3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 21:55
Les taux de problèmes à la thyroïde pour les enfants, près de la centrale nucléaire, sont élevés

Effrayé à la pensée du retour… L’histoire d’un père de Fukushima

Les taux de problèmes à la thyroïde pour les enfants, près de la centrale nucléaire, sont élevés.

Cet article est paru sous le titre original « Frightened to return: A Fukushima father's story » sur le site de The Independent du 3 juin 2013

Traduction : Javale Gola, groupe Fukushima Informations

Comme la plupart des pères, Yoji Fujimoto se tourmente à propos de la santé de ses jeunes enfants. Outre les préoccupations parentales de circonstance concernant la nourriture qu’ils mangent, l'air qu'ils respirent et l'environnement dont ils héritent, cependant il doit en rajouter encore une : les retombées radioactives causées par un désastre nucléaire.

 

Trois jours après le commencement de la fusion à la centrale nucléaire de  Fukushima Daiichi le 11 mars 2011, M. Fujimoto a mis à l’abri ses deux filles, âgées alors de quatre et trois ans, à des centaines de kilomètres de là.

 

En décembre dernier, on a diagnostiqué sur la plus âgée des deux des kystes adénoïdes, le prélude à un type de cancer qui frappe souvent les glandes salivaires. « Le docteur m’a dit que c’est très rare » dit-il.

 

Bien que Monsieur Fujimoto et sa famille eussent été dans la préfecture de Chiba, à plus de 60 miles (100km) de la centrale et dans la direction opposée à la pire des retombées, il pense que sa fille a inhalé des radionucléides en quantité suffisante pour tomber malade. « Je suis convaincu que c’est à cause de l’accident de Fukushima ».

 

Les Nations Unies ont fait savoir la semaine dernière qu’elles ne s’attendaient pas à voir des taux élevés de cancers à cause de Fukushima, mais ont recommandé de continuer à contrôler. Le rapport du Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets de la Radiation Atomique a précisé que l’évacuation, rapide, a signifié que la dose inhalée par la plupart des personnes a été faible. TEPCO, l’opérateur de la centrale de Daiichi, estime le chiffre final de la radiation échappée à 900 mille terabecquerels, soit environ un cinquième de la quantité relâchée par l’accident de Tchernobyl en 1986. La plus grande partie s’est déversée dans les trois premières semaines.

 

L’impact précis de cette radiation est amèrement contesté, mais au moins un enseignement de Tchernobyl semble cohérent : les taux élevés de cancer de la thyroïde chez les enfants. Le Forum de Tchernobyl, une étude conduite par les Nations Unies en mai 2003, faisait état de pas moins de 5000 cas de cancers de la thyroïde parmi les personnes exposées âgées de moins de 18 ans, dans la plupart des régions touchées, probablement en raison de  l’ingestion de lait contaminé. De nombreux scientifiques estiment qu’il faut 4 à 5 ans pour développer des cancers.

 

Nonobstant les rumeurs d’un pic des cancers, d’une baisse de la natalité et de malformations durant un quart de siècle depuis Tchernobyl, les Nations Unies n’ont pas décelé « d’augmentation significative » des autres cancers parmi les populations touchées. Mais cette évaluation a été mise en doute. « Il existe une vaste documentation à propos d’autres effets » dit Steve Wing, un épidémiologiste de l’Université de Caroline du Nord.

 

Le Docteur Wing admet qu’il n’est pas possible d’évaluer avec précision le nombre des cancers induits par Tchernobyl « pour la principale raison d’un manque de contrôle des doses de radiation chez les populations sous le vent » et parce que les estimations des cancers sont en grande partie basées sur les études particulièrement défectueuses qu’on a menées sur les survivants de la bombe A.

 

Mais il dit que des parents comme Monsieur Fujimoto ont sans aucun doute raison d’être inquiets. « Nous savons à la fois que les doses reçues par les populations ne sont pas mesurées par les agences officielles – et elles sont vraisemblablement de toute évidence relativement élevées – et que les enfants et les femmes sont plus vulnérables aux radiations. Par conséquent, les interrogations et les profondes inquiétudes des gens de Fukushima vont continuer durant toute la vie ».

 

Cette évaluation est soutenue par le docteur Alexey Yablokov, un biologiste russe qui a publié  Tchernobyl : conséquences de la Catastrophe sur  la Population et l’Environnement, l’évaluation probablement la plus controversée du désastre. Il s’est rendu au Japon la semaine dernière pour promouvoir la traduction en Japonais du livre, qui souligne que l’impact sanitaire de Tchernobyl a été sérieusement sous-estimé. Il n’a pas atténué son message pour son public de Tokyo. « Je m’attends à une croissance du nombre des cancers de la thyroïde au Japon à compter de l’année prochaine » a-t-il dit. On a émis des critiques concernant la Recherche à Tchernobyl, le problème étant que le gouvernement soviétique d’alors, a initialement essayé de minimiser le désastre, en manipulant les statistiques. Le gouvernement de la préfecture de Fukushima a promis des contrôles durant la vie entière aux 360 000 personnes âgées de moins de 18 ans au moment du désastre.

 

En février, le gouvernement dit qu’on n’avait trouvé que 3 cas de cancers de la thyroïde après un contrôle sur 38 000 personnes, un chiffre que Shinichi Suzuki, professeur en chirurgie de la thyroïde à la Faculté de Médecine de Fukushima, dit ne pas être significatif sur le plan statistique. « C’est difficile d’imaginer qu’il y ait une relation entre le cancer et l’accident nucléaire » objecte-t-il au dédain généralisé des parents.

 

Kanako Nishitaka, une mère célibataire de deux enfants, dit que beaucoup ne font pas confiance aux enquêtes du gouvernement. Elle est née et a grandi dans la ville de Fukushima, à 40 miles environ de la centrale nucléaire [environ 64 km], mais s’en est éloignée en mai 2011 après que les docteurs eurent trouvé du césium dans le corps de sa fille Fuu. « On m’a dit que c’était à peu près la même quantité que chez les gens exposés aux essais de la bombe atomique » se rappelle-t-elle. « Les scientifiques qui font ces enquêtes nous disent de revenir chez nous, mais je me demande s’ils emmèneraient leurs propres enfants à Fukushima ! »

 

De nombreux parents pointent une découverte récente : plus de 40 % des quelque 95 000 enfants contrôlés par l’équipe du Docteur Suzuki présentent, à l’ultrason, des « anomalies » de la thyroïde. Environ 35 % ont des nodules ou des kystes sur leur thyroïde. La plupart des enfants vivent dans la zone la plus contaminée aux alentours de la centrale de Daiichi.

          

« Les kystes et les nodules ne sont pas des cancers mais ils laissent présager un inéluctable pic de problèmes sanitaires dans l’avenir », dit Monsieur Fujimoto – un point de vue contesté par le gouvernement. « Je n’ai absolument aucune confiance dans les dires du gouvernement » rétorque-t-il. « Ils veulent que les gens reviennent vivre ici, il est donc clair qu’ils veulent taire l’impact du désastre ».

          

Les parents accusent les scientifiques du gouvernement de s’être forgé une opinion avant même de commencer leur enquête – l’équipe du Professeur Suzuki a dit en juillet dernier qu’ils avaient pour but «  de calmer l’anxiété de la population ».

          

Le débat s’est durci dans deux directions : des gens tels que Monsieur Fujimoto disent que les autorités s’appliquent à minimiser voire à dissimuler le désastre, alors que le point de vue officiel s’amplifie selon lequel leurs soucis sont exagérés. Ceux qui dévient trop loin de la ligne officielle courent le risque d’être accusés d’être alarmistes.

          

Quoi qu’en disent les scientifiques, Monsieur Fujimoto martèle qu’aucun argument de la part du gouvernement ne pourra le persuader qu’il est sans danger de retourner à Fukushima. « Il y a tant d’informations qui ne sortent pas en ce moment. Il sera trop tard pour mes enfants quand elles sortiront enfin au grand jour ».

 

_________________

Photo d’entête : la pancarte indique que ce parc de la ville de Fukushima a été décontaminé le 9 mai 2013 et que la radioactivité n'est "plus" que de 0,5 μSv/heure.  (source tadagonpapa)

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 18:32
Le dernier homme de Fukushima

Antonio Pagnotta vient d’écrire et de publier un livre remarquable sur Fukushima, « Le dernier homme de Fukushima » où il raconte comment il a réussi à rencontrer un homme hors du commun, Naoto Matsumura : cet agriculteur a refusé d’évacuer la zone interdite en mars 2011 pour rester sur sa terre natale et nourrir les animaux abandonnés des hommes.

L’histoire de Naoto Matsumura est loin d’être banale. Plutôt que de subir une vie déracinée, d’un centre d’hébergement provisoire à un autre, plutôt que de supporter le regard discriminatoire de ceux qui ont eu la chance de ne pas être contaminés, il a choisi de retourner vivre dans sa terre natale, à Tomioka, à quelques kilomètres des centrales nucléaires de Fukushima Daiichi et Daini. Il vit désormais seul dans sa ferme, tel un ermite, et s’est donné pour mission de venir en aide aux animaux domestiques, les siens mais aussi ceux de ses compatriotes évacués. Mais il connaît le prix du sacrifice : « Je suis un homme césium. Je le sais depuis que j’ai fait une spectrométrie du corps entier en octobre 2011. Je suis un hibakusha, un irradié. Je pisse et chie le césium. Je dors et mange dans la radioactivité ».

© Antonio Pagnotta

© Antonio Pagnotta

Il a rencontré des troupeaux de vaches entièrement décimés, il ne peut plus pêcher tant les poissons sont radioactifs, il a vu une grande partie de ses abeilles dépérir, on lui a volé ses chiens ; malgré ces tristes évènements et cet environnement hostile, il a choisi de rester, mais pas seulement pour les animaux : il ne veut pas abandonner sa terre, qui est aussi celle de ses ancêtres. Pour lui, si tout le monde part, sa terre n’existera plus. Il veut garder espoir et croire en l’avenir en protégeant la vie et cherche des moyens pour décontaminer les sols. Une des méthodes testées est de faire brouter les vaches au lieu de les abattre. Selon un scientifique avec qui il est en contact, le césium se fixe très peu dans le corps des bovins et se retrouve concentré dans les bouses. Il suffirait de récupérer et traiter les litières pour décontaminer les prairies petit à petit (1). Son combat et ses actions semblent dérisoires face à la tâche impossible de décontamination de milliers de kilomètres carrés, mais c’est un homme debout, résistant à Tepco tout puissant, combattant de l’ultime pour conserver sa dignité humaine.

© Antonio Pagnotta

© Antonio Pagnotta

Le dernier homme de Fukushima

En lisant ce livre, j’ai rencontré un autre grand témoin de Fukushima, le photo reporter Antonio Pagnotta. Quand j’ai eu son livre dans les mains, j’ai été étonné de ne voir qu’une seule photo, celle du héros de Tomioka. Car paradoxalement, ce photographe n’a pas publié un album de ses œuvres, mais a tenu à écrire le récit de ses multiples rencontres avec Naoto Matsumura entre juin 2011 et novembre 2012. Et il a eu bien raison, car non seulement l’auteur a une écriture limpide, mais en plus le livre regorge d’informations très précieuses concernant la catastrophe de Fukushima : l’omnipotence de TEPCO, les fausses mesures du METI, la distribution d’iode retardée, les araignées radioactives, le trafic de voitures contaminées, les policiers sacrifiés, le lavage de cerveau des employés, le formulaire kafkaïen de dédommagement, le suicide de Mme Watanabe, les avortements cachés, etc. Tout en racontant l’histoire de Naoto Matsumura, Antonio Pagnotta décrit ainsi la catastrophe de Fukushima telle qu’elle se déroule depuis deux ans et dénonce sans contrainte la société de consommation à outrance et l’impasse du tout électrique nucléaire.

© Antonio Pagnotta

© Antonio Pagnotta

Durant ses incursions non autorisées dans la zone interdite, il vit des moments très difficiles, comme l’incapacité de sauver un animal trop faible pour se nourrir, ou le simple fait de se sentir l’unique être vivant dans un endroit déserté. Il vit aussi des moments qu’on ressent comme terribles, car quand on en prend connaissance, on se demande immédiatement comment nous-mêmes nous aurions réagi. La première fois qu’il va en zone contaminée, il porte un masque. Mais dès qu’il rencontre Matsumura, il comprend tout de suite qu’il faut qu’il enlève cet écran pour communiquer et mener à bien son reportage. Dans le même temps, il sait aussi ce qu’il risque. Lors d’une visite en zone interdite, il se fait surprendre par un hélicoptère et pour éviter d’être arrêté il se plaque au sol. Qu’a-t-il pu ressentir face contre terre à 35 µSv/h ? Il l’exprime avec force dans tout son récit.

© Antonio Pagnotta

© Antonio Pagnotta

Ce livre nous met face à nous-mêmes quand nous serons face à un accident nucléaire, en France ou ailleurs. Quand l’accident surviendra – et cet instant n’est pas imaginable – personne ne s’y sera préparé. Que ferons-nous ? J’ai toujours pensé qu’il y aurait deux types de réponse : la fuite ou le confinement. Faudra-t-il croire aux messages des autorités qui nous diront que ce n’est pas grave ? Faudra-t-il évacuer de force ? Et si oui pour combien de temps ? Et d’abord, que faudra-t-il emporter si on ne sait pas combien de temps on part ? Avec « Le dernier homme de Fukushima », on comprend qu’il existe aussi une troisième voie, celle de rester malgré les radiations. Qu’aurions-nous fait à la place de Naoto Matsumura ? Qu’aurions-nous fait, et surtout, que ferons-nous ?

© Antonio Pagnotta

© Antonio Pagnotta

Merci infiniment, Antonio Pagnotta, d’avoir rapporté ces faits ignorés, d’avoir bravé les interdictions et les radionucléides pour raconter la cruelle réalité d’un territoire contaminé. Merci d’avoir été le premier, par vos photos dès 2011, à faire connaître cet agriculteur abandonné des siens et aujourd’hui admiré par le monde entier. Merci enfin de m’avoir confié ces photos, qui témoignent de manière directe de la dureté et de la tristesse des faits dont vous êtes un témoin de premier ordre, mais aussi de la grande leçon d’humanité donnée par le dernier homme debout de Fukushima.

 

Pierre Fetet

Le dernier homme de Fukushima

Le Dernier Homme de Fukushima

Antonio Pagnotta

Editions Don Quichotte

En savoir plus sur le livre

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(1) [mise à jour du 21 mai 2013] Suite à la remarque d’un lecteur sur un autre site qui pensait que je faisais la promotion de la décontamination (« En fait de bouse, votre compte rendu est un concentré de la pire désinformation nucléocratique par influence », sic), je me dois de préciser que je ne crois pas à la décontamination. Je l’ai déjà expliqué de multiples fois dans ce blog au cours des deux ans passés : les radionucléides sont des poussières et se déplacent sans cesse avec le vent et avec l’écoulement de l’eau. Les radionucléides ne disparaissent JAMAIS, ils se disséminent et restent dangereux tant qu’ils sont radioactifs. En écrivant cet article, je ne comptais pas justifier la décontamination rêvée par Naoto Matsumura, mais je me mettais juste à sa place, lui, tout seul dans la zone, en train de lutter pour la vie. Donc aucune tentative de désinformation de ma part, juste de la compassion.

Quant à la validité scientifique de ce que prétend ce scientifique cité par Antonio Pagnotta, je n’ai aucune compétence pour en juger. Tout ce que je peux dire est que du bœuf radioactif a été commercialisé dès l’année 2011, et donc que du césium se trouve bien dans les muscles. Pour plus de précisions sur la contamination de la viande (et la contamination en général), se reporter à l’ouvrage de Vladimir Babenko, Après l’accident atomique, guide pratique d’une radioprotection efficace (lien).

© Antonio Pagnotta

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Après Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima, le prochain désastre sera en France ou en Chine. Là aussi, il y aura une tentative pour faire le silence autour de la catastrophe en faisant taire, en premier, la souffrance des irradiés.
Naoto Matsumura

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1 mai 2013 3 01 /05 /mai /2013 00:07

Cet article a déjà été diffusé l’année dernière sur le blog Pensées pour Tohoku - Japon 11/3. Parce que ce sujet reste totalement d’actualité, mais aussi parce que les infos en français sont rares, nous l’éditons sur le blog de Fukushima avec l’autorisation de l’auteure et traductrice, Junko Takase.

 

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Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

 

福島第1原発事故後の水の汚染

 

Rapport 1

 

Le 15 janvier 2012, la NHK a diffusé une émission

      « Contamination de la Radioactivité - Rapport Urgent de la Mer »,

d’après le premier sondage fait au large de Fukushima N°1, jusqu’à la baie de Tokyo

      ( Cet enquête a été réalisée à partir de novembre 2011 )

******

1-1 ) Au large de Fukushima 

 

福島県沖で

 

En novembre 2011, le professeur ISHIMARU Takashi et KANDA Jota de l’Univ. de Tokyo Océanographie a réalisé une enquête sur une zone de 20 km du large de Fukushima N.1, zone interdite par l’Etat, avec la Coopérative de la Pêche de Hisanohama, 30 km au sud de Fukushima. On y avait déjà trouvé des soles à 4500 Bq/kg de radioactivité, soit presque 10 fois plus que la norme officielle*.

A Hisanohama, depuis, la coopérative a cessé la pêche.

 

* Au moment où NHK a réalisé cette émission, la norme officielle était à 500 Bq/kg.                         Depuis avril 2012, celle-ci est de 100 Bq/kg
 

Les taux de radioactivité de l’eau de la mer à 20km du large de Fukushima : 0.06 µsv/h     Au même endroit à 13 m de profondeur de la mer : plus de 2 µsv/h

Nous avons également prélevé des échantillons de terre du fond de la mer à 32 endroits différents, sur la côte. Le résultat des analyses: Plus de 2000 Bq/kg sur 1 km de côte, juste devant la centrale, avec par endroit 4520 Bq/kg.

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Ensuite, nous avons analysé les poissons dans la zone de 20 km, au large du sud-est. 

Les résultats : mebaru 2300 Bq/kg,  Ainame 1400 Bq/kg, kasubé 1700 Bq/kg

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

L’analyse montre que la plupart des poissons du fond de mer avaient beaucoup plus de césium 137 que la norme. Quels sont les rapports entre ces poissons qui vivent au fond de la mer et la contamination de la terre ?

Dr.Ishimaru : « Au fond de la mer, vivent le plancton et de tout petits poissons qui mangent les boues contenant les substances radioactives.Ensuite, d'autres poissons mangent ces poissons. Tant que la substance radioactive reste au fond de la mer, la contamination des poissons continue par la chaîne alimentaire»
 

 

1-2 ) Jusqu’au au large de Chiba, à 200 km de Fukushima :

 

福島沖から200kmの千葉銚子まで

 

Le courant littoral tourne dans le sens des aiguilles d’une montre,

et le long de la côte du Pacifique, le courant tourne vers le sud.

Alors, nous avons décidé de faire des prélèvements de terre du fond de mer sur une distance de 200 km vers le sud de Fukushima.  

A 30 km, au large de la ville de Iwaki : 300 Bq/kg

A 30 km, au large de la ville de Iwaki : 300 Bq/kg

A 80 km, au large de la ville de Takahagi de Ibaragi : le fond de mer était du rocher dur, et la quantité de cesium relevée était très peu élevée. Comme montre le tableau dessous, au nord de Ibaragi, il y avait peu de césium.

A 120 km, au large de Hitachinaka : On pensait que le taux de radioactivité allait baisser, alors que le résultat était étonnant, 380 Bq/kg ! Comme au large de Fukushima. En fait ici, le fond de mer est composé de boues dans lesquelles le césium se fixe facilement.
 

A 180 km, au large de la ville de Choshi de Chiba : 112 Bq/kg au lieu de 38 Bq/kg en octobre 2011

 

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Professeur KANDA de l’Université de Tokyo Océanographie dit que ces substances de radioactivité se déplacent selon le courant de mer et peuvent se poser là où il y a des couches sédimentaires avec boues.

 

 

1-3 ) Dans les lacs et étangs ... endroits fermés :
 

内陸の湖や沼で起こっていること

 

En plus d'une contamination de la mer, il y a actuellement 23 lacs et étangs

en eau douce avec présence de poissons contaminés.

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Par exemple à Akagi-Onuma (alt. 1340 m) à Gunma (situé à 200 km de Fuku–shima). Le taux de radioactivité autour de ce lac n’est pas important : 0.17 µsv/h (la norme officielle qui déclenche le nettoyage est à 0.23 µsv/h)

 

Mais depuis le mois d’août 2011, nous avons trouvé dans Wakasagi 640Bq/kg, et d’autres poissons avaient dépassé la norme de 500 Bq/kg.
En décembre 2011, nous avons décidé de faire l’enquête sur ce lac

avec M. SUZUKI du laboratoire de pisciculture de Gunma.

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Résultat :
Plancton du lac Akagi-Onuma : 296 Bq/kg

Pourtant, ils ne vivent pas plus longtemps que quelques semaines.
Les boues du fond de lac : 950 Bq/kg, et en plus, la couche qui contient le césium fait 20 cm de profondeur.
 

Les lacs qui se trouvent au milieu des montagnes sont fermés et l’eau stagne. Une fois que le césium s’installe au fond du lac, il y reste et continue à contaminer les poissons : les planctons mangent les boues, les poissons les mangent, les poissons morts tombent au fond du lac, les planctons se reproduisent et ... cercle vicieux.

A Akagi-Onuma, c’est la saison de la pêche de Wakasagi. Mais aujourd’hui, on n’y voit personne.

A Akagi-Onuma, c’est la saison de la pêche de Wakasagi. Mais aujourd’hui, on n’y voit personne.

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25 ans après l’accident de Tchernobyl, le Centre National de Surveillance de la Radioactivité continue la recherche sur les poissons en eau douce contaminés en Ukraine

Leurs rapports montrent que les premières cinq années, le taux de césium dans les poissons avait baissé. Ensuite le taux ne diminue pas beaucoup. Il faudra attendre 30 ans, pour qu'il diminue de moitié.

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

1-4 ) A la Baie de Tokyo :

Un « Point Chaud », dans la Baie de Tokyo,

 plus élevé qu'au large de Fukushima

 

東京湾のホットスポットは福島第1原発沖を超えた

 

Dans l’embouchure de la rivière Edo, un « point chaud » révèle 2 fois plus de césium qu’à 20 km au large de Fukushima !


Depuis août 2011, en collaboration avec Dr. YAMAZAKI Hideo de l’Université de Kinki, nous avons commencé à faire des analyses. A 10 m de profondeur, le fond de mer est stagnant et sombre, et recouvert de boues. Nous avons fait des relevés à 26 endroits.

 

Résultats :

Les taux de césium trouvés étaient peu importants. Ormis au fond de la baie et à l’embouchure de la rivière Edo ( Edogawa) et Arakawa, où il a été relevé jusqu'à 872 Bq/kg !

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

En amont de ces rivières, s’étend la ville de Tokyo.

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Dr. Koibuchi, chercheur de l’Université de Tokyo pense que la contamination de la Baie de Tokyo va s'aggraver et que dans Edogawa, on peut touver des endroits où le césium peut s’accumuler.

« Ces substances de radioactivité se déplacent dans le courant rapide de la rivière. Mais en approchant à l’embouchure où l’eau douce mélange avec l’eau de mer, l’agrégation se produit : le césium qui se déplacait avec la boue ne se mélange pas tout de suite à l’eau de mer salée. Mais le sel fait coller les boues et le césium se fixe au fond de la rivière.

 

Durant 2 mois, le Dr. Koibuchi a examiné les taux de césium au fond de Edogawa :

1623 Bq/kg à 8 km de l’embouchure !

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

On peut imaginer que les substances de radioactivités qui sont tombées sur la plaine, peuvent se déplacer avec la pluie et s’accumuler dans toutes les rivières qui versent à la baie de Tokyo.

 

Conclusion :

D’après la simulation réalisée par le groupe de la Prévention aux Catastrophes de l’Université de Kyoto, cette contamination s’étendrait à une vitesse de 5 km / an. Et vers mars 2014, la contamination de la baie de Tokyo toucherait le niveau le plus élevé. Du fait que la forme de la Baie de Tokyo est un peu fermée, il sera possible que cette situation dure pendant un petit moment ...

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Comment les césiums peuvent-ils se déplacer ?

Qu’est-ce que l’agrégation ?

 

 

La substance radioactive comme le césium qui descend de la montagne à la plaine, arrive à la rivière ou au fleuve. Ensuite, le césium, de charge électrique positive, est pris par une particule argileuse de charge électrique négative, et ils se déplacent bien attachés désormais ensemble.

 

La densimétrie de cette particule (argile + césium) est légère, donc ne reste pas dans le courant rapide. Tandis que là où le courant est plus lent, notamment en aval de la rivière, elle se pose tout doucement au fond.

 

Quand cette particule se mélange avec l’eau salée de mer, leur densimétrie devient alors plus lourde ( agrégation ) et la particule peut s’entasser au fond de l’eau.

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima Contamination des eaux après l’accident de Fukushima
Contamination des eaux après l’accident de Fukushima Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Rapport 2

 

Début de la contamination des rivières

 

河川汚染の始まり

 

Comment se passe la contamination des fleuves avant qu’ils se jettent dans la mer?

 

Dans le rapport 1, nous avons parlé de la contamination au large de Fukushima et de la Baie de Tokyo du mois d’août au novembre 2011.

 

D’après la recherche renouvelée au mois d’avril 2012 par l’équipe du Professeur YAMAZAKI Hideo de l’Université de Kinki dans la Baie de Tokyo, le taux de radioactivité s’est multiplié de 1.5 à 13 fois plus, depuis l’an dernier. C’est à dire ils ont vu la quantité de césium de la terre du fond de la mer à 1m : 7,305-27,213 Bq/m2, au lieu de 0,578-18,242 Bq/m2 en août 2011.

Contamination des eaux après l’accident de Fukushima

Ce résultat prouve que les substances de radioactivité ont été transportées par les rivières qui se jettent à la baie de Tokyo : Edogawa, Tamagawa et Arakawa. Ces substances, proviennent à la fois de la plaine et des montagnes.

 

 

2-1) Aux alentours de Tokyo

Tamagawa et Arakawa

 

Dans les chaînes de montagne de Okutama, la source de Tamagawa est bien polluée comme montre le tableau ci-dessous (partie bleu foncé et vert-bleu) :

 

Selon le résultat de monitoring aérien du Ministère de Culture et des Sciences, le taux de radioactivité à Okutama peut s’élèver de 60,000 jusqu'à 100,000 Bq/m2. Et malgré ce taux, il y a des gens qui y vivent, et qui y travaillent tous les jours.

 

A Tchernobyl, plus de 550,000 Bq était la zone d’évacuation obligatoire et 37,000 à 40,000 Bq/m2 était la zone de contrôle de radioactivité où on ne peuvait pas y aller facilement.

 

De ces zones hautement polluées, la pluie descend dans la rivière et rejoint Tamagawa. Juste avant que la rivière Hibara et Tamagawa se rejoignent, se situe le lac de Okutama, principale réserve d'eau pour les habitants de Tokyo.

 

On peut dire la même chose pour Arakawa, l’autre rivière qui verse à la baie de Tokyo, dont la source est à Oku-Chichibu.

 

Edogawa, l’affluent du Fleuve Toné

 

Les sources du Fleuve Toné, (principale réserve d'eau pour les habitants de Kanto), se situent dans les chaines de montagnes de plus de 2000 m qui se trouvent entre la frontière des préfectures de Gunma et de Niigata. La situation là-bas est encore pire que celle de Okutama.


Au cours supérieur Tonégawa, il y a le lac Okutoné, Naramata et Hujiwara, qui sont des lacs de barrage. Ici, la contamination sur des zones assez étendues peut atteindre de 60,000 à 100,000 Bq/m2. Ensuite, l’eau se déverse vers nos zones habitées.

 

Ces montagnes sont couvertes de neige durant l’hiver. Au printemps, peu à peu la neige  fond, passe dans les ruisseaux et finit par se joindre à la rivière Katashina et le Fleuve Toné. Normalement, on aime prendre dans les mains cette eau fraiche et se laver le visage pour se rafraîchir.... mais aujourd’hui, ce geste est trop risqué.

 

Le Fleuve Toné se jette dans le Pacifique, et avant, il se divise à Edogawa qui verse à la baie de Tokyo.

 

Dans tous les cas, la pollution par la radioactivité ne va pas s’arrêter. Ce n’est que le début.

 

 

2-2) A Fukushima

 

En printemps 2012, dans la préfecture de Fukushima aussi, on a remarqué le même phénomène de multiplication des taux de radioactivités : on commence à trouver des points chauds dans la ville de Aizu (que l’on croyait jusque là non-contaminée). Et aussi dans la ville de Koriyama et de Fukushima.

 

L’équipe NHK a réalisé le rapport de mesure des taux de radioactivité de la terre et de l’eau à plus de 200 endroits le long des deux fleuves Abukuma et Agano.

 

Il y a le fleuve Abukuma qui part du sud de Fukushima et se jette dans le Pacifique traversant la préfecture de Miyagi, et le fleuve Agano qui part de Aizu et se verse dans la mer du Japon traversant la préfecture de Niigata.

 

En fait, c’est exactement comme pour la Baie de Tokyo. Les rivières / fleuves peuvent transporter la radioactivité, provenant de toute l’eau qui descend de la montagne, et de l'eau des précipitations de pluies ou de neige, qui ruisselle sur les routes et bâtiments des villes.

 

Le fleuve Abukuma est le lieu de production de l'Ayu, un poisson de rivière. On a relevé 2050 Bq/kg à l’endroit de ponte, et 1840 Bq/kg à l’affluent. L'Ayu se nourrit de boue et des algues du fond de la rivière. On peut parler ici d’un phénomène de concentration in vivo. Et on peut dire la même chose pour les autres poissons de ces rivières.

 

Le 19 juin 2012, le Journal de Fukushima ( Fukushima Minpo ) a publié que les poissons de ce fleuve Abukuma ont dépassé la norme, suite aux analyses des taux de radioactivité.

 

Dans des villes en province, il est courant de trouver des réserves d’eau de pluie, en plein milieu de quartiers d’habitation. Ces réserves d'eau peuvent être contaminées par l'eau de pluie lorsqu'elle a ruisselé sur les toits des maisons ou sur les routes.

Lorsque l'eau d'un étang rejoint une rivière, souvent en passant par un canal, nous avons constaté que des taux de radioactivités sont très élevés. Puisque l'eau de l'étang est stagnante.

Lorsque l'eau d'un étang rejoint une rivière, souvent en passant par un canal, nous avons constaté que des taux de radioactivités sont très élevés. Puisque l'eau de l'étang est stagnante.

Au moment de la saison des pluies ou des typhons, les rivières peuvent sortir de leur lit et  innonder. Une fois que l’eau s’est retirée, la substance radioactive s'est déposée sur les terres inondées.

 

 

Conclusion :

 

Le Japon est appelé Mizuho no Kuni, c'est à dire : pays de rizière, entouré par la mer et les rivières.

 

La vie des Japonais est depuis toujours très proche de l'élément eau.

 

Mais cette eau, qui ruisselle depuis toujours chez nous, l’Homme l'a salie.

 

Pour combien de temps, on ne sait pas.

 

Le Mal s’est installé, on ne peut pas retourner en arrière.

 

Maintenant, l’Homme doit subir toute la conséquence de sa bêtise.

 

_______________________

Sources : Kaleidscope blog : 24 mai 2012, 6 juin 2012, 19 juin 2012, et NHK : émissions spéciales du 15 janvier 2012, 10 juin 2012 « Qu’est-ce qui se passe à la rivière ? »

Liens vers le blog japonais :

http://kaleido11.blog111.fc2.com/blog-entry-1297.html

http://kaleido11.blog111.fc2.com/blog-entry-1296.html

http://kaleido11.blog111.fc2.com/blog-entry-1332.html

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 00:48

En écho au précédent article publié sur les problèmes de thyroïde au Japon, voici un autre article paru au début du mois de mars 2013 qui fait état d’un scandale dont on a peu parlé jusqu’à maintenant : celui des mesures trafiquées de la radioactivité. Ce problème est récurrent au Japon depuis la catastrophe de 2011, et semble être devenu la norme. Nous avions déjà rapporté cette pratique sur le site nucléaire même de Fukushima Daiichi où les balises ont été entourées de murs pour faire baisser les taux. Par ailleurs, dans la zone interdite, les autorités prêtent aux visiteurs des radiamètres sous-calibrés qui indiquent des mesures deux fois moindres que la réalité. Ce n’est pas une rumeur, Janick Magne l’a constaté lors de son dernier passage à Futaba en février 2013.

Les bornes gouvernementales destinées à informer en continu la population de la radioactivité ambiante ont subi le même traitement, ce qui permet de faire croire que tout va bien. L’article dont quelques extraits sont reproduits ci-dessous en témoigne.  Il est paru le 8 mars 2013 dans le journal japonais Friday, hebdomadaire d'information généraliste édité par Kodansha. Son auteur, Kirishima Shun, a réalisé une enquête et il en livre ici les résultats.

 

 

 

gros-titre1.jpg

 

« Succession d’anomalies thyroïdiennes chez les enfants: les vraies causes?!

 

 

 

Révélations exclusives: FUKUSHIMA, LES MESURES DE RADIATION OFFICIELLES ETAIENT DIVISEES PAR DEUX.

 

Sur 38 114 examens de la thyroïde dans la préfecture de Fukushima en 2011, 3 cancers déclarés, 7 cancers possibles.

 

Au comité d’Inspection de la Santé des Habitants de la Préfecture de Fukushima, formé le 13 février dans la ville de Fukushima, un rapport fit l’effet d’une bombe. Les anomalies ont été décelées sur des personnes de 15 ans de moyenne d’âge, habitant tous dans la même zone. Un cas de cancer de la thyroïde sur un million d’enfants est déjà considéré comme un taux élevé.

 

De plus, on ne connaît pas encore toute l’étendue des dégâts. Yoshida Kunihiro, président de l’association à but non lucratif Anshin-Anzen Project [Projet Confiance et Sécurité, ndt], qui s’occupe de collecter des informations sur les dégâts provoqués par l’accident de la centrale Daiichi, participe le 2 février à une inspection thyroïdienne à Fukushima-ville. Il pointe du doigt ces anomalies infantiles.

 

« Sur 80 personnes examinées, un adulte est en observation pour un possible cancer de la thyroïde, et des kystes ont été décelés chez 60% des autres personnes, enfants et adultes. Plus particulièrement chez les enfants qui font du sport dehors, et des garçons qui pratiquent le base-ball quotidiennement en avaient même plusieurs. Le médecin qui examinaient affirme lui-même: »jamais on ne constaterait autant de kystes en temps normal », craignant un lien de cause à effet avec l’accident nucléaire ».

 

Le pays a toujours soutenu qu’à l’écart de la centrale, les taux de radiation de la région sont bas et leur influence sur le corps humain est faible. Ce qui lui permet de maintenir cette affirmation, c’est, entre autre, la présence des  « monitoring posts » (ci-dessous:  « poste »), appareils de mesure de radiation à écran installés par le ministère de la recherche juste après l’accident dans chaque zone de la région. Les chiffres annoncés sur ces postes sont une sorte de certificat de vérité pour le pays.

 

tableau-haut.jpg

 

Listes des postes / mesures publiques / mesures du journal. Remarque 1: les mesures sont données en µSv/h.

Remarque 2: la valeur en gras est la plus haute mesurée par le journal.

 

Pourtant, ces mesures se révèlent mensongères. Le Colloque sur le Problème de l’Irradiation Interne des Citadins et Scientifiques, un groupe de chercheurs et de médecins, a effectué ses propres mesures à proximité de 117 postes sur les 570 placés dans la préfecture de Fukushima, et a ainsi indiqué une faiblesse anormale des données numériques officielles. Un membre du colloque, monsieur Yagasaki Katsuma, professeur émérite à l’Université des Ryukyu, explique :

 

« Entre août et octobre de l’année dernière, quand on tendait un de ces compteurs portables de haute précision utilisés par l’administration, entre autres, vers un poste, les mesures affichées par le compteur étaient très hautes, près du double de celles affichées publiquement. Une différence de 51% quand les alentours avaient été décontaminées, et de 56% quand elles ne l’avaient pas été. Avec une telle différence, impossible de prétendre qu’on était dans le domaine de la simple erreur. »

 

(…)

 

La mère d’un enfant de 8 ans, habitante de Fukushima-ville, raconte, le visage inquiet :

 

« J’ai acheté mon propre compteur et je mesure les radiations réelles. Je n’ai donc aucune confiance dans les chiffres des postes. Mon enfant est cardiaque et je me fais du souci. S’il arrive quelque chose à sa thyroïde, on ne pourra pas utiliser de médicament trop puissant. Je ne sais plus quoi faire, je suis perdue. »

 

compteur-e1365174307387.jpg

Les mesures données en µGy/h (micro gray) peuvent être considérées comme équivalentes à celles de notre compteur , µSv/h (micro sievert). 

 

Les radiations que nous avons constatées par nous-mêmes sur 23 emplacements étaient pour la plupart le double de celles indiquées par les postes, avec une différence de 56% en moyenne. Il est très difficile de dire que les rectifications étatiques évoquées par M. Yagasaki aient été faites correctement. Pourtant la cellule de crise du ministère de la recherche se justifie ainsi: « nous avons replacé les postes à des endroits optimaux. Ils ont subi des révisions et leurs batteries ont été changées. Nous les avons réglés pour qu’ils affichent des valeurs 10% au-dessus de la réalité. C’est pourquoi nous ne réfléchissons à aucune disposition supplémentaire pour le moment ». Le professeur Yagasaki s’indigne de voir ainsi le ministère traiter les choses avec une telle désinvolture:

« La plaque de métal qui se trouve entre le sol et le poste ne pose-t-elle pas un problème de confinement fondamental? Le fait d’engager de coûteux travaux et ne rien voir changer n’est qu’un alibi pour pouvoir dire que des mesures ont été prises. »

 

Tant que le gouvernement ne fera pas la lumière sur les radiations, les dégâts s’étendront. Le danger continuera de plomber la vie des enfants de Fukushima. »

 

Kirishima ShunFriday du 8 mars 2013, Kodansha.

(Traduction sakana ôji)

 

Lire l’article en entier

 

 

 

 Article sur le même sujet sur Fukushima Diary :

 

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 17:51

stele.jpgA travers des articles dans la presse, des chercheurs japonais tentent de tirer le signal d'alarme concernant les risques de cancer de la thyroïde chez les enfants. Selon un de ces articles, paru dans le journal Gendai ainsi que sur son site internet le 4 avril 2013, les problèmes de thyroïde répertoriés dans différentes régions du Japon attesteraient qu’une grande partie du pays aurait été contaminé.

 

Article source :「甲状腺異常」全国に広がっている

 

« Les problèmes de thyroïde s’étendent à tout le pays

 

À la fin du mois dernier, le Ministère de la Santé a présenté les résultats des échographies de la thyroïde faites dans trois préfectures (hors Fukushima) : Aomori (Hirosaki), Yamanashi (Kôfu) et Nagasaki (Nagasaki). Les échographies ont été pratiquées entre le mois de novembre 2012 et le mois de mars de cette année, sur 4365 enfants de 3 à 18 ans. La proportion d’enfants présentant des nodules de moins de 5 mm ou des kystes de moins de 20 mm était de 57,6% pour Hirosaki, 69,4% pour Kôfu et 42,5% pour Nagasaki.

D’autre part, dans la préfecture de Fukushima, la proportion était, pour l’année 2011, de 35,3% et pour l’année 2012 de 43,6%. Le ministère a conclu qu’« il n’y a pas grande différence » entre la préfecture de Fukushima et les trois autres et qu’« il est difficile d’imaginer que l’accident nucléaire soit en cause »

 

Ce n’est pas une plaisanterie. Dans la préfecture de Fukushima, pour l’année 2011, sur les 38 000 enfants examinés, 3 ont développé un cancer et 7 présentent des risques d’en développer un. Ces chiffres sont incroyables quand on sait qu’en général, le risque de développer un cancer de la thyroïde chez les enfants est de 1 à 3 pour 1 million. Et comme les chiffres de Fukushima ne diffèrent pas de ceux des autres préfectures, cela équivaut à dire que tout le pays est pollué.

 

katsuma_yagasaki.jpgLe professeur YAGASAKI Katsuma (Université de Ryukyû), qui fait des recherches sur les dangers de la contamination interne, appelle cela l’« irradiation cachée ».

 « Quand on observe les données de la Revue de l’Association japonaise de médecins concernant les adultes et les examens des enfants de Fukushima, il apparaît nécessaire de déterminer "d’autres facteurs de différence entre les enfants de Fukushima et les adultes". Parce que la proportion des enfants de Fukushima d’environ 18 ans ayant des kystes de moins de 3 mm est trois fois plus élevée que celle des enfants de 20 ans. La proportion des enfants d’Aomori ou de Nagasaki ayant des kystes, identique à celle des enfants de Fukushima, est aussi quelque chose d’anormal.

Il est tout à fait anti-scientifique de dire que l’iode radioactif stimule la thyroïde des enfants et de dire, de but en blanc, que cela n’a aucune relation avec la radioactivité. D’un point de vue médical, les kystes n’ont pas de lien direct avec le cancer, mais les résultats de ces examens ne sont-ils pas un signal d’alarme pour tout le Japon ? »

 

Comme il en va ainsi du nord au sud du Japon, les enfants de Tôkyô ne sont pas non plus en sécurité. Selon le professeur SASAKI Ken (Université Rikkyo, faculté des sciences) :

« À Tôkyô aussi, la radioactivité a dangereusement augmenté. Quelques jours après l’accident, il y avait 0,8 μSv. Les quatre jours suivants, la radioactivité a baissé chaque jour de 0,1μSv. Comme l’iode a une demi-vie de 8 jours, elle a pu bien s’imbiber. Même pendant un court laps de temps, des chiffres élevés étaient enregistrés dans la capitale. Dans les arrondissements de Arakawa et Adachi, on a trouvé des hotspots de radioactivité. Plus de cinq ans après Tchernobyl, les gens ont commencé à être malades. Il est nécessaire de continuer à faire des contrôles. »

 

Selon le professeur YAGASAKI, en Biélorussie (nord de Tchernobyl), c'est en 1987 que les cancers ont commencé à apparaître, cinq ans après, ils avaient été multipliés par 50. Dans une région d’Ukraine située à 150 km à l’ouest de Tchernobyl, où la pollution est inférieure à celle de Koriyama, 9 ans après l’accident, 1 enfant sur 10 avait des problèmes de thyroïde et 1 sur 100 le cancer.

 

Même dans les zones à faible rayonnement, les méfaits sur la santé se font sentir. Et les mesures à prendre ne concernent pas seulement Fukushima. »

 

(Traduction : Martine Carton)

 

_______________

 

Article de ce blog sur les problèmes de thyroïde au Japon

Problèmes de thyroïde à Fukushima : une population cobaye

 

Article sur le blog « Vivre après Fukushima »

Cafouillages dans les tests thyroïdiens

 

Article sur le même sujet pour Miyagi (en anglais)

Only 13% thyroid abnormalities in Miyagi

 

_______________

 

Photo d’entête : statue d'un enfant, qui se trouve dans la cour de l'école primaire du village de Iitate, à Fukushima. Cette école a été fermée parce que les radiations y étaient vraiment trop élevées. Sous la statue est écrit "Kibô", ce qui signifie "espoir".

(photo © The Nikkan Gendai)

 

 

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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 18:33
tepco0Beaucoup de médias ont développé cette info de nouvelle fuite, tant mieux. Au moins 120 tonnes d’eau radioactive auraient fui dans la nuit de vendredi à samedi et un autre réservoir aurait également des problèmes. Selon Tepco, ce n’est pas grave car cette eau ne rejoindrait jamais la mer… En France, ce serait un scandale, au Japon, ce n’est pas grave. De l’eau hautement radioactive dans le sol, après une catastrophe nucléaire, ce serait acceptable. Le Monde parle d’un « incident ». En fait, c’est une contamination éternelle pour ce sol, mais à force d’entendre des choses horribles, se pourrait-il que l’on s’y habitue et que l’impensable devienne tolérable ?
 
Le site de Fukushima Daiichi apparaît aujourd’hui sous son véritable jour : c’est un énorme chantier, d’une très grande complexité, qui se bat en permanence contre l’impossible : l’eau souterraine arrive en continu par centaines de tonnes dans les sous-sols, elle se contamine au contact des coriums, elle est pompée et stockée en surface. Une partie est réutilisée pour le refroidissement des 3 ex-réacteurs. Le reste, on ne sait plus quoi en faire. Tepco est en train de construire une usine de traitement de cette eau radioactive, dans le but de pouvoir la relâcher en mer. Pourtant, seulement environ 60% des radionucléides seront filtrés. Impossible par exemple de filtrer le tritium qui ressemble à s’y méprendre à de l’eau !
 
3000 personnes combattent quotidiennement, en risquant leur vie, le monstre radioactif que l’homme a créé. Y aura-t-il encore des volontaires dans 40 ans ?
 
infographie-fukushima-eau-contaminee-10893847nniey
Plan de la centrale (infographie TF1)
.
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Infographie Asahi
.
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Infographie 47news 
 
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Pièce collée au niveau du trou de détection de fuites (Tepco)
 
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Vue aérienne des réservoirs souterrains (source  REUTERS/KYODO)
 
L’avis de Yastel Yamada, ancien ingénieur nucléaire, créateur du Skilled Veterans Corps for Fukushima (SVCF), fondé quelques semaines après la catastrophe : dès l’installation de ce réservoir souterrain à l’automne 2012, cet ancien ingénieur avait prévenu des risques de fuite (à écouter ci-dessous en anglais).

 
 
 vueaeriennefukushima2.JPG
.
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 Vues aériennes du site (source Asahi)
.
.
Autres illustrations Tepco :
 
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Plan Tepco de l’emplacement des différents réservoirs
 
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Coupe d’un réservoir
 
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Vue des réservoirs au sol
 
 
 
 
Dans les médias :
 
_______________
 
Photo d’entête : réservoir souterrain de Fukushima Daiichi construit en octobre 2012 (photo Tepco)
 

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 23:59

 

souris.jpgMise à jour 20 mars 2013, 11 h

 

Selon les informations fournies par Tepco, le système électrique a été réparé entièrement. La panne aurait été produite par un rongeur ! Ou comment un tout petit animal pourrait être à l’origine d’une nouvelle catastrophe nucléaire mondiale… Qui a dit qu’un tremblement de terre ou un tsunami étaient nécessaires pour créer un blackout ?

 

Pour plus d’informations :

The blackout was caused by a mouse in the panel board, the board has been left on the truck since 3/18/2011 (Fukushima Diary)

Fukushima : reprise complète du refroidissement des piscines de stockage (Le Monde)

 

 

________________

 

 

cryptome7A l’été 2012, une panne s’était déjà produite sur le système de refroidissement de la piscine n°4. Cette fois-ci, c’est une panne plus grave puisque, selon l'agence Kyodo se référant à Tepco, 3 piscines du site nucléaire ne sont plus alimentées en électricité.

 

En fait, la coupure de courant, lundi soir à 18h57 a provoqué l'arrêt du système de refroidissement de 4 piscines : celles des réacteurs n°1, 3 et 4 de l’ex-centrale de Fukushima Daiichi et aussi la piscine commune qui contient 6377 assemblages (environ 1000 tonnes de combustible). Tepco a mis 3 heures pour informer la Commission japonaise pour le contrôle de l'énergie atomique (NRA). Cette agence indique que l’injection d’eau dans les ex-réacteurs n’a pas été stoppée. Selon RT (Russie Today), Tepco aurait affirmé avoir trouvé la cause de la panne et avoir commencé à travailler à la réparation.

 

A l'heure ou nous écrivons, la température de l'eau dans les piscines se situe entre 13° et 25°C. Alors que la température monte progressivement de 0,1 à 0,3°C par heure, cela laisse une marge de manœuvre de quelques jours à l’opérateur pour réparer le système. Les spécialistes et les veilleurs de Fukushima sont surtout préoccupés par l'état de la piscine du réacteur n°4 dont le bâtiment avait été fortement ébranlé, déformé ou détruit par une explosion d’hydrogène le 15 mars 2011. Mais dans le cas de figure d’une possible évaporation de l’eau, les piscines 1 et 3 sont tout aussi inquiétantes dans leur pouvoir de nuisance. Si le système de refroidissement ne se remet pas en marche, la température de l'eau atteindra le niveau maximal autorisé de 65°C en 4 jours.

 

Fukushima Diary relève avec justesse ce que nous avions déjà dénoncé en juillet 2012 : il n’existe toujours pas de système de secours de refroidissement à Fukushima Daiichi, 2 ans après le début de la catastrophe !

 

 

________________

 

PS : je n’aurai pas la possibilité de faire des mises à jour dans la journée de mardi. Pour suivre l’actualité sur Fukushima, cliquer ici ou .

 

________________

 

Sources:

Blackout(Fukushima is still news)

[Analysis] The sudden blackout revealed the weakness of Fukushima plant, “Reactor4 has 4 days to go”(Fukushima Diary)

Crucial system fails at Japan's quake-damaged nuclear plant (CBC News)

Fukushima : le système de refroidissement du combustible usé hors service (La voix de la Russie)

TEPCO reports power failure at Fukushima, stops cooling system (RT)

Panne de courant à la centrale de Fukushima (le jdd)

Panne de courant à la centrale de Fukushima (20 minutes online)

#Fukushima I Nuke Plant Cannot Cool Spent Fuel Pools, Cause Unknown (EX-SKF)

Power blackout at crippled Japanese nuclear plant (Khon2)

Centrale nucléaire de Fukushima: un système de refroidissement en panne (RiaNovosti)

 

 

 

 

 

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 11:19
digue-en-sacs-radioactifs3.jpgSelon une information rapportée par Canal+, une digue située à une vingtaine de kilomètres au sud de la centrale de Fukushima Daiichi, a été colmatée avec des sacs remplis de déchets radioactifs. Une nouvelle fois, il est mis en évidence que la gestion des déchets radioactifs au Japon est totalement absurde. La moindre tempête disséminera à nouveau la radioactivité collectée dans ces sacs.
 
Cette digue de protection côtière a été éventrée par le tsunami du 11 mars 2011. Sur l’image satellite datant de 2011, on distingue bien les endroits où la digue a souffert de la puissance de la vague.
 
vue-satellite.jpg
Vue aérienne de la digue éventrée (Google Earth 2011)
 
digue-en-sacsradioactifs.jpg
Digue constituée de sacs numérotés
 
La digue est à 1,5 km du J-Village, ce site d’entrainement sportif transformé en base arrière pour les travailleurs-liquidateurs de l’ex-centrale, juste à côté de la centrale thermique côtière de Hirono.
 
jvillage.jpg
Le J-Village
 
digue-en-sacs-radioactifs2.jpg
On reconnaît la centrale électrique de Hirono en arrière-plan
 
Selon Shogo Domae, c’est la pègre qui est à l’origine de ce nouveau scandale. Les yakusas auraient ainsi saisi le marché de la décontamination sans obligation de suivre les règles de sécurité élémentaires concernant les déchets radioactifs. On retrouve ce genre de sacs partout : dans les jardins des particuliers, dans les fossés, dans les montagnes ou en bordure de rivière. Ainsi, le gouvernement qui n’a aucun moyen de gérer cette crise, laisse faire ces pratiques maffieuses : officiellement, la décontamination a lieu, mais officieusement, on permet des absurdités. Les déchets radioactifs issus de la décontamination sont balancés dans la nature sans aucun contrôle, c’est le grand n’importe quoi !
 
Non seulement le plus grand pollueur du monde, Tepco, n’a pas été poursuivi pour son abominable crime, mais la maffia japonaise se fait de l’argent avec une décontamination bâclée et totalement inefficace. Le gouvernement a promis 9 milliards d’euros sur 3 ans pour la décontamination…
 
Pour en savoir plus, voir le reportage de Marjolaine Grappe et Christophe Barreyre « Vouloir le beurre et l’argent du réacteur »
 
 
 
Sur le même sujet, un autre reportage diffusé sur Arte :
 

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 11:17

panorama4.jpgL’ACRO édite une excellente analyse de la situation à Fukushima deux ans après le début de la catastrophe nucléaire. Une vue d’ensemble où tous ces points sont abordés : contamination, décontamination, responsabilité de l’exploitant, populations touchées, pollutions fluviales et marines, etc. à partir du formidable travail de collecte d’informations effectué quotidiennement sur le site de l’association à la page : « La catastrophe de Fukushima au jour le jour ». Une base de données incontournable pour les historiens contemporains !

Voici quelques extraits de la synthèse.

 

______________________

 

 

Fukushima, deux ans après, retour à l’anormal

ACRO, 23 février 2013

 

(extraits)

 

Les autorités japonaises rêvent d’une catastrophe réversible : le gouvernement a engagé un immense programme de « décontamination » et a promis un retour à une partie des 160 000 personnes qui ont quitté leur habitation pour fuir les dangers de la radioactivité. Dans d’autres zones, non évacuées, mais aussi contaminées de 8 régions du Japon, ce sont les municipalités qui ont la charge des travaux qui consistent à laver, frotter, couper les herbes, arbustes, gratter la terre… Pour les zones évacuées, le gouvernement a lancé des appels d’offres et ce sont les majors du BTP, sans aucune expérience, mais pouvant mobiliser une large main d’œuvre, qui ont été retenues. L’une d’entre elles avait la charge du génie civil lors de la construction des réacteurs de la centrale de Fukushima. Comme toujours, ce sont des sous-traitants qui font les sales travaux.

(…)


Seul l’appât du gain intéresse les compagnies retenues, qui n’ont subi aucune sanction. Personne n’a été sanctionné suite à cette catastrophe. Les cadres dirigeants limogés de TEPCo, l’exploitant de la centrale accidentée, se sont recasés dans des filiales et la compagnie espère toujours pouvoir continuer à exploiter son autre centrale nucléaire. On retire le permis de conduire à un chauffard, pas à un exploitant du nucléaire. TEPCo, s’accroche à ses 7 réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, sur la mer du Japon, dans la province de Niigata, même si deux d’entre eux sont situés sur une faille sismique qui a été requalifiée en faille active suite aux révisions des critères de sûreté. Les autres, à eau bouillante, de la même technologie que ceux de Fukushima, nécessitent des investissements massifs et des années de travaux de remise aux normes durcies par la nouvelle autorité de sûreté. TEPCo n’a pas renoncé non plus à ses réacteurs non accidentés de Fukushima, même s’ils ont été noyés par de l’eau de mer corrosive lors du tsunami de mars 2011 et même si les autorités locales n’en veulent plus. Des milliers de travailleurs y sont exposés à des doses inutiles pour tenter de les remettre en état de marche.

(…)


Pour les populations touchées par la catastrophe la vie est toujours anormale. Les déplacés volontaires ne bénéficient de quasiment aucune aide. On ne sait même pas combien ils sont, nombre d’entre eux n’allant pas s’enregistrer sur le nouveau lieu de vie. Pour ceux qui sont restés par force ou par choix, la vie dans les territoires contaminés est difficile. L’alimentation est toujours un sujet d’inquiétude. Les enfants ne jouent presque plus dehors et prennent du poids. Pour les réfugiés, qui ont dû évacuer sur ordre des autorités, la vie est aussi difficile dans le logement provisoire, souvent exigu. Comment refaire sa vie quand on ne sait pas combien de temps cette attente va durer, quand on ne sait pas si l’on pourra rentrer un jour chez soi ? Pour les agriculteurs, l’espoir de retrouver une ferme est très mince.

(…)


La mer continue à se contaminer sans que l’on n’y puisse rien. Les infiltrations d’eau souterraine polluent le rivage sur le site de la centrale et le lessivage des sols par les eaux de pluie entraîne une augmentation de la contamination des sédiments dans l’embouchure des fleuves. C’est particulièrement flagrant dans la Baie de Tôkyô où la contamination croît de jour en jour. Le pire est peut-être à venir : TEPCo est contrainte d’injecter d’énormes quantités d’eau pour refroidir les combustibles fondus des réacteurs 1 à 3 de la centrale de Fukushima daï-ichi. Cette eau se contamine, s’infiltre dans les sous-sols des bâtiments réacteur et menace de déborder dans la mer. TEPCo la pompe donc continuellement, la décontamine très partiellement et la réinjecte. Mais de l’eau souterraine s’infiltre aussi, se contamine et augmente les stocks. La compagnie ne sait plus où mettre les cuves pleines d’eau contaminée sur son site. Elle n’a d’autre perspective que de la rejeter en mer à plus ou moins longue échéance, après une décontamination plus poussée, promet-elle, mais toujours partielle. La station de traitement, prévue pour septembre 2012, ne fonctionne toujours pas.

(…)


Quant aux habitants évacués, ils n’en peuvent plus. Ils ne croient plus à un retour à la normale. De nombreux habitants, surtout ceux avec de jeunes enfants, se sont résignés et ne rentreront jamais. Quelle sera leur vie quand les indemnités s’arrêteront ? Quel sera leur état de santé à long terme ? Il y a déjà, officiellement, trois cas de cancer de la thyroïde avérés chez les enfants de Fukushima, qui ont subi une intervention chirurgicale. 7 autres cas suspects sont en cours d’analyses complémentaires. Cela ne va qu’empirer, le pic du nombre de cas étant apparu 4 à 5 ans après les rejets massifs à Tchernobyl.

(…)

 

Lire l’article en entier

 

 

Qu’est-ce que l’ACRO ?

 

Créée à la suite de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, l'ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l'Ouest) est une association d'information et de surveillance de la radioactivité, dotée d'un laboratoire d'analyse et agréée de protection de l'environnement. L'association publie une revue trimestrielle d'information, l'ACROnique du nucléaire, organise des conférences publiques et tente de répondre à de nombreuses demandes de renseignements.

 

 

 

Photo d'entête : Prise de vue panoramique au niveau arasé de l'unité 4 (source)

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 16:26
cafumeVoici encore une vidéo, enregistrée le 20 février 2013 qui montre une fumée sortant de l’usine. Ce n’est pas la première fois que ce genre de fumée est remarqué. Nous avions déjà observé la même chose le 28 février 2012 et le 4 septembre 2012. Jusqu’à présent, n’ayant aucune information de la part de Tepco au sujet de ces fumées intermittentes, je pensais que ces émanations provenaient d’une cheminée de la piscine commune.
 

 
 
Or, suivant le plan fourni récemment par Tepco et l’orientation de visée de la webcam TBS, il apparaît que l'on peut émettre une autre hypothèse. En effet, un incinérateur à haute température est situé juste à côté de la piscine commune. Mais celui-ci est caché par la forêt et reste donc invisible à l’écran de la webcam. En revanche, la haute cheminée de l’incinérateur pourrait arriver juste à la bonne hauteur pour que les fumées soient visibles.
 
plan13
 
J’ai recherché une image de ce bâtiment mais c’est difficile car Tepco, mis à part le plan de situation, n’en a jamais communiqué de photo, sinon à la marge. Finalement, j’ai retrouvé trois vues aériennes montrant ce bâtiment avec sa grande cheminée, sous trois angles différents. Pour bien le faire apparaître, je l’ai colorié en rouge. Au nord de l’incinérateur se trouve la piscine commune (en bleu) et au sud  un bâtiment non encore identifié (en jaune), qui a un rapport avec le bâtiment situé à l’est puisqu’il est relié par un pont-galerie.
 
vue1
 
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Le plan de Tepco est tellement imprécis qu’il est difficile de savoir où se situe l’installation d’adsorption de césium. Si quelqu’un en sait plus, je mettrai à jour ce billet.

[ Mise à jour 25/02/13 : Geoffroy a retrouvé un plan de Tepco qui précise le lieu : l’équipement qui permet d’adsorber le césium (appelé Sarry, fourni par Toshiba) a été installée en 2011 dans le bâtiment de l’incinérateur haute température (donc le rouge sur les photos ci-dessus). L’installation est constituée de 14 cuves cylindriques qui doivent réduire la teneur en césium et autres radioéléments à un millionième de la teneur d'entrée. La première photo de ces cuves a été éditée par l’Asahi il y a quelques jours (cf. Voir Fukushima (49), 3ème photo). ]
 
Mais que brûle Tepco ?
 
Les fumées sont toujours observées le matin vers 10 h. Durant ces évènements, les travaux du chantier ne sont pas arrêtés, il s’agit donc probablement d’opérations programmées d’incinération de déchets, ce qui est bien plus vraisemblable que des émanations provenant d’une piscine.  Comme Tepco nous inonde de photos de mauvaise qualité sur tout et n’importe quoi dans la centrale, et qu’il ne communique jamais sur cet incinérateur, on peut considérer cette activité comme suspecte. Pourquoi ? Tout simplement parce que les activités des milliers de travailleurs sur le site génèrent des tonnes de déchets contaminés dont Tepco ne sait que faire. Le plus simple est sans doute de brûler tous ces gants, combinaisons, filtres, masques, chaussures et autres objets radioactifs. C’est l’hypothèse la plus plausible, bien que je ne sois pas encore certain que cette fumée provienne bien de cet incinérateur-là. Pour autant, est-ce que Tepco a l’autorisation de rejeter dans l’atmosphère des poussières radioactives supplémentaires ? En France ça serait interdit et au Japon autorisé ? Hum…Il faudrait demander à l’autorité de sûreté nucléaire.
 
dechets
Que faire de ces tonnes de déchets radioactifs ?
 
 
  

 

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Mise à jour (24 février 2013)

 

Merci à Etienne Servant qui a retrouvé un document de Tepco relatant la présence d’un incinérateur sur le site. Toutefois, il s’agit d’un petit incinérateur situé près de l’unité 5. Le texte du document « Dans l'incinérateur de petite taille, seules des ordures non contaminées  sont brûlées (boîtes à lunch vides, etc.). » semble vouloir dire qu’inversement, dans l’autre incinérateur, celui de grande taille dont on ne parle jamais, on y brûle les déchets contaminés…

 

doctepcoincinerateur.jpg

 

 

 

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Mise à jour (25 février 2013)

 

Iori (Fukushima Diary) signale que cette fumée a également été aperçue le 7 janvier 2013 à 10h17 (donc toujours aux environs de 10h du matin).

Dans son article « Le 7 janvier 2013, de la fumée noire sort de la cheminée de la piscine commune à combustibles », un ouvrier mentionne que cette fumée sort d’une cheminée de la piscine commune (donc le bâtiment bleu sur les photos ci-dessus), ce qui nous ramène à ma première hypothèse. Peut-être le bâtiment de la piscine commune a également un incinérateur pour ses propres activités ?

 

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Fumée du 7 janvier 2013

 

 

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Mise à jour (24 janvier 2014)

 

Nuckelchen signale un nouveau dégagement de fumées qui a eu lieu le 22 janvier 2014 entre 13:00 et 14:11 JST.

Plus de détail ici : http://fukushima.xobor.de/t32f9-steamy-wonders-th-of-january.html#msg65

 

 

 

Captures du début et de la fin de l'évènementCaptures du début et de la fin de l'évènement

Captures du début et de la fin de l'évènement

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Mise à jour (26 février 2016)

 

Le journal Asahi Shimbun rapporte que Tepco a installé un nouvel incinérateur sur le site nucléaire pour brûler les vêtements de travail contaminés. Cet incinérateur peut brûler un maximum de 14 tonnes par jour quand il est exploité à pleine capacité pendant 24 heures. Les cendres résiduelles seront stockées dans des fûts métalliques sur le site.

 

TEPCO begins burning radiation-tainted work clothes at Fukushima plant
February 26, 2016

By HIROMI KUMAI/ Staff Writer

OKUMA, Fukushima Prefecture--Tokyo Electric Power Co. has started to incinerate the thousands of boxes of lightly contaminated waste, including clothing used by workers, at the Fukushima No. 1 nuclear power plant to reduce the amount of tainted waste on the site.

TEPCO, the plant operator, fired up a special on-site incinerator on Feb. 25 to burn protective suits, gloves, socks and other work clothes worn by plant workers that became contaminated with low-level radiation.

The operation will reduce the amount of tainted work clothing accumulating at the plant during decommissioning operations since the nuclear disaster unfurled in March 2011. The garments cannot be processed outside the plant due to the radiation.

The clothing being incinerated are items with the lowest levels of contamination that have been stored in tens of thousands of 1 cubic-meter special boxes. The number of containers reached 66,000 at the end of last year.

The incinerator is equipped with two types of filters that can reduce the radioactive levels of the exhaust air to less than one-millionth, while reducing the capacity of the waste to about 2 percent.

The incinerator can burn a maximum of 14 tons of items per day when it is operated to capacity for 24 hours. The ash residue will be stored in metallic barrels on the plant compound.

The incineration project was authorized by the Nuclear Regulation Authority in July 2014. TEPCO began operational tests of the incinerator using untainted waste last fall.

Workers remove protective clothing after returning from the Fukushima No. 1 nuclear power plant to a base facility in Naraha, Fukushima Prefecture, in November 2011. (Asahi Shimbun file photo)

Workers remove protective clothing after returning from the Fukushima No. 1 nuclear power plant to a base facility in Naraha, Fukushima Prefecture, in November 2011. (Asahi Shimbun file photo)

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