12 septembre 2015 6 12 /09 /septembre /2015 22:23

Citation de la source :

Watanabe, Y. et al., Morphological defects in native Japanese fir trees around the Fukushima Daiichi Nuclear Power Plant. Sci. Rep. 5, 13232; doi: 10.1038/srep13232 (2015).

Auteurs : Yoshito Watanabe1,*, San’ei Ichikawa2,*, Masahide Kubota2, Junko Hoshino3, Yoshihisa Kubota1, Kouichi Maruyama1, Shoichi Fuma1, Isao Kawaguchi1, Vasyl I. Yoschenko4 & Satoshi Yoshida1

Publication reçue le 23 février 2015 - Validée le 20 juillet 2015 - Publiée le 28 août 2015

Publication sous licence libre, rapport scientifique sur le site nature.com, lien-source :

http://www.nature.com/articles/srep13232

Traduction : Evelyne Genoulaz

1Fukushima Project Headquarters, National Institute of Radiological Sciences, Chiba 2638555, Japan. 2Japan Wildlife Research Centre, Tokyo 1308606, Japan. 3Tokyo College of Environment, Tokyo 1308606, Japan. 4Institute of Environmental Radioactivity, Fukushima University, Fukushima 9601296, Japan. *These authors contributed equally to this work. Correspondence and requests for materials should be addressed to Y.W. (email: y_nabe @ nirs.go.jp)

 

 

-oOo-

 

 

Après laccident à la centrale nucléaire n°1 de Fukushima Daiichi [F1NPP] en mars 2011, on a porté beaucoup d’attention aux conséquences biologiques du relâchement de radionucléides dans son proche environnement. Notre recherche s’est intéressée aux modifications dans la morphologie du sapin japonais, un conifère japonais présent à l’état naturel de façon endémique, sur des sites proches de la centrale. Nous avons pu observer sur les populations de sapins japonais poussant près de la centrale une augmentation de défauts morphologiques significative, concernant des suppressions de rameaux de tête sur l’axe principal, par comparaison avec une population de référence située loin de la centrale. La fréquence de ces défauts a pu être  mise en correspondance avec les niveaux de contamination des sites d’observation. Une augmentation significative de la suppression des rameaux de tête a pu être observée dans ceux dont l’élongation s’est produite postérieurement au printemps 2012, soit une année après l’accident. Nos résultats conduisent à la conclusion que la contamination par des radionucléides aurait contribué à des déficiences dans la morphologie des sapins japonais situés dans une zone proche de la centrale.

 

Au cours de l’accident à la centrale nucléaire n°1 de Fukushima Daiichi en mars 2011, des radionucléides relâchés dans l’atmosphère contaminèrent la zone environnante (1-2). Depuis l’accident, on a porté beaucoup d’attention aux conséquences biologiques d’une contamination par ces radionucléides. Afin de rechercher des changements biologiques opérés dans l’environnement, divers organismes présents à l’état sauvage dans les environs de la centrale et susceptibles d’être des indicateurs, ont fait l’objet d’observations, comme les singes japonais (3), les papillons Lycaneid ou encore les pucerons à galle de l’Epinette [gall-forming aphid] . Néanmoins, la poursuite d’études  sur des organismes sensibles au rayonnement, nous permettrait de mieux nourrir les conclusions, s’agissant de savoir si la contamination radioactive résultant de l’accident à la centrale eut un impact biologique sur l’environnement.

Au sujet de la biosurveillance quant à la contamination radioactive du moins, il a été prouvé que les conifères sont des indicateurs intéressants en raison de leur radiosensibilité élevée, comme l’a révélé voilà quelques décennies une étude de terrain utilisant des équipements à rayonnement gamma (6-9). C’est ainsi qu’on a conclu à des dommages sur deux conifères suite à l’accident nucléaire de Tchernobyl de 1986 : deux essences locales, le Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et l’Epinette de Norvège (Picea abies) ont été atteintes, dans les zones contaminées par la radioactivité, de dommages biologiques caractérisés (10-12). En situation expérimentale comme en situation post-accidentelle, on a mis en évidence que des modifications de morphologie, en particulier dans le branchage de l’axe principal, furent les réponses radiosensibles des conifères les plus fréquemment observées (6-12).

 

Figure 1 - Schéma du sapin japonais en janvier 2015

Figure 1 - Schéma du sapin japonais en janvier 2015

Des conifères poussent dans une zone hautement contaminée par la radioactivité suite à l’accident à F1NPP, dont le sapin japonais (Abies firma) en est l’une des essences la plus naturellement répandue. A la différence des autres espèces de conifères, les populations de jeunes sapins japonais sont abondantes, en vertu d’une caractéristique propre à cette essence qui est de croître  même à l’ombre du couvert forestier. Or, la petite taille des arbres jeunes présente l’intérêt de faciliter l’observation de changements morphologiques sur l’arbre entier. De plus, la régularité de la croissance du sapin japonais sur une année permet de déterminer les changements année après année, et ce sur un certain nombre d’années. Pour notre étude, nous avons utilisé ce sapin du Japon comme un indicateur dans la recherche de l’impact environnemental de la contamination radiologique provoquée par l’accident F1NPP. Nous nous sommes intéressés aux modifications morphologiques des rameaux de tête dans les cinq dernières années, sur un territoire hautement contaminé situé aux alentours de F1NPP. Notre étude a porté, en janvier 2015, sur l’observation de trois sites (S1, S2 et S3) situés à des distances différentes de la centrale et présentant des niveaux de contamination différents. Ces sites se trouvent dans « l’Aire 3 » c’est-à-dire là où le retour des résidents est différé sur le long terme (Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie). D’autres sapins japonais ont également été étudiés sur un site-témoin faiblement contaminé (S4), au sud-ouest de F1NPP.

 

Figure 2 - Carte montrant les sites d’observation. [Autres précisions : se reporter à la carte figurant dans l’article-source]

Figure 2 - Carte montrant les sites d’observation. [Autres précisions : se reporter à la carte figurant dans l’article-source]

Tableau 1 - Les sites d’observation des sapins en janvier 2015

Tableau 1 - Les sites d’observation des sapins en janvier 2015

LES RESULTATS

 

La plupart des sapins japonais ayant poussé à l’état naturel présentent un schéma de ramification monopodial typique, avec un tronc pourvu d’un axe principal unique (Fig. 3 B, C), tandis que certains  arbres présentent des défauts morphologiques sur l’axe principal du tronc (Fig.3 B, C).

 

Quel que fut le site de croissance, ces défauts sont caractérisés par une branchure irrégulière au niveau des verticilles [note : groupe de plus de deux feuilles, pousses…qui naissent au même niveau sur la tige, en anneau] de l’axe principal, avec la suppression distincte du rameau directeur qui habituellement fait une élongation à la verticale pour former l’axe principal.

 

L’espace laissé par ce rameau manquant a été comblé par les branches latérales demeurantes, qui ont poussé vers le haut ou bien maintenu leur position à l’horizontale (Fig. 3C).

Figure 3 - Indication des défauts morphologiques des sapins japonais. Les flèches indiquent la position des pousses de tête supprimées.  (A) arbre normal (S3) ; (B) arbre défectueux (fourche verticale, S1) ; (C) arbre défectueux (fourche horizontale, S2).

Figure 3 - Indication des défauts morphologiques des sapins japonais. Les flèches indiquent la position des pousses de tête supprimées. (A) arbre normal (S3) ; (B) arbre défectueux (fourche verticale, S1) ; (C) arbre défectueux (fourche horizontale, S2).

La fréquence des défauts morphologiques sur l’axe principal fut globalement variable sur les  différents sites d’observation S1, S2 et S3, mais elle fut significativement plus élevée dans chacun de ces sites en comparaison du témoin S4 (NDLT - test chi carré, cf. chiffres de l’article d’origine en lien…).

Cette fréquence se trouva en correspondance avec des débits de dose ambiante sur les sites observés, qui représentent des niveaux de contamination locale par les radionucléides (S1 > S2 > S3 > S4, Tableau 1).

Nous avons observé en S1 une fréquence élevée de défauts, où 125 des 128 arbres ont  présenté des défauts de branchage sur leur axe principal.

 

Figure 4 - Fréquence relative des modifications constatées sur l’axe principal de sapins japonais sur différents sites. On a dénombré les défauts par l’observation de 5 verticilles annuels à partir de la cime des arbres. On a exclu de l’examen les arbres présentant une carence en rameau directeur ou des rameaux directeurs morts dans leurs verticilles inférieurs ; ce pourquoi il y a une différence entre le nombre d’arbres observés pour leurs défauts (n : indiqué dans ce schéma) et le nombre total d’arbres observés (Tableau 1) […]

Figure 4 - Fréquence relative des modifications constatées sur l’axe principal de sapins japonais sur différents sites. On a dénombré les défauts par l’observation de 5 verticilles annuels à partir de la cime des arbres. On a exclu de l’examen les arbres présentant une carence en rameau directeur ou des rameaux directeurs morts dans leurs verticilles inférieurs ; ce pourquoi il y a une différence entre le nombre d’arbres observés pour leurs défauts (n : indiqué dans ce schéma) et le nombre total d’arbres observés (Tableau 1) […]

Nous avons analysé un à un les défauts de branchage de l’axe principal, pour chacun des verticilles  par année (Fig.5).

En comparaison des rameaux de l’année 2010, qui furent générés avant l’accident Daiichi, la fréquence de la suppression du rameau de tête a augmenté dans une proportion significative sur les rameaux qui ont poussé après 2012 (sites S1 et S3), ou après 2013 (site S2).

 

Cette fréquence a connu un pic en ce qui concerne les verticilles de l’année 2013, puis elle a eu tendance à décroître pour les verticilles de 2014, sur chacun des sites d’observation.

Les modèles de variation dans les séries des verticilles annuels ont été similaires sur les trois sites observés, tandis qu’on n’a observé  aucune variation selon l’année sur le site-témoin, S4.

Ces résultats indiquent que la suppression des tiges directrices s’est produite le plus souvent dans le cas des verticilles dont l’élongation provient des bourgeons terminaux d’hiver au début de la saison 2012-2013.

 

Figure 5 - Fréquence relative de la suppression des tiges de tête sur les verticilles annuels de l’axe principal dans les sapins japonais sur les différents sites. Les suppressions ont été dénombrées à l’observation de 5 ramifications annuelles à partir de la cime de l’arbre. Les années correspondent au moment où les rameaux ont crû au printemps. (Fig. 1). Ceux des arbres ayant des tiges de tête supprimées ou mortes lors des années antérieures ont été écartés de l’observation ; ce qui explique que le nombre des arbres (n : reporté sur le graphique) décroît d’une année sur l’autre [etc, cf doc-source].

Figure 5 - Fréquence relative de la suppression des tiges de tête sur les verticilles annuels de l’axe principal dans les sapins japonais sur les différents sites. Les suppressions ont été dénombrées à l’observation de 5 ramifications annuelles à partir de la cime de l’arbre. Les années correspondent au moment où les rameaux ont crû au printemps. (Fig. 1). Ceux des arbres ayant des tiges de tête supprimées ou mortes lors des années antérieures ont été écartés de l’observation ; ce qui explique que le nombre des arbres (n : reporté sur le graphique) décroît d’une année sur l’autre [etc, cf doc-source].

En dépit de l’augmentation significative de la fréquence de suppression des pousses de tête sur les  verticilles annuels autour de l’année 2013 dans les sites d’observation S1-S3, le nombre des  branches latérales élongées à partir de ces mêmes verticilles n’a pas montré de variation annuelle qui pût être mise en correspondance avec la fréquence de suppression des tiges de tête (Fig.6).

Il n’y a pas eu de différence dans le nombre de branches latérales au sein des rameaux annuels, y compris en S1 (one-way ANOVA, p = 0,84), où la fréquence de suppression des pousses de tête connut la variation la plus intense, en comparaison des autres sites d’observation (Fig. 5).

 

D’un autre côté, il y a eu une variation annuelle significative du nombre de branches latérales en S2, S3 et S4 [one-way ANOVA, cf. chiffres dans l’article-source…]. Néanmoins, les schémas des variations annuelles n’ont pu être rapprochés de la fréquence de variation des tiges directrices manquantes. Ce qui signifie que la suppression des tiges directrices s’est produite indépendamment de la modification du nombre des branches latérales élongées au niveau des verticilles.

 

Figure 6 - Nombre de ramifications latérales sur les verticilles annuels de l’axe principal des sapins japonais sur les différents sites. Les suppressions ont été dénombrées à l’observation de 5 ramifications annuelles à partir de la cime de l’arbre. Les années correspondent au moment où les rameaux ont crû au printemps. (Fig. 1). Ceux des arbres ayant des tiges de tête supprimées ou mortes lors des années antérieures ont été écartés de l’observation ; ce qui explique que le nombre des arbres (n : reporté sur le graphique) décroît d’une année sur l’autre (etc., cf. doc-source).

Figure 6 - Nombre de ramifications latérales sur les verticilles annuels de l’axe principal des sapins japonais sur les différents sites. Les suppressions ont été dénombrées à l’observation de 5 ramifications annuelles à partir de la cime de l’arbre. Les années correspondent au moment où les rameaux ont crû au printemps. (Fig. 1). Ceux des arbres ayant des tiges de tête supprimées ou mortes lors des années antérieures ont été écartés de l’observation ; ce qui explique que le nombre des arbres (n : reporté sur le graphique) décroît d’une année sur l’autre (etc., cf. doc-source).

Des différences dans le développement des rameaux directeurs et des ramifications latérales ont aussi été observées en examinant en détail les rameaux défectueux. Sur chacun des sites, les tiges directrices supprimées n’ont laissé aucune marque sur les branches latérales normales (Fig. 7A).

Des structures semblables ont également été observées sur les bourgeons d’hiver de 2015 au sommet de l’axe principal, où des bourgeons latéraux normaux avec une suppression totale des bourgeons apicaux ont parfois pu être observés (Fig. 7B).

Ces observations démontrent que la suppression des pousses de tête résulte vraisemblablement de la suppression des bourgeons apicaux à un stade précoce de leur développement, indépendamment de la formation des bourgeons latéraux.

 

Figure 7 - Indication de la pousse de tête et du bourgeon apical supprimés sur une branche principale des sapins japonais. Les flèches indiquent la position de la pousse de tête supprimée (A). Rameau annuel de 2013 (S1),  (B) : bourgeons d’hiver de 2015 à l’apex de l’axe principal (S1).

Figure 7 - Indication de la pousse de tête et du bourgeon apical supprimés sur une branche principale des sapins japonais. Les flèches indiquent la position de la pousse de tête supprimée (A). Rameau annuel de 2013 (S1), (B) : bourgeons d’hiver de 2015 à l’apex de l’axe principal (S1).

 

DISCUSSION

 

Dans cette étude, un accroissement significatif des déficiences morphologiques a été mis en évidence sur les populations de sapins japonais poussant sur les sols près de F1NPP.

 

Leur occurence est en correspondance avec un niveau de contamination radioactive représenté par le débit de dose ambiante de chacun des sites, suggérant que ces défauts pourraient être imputables à une exposition à la radiation ionisante provenant des radionucléides qui furent relâchés après l’accident.

 

D’un autre côté, une destruction de pousses de tête a aussi pu être observée sur le site témoin dans une plus faible mesure, ce qui indique que ces défauts n’ont pas été spécifiques à la radiation, mais universels. La destruction des pousses de tête sur le site témoin est apparue de façon aléatoire sur les rameaux annuels et non pas une année plutôt que l’autre. Mieux encore, même sur les sites fortement contaminés, une faible fréquence de défauts a pu être observée avant l’accident de F1NPP en 2011. Ces résultats ont suggéré que les défauts ont pu aussi apparaître indépendamment d’une exposition à la radioactivité.

 

Des défauts similaires au niveau de l’axe principal ont été rapportés concernant de nombreuses essences de conifères cultivées dans des plantations, qui comprennent la séparation du tronc en deux branches ou davantage, de taille semblable, ce qu’on appelle un défaut de fourche (14, 15, 16, 17). Les défauts de fourche peuvent avoir pour origine le bris de la branche directrice en raison d’un dommage accidentel, comme un oiseau qui s’y perche, l’attaque d’un animal, un fort vent, ou des maladies pathogènes, ou encore un stress environnemental comme le gel (14). Des études plus anciennes ont montré que chez le Pin tordu (ou Pin de Murray - Pinus contorta), les défauts de fourche pouvaient également être causés par un contrôle physiologique de la dominance apicale même en l’absence de dommages mécaniques (14, 15). Dans notre étude, les défauts de fourche qui ont été observés sur les sapins japonais étaient identiques à ceux des autres essences de conifères.

 

Relativement aux effets de la radioactivité, il a été rapporté la destruction des pousses de tête dans les Pins sylvestres qui furent exposés de façon chronique à la radiation, dans une zone contaminée tout près de la centrale nucléaire de Tchernobyl (11). Les arbres qui présentaient des défauts de fourche avec la destruction des rameaux de tête annuels formaient parfois des canopées buissonnantes sans aucun axe principal. Une autre étude a montré que les pins sylvestres à Tchernobyl ont eu pour caractéristique la disparition du tronc unique au profit de deux troncs ou davantage, ou de branches, en correspondance avec un débit estimé de dose reçue pendant le développement des bourgeons apicaux (12).

 

Bien que les défauts des pins proches de la centrale nucléaire de Tchernobyl ne fussent pas tous identiques à ceux qui furent observés sur les sapins japonais dans la zone proche de F1NPP, cette information semble appuyer la thèse d’une corrélation entre les modifications morphologiques des sapins japonais et une exposition chronique à la radioactivité provenant du relâchement de radionucléides.

 

En dépit de la correspondance entre les défauts des sapins japonais et le niveau de la contamination radioactive, on dispose de peu d’information biologique pour soutenir la thèse que les fréquences accrues des modifications morphologiques fussent causées par la radioactivité relâchée après l’accident de F1NPP. Même si le dommage intervenu au stade initial de la formation du bourgeon apical semble la cause primordiale de la suppression des rameaux de tête, il y a un laps de temps de deux ans entre 2011 —l’année où le niveau de radioactivité dans l’environnement fut le plus élevé — et 2013 —l’année présentant la fréquence en défauts la plus élevée— qui demeure sans explication.

 

Par conséquent, il convient de rechercher au niveau des cellules et des tissus, les procédés  impliqués dans la suppression des rameaux de tête, relativement au développement des bourgeons latéraux et apicaux des conifères.

 

Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, un certain nombre de facteurs peuvent être responsables de l’accroissement des fréquences en défauts observées dans la morphologie des populations de sapins japonais près de F1NPP et, à ce jour, on n’a pas fait la preuve qu’un quelconque facteur isolé soit la cause unique de ces augmentations.

 

Néanmoins, une corrélation positive a pu être observée entre les débits de dose ambiante et les fréquences de défauts dans la morphologie, et ces fréquences ont augmenté après l’accident à F1NPP alors qu’elles étaient beaucoup plus basses avant l’accident, induisant qu’entre plusieurs facteurs potentiels d’augmentation des fréquences en défauts morphologiques, la radiation ionisante fut le plus probable.

 

Afin de confirmer ce postulat, il serait pertinent d’évaluer les niveaux de dose dans les sapins japonais dans les champs contaminés de Fukushima, et l’on devrait étudier dans des installations nucléaires, sur cette essence, les effets de l’irradiation à long terme.

 

 

 

[NDLT : Pour des précisions complémentaires sur les conditions de l’étude, merci de vous reporter à l’annexe du texte de la source].

 

-oOo-

 

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commentaires

S
Salut,<br /> ...<br /> Quand on sait que toutes les espèces végétales et animales<br /> sont également touchée, c'est troublant...<br /> ...<br /> Une question, vous pouvez comparer avec tchernobyl, comme vous<br /> connaissais apparament le sujet ?<br /> ...<br /> merci, A+<br /> ...
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E
Je vous remercie de votre question. Je vais tâcher de vous répondre en replaçant cette étude dans son contexte.<br /> <br /> <br /> Tchernobyl et Fukushima sont comparables, et tous les labos (indépendants ou non) qui étudient Fukushima connaissent la littérature scientifique sur Tchernobyl. (1)<br /> Tchernobyl fut le premier « laboratoire à ciel ouvert », terrain contaminé depuis 30 ans, Fukushima bientôt 5 ans.<br /> Ce sont deux « accidents » nucléaires majeurs (contamination extérieure, au plus haut degré de l’échelle de référence) et la contamination de l’environnement est toujours en cours : à fukushima on mesure en ce moment de nouveau du Cs 134, de l’iode 131, on observe des records de ra-dioactivité auprès de certains réacteurs à la centrale, les coeurs sont inapprochables, l’eau conta-minée est rejetée massivement à la mer. Dans les terres, les effets particulièrement dévastateurs du dernier typhon ont lessivé les sols, déplacé les contaminants ou fait remonter le Césium sur les terrains qui avaient été peu ou prou décontaminés, etc.)<br /> Mais des intérêts supérieurs à la recherche mettent en oeuvre, au niveau international et au Japon, une stratégie de désinformation qui ment sur les effets de la catastrophe, et les risques encourus par la population. <br /> C’est là qu’est l’intérêt de la publication de l’étude des sapins.<br /> <br /> Noter qu’aujourd’hui, s’agissant de Tchernobyl, les recherches indépendantes sont en Ukraine re-portées sur des travaux pour l’assistance sanitaire aux enfants malades (recherches de l’Institut Belrad et action de l’association ETB Enfants Tchernobyl Belarus.) (2).<br /> <br /> Alors qu’au Japon, il y a des programmes de recherche de grande ampleur sur les effets de la con-tamination. (Université de Tokyo, Faculté de médecine de Fukushima, installations de recherche nucléaire à Chiba…) Mais en même temps, l’assistance sanitaire aux populations est reléguée au fond du pot à thé. Collusion entre la mafia nucléaire internationale et un premier ministre va-t-en-guerre (suppression de l’article 9 de la Constitution arrachée au vote voilà quelques jours), relance du nucléaire et grosse campagne « pour la renaissance » économique de la région de Fukushima, dont la première étape est le retour forcé des déplacés volontaires dans leur résidence en territoire contaminé…<br /> <br /> Les Sapins et la radioactivité<br /> <br /> La recherche scientifique à Tchernobyl eut pour pionnier Youri Bandajevski (3). Au mépris de sa carrière et au péril de sa vie, il établit que l’atteinte au vivant, génétique, est en proportion de la con-tamination par les radionucléides. Et que la contamination chronique, même à faibles doses, attei-gnait le vivant sur plusieurs générations et de pire en pire (plus dangereux donc encore que « le choc initial » de l’iode 131). Dernièrement il s’est déplacé à Lyon, la CRIIRAD l’a rencontré pour échanger sur sa campagne contre les NMA (contamination des aliments en situation post-accidentelle et faibles doses).<br /> Plus récemment, Tim Mousseau (Caroline du sud) entre autres, a fait des études sur le terrain et en laboratoire, depuis 15 ans à Tchernobyl, puis à Fukushima : faune, flore (pin sylvestre). Pas plus tard que lundi dernier, il a intégré « l’étude des sapins » au support de son intervention à Tokyo, au 5e Symposium International des Citoyens et Scientifiques, sur la Protection contre la Radioactivité. (lien 4). Ce 21/09/2015, Tim Mousseau appelait à la création d'une fondation internationale qui tra-vaillerait sur les effets biologiques des faibles doses dans l'environnement, dirigée par des scienti-fiques indépendants, dont le but serait de travailler sur l'impact sur le long terme.<br /> L’étude des sapins japonais, établit que relativement au rayonnement, la fréquence des défauts morphologiques est proportionnelle au débit de dose des sols sur lesquels poussent les sapins.<br /> En complément du laboratoire, le terrain permet d’observer le post-accidentel, devenu naturel, chronique. Notez à cet égard que les chercheurs de l’étude des sapins concluent sur l’intérêt de poursuivre la recherche sur le marqueur idéal des sapins, sur le terrain, en passant maintenant à une recherche « biologique » (et pas seulement en laboratoire nucléaire). Il leur semble pertinent et nécessaire de continuer à étudier plus avant l’impact de la contamination chronique par ce qu’on appelle « les faibles doses » sur les 3 sites d’observation…<br /> <br /> Aujourd’hui les autorités japonaises préparent le retour des déplacés dans les territoires contaminés, à cet effet, elles y ont relevé certains seuils de débit de dose admissibles afin de rassurer les popu-lations , première étape pour « la renaissance de Fukushima » ! Or, beaucoup de Japonais n’ont pas confiance, ils pensent que c’est dangereux. Des chercheurs, des citoyens éclairés, les Veilleurs de Fukushima le pensent aussi.<br /> Mais les autorités minimisent le risque et ne veulent communiquer que sur le risque lié aux fortes doses.<br /> Par ailleurs ressurgit en ce moment une théorie (révisionniste) aux US, l’hormesis, qui prétend que les faibles doses sont une fable qui a pour effet délétère de produire un stress néfaste à la santé, voire que de faibles doses seraient bonnes pour la santé, en vertu de quoi trois chercheurs deman-dent la révision des normes… Le Japon pourrait s’en prévaloir…<br /> <br /> L’article de désinformation présentant l’étude des sapins, paru dans The Asahi Shimbun.(6)<br /> <br /> Le 29 août, soit dès le lendemain de la publication de l’étude dans nature.org, paraissait en ligne dans le grand titre de presse japonais The Asahi Shimbun, un article censé présenter cette étude. (lien 6). Or, c’est un article de désinformation, dans le but, à mon sens, de discréditer l’étude ou au moins d’en détourner l’opinion publique.<br /> La mystification est particulièrement évidente dans les alinéas 14 et 16.<br /> <br /> 14 : « Les scientifiques ont noté que les problèmes rapportés dans leur dernière étude ont pu être causés par des animaux, des maladies arboricoles ou le froid, non pas par une exposition à une forte radioactivité ». C’est FAUX. Ils n’ont jamais dit cela dans l’étude. Ils ont dit autre chose, mais c’est tout ce qu’en dira l’article de presse. Et Tchernobyl, et les conclusions de l’étude sont passées sous silence.<br /> <br /> Après l’intertitre « les expérimentations en laboratoire sont essentielles », (sic), interview de Tomoko Nakanishi, qui n’évoque qu’une future recherche sur les fortes doses, en laboratoire !!<br /> Tomoko Nakanishi , chercheure à Tokyo, est connue pour sa forte implication depuis le début dans le puant projet d’ « optimisme social » « la renaissance de Fukushima », en particulier grâce à ses « conclusions » sur la culture du riz à Fukushima (5). (mangez-le les yeux fermés). Elle est inter-viewée alors qu’elle n’a pas participé à l’étude. Les auteurs de l’étude eux, ne le sont pas. Pourquoi ?<br /> <br /> Conclusion personnelle.<br /> Depuis l’excellent bouquin La fabrique du mensonge, on se méfie du détournement malveillant des recherches scientifiques… Je souhaite à l’équipe de Yoshito Watanabe, auteur référent de l’étude des sapins, qui a eu l’idée saugrenue d’entreprendre une recherche sur les effets de la contamina-tion chronique à Fukushima, au sein du département Fukushima Projects Head Quarters, au Na-tional Institute of Radiological Sciences (NIRS) à Chiba, de pouvoir poursuivre son projet PEDRE dans le bon sens.<br /> <br /> <br /> <br /> (1) http://www.strahlentelex.de/Yablokov_Chernobyl_book.pdf (chapitre 9) <br /> (2) http://enfants-tchernobyl-belarus.org/doku.php?id=tchernobylforever <br /> (3) http://www.criirad.org/tchernobyl.org/17anniversaire/combatverite.pdf<br /> (4) http://csrp.jp/csrp2015/day2_en<br /> (5) http://www.u-tokyo.ac.jp/en/utokyo-research/feature-stories/restoring-fukushima/<br /> (6) http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201508290045

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