Mis à mal par l’accusation de rétention d’information dénoncée le 25 mai par la CRIIRAD (1), l’IRSN essaie de se défendre. Bien maladroitement semble-t-il. Son communiqué, paru dès le lendemain, essaie de réécrire l’histoire en sa faveur.
IRSN, extrait du communiqué du 26 mai 2011
« Dès le début de l’accident, les informations disponibles avaient permis à l’IRSN de conclure que le combustible de ces trois réacteurs avait partiellement fondu du fait de la perte de refroidissement consécutive au tsunami associé au séisme survenu le 11 mars 2011. Dans le cas du réacteur 1, eu égard à la durée de la perte de refroidissement du cœur, l’IRSN considérait que la fusion avait pu concerner l’ensemble du cœur et qu’une partie du « corium » ainsi formé s’était relocalisé dans le fond de la cuve. »
Pourtant le 13 mars, l’IRSN dit uniquement : « L’exploitant TEPCO a confirmé la fusion partielle du cœur [du réacteur n° 1] ». Il ne parlera du corium que pour le réacteur n° 3 et seulement à partir du 24 mars : « Une des hypothèses examinée par l’IRSN concerne l’éventualité d’une rupture de la cuve du réacteur [n° 3] suivie d’une interaction entre le corium (mélange de combustible et de métaux fondus) et le béton au fond de l’enceinte de confinement. »
Sinon, si l’on reprend les communiqués de l’IRSN du mois de mars, on ne trouve rien faisant allusion à un cœur du réacteur n° 1 totalement fondu :
- Communiqué du 15 mars : « Le cœur du réacteur [n° 1] a partiellement fondu »
- Communiqué du 16 mars : « L’IRSN a examiné les scénarios susceptibles de se produire en cas de rupture de la cuve [du réacteur n° 1] et estime que cela entrainerait très rapidement la rupture de l’enceinte de confinement. Un accroissement des rejets radioactifs, accompagné de phénomènes explosifs (combustion), serait à craindre. »
- Communiqué du 26 mars : « Par ailleurs, le combustible du réacteur n°1 a été très fortement dégradé. »
A la lecture des archives de l’IRSN, il est bien mentionné l’étude de plusieurs scénarios mais cet organisme ne reconnaît jamais une fusion complète du cœur n° 1 ou une localisation du corium au fond de la cuve (2). C’est facile de réécrire l’histoire en sa faveur en prétendant que l’on avait tout compris depuis le début. Encore aurait-il fallu l’écrire dans les communiqués à ce moment-là, et non l’affirmer deux mois plus tard.
Finalement cette manière de détourner la réalité n’est pas nouvelle, j’avais déjà dénoncé en avril les propos d'un expert de l’IRSN, Thierry Charles, qui affirmait le 11 avril : « Dans trois mois (…) les habitants pourront théoriquement revenir » (voir : http://fukushima.over-blog.fr/article-le-nouveau-pellerin-est-arrive-71748502.html). Et aujourd’hui, le même IRSN demande l’évacuation supplémentaire de 70 000 habitants (ce qui, malgré tout, est tout à son honneur).
(1) voir le communiqué de la CRIIRAD du 25 mai 2011 : « Mensonge de Tchernobyl : bis repetita ? »,
lien : http://www.criirad.org/actualites/dossier2011/japon_bis/irsn/11_05_25_CP_irsn_22_mars.pdf
(2) voir aussi l’analyse de Radio Blüe : « Un coup partiellement fondu à 5%, puis 50%, puis 70%, jamais entendu l'IRSN nous annoncer un fonte totale en bas de cuve. Sur les forums, ça a même été un argument pour contrer ceux qui penchaient pour cette théorie », lien : http://radio-blue.blogspot.com/p/fil-actu-japon.html