Les mères de Fukushima avaient
alerté le monde dès le mois de juin : les enfants avaient des saignements de nez, des diarrhées, de la toux, des thyroïdes
enflées, etc. Elles n’ont eu cesse d’informer et d’agir pour que tous les enfants soient évacués de la région de Fukushima. Encore dernièrement, elles se sont mobilisées à Tokyo
pour sensibiliser la population, mais en vain pour l’instant. Pourtant, l’actualité semble leur donner raison. Un grand nombre d’informations convergentes indiquent
que, suite à la catastrophe nucléaire, l’état général de la santé des Japonais vivant dans une vaste région correspondant au moins à 8% du Japon est en train de se dégrader.
Tweet d'un habitant d'Ibaraki : "Je travaille dans un hôpital d'Ibaraki. Il y a eu des patients avec des saignements de nez perpétuels en avril. Il y en a eu
sans raison avec de la diarrhée et de la fièvre en juillet. Maintenant même les membres du personnel de l'hôpital souffrent de diarrhée sans raison...Ça commence à craindre." Tweet d'un habitant
de Fukushima : "Mon ami vit à Iwakashi. Il vient finalement de commencer à avoir de l'hématurie (sang dans les urines, NdT). Mes petits enfants ont des saignements de nez. Ils ne peuvent
évacuer parce qu'ils n'ont pas assez d'argent." (source)
Même si ces tweets n’ont aucune valeur statistique, ils se rencontrent de plus en plus souvent et sont à mettre en relation avec l’augmentation de certaines
pathologies, visible sur ces graphiques mis
en ligne par le gouvernement japonais : conjonctivites, pneumonies, et diverses autres maladies sont en nette augmentation en 2011.
Pneumonies
Conjonctivites
Maladies "Hand-foot-mouth"
On avait déjà remarqué chez les enfants de Fukushima que leur thyroïde avait été affectée. Un groupe de chercheurs, sous la
direction du Professeur Satoshi Tashiro de l'Université de Hiroshima, avait contrôlé la glande thyroïde de 1149 enfants de la préfecture juste après l'accident, en mars, de la centrale
nucléaire. De l'iode 131 avait été détecté chez environ la moitié des enfants. Les enfants, que l’on a affublés de dosimètres,
semblent ainsi être devenus des sujets de recherche ! Chez les jeunes évacués, on avait aussi remarqué des
dysfonctionnements de la glande thyroïde. Plus au sud, dans la préfecture de Gunma, 80% des patients atteints de
problèmes thyroïdiens voient aujourd’hui leur état s’aggraver. Devant l'inquiétude et la pression des parents, une étude à grande
échelle sur les problèmes de thyroïde a commencé le 10 octobre : 360 000 enfants de la région de Fukushima seront suivis de manière régulière tout au long de leur vie.
D’autres anomalies ont été remarquées pour ces enfants vivant en zone contaminée comme la perte de
poids, le ralentissement ou l’arrêt de la croissance
et même des attaques cardiaques, ce qui peut être mis en lien avec la grande toxicité du césium-137. L’ACRO, laboratoire français, a aussi fait des mises en garde à plusieurs reprises, à partir d’analyses effectuées sur l’urine des enfants de Fukushima :
100% des prélèvements révèlent la présence des
césiums radioactifs. Ainsi, plus de 4 mois après les rejets massifs de radioactivité dans l’environnement, ils étaient toujours contaminés alors que
leurs parents font des efforts pour limiter cette contamination interne. Il est fort probable que cela soit dû à la nourriture.
Et pourtant, cette nourriture contaminée, on la vante et on en fait la promotion pour ne pas laisser tomber la région de Fukushima et son économie agricole. Mais…
un présentateur vedette de la télévision japonaise, Norikazu Otsuka, qui mangeait des produits irradiés devant les caméras « pour montrer leur innocuité », a dernièrement été diagnostiqué par son
médecin comme ayant contracté une leucémie aiguë.
Un autre promoteur et consommateur des légumes de Fukushima, l’empereur du Japon lui-même, vient également
d’être hospitalisé, ainsi que deux autres membres de sa famille. Akihito souffre d’une pneumonie, la princesse Aiko a contracté une Mycoplasma
pneumoniae, et la princesse Masako serait victime de fièvre et de toux : ils ont tous les trois des symptômes communs. Or la pneumonie, nous l’avons vu, est une maladie qui
augmente fortement au Japon cette année ; Takeo Nishioka, Président de la Chambre des conseillers de la Diète du Japon est d'ailleurs décédé d’une
pneumonie le 5 novembre 2011 à l’âge de 75 ans. Même si les cas de l’empereur et de sa famille n’auront pas forcément la même issue, on peut s’interroger
sur ces cas à répétition. En avril, on tentait d’expliquer l’augmentation des cas de pneumonies dans la région de Tohoku par l’ingestion d’eau de mer : au moins 11
personnes étaient mortes de la pneumonie et environ 150 avaient été hospitalisés dans la préfecture de Miyagi, le nombre de patients étant de cinq à six fois plus élevé que d’habitude. Mais
aujourd’hui, comment expliquer cette augmentation ? Comme pour Tchernobyl, il est probable que les radionucléides, en contamination interne, provoquent ces maladies
respiratoires.
Le problème, ce sont ces idiots qui se bousculent à la télévision pour faire croire aux gens que la situation n’est pas grave. Ainsi, d’après plusieurs
scientifiques médiatisés, le plutonium ne serait pas si dangereux. La radioprotection pour tous n’est pas un concept avancé au Japon. Et la
population, quand elle ne s’organise pas de manière autonome, en fait les frais. Une télévision alternative, OurPlanet-TV, informe de manière indépendante en diffusant des émissions sur le sujet
même de la santé. Par exemple, en juillet dernier, l’émission ContAct a invité Mika Noro, présidente de l'association " Le pont pour Tchernobyl ", qui a partagé son expérience : s’étant
rendue au Bélarus en 1993 (pays le plus touché par les retombées radioactives de Tchernobyl), elle a éclairé avec lucidité et compétences les symptômes
cliniques chez les enfants de Fukushima. Après la catastrophe de Fukushima, Our Planet-TV a lancé une enquête pour savoir si les retombées radioactives
avaient eu des effets sur la santé de la population. Suite à cet appel, ils ont été amenés à étudier plus de 500
cas. Cette enquête met ainsi en évidence que la radioactivité, même à faible dose, a des effets réels sur la santé, ce qui était déjà connu par ailleurs
avec la reconnaissance de l’augmentation du risque de cancer.
Dans cette vidéo sous-titrée en français, on voit entre autres le Dr Masamichi Nishio, chef du centre anti-cancéreux d’Hokkaïdo commenter le livre de Yablokov et
Nesterenko et témoigner que la CIPR (Commission Internationale contre les rayonnements) a renoncé à étudier les effets des radiations
internes car cela aurait gêné le développement de l’industrie nucléaire.
Dans les écoles le problème est identique. Dans le même esprit de se persuader que tout va bien dans le meilleur des mondes, on continue de fonctionner comme si de
rien n’était. Par exemple, on demande aux enfants de nettoyer une piscine contaminée sans protection, ou on leur demande d’aller ramasser les feuilles d’automne
sans précaution particulière alors que l’on sait parfaitement qu’elles sont contaminées au césium. Pire encore, on force les enfants à boire du lait contaminé. Et
gare à celui qui ne veut pas. Le 29 septembre 2011, Akira Matsu du New Komeito (parti politique japonais NKP) est intervenue sur ce sujet devant les responsables gouvernementaux japonais et
notamment Yoshihiko Noda, 1er Ministre, Osam Fujumina, chef de Cabinet du secrétariat et Yukio Edo, Ministre de l’industrie et de l’économie. Elle a dénoncé le cynisme et la barbarie du
gouvernement envers les populations contaminées de la région de Fukushima.
Un autre grave problème qui se pose d’ores et déjà dans la région de Fukushima est la fuite du personnel
médical depuis la catastrophe. C’est ainsi, les personnes les mieux informées des dangers sanitaires et
qui ont les moyens de déménager s’en vont. Les autres restent, alors que de toute évidence il faudrait au moins évacuer les enfants, plus fragiles aux effets de la radioactivité. Le problème est
immense mais il semble que l’on veuille à tout prix l’ignorer. 8 mois après la catastrophe, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas, ou qu’on n’a pas eu le temps de trouver des solutions pour
évacuer la population.
La contamination est massive, le gouvernement le sait depuis les premiers jours de la catastrophe. Les premiers touchés ont été les sauveteurs qui ont opéré dans
les régions dévastées par le tsunami, comme le relate ce témoignage : l'un d'entre eux qui était intervenu dans les zones sinistrées d’Iwate et Fukushima est décédé le 26 octobre 2011
d’une défaillance de la fonction rénale, trois mois après avoir appris que lui et les membres de son équipe avaient subi une contamination interne par les radionucléides. La personne qui témoigne
assistait à une conférence de de Taro Yamada lors du ''Forum National des cantines scolaires'' qui s'est tenu le 6 novembre 2011 dans la ville de Sapporo. Sa déclaration a été enregistrée dans la
vidéo ci-dessous (sous-titrages en français). Mais pour une personne qui parle, combien se taisent ? Quel est l’état de santé des autres membres de son équipe ?
Les personnes les plus touchées sont évidemment les « liquidateurs », ces ouvriers de la centrale de Fukushima Daiichi qui reçoivent des doses « héroïques ». Malgré l’assurance de Tepco qui affirme qu’il n’y a pas de décès liés
aux travaux de décontamination et de maintenance de ce qui reste de la centrale, on constate un fort taux de mortalité pour les ouvriers de la centrale, ce qui est en contradiction avec
l’espérance de vie des Japonais qui est la plus élevée au monde. En l’espace de 5 mois, 4 employés sont morts de façon anormale et rapide : le 12 mai 2011, un sexagénaire employé par la
sous-traitance s’est senti mal et est décédé 2
jours plus tard. Le 16 août 2011, un employé de la centrale nucléaire est mort d’une leucémie
foudroyante. Il avait travaillé pour Tepco durant une semaine, affecté à la surveillance de points chauds. Le 6 octobre 2011, un autre travailleur
employé à la centrale est décédé subitement. Enfin, dernier en date, le 11 octobre 2011, un employé d'une cinquantaine d'années
est mort
brusquement alors qu'il se rendait à son lieu de travail, la centrale de Fukushima Daiichi.
A ces décès, il faut ajouter tous ceux dont on ne parle pas : de nombreuses personnes, employées par la sous-traitance, ont disparu ainsi des décomptes de
Tepco. L’agence de sûreté nucléaire, on se souvient, avait épinglé l’entreprise en juin car celle-ci avait « égaré » des listes d’employés vacataires qui étaient intervenus sur le site,
empêchant tout suivi médical de 69
personnes contaminées.
Il n’en a pas fallu plus pour que des rumeurs circulent sur internet sur le décès effectif de ces ouvriers intérimaires, information impossible à vérifier à ce jour
bien qu’un journaliste du Shukan Asahi, M. Imanishi, ait entendu que des
ambulances arrivaient 10 fois par jour à la centrale. A qui étaient destinées ces ambulances, et pourquoi ni les employés de Tepco, ni les ouvriers
hospitalisés, ni les médecins n’ont-ils le droit de parler ? Il est évident que si un jour un journaliste arrivait à prouver ce genre d’information, l’image du nucléaire serait ternie à
jamais et anéantirait tous les efforts du lobby nucléaire pour cacher la vérité. Il est incroyable que la catastrophe de Tchernobyl n’ait d’ailleurs pas eu plus d’impact sur l’énergie nucléaire
dans le monde. La raison en est que l’OMS, qui était la plus à même de prendre des mesures de protection des populations, s’est tue. Condamnée au silence par un vieil accord avec l’AIEA, elle est devenue
une institution criminelle, laissant tomber malade les gens vivant dans les territoires contaminés, et niant les effets des faibles doses sur la santé humaine.
Il faut en effet savoir que Tchernobyl a généré un million de victimes, comme le rappelle Janette Sherman, biologiste américaine et spécialiste en toxicologie. Dans
la vidéo ci-dessous, elle présente le livre déjà cité « Chernobyl. Consequences of the catastrophe for people and environnement » d'A. Yablokov et de V. et A.
Nesterenko, édité en 2009 par l'Académie des Sciences de New York avec plus de 5000 références scientifiques (et bientôt édité en français).
Les auteurs de ce livre estiment à 985 000 le nombre de décès survenus à cause de Tchernobyl dans le monde entier entre 1986 et 2004, chiffre qui a encore augmenté
depuis cette date. Janette Sherman dénonce également l'accord entre l'OMS et l'AIEA, signé en 1959. L'OMS est théoriquement garante de la santé des populations dans le monde et fait autorité
auprès des États membres. Elle devrait, conformément à sa Constitution, être indépendante de tout intérêt commercial. Pourtant le 28 mai 1959, elle a signé avec l'AIEA (Agence Internationale de
l'Energie Atomique) un accord par lequel aucune de ces deux agences de l'ONU ne peut prendre de position publique qui puisse nuire aux intérêts de l'autre (accord référencé WHA 12-40). Or, l'AIEA
a été constituée en 1957 pour faire la promotion du nucléaire civil...
Cet interview a été réalisé le 6 mars 2011 soit 5 jours avant la catastrophe de Fukushima. (Sous-titrage en
français)
Il faut aussi voir pour être complet la conférence de presse donnée par le Dr. Helen Caldicott, physicienne australienne, auteure et avocate anti-nucléaire qui a
fondé plusieurs associations qui luttent contre l'utilisation de l'énergie nucléaire, de l'uranium appauvri pour des munitions, et des armes nucléaires en général. La conférence s’est tenue à
Montréal, au Canada, le 18 mars, une semaine seulement après la catastrophe nucléaire.
Fukushima est bien pire que Tchernobyl
Il est certain que la situation ne va pas s’améliorer au Japon, l'expérience de Tchernobyl le démontre. Le fait de laisser vivre des millions de personnes dans un
environnement contaminé apportera son lot de problèmes et de souffrances. Une grande sagesse a fait fuir de cette zone dangereuse beaucoup de femmes enceintes, protégeant leurs futurs enfants des
radiations. Mais qu’en est-il de celles qui sont restées ? Que doit-on déduire du non-dit du milieu médical, relevé par Keiko Ichikawa ? Si les médecins japonais cachent les malformations et les enfants mort-nés, comment de réelles statistiques pourront-elles être établies ? On connaît déjà les
dégâts
épouvantables causés par l’uranium appauvri dus aux bombardements lors de la guerre en Irak, et on imagine avec effroi l’avenir des populations
japonaises soumises à de fortes contaminations. La santé est un sujet difficile à aborder, le lobby nucléaire est très puissant dans le monde entier et cherchera à minimiser toutes les mauvaises
nouvelles. Mais la santé n’a pas de prix et chacun doit se battre pour la conserver. Amis lecteurs, ce sujet est très grave, soyez vigilants et dénoncez toute désinformation, partout où vous le
pouvez !
Complément d'information sur ce sujet par un médecin pédiatre :
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Rappel : la seule solution envisageable pour éviter une catastrophe sanitaire est d’évacuer les zones contaminées !