22 février 2019 5 22 /02 /février /2019 14:29

« Ça commence », c’est le titre qu’a donné Fonzy à son neuvième témoignage. C’est le titre qu’on pourrait aussi donner pour le démarrage de la grande communication pré-JO de Tepco sur la récupération du corium. La semaine dernière, le 13 février, après 9 mois de silence sur ses activités de démantèlement des réacteurs de Fukushima Daiichi, Tepco s’est vantée d’avoir réussi à déplacer, 8 ans après la catastrophe, quelques grammes de corium au fond de l’enceinte de confinement du réacteur n° 2. Certes, c’est une prouesse technique dans un environnement létal, mais il faut relativiser en pensant aux 257 tonnes de combustible fondu qu’il reste à récupérer dans les tréfonds inondés de la centrale. Il faut relativiser aussi l’état de l’information fournie par Tepco : des miettes lâchées aux médias – de belles images colorées, tels des tableaux de peinture contemporaine – car pas d’info sur le taux de radioactivité, sur la température… Des autorités, ce n’est pas mieux : pas d’info sur d’éventuelles études épidémiologiques suite à 2011, excepté cette surveillance des thyroïdes des enfants de Fukushima, qui n’est qu’un prétexte à diffuser des propos rassurants pour dire que le surplus de cancers n’est pas dû à la radioactivité. Alors face à ce mur de silence, comment ne pas s’inquiéter ?

PF

Légende photo ci-dessus : corium de Fukushima, réacteur n°2, détail d’une photo Tepco (février 2019)

 

 

 

 

Ça commence….

 

par Fonzy

 

Bientôt huit ans depuis la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima. La région est presque « restaurée » sauf une petite partie autour de la centrale accidentée, bien que la plupart des sinistrés n’y retournent pas. Il est normal qu’ils n’y retournent pas, car le césium est toujours là, le strontium est toujours là, et aussi le plutonium, etc… Les radionucléides, on ne les voit pas dans l’air, ni dans le sol, ni dans l’océan. Toutefois, on commence à voir leurs traces en nous, dans nos corps, sans doute. Je ne suis pas médecin, ni statisticienne, je n’ai aucune preuve scientifique, donc ce que je raconte pourrait être n’importe quoi, mais il y a quand même un peu trop de malades, un peu plus visibles qu’avant.

 

On entend presque tous les jours que tel chanteur a eu une crise cardiaque, telle actrice souffre du cancer du sein, tel homme politique est mort de la dissection aortique ; enfin, depuis quelques mois, j’entends trop souvent des peoples qui souffrent d’une maladie assez grave. Des fois, il s’agit d’une personne assez jeune, comme Rikako Ikee, 18 ans, superstar de la natation japonaise, qui vient d’annoncer qu’on lui a diagnostiqué une leucémie, ou Nosuke, 29 ans, chanteur atteint de la tumeur testiculaire germinale. Mais il y a aussi des personnes âgées comme Hitomi Kamanaka, 61 ans, cinéaste qui a réalisé de nombreux documentaires sur le nucléaire, qui a eu une hémorragie sous-arachnoïdienne, ou Enraku Sanyutei, 68 ans, conteur de rakugo, qui s’est fait opérer du cancer du poumon. Peut-être suis-je plus sensible qu’avant à ce genre de nouvelles, mais je dirais que c’est un peu trop fréquent quand même.

 

Moi, pour l’instant, ça va, sauf que j’ai attrapé un gros rhume en décembre dernier, ce qui m’a privé de voix pendant des jours. Curieusement, j’ai vu plusieurs personnes qui disaient qu’elles souffraient du même problème de la gorge presque en même temps que moi. Y avait-il du poison qui flottait dans l’air ? Ou la simple infection d’un virus ? Je ne sais pas.

 

Le 18 mars 2011, juste après l’accident de la centrale, Akio Komori, qui était alors directeur de Tepco, s’effondrait en larmes en disant que « Nous avons fait échapper la quantité mortelle de la radioactivité ». Maintenant, personne ne cite plus ce qu’a dit Komori. On dit que tout est devenu normal, tout est comme avant, mais je pense que Komori avait raison.

Akio Komori,  directeur chez Tepco, mars 2011, AP photo Kyodo

Akio Komori, directeur chez Tepco, mars 2011, AP photo Kyodo

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