17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 11:05

 

reacteurs-3-et-4-de-Fukushima-16-mars-2011.jpgLe texte Une pétrification foudroyante a été écrit par Michel Tibon-Cornillot à la demande d’une revue franco-japonaise installée à Tokyo. Celle-ci voulait créer un numéro spécial consacré au séisme et tsunami de mars 2011 et pour cela, a mis en place une pré-sélection des auteurs contactés en leur demandant le thème choisi, une introduction et le plan de l'éventuel article. Une fois accepté par cette première sélection, le texte de Michel Tibon-Cornillot fut envoyé à la rédaction de la revue, début décembre 2011. Trois mois après, la rédaction de la revue décida de ne pas le publier.

 

Décembre 2011, janvier 2012 ! février 2012 ! Au cours de ces trois mois, se sont mises en place les tentatives de re-normalisation lancées par la société Tepco, autour du contexte "surréaliste" des arrêts à froid. Cette relecture « euphémique »  de la catastrophe qui avait des sources politiques a probablement eu un impact sur le comité de direction de la revue franco-japonaise qui est liée, entre autres, aux institutions officielles, et du Japon, et de la France. Fallait-il prendre en compte les réticences des pouvoirs publics ? Y avait-il des menaces concernant d'éventuelles subventions? Autant de suppositions. Mais une seule certitude, refuser le texte Une pétrification foudroyante, sans doute trop inquiétant !

 

Michel Tibon-Cornillot n’a pas souhaité que l’on enterre son travail de la sorte. Aujourd’hui, il a choisi d’éditer son article dans le blog de Fukushima, et c’est un grand honneur de l’accueillir dans nos colonnes.

 

 

 

-oOo- 

 

 

 

Une pétrification foudroyante 

le temps d’après la collision Fukushima

 

par Michel Tibon-Cornillot, ehess

 

 

Version pdf téléchargeable (610 Ko)

 

 

 couvercle-copie-1.jpgAffalée sur la plage en bord de mer, l’ex-centrale de Fukushima rassemble sur son aire une multitude de pièces arrachées, parfois énormes, de flaques d’huile, d’eau polluée, souvent radioactive, de mazout, de bâtiments d’entretien, de réfrigération, laissés à l’abandon ; cet ensemble désolé pourrait ressembler à une sorte de  « zone » sous-industrielle des suburbs contemporaines, mais cette image s’évanouit de suite face à la vision des quatre énormes réacteurs ruinés, ces sortes de dragons  blessés, crachant de toute part leurs feux et leurs particules venimeuses. Entre séisme et tsunami, se sont manifestées des énergies telluriques et océaniques bien plus puissantes que les dispositifs techniques humains : les ondes sismiques ont fissuré les socles de béton les plus épais, les murs de soutien les mieux armés. Les flots ont envahi l’ensemble du site, noyé les pare-feux, éteint les réfrigérations ; ils sont rentrés dans les sous-sols ainsi que dans toutes les structures non étanches ou souterraines. En se retirant enfin, la mer a emmené et éparpillé des milliers de tonnes de débris lourdement contaminés.

    Les images, les sons, les commentaires de ces événements, se sont immédiatement coagulés puis satellisés et diffusés mondialement en innombrables facettes qui réitèrent indéfiniment des traumatismes bien réels, sans qu’on puisse les distinguer des effets spéciaux numérisés des films-catastrophes contemporains. Malgré le flux ininterrompu des informations, les questions essentielles demeurent : que s’est-il réellement passé ? Comment faut-il lire, voir et interpréter les séquences-paniques interminablement reproduites devant nous? C’est ce travail de relecture qu’il faut mettre en œuvre de façon à sortir ces événements de la banalité et de la monotonie produite par la répétition technique des mêmes images et des mêmes commentaires. Il est urgent de faire une estimation de la dangerosité technique, historique, sociale et planétaire qui s’est installée dans l’ex-centrale de Fukushima; elle concerne tous les japonais et tous les humains.

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188984272.jpg1.   Le choc des Titans  

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     1.1. Des échelles énergétiques démesurées 

     Une lecture attentive fait apparaître des lignes de force qu’il s’agit d’expliciter ; l’une d’entre elles s’impose de suite et concerne la présente confrontation entre des entités appartenant à des registres et structures aussi différents que des appareillages techniques humains et des phénomènes telluriques. Sur le champ clos de la centrale de Fukushima, sont entrées en collision ces deux acteurs du « drame » :

- d’une part, des filières techniques nucléaires mettant en scène des machineries titanesques chargées de contrôler des énergies atomiques afin qu’elles ne puissent sortir de leurs enceintes tout en conservant et contrôlant leur puissance thermique de manière à ce que la chaleur transforme l’eau en vapeur. Cette vapeur elle-même, par l’intermédiaire de turbines permet de faire tourner des alternateurs produisant des courants électriques. C’est l’ensemble de ce processus mise en œuvre dans des machines-cathédrales qui permet de brider et de collecter par des câbles à très haute tension (THT) l’énergie électrique issue du nucléaire ;

- et d’autre part, des phénomènes tectoniques provoquant aléatoirement des déformations des couches géologiques qui sont à l’origine des séismes et des raz-de-marée. L’apparition de ces phénomènes développe des énergies et des mouvements dont les intensités et les grandeurs sont hors échelle humaine. Il faut sans doute en chercher les estimations dans des considérations d’ordre géologique et planétaire concernant les mouvements de subduction d’une plaque tectonique sur l’autre.

     L’analyse de « la collision de Fukushima [1] » et de ses effets accidentels fait ressortir le caractère unique et complexe de l’événement dont on ne retrouve aucun des caractères, ni dans l’accident de Three Mile Island, ni dans celui de Tchernobyl. Dans le cas de l’ex-centrale, la non-intentionnalité des événements sismiques et du tsunami vient déborder, écraser la bonne marche des réacteurs nucléaires sans pourtant que ces derniers s’éteignent, bien au contraire.

 

     1.2. Les parentés titanesques des  deux acteurs

     L’une des interprétations spontanées concernant la collision de Fukushima tend à « sauver » les acteurs humains, et surtout les sciences et les techniques qu’ils servent, en  leur retirant la responsabilité de l’accident. Il s’agit de reporter l’ensemble des contraintes, des dangers et des destructions concernant la centrale de Fukushima sur le surgissement stochastique des phénomènes telluriques et océaniques. Dans la mesure où l’on ne saurait rendre responsable un phénomène naturel, il devient difficile d’attribuer une responsabilité de l’accident  aux pauvres hommes surpris par des événements si imprévisibles.

     Cette tentative de sauvetage anthropocentrique ne correspond pas aux caractéristiques les plus élémentaires de la « collision Fukushima ». Bien au contraire, la responsabilité de l’espèce humaine est totalement engagée dans cet événement, d’une part à cause des impasses de la techno-science moderne fondée sur le réductionnisme spatio-temporel inauguré par la pensée cartésienne, et d’autre part la recherche interminable des « bassins » d’énergie et de domination [2] en vue de la rentabilisation.

     Une lecture attentive de certains mythes grecs peut nous apporter un éclairage intéressant, particulièrement à propos du rôle attribué aux Titans, et plus précisément, à l’un d’entre eux, Prométhée.

     Faut-il rappeler que la cosmogonie grecque n'est pas fondée sur la souveraine bonté de Dieu mais sur une série de meurtres, castrations et dévorations constitutives de la Formation du monde.

     Tout commence avec Cronos, le Titan, qui a castré son père, Ouranos, le ciel qui, allongé sur Gaia, la terre, interdisait la montée de ses enfants vers la lumière. " Cet acte aura des conséquences cosmiques décisives. Il éloigne le Ciel de la Terre et permet aux Titans qui sont les premiers dieux, les ouranides, de s’installer sur les montagnes de la terre [3]. ».

     Cronos, devenu roi à son tour, avait pris l’habitude de dévorer ses enfants de façon à ce qu’ils ne le détrônent pas par des méthodes aussi violentes que celles  utilisées par lui contre son père. Les récits des mythes grecs décrivent alors les ruses qui permettront à Zeus, le premier des Olympiens, d’échapper à la dévoration par son père, Cronos. Ces récit relatent aussi la guerre des Titans contre les Olympiens et la victoire de ces derniers sur la première génération des dieux ouranides. Au prix de combats qui détruisirent les montagnes, les fleuves et qui ramenèrent la terre vers une nouvelle sorte de chaos, « les titans sont précipités au sol. Zeus les fait chuter sous les coups de fouet de sa foudre...Ils tombent à terre et les cents-bras précipitent sur eux une montagne d’énormes pierres sous lesquels les titans ne peuvent plus bouger…Les Titans qui ne peuvent être tués puisqu’ils sont immortels, sont renvoyés au Chaos souterrain, dans le tartare brumeux où rien n’est distinct [4]».

      Les Titans sont initiés aux secrets les plus profonds de leur mère Gaia, la terre. Ce sont eux qui incarnent les forces colossales mises en œuvre pour sa fabrication et, bien qu’ils soient prisonniers des parties inférieures du monde, ils manifestent leur présence et leur puissance par des tremblements de terre, par des éruptions et des raz-de-marée. Ainsi peut-on relier les éléments mythologiques de la naissance et de la chute des titans avec des manifestations de phénomènes telluriques et océaniques.

     Est-il possible de retracer une telle généalogie mythologique à propos des fabrications techniques de l’espèce humaine ? Existe-t-il des parentés, au moins d’ordre analogique, entre les Titans et les dispositifs techniques, entre autre ceux des centrales nucléaires ?

     Il faut évoquer à ce propos l’un des personnages centraux de la mythologie grecque, Prométhée le roublard. Les récits rapportent qu’il est « le créateur de la race humaine [5] ». Prométhée était célèbre pour son intelligence et Athéna qui le respectait lui enseigna l’astronomie, l’architecture et les mathématiques. Lors d’une querelle entre lui et Zeus, il comprit que ce dernier voulait retirer le feu aux hommes, ces pauvres mortels : « Qu’ils mangent donc leur viande crue , avait ajouté Zeus [6]».

     Prométhée décide de voler le feu en entrant dans l’Olympe avec l’aide d’Athéna. Il se procure une semence du feu de Zeus qu’il cache dans une feuille de fenouil ; il redescend du ciel sans se faire remarquer et donne le feu aux hommes. Ceux-ci peuvent de nouveau faire cuire leurs viandes et commencent aussi à fabriquer des outils et des objets artificiels.

     Très irrité contre Prométhée, Zeus jure de se venger et le fait enchaîner sur une montagne du Caucase où un vautour affamé lui dévorait le foie toute la journée, du début à la fin de l’année.

     A travers de nombreux développements poétiques et philosophiques, Prométhée, le Titan rusé, est devenu une sorte de personnage tutélaire, le père des hommes. Mais il a pris aussi une consistance toute particulière dans le contexte de la formation des sciences et des techniques contemporaines « car le feu est vraiment la marque de la culture humaine. Ce feu prométhéen, dérobé par ruse est bien un feu technique, une procédure intellectuelle qui démarque les hommes des bêtes [7] ». A l’intérieur du mythe lui-même, il est indiqué que ce père des humains est aussi un Titan, connaisseur des secrets les plus intimes de la terre, un Titan roublard, plein de ruse et en cela, un rival sans pareil de Zeus.

 

     1.3. Forer jusqu’à la trame de la matière et domestiquer la source des énergies

     Le mythe de Prométhée s’est trouvé au cœur des réflexions portant sur le thème des progrès et des dangers des sciences et des techniques modernes. Quels sont alors  les chemins qui ont permis ces rapprochements entre un personnage mythique et les sciences modernes?

     Dans son ouvrage Règles pour la direction de l’esprit [8], René Descartes proposait de décomposer en propositions simples celles qui étaient manifestement trop complexes et de partir à la recherche de celles qui pouvaient être les propositions les plus fondamentales. Il fallait selon lui procéder de cette manière dans le champ intellectuel. Dans la suite de son œuvre il généralisa sa méthode inspirée de l’arithmétique et de la géométrie à l’ensemble des pratiques professionnelles et privées, que ces pratiques soient médicales, architecturales ou optiques.  

     La méthode cartésienne généralisant à toutes les opérations intellectuelles, les principes de décomposition en éléments simples, fondamentaux, et recompositions en structures complexes, propres aux mathématiques, a eu et a encore une influence fondamentale sur la pensée scientifique. Le mouvement du raisonnement déductif s'enracine dans ce processus de décomposition-reconstruction. C'est aussi la méthode analytique en général qui s'exprime ainsi pour la première fois avec une telle précision.

     Ce mouvement de la pensée qui se confond avec celui de l'analyse a suscité un mouvement de recherche en physique vers lequel converge la mise en place des interprétations théoriques de la matière qui permettra leur quantification, leur mathématisation ainsi que la localisation de ces entités abstraites dans des particules et molécules qui en sont le support. L'application de ce réductionnisme de méthode, caractéristique du mouvement de l'analyse, s'est donc accompagnée d'une série de réductions partant de la matière initiale complexe et brut, et se dirigeant vers des structures de plus en plus fondamentales, celles que l’on retrouve dans la physique moléculaire.

     Les termes de forage réductionniste expriment bien la dynamique de la recherche des constituants les plus primitifs de la matière. Il s’agit en effet d’une sorte de travail souterrain et symbolique pour accéder à des formes mathématiques capables de condenser un faisceau de phénomènes divers. Mais la détection de ces structures, élaborées mathématiquement, n’épuise pas le mouvement du forage. Il s’agit aussi de repérer dans le monde « réel » la présence de ces éléments fondamentaux en passant par des appareils de détection spécialisés (accélérateurs, synchrotrons).

     Ce travail de forage évoque un mouvement vers le bas, vers les profondeurs de la trame du monde, là où se forge la matière elle-même et où se concentre l’énergie. Sans aller plus avant dans la description détaillée de ce mouvement, chacun sent bien qu’il y a dans cette concentration et cette descente vers les forces telluriques, un aspect fidèlement et explicitement titanesque.

     Il faut enfin se rappeler que l’énergie thermique des centrales nucléaires est produite à partir  de dégradations et alliages de métaux lourds, le plutonium 239 et l’uranium 235, entités qui n’existaient qu’à l’état de traces infimes sur la terre. Ces métaux ont été obtenus par des opérations chimiques et métallurgiques menées depuis 1940. Cette remarque renforce encore l’engagement titanesque de l’espèce humaine dans sa volonté de produire des bombes atomiques puis des centrales nucléaires, engagement qui l’amène à purifier des métaux lourds de façon à leur faire cracher des énergies thermiques.

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unite-3-110316_1f_sora_1.jpg2. Une collision transhistorique     

 

     2.1. La planète-laboratoire ou la reconstruction du monde   

     La collision Fukushima est plus étrange qu’il n’y paraît et paradoxalement cette étrangeté se trouve du côté des techniques humaines. La création d’une centrale nucléaire est en effet l’aboutissement de procédures de reconstruction du « réel phénoménal » en fonction de représentations physico-mathématiques qui sont longtemps restés abstraites ou soumises à des expériences de pensée (Gedankexperimenten).

     Les objets de cette physique lourdement mathématisée ne pouvaient trouver un statut de véracité en eux-mêmes ; il fallait les faire entrer dans le monde et pour cela, fabriquer des instruments capables de les détecter. Et en effet, ces particules sont apparues indirectement dans des détecteurs tels que des films ultrasensibles, des chambres à bulles ; on a pu progressivement accélérer leur vitesse, les collisionner entre elles, établir des généalogies, tout cela grâce à d’énormes machines-laboratoire, telles que l’ensemble des installations du CERN à Genève.

     Chacun voit bien qu’entre l’écriture des équations complexes aboutissant à la possibilité mathématique d’un élément constitutif fondamental de la matière et sa détection dans le « réel », s’est intercalé l’ensemble des innombrables filières techniques qui ont été convoquées à participer à la construction des machines-laboratoires. Quel est alors le statut de « réalité » de ces particules ? Jusqu’où peut-on leur accorder un statut d’objet ou faut-il leur conserver la part de fiction formelle qu’elles avaient au départ ? Mais alors quel est le statut des machines colossales qui ont été financées par dizaines de milliard pour les faire advenir au monde ?

      Autant de questions qui peuvent sembler embarrassantes mais qui ne se posent plus si l’on comprend que l’espèce humaine, dans sa version occidentale, s’est donnée pour tâche de reconstruire le monde. Une centrale nucléaire n’existe que comme concrétion, hypostase, du grand projet titanesque de reconstruire un autre monde ; elle en est à double titre l’émissaire :

- en tant que machine-laboratoire où peut apparaître une nouvelle source thermique,

- en tant que container et dépositaire de métaux lourds radioactifs advenus sur la terre grâce aux savoir-faire humains, métaux sans lesquels ces centrales n’existeraient pas.      

 

     2.2. La collision Fukushima et ses dimensions temporelles    

      Il s’agit d’une situation très nouvelle qui met en scène des conflits entre des dispositifs techniques intégrés dans les trames historiques humaines et des manifestations telluriques extra-humaines. Les temporalités de ces deux types d’événements si étrangers l’un à l’autre, l’un relevant de l’histoire des hommes, et l’autre surgissant des plages immenses des déroulements géologiques, ne devaient permettre aucune interaction temporelle. Des événements remarquables se sont pourtant passés au cours desquels ces deux types de temporalités incomparables se sont enchevêtrés.

      Initialement, la centrale de Fukushima se déployait dans un espace délimité et selon des rythmes temporels très serrés imposés par des contrôles et des suivis en température, en radioactivité, des changements de matériel et de personnels, de multiples entretiens des machines, etc. Ce premier niveau instrumental de temporalité s’inscrivait aussi dans un autre régime du temps organisé de façon finalisée, ce temps nommé histoire. L’ensemble de la temporalité instrumentale pouvait être revisité en tant qu’étape historique permettant de réaliser l’indépendance énergétique du Japon et de prolonger sa longévité.

      Il se trouve que la collision Fukushima a ouvert d’autres horizons temporels, que ce soit à propos des phénomènes tectoniques mais surtout en ce qui concerne des dispositifs techniques humains.

      L’irruption des phénomènes telluriques a entraîné l’arrêt immédiat de la centrale de Fukushima puis l’enclenchement d’une séquence temporelle ultra-rapide menant à l’explosion du réacteur 1. Il faut lire dans ce moment séparant l’état de marche de la centrale et celui de son arrêt un moment temporel critique où le nano-instant d’une seconde du temps de l’horloge  est aussi le temps compressé des modifications radicales de la centrale. C’est dans ce pur instant que la centrale a changé d’état, a subi une mutation et est devenue l’ex-centrale de Fukushima.

     L’ex-centrale a quitté le champ de l’histoire, à double titre, en tant qu’histoire des techniques contemporaines et histoire de l’indépendance énergétique du Japon. L’ex-centrale est sortie du temps de l’histoire mais a-t-elle retrouvé son temps instrumental ?

     Quel est donc le type de temporalité que maintient la centrale ? Ce ne peut plus être la temporalité instrumentale évoqué plus haut, celle de l’entretien et du fonctionnement, puisqu’il n’y  a plus rien à entretenir ni à faire fonctionner. 

     Il faut alors se rappeler que l’ex-centrale, non seulement est incapable de produire de l’électricité mais qu’elle a perdu sa propriété fondamentale, le confinement des matériaux radioactifs. Ceux-ci sont évacués en permanence vers l’extérieur, dans l’atmosphère, l’océan et la terre, par ruissellement ou par dépôt.

     Une autre temporalité s’est donc mise en place dans l’ex-centrale de Fukushima, celle des isotopes radioactifs qui, de l’intérieur du corium [9] sont expulsés vers le monde extérieur. La durée de radioactivité d’un certain nombre de radio-nucléotides est sans commune mesure avec les échelles de temps de la vie humaine. Ainsi peut-on noter entre autres que l’uranium 238 a une demi-vie de 4,5 milliards d’années, l’uranium 234, 250000 ans ; le plutonium 239 a une demi-vie de 24000 ans.

     Il faut accepter cette désolante conclusion selon laquelle la collision Fukushima a non seulement fait sortir l’ex-centrale du temps de l’histoire mais l’a fait sortir du temps.  C’est en cela que cette collision est exemplaire car elle présente devant tous, dans un espace bien délimité, au Japon, sur la plage de la centrale de Fukushima, le 11 mars 2011 à 16 heures, le point terminal de la culture occidentale, la fin du temps de la modernité tardive.

 

reacteurs 3 et43. Une pétrification foudroyante : le nouveau statut de l’ex-centrale 

 

     L’intensité de la collision Fukushima a provoqué l’arrêt définitif de la centrale et au même moment, la disparition immédiate de ses temporalité instrumentales et historiques. Mais quelque chose d’autre s’est mise en place que révèle l’examen attentif des ci-devant réacteurs 1, 2 et 3, ruines silencieuses, inatteignables, et pourtant animés d’une activité nouvelle menée tambour battant par la masse des 250 tonnes de corium incandescents qui après avoir percée la dernière enceinte d’acier, s’est répandue sur les socles  et murs en béton de plusieurs mètres d’épaisseur, dernier rempart avant les rochers et les accès à la nappe phréatique et l’océan.

     Le réacteur 4, à l'arrêt au moment du séisme, fut ébranlé par les mouvements terrestres et par une explosion qui l'a quasi ruiné. Par ailleurs, ce réacteur contient une piscine de désactivation comprenant 1535 assemblages de combustible soit 2,8 fois plus que dans le réacteur habituellement. Ces barres doivent être refroidies par de l'eau sinon l'ensemble monterait immédiatement en température. Cette piscine est au bord de l'un des murs d'enceinte qui est fragilisé depuis le séisme. Si cette eau venait à manquer, les barres se mettraient très vite à fondre...et/ou si l'effondrement du mur et de la chute des barres sur le sol avait lieu, tous les spécialistes considèrent qu'alors l'évacuation de Tokyo et de sa région devrait être immédiatement engagée, étant donné l'état dramatique de la radioactivité [10].

     Sous la pression de la vitesse et de l’accélération des procédures de fabrication caractérisant les sociétés industrielles, de nombreux acteurs techniques comprennent que des prises de risque considérables « peuvent entraîner des accidents et provoquer des paralysies de systèmes entiers ainsi qu’on peut le voir dans les pannes de serveur dans un réseau informatique  ou dans l’arrêt forcé d’une centrale nucléaire [11] ». Face à des remaniements accélérés de la nature, ces acteurs peuvent basculer vers une inertie paralysante. « La pétrification apparaît donc bien comme un principe complémentaire inhérent à l’accélération sociale…[12] ».

     De façon plus générale, on peut exposer de cette manière les caractéristiques de l’expérience moderne du temps : « Dans les concepts d’accélération et de pétrification qui caractérise l’expérience moderne du temps, les principes atemporels du mouvement et de la permanence semblent eux-mêmes une fois de plus, dynamisés [13] ». Ces bouleversements remettent en cause l’unité fondamentale du sens du passé, du présent et de l’avenir et sont accompagnés de la perception simultanée de hauts rythmes de transformations en surface, recouvrant une pétrification plus profonde.

     Il faut retenir de ces remarques sur la modernité tardive, la nôtre, que cette coexistence en une même situation de son caractère frénétique et de son inertie la caractérise. C’est pourquoi il me semble possible de qualifier de façon condensée, sous les termes de pétrification foudroyante la description de l’ex-centrale de Fukushima.

     La lecture de la nouvelle réalité introduite par la collision Fukushima allie bien l’immobilité définitive de l’ex-centrale et l’agitation si inquiétante provoquée souterrainement par les 250 tonnes de corium. Cette pétrification renforce encore davantage l’angoisse liée à la reprise de nouvelles explosions.

     Les responsables qui sont actuellement chargés de maintenir les équilibres fragiles permettant de gérer les températures des réacteurs, l’expulsion des gaz, le suivi des dépôts extérieurs des poussières et gaz radioactif sont plongés dans une situation qui ressemble à bien des égards aux caractéristiques temporelles des scénarios décrits plus hauts. Ces hommes ne peuvent plus accorder leur attention au passé de l’ex-centrale, au temps de son fonctionnement : relu à la lumière d’un présent omnipotent, ce passé se transforme en regrets, en remords aussi, de ne pas avoir vu que le mur protecteur était trop bas, que les générateurs diesel auraient pu être installés plus haut. Le futur de l’ancienne centrale, quant à lui, est parti dans les limbes ; il ne reste alors que cette sorte de présent interminable dans lequel il n’est plus possible d’intervenir dans les réacteurs, dans lequel il faut attendre en espérant que tout cela va se stabiliser.

 

 

fcd0ea1a-4e02-11e0-88c5-518bfb963df44. Le déferlement des systèmes techniques

 

     Le thème de la collision Fukushima s’inscrit pleinement dans le cadre des recherches menées par nous depuis plus de dix ans à propos du déferlement des systèmes techniques contemporains. Ce travail avait du reste été présenté sous le titre «  Déferlement des techniques contemporaines – instabilité, disparition des sociétés industrielles » à Osaka, Université de Kansai en 2005 dans le cadre d’un colloque sur les techniques.

     Nous y avions décrit les origines de ce concept et montré que la question centrale des techniques contemporaines n’est pas celle de leur régulation mais celle de leur déferlement, de leurs effets incontrôlables. Ces multiples expressions du déferlement peuvent être conçus comme autant de manifestations d’une source de puissance encore inconnue de nous dont  la trace laissée dans des domaines spécifiques devient observable, à la manière du ressac déferlant sur des rochers qui manifeste la puissance invisible de la houle.

     Dans le présent texte, nous avons voulu mener des recherches en amont du concept de déferlement. C’est alors que nous avons pris conscience de l’importance de ce qui s’est passé à Fukushima, à la fois pour le peuple japonais mais bien évidemment pour l’ensemble des peuples. En amont des traces du déferlement, nous pensons avoir détecté une situation très particulière qui nous paraît pouvoir jouer le rôle de révélateur des modifications des structures du temps.

    

 



[1]. Nous proposons d’accoler ces deux termes pour en décrire l’apparition et surtout la spécificité, ainsi parlera-t-on de la collision Fukushima en la mettant en résonance symbolique avec le grand collisionneur de hadrons (le LHC) du CERN

 

[2]. A propos de ces deux aspects, le texte de Heidegger, La question de la technique, in Essais et conférences, éditions Gallimard, Paris, 1958, pp. 9-48.

 

[3]. M. Détienne et J.P. Vernant, Les ruses de l’intelligence, la mètis des grecs, Ibid., p.69

 

[4].J.P . Vernant, L’Univers, les dieux, les hommes, éditions du Seuil, Paris, 1999, p.38.

 

[5]. R. Graves, Les mythes grecs, Librairie Fayard, Paris, 1967, p. 234.

 

[6]. Hésiode, Théogonie, coll. GF, éditeur Flammarion, Paris, 2001, 521-564.

 

[7]. J.P. Vernant, L’Univers, les dieux, les hommes, Ibid., p.77.

 

[8]. R. Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, traduction et notes par Sirven, Librairie Vrin, Paris, 1959.

 

[9]. « Le corium est un mélange de différents éléments - et non pas seulement du combustible comme on le croit souvent - qui ont fondu dans la cuve d'un réacteur nucléaire généralement à la suite d'un accident de criticité ("surchauffe"). » in http://www.gen4.fr/blog/2011/07/le-corium-les-bases-techniques.html   

 

[10]. Sur tout cela, on peut regarder la vidéo suivante : Fukushima - Dr. Koide, si la piscine de l'unité 4 fuit, c'est la fin. Vidéo du 08.03.2012 sur le site : http://www.youtube.com/watch?v=Mq6hDakOuOs&feature=relmfu

 

[11]. H. Rosa, Accélération – une critique sociale du temps, Ed. La découverte, Paris, 2010, P. 346.

 

[12]. H. Rosa, Ibid., P.346.

 

[13]. H. Rosa. Ibid., p. 339

 

 

 

 

mtcDSCF0656.JPGQui est Michel Tibon-Cornillot ?

Michel Tibon-Cornillot est anthropologue à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS). Auteur d'un ouvrage intitulé "Les corps transfigurés", sous-titré "mécanisation et imaginaire de la biologie" (2ème édition, éd. MF, coll. dehors, Paris, 2011) ainsi que d'un travail sur la diffusion de plus en plus rapide des résistances aux antibiotiques,  "Le triomphe des bactéries" (éditions Max Milo, Paris, 2006), il inscrit sa recherche à l'intersection de la philosophie et de la biologie, démontrant que la question centrale des techniques contemporaines n'est pas celle de leur régulation mais celle de leur déferlement incontrôlé. En 2005, il a présenté une conférence à l'université Kansaï à Osaka dont le titre était "Déferlement des techniques contemporaines - instabilité, disparition des sociétés industrielles". En tant que chercheur, il est connu pour ses prises de position contre les OGM et ses soutiens aux faucheurs volontaires.

Contact : tiboncor (a) ehess.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             

Texte de la conférence de Michel Tibon-Cornillot à Osaka en français, anglais et japonais

 

Déferlement des techniques contemporaines :

instabilité, disparition des sociétés industrielles

 

THE SURGE OF CONTEMPORARY TECHNIQUES

Instability, Disappearance of Industrial Societies

 

 現代技術の激波

~工業社会の不安定と消滅~

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

B
"Week end à Londres, à Roland Garros, au Puy du fou, à Eurodisney, à l'acrobranches de ceci, aux yourtes de cela...<br /> La "civilisation des loisirs" a réussi à mettre dans les têtes que les loisirs ne sont reussis qu'à la condition d'être mercantilisés."<br /> <br /> Oui, c'est exactement le constat qu'on peut faire à propos du hobby écologie à la Greenpeace et "Réseau Sortir du Nucléaire". Du moment que vous dépensez de l'argent, vous avez l'impression de<br /> "faire quelque chose", et surtout quelque chose de "petit" qu'il faut faire à "très nombreux", d'où l'idée de passer le message au voisin pour que la croissance soit au rendez-vous.<br /> <br /> Sur le "hobby écologie", j'ai déjà écrit ceci et je ne suis pas le seul :<br /> http://www.p-plum.fr/?Le-hobby-ecologie-ou-la-logique-d<br /> <br /> Quand au commentaire de Toscan, qui me place dans la catégorie des "ignorants", faisant ainsi de lui un "savant", et bien on voit bien où il veut en venir : à la domination actuelle de la société<br /> de la domination par le "savoir technique" qui suit celle de la domination par le "savoir religieux". Dans les deux cas, c'est la MEME CHOSE : de la domination.
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D
Les autoroutes sont avant tout un des éléments de la facilitation à l'extrême de la circulation de la marchandise. Elles sont sillonnées en tous sens, en tous lieux et à toutes heures par des 40<br /> tonnes chargés (ou vides, parce qu'il faut bien partir à vide)de marchandises souvent plus inutiles, voire nuisibles les unes que les autres.<br /> <br /> Sporadiquement (fin de semaine, vacances), s'y joignent en masse des automobiles dont les conducteurs ignorent qu'ils sont bien souvent marchandises vivantes participant aux flux de consommation<br /> :<br /> Week end à Londres, à Roland Garros, au Puy du fou, à Eurodisney, à l'acrobranches de ceci, aux yourtes de cela...<br /> <br /> La "civilisation des loisirs" a réussi à mettre dans les têtes que les loisirs ne sont reussis qu'à la condition d'être mercantilisés.<br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> Delphin
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B
Judicieuse remarque, Delphin. Autrefois, un facteur sociologique déterminant pour la prospérité des campagnes était la présence, ou non, de troupes débandées qui les ravageaient, même quand il n'y<br /> avait pas de guerres. Quant aux dragonnades... ma micro-région natale en garde encore aujourd'hui un souvenir cuisant.<br /> <br /> Quant aux routes, royales autrefois, autoroutes aujourd'hui, elles sont un élément majeur de la domination des "grands" sur des habitants qui la plupart du temps en sont plus gênés que favorisés<br /> (ne serait-ce que par l'emprise de plus en plus considérable de ces travaux sur la terre arable).
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D
Leroi-Gourhan, comme nombre de ses confrères, par la force des choses tout entiers accaparés par leur science, méconnaît la "sociophilosophie politique".<br /> <br /> Ce n'est pas tant l'homme en tant que tel qui est en cause, que la fraction dominante de toutes époques qui aliène la masse des gens qui n'en auraient pas demandé tant à leurs intérêts, pour<br /> accroître leur dominance. Dominants guerriers, puis religieux autrefois, dominants marchands actuellement.<br /> <br /> Si les (une partie importante) espagnols actuels se sont endettés massivement inconsidérément pour participer à une bulle de construction immobilière, c'est d'abord et avant tout parce qu'ils ont<br /> été "travaillés au corps" par les puissants lobbies qui tiraient les ficelles (idem subprimes USA).<br /> <br /> Si la classe moyenne chinoise se met à l'alimentation très carnée (comme nous, années 60), c'est parce qu'elle est subtilement manipulée par les lobbies internationaux de la viande et assemblages<br /> qui les persuadent d'un élément marqueur d'élévation sociale.<br /> <br /> Le rôle d'un vrai gouvernement serait de s'opposer à ces pratiques d'aliénation.<br /> <br /> Delphin<br /> <br /> etc.
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M
Sur le décalage (grandissant) entre homo sapiens et sa technique:<br /> "Il est difficile (…) de se faire l'idée d'un équilibre qui consisterait à augmenter indéfiniment le confort matériel d'individus indéfiniment plus nombreux. Les rapports entre production,<br /> consommation et matière laissent prévoir que l'homme consomme de mieux en mieux, mais de manière irrémédiable, sa propre substance, c'est-à-dire ce qui lui vient du milieu naturel. Dans l'état<br /> présent (…) le groupe déjà planétarisé n'a pas une forme différente de celle qu'offraient les petites sociétés mésopotamiennes d'il y a 4000 ans, c'est à dire (quelle que soit la formule politique)<br /> qu'une stricte hiérarchisation sociale, héréditaire ou sélective conditionne les individus dans des fonctions de plus en plus déterminées, que l'économie mondiale repose toujours sur l'exploitation<br /> de l'animal et du végétal, sans que d'énormes bouleversements se soient produits sinon à l'échelle des moyens techniques, que l'industrie, héritière de l'artisanat primordial, si elle a changé ses<br /> combustibles, repose toujours sur le métal."<br /> Plus loin:<br /> "Le groupe ethnique, la nation, remplace l'espèce, et l'homme, qui reste dans son corps un mammifère normal, se dédouble dans un organisme collectif aux possibilités pratiquement illimitées de<br /> cumul des innovations. Son économie reste celle d'un mammifère hautement prédateur même après le passage à l'agriculture et à l'élevage. A partir de ce point, l'organisme collectif devient<br /> prépondérant de manière de plus en plus impérative et l'homme devient l'instrument d'une ascension techno-économique à laquelle il prête ses idées et ses bras. De la sorte, la société humaine<br /> devient la principale consommatrice d'hommes, sous toutes les formes, par la violence ou le travail. L'homme y gagne d'assurer progressivement une prise de possession du monde naturel qui doit, si<br /> l'on projette dans le futur les termes techno-économiques de l'actuel, se terminer dans une victoire totale, la dernière poche de pétrole vidée pour cuire la dernière poignée d'herbe mangée avec le<br /> dernier rat. Une telle perspective est moins une utopie que la constatation des propriétés singulières de l'économie humaine, économie sur laquelle rien ne laisse entrevoir encore que l'homme<br /> zoologique, c'est-à-dire intelligent, ait un réel contrôle. Du moins a-t-on vu, en quelque vingt ans, l'idéal de consommation se doubler d'une certaine méfiance dans l'infaillibilité du<br /> déterminisme techno-économique."<br /> André Leroi-Gourhan, "Le Geste et la Parole", t.1, "Technique et langage", ch.VI, "Les symboles du langage", 1964 (oui, 1964!), Albin Michel.
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T
Ce matin suite à une très légère secousses, je me suis levé plus tôt, c’était déjà arrivé, il y a quelques années, ....ho pas bien grave quelques petites secousses.. ici il y en a de temps en temps<br /> en Bretagne, à Nantes, en France, heureusement nos centrales nucléaires sont sur "On risque rien on est français, produit top super sécurisé, ça n arrive qu aux autres....<br /> Du coup 3 h du mat je me connecte et par curiosité je cherche sur le net "tremblement de terre à Nantes" et j'en référence quelques un depuis 1150. de 4 a 5 sur l’échelle de Richter, et puis je<br /> tombe sur ce blog et sur cet article à propos de Fukushima, article qui devrait être en première page de certains magazines ou journaux tellement il est clair, simple à comprendre et d'une grande<br /> lucidité<br /> Encore merci à l'auteur de ce blog et aux bénévoles qui font passer les infos<br /> Toscan de Nantes<br /> <br /> ps Certe il est difficile pour certains (comme l'autre.... heu je ne sais comment le nommer... celui là... doit avoir un problème de neurones, le monsieur anti tout)de comprendre la portée des<br /> propos de Michel Tibont Cornillon, mais il ne faut pas vous inquiéter, la culture et le savoir sont à la porté de la majorité du peuple et si cela vous dérange essayez l'ignorance monsieur F<br /> Boutet<br /> Quand à votre citation de René Char sachez que celui ci le fameux "Capitaine Alexandre" n'était pas contre les intellectuels mais plutôt pour et que le poème cité "qu'il vive" n'a rien à voir avec<br /> " l'accès au "savoir"" comme vous le dites plus haut, revoyez vos classiques (voir cour de français en troisième "Les Poètes de la résistance"
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F
@Robert<br /> Greenpeace s'occupe de recentrer le débat sur "la sécurité" en survolant les centrales en ULM. C'est le folklore habituel des impuissants politiquement et qui veulent le rester.<br /> <br /> Ils n'auront jamais les "corones" de survoler les centrales en ULM avec marqué "Al Qaïda" à la place de "Greenpeace".
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R
Jusqu'où vont les ramifications des tentacules de la pieuvre nucléaire? Je me pose des questions: Greenpeace, si prompte à dénoncer les autorités japonaises sur le chapitre des baleines, que fait<br /> cette organisation pour Fukushima?
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B
"Voilà les réponses qu'on attend"... qui attend ces réponses ?<br /> <br /> Tous ceux qui ont une information à donner à propos du nucléaire sont bienvenus ici, si j'ai bien compris la démarche de Pierre Fétet. Critiquer la pertinence du contenu de leurs intervention avec<br /> de solides arguments serait une bonne idée. Apporter, en lieu et place, d'autres solutions, d'autres analyses, serait encore plus utile. Nous sommes tous embarqués sur cette galère, y compris ceux<br /> qui ne s'en rendent pas compte ou s'en désintéressent.<br /> <br /> Participer à des manifestations contre le nucléaire, ou d'autres réalisations stupides, polluantes, catastrophiques, comme le bébé chéri du premier ministre, l'aéroport de ND des Landes, voilà des<br /> démarches positives, à laquelle quand j'ai pu, j'ai participé. Par leur caractère spectaculaire, même si parfois le nombre de participants est moindre que prévu malheureusement, elles apportent un<br /> soubassement populaire aux réflexions de fond, et permettent une certaine visibilité médiatique, indispensable aujourd'hui.<br /> <br /> La tâche est immense, les tâcherons si peu nombreux !
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F
Je ne te demande pas d'en faire plus. Au contraire !<br /> J'exprime mon ressenti sur ces infos et puis voilà, c'est un peu trash mais je crois que les lecteurs sont assez avertis pour tirer eux-mêmes le bon grain de l'ivraie.<br /> <br /> Pourquoi tu te sens obligé d'y répondre ?<br /> Réponds au moins sur le fond alors :<br /> <br /> L'élection présidentielle a montré une fois de plus qu'il y a un parti unique en France : celui de la croissance et de la société nucléaire. Selon la définition qu'on donne aux lycéens qui étudient<br /> le XXè siècle, notre régime politique est donc un régime totalitaire.<br /> <br /> Pourquoi tu relais encore les appels des cogestionnaires du régime totalitaire : les "Réseau Sortir du Nucléaire", les EELV et consorts ? Voilà les réponses qu'on attend !
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P
Je suis vraiment attristé par tes commentaires Frédéric Boutet. Ce n’est pas la première fois que tu dénigres mes invités dans ce blog. Tu vas me répondre que ce ne sont pas des individus que tu<br /> vises mais le système… mais ce n’est pas vrai, tu t’attaques à chaque fois à des personnes.<br /> En fait, on a bien compris ton message : tous pourris ! sauf toi bien entendu. Personne ne veut de la société totalitaire que tu voudrais imposer au monde. Pour toi, il n’y a qu’une seule vérité :<br /> la tienne ! Les mots respect, tolérance, coopération sont étrangers à ton vocabulaire. Ce n’est pas comme ça que tu vas rassembler du monde autour de tes idées. Au final tu obtiendras un résultat<br /> inverse.<br /> <br /> Tu considères comme suspecte toute expression antinucléaire si elle ne correspond pas avec tes propres vues. D’après tes propres commentaires, tu n’es pas loin de penser que le blog de Fukushima<br /> est financé par Areva… tes analyses déraillent complètement ! Il faudra te faire à l’idée que chaque individu a le droit, dans notre société, de s’exprimer librement de la manière qu’il veut. Un<br /> jour j’ai eu envie de créer un blog et de dire mon ras le bol du nucléaire, ça ne va pas plus loin, arrête de délirer. C’est ma manière à moi d’être anti-nucléaire. Chacun son histoire, chacun son<br /> chemin, chacun son style.<br /> <br /> Tu n’as rien compris. Ici, ce blog, ce n’est pas un « petit comité », c’est du travail bénévole, c’est du partage de savoir. Le texte de Michel Tibon-Cornillot n’est pas « plus important que<br /> l’impression d’un citoyen lambda ». Du grand n’importe quoi, reviens en arrière et relis les appels des Japonais « lambda » que je n’ai eu de cesse de publier depuis 15 mois.<br /> <br /> Relis aussi l’objet de ce blog, et regarde la catégorie « Que faire ? », tu verras que j’ai déjà relayé 36 actions, pétitions, appels, manifestations ou assemblée générale en rapport avec<br /> Fukushima. Ce blog n’est pas un quotidien, je n’ai pas le temps. Ce blog essaie de rester dans le sujet de Fukushima, et je n’ai pas le temps de publier tout ce que je voudrais, car je te le<br /> rappelle encore une fois, c’est du travail entièrement bénévole fait en plus de mon boulot. Donc je n’ai pas les moyens de coller à l’actualité, et je n’ai pas l’intention de relayer toutes les<br /> actions antinucléaires du monde. Il y a d’autres sites pour cela.<br /> <br /> Enfin, si ce blog ne te convient pas, évite à l’avenir de te connecter ici, ça m’évitera de perdre du temps à répondre à tes commentaires haineux et moralisateurs.
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F
S'il s'agissait de survie Babelouest, ce blog parlerait des assemblées générales comme celle du Chefresne dans la manche.<br /> http://blip.tv/pylones/teaser-_appel-au-week-end-de-r%C3%A9sistance-anti-tht-6200304<br /> <br /> Il appelerait largement à interférer sur la société nucléaire maintenant. Il dirait que nous sommes dans un pays totalitaire, à parti unique : "le parti de la croissance et du nucléaire" sans aucun<br /> autre choix à l'élection présidentielle. Il dirait que SDN et EELV sont les cogestionnaires de cette société.<br /> <br /> En savoir plus sur Fukushima, certes, ça a un intérêt quand même, mais très largement secondaire par rapport à survivre ici. Parce que nous aussi on habite à Fukushima !<br /> <br /> La catastrophe nucléaire n'est que le révélateur de la société nucléaire. Dans cette société chaque jour est une catastrophe.<br /> <br /> En attendant que gen4 vous révèle son vrai visage : la GENERATION QUATRE. Le réacteur qui marche au Plutonium et au Sodium.
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B
@ Frédéric Boutet<br /> Ivresse du "savoir" ? Il s'agit là de survie. Sans doute n'êtes-vous là que comme le burlesque de service, au service justement de ceux qui ne veulent pas que le savoir, mais surtout ce qu'il<br /> implique, atteigne les "braves gens" qui votent, paient, et meurent aussi.
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F
Ah ces intellos...<br /> A force de les écouter vendre leurs salades et leurs position de "savants"...<br /> <br /> Avant, le pouvoir était sacré par le religieux. L'empereur était fait empereur par le pape.<br /> <br /> Aujourd'hui, c'est le "savoir" qui sacralise le pouvoir.<br /> <br /> Pour quelle raison le texte de ce monsieur serait-il plus important que l'impression d'un citoyen lambda sur Fukushima ? Il n'y en a aucune. Mais alors, ici, c'est de l'EHESS en veux-tu en voici.<br /> C'est du surdiplômé.<br /> <br /> Ah, la classe moyenne qui se regarde le nombril, les fossoyeurs de l'humanité entre 3000 et 6000 euros par mois qui se la pète en petit comité d'avoir accès au "savoir".<br /> <br /> René Char était bien plus subtil que moi. Alors je lui laisse le soin de conclure mon commentaire.<br /> -------<br /> <br /> "Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.<br /> La vérité attend l'aurore à côté d'une bougie. Le verre de fenêtre est négligé. Qu'importe à l'attentif.<br /> <br /> Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.<br /> Il n'y a pas d'ombre maigre sur la barque chavirée.<br /> Bonjour à peine est inconnu dans mon pays.<br /> On n'emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.<br /> <br /> Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays. Les branches sont libres de ne pas avoir de fruits.<br /> On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.<br /> Dans mon pays, on remercie."<br /> <br /> René Char "Qu'il vive" (1968)
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R
... Et bien sûr, c'est aussi notre peception de l'espace qu'il est urgent de repenser: car malgré les assurances du tristement célèbre Professeur Pellerin, les conséquences d'un accident nucléaire<br /> ne sont nullement circonscrites à l'intérieur de frontières nationales: toute activité dans ce domaine menace directement des voisins proches aussi bien que lointains, indépendamment de toute<br /> distance, voisins qui n'ont jamais été consultés avant le lancement des projets et qui ne recevront aucune compensation en cas d'accident.
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R
Fukushima, en effet, est plus qu'un défi lancé à l'humanité: c'est une sommation implacable: redéfinissez vos valeurs ou chutez dans le précipice que vous vous êtes creusé et que vous refusez de<br /> voir!<br /> Une réévaluation de notre perception du temps? Sans aucun doute! Il s'agit de sortir de la désastreuse myopie dans laquelle nous nous complaisons: qu'il s'agisse, pour le passé, du refus de<br /> considérer l'histoire géologique des sites choisis pour l'édification des centrales, pourtant chargée de clairs avertissements, ou bien, pour le futur, de l'irresponsable indifférence au bien-être<br /> et à la simple survie de nos descendants, en échange d'une thésaurisation éphémère. Le nucléaire n'est pas le seul domaine où cette remise en question s'impose. Le monde scientifique a doublement<br /> perdu sa dignité en créant d'abord, puis en cherchant à occulter ensuite Fukushima, et n'apparaît plus que comme un cartel de mandarins corrompus. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"<br /> et, on peut le dire, ruine tout court.
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R
Passionnant ! Je souhaite qu' Athéna fasse profiter de sa sagesse les veilleurs qui luttent contre les dérives actuelles des autorités. Le heurt des temps, que nous rappelons régulièrement, pèse<br /> sur notre combat quotidien. Pourrons-nous concilier le temps écourté des géophysiciens et le temps long dont nous avons besoin pour maîtriser les suites de la tragédie de Fukushima ? Ce choc<br /> s'ajoute à celui qu'analyse Michel Tibon - Cornillot.
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K
Bof.. Je pense que je ne suis pas arrivé à la moitié de ce texte, et bien que j'aie zappé dans son entièreté, il est resté hors de ma portée, probalement de ma compréhension, et en tous cas de ma<br /> patience.
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H
J'envoie à Tokyobrowntabby et Ultraman (ex-skf). Merci.
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« Fukushima - Rejets dans le Pacifique : clarification et mise en perspective »

Une analyse critique des données concernant les rejets des eaux radioactives de la centrale de Fukushima Daiichi initiés en août 2023, dossier réalisé par la CRIIRAD qui tente de répondre à ces questions : Quels sont les principaux défis auquel est confronté l’exploitant de la centrale ? Quels sont les éléments radioactifs rejetés dans le Pacifique ? Les produits issus de la pêche sont-ils contaminés ? Est-il légitime de banaliser le rejet d’éléments radioactifs, notamment du tritium, dans le milieu aquatique ? Qu’en est-t-il en France ?

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