Avec cette page s’achève la publication en français du rapport de la Commission indépendante sur la catastrophe de Fukushima (NAIIC). Les pages 78 à 82, reportant les réunions qui se sont tenues du 16 mai au 9 juin 2012, sont aussi intéressantes que les précédentes, en particulier avec les témoignages de Naoto Kan et Masataka Shimizu, respectivement Premier Ministre du Japon et président de Tepco au moment de la catastrophe.
Ce long travail de traduction, initié et publié sur ce blog par étapes grâce aux traducteurs bénévoles, va se poursuivre d’ici peu avec la publication intégrale de la version française en un seul document.
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Rapports des réunions de la Commission
(traduction Robert Ash)
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13ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 16 mai 2012
Témoin : Kazuo Matsunaga, Vice-Ministre de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (METI) au moment de l'accident et Directeur Général de l'Agence pour la Sécurité de l'Industrie et du Nucléaire (NISA) de Juin 2004 à Septembre 2005.
1. Décisions prises en qualité de Directeur Général de l'Agence pour la Sécurité de l'Industrie et du Nucléaire (NISA) : Le témoin a déclaré qu'il n'avait pas pu prendre le temps de faire appliquer les nouvelles normes antisismiques parce qu'il était trop occupé à réagir à l'accident survenu à la centrale nucléaire de Mihama [Préfecture de Fukui, 8 août 2004, 4 morts. Source : Wikipedia - ndt]. Il s'est dérobé aux demandes d'explications sur son propre rôle dans les stress tests et a déclaré qu'il n'était pas de son ressort de discuter de l'application de la directive B.5.b. En sa qualité, il n'était pas impliqué directement dans les aspects importants de la sécurité nucléaire, et il a évité de définir clairement ses propres réalisations et responsabilités.
2. Jugements concernant la sécurité nucléaire dans la remise en service des centrales nucléaires : La question demeure posée de savoir si, en matière de politique énergétique et de sécurité nucléaire, les instances dirigeantes prennent bien les décisions qui conviennent en connaissance de cause. Si le METI émet des jugements touchant la sécurité et la remise en service des centrales nucléaires avant que ne soient menées à terme les enquêtes du gouvernement sur les accidents, il se peut que cet organisme n'ait pas la pleine connaissance des faits. Ce problème fut également évoqué par le ministre du METI, Banri Kaieda, le 18 Juin 2011.
3. Responsabilité dans le maintien d'une alimentation électrique suffisante : La question suivante a été posée à M. Matsunaga : "savez-vous si l'information rendue publique par TEPCO concernant sa capacité d'alimentation électrique est entière et exacte?" Mais il a déclaré qu'il n'était au courant d'aucune faute de la part de TEPCO .
4. Concernant l'adoption de l'utilisation du plutonium comme combustible : Nous avons estimé qu'il était possible que le gouvernement eût précipité la prise de décision par l'autorité régionale au sujet de la mise en pratique de l'utilisation thermique du plutonium dans le réacteur Nº 3 de la centrale de Fukushima Daiichi en offrant des subventions gouvernementales alors qu'il aurait fallu consacrer plus de temps à réaliser une sérieuse vérification du dispositif antisismique.
5. Aptitude à réagir de manière compétente en situation de crise : Le METI, de même que la NISA, étaient probablement insuffisamment préparés. Au vu des résultats de cette audience, une sérieuse réflexion s'impose sur la question de savoir si la structure sur laquelle repose actuellement l'organisation des agences de régulation du nucléaire, y compris le METI, qui joue le rôle à la fois de promoteur de l'énergie nucléaire et de contrôleur de sa sécurité, peut être améliorée en vue d'un fonctionnement plus efficace.
14ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 17 mai 2012
Témoin : Banri Kaieda, membre de la Chambre des Représentants et Ministre de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (METI) au moment de l’accident.
1. Interprétation des faits par le témoin au moment de l'accident
a) M. Kaieda a affirmé qu'il se sentait responsable de la lenteur avec laquelle fut prise la décision de déclarer la Situation de Crise Nucléaire et que la raison en était qu'il avait fallu du temps pour convaincre le Premier Ministre de le faire.
b) Il ignorait les raisons pour lesquelles le Premier Ministre de l'époque, M. Kan, s'était rendu à Fukushima Daiichi, ainsi que le but de cette visite.
c) M. Kaieda avait reçu directement de la part de M. Shimizu, président de TEPCO au moment de l'accident, un appel téléphonique concernant l'évacuation [de la centrale - ndt]. Le témoin se rappelle qu'il y était question de "la Centrale Daiichi", de "la Centrale Daini", d'une "évacuation", mais non pas d'un "retrait total du personnel". En outre, M. Kaieda avait interprété cet appel direct de la part de M. Shimizu comme revêtant une importance particulière.
d) M. Kaieda a déclaré qu'il avait eu le sentiment que TEPCO hésitait à ordonner la ventilation ainsi qu'à mettre hors service les réacteurs 5 et 6. Il a été également précisé que si la loi de Régulation des Réacteurs Nucléaires avait été invoquée pour justifier la décision de lancer la ventilation, c'était pour pousser TEPCO à ouvrir les évents. Ce point a révélé une ambiguïté dans la définition des responsabilités entre le gouvernement et les opérateurs des centrales.
e) M. Kaieda a évoqué la difficulté, dès le début de l'accident, à communiquer et partager l'information entre le site de l'accident, le Kantei [cabinet du Premier Ministre- ndt] et la Direction de TEPCO, comme au "jeu du téléphone", où le message chuchoté de bouche à oreille parvient déformé au destinataire. Il a ajouté: "le gouvernement doit réfléchir à ce problème".
f) Le niveau de préparation du gouvernement était, aux dires du témoin, "insuffisant". De plus, selon lui, "les entraînements aux situations de crise auraient dû inclure l'utilisation du système SPEEDI".
g) Le témoin a fait une déclaration cruciale au sujet des explosions d'hydrogène : "Personne à ce moment-là n'avait un instant songé à la possibilité d'une explosion d'hydrogène". Il a également exprimé ses regrets de n'avoir pas été en mesure d'empêcher l'explosion d'hydrogène. Il a estimé que les leçons de l'accident de Three Mile Island n'avaient pas été mises en pratique.
2. Concernant les Stress Tests : S'agissant d'imposer l'obligation de procéder à des stress tests avant le redémarrage d'une centrale, M. Kaieda a déclaré qu'il n'avait pas même envisagé de rendre obligatoire le réexamen du dispositif comme mesure possible, afin d'accélérer la procédure de redémarrage pour les opérateurs.
3. Solutions idéales pour une bonne organisation chargée de la régulation de l'industrie et de la réaction aux situations de crise :
a) M. Kaieda a dit que l'organisation chargée de la réaction aux situations de crise devrait avoir des effectifs allégés afin de permettre à tous les membres de bien comprendre leur rôle. Il a estimé que la NISA n'avait pas répondu à l'attente du public dans l'exécution de ses fonctions.
b) Il a encouragé les agences chargées de la régulation à être indépendantes et à être axées sur la sécurité. Selon lui, l'organisation chargée de la régulation devrait compter parmi ses membres des experts en matériaux radioactifs ayant les connaissances et les équipements nécessaires pour réagir aux situations de crise.
15ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 27 mai 2012
Témoins : Yukio Edano, Ministre de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie. Il était Chef de Cabinet au moment de l'accident.
1. Points de vue de M. Edano et de M. Shimizu concernant le retrait total du personnel : M. Edano ne se souvient pas des termes exacts utilisés quand fut évoqué le projet de retirer le personnel de la centrale. Cependant, il se rappelle qu'il exprima son avis que si une évacuation totale des équipes devait avoir lieu, il s'en suivrait une détérioration de l'état des installations qui ne pourrait pas être empêchée. En réaction à ces propos de M. Edano, M. Shimizu, Président de TEPCO, n'a pas pu formuler de réponse et est resté silencieux. S'appuyant sur cette réaction, M. Edano a ajouté : '"il apparaissait clairement que ce qui était envisagé dans la proposition (de M. Shimizu) n'était pas simplement une évacuation partielle". Au cours d'une conversation téléphonique, M. Yoshida, Directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, avait répondu à la question de M. Edano au sujet du retrait du personnel en disant : "il reste encore des tâches à accomplir sur place. Nous ferons de notre mieux".
2. Notification de diffusion publique d'information : M. Edano avait donné l'ordre à TEPCO d'aviser le cabinet du Premier Ministre de toute diffusion publique d'information au moment où celle-ci serait effectuée, mais cette directive n'avait pas pour but de contraindre TEPCO à demander l'autorisation du cabinet du Premier Ministre avant de procéder à cette diffusion.
3. Question de l'acceptation de l'aide internationale : Le cabinet du Premier Ministre avait donné des instructions aux différents ministères pour qu'ils acceptent toute offre d'aide internationale qui pourrait être proposée, même si cela nécessitait de surmonter des considérations légales.
M. Edano a alors ajouté les déclarations suivantes, à la lumière de son expérience :
1. Mauvaise diffusion de l'information : Au vu des questions soulevées aujourd'hui, il a reconnu que, du point de vue du public et des habitants de la région, l'information n'avait pas été suffisamment diffusée. Au moment des faits, il avait cru cette diffusion suffisante. Il a reconnu que la diffusion des informations concernant les risques aux personnes avait besoin d'être améliorée.
2. Problèmes concernant le traitement de l'information : Il a souligné les difficultés qu'il y avait à réunir, prévoir et devancer l'information. A titre d'exemple, il a cité le fait que le terme "précautions" utilisé dans les communiqués publics ne reposait pas sur des bases claires.
3. Nécessité de séparer les rôles de Chef de Cabinet Ministériel et de Porte-parole : M. Edano a noté qu'en l'absence d'un porte-parole unique du gouvernement, le Chef de Cabinet joue un deuxième ou double rôle. Il estime que tout particulièrement dans les cas de crise, ces deux fonctions devraient être séparées. Le porte-parole devrait avoir une formation spéciale.
16ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 28 mai 2012
Témoin : Naoto Kan, membre de la Chambre des Représentants ; Premier Ministre du Japon au moment de l'accident
Conditions antérieures à l'accident
1. L'accident s'est produit dans une centrale nucléaire qui avait été construite et exploitée dans le cadre d'une politique nucléaire nationale, et c'est donc le gouvernement qui porte la plus grande part de responsabilité dans l'accident. M. Kan, qui dirigeait le gouvernement au moment de l'accident, a présenté une nouvelle fois ses excuses pour n'avoir pas pu freiner l'évolution de l'accident.
2. En ce qui concerne la réaction à l'accident nucléaire, M. Kan n'avait été informé de manière détaillée avant l'accident ni de l'autorité du Premier Ministre dans ce domaine, ni de celle du directeur général de la cellule de crise.
3. L'autorité du directeur général de la cellule de crise n'avait pas été nécessairement reconnue dans sa totalité par M. Kan à l'occasion d'un exercice de simulation de crise.
Pendant l'accident
1. Le fait de se rendre sur place pour rencontrer les dirigeants de la centrale et se rendre compte de la situation a été considéré comme un point positif pour M. Kan, étant donné qu'il ne pouvait pas obtenir d'information utile de la part des membres de la NISA, de la NSC ou de la part des conseillers techniques de TEPCO au sujet de ce qu'il convenait de faire à la centrale de Fukushima Daiichi.
2. On n'avait pas pris conscience que la centrale subirait une recriticité à la suite de l'injection d'eau de mer au lieu d'eau douce, bien que M. Madarame, Président de la NSC, eût signalé qu'une telle possibilité n'était pas exclue. M. Kan a également déclaré que ces décisions (de suspendre l'injection d'eau de mer), dont on a dit qu'elles provenaient du Kantei [cabinet du Premier Ministre - ndt], pouvaient en fait n'avoir été que des avis émis par les membres de TEPCO qui se trouvaient alors au Kantei.
3. Il y eut deux appels de M. Yoshida, Directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, à M. Hosono, (Conseiller Spécial, Cabinet du Premier Ministre), sur des questions relatives au retrait total du personnel. Dans le premier appel, M. Yoshida dit que la situation était "extrêmement tendue", et dans le second appel, qu'on avait "commencé à injecter de l'eau, et que ça semblait efficace". M. Kan s'est souvenu d'avoir rappelé une fois mais n'a pas pu se remémorer les détails de la conversation. Puis, tôt le matin du 15 Mars, le ministre du METI avait réveillé M. Kan et c'est alors que ce dernier avait entendu pour la première fois que TEPCO proposait l'abandon de la centrale, ce qui lui avait paru absurde.
Réactions du gouvernement et du Kantei (Cabinet du Premier Ministre) :
1. Se trouvant confronté aux plus grandes catastrophes conjointes jamais survenues - un tremblement de terre et un tsunami - en même temps qu'à un accident nucléaire, le centre de contrôle de la crise établi à distance, au sein du Kantei, a eu de grandes difficultés à fonctionner correctement comme poste de commande.
2. Le décret sur les mesures spéciales concernant le niveau de préparation requis pour faire face à une crise nucléaire (Nuclear Emergency Response Act) se révéla inefficace, et le Kantei fut contraint de tenir le rôle de commandant en chef.
3. Le fait de s'être personnellement rendu sur le site de l'accident fut un acte extraordinaire, qui, selon M. Kan, aurait éventuellement pu être évité si l'information lui avait été dûment communiquée en temps voulu par TEPCO et / ou par la NISA.
4. C'était M. Edano (Chef de Cabinet au moment de l'accident) qui avait refusé l'offre d'affecter des experts étrangers au bureau du Premier Ministre. M. Kan n'avait pas été informé de cette décision.
5. M. Kan n'était pas au courant du fait que l'assistance étrangère avait été repoussée par la NSC. Si cela est vrai, c'est un sérieux problème.
6. M. Kan avait suivi des conseils divers, y compris en dehors des voies officielles.
7. M. Kan avait demandé le soutien de plusieurs membres particuliers de la Diète, mais ces demandes n'avaient pas pour but de leur attribuer le rôle d'une équipe de conseillers.
Orientations pour l'avenir : M. Kan reconnaît que la catastrophe du 11 mars a mis en évidence certains problèmes fondamentaux du Japon. Il estime que la première étape en vue de réformer la politique nucléaire consiste à dissoudre la structure organisationnelle de la communauté nucléaire au Japon, laquelle est contrôlée principalement par TEPCO et par la Fédération Japonaise des Fournisseurs d'Electricité (FEPC). En outre, le fait d'inviter des experts de l'étranger pourrait produire un effet de catalyseur en vue de restructurer la communauté nucléaire au Japon. Il a exprimé sa conviction que le Japon devait aspirer à se passer de ses centrales nucléaires. M. Kan a exprimé son respect et sa reconnaissance aux personnes qui ont fourni un rude travail sur place pour faire face à l'accident survenu dans une centrale nucléaire.
17ème réunion de la Commission
Lieu : Fukushima Terrsa, Préfecture de Fukushima
Date : 29 mai 2012
Témoin : Yuhei Sato, Gouverneur de la Préfecture de Fukushima au moment de l'accident.
Conditions antérieures à l'accident :
1. Le gouvernement central et TEPCO avaient affirmé que les risques relatifs aux catastrophes nucléaires avaient été correctement circonscrits et que la région était protégée dans le cadre d'une philosophie de défense en profondeur.
2. L'évacuation dans un rayon de 2 kilomètres fut décidée par le gouvernement local de la préfecture sur sa propre initiative, parce que le gouvernement central n'avait pas agi suffisamment vite. Toutefois, l'ordre d'évacuation ne fut pas diffusé correctement en raison des pannes des systèmes de communication. Par la suite, les ordres d'évacuation décrétés par le gouvernement central furent répercutés par les médias, mais le gouvernement de la préfecture ne reçut aucune directive concrète de la part du gouvernement central. Ceci eut pour conséquence que les habitants furent contraints de subir une évacuation extrêmement difficile et bouleversante.
Mise en pratique de l'utilisation du plutonium comme combustible à la centrale
1. L'une des trois conditions fixées par le gouvernement préfectoral en réponse au gouvernement central préalablement à toute décision de procéder à une utilisation thermique du plutonium dans le réacteur Nº 3 de Fukushima Daiichi était que ce dernier devait atteindre le même niveau de résistance antisismique que celui qui apparaissait dans le rapport intérimaire de vérifications du réacteur Nº 5. Toutefois, M. Sato affirme que lorsque l'utilisation thermique du plutonium fut mise en place dans le réacteur Nº 3, il ignorait que parmi les vérifications effectuées ne figuraient pas les mesures anti-tsunami comme pour le réacteur Nº 5.
2. En outre, M. Sato déclare qu'il n'était pas informé de l'existence d'une subvention spéciale liée au projet d'utilisation thermique du plutonium, alors que c'était pourtant bien lui qui avait mis ce projet en pratique.
Orientations pour l'avenir :
1. M. Sato a fait valoir que le cloisonnement des fonctions administratives était un obstacle à la sécurité nucléaire, et a exprimé son opinion que l'unification de ces multiples fonctions était éminemment souhaitable.
2. Il y avait eu des contradictions dans l'information, y compris dans l'information relative au système SPEEDI. Un autre obstacle était que le partage de l'information et la communication au sein de la cellule de crise n'étaient pas suffisants et que le gouvernement préfectoral avait des problèmes d'organisation. M. Sato a dit qu'il souhaitait une réforme de la gestion des situations de crise. Il a exprimé son avis qu'il était essentiel d'améliorer l'échange des idées, de mettre en place une organisation plus efficace et de faciliter l'intervention des experts, tout cela de manière étroitement coordonnée, afin d'éviter les accidents à l'avenir.
3. La Nation a largement apporté son soutien à Fukushima et à ses habitants depuis la catastrophe. En retour, M. Sato a dit qu'il voulait apporter sa contribution à la création d'une communauté plus intégrée offrant la promesse que jamais une telle catastrophe ne se reproduirait.
18ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 8 juin 2012
Témoin : Masataka Shimizu, président de TEPCO au moment de l'accident.
Problèmes de communication :
1. Le président Shimizu n'était "pas au courant que le Kantei [cabinet du Premier Ministre - ndt] n'avait pas confiance en la réaction de TEPCO concernant l'ouverture des évents" lorsqu'il revint de son voyage d'affaires. En outre, c'est seulement après les déclarations du Premier Ministre qu'il "découvrit" que le Premier Ministre avait interprété la proposition concernant le retrait du personnel comme signifiant un "retrait total". Il semble que M. Shimizu ne se soit pas rendu compte de la disparité des points de vue entre la façon dont le Kantei percevait la situation et celle dont TEPCO la percevait. Les échanges entre le Kantei et TEPCO étaient entravés par les malentendus et la méfiance, ce qui eut pour effet de créer cette controverse concernant l'interprétation du mot "évacuation".
2. En marge de ce témoignage, l'enquête de la Commission a confirmé le fait que le personnel était bien présent sur le terrain, déployant tous ses efforts pour résoudre les problèmes des réacteurs, et qu'il n'avait pas envisagé d'abandonner le site. Par ailleurs, aucune preuve n'a été découverte que TEPCO eût pris la décision d'opérer un "retrait total".
3. D'après l'enquête de la Commission, si la situation des réacteurs nucléaires qui se trouvaient dans un état critique fut finalement maîtrisée, c'est grâce au personnel qui se trouvait sur le terrain, car il avait une bonne compréhension de l'état dans lequel se trouvaient les réacteurs, et la conscience de ses responsabilités lui enjoignait de demeurer sur place jusqu'au bout de la crise.
4. A cette fin, TEPCO n'aurait pas dû s'adresser au Kantei pour recevoir des instructions. Au lieu de cela, des personnes qui se trouvaient sur place ou quelqu'un qui possédait la qualification requise pour porter un jugement technique sur la situation auraient dû prendre les décisions, comme cela fut le cas par exemple lorsque fut prise la décision d'injecter de l'eau de mer.
5. Ces considérations invitent à engager un important débat sur la position de l'opérateur et sur le bien-fondé des interventions du Kantei, lequel ne possédait pas l'expertise nucléaire.
6. M. Shimizu a insisté sur l'importance de disposer de bâtiments résistant aux tremblements de terre en remarquant qu'il était "effrayant d'imaginer ce qui se serait produit si TEPCO n'en avait pas eu". Diverses mesures pour se préparer à l'éventualité d'un cas plus grave même encore sont nécessaires. Il est bien clair maintenant combien il est important d'assurer la sécurité des ouvriers dans les centrales pour protéger la vie du public.
19ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 9 juin 2012
Résumé des résultats de l'enquête : Les résultats de l'enquête ont montré que les lenteurs du gouvernement dans la transmission et la communication de l'information concernant l'accident ont été à l'origine de la confusion qui s'en est suivie. Du point de vue des personnes évacuées, des consignes d'évacuation lancées au coup par coup ont fait que beaucoup de personnes ont été évacuées plusieurs fois, parfois en direction de zones affectées de doses de radiation élevées, et / ou en n'emportant que le strict nécessaire. Les voix et les opinions des habitants évacués qui n'ont pas d'autre endroit où aller ont été très claires. Les problèmes ne sont pas encore résolus. Des mesures appropriées doivent être envisagées dès que possible. Nous communiquerons ce message à la Diète.