31 mars 2015 2 31 /03 /mars /2015 11:34

Troisième témoignage de Permaria

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Est-ce que les aliments quotidiens sont pollués ?

Activités de la station de mesure de la radioactivité d’Akita

 

 

Je me souviens de l’été dernier 2014. Le taux de radioactivité de l’environnement dans la ville d’Akita était de 0.08μSV/h sur mon Geiger. C’était une valeur un peu plus élevée qu’à Kawasaki où j’habite. Mais c’est juste un peu plus et les habitants du département continuent de vivre comme si de rien n’était.

 

Au supermarché, on vendait du cabillaud au rayon poissonnerie. Il y avait une étiquette marquant la zone de pêche. On a appris qu’il venait d’Aomori mais pas plus. Aomori, c’est un département au bout de l’île de Honshu qui donne sur trois étendues d’eau : l’océan Pacifique, le détroit de Tsugaru et la mer du Japon. On ne savait donc pas de quelles eaux d’Aomori venait ce poisson vorace. Comme il y a une grande différence de taux de radioactivité entre les poissons pêchés dans l’Océan Pacifique et ceux de la mer du Japon, je n’ai pas eu envie d’en acheter, faute de précision.

Est-ce que les aliments quotidiens sont pollués ?

Les consommateurs avertis et méticuleux appellent ce poisson « champignon noir de la mer » parce que cet animal marin carnivore absorbe et accumule facilement les substances radioactives. Mais, dans cette ville provinciale de taille moyenne qu’est Akita, on dirait qu’aucun client ne payait d’attention à la provenance du cabillaud.

 

Le 25 février 2015, on a appris que Tepco avait laissé fuir de l’eau fortement radioactive vers l’Océan Pacifique, depuis déjà l’année dernière, sans rien dire. Cette nouvelle a indigné la société coopérative des pêcheurs à Iwaki, ville portuaire ayant de nombreux petits ports de pêche. Les pêcheurs n’ont plus confiance en la compagnie d’électricité.

 

Or, depuis justement l’année dernière, juste après la semaine d’Or au mois de mai, le Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales a arrêté de publier le rapport quotidien des résultats de mesure de radioactivité des aliments, mais seulement hebdomadairement. Je pense que ce n’est pas un travail correct pour un ministère qui se charge de la santé de la nation. Et puis, la publication hebdomadaire a rendu la tâche de lecture et de vérification très difficile parce qu’il nous faut lire une quantité de données en une seule fois pour comprendre la situation et qu’ il y a plus de décalage de temps qu’avant entre la publication des informations et les circuits  d’approvisionnement alimentaires. Mais, il faut choisir et acheter des produits agricoles et de la pêche non pollués pour vivre sain. Alors il faut éviter le cabillaud, les champignons, surtout les champignons noirs, et les poissons d’eau douce. Et je bois de l’eau minérale Crystal Geyser importée des Etats-Unis.

 

Mais l’automne dernier, j’ai découvert, par hasard, dans un film intitulé  “Nucléaire sauvage : Les îles du projet secret 4.1”, que les deux sources de Crystal Geyser n’étaient pas loin du désert du Nevada où ont été effectués plusieurs essais nucléaires pendant la guerre froide par le gouvernement américain. J’en ai tressailli : en évitant l’eau minérale japonaise douteuse, je courais au risque d’empoisonnement causé par l’exposition interne… Il m’a fallu vite faire mesurer la radioactivité de cette eau. C’était important.

 

Justement à Akita, il y a une station de mesure de la radioactivité, tenue par un couple bénévole. On peut voir tous les résultats des mesures de la radioactivité chez eux « Beguredenega ? » (N’y a-t-il pas de substance radioactive (Bq) dedans ? en dialecte d’Akita) sur leur site : http://ameblo.jp/metabolism-akita/entrylist.html

Alors, je leur ai envoyé une énorme quantité de Crystal Geyser, 43,56 litres !

 

L’eau a été soigneusement condensée jusqu’à la limite chez eux, envoyée au bureau de Monsieur Shozugawa, assistant à l’Université de Tokyo et mesurée par un détecteur Germanium avec haute précision. Le résultat a été rassurant : pas de substance radioactive qui dépasse la limite de détection. Alors, je continue de boire cette eau toute rassurée.

 

Mais, je pense en même temps qu’il faudrait faire mesurer toutes les eaux minérales produites au Japon. Les frais de mesure sont assez élevés, mais en groupe, on peut les partager. Si le résultat était bon, ce serait plus économique de consommer de l’eau minérale japonaise parce qu’on est au Japon. Seuls les résultats vraiment fiables scientifiquement pourront empêcher « le risque de réputation » des produits japonais.

 

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commentaires

R
La question du degré de contamination des aliments reste ouverte et préoccupante. On sait que les rejets de la centrale en ruine ont été et continuent d'être importants, sous des formes multiples (débris, poussières, gaz, aérosols, solutions et suspensions) bien que principalement centrées sur les eaux de refroidissement et les flux d'eaux souterraines impossibles à contenir; on sait aussi que les dépôts initiaux se sont répartis selon un modèle complexe que ne reflète pas vraiment un schéma simplificateur en cercles concentriques å valeurs décroissantes à partir de la centrale. Mais les recommandations officielles sont que seuls les produits de cueillette "sauvage" dans la nature (champignons etc) pourraient présenter un danger pour le consommateur; plusieurs supermarchés continuent d'affirmer qu'ils effectuent leurs propres contrôles stricts; les résultats des analyses réalisées par des labos indépendants semblent dans l'ensemble assez rassurants; sur le sujet de l'eau, on voit de temps en temps des articles affirmant que le passage des radionucléides d'un fond contaminé vers l'eau qui s'écoule au-dessus ou vers les poissons qui nagent dans la zone se fait difficilement … On dit encore que les méthodes d'agriculture moderne (environnement contrôlé, serres, élevage en intérieur, nourriture pour animaux importée, composts contrôlés, etc) contribuent à la protection des productions; bref, la population pense avoir de bonnes raisons de ne plus y penser. Et pourtant …. les cartons de lait montrent des vaches non pas en étables mais paissant sur de vastes prairies: comment ces dernières ne comporteraient-elles pas quelques hot spots? Les modèles physiques sur l'absence d'échanges entre un lit de rivière ou un fond marin et l'eau qui passe au-dessus semblent des schémas très théoriques: l'eau contaminée continue de circuler à partir de la centrale et les dépôts ne sont pas fixés une fois pour toutes dans le fond; à cela s'ajoute la complexité des processus biologiques et de la chaîne alimentaire qui entretient, voire réactive et amplifie, la propagation de la contamination. Bien entendu, on se doute que les pressions économiques sont très puissantes pour écouler par tous les moyens les produits contaminés sur le marché: coupages, mélanges, transformations et recyclages divers … Et que représente la proportion des échantillons vérifiés par rapport à la masse des produits offerts? Bref, l'inquiétude et le doute persistent.
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R
Tâche difficile. Des observations qui soulignent les "faiblesses" volontaires de l'information. Aidons nos amis, qui luttent pour une alimentation saine, dans un contexte doublement hostile.
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O
http://www.fukushima-is-still-news.com/2015/03/safety-of-japanese-food.html<br /> tout va bien
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J
Les résultats donnés par http://beguredenega.com/archives/3236 ne correspondent pas du tout aux chiffres du fabricant de l'eau en bouteille "Crystal Geyser" lui-même (!) qui sont très supérieurs, pas loin de 100 picocuries par litre. Cherchez l'erreur...
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J
@Permaria<br /> <br /> Bonsoir,<br /> <br /> Je ne pense pas que l'uranium et le radium de l'eau Crystal Geyser viennent des essais nucléaires. Les eaux minérales naturelles contiennent fréquemment de l'uranium et donc ses descendants radium, radon, polonium, plomb... parce qu'elles ont été au contact de roches cristallines riches en uranium. Un bon exemple c'est la San Pellegrino.<br /> <br /> La chaîne de l'uranium : http://www.laradioactivite.com/fr/site/pages/desintegrationencascade.htm
P
Bonjour. C'est moi qui a témoigné et je bois presque tous les jours l'eau de Crystal Geyser. En lisant votre réaction, j'ai trésailli de nouveau. Est-ce que cet uranium et ce radium viennent des essais nucléaires dans le désert Névada ? Merci par avance de votre réponse. Je n'ai jamais découvert d'autres éléments que le césium 137, 134 et le <br /> potassium dans le Blog de Beguredenega... Je vais eur demander dessus.
J
L'eau en bouteille "Crystal Geyser" c'est 30 µg d'uranium et 5 picocurie de radium par litre.
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C
Depuis plusieurs années déjà, il a été dit qu'il vaudrait mieux pour les Japonais d'importer de l'eau vu que les nappes phréatiques seront polluées par la radioactivité continue. Vu que Fukushima ne connaîtra JAMAIS une fin, ce conseil est précieux.
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C
Je me suis posé les mêmes questions, quand une copine japonaise (qui reste volontairement naïve sur les questions nucléaires) m'a rapporté des algues séchées "à grignoter", en provenance de chez elle : au nord du Japon ! J'ai remercié chaleureusement cette gentille copine qui avait pensé à moi pendant son séjour dans sa famille.<br /> <br /> Mais je sais que les algues sont comme les champignons noirs : elles concentrent la radioactivité. Alors, comme je n'avais pas les moyens de faire analyser celles-ci, je les ai jetées. Avec beaucoup de regrets, mais jetées quand même. Quel gâchis !<br /> <br /> La provenance du cabillaud de cet article me rappelle que, dans la région d'Aomori, il y a la famille Asako qui résiste contre la construction d'une nouvelle centrale.<br /> Pensez à leur envoyer des courriers :<br /> http://www.asakohouse.com/FR/index.php
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