24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 19:42

Article publié en 7 parties

 

(partie précédente)

 

 

4.2. Hypothèse d’une explosion de vapeur

 

4.2.1. Eléments favorables

 

- Les conditions nécessaires à une explosion de vapeur sont là : le cœur a commencé à fondre 24 heures plus tôt. Sans aucun refroidissement, un corium s’était formé et remplissait le fond de la cuve. Malgré l’injection d’eau douce, puis d’eau de mer, la fonte du cœur (« meltdown ») a bien eu lieu. L'injection d'eau de mer a commencé le lundi 13 mars 2011 à 13h12. Deux heures plus tard, malgré l'addition d'eau, le niveau d'eau dans la cuve du réacteur n'avait pas augmenté, ce qui laisse penser qu'il y avait déjà une fuite et que l’eau descendait directement dans le fond de l’enceinte de confinement où l’eau a pu s’accumuler. Si le fond de cuve a lâché, le corium a pu tomber dans cette eau et provoquer une explosion de vapeur.

- Les éléments observés démontrent qu’une explosion a eu lieu à l’intérieur de l’enceinte de confinement : déformation du puits de cuve au niveau du joint avec la piscine d’équipement, déformation de la vanne entre le puits de cuve et la piscine de combustible, déplacement de la porte d’accès de l’enceinte de confinement, et peut-être aussi explosion des condenseurs sous l’effet de la pression.

 

4.2.2. Eléments défavorables

 

- Selon la coupe du réacteur, il existe un puits de drainage au fond de l’enceinte de confinement (« equipment drain sump »). Si cette installation était en état, l’eau a pu être évacuée par ce conduit et de ce fait, en l’absence de masse d’eau, une explosion de vapeur n’a pas pu se produire. Toutefois, cette évacuation a pu aussi être bouchée par du corium puisque c’est cette matière qui est arrivée en premier en fond d’enceinte de confinement après avoir percé la cuve. C’est cette hypothèse qui est privilégiée par Tepco en 2011, comme le montre le schéma suivant : puisard rempli de corium.

 

Fig. 97 : Pour exemple, représentation du corium du BR1 remplissant le puisard  (Evaluation de Tepco en décembre 2011)

Fig. 97 : Pour exemple, représentation du corium du BR1 remplissant le puisard (Evaluation de Tepco en décembre 2011)

4.3. Hypothèse d’une explosion de zirconium

 

4.3.1. Eléments favorables

 

- Les conditions pour une explosion de zirconium sont réunies : d’une part le métal zirconium est là en abondance : il sert à envelopper les 34 524 crayons de combustible installés dans le réacteur. D’autre part, la chaleur est là : le combustible commence à être découvert le 13 mars 2011 vers 9h10 et donc l’eau ne joue plus son rôle de refroidissement.

- Le zirconium est au contact d’un hydroxyde de métal alcalin, le césium. Quand les gaines se fissurent, le césium, produit de fission, se libère et s’oxyde au contact de l’eau. Le césium ou l’oxyde de césium peuvent se transformer en hydroxyde de césium qui peut déclencher une explosion au contact du zirconium.

 

4.3.2. Eléments défavorables

 

- Le zirconium n’est pas pur donc il n’est pas censé réagir de la même manière. Les gaines de combustible sont en effet composées d’un alliage dénommé le zircaloy fait de zirconium (98 %) et de divers métaux (principalement de l’étain, mais aussi du chrome, du fer, du nickel, du hafnium)

- Le zirconium ne se présente pas sous forme de poudre ou de granulés mélangés à l'air dans un réacteur.

- Le zirconium est surtout connu pour produire de l’hydrogène en abondance au contact de l’eau quand la température monte et qu’il s’oxyde. Il favorise ainsi les explosions d’hydrogène plus qu’il n’explose lui-même.

 

4.4. Hypothèse d’une explosion due à un accident de criticité instantanée dans la piscine de combustible

 

4.4.1. Eléments favorables

 

- La vidéo montre que la première explosion se situe dans l’angle sud-est du BR3, là où se trouve la piscine de combustible.

- La photo aérienne du BR3 montre qu’il y a eu une explosion à l’endroit de la piscine.

- La double poutre n° 5, la seule à avoir été désolidarisée entièrement de la toiture, se trouvait juste au-dessus de la piscine de combustible

- Cette explosion a produit une forte chaleur qui a tordu les poutrelles métalliques du toit.

- Le nuage 3a, qui initie la grande explosion verticale, se situe exactement au-dessus de la piscine de combustible.

- Le nuage qui est propulsé à 300 mètres d’altitude n’a pas pu être guidé par les murs du BR3 car ceux-ci étaient déjà détruits par la première explosion. Les murs de la piscine de combustible d’une profondeur de 11,80 mètres ont pu jouer ce rôle.

- La machine de réapprovisionnement en combustible qui était positionnée sur la piscine a été projetée en l’air sous l’effet d’une explosion provenant d’en dessous d’elle et est retombée dans la piscine.

- L’endroit le plus chaud de la piscine le 20 mars 2011 correspond à l’emplacement supposé de l’explosion, c’est-à-dire là où il y a eu le moins de retombée de matériel (effet cratère).

- Tepco n’a jamais diffusé de photos des assemblages de la piscine à l’endroit le plus chaud.

- Des morceaux de combustible nucléaire ont été trouvés près du BR2 et jusqu’à plusieurs kilomètres de la centrale de Fukushima Daiichi.

- Des poussières de combustible de Fukushima ont été retrouvées partout dans le monde : de l'uranium à Hawaii et sur la côte ouest des Etats-Unis, du plutonium sur place mais aussi en Lituanie, de l'américium en Nouvelle Angleterre et sur la Côte Est.

- De la poussière noire qui se forme au sol près de la centrale de Fukushima est composée de produits de fission dont les césiums 134 et 137 et le radium 226.

 

4.4.2. Eléments défavorables

 

- Les photos de l’intérieur de la piscine montrent certains des assemblages de combustible intacts. Comment une telle explosion aurait-elle pu laisser du combustible au fond de la piscine sans l’endommager ?

 

4.4.3. Elément indifférent

 

- Un des arguments d’Arnie Gundersen en faveur d’une explosion de criticité pour le BR3 est que celle-ci a produit une détonation, donc avec une onde de choc supersonique. Nous ne voyons pas en quoi cette information est un argument car l’hydrogène peut aussi produire une détonation (8). L’explosion d’hydrogène du BR1 a par exemple bel et bien produit une onde de choc supersonique. Cet argument n’est donc pas à conserver.

 

(8) Pour ceux qui s’intéressent à la combustion de l’hydrogène, se reporter au rapport EUR9689  de la Commission des Communautés Européennes, Eléments pour un guide de sécurité « hydrogène » , paru en 1985, chapitre II « Risques caractéristiques présentés par l’hydrogène », et en particulier le paragraphe 6.1.8 sur la détonation.

 

 

5. Conclusions prenant en compte les faits et les critiques

 

Tout d’abord, il faut s’en tenir aux faits avérés.

 

5.1. Il s’est produit plusieurs explosions

 

Il faut se rendre à l’évidence qu’on ne peut pas expliquer « l’explosion » du BR3 de manière simpliste comme voudrait l’imposer la version officielle depuis 4 ans. L’analyse de l’évènement démontre qu’il y a eu plusieurs phases visibles qui impliquent l’existence de plusieurs explosions en l’espace d’une demi-seconde :

- Phase 1 (instant T) : explosion principalement sur le côté sud-est avec destruction du toit

- Phase 2 (T + 0,0334 s) : production d’une flamme jaune-orange sur le côté sud-est

- Phase 3 (T + 0,0668) : destruction du toit et des murs de l’angle nord-ouest

- Phase 4 (T + 0,33  s) : formation d’un nuage au-dessus de la piscine de combustible

- Phase 5 (T + 0,43 s) : formation d’un nuage au-dessus du côté nord-ouest

 

5.1.1. Une explosion s’est produite dans la piscine de combustible

 

Nous avons vu dans le chapitre 4.4 qu’il y avait 12 éléments favorables à l’explosion de la piscine de combustible contre 1 défavorable. S’il fallait ne retenir qu’un seul élément favorable, c’est que du combustible nucléaire a été retrouvé à l’extérieur de la centrale. Comme le puits de cuve est resté fermé, ce combustible ne peut pas provenir du réacteur. Il provient donc de la piscine de combustible. Comme personne ne l’en a extrait, il s’est donc bien produit une explosion dans la piscine de combustible qui a projeté certains éléments à l’extérieur.

 

L’hydrogène n’ayant pas pu exploser dans l’eau de la piscine car il lui faut de l’oxygène gazeux, l’explosion ne peut s’expliquer que par un accident de criticité.

Ce n’est pas la première fois qu’un accident de criticité se produit avec du combustible nucléaire. Depuis 1945, l’IRSN en a recensés 39 qui sont survenus sur des réacteurs de recherche et sur des assemblages critiques dans des laboratoires.

Les accidents de criticité les plus courants durent un certain temps, jusqu’à ce que les conditions de la réaction en chaîne ne soient plus réunies. Par exemple, l’accident de Tokaï Mura (Japon, 1999) a duré 20 heures. Dans le cas de l’explosion de la piscine du BR3, Arnie Gundersen parle de criticité instantanée. C'est-à-dire que les conditions nécessaires à la réaction en chaîne ne durent qu’un instant. Mais cet instant suffit à provoquer une énergie phénoménale vu l’importance de la masse de combustible mise en jeu (97 tonnes). Le journal officiel donne la définition de la criticité instantanée : « Criticité qui serait atteinte sous l'action des seuls neutrons instantanés et conduirait à une situation accidentelle grave ».

On peut se demander pour quelle raison cet accident a pu se produire dans une piscine de combustible dont la géométrie a été étudiée pour que cela n’arrive pas. Comme tous les accidents, plusieurs facteurs ont probablement joué. Tout d’abord, il est possible que le « re-racking » ait été utilisé, c’est-à-dire un réarrangement des paniers, plus serré que celui prévu par les concepteurs, ce qui permet de stocker plus de combustible. Tepco a-t-il usé de cette pratique ? Les plans fournis par l’opérateur ne sont pas très clairs. L’un d’entre eux montre des caisses (fig. 87b, plan 2) dans un espace qui semble vide sur les autres.  

 

 

Fig. 98 : Contradiction de deux plans de Tepco concernant la piscine du BR3

Fig. 98 : Contradiction de deux plans de Tepco concernant la piscine du BR3

Le deuxième facteur est la nature du MOX, combustible qui contient un mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium non prévu initialement pour être utilisé dans ce réacteur. Ce combustible est plus instable que celui à l’uranium simple. Un troisième facteur a pu jouer également : une explosion d’hydrogène aurait provoqué une pression sur l’eau et les barres de combustible, ce qui aurait soit modifié leur géométrie initiale, soit favorisé une réaction en chaîne par la compression des bulles de vapeur.

 

Immédiatement après cette explosion, à notre connaissance, aucune photo ne montre de panache de vapeur sortir de la piscine de combustible, comme si elle avait perdu une grande partie de son eau. Pour comparaison, la piscine du BR4 a longtemps émis un panache de vapeur, indiquant que le combustible continuait à se refroidir en faisant évaporer son eau de refroidissement. Après l’explosion du BR3, l’inquiétude était forte pour sa piscine de combustible qui devait être impérativement arrosée. Les opérations de largage d’eau par hélicoptère ont commencé dès le 18 mars 2011.

 

En ce qui concerne le seul élément défavorable, à savoir que s’il y avait eu un accident de criticité, tout le combustible aurait été endommagé, nous pensons que ce n’est pas forcément le cas. A notre connaissance, la disposition des 566 assemblages dans la piscine de combustible n’a jamais été diffusée par Tepco. Il est possible que l’accident de criticité se soit produit à un endroit où la géométrie était favorable à cet évènement et que les assemblages situés sur les côtés de la piscine, séparés par des racks vides, n’aient pas été affectés. Nous rappelons que Tepco n’a diffusé que les photos des assemblages périphériques, ce qui nous empêche de vérifier cette hypothèse.

 

Fig. 99 : Assemblages de la piscine de combustible : en rouge, la zone non documentée par Tepco (zone colorée en rouge ajoutée par l’auteur)

Fig. 99 : Assemblages de la piscine de combustible : en rouge, la zone non documentée par Tepco (zone colorée en rouge ajoutée par l’auteur)

5.1.2. Une explosion s’est produite à l’intérieur de l’enceinte de confinement

 

Plusieurs observations énoncées dans le chapitre 2 conduisent à conclure qu’une explosion s’est produite à l’intérieur de l’enceinte de confinement :

- La double porte entre la piscine de combustible et le puits de cuve a été détériorée côté puits.

- Le mur de séparation entre le puits de cuve et la piscine d’équipement s’est déboîté de son logement et a été poussé, ce qui implique que le diamètre du puits de cuve s’est élargi.

- La porte de l’enceinte de confinement du niveau 1F a été déplacée de plus d’un mètre. 

On pourrait rétorquer que c’est l’explosion de la piscine de combustible qui a provoqué ces effets. Or cela paraît peu vraisemblable car d’une part, la deuxième vanne de la porte entre la piscine de combustible et le puits de cuve a été poussée depuis le côté du puits de cuve et non pas depuis la piscine. D’autre part, l’explosion de la piscine de combustible n’a pas pu écarter le mur séparant la piscine d’équipement et le puits de cuve. Seule une explosion à l’intérieur de l’enceinte de confinement a pu élargir le diamètre du puits de cuve. Enfin, la porte inférieure de l’enceinte de confinement n’a pu être poussée que depuis l’intérieur.

- La radioactivité relevée au niveau de la dalle antimissile est très élevée : plus de 2 Sv/h en juillet 2013. Celle mesurée devant la porte de l’enceinte de confinement au niveau 1F l’est également : 0,87 Sv/h en novembre 2011.

 

Cette explosion a produit une sévère rupture de l’étanchéité de l’enceinte de confinement. On en a très bien vu les effets dans les semaines qui ont suivi les explosions avec ces importants panaches de vapeur qui s’échappaient du puits de cuve là où l’explosion avait fait des dégâts et ce débit de dose très élevé relevé par Tepco le 14 mars : 167 sieverts par heure au niveau de l’enceinte de confinement.

 

Il semble difficile qu’une explosion d’hydrogène, théorie soutenue par Tepco et le gouvernement, ait pu se produire dans l’enceinte de confinement tout simplement parce qu’il n’y avait pas d’oxygène à l’intérieur. En effet, l’eau bouillante du cœur a produit de la vapeur d’eau qui a envahi l’ensemble de l’enceinte de confinement. Cette vapeur d’eau qui sort sous pression est visible sur une photo 3 minutes après l’explosion (cf. figure 38). Par ailleurs, selon une analyse de l’IRSN en 2012, « l’enceinte de confinement est remplie d’azote, un gaz inerte. A ce stade, il n’y a pas de risque ».

 

Il nous semble qu’une explosion de vapeur au sein de l’enceinte de confinement peut expliquer les dégâts observés. Suite à l’explosion qui s’est produite dans la piscine de combustible, l’onde de choc a pu secouer et fracturer la cuve fragilisée par la chaleur intense et un gros paquet de corium a pu tomber dans le fond de l’enceinte de confinement où se trouvait de l’eau. La vaporisation quasi instantanée d’une grande partie de cette masse d’eau a pu faire augmenter la pression subitement avec les dégâts que l’on connaît.

 

L’explosion de vapeur est un accident extrêmement redouté par l’industrie nucléaire et fait l’objet de nombreuses études. L’EPR, qui aurait dû être le réacteur du futur mais qu’Areva n’a pas encore réussi à construire, est sensé justement corriger cette faiblesse des réacteurs nucléaires actuels : le récupérateur de corium permettrait, en théorie, d’éviter l’explosion de vapeur.

 

Fig. 100 : Effets possibles d’une explosion dans l’enceinte de confinement du BR3

Fig. 100 : Effets possibles d’une explosion dans l’enceinte de confinement du BR3

5.1.3. Une explosion s’est produite au niveau 4F

 

Nous avons remarqué aux chapitres 2.7.3.2 que le niveau 4F a énormément souffert d’une explosion. Celle-ci ayant affecté presque tout cet étage en détruisant, entre autres, un tiers des murs extérieurs, il est probable qu’il s’agisse d’une explosion d’hydrogène. Ce gaz a pu arriver par les tuyauteries des condenseurs qui sont reliées directement à la cuve du réacteur.  Ainsi, ce système qui est sensé refroidir le réacteur en cas de panne de refroidissement, une fois son service rendu, peut devenir un vecteur de propagation de l’hydrogène dans le bâtiment et faciliter ainsi les explosions. 

 

Fig. 101 : Effets de l’explosion qui s’est produite au niveau 4F du BR3

Fig. 101 : Effets de l’explosion qui s’est produite au niveau 4F du BR3

Fig. 102 : Exemple de condenseurs, ceux du BR1 situés aussi au 4ème niveau (4F)

Fig. 102 : Exemple de condenseurs, ceux du BR1 situés aussi au 4ème niveau (4F)

5.2. Proposition de déroulement des explosions

 

Au vu des faits exposés et de leur analyse, nous proposons maintenant notre compréhension du déroulement de ces explosions qui ont eu lieu dans le BR3 de Fukushima Daiichi le 14 mars 2011.

 

- Phase 1 : De l’hydrogène s’accumule dans le niveau 4F à cause peut-être de tuyauteries défectueuses en rapport avec les condenseurs reliés directement à la cuve du réacteur, et dans les niveaux 5F-CRF à cause de la réaction zirconium-eau du fait de l’absence de refroidissement de la piscine de combustible.

 

- Phase 2 : Une explosion d’hydrogène se produit au-dessus de la piscine de combustible. L’onde de choc commence à détruire la partie la moins solide du BR3 : la toiture.

 

- Phase 3 : L’onde de choc arrive en premier dans l’angle sud-est du bâtiment, crée une grande ouverture dans le toit et laisse passer le mélange explosif à une vitesse supersonique en produisant une flamme jaune-orange.

 

- Phase 4 : Dans la direction opposée, l’onde de choc primitive augmentée de l’énergie de son rebond contre les murs de l’angle sud-est, rencontre l’angle nord-ouest quelques centièmes de secondes plus tard et le détruit.

 

- Phase 5 : Par l’intermédiaire des escaliers de service et du sas d'accès matériel, l’onde de choc provoque quasi simultanément une explosion d’hydrogène au niveau 4F, détruisant un tiers des murs extérieurs et des plafonds ; les piscines qui ont des structures renforcées ne semblent pas touchées.

 

- Phase 6 : Dans le même temps, l’explosion d’hydrogène du niveau 5F-CRF compresse les bulles de vapeur de l’eau de la piscine de combustible, le coefficient de vide devient subitement positif (9) et la réactivité de la fission nucléaire est soudainement accrue, produisant un accident de criticité instantanée.

 

- Phase 7 : La piscine de combustible subit alors un « flash boiling », une sorte d’explosion de vapeur due à l’énergie instantanée dégagée par l’accident de criticité, ce qui a pour effet d’éjecter une partie des barres de combustible à l’extérieur du BR3.

 

- Phase 8 : L’onde de choc de cette dernière explosion détache du corium, voire le fond de cuve en tout ou partie, qui tombe dans l’eau qui s’est amassée en fond d’enceinte de confinement.

 

- Phase 9 : La masse de corium d’une température de 2500 à 3000 °C vaporise instantanément une grande partie de l’eau dans laquelle elle tombe ; c’est une explosion de vapeur qui, sous la pression extrême qu’elle dégage, déforme l’enceinte dite de confinement et entraîne la perte de son étanchéité.

 

Remarque : étant donné que nous ne disposons d’aucun élément visuel de l’explosion qui s’est produite dans l’enceinte de confinement, nous ne savons pas à quel moment elle a eu lieu. Nous l’avons placée arbitrairement à la fin de la série mais elle pourrait tout aussi bien être l’élément déclencheur de la phase 2.

 

(9) En effet la compression de la vapeur la rapproche de la densité de l’eau, qui fait alors office de modérateur de neutrons lents – ceux qui sont favorables à la réaction de fission de l’uranium – ce qui accélère donc la réaction en chaîne. Dans les bulles de vapeur, les neutrons ne sont pas suffisamment ralentis, cela freine la réaction. Ces considérations sont valables dans le cas où l’eau est à la fois le modérateur et le fluide caloporteur, ce qui est le cas de tous les réacteurs de Fukushima.

 

-oOo-

 

Au terme de cette étude, nous mettons le contenu de cet article en discussion. Nous serons heureux si vous laissez des commentaires ou des critiques qui permettront d’améliorer la compréhension de ces explosions.

 

 

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commentaires

P
Dernières nouvelles : inspection de l'enceinte de confinement du réacteur 3. Vous pouvez voir la vidéo par ce lien : https://youtu.be/CX0ueZD0kN0<br /> Pas trop d'info, sinon une radioactivité de 1 Sv/h à l'entrée du tube d'accès, et une enceinte de confinement avec un niveau d'eau supérieur à la piscine torique.
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P
Nouveauté de Tepco : inspection du conduit de la porte de l'enceinte de confinement, réalisée le 09/09/15. Un robot a été envoyé dans ce conduit comme en avril 2012. Comme le document est diffusé en japonais, je me reporte au rapport qu'en fait Iori Mochisuki en anglais, traduit en français par Mimi Mato : <br /> "Le 9 septembre 2015, Tepco a exploré la trappe de l’équipement de la PCV 3 (enceinte de confinement primaire du réacteur 3) avec une caméra portable.<br /> Ils rapportent que l’eau de refroidissement de la trappe ne fuit pas de l’intérieur de la PCV 3 et que la trappe n’est pas endommagée mais le sol est humide et ils n’ont pas pu confirmer d’où l’eau fuit.<br /> Aucune donnée de dose ambiante, ni d’analyse des nucléides atmosphériques n’est communiquée. De son côté, la vidéo présente le caractéristique bruit blanc provoqué par un niveau extrêmement élevé de radioactivité.<br /> Compte tenu de ce qu’ils ont trouvé au cours de cette exploration, Tepco a décidé d’utiliser un robot télécommandé pour la prochaine phase. Ce robot est prévu équipé d’un “appareil photo de type smartphone”.<br /> Selon Tepco, la trappe intérieure de ce conduit n'a pas été endommagée, photo à l'appui. Mais il y a quand même une fuite d'eau. Si la porte n'a pas subi de pression, alors elle a été déplacée par une très grosse secousse.<br /> Source Yepco en japonais : http://www.tepco.co.jp/nu/fukushima-np/handouts/2015/images/handouts_150909_12-j.pdf<br /> Source Fukushima Diary : http://fukushima-diary.com/2015/09/video-tepco-investigated-equipment-hatch-of-reactor-3-pcv-next-time-use-robot-with-a-smartphone/#fr
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S
Concerne Para:<br /> ...<br /> Je me rappelle d'une information relatant que des<br /> ouvriers ramassaient des barres de combustibles...<br /> ...<br /> Pierre, tu dois te souvenirs de cette information...<br /> ...<br /> Quand aux images de la piscine du 3, Tepco a peut-être filmé<br /> dans (vraisemblablement) l'unité un...<br /> ...<br /> (débris sur les racks de combustibles..., etc...)<br /> ...<br /> Encore un truc, pourquoi les ouvriers ne donnent t 'il pas<br /> d'information ?<br /> ...<br /> A+, s.b.<br /> ...
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P
Merci pour le rappel de l'info. Je m'en souviens aussi. C'était en 2011, ils avaient mis une pancarte près d'un objet très radioactif pour que personne ne s'en approche, près des réacteurs. Si un lecteur pouvait retrouver la source, ça serait super.<br /> <br /> Sinon, les ouvriers ne donnent pas d'information car leur contrat de travail le leur interdit.
P
Bonjour<br /> <br /> Je voudrais vous signaler un transcript d'une réunion de la NRC ayant eu lieu le 16 mars 2011.<br /> http://enformable.com/2012/03/nrc-transcript-tepco-relayed-information-unit-4-sfp-dry-walls-collapsed-and-incapable-of-holding-inventory-unit-3-everything-else-gone/<br /> <br /> Selon ce transcript, les piscines de combustibles des unités 2, 3 et 4 auraient manqué d'eau et les combustibles auraient été en contact avec l'air. <br /> <br /> Mais pour l'unité 3, il n'y aurait plus de piscine du tout, plus rien "there’s no fuel pool left", ce qui pourrait conforter votre hypothèse.<br /> <br /> Cordialement,
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P
Merci Para pour le lien. Les commentaires des experts de la NRC sont encore à traduire et à analyser. Mais il faut bien voir que ces discussions ont eu lieu le 16 mars 2011, c'est-à-dire à un moment où personne n'avait d'information vérifiable. Ces mêmes spécialistes disaient que les murs de la piscine 4 s'étaient effondrés. Dans le même temps, les spécialistes de l'IRSN disaient que les dalles antimissile du BR3 avaient sauté. <br /> Ceci dit, c'est vrai qu'il serait intéressant de mettre en parallèle ce qu'ils pensaient à l'époque et mon hypothèse.
G
Bonjour à tous,<br /> <br /> Bravo pour cet article et à ses commentaires; les néophytes ont un peu de mal suivre mais bon la nature est complexe ...<br /> Mais maintenant qu'est-ce qui est radio-actif et dangereux?<br /> L'océan, la terre, la végétation et les animaux?<br /> Si j'ai bien compris, les radiations ont fait le tour de la terre et cela devrait être fini.<br /> Non, il y a encore beaucoup de particules dangereuses à Fukushima.<br /> Mais la taille de ces particules est-elle la même que celles qui forment les ondes radio-actives?<br /> <br /> Merci de nous éclairer sur le futur probable de cette catastrophe(ainsi que Tchernobyl)<br /> <br /> Cordialement, Renaud.
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P
Le futur est sombre si on ne décide pas d’arrêter rapidement de faire bouillir de l’eau avec de l’uranium et du plutonium. Avant 2011, j’étais un néophyte ; il y a toujours à faire un petit effort pour comprendre la radioactivité. Je vous conseille la lecture d’un dossier très complet pour aborder la question. Il a été réalisé par un autre néophyte, Georges Magnier, qui informe aussi sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Vous pouvez télécharger ce vademecum du nucléaire par ce lien : http://www.vivre-apres-fukushima.fr/vademecum/
S
Salut Pierre, c'est au sujet de l'eau que j' écrit...<br /> ...<br /> Tout est basé sur l'eau sur terre, on pend un linge et une heure après<br /> il est sec, la nature transforme énormément d'eau en vapeur...<br /> ...<br /> (La j'arrête, comme tu est professeur, tu comprend).<br /> ...<br /> Donc, que pense tu des travailleurs de la centrale en cas de canicule comme l'Europe<br /> cet été...<br /> ...<br /> Comment gérer des ouvriers ?<br /> ...<br /> Le site est il (avec les 2/3 milles cuves ) (exigé pour des raisons politico/pécheurs...) vivable ?<br /> Les lacs, les rivières nous le rappellent...<br /> ...<br /> Que penser du site même de la centrale toujours béantes depuis<br /> environ quatre années ? (une vraie baignoire !!!). <br /> ...<br /> C'est la fin de quelque chose ? <br /> ...<br /> L'été doit être rude a F/Daichi, qu'en pense tu ?<br /> ...<br /> s.b..<br /> <br /> <br /> <br /> ...<br /> <br /> ...
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P
Oui c'est très difficile à Fukushima Daiichi. Encore 3 morts ce mois-ci... Voici les infos de Fukushima Diary :<br /> <br /> 1er août 2015 :<br /> Tepco rapporte qu’un travailleur de Fukushima est mort le 1er août. Il s’agit d’un homme d’une trentaine d’années. Ce jour-là, il a travaillé de 6h00 à 9h00 au projet de mur souterrain congelé. En rentrant chez lui il s’est arrêté au “J-village” parce qu’il se sentait malade. Il a immédiatement été hospitalisé mais sa mort a été confirmée autour de 13h00. <br /> <br /> 8 août 2015<br /> Selon Tepco, un autre travailleur sous-traitant est mort dans la centrale nucléaire de Fukushima en début de matinée du 8 août 2015.<br /> Il s'agit d'un homme de 52 ans. Sa tête a été prise par le couvercle d'un camion-pompe. Le chauffeur qui l'a trouvé l'a envoyé aux urgences environ 30 min plus tard. Néanmoins, sa mort a été confirmée 90 mins après sa découverte.<br /> Ce travailleur décédé était en train de nettoyer ce camion qui est utilisé dans la zone du mur d'eau congelée. C'est dans cette même zone qu'un autre travailleur est mort. <br /> Tepco a affirmé au cours de sa conférence de presse que le travailleur décédé avait demandé à l'opérateur de fermer le couvercle. Il est difficile de comprendre pourquoi il a mis sa tête sous le couvercle en train de se refermer. Il est possible qu'il ait perdu conscience juste avant. <br /> <br /> 21 août 2015<br /> On a signalé aux urgences qu’un travailleur sous-traitant avait perdu connaissance le 21 août 2015 à 13h10. Ce travailleur transportait du matériel pour les eaux extrêmement radioactives retenues à côté du bâtiment de la turbine du réacteur 1.<br /> Il a été envoyé en ambulance à l’hôpital d’Iwaki Kyouritsu mais sa mort a été confirmée à 15h47. Son âge et son sexe ne sont pas précisés.
P
Remarquable analyse qui synthétise une énorme masse d'informations disponibles sur le Net mais auxquelles les non anglophones n'ont pas ou difficilement accès. Avec des pistes sérieuses qu'on ne trouve pas ailleurs. Étude à suivre de près ! Je ne doute pas qu'elle sera augmentée au fur et à mesure des révélations à venir. Le cauchemar continue.
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L
En effet comme je m'y attendais, ton explication rend très peu probable l'explosion de la cuve principale du réacteur, et nous espérons tous que tu aies raison. Cependant, de l'eau jetée sur un combustible qui est déjà à une certaine température ne se transforme pas en vapeur, et c'est pour cela que la température de production de vapeur d'un réacteur nucléaire est très contrôlée. A aucun moment d'ailleurs pendant le fonctionnement de ces réacteurs, les barres de combustibles se trouvent dénoyées. Dans les premières interventions de Gundersen, il en parlait en effet et disait que l'eau se dissociait en ses éléments atomiques au contact du corium. C'est précisément pour prévenir les conséquences de cette dissociation que l'on injectait un gaz inerte comme l'azote pour que cet azote fasse un effet-tampon entre 'oxygène et l'hydrogène en s'interposant entre les deux gaz formés. il faut bien entendu éliminer l'un des gaz (par ventage) au fur et à mesure pour qu'il n'ait pas une masse critique d'explosion dommageable. Quand à la solution au bore, c'est pour éviter la formation de neutron.<br /> <br /> Il y a automatiquement situation de danger lorsque les barres de combustibles se trouvent partiellement ou totalement dénoyées, car refroidir la partie dénoyées déjà incandescente est sujette à l'apparition des deux gaz explosifs!!!<br /> Malgré les savants dosages que les américains ont dû conseiller aux japonais d'injecter dans leurs réacteurs en souffrance, quels moyens de vérification ils avaient en retour pour confirmer l'efficacité de ce qu'ils faisaient! Bref, je crois que tu as beaucoup trop vite fermé cette hypothèse exactement comme auraient voulus les Gurus du nucléaire pour que l'on regarde autre chose et qu'on ne parle surtout pas d'expansion de plutonium dans la nature. En tout cas, j'évoque cette possibilité de dissociation de l'eau dans mon document à la page 8.
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P
C’est vrai que j’exclus l’explosion de la cuve du réacteur. Voici mes arguments que je pourrai développer dans la version finale : le début de l’exposition du cœur du réacteur n°3 a commencé le 13/03 vers 9h10. Un éventage a été effectué 10 mn plus tard, puis 5 mn après, on a commencé à injecter de l’eau douce. Cela a été sans effet puisque le cœur a commencé à être endommagé à partir de 10h40. Comme il n’y avait plus d’eau douce à disposition sur le site, on a injecté de l’eau de mer à partir de 13h12. Malgré cette source de refroidissement, le bâtiment a explosé le lendemain à 11h01. Pour moi, l’eau n’a pas pu refroidir le cœur car il devait déjà être plus ou moins sous forme de corium et celui-ci devait déjà avoir percé la cuve, l’eau tombant alors dans l’enceinte de confinement.<br /> Je pense que c’est l’enceinte de confinement qui a explosé, sous l’effet soit d’une combinaison oxygène-hydrogène (qui peut venir du cœur je suis d’accord), soit d’une explosion de vapeur. L’explosion est « modérée » par rapport par exemple à l’explosion du cœur du réacteur n°4 de Tchernobyl qui laisse un grand cratère à son emplacement (voir photo ici : http://referentiel.nouvelobs.com/file/2381201.jpg). Il faut rappeler que le réacteur 3 de Fukushima Daiichi n’a pas produit de cratère et que sa toiture est restée en place à la verticale du puits de cuve. <br /> « de l'eau jetée sur un combustible qui est déjà à une certaine température ne se transforme pas en vapeur » : Oui et surtout non. La température de thermolyse de l'eau commence à 850°C, est plus sûre à 2000°C et est complète à 2500°C. On ne doit donc pas imaginer du "craquage" d'eau à grande échelle suite à un contact avec le corium à Fukushima puisque le corium est moins chaud en surface. Donc on a principalement une production de vapeur.<br /> L’apparition d’hydrogène en cas de dénoyage des barres de combustible est surtout due à l’oxydation du zirconium qui est à une température trop élevée : à partir de 800°, c’est une production massive d’hydrogène qui se produit à cause du zirconium et à cette température, la thermolyse de l’eau n’a pas commencé. Donc OK pour de l’hydrogène, mais pas pour une production d’oxygène qui lui est capté dans l’oxydation.
F
Impressionnant,edifiant......oui,felicitations pour cette analyse impeccable <br /> Mais nous savons que cette catastrophe digne du qualificatif d'"apocalyptique " ne servira pas de lecon....il en faudra plus..inévitablement. J'admire votre courage et votre perseverance et vous remercie infiniement
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P
Merci HP pour vos réflexions. Je vais essayer de répondre à chacune d’entre elles. <br /> <br /> Effectivement, l’enceinte de confinement est reliée à d’innombrables tuyaux, comme je l’expliquais dès 2011 dans mon billet « Le réacteur n°1 est devenu une passoire » (http://www.fukushima-blog.com/article-le-reacteur-n-1-de-fukushima-dai-ichi-est-devenu-une-passoire-73723336.html). J’ajouterai cette information dans ma version finale car ça donne une idée de la fragilité de ce type d’installation en cas d’explosion.<br /> <br /> A propos de la « criticité flash », je n’ai pas indiqué combien de combustible a pu être éjecté car on ne le sait pas, on n’a que des informations imprécises. A priori, si quelque chose a été éjecté, ce sont un ou plusieurs assemblages, où les barres (ou crayons) sont fixées par grappe. Un assemblage pèse environ 170 kg, donc je suis bien incapable de dire si « des tonnes de combustible » ont été éjectées. L’éjection d’un seul assemblage peut déjà disséminer dans les airs 63 crayons. Si une barre peut être éjectée dans un tout petit réacteur (Lisez le commentaire de Delphin dans la partie 5 sur l’accident au réacteur américain SL-1 en Idaho en 1961), un assemblage complet peut l’être avec un réacteur 1000 fois plus puissant.<br /> <br /> Si l’on parle du combustible sous forme de poudre, est-il possible que ce soit de la poudre de corium ? On a tous en tête la photo du « pied d’éléphant » de Tchernobyl, mais ce corium est un corium « sec » qui a refroidit lentement à l’air, comme de la lave. Un corium qui arrive subitement dans de l’eau ne peut-il pas se fractionner en micro particules et gaz divers et être ensuite entraîné par un souffle de vapeur ? Je pose la question. Le dépôt de poudre noire se limite à un environnement proche de la centrale (une vingtaine de kilomètres). Les habitants de Futaba n’ont-ils pas vu de la cendre tomber sur eux ?<br /> <br /> A propos de la durée de contamination, le réacteur 3 n’est pas seul en cause. Dans le même temps, les 3 autres réacteurs polluaient également, en particulier le n°2 dont on parle peu car le bâtiment extérieur n’a pas explosé. Donc expliquer la pollution de Fukushima avec uniquement le BR3 serait une erreur.<br /> <br /> L’éjection du combustible de la cuve me semble très difficile car il n’a pas pu sortir par le haut. Dans ce cas, il serait sorti de manière horizontale ou oblique, côté ouest. Mais d’une part, les images de l’explosion montrent un nuage vertical et d’autre part, si la cuve avait explosé de la sorte, l’enceinte de confinement aurait explosé avec. Ce n’est pas ce qu’on voit. Au contraire, on voit une enceinte de confinement relâchant des gaz sous pression, ce qui ne serait pas possible avec votre scénario. <br /> <br /> La sortie du nuage noir par un trou au fond de la piscine est surréaliste. On ne pourrait tout simplement pas remplir la piscine d’eau aujourd’hui…
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Je voulais mettre un mot sur l'hydrolyse face au corium mais je vois que c'est réglé.<br /> <br /> Merci pour ces articles.<br /> <br /> Une autre chose : le confinement est représenté à tort comme une bouteille, en fait c'est plutôt une bouteille reliée à des dizaines de tuyaux de toutes tailles, les plus gros pour le refroidissement primaire. Une explosion, de vapeur ou d'hydrogène, a pu se produire n'importe où dans ces tuyaux, en l'absence d'eau pour l'hydrogène. Tuyaux pas conçus pour résister à une explosion, mettant le confinement à l'air libre, même sans soulever les lourdes dalles anti-missiles.<br /> <br /> J'ai du mal à l'idée qu'une criticité flash ait fait bouillir l'eau ET éjecté sur une longue distance des tonnes de produits "lourds" de la piscine de combustible sous forme de poudre ou de vapeur de combustible condensée plus tard. La zone fortement contaminée, sous le vent au moment de l'explosion, est tout de même très étendue.<br /> On voit nettement sur les cartes de contamination qu'il s'agit d'un nuage produit durant plusieurs heures, la partie la plus contaminante étant le nuage de l'explosion dont on suit facilement la trace sur ces cartes, puis les changements de direction du vent sur les centrales.<br /> <br /> Je peux entendre que la criticité soit atteinte à l'occasion d'une onde de choc (explosion d'hydrogène) et qu'une masse d'eau soit instantanément vaporisée, éjectant mécaniquement des débris de combustibles chauds (mais pas ou peu vaporisés, eux). <br /> Lors de la vaporisation de l'eau et du déplacement des débris de combustible la réaction est bloquée, elle retombe sous la criticité et ne peut durer au total qu'un temps infime. Pour moi ce temps d'excursion flash n'est pas compatible avec la durée de la phase principale de contamination.<br /> <br /> L'idée serait plutôt une surchauffe du combustible dans la cuve faute de refroidissement jusqu'à sa vaporisation partielle, suivie d'une explosion brisant le confinement, fissure de cuve ou explosion des tuyaux, et permettant au combustible de s'échapper, d'abord la vapeur accumulée sous pression puis la "queue" de la réaction pendant des heures. Le temps que le corium tombe en masse sous la cuve et que le reste soit refroidit à l'eau de mer, disons.<br /> <br /> Une explosion d'H (flamme jaune) d'un gros tuyaux sous la piscine de combustible, ou à proximité et trouvant un passage par la piscine, me paraît assez réaliste, permettant la sortie du "nuage noir" hautement contaminant sous sa propre pression (200 bar pour la cuve je crois) une fraction de seconde plus tard.
F
Félicitations pour vos 6 articles richement documentés et finement analysés.<br /> Je regrette profondément que tant d'informations complémentaires fondamentales vous soient classées "secret défense" par différents pays, dont, évidemment, les USA, le Japon... et la France...<br /> Alors qu'il s'agit d'une des plus essentielles questions critiques pour l'avenir de l'Humanité, c'est totalement inadmissible que l'analyse des "pourquoi et comment" de "Fukushima" soient ainsi volontairement, anti-démocratiquement, et pire "anti-sanitairement", tronquées et ainsi rendues inaccessibles aux experts nucléaires indépendants à fin d'obtenir la meilleure reconstitution possible de l'enchaînement catastrophique des évènements post aux tremblement de terre + tsunami exceptionnels du 11 mars 2011.<br /> Comme vous nous l'expliquez ici, hélas sur la base de ces données sciemment retreintes, les pires éléments radioactifs se sont à présent mondialement diffusés de façons aériennes et aquatiques, de sorte que les conséquences terrestres précises de "Fukushima" seront partout étalées, diluées à la surface du monde entier, nous masquant volontairement, lamentablement et définitivement une autre terrible "vérité qui dérange"...
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S
Très gros effort déductif, impressionnant !<br /> ...<br /> Mériterait un PDF...<br /> ...<br /> Merci Pierre, et bonne nuit!...<br /> ...<br /> ster
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