A l’occasion du 3e anniversaire de la catastrophe de Fukushima, Naoto Matsumura, surnommé « Le dernier homme de Fukushima », arrivera à Paris le 4 mars 2014. Son périple en France durera 10 jours et le mènera de la capitale à la centrale nucléaire de Fessenheim. A chaque étape, il témoignera de ce qu’est véritablement une catastrophe nucléaire : la perte de son territoire, la disparition de sa communauté, l’abandon des animaux et du respect de la vie, la dégradation de la santé, l’exil sans retour ou la contamination forcée.
Qui aura la volonté de rencontrer Naoto Matsumura en France ? Déjà, des voix se sont fait entendre pour dénigrer son témoignage et essayer d’empêcher sa venue. Car il dérange nos petites habitudes de consommateurs tranquilles d’électricité nucléaire. Qui aura le courage de le regarder dans les yeux ? Car dans son regard rieur se trouve un miroir glaçant, celui de notre propre futur si nous ne changeons pas radicalement notre manière de produire de l’électricité. Il se peut en effet que nous ayons peur de rencontrer notre reflet de possible victime irradiée. Car Naoto Matsumura est contaminé. Est-ce pour autant qu’on doit le fuir, le cacher, le nier ? Doit-on avoir peur de serrer la main de Naoto Matsumura ? Y a-t-il de bonnes victimes (celles du tsunami) et de mauvaises victimes (celles contaminées) ? Doit-on le tenir éloigné de la société, l’enfermer dans sa zone ?
Pour moi, le choix est fait. C’est d’abord un homme. En tant que victime, il a droit à la reconnaissance et au respect. On lui reproche de ne pas avoir un passé de militant antinucléaire ; et alors ? Il a le droit de témoigner, et son témoignage de résistant ‒ parce qu’il a désobéi au gouvernement en refusant d’évacuer ‒ a autant de valeur que celui de ceux qui ont fui loin de Fukushima ou de ceux que les autorités obligent à rester vivre en territoire contaminé. S’il se trouve sous le feu des projecteurs, tant mieux ! Car les Français ne sont pas assez au courant de la réalité d’une catastrophe nucléaire. Ils vivent pour la plupart dans le déni du danger ou dans l’inconscience d’une catastrophe possible. « On ne peut pas faire de l’électricité autrement ! » disent-ils en cœur. Dans le même temps, on prend soin de ne pas faire référence au Japon qui a fermé la plupart de ses 51 réacteurs nucléaires depuis bientôt 3 ans…
Naoto vient en Europe pour dire qu’il est encore possible de choisir une autre voie que le nucléaire. Je suis heureux de pouvoir le rencontrer en France, terre fortement nucléarisée mais encore terre d’accueil, où il pourra s’exprimer librement et faire bouger, j’espère, des lignes qui semblent figées. Je remercie infiniment cet homme qui a le courage de venir parler de ces choses terrifiantes dont il est le témoin depuis 3 ans dans son pays. Je remercie aussi chaleureusement Antonio Pagnotta et Catherine Connan d’avoir osé imaginer puis réussi à concrétiser, grâce au soutien de l'ensemble des organisateurs et des associations parties prenantes, ce voyage qui s’annonce extraordinairement riche de rencontres et d’échanges.
Pierre Fetet
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- Pour soutenir financièrement ce voyage, vous pouvez soit participer en ligne, soit envoyer votre don par voie postale à l’ordre de l’association Le dernier homme de Fukushima à Fessenheim.
- Pour en savoir plus sur ce projet, visitez le site dédié, et en particulier sa FAQ.
- Pour connaître le programme du voyage de Naoto Matsumura, lisez le communiqué de presse ou le résumé des étapes ci-dessous.
Communiqué de presse (en cas de problème de lecture, ajouter l'extension .pdf)
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Programme du voyage de Naoto Matsumura en France
Naoto Matsumura sera accompagné tout au long de son périple en France par Ren Yabuki, Kazumi Goto (interprète), Catherine Connan, Pierre Fetet et Antonio Pagnotta.
Les étapes importantes :
4 mars : arrivée à Paris de Naoto Matsumura et Ren Yabuki.
5 mars : visites et rencontres à Paris.
6 mars : participation à une conférence sur Fukushima dans le 2ème arrondissement : "Que pouvons-nous apprendre de Fukushima" > 19h-21h, salle Jean Dame, 17 rue Léopold Bellan 75002
7 mars : visite du site ciblé d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure (Haute Marne) et rencontre avec des acteurs locaux de la lutte contre le projet CIGEO. 20h30 > soirée publique à Bonnet.
8 mars : visite des forêts vosgiennes et rencontre de militants anti-nucléaires.
9 mars : participation à la manifestation pour la fermeture de la centrale de Fessenheim
10 mars : rencontre avec des viticulteurs alsaciens, conférence et soirée de clôture de l’exposition inter-lycée (Molsheim, Obernai et Barr) des photos d’Antonio Pagnotta au lycée Schuré de Barr.
11 mars : conférence de presse au Parlement Européen à Strasbourg.
12 mars : participation à une table ronde sur Les leçons de Fukushima à Strasbourg > 19h Institut Lebel, amphi 1, 4 rue Blaise Pascal.
13 mars : rencontre avec les lycéens du lycée Théodore Deck à Guebwiller, visite d’un agriculteur bio, visite de la centrale photovoltaïque de Feldkirch, réunion publique avec les riverains de la centrale nucléaire de Fessenheim > 18h, Munchhouse.
14 mars : rencontre à la mairie de Fessenheim, visite chez un riverain de la centrale nucléaire, rencontre avec des agriculteurs.
15 mars : 19h-21h > participation à "Caméra citoyenne" sur la vallée du Florival.
16 mars : Visite de Wyhl et de Weisweil, dans le Baden Würtemberg, hauts lieux de la résistance antinucléaire outre-Rhin.
17 mars : participation à la Mahnwache de Müllheim, rencontre avec les agriculteurs allemands.
18 mars : conférence à la Haute École Pédagogique du canton de Vaud (Lausanne).
19 mars : vigie devant l’OMS à Genève avec Independant Who.
21 mars : retour au Japon
NB : ce programme peut être légèrement modifié en fonction de l'avancement du projet.
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Photo d’entête © Antonio Pagnotta
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On en parle
Naoto Matsumura –« Le dernier homme de Fukushima »
(blog Regards croisés, 20/02/14)