Avec la catastrophe de Fukushima en toile de fond, les promoteurs du nucléaire se font de plus en plus entendre pour défendre leur industrie menacée. Le 25 novembre 2011, avant de se rendre à la centrale nucléaire du Tricastin, Nicolas Sarkozy a fait une déclaration lors de la visite de l’usine Isover à Orange. Après avoir fait un discours en faveur de la poursuite du nucléaire, il s’est entretenu avec un ouvrier de l’usine. Le micro de Philippe Leduc et Anne-Laure Danier enregistrait ce dialogue et le journal de 13 heures de France-Inter l’a rapporté.
Transcription du dialogue entre Nicolas Sarkozy et un ouvrier de l’usine Isover à Orange diffusé sur France-Inter le 25 novembre 2011 :
[sujet sur le déplacement de Nicolas Sarkozy à la centrale nucléaire du Tricastin : 10:50 à 12:25 ; transcription de 11:42 à 12:14]
écouter : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=226325
L’ouvrier : Est-ce que vous pensez réellement que l’on paie l’électricité nucléaire à son prix réel ?
Nicolas Sarkozy : Non
L’ouvrier : Le coût du démantèlement n’est pas vraiment pris en compte dans les choses.
Nicolas Sarkozy : C’est vrai, bien sûr, ça coûte de l’argent le nucléaire. Fermer le nucléaire c’est une catastrophe. Une catastrophe.
L’ouvrier : Il faudra quand même penser à ce que les fonds pour le démantèlement soient pris en compte. C’est pas…
Nicolas Sarkozy : Mais, mais si on les démantèle, 24, …
L’ouvrier : Bien sûr
Nicolas Sarkozy : …avant de commencer, c’est une folie.
L’ouvrier : Les plans, les plans qui sont prévus par d’autres partis politiques ne sont pas sur 10 ans comme vous pensez, c’est pas demain on ferme tout ! C’est quelque chose qui se prévoit à quelques décennies.
Nicolas Sarkozy reconnaît donc clairement que le prix de l’électricité nucléaire est sous-évalué, à cause de la prise en compte partielle du coût du démantèlement.
Or, obligé par la loi de provisionner dans ses comptes des sommes destinées au démantèlement futur de ses centrales, EDF a attribué 2 milliards d'euros aux chantiers des 9 anciens réacteurs en cours de déconstruction (voir carte ci-dessous). Si l’on se réfère au rapport de la Cour des comptes de 2005, la seule centrale de Brennilis sera démantelée pour la modique somme de 482 millions d’euros. On voit donc bien qu’EDF ne provisionne pas assez : 2 milliards d’euros seront juste suffisants pour 4 réacteurs, et non pour 9.
Les 9 réacteurs en déconstruction (source)
Et que dire de la réserve de 9 milliards pour le parc actuel de 58 réacteurs… qui ne pourrait servir que pour 18 d’entre eux ? Il reste encore à trouver au moins 20 milliards d’euros.
Nicolas Sarkozy ne ment pas, « ça coûte de l’argent le nucléaire » ! En revanche il ne dit pas qui va payer. C’est pourtant simple, ce sont les contribuables par leurs impôts et les consommateurs par leurs factures qui vont payer, donc les Français dans leur globalité.
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Source photo : Cody escadron delta