23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 10:52
Rapport de HORI Yasuo du 10 janvier 2016

Texte de de HORI Yasuo du 10 janvier 2016 traduit de l'espéranto par Paul SIGNORET et Ginette MARTIN

  • Fête de la maturité à Fukushima
  • Fête dans la ville de Naraha
  • Paroles de deux jeunes femmes
  • La population des villes sinistrées a diminué
  • Le nombre des décès liés à l'accident nucléaire dans la préfecture de Fukushima excède 2000
  • Les compagnies d'électricité veulent remettre en route davantage de réacteurs nucléaires

Article original en espéranto

Fête de la maturité à Fukushima

 

Les 10 et 11 janvier, dans de nombreuses villes, est organisée une Fête de la majorité, à laquelle sont invités les jeunes garçons et les jeunes filles qui ont atteint ou atteindront leurs vingt ans entre avril 2015 et mars 2016.

 

Fête dans la ville de Naraha

 

Dans Naraha, ville de la préfecture de Fukushima, sur les 88 jeunes gens invités, 73 sont venus fêter leur majorité.  C'était la première fois, depuis la Catastrophe, que cette fête avait lieu dans leur propre ville. Depuis la survenue de l'accident nucléaire, en mars 2011, jusqu'en septembre dernier les habitants de Naraha n'ont pas eu le droit de loger dans leur ville en raison de l'intensité radioactive qui y régnait. À présent, ils ont de nouveau ce droit, mais seuls 421 sur les 7 363 habitants sont revenus y loger (dernières données :978). En de nombreux endroits la ville est polluée, c'est pourquoi les jeunes couples avec enfants ne veulent pas y revenir. De plus, beaucoup ont recommencé une nouvelle vie ailleurs, et leurs enfants, habitués à leur nouvelle école, ne veulent pas en changer. Il est donc certain que la plupart des jeunes gens participant à la fête venaient d'ailleurs.

 

Les villes dans lesquelles il est interdit d'habiter ont fait leur fête dans d'autres villes : Ōkuma l'a organisée à Uwaki, le village de Ītate dans la ville de Fukushima, Namie dans Nihonmatsu et Tomioka dans Kōriyama.

 

Paroles de deux jeunes femmes

 

Mme Miyake Shiori, de Naraha : "J'habitais un logement de l'Association Japonaise de Foot-ball, dans Naraha, et je m'entraînais pour devenir joueuse. Lorsque s'est produite la Catastrophe, nous venions tout juste d'avoir la cérémonie de fin d'année scolaire du collège. J'avais l'intention de jouer avec mes amis pendant l'après-midi mais, du fait de la Catastrophe, je n'ai pas pu revenir chez moi et j'ai passé la nuit dans une auto. Le lendemain a eu lieu l'accident nucléaire. Nous avons quitté notre maison et nous nous sommes réfugiés dans l'île d'Hokkaido. Si l'accident ne s'était pas produit, j'aurais pu demeurer à Naraha. À présent je joue dans le club de foot de la ville de Kōbe. Mon rêve est d'intégrer l'équipe nationale."

 

Melle Tanaka Ayumi, de Namie : "J'étais très inquiète quand j'ai été séparée de mes amis à cause de l'accident nucléaire, mais grâce au soutien de nombreuses personnes j'ai pu entrer dans un lycée et ensuite dans une université. Comme réfugiée, j'ai pris conscience de la valeur de l'alimentation et j'ai commencé à me féliciter d'avoir à manger. Je veux devenir enseignante d'art ménager dans un collège. Et j'ai bien l'intention de revenir un jour chez moi afin de contribuer à la renaissance de ma ville."

 

La population des villes sinistrées a diminué

 

   Le 28 décembre 2015, les préfectures de Iwate, Miyagi et Fukushima ont publié une statistique portant sur le nombre d'habitants des villes situées le long du rivage de l'Océan Pacifique, à la date du 4 octobre. La diminution du nombre d'habitants y a été la suivante :

 

Pour la préfecture de Iwate : moins 3,6%

    - ville d'Ōtsuchi: moins 23,5%

    - ville de Rikuzen-Takata : moins 15,2%

    - ville de Yamada: moins 15,0%

Pour la préfecture de Miyagi : moins 0,6%

    - ville d'Onagawa: moins 37,0%

    - ville de Minami-Sanriku: moins 29,0%

    - ville d'Yamamoto: moins 26,3%

 

Les responsables départementaux redoutent que, lors de la statistique de 2020, le nombre d'habitants n'ait diminué de façon drastique, en raison du départ de nombreux ouvriers occupés actuellement à la reconstruction de ces trois préfectures.

 

La population de la préfectrure de Fukushima également diminue :

Pour toute la préfecture : moins 5,7%

Dans les villes habitables, la population a ainsi diminué :

    - ville de Naraha:  moins 87,3%

    - ville de Kawauchi: moins 28,3%

    - ville de Hirono: moins 20,2%

 

Les habitants ne peuvent revenir dans ces villes à cause du manque de conditions de vie convenables et de la peur des radiations.

Dans les villes inhabitables en raison de la radioactivité, le nombre d'habitants est :

    - Ōkuma: 0

    - Futaba: 0

    - Tomioka: 0

    - Namie: 0

    - Katsurao: 18

    - Ītate: 41

 

Le nombre des décès liés à l'accident nucléaire dans la préfecture de Fukushima excède 2000

 

Le 28 décembre, la préfecture de Fukushima a publié une information selon laquelle le nombre de décès imputables à la Catastrophe (en fait, essentiellement à l'accident nucléaire) a été supérieur à 2000. Cette préfecture compte encore 101 000 personnes réfugiées, vivant soit à l'intérieur soit hors de son territoire. Ces gens souffrent à cause des conditions de vie difficiles et de la désespérance, qui accélèrent leur mort.   Selon une statistique du gouvernement, ces décès se montent à 455 dans  celle d’Iwate et à 918 dans celle de Miyagi, donc la préfecture de Fukushima est en tête. Au total 3835 personnes sont mortes à cause de la Catastrophe, dont 2007 sont décédées par la suite, au cours de leur fuite et de leur vie ultérieure.

 

Les compagnies d'électricité veulent remettre en route davantage de réacteurs nucléaires

 

L'an dernier déjà, les réacteurs n° 1 et 2 de la centrale nucléaire de Sendai, située dans la partie méridionale de l'île de Kyushu, ont été remis en route. Le 29 janvier 2016, la Compagnie d'électricité du Kansai a remis en marche le réacteur n° 3 de la centrale nucléaire de Takahama, dans la préfecture de Fukui. Ce réacteur fonctionne au combustible MOX, il est donc plus dangereux. La Compagnie d'électricité Shikoku envisage la remise en marche du réacteur n° 3 de la centrale nucléaire Ikata en avril.

 

À compter d'avril, le monopole de vente d'électricité de neuf compagnies prendra fin, et par suite arriveront sur ce marché de nouvelles compagnies à bas coût, c'est pourquoi les compagnies veulent avoir la possibilité de produire du courant, apparemment moins cher, avec les réacteurs nucléaires.

 

La Compagnie d'électricité Chūbu veut, elle aussi, faire fonctionner un réacteur à Hamaoka, dans la préfecture de Shizuoka. Cette centrale se trouve dans la ville de Omaezaki, en un point où la plaque des Philippines et celle d'Amérique du Nord entrent en collision. Tout de suite après le séisme de 2011, le premier ministre d'alors y fit arrêter le fonctionnement du réacteur, car celui-ci était situé en un lieu trop dangereux, mais le gouvernement actuel en a approuvé la remise en marche, à condition que la compagnie construise une digue assez grande pour résister aux futurs grands tsunamis.

Digue de la centrale de Hamaoka (photo Asahi Shiimbun)

Digue de la centrale de Hamaoka (photo Asahi Shiimbun)

 

Le 26 décembre, cette digue a été achevée. Elle a une hauteur de 22 mètres et une longueur de 2,2 km. L'ensemble des travaux préparatoires à la mise en route du réacteur n° 4  sera terminé en septembre 2016 et en septembre 2017 le réacteur n° 3 sera prêt à son tour.

 

Voyez la photo ci-dessus : même si la digue résiste aux tsunamis, le fonctionnement des réacteurs pourra être entravé par les séismes énormes qui auront précédé ces énormes raz-de-marée. Les réacteurs nucléaires sont composés de beaucoup de très longs tubes. Si ces derniers sont endommagés, une grande catastrophe s'ensuivra. La centrale nucléaire de Hamaoka est peut-être la plus dangereuse de toutes les centrales du monde entier. Pourquoi le gouvernement va-t-il approuver sa remise en fonction ? Il continue à croire à la sécurité de l’énergie nucléaire, tout comme avant la catastrophe de Fukushima. A ses yeux, l’économie importe d’avantage que la vie des gens. Et pourtant, quand survient un cataclysme, tout est perdu : et l’économie, et la vie.

 

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