J’ai eu mal aux oreilles ce matin en écoutant, sur les ondes de France-Inter, notre nouveau président de la république française. Il s’était déplacé hier au sommet de Rio+20 pour faire un discours dont voici un extrait :
« Personne ne peut gagner seul contre les autres la grande bataille de l'environnement. Ou nous la gagnerons ensemble, ou nous la perdrons ensemble.
Etre un responsable public utile, c'est d'être capable de parler au nom de la planète et de préparer l'avenir. Nous sommes tous conscients ici, et je ne vous apprendrai rien, que nous sommes mortels, mais notre dignité d'homme et de femme, c'est de permettre à d'autres de vivre après nous et mieux que nous. »
D’abord on préfèrerait qu’il parle en notre nom plutôt qu’au nom de la planète, parce qu’une fois notre espèce disparue, la planète continuera à exister sans peine. Le problème, ce n’est pas la planète, c’est l’homme.
Ensuite, la « grande bataille de l’environnement », elle se trouve actuellement à Fukushima : une malheureuse secousse un peu trop forte risque de faire basculer notre monde dans un enfer radioactif mondial. La priorité devrait être là pour tous les chefs d’états : éviter que cet évènement n'arrive. Toutes les intelligences devraient se concentrer sur la manière la plus efficace et la plus rapide pour récupérer le combustible des piscines menaçantes de Fukushima Daiichi.
Mais au lieu de tout faire pour sortir de cette crise sans précédent, notre nouveau président a fait acte d’allégeance à Areva dès le 12 juin 2012 en se prononçant pour une accélération de la mise en exploitation de la future mine géante d’uranium d’Imouraren (Niger), prévue fin 2013 :
« Si ça peut aller plus vite, nous y sommes favorables. Tout ce qui peut être fait pour le développement, pour l’activité économique doit être réalisé dans les meilleurs délais ».
Double langage. D’un côté on promet aux Nigériens un avenir pollué, et de l’autre on fait des beaux discours sur l’environnement. D’un côté on favorise l’énergie nucléaire partout dans le monde avec le plutonium d’Areva, et de l’autre on clame qu’on aimerait « permettre à d'autres de vivre après nous et mieux que nous » !
Pourtant, l’énergie nucléaire, c’est exactement l’inverse : cette énergie égoïste permet de donner de l’électricité à quelques humains durant quelques dizaines d’années et condamne toutes les générations futures à l’empoisonnement durant des milliers d’années.
Oui, toutes les centrales nucléaires produisent du plutonium. Oui le MOX fabriqué par Areva contient du plutonium. Oui, l’unité n°3 de Fukushima Daiichi fonctionnait au MOX. Oui, elle a explosé le 14 mars 2011. Oui, le Japon est contaminé. Non les enfants ne sont pas évacués, ils portent des dosimètres. Oui, l’Europe est contaminée par l’explosion de Tchernobyl en 1986. Non les enfants d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie ne portent pas de dosimètres. Oui, ils sont 80% à ne plus être en bonne santé. Non, les responsables ne sont jamais inquiétés. Oui, les enfants ont plus de leucémies s’ils vivent près des centrales nucléaires. Non la centrale de Fessenheim n’est pas encore fermée. Oui, j’ai mal aux oreilles !