C’est très difficile de suivre tout ce qui se passe à la centrale de Fukushima Daiichi. A ma connaissance, un seul veilleur réalise ce travail de manière continue et quasi exhaustive, c’est Iori Mochizuki, qui présente quotidiennement le résultat de ses recherches sur son blog Fukushima Diary. C’est une source fondamentale pour l’ensemble des veilleurs de Fukushima car il va chercher les documents à la source japonaise Tepco et les analyse et diffuse en anglais. Merci à Iori pour ce travail immense de restitution qui nous permet de mieux suivre les évènements et à Mimi Mato pour les traductions en français !
Incendie à la centrale
Un feu involontaire de déchets a eu lieu près d’un incinérateur à la centrale de Fukushima Daiichi début juillet 2013.
Débit de l’eau de la nappe phréatique
Selon une image originale en japonais (Tepco), traduite en anglais (Tepco), voici une traduction française de ce schéma montrant que la nappe phréatique passant sous la centrale est de 1000 m3/jour. Le gouvernement prétend que seuls 300 m3 d’eau contaminée rejoint l’océan chaque jour.
Les fondations des citernes ne sont pas en béton armé
D’après les photos que Tepco a publiées, la base de béton semble fissurée par le tassement du terrain. Pas étonnant qu’il y ait des fuites… Chaque citerne contient 1 000 tonnes d’eaux extrêmement radioactives. Tepco a déjà constaté officiellement 300 m3 de fuite, mais cela pourrait être beaucoup plus, par un jeu subtil de vases communiquant.
Inspection du réacteur 4
Tepco a à nouveau visité la piscine de désactivation n°4 contenant des centaines de tonnes de combustible usé à 30 m de hauteur.
…ainsi que la cuve du réacteur. On voit par exemple sur cette image le haut des barres de contrôle qui apparaissent en fond de cuve.
Tepco propose une vidéo de cette inspection (cuve, enceinte, piscine).
Inspection au réacteur 2
Tepco a réalisé une nouvelle inspection de la base de confinement du réacteur 2 en diffusant une nouvelle vidéo
Simply Info en propose une galerie de photos ici , mais on n’a toujours pas compris ce qui s’est produit dans ce réacteur et pourquoi il pollue autant.
Corium et tore
Voici une photo de l’intérieur de la piscine torique (en forme d’anneau) d’un réacteur de type GE Mark I, à vide. C’est dans cette piscine torique qu’aurait eu lieu une explosion dans le réacteur n°2 le 15 mars 2011.
Le site http://www.houseoffoust.com/fukushima/corium/corium.html présente une hypothèse très vraisemblable de sortie du corium, par un tuyau reliant la base de l’enceinte de confinement à la piscine torique. Dans ce cas, le corium n’aurait plus que 2,70 m de béton à traverser au lieu de 10,30 m pour quitter définitivement tout contrôle humain et rejoindre le sous-sol géologique et la nappe phréatique.
Explosion du BR3
Après le nettoyage de la surface technique du bâtiment réacteur 3, le pont roulant qui s’est effondré en mars 2011 à l’emplacement même de la bouche du réacteur est visible. On remarque qu’une explosion a endommagé ce pont roulant près de l’endroit où l’on observe depuis juillet des dégagements de vapeur. Un trou dans la tôle montre qu’une explosion ou qu’un objet propulsé à cet endroit a replié la tôle vers l’extérieur. Ce qui signifie que la pression venait de dessous. La longueur du trou est estimée à 3,50 m. Qu’est-ce qui a pu traverser ainsi le pont roulant avec une telle violence ?
Un morceau du BR3 ?
Le 20 juin puis le 2 juillet 2013, des débris fortement radioactifs ont été découverts dans le lit asséché d’une rivière de Nahara. Bizarrement, c’est Tepco qui a récupéré ces débris pour analyse, alors qu’ils se trouvaient à 20 km de la centrale de Fukushima Daiichi. Leur débit de dose est de 3,4 millisieverts par heure. Ils pourraient provenir de l’explosion d’un bâtiment réacteur en mars 2011.
Photos aériennes
La centrale de Fukushima Daiichi au mois d’août 2013 (source : presse japonaise)
Vue de la mer : côté port. Sur cette image, on voit le mur d'acier en construction qui devait empêcher la contamination du Pacifique
Congélateur géant
Tepco veut créer un mur de glace autour des quatre réacteurs pour stopper la contamination de la nappe phréatique et de l’océan. La réalisation d’une enceinte autour de la centrale a toujours été refusée par Tepco car trop chère. Aujourd’hui, au lieu de choisir une solution solide permanente, le gouvernement s’engage à financer ce congélateur géant de 1,6 km de long sur 20 à 40 m de profondeur. Ce genre d’ouvrage gigantesque n’a jamais été réalisé, sauf virtuellement dans une série de science fiction, Game Of Thrones. Il faudra une production faramineuse d’électricité pour geler le sol, et bien sûr, comme ce sera un superbe objet technologique, il tombera en panne. En attendant le clash, à qui profitera cette nouvelle mauvaise solution ?
Images d’artistes sur la contamination
par Carlos Ayesta et Guillaume Bression/Trois8
Voir toutes les œuvres à la source
David contre Goliath
Superbe et touchante photo de Naoto Matsumura, prise par le photoreporter Koji Harada.
En arrière-plan, la centrale maudite.
Carte de l’iode 131
Des chercheurs, dirigés par Yasuyuki Muramatsu, un professeur de chimie analytique à l'Université Gakushuin, et Hiroyuki Matsuzaki, un professeur en génie appliqué à l'Université de Tokyo, ont estimé la quantité d'iode-131 déposé dans le sol en fonction de la concentration dans le sol de l'iode-129, à 400 endroits à moins de 80 kilomètres de l'usine. Le groupe de recherche en a réalisé une carte dont les données datent du 14 juin 2011. Cette carte montre que les niveaux d’iode-131 étaient relativement élevés dans les zones au nord-ouest de la centrale, ainsi que sur des sites au sud de l'établissement.
source
Autres cartes
Des scientifiques chinois ont modélisé la diffusion du césium dans le Pacifique. Une reconcentration est possible à l’approche de l’Amérique en 4 ans.
Le même genre d’étude a été menée par une équipe de l’université de Hawai et tombe à peu près sur les mêmes conclusions : les côtes de l’Amérique du Nord finissent par se trouver plus polluée que celles du Japon.
(source)