Hiroshima et Fukushima.
Comment ne pas relier les deux évènements ? La fission de l’atome, la pluie noire, le césium, la contamination interne, la maladie, l’exclusion, la souffrance.
Voici le témoignage d’une survivante d’Hiroshima, Bun Hashizume, traduit par Pierre Régnier. Dans les moments les plus critiques, elle a toujours gardé la foi en l’humanité et en la bonté de chacun, trouvant les ressources qui lui ont permis de surmonter l’insurmontable.
Une leçon de vie et d’espoir pour tous les Japonais touchés par la catastrophe de Fukushima.
(Texte en japonais et en anglais plus bas)
Témoignage de Hashizume Bun, survivante d’Hiroshima
29 mars 2011
« Je suis une « atomisée » rescapée du bombardement d’Hiroshima. J’habite à Tôkyô. J’ai 80 ans.
Le 11 mars 2011, lorsqu’a eu lieu le Grand Tremblement de Terre du Nord-Est du Japon suivi de la catastrophe nucléaire de Fukushima, j’étais en train d’écrire un livre sur le bombardement
atomique survenu soixante-six ans auparavant et sur la vie de la population civile d’Hiroshima avant et après le bombardement. J’avais déjà rédigé la majeure partie de cet ouvrage, mais accablée
par la douleur que provoqua en moi l’accident nucléaire de la centrale nucléaire de Fukushima, j’ai voulu finir la rédaction du dernier chapitre sur le lieu même du bombardement atomique, à
Hiroshima, ma ville natale.
Tard le soir, en foulant le sol d’Hiroshima, je sentais un lourd fardeau peser sur mes épaules et, pendant un temps, je ne pouvais plus mettre un pied devant l’autre. A chaque fois que je
revenais à Hiroshima, j’avais pour habitude de commencer par me rendre à pied au mémorial pour les morts situé dans le Parc de la Paix et de discuter avec les membres de ma famille qui se
trouvent là, ainsi qu’avec mes amis, ou de simples connaissances, et avec tous ceux qui sont morts ce jour-là dans une horreur qui dépasse l’entendement. Mais cette fois-ci, plutôt que de prier,
je leur ai demandé :
Donnez-moi encore pour un temps la santé,
Donnez-moi de la force,
Dites-moi ce que je peux faire, guidez-moi s’il vous plaît.
Ce jour-là, j’ai été atomisée à 1,5 kilomètre de l’hypocentre de la bombe. J’ai été très gravement blessée et j’ai frôlé la mort mais j’ai pu survivre grâce à l’aide de trois personnes qui m’ont
sauvé la vie.
Lorsque nous vivions dans les baraques, je souffrais de maladies fulgurantes dues à la radioactivité telles que, par exemple, de fortes fièvres, des saignements de nez et des gencives, de
terribles diarrhées et vomissements, des taches pourpres sur tout le corps ou la perte des cheveux. Pourtant, là encore miraculeusement j’ai pu survivre. Cependant par la suite et jusqu’à
aujourd’hui, j’ai souffert de nombreuses maladies et il n’est pas un seul jour où j’ai été en bonne santé.
Parmi toutes les maladies, un des maux les plus pénibles est le « chancellement des atomisés ». Cette maladie se manifeste par un état d’épuisement difficilement supportable.
Plusieurs fois j’ai imploré le médecin « Docteur, ne serait-ce qu’une journée ou même une heure, faites-moi me sentir fraîche et légère. » Mais cela ne s’est jamais réalisé. En allant
me coucher le soir, je priais Dieu, « Faites que je ne me réveille pas demain matin. »
Toutes ces maladies étaient dues à l’irradiation interne. Toutes les substances contaminées par la radioactivité que nous avions ingérées, notamment l’eau que nous avions bue, la nourriture ou
l’air, ces substances continuent sans cesse leur réaction à l’intérieur même de l’organisme et bouleversent les gènes. Cela se poursuit jusqu’à la mort.
Finalement, récemment on en parle dans les médias : le césium qui détruit les fibres musculaires serait à l’origine du « chancellement des atomisés », et c’est ici, à
Hiroshima, que je l’ai appris tout dernièrement.
Ceux qui ce jour-là étaient sous la pluie noire, ceux qui sont entrés dans la ville pour venir secourir les victimes ou chercher des proches, mais pas seulement les victimes de la bombe, tous les
atomisés victimes des essais nucléaires, des accidents des centrales, tous ceux-là sont victimes d’irradiations internes.
L’irradiation interne a toujours été sciemment dissimulée. Maintenant, du fait de l’accident de la centrale de Fukushima, enfin, on voit apparaître le terme « irradiation
interne », mais on ne voit quasiment aucune explication précise de ce dont il s’agit.
Sans doute parce qu’alors il ne serait plus possible de continuer à développer l’exploitation des centrales nucléaires.
« L’énergie nucléaire est une énergie propre », « l’énergie rêvée » entendait-on à une époque mais, après les accidents des centrales de Tchernobyl et de Three Mile
Island, on l’entendait un peu moins.
Cependant, ces dernières années, beaucoup de pays dans le monde se sont remis à la course à la construction de centrales nucléaires. On a appelé cela « la Renaissance des centrales
nucléaires ». Voyant cette évolution, j’ai alerté sur le fait qu’inévitablement, dans un futur pas bien lointain, il y aurait quelque part sur terre un accident dans une centrale
nucléaire.
Cela se produit actuellement dans mon pays et qui plus est, chaque seconde, il y a des fuites ininterrompues de substances radioactives très concentrées. Il n’y a pas de moyen pour stopper cela
de façon sûre et l’on ne peut prévoir quand cette situation critique prendra fin.
Au Japon, pays de petite superficie et situé en zone sismique, il y a plus de 50 réacteurs nucléaires. De plus, ils sont regroupés et établis sur des plaques produisant de nombreux tremblements
de terre, régions à faible population.
Par ailleurs, à Fukushima, dans la centrale numéro 1 de Fukushima, il y a six réacteurs qui forment une chaîne s’enfonçant dans la spirale du danger. En outre, à la centrale numéro 2 de
Fukushima, il y a aussi quatre réacteurs qui ont subi des dommages. Après le grand tremblement de terre du Nord-Est, le 15 mars, il y a eu un grand tremblement de terre à Shizuoka. On dit que,
dans première moitié de ce siècle, se produira inévitablement Le Grand Tremblement de Terre du Tôkai et de la Baie de Suruga. C’est là que se trouve l’une des centrales majeures qu’est celle de
Hamaoka.
Sur la zone très sismique de la côte de la Mer du Japon, les centrales nucléaires sont nombreuses, en particulier dans la préfecture du Fukui que l’on appelle « le Ginza des centrales
nucléaires » (en référence au quartier très animé et dense de Ginza à Tôkyô).
À la population du Japon,
Est-ce une bonne chose que le Japon, victime des bombes atomiques soit devenu le pays coupable d’une telle émission de radioactivité ?
Il n’y a plus de temps à perdre. Agissons pour que soient arrêtées les centrales actuellement en activité.
Aux populations du monde entier, je vous en prie, apportez-nous votre soutien.
Demandons haut et fort que sur la Terre, naturellement, il n’y ait plus de construction de centrales nucléaires, mais aussi que l’on stoppe toutes les centrales en activité et que soient
reclassés les réacteurs nucléaires.
En tant qu’atomisée de la bombe, j’ai lutté contre le nucléaire au Japon et à l’étranger. Cela parce qu’il y a la menace que la vie sur Terre soit détruite, non seulement par les bombes atomiques
ou les bombes à hydrogène, mais aussi par les centrales nucléaires.
Même lors de leur fonctionnement ordinaire, les centrales nucléaires rejettent de petites quantités de particules radioactives qui contaminent la mer, l’air et le sol. La dangerosité de ces
rejets de particules radioactives en faibles quantités est occultée.
Il n’y a pas que l’être humain qui ait reçu la vie sur Terre. N’est-il pas indécent que l’être humain, pour son propre bénéfice, sacrifie les autres espèces vivantes ?
Ouvrir la voie vers une vie en harmonie avec la nature ne devrait-il pas être la sagesse humaine ?
Par ailleurs, nous qui vivons entre le 20ème et le 21ème siècle, nous ne nous sommes vus confier qu’un court laps de temps dans la longue histoire de l’humanité. Est-ce que nous ne sommes pas
simplement supposés passer le relais entre nos aïeux et les générations à venir ?
Nous, les atomisés des bombardements ainsi que les atomisés des accidents des centrales nucléaires et des essais nucléaires, avons souffert toute notre vie ; de même, les atomisés de
l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima souffriront désormais sans cesse.
On voit tous les jours dans les médias les gens endurer des conditions de vie difficiles dans les camps de réfugiés.
Et en voyant des nourrissons innocents et des enfants ne pas perdre leur vitalité même dans de telles conditions, j’ai le cœur meurtri mais j’y vois en même temps un espoir.
La radioactivité est particulièrement nocive pour les enfants et empêche leur croissance.
La radioactivité ne connaît pas les frontières.
Pour secourir les enfants qui sont l’avenir,
Tous ensemble, dans le monde entier,
Donnons-nous la main et levons-nous contre le nucléaire »
source : http://autreinfo.free.fr/Fukushima.htm
Qui est Hashizume Bun ?
Madame Hashizume Fumiko, Hashizume Bun de son nom de plume, est née à Hiroshima en 1931. A quatorze ans, elle se trouvait à moins d’un kilomètre et demi de l’hypocentre de l’explosion atomique, le 6 août 1945, à 8 h 15. Gravement blessée, elle a survécu miraculeusement non seulement à ses blessures mais aussi à la famine et aux maladies qui s'ensuivirent. Durant plusieurs décennies, comme la plupart des hibakusha (survivants des bombardements atomique), elle ne parvenait pas à évoquer le sujet, se refusant à se remémorer les événements. Elle est finalement parvenue à décrire l'horreur et les conditions extrêmes de la survie après le bombardement en écrivant un livre.
A l’âge de 76 ans, elle a engagé toute son énergie pour témoigner à travers le monde du drame humain qu'elle et les siens ont vécu. Elle a notamment fait de nombreuses conférences en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon.
Elle est l'auteur de divers ouvrages en japonais, notamment des recueils de poésie.
Son autobiographie, témoignage de ce qu'ont vécu les habitants d'Hiroshima, est disponible en langue française : « Le jour où le soleil est tombé - J'avais 14 ans à Hiroshima », 2007, Ed. Cénacle de France, 219 p.
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En savoir plus
Autour du témoignage d’Hashizume Bun, survivante d’Hiroshima
Photo entête : lumières d'espoir devant le mémorial d'Hiroshima
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Texte original
橋爪文さん 「広島から日本のみなさん、世界のみなさんへ」
私は広島の被爆者で、東京在住、現在八十歳です。
二〇一一年三月十一日、東日本大震災が起こり、続いて福島原発事故が発生したとき、私は六十六年前の原爆被爆と、その前後の市民たちの暮らしについて執筆中でした。
大半を書き終えていた私は、福島原発事故を痛く重く心に抱き、最終章は故郷広島の原爆の原点に立って書き終えたいと思いました。
夜遅く広島の地を踏んだとき、私は両肩に重い負荷を感じ、一瞬足が前に進みませんでした。
帰広する度に私は先ず平和公園の慰霊碑に足を運び、碑の中の親族、友人、知人、そしてあの日、想像を絶する惨状の中で死んでいった人びとと対話するのが常でしたが、今回は祈るというよりお願いをしました。
私に、いましばらくの間、健康を与えてください。
私に、ちからを与えてください。
私に、何ができるのか教え、導いてください。
私はあの日、爆心地から約一・五キロメートルの地で被爆し、瀕死の重傷を負いましたが、三人の人に助けられ生きのびることができました。
焼け跡でのバラック生活の中で、高熱、鼻や歯ぐきからの出血、ひどい下痢、嘔吐、全身の紫斑、脱毛など、急性の原爆症に苦しめられましたが、このときも奇跡的に生きのびることができました。
しかし、その後、現在に至るまで、次々とさまざまな病気に苦しめられ、一日として健康体であった日はありません。
中でも特に辛かったのは、「原爆ぶらぶら病」でした。
症状は、耐え難いほどの倦怠感です。
私は医師に何度かお願いしました。
「先生、一日でも、一時間でもいいですから、爽やかで軽いからだにしてください」
でも、それは叶いませんでした。
私は夜寝るときに神に祈りました。
「明日の朝、目が覚めませんように」
それらはすべて放射線による内部被曝によって起こりました。
放射性物質を含んだ水、食物、空気などを体内に取り込むと、その物質が体内で絶え間なく核分裂を起こして細胞を破壊していき、遺伝子を狂わせます。それは死ぬまで続きます。
最近ようやくメデイアにその名前が出てきた「セシウム」が「原爆ぶらぶら病」の原因で、それが筋肉にダメージを与えると、ここ広島で聞きました。
あの日、黒い雨に遭った人、救援や人を探しに市内に入った人たち、また原爆だけではなく、核実験、原発事故の被曝者たちもみんな内部被曝者です。
内部被曝については、ずっと隠蔽されてきました。
今回の福島原発事故によって、やっと「内部被曝」という言葉が出てくるようになりましたが、それがどういうものかについて詳しい説明はありません。
原発行政が進められなくなるからです。
原発がクリーンエネルギー、夢のエネルギーともてはやされた時期もありましたが、チェルノブイリやスリーマイル島の原発事故の後、少し控えられていました。
それなのに近年、世界の多くの国が競って原発を造ろうとしています。それを原発ルネッサンスなどと呼んでいますね。
この傾向を見て、私はあまり遠くない将来、必ず地球上のどこかで原発事故が起こると思って警告していました。
それが現在、私の国で起こり、しかも毎秒高濃度の放射性物質を漏らしつづけています。それを止める確固とした手立てもなく、危機的な状態が終わる見通しはたっていません。
国土の狭い、地震国の日本に五十基を超える原発。しかも地震多発のプレートの上に、過疎地に集中して建てています。
今回の福島原発も第一原発には六号機まであり、それらは連鎖して危機に陥っています。
また、福島第二原発にも一号機から四号機まであり、それらもダメージを受けています。
東北の大地震のあと三月十五日には、静岡でも大きな地震が起きました。東海、駿河湾の大地震は、今世紀前半に一〇〇%起こるといわれています。しかも直下型。その上には最大級の浜岡原発があります。
地震の多い日本海側にも原発銀座と呼ばれる福井県をはじめ、多くの原発があります。
日本のみなさん
原爆被爆国の日本が放射能発生加害国になっていって良いのでしょうか?
時間はありません。現在稼働している原発を止めるように働きかけましょう。
世界の皆さん
加勢してください。
そして、地球上に新しい原発を造ることはもちろん、いま稼働しているすべての原発を止め、廃炉にするように声を上げましょう。
私は被爆者として国の内外で反核を訴えてきました。それは原爆・水爆だけではなく、原発が地球上の生命を滅ぼす日が来ることを恐れてのことです。
原発は正常に稼働しているときでさえ、常に微量の放射性物質を放出し、海、空、土を汚しています。
微量放射線の危険性についても隠蔽されています。
地球上に生を受けているのは人間だけではありません。人間が自らの利得のために、他の生物を犠牲にするのは不遜ではないでしょうか?
自然と調和して生きていく道を拓くのが、人間の英知ではないでしょうか?
また二十世紀から二十一世紀に生きる私たちは、長い人類史のほんの一刻を与えられているに過ぎません。先達から引き継ぎ、未来へバトンタッチをする、ほんの一刻を預かっているだけではないでしょうか?
私たち原爆被爆者や、原発事故・核実験などによる被曝者が一生苦しんできたように、福島原発事故による被曝者たちが、これから苦しみつづけることになります。
避難所での厳しい生活にひたすら耐えている人びとの様子が毎日報道されます。
そんな中にあっても、無心な乳幼児、活力を失わない子どもたちの姿に、私は心を打たれると同時に、そこに希望を見るのです。
放射能は、子どもたちに特に大きな被害を与えて、彼らの成長を妨げます。
それなのに、政府や電力会社はこの狭い地震国・日本にさらに十基以上を建て続けるというのです。
放射能に国境はありません。
未来を拓く子どもたちを救うためにも
世界中のみなさん
共に手を取り合って、反原発に向けて立ち上がりましょう。
Version anglaise
APPEAL OF HASHIZUME BUN, A-BOMB SURVIVOR OF HIROSHIMA,
TO THE PEOPLE OF JAPAN AND THE PEOPLE OF THE WORLD
March 29, 2011
My name is Hashizume Bun and I am an A-bomb survivor of Hiroshima. I live in Tokyo and I am now 80 years old. When the Great Eastern Japan Earthquake occurred on March 11, 2011, which triggered
the crisis at the nuclear power plant in Fukushima, I was in the midst of writing about the radiation exposure wrought by the atomic bombing of 66 years ago and about the lives of Hiroshima
citizens before and after the blast.
Though much of my writing had already been completed, I was deeply pained by the accident involving the Fukushima nuclear plant and I felt that I would like to conclude my thoughts—and share this
conclusion in English as well—from the vantage point of the atomic bombing of Hiroshima, my hometown.
When the earthquake struck, I was in Tokyo; afterwards, I came to Hiroshima. When I reached the A-bombed city, it was late at night and I felt a heavy weight on my shoulders. It took a moment for
me to take my first steps.
Every time I return to Hiroshima, I first visit the memorials standing in Hiroshima Peace Memorial Park and I speak to my family members, friends, acquaintances, and other victims who perished in
the unimaginable horror of the atomic bombing. This time, however, I asked them to hear my wish, rather than my prayer.
Please enable my health to hold.
Please enable my strength.
Please guide me, and lead me, in my efforts.
On the day of the atomic bombing, I was exposed to the bomb’s radiation at a location 1.5 kilometers from the hypocenter. I was also injured severely, but I managed to survive the blast with the
help of others.
After the war, I lived in a makeshift hut in the burned-out city and I suffered from acute symptoms of radiation exposure, including a high fever, bleeding from my gums, dreadful diarrhea,
vomiting, purple spots that covered my body, and hair loss. It was a miracle that I again survived.
Since that time, right up to today, I have suffered from a series of illnesses and I have never enjoyed a single day of fine health.
Among the many illnesses, one has been particularly difficult. The symptom of this “A-bomb disease” is unbearable fatigue. I begged my doctor to make me feel fresh and light again, if only for a
day, if only for an hour, but it did not happen. When I went to sleep at night, I prayed to God: “Don’t let me wake up tomorrow.”
All this poor health was caused by internal exposure to the bomb’s radiation. Once radioactive materials are ingested in the body through contaminated water, food, or air, these substances
continue to be radioactive without end, destroying the body’s cells and damaging genes. This is a lifelong fate.
I did not know until my recent visit to Hiroshima that the substance called “Cesium,” which has been a familiar talking point of the media these days, damages the muscles and induces the awful
“A-bomb disease.”
People who were doused by the black rain or entered the city to aid the relief efforts or search for the missing all became victims of internal exposure. And beyond the A-bomb survivors, those
who have suffered nuclear tests or accidents at nuclear power plants are also victims of internal exposure to radiation.
Information about internal exposure to radiation has been hidden from the public for a long time. Since the accident at the Fukushima nuclear plant, the expression “internal exposure to
radiation” is finally being uttered, but no detailed explanations have been forthcoming. Revealing such information will make it difficult for the government to continue pursuing nuclear
energy
Nuclear energy had once been praised as “clean energy,” even “ideal energy,” but this enthusiasm cooled somewhat after the accidents at the nuclear power plants at Chernobyl and Three Mile
Island. In recent years, however, many nations have been constructing nuclear power plants and the age has been dubbed a “renaissance” of nuclear energy. As I watched this phenomenon unfold, I
couldn’t help but feel that one day, not far in the future, there would undoubtedly be another accident at a nuclear power plant somewhere in the world.
That accident has occurred in my own country, and the crippled nuclear plant is now continuously leaking a large volume of radioactive materials into the environment. There is no foolproof way to
stop it, and no end to the crisis is in sight. In the small nation of Japan, which suffers from frequent earthquakes, more than 50 nuclear reactors have been built. These nuclear reactors loom
mainly in depopulated areas, on sites within active earthquake zones.
The Great Eastern Japan Earthquake has compromised the six reactors at the nuclear power plant in Fukushima. Experts warn that further earthquakes of this magnitude—earthquakes that will strike
in the vicinity of other nuclear power plants—will occur with 100% certainty in the none-too-distant future.
To the people of Japan, I ask: Will we simply accept the fact that Japan, the A-bombed nation, ultimately brings about a catastrophe of worldwide radiation exposure?
Time is of the essence. We must work together to halt the nuclear power plants now in operation. People of the world, join hands and speak out to stop the construction of any additional nuclear
power plants, speak out to shut down every nuclear power plant on earth.
As an A-bomb survivor, I have long been opposed to nuclear energy in Japan and internationally. This is because I have feared not only nuclear bombs, but also the possibility that one day nuclear
energy would destroy all life on the planet. Even operable nuclear power plants are continuously releasing small amounts of radioactive materials into the environment, contaminating the soil, the
sea, and the sky. The danger of these small amounts of radioactive materials is being concealed, too.
Human beings are not the only living things. Is it not arrogance for human beings to sacrifice other living things simply for our own benefit? Would it not be wiser for human beings to seek
harmony with nature? Humanity in the 20th and 21st centuries is offered only a moment in the long history of our species. That brief moment has been bequeathed by our ancestors, which we, in
turn, bequeath to our descendants.
Like the A-bomb survivors, and the sufferers of nuclear tests and nuclear power plant accidents, the victims of the accident at the Fukushima nuclear power plant will face suffering throughout
their lives. The people displaced by the multiple disasters in eastern Japan are braving difficult days in shelters. But even amid such conditions, the children retain their innocence and hope
and I am moved and find hope in them.
Radiation is especially damaging to children and their growth. Nevertheless, the Japanese government and electric power companies say they will persist in the construction of more nuclear power
plants in Japan, in this small nation continually shaken by earthquakes.
Radiation respects no border. To save our children, the future of our species, I call on the people of Japan, and the people of the world, to stand together and oppose the continuation of nuclear
energy.
(source des textes japonais et anglais :
http://ameblo.jp/hibakushaglobal/entry-10902685850.html)