travailleurs seront exposés à des radiations dans ce processus.

 

Le Japon a choisi l'option d'utiliser l'énergie nucléaire, mais cette option impose un terrible fardeau à la nation, jette les personnes vivant autour de la centrale nucléaire dans un profond désespoir, et oblige de nombreux travailleurs à s'engager dans une lutte désespérée pour mettre fin à la catastrophe.

 

Mais, malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière dans le temps. Je dois vivre dans un monde contaminé. J'espère pouvoir faire ce que je peux pour mettre un terme à la catastrophe dès que possible, et diminuer le nombre de personnes exposées aux radiations, en particulier les enfants, même en petits nombres.

 

Toutefois, le Japon a eu recours à la production d'énergie nucléaire pendant longtemps. Les gens dans les sphères politiques et économiques persistent à dire que le Japon ne survivrait pas si la production d'énergie nucléaire prenait fin. Cependant, même les données du gouvernement japonais lui-même montrent clairement qu'il n'y aurait pas de problème d'alimentation électrique si le Japon venait à abolir l'ensemble de ses centrales nucléaires.

 

J'espère abolir totalement toutes les centrales nucléaires au Japon dès que possible. Je pense que ceux dans les domaines politique et économique et ceux qui ont dirigé le Japon devraient faire un effort pour étudier la nature destructrice de l'énergie atomique, et guider la nation comme de bons dirigeants en faveur de l'abolition des centrales nucléaires.

 

Dans le même temps, vous tous réunis ici aujourd'hui depuis le monde entier devez relever vos propres défis dans vos pays respectifs. Nous avons besoin de vos efforts afin qu'une plus grande tragédie encore ne se produise pas.

 

Merci beaucoup.

Enregistré et édité par Intertelemedia, Inc

Traduction en anglais par Kazko Kawai en coopération avec Voices for Lively Spring

Sous-titré (en Anglais) par East River Films Inc

Traduction & transcription française par kna60 / kna-blog.blogspot.com

 

 

Article de Kna60 sur son blog

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commentaires

A
http://www.romandie.com/news/n/Mesures_radicales_contre_l_eau_contaminukushima_RP_260820132009-14-393617.asp
Répondre
L
Romandie.com se sent dans l'obligation de faire paraître un papier alors qu'ils n'ont rien à dire ...<br /> Se contenter d'annoncer que l'on va faire des choses prodigieuses et ne pas dire ce que l'on va faire, simplement parce que personne ne sait quoi faire et que tout le monde a honte de ne pas savoir !<br /> D'autre part, les imprécisions dans les volumes. Ce ne sont pas seulement les réservoirs métalliques qui fuient ( ceux-ci assez peu par ailleurs ) mais aussi et surtout les fosses creusées à même le sol, des bassins à ciel ouvert recouverts de bâches qui, eux, contiennent des milliers de tonnes de cette eau contaminée.<br /> Pour relâcher 300 m³ il faut un volume plus important, ce qui n'est pas le cas des conteneurs de 100³ chacun.<br /> De ce fait, il s'agit d'un problème infiniment plus grave, le sol se tasse et se déforme, la pente fait qu'il se déplace en latéral et que des failles se font en souterrain, il faut donc d'abord pomper le volume ( monstrueux ) du bassin pour voir ce qui se passe.<br /> Et là... pas de solution, où stocker l'eau pompée ???<br /> Il n'y a plus de place pour des conteneurs et le seul endroit à creuser pour un autre bassin est éloigné, ça complique la tâche et la sécurité, chaque mètre de conduite en plus est une source d'emmerdements potentiels décuplée !
B
C'est très bien expliqué, à ceci près que selon des données déjà exposées ici l'explosion du réacteur N°3 le 15 mars 2011 ne serait pas une explosion d'hydrogène, mais une véritable explosion nucléaire : l'explication de cette différence vient du combustible utilisé, du MOX au lieu d'uranium enrichi. Et l'indice, le type de champignon qui s'est dégagé comme on le voit sur la photo ci-dessus. Les explosions des N° 1 et 2 ne jaillissaient pas en hauteur ainsi.<br /> <br /> La contamination par le N°3 a dû être terrible, surtout que du plutonium a dû être projeté en abondance. Bien entendu les chiffres manquent. Cette explosion-là a probablement considérablement compliqué les opérations.
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