27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 23:23

1st Commission MeetingParallèlement à l’enquête menée auprès de la population et des employés de la centrale de Fukushima Daiichi, la commission indépendante nommée par le parlement japonais a tenu 19 réunions du 19 décembre 2011 au 9 juin 2012. Ces réunions publiques avaient pour objectif de recueillir les témoignages de responsables (ministres, opérateur), de victimes (maires) et d’experts. Le rapport de la Commission publié en juillet 2012 en anglais donne le résumé de ces réunions. Voici la première partie de leur traduction en français, soit les 12 premières réunions, correspondant aux pages 71 à 77 du rapport original.

 

 

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Rapports des réunions de la Commission

 

 

 

(traduction Odile Girard)

 

 

 

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1ère réunion de la Commission

 

Lieu : The Fukushima View Hotel, Préfecture de Fukushima

Date: 19 décembre 2011

 

La première réunion de la Commission d’enquête indépendante sur l’accident nucléaire de Fukushima s’est tenue au Fukushima View Hotel dans la ville de Fukushima le 19 décembre 2011. La Commission a approuvé la version préliminaire des règles encadrant son fonctionnement, désigné un chef de projet, décidé de la structure des groupes de travail et de son siège, et commencé officiellement son activité. Reiko Hachisuka, un des membres de la Commission, a également présenté un rapport sur les conditions difficiles dans lesquelles vivent aujourd’hui les populations concernées. Mme Hachisuka, qui a été évacuée d’Okuma, où est située la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, pour vivre dans des résidences provisoires mises à disposition à Aizu Wakamatsu, a déclaré que les réfugiés souffrent d’une perte du sentiment de  sécurité et de stabilité affectives malgré les affirmations répétées depuis des années par TEPCO et le gouvernement que la centrale était sûre.

Afin de se rendre compte par elle-même des conditions prévalant à la centrale et dans ses environs, la Commission s’est rendue sur place le 18 décembre. Elle a aussi observé les efforts de décontamination menés par la municipalité d’Okuma. Après la première réunion de la Commission lundi, nous avons visité les logements provisoires de Kawamata qui abritent des réfugiés du district de Yamakiya (qui fait partie de la ville de Kawamata) où les taux de radiation sont élevés. Nous avons parlé personnellement avec le maire de la ville, Michio Furukawa, également représentant de la communauté en résidence provisoire. Nous avons vu les opérations mises en œuvre pour décontaminer les champs et les forêts du district de Yamakiya.

 

 

2ème réunion de la Commission

 

Lieu : Keisei Memorial Hall, Tokyo

Date : 16 janvier 2012

 

Témoins :

Yotaro Hatamura, Président  du Comité d’enquête du Cabinet du Premier Ministre sur l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima de TEPCO

Shinji Ogawa, Directeur-Général du Comité d’enquête du Cabinet du Premier Ministre

Masayuki Ishida, Directeur de la Division inspection qualité de l’énergie nucléaire de TEPCO

Masayuki Ono, Directeur de la Division qualité et sécurité de l’énergie nucléaire de TEPCO

Itaru Watanabe, Directeur-général adjoint du Bureau des politiques de la science et de la technologie au MEXT

Yoshinari Akeno, chef de groupe, Service de la Sécurité nucléaire du Bureau des politiques de la science et de la technologie au  MEXT

Tadao Kanda, Directeur, Bureau d l’évaluation des politiques, secrétariat du ministre, au MEXT

 

La Commission a désigné son président intérimaire et le co-président du groupe. Nous avons reçu une explication sur les rapports provisoires et initiaux sur l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima du comité d’enquête et de vérification du gouvernement, de TEPCO et du ministère de l’Education, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT).

 

 

3ème réunion de la Commission

 

 

Lieu : Shimin Plaza Kazo, Préfecture de Saitama

Date : 30 janvier 2012

 

Témoin : Katsutaka Idogawa, maire de  Futaba.

 

Le maire de Futaba, Katsutaka Idogawa, a présenté la situation avant l’accident de la centrale et les conditions au moment de l’accident et durant l’évacuation. Il a aussi discuté avec la Commission. Après la réunion, nous avons organisé une réunion avec les habitants de la ville pour écouter leurs derniers commentaires sur l’accident et l’évacuation, et pour avoir des détails sur la vie des évacués.

 

Katsutaka Idogawa 2Katsutaka Idogawa

 

Commentaires de M. Idogawa :

  • « Depuis ma nomination comme maire, je n’ai pas cessé de faire part de nos inquiétudes à propos de la centrale nucléaire à TEPCO et NISA. Ils n’arrêtaient pas de nous dire de ne pas nous faire de souci, que la centrale était absolument sûre. Mais l’accident est bel et bien arrivé. Ils ne peuvent pas donner d’explication car l’accident serait dû à  « des facteurs qui vont au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer ».
  • Le centre hors-site était inutilisable parce que trop proche de la centrale. Il faut vérifier et voir à quel type d’accident le centre d’urgence hors-site était censé pouvoir répondre.
  •  Il est nécessaire de clarifier le rôle joué par les instances de régulation nucléaire et les relations qu’elles entretiennent  avec l’industrie. Pour ce qui est de TEPCO, nous aimerions qu’ait lieu une évaluation de tous les facteurs qui pourraient avoir contribué à l’accident. Nous avons besoin de savoir si des questions fondamentales ont été ignorées pour privilégier la profitabilité, si la formation du personnel était adéquate et si les compétences techniques étaient correctement transmises, et quel genre de formation était fournie au grand nombre d’intérimaires embauchés pour les inspections régulières. Nous voulons savoir si le service de gestion de crise fonctionnait correctement.
  • Pour ce qui est de la préfecture de Fukushima, une enquête est nécessaire pour établir par exemple si elle a diffusé des informations correctes à sa population et si elle fournit actuellement aux gens la protection dont ils ont besoin.
  • Quant au niveau de l’exposition aux radiations, les explications et les normes sont très diverses et ce n’est pas clair du tout. Le taux maximum d’exposition cumulative pour la population en général est légalement de 1 millisievert par an. L’accident nous a exposé à des radiations autres que le rayonnement naturel. Il est scandaleux que TEPCO prétende que les radiations émises par sa centrale sont bona vacantia, c’est-à-dire un objet sans propriétaire dont ils ne peuvent pas être tenus responsables.
  • Après l’évacuation, les communications avec le gouvernement ont été absolument inexistantes. La télévision était notre seule source d’information.

 

 

4ème réunion de la Commission

 

Lieu : Diète Nationale du Japon

Date : 15 février 2012

 

Témoins :

Haruki Madarame, Président de la Commission de sûreté nucléaire (NSC),

Nobuaki Terasaka, ex-Président de l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA)

 

Haruki Madarame 3Haruki Madarame

 

 

 

 

 

 

 

 

Nobuaki Terasaka 4Nobuaki Terasaka

 

 

1. Des instructions dépassées : Haruki Madarame, président de la Commission de Sécurité nucléaire, a admis que les instructions de sécurité étaient défectueuses et a présenté ses excuses. L’accident de Fukushima a émis beaucoup plus de radiations que les scénarios figurant dans le chapitre « accident hypothétique » contenu dans les instructions, où les scénarios envisagés étaient d’une bien moindre envergure que les scénarios d’accident grave utilisés par de nombreux autres pays. Le Guide pour l’évaluation du site d’un réacteur, qui date de 1964, est toujours la référence pour accorder le permis de construire des centrales nucléaires. Durant le débat, ce guide a été qualifié d’obsolète et M. Madarame est d’avis qu’il doit être amendé.

2. Manque de préparation des agences : La NSC et NISA étaient toutes deux mandatées pour assurer la sécurité de l’énergie nucléaire, mais manquaient de préparation pour les situations d’urgence. De plus, il a été établi que la NSC comme NISA n’avaient pas bien compris leur tâche essentielle qui est de protéger la population locale et le pays.

3. Connaissances insuffisantes : Le débat a révélé un manque de connaissances techniques et de compétences en ingénierie nucléaire au sein des agences de régulation et de la direction de ces agences. Le débat a également rappelé à tous l’énorme importance de l’indépendance et combien il est essentiel de s’appuyer sur des décisions et des suggestions fondées sur des faits et des analyses scientifiques pour que ces agences puissent fonctionner correctement. Le Japon a manifestement la responsabilité d’établir des normes et des directives de sécurité qui soient dignes de confiance au niveau mondial.

 

 

5ème réunion de la Commission

 

Lieu : Diète Nationale du Japon

Date : 27 février 2012

 

Témoin : Richard A Meserve, ex-président de la Commission de régulation nucléaire américaine (NRC), Président  de la Carnegie Institution for Science

 

Dr. Richard A Meserve 5Richard A Meserve

 

 

1. Une attitude proactive : Les responsables doivent faire des efforts  permanents pour améliorer les normes de sécurité existantes. Les entreprises de construction et les opérateurs ne doivent pas présumer de la qualité des normes des agences de régulation et ne doivent pas avoir une attitude passive vis-à-vis des questions de sécurité et de sûreté.

2.  Responsabilités et indépendance des opérateurs : Les opérateurs de centrales nucléaires ont indéniablement la responsabilité de prévenir les accidents et d’empêcher l’aggravation des dommages pouvant en découler. En cas d’urgence, l’opérateur est censé prendre des décisions et doit éviter de se tourner vers le gouvernement. C’est la raison pour laquelle les opérateurs doivent avoir les compétences  nécessaires.

3.  Responsabilités et indépendance des instances de régulation : Le rôle des instances de régulation est d’exiger des décisions sensées de la part de l’opérateur et de faire appliquer ces décisions pour éviter l’aggravation des problèmes. Les agences doivent  rester indépendantes des opérateurs et du gouvernement. Les agences doivent également définir clairement le rôle de l’opérateur, du gouvernement, et de la chaîne de commande. Ces rôles doivent faire l’objet d’un entraînement régulier.

4. Transparence de la prise de décisions : Il est important de garantir la transparence dans toutes les procédures de prise de décisions, sauf celles qui touchent à la sécurité nationale. Il est important que les participants  expriment ouvertement leur opinion pour gagner la confiance [du public].

5.  Importance des ressources humaines : Le Japon devrait suivre le modèle de la NRC, où la majorité des employés passent toute leur carrière à s’occuper de sûreté nucléaire ; il devrait aussi fournir aux experts des perspectives suffisamment intéressantes. Au Japon, les professionnels qui ont l’habitude de changer régulièrement de poste au sein de l’administration se révèlent souvent incapables de gérer les situations de crise.

6.  Indépendance et transparence des enquêtes : Les caractéristiques les plus importantes pour l’enquête sur l’accident nucléaire sont l’indépendance et la transparence.

 

 

6ème réunion de la Commission

 

Lieu : Diète Nationale du Japon

Date : 14 mars 2012

 

Sakae Muto 6sakae muto

 

 

Témoin: Sakae Muto, Conseiller de TEPCO et ancien Vice-président exécutif et directeur général de la division énergie nucléaire & implantation de centrales de TEPCO

 

1. Relations entre le gouvernement et l’opérateur : Nous avons entendu un témoignage inattendu montrant que le Cabinet avait participé à des discussions sur des questions techniques concernant les réacteurs nucléaires. Le Premier ministre Kan a demandé le numéro de portable du directeur de la centrale de Fukushima, sans en informer la direction de TEPCO

2. Compétence de TEPCO : M. Muto a déclaré que l’opérateur était le premier responsable de l’accident, mais des questions demeurent concernant la compétence de TEPCO à assumer cette responsabilité.

3. Manque de préparation aux accidents : De longues discussions ont eu lieu sur la culture de sécurité et les actions préventives à mener contre les séismes. M. Muto a sous-entendu que la cause de l’accident était le tsunami imprévu mais la possibilité d’un tsunami avait été estimée en 2002 et TEPCO doit donc avoir reconnu les risques. Toutefois M. Muto a soutenu ne pas avoir eu connaissance de ces études. Ceci était clairement une défaillance de la culture de sécurité de TEPCO.

 

 

7ème réunion de la Commission

 

Lieu : Diète Nationale du Japon

Date : 19 mars 2012

 

Témoins :

 

Volodymyr Holosha, Directeur de l’Agence de l’État ukrainien pour la gestion des zones d’exclusion, Ministre des Situations d’urgence

 

 

 

Anatoliy Gora, Directeur adjoint de la centrale nucléaire de Chernobyl

 

 

Leonid Tabachnyi, Vice-Président du Centre d’observation géophysique du service d’hydrométéorologie au ministère ukrainien des Situations d’urgence

 

Volodymyr Holosha 7

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leonid Tabachnyi 8Leonid Tabachnyi

 

 

 

 

 

 

1. L’accident de Chernobyl  diffère de celui de Fukushima par les types de matériaux radioactifs rejetés, les conditions météo, la géographie et l’état des enceintes de confinement des réacteurs. Cependant les deux accidents ont été qualifiés d’accidents de niveau 7 (accident grave), une qualification de l’échelle internationale des événements nucléaires (échelle INES). Chernobyl a provoqué d’importantes émissions de matériaux radioactifs et affecté l’environnement et de très nombreuses vies. Les matériaux radioactifs continuent à affecter sévèrement la santé publique et l’environnement 26 ans après l’accident.

2. Questions concernant l’exposition : De nombreuses personnes ayant travaillé dans les zones contaminées en Ukraine ont été exposées aux radiations. Beaucoup de petits enfants qui ont été exposés aux radiations ont développé un cancer de la thyroïde. L’exposition aux radiations ne se contente pas de provoquer des cancers de la thyroïde chez les jeunes enfants ; elle affecte l’ensemble du coprs. Les personnes évacuées souffrent de stress et de phobie des radiations. Les aliments contaminés sont surveillés et contrôlés séparément par type, quantité consommée, etc.

3. Questions concernant la diffusion de l’information : La nécessité de diffuser l’information a été reconnue par le gouvernement ukrainien, qui a tiré les leçons de l’époque de l’URSS.  Cependant, il y a beaucoup d’unités de mesures, comme les becquerels, les sieverts et les curies, qui ne sont pas bien connues de la population. L’information du public peut être diffusée de manière différente selon les niveaux de contamination.

 

 

8ème réunion de la Commission

 

Lieu : Diète Nationale du Japon

Date : 28 mars 2012

 

Témoins :

Ichiro Takekuro, représentant  de TEPCO et responsable de l’énergie nucléaire chez TEPCO avant l’accident. Il était au Kantai pendant l’accident.

Kenkichi Hirose, Conseiller spécial du Cabinet du Premier Ministre, chargé de la NSC, ancien secrétaire-général de la Commission de sûreté nucléaire (NSC) et ancien directeur-général de l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA)

 

Ichiro Takekuro 9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Kenkichi Hirose 10

 

 

1. Compétence de TEPCO : Quoique la première obligation de TEPCO soit de prévenir les accidents et de minimiser les dommages, l’entreprise s’est révélée comme n’ayant pas la capacité d’auto-gouvernance qui aurait permis de mettre en place les mesures adéquates  de prévention des accidents ; il lui manque aussi la culture qui lui permettrait de mener des efforts concertés pour améliorer la sûreté nucléaire en tenant compte du point de vue de la population. De plus, TEPCO ne reconnaît pas clairement les tâches et obligations liées à la sûreté nucléaire qui sont celles d’un opérateur d’énergie nucléaire. Pour ce qui est du programme de défense en profondeur, M. Takekuro a déclaré que TEPCO s’était concentré sur les trois premiers niveaux, sous-entendant que TEPCO n’était pas responsable de la mise en oeuvre des quatrième et cinquième niveaux de défense en profondeur. Au moment de l’accident, TEPCO a envoyé M. Takekuro au bureau du Premier Ministre pour faire un rapport détaillé des conditions de l’accident au Premier Ministre. Toutefois, on a découvert que M. Takekuro envoyait en réalité des ordres au site de l’accident de la part du Premier Ministre. Il est évident que la culture d’entreprise de TEPCO a failli dans ses efforts de prévention des accidents et d’amélioration de la sûreté nucléaire et failli à ses obligations d’opérateur de centrale nucléaire. Ce point est aussi mis en évidence par la longue histoire de dissimulation d’accidents de TEPCO

2. Responsabilités des agences de régulation : Les discussions ont clairement montré que les agences de régulation nucléaire comme NISA n’ont pas rempli leur première obligation, qui est de garantir la sécurité publique. Elles ont ignoré les fondements mêmes d’une culture de la sécurité en laissant par exemple des mesures sécuritaires essentielles comme les vérifications (backcheks) aux opérateurs et en passant outre les recommandations de l’AIEA ; leur responsabilité en l’occurrence est accablante. Il est clair que la procédure de double vérification par la NISA et la NSC ne fonctionnait pas. Les défaillances et les comportements irresponsables révélés au cours du débat ne concernent pas seulement M. Hirose et les autres chefs. Le gouvernement est lui aussi hautement coupable, car c’est lui qui a fait de la NISA une administration sous la houlette du METI. [ministère japonais de l’Économie]

 

 

 

9ème réunion de la Commission

 

Lieu : Diète Nationale du Japon

Date : 18 avril 2012

 

Témoin : Hiroyuki Fukano, Directeur-général de l’Agence de sûreté nucléaire et industrielle (NISA).

 

Hiroyaki Fukano 11Hiroyaki Fukano

 

 

1. Directive Sécurité : La Directive Sécurité a été révisée par le gouvernement après l’accident de Fukushima sur la base des mesures indiquées dans les “Conclusions technologiques” qui sont une analyse provisoire.  Les conditions d’accident envisagées dans la nouvelle Directive Sécurité sont définies en détail avec une séquence d’événements identique à celle de l’accident de Fukushima. Aucune mesure ou définition n’est donnée pour un accident éventuel dont l’envergure dépasserait le scénario envisagé dans la nouvelle Directive Sécurité et seules quelques mesures de sécurité nécessaires sont incluses :

  • Le plan de construction de bâtiments résistants aux séismes, une notion dont le rôle s’est révélé critique dans l’accident de Fukushima, est défini comme une « tâche à moyen terme ».
  • La mise en place de ventilation filtrée, qui existe dans de nombreux pays européens, est définie comme une « tâche à moyen terme »
  • Le plan d’évacuation d’urgence, qui est extrêmement important pour la sécurité des habitants, ne relève pas de la discussion  sur les « conclusions technologiques » qui ont servi de base à la révision de la Directive Sécurité.

 

 

 

10ème réunion de la Commission + Mairie de Namie

11ème réunion de la Commission + Mairie d’Okuma

 

Lieux :   Nihonmatsu, Shimia Kaikan, Préfecture de Fukushima (10ème réunion)

                University of Aizu, Préfecture de Fukushima (11ème réunion)

Dates : 21 et 22 avril 2012

 

Témoins :

Le maire de Namiemachi, M. Baba, et six autres témoins à la 10ème réunion de la Commission à Nihonmatsu

Le maire d’Okuma, M.Watanabe, et quatre autres témoins à la 11ème réunion de la Commission à  Aizu Wakamatsu. Après chaque réunion de la Commission, les membres de la Commission ont écouté les [doléances des] habitants durant les réunions dans les mairies.

 

Tamotsu Baba,12

 

maire de Namie

 

 

 

 

 

 

 

Toshitsuna Watanabe,13Mayor Watanabe

 

maire d’Okuma

 

 

1.  La colère des évacués : Nous avons senti la profonde colère des habitants dont témoignent les commentaires suivants : « Il nous a fallu être évacués sans aucune information du gouvernement, de la préfecture ou de TEPCO sur l’accident lui-même sur les modalités de l’évacuation ou la direction qu’il fallait prendre. » « Il aurait dû y avoir quelqu’un, un employé de TEPCO par exemple, pour nous fournir des informations plus tôt. » Nous avons reconnu à nouveau l’importance d’avoir des procédés de communication permettant de fournir en temps voulu une information facile à comprendre.

2.  Garantir la sécurité des habitants : Un fonctionnaire local a indiqué qu’il se demandait  « si le gouvernement local avait rempli son rôle de garant de la sécurité des habitants. » Certains ont dit que « les exercices d’évacuation d’urgence n’étaient qu’une façon de faire des exercices pour le plaisir de faire des exercices. Le but visé était surtout l’auto-satisfaction de l’organisateur. Est-ce que ces exercices n’auraient pas dû se faire sur la base d’hypothèses plus réalistes ? »  Les conclusions de nos précédentes réunions suggèrent que les régulateurs n’ont absolument pas l’état d’esprit qu’il faudrait pour  protéger les habitants.

3.  Message des villes où sont situées des centrales nucléaires : Nous avons entendu des opinions importantes en particulier venant des habitants d’Okuma. Voici quelques-unes des opinions les plus notables : « Les gens des villes où se trouvent des centrales nucléaires avaient tellement l’habitude de s’entendre dire “combien les centrales sont sûres”. C’était du lavage de cerveau ». « Je n’avais jamais imaginé qu’une centrale nucléaire puisse devenir un problème ». « Il n’y eut aucune communication concernant tous ces problèmes qui  peuvent échapper au contrôle humain ».  Ces commentaires peuvent être très importants pour tous ceux qui vivent dans des villes où sont situées des centrales nucléaires.

4.  Relations avec le gouvernement et confiance en celui-ci : Nous avons entendu des commentaires sur le gouvernement,  l’accusant en particulier de ne pas avoir réussi à fournir l’information nécessaire au moment de l’accident. « Je ne peux toujours pas faire confiance au gouvernement ». « Je n’ai aucune confiance dans l’information fournie par le gouvernement sur la condition actuelle de l’unité 4 et sur le niveau des doses de radiation. »

5.  La vie et l’avenir des évacués : Nous avons vraiment réalisé que les instructions d’évacuation tardives ou mal définies - comme le souligne l’emploi de cette phrase « par mesure de précaution » - ont eu un impact sévère sur la population. Un des participants a souligné la nécessité de « mettre en place un système par lequel le gouvernement continuera à surveiller les conditions sanitaires de la population de génération en génération. » En outre, de nombreux habitants ont à maintes reprises exprimé leur profond désir de « ne pas laisser les autres municipalités qui ont des centrales nucléaires subir ce qu’[ils ont] subi. »

 

Réunion publique 14Namie town hall meeting

 

à Namie

 

 

 

 

 

 

 

 

Réunion publique 15Okuma town hall meeting

 

à Okuma

 

 

12ème réunion de la Commission

 

Lieu : Diète Nationale du Japon

Date : 14 mai 2012

 

Témoin : Tsunehisa Katsumata, Président de Tokyo Electric Power Company (TEPCO) et ex-président de la Fédération des compagnies d’électricité  du Japon (FEPC).

M.Katsumata est Président de TEPCO depuis octobre 2002 et en est devenu le PDG en février 2008

 

Tsunehisa Katsumata 16Tsunehisa Katsumata

 

 

1. Redevabilité d’un opérateur de centrale nucléaire et du Premier Ministre : Tout en rappelant que « les compagnies d’électricité sont sans aucune ambigüité responsables de la sécurité des centrales nucléaires, » [Katsumata] a indiqué que « c’est le Premier Ministre qui était le directeur-général du siège de la réponse d’urgence où il fallait établir des priorités dans les décisions sur le site de la centrale ».  Les trois directeurs principaux de l’équipe dirigeante (PDG, président et vice-président) n’étaient pas disponibles au moment de l’accident. M. Katsumata n’a appris l’absence du PDG qu’après l’accident. Le fait qu’il n’ait pas contacté le PDG entre le moment où ce dernier est rentré de l’étranger et celui où il est retourné au siège montre de toute évidence son absence complète de conscience de l’imminence de la crise.

2. Faits critiques concernant le tsunami : Les causes de l’accident, selon la déclaration de M. Katsumata, sont « en cours d’investigation à TEPCO ». Cependant l’affirmation que le tsunami, qui n’avait pas été anticipé, est la cause principale [de la catastrophe] est assez dérangeante. Elle révèle que le risque posé par un tsunami potentiel non anticipé n’avait pas été communiqué en interne au PDG. Il se trouve que M. Katsumata avait décidé qu’ « un tsunami de ce genre ne pouvait pas se produire dans la réalité. » Il semble que le risque de tsunami n’avait pas été envisagé sous l’angle des probabilités.

3. A propos des régulations : M. Katsumata a souligné [l’importance de] la simplification des réglementations, mais les mesures que les opérateurs prennent indépendamment, dont les vérifications de résistance aux séismes et les réponses aux accidents graves, n’avaient pas été prises par TEPCO et d’autres opérateurs. De sérieux doutes demeurent : quel rapport entre la demande de simplification des réglementations et les retards dans les réactions de TEPCO ? La Commission a aussi appris un fait peu connu, à savoir que la FEPC avait servi de forum pour les lobbies [de l’industrie nucléaire].

4. Résumé : M. Katsumata a admis que rétrospectivement il pouvait concevoir un certain nombre de mesures qui auraient dû être mises en place, par exemple les mesures anti-tsunami et les réponses aux accidents graves ; mais il s’est abstenu de réflexions plus spécifiques. Le public doit déterminer, à travers les discussions d’aujourd’hui,  si M. Katsumata était suffisamment compétent pour être à la tête d’un opérateur nucléaire géant. 

 

 

(Comptes rendus des réunions suivantes : prochainement en ligne)

 

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Photo d’entête : Première réunion de la Commission, 19 décembre 2011

 

 

 

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commentaires

L
Et de ce fait il devient tout à fait envisageable que ces micro ( nano ? ) poussières se soient dispersées à très grande distance dans les courants aériens.<br /> Si l'on retient cette possibilité il devient clair que les mesures excessives et inexpliquées à travers le monde ( USA côte W et Nord/Est, Europe -où l'on a mis en accusation une usine hongroise<br /> mais que tout le monde a bien vite oubliée- les relevés Criirad du S/O sont toujours sans la moindre explication, relevés de particuliers en divers points de France... ne sont pas de pures<br /> hallucinations de paranos apocalyptomanes !
Répondre
P
Merci pour cette info Delphin ! Voici le lien de l'article de Trifouillax : http://gen4.fr/2012/09/fuskushima-corium-pudre-noire-choisissez-poison.html<br /> Oui le combustible peut effectivement se fragmenter. Et s'il se disperse par les tuyauteries, il peut aller jusqu'aux turbines puisqu'à Fukushima le circuit primaire est fait ainsi. Il n'est donc<br /> pas surprenant que la radioactivité soit énorme dans tous les sous-sols de la centrale. Seul un méga sarcophage souterrain pourrait stopper la contamination du sol.
Répondre
D
Bonjour,<br /> <br /> Le devenir possible, sinon probable, des corium exposé actuellement par Trifouillax sur son blog me semble valoir d'être popularisé :<br /> <br /> Les conséquences de la fusion partielle, mais conséquente de Three Mile Island USA 1979) ont été celles - en dehors d'une fraction solidifiée du coeur dans la cuve - d'une dispersion sous forme de<br /> poudre d'une partie importante de celui-ci dans le circuit primaire.<br /> <br /> Il n'y a, à priori, pas de raisons que le même processus à Fukushima n'ait pas engendré les mêmes conséquences, dispersion en plus avec les continuelles pertes d'eau (+ une dispersion atmosphérique<br /> temporaire).<br /> <br /> Danc cette hypothèse, une bonne partie du combustible est irrécupérable et va polluer pour très très longtemps le Japon et plus.<br /> <br /> Delphin
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