Dans l’émission « Mise au point » du 26 février 2012, Pierre-Olivier Volet présente un reportage de Georges Baumgartner qui a pu retourner sur les lieux de la catastrophe.
Il nous parle sans langue de bois de la collusion des opérateurs et des autorités de surveillance.
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A propos de collusion…
Un article de K.T. Hiraoka, "Containing Fukushima: Saving Japan From Itself (Part I)"
source :
http://www.huffingtonpost.com/kt-hiraoka/fukushima-anniversary_b_1299832.html
Extraits :
« Puisque le système décisionnel au Japon fonctionne de plus en plus au détriment de la société japonaise, il faut au contraire un
système décisionnel plus transparent, honnête et bienveillant, à l'écoute des souhaits du peuple et y apportant des réponses. (...) C'est un relationnel confortable. Les politiques sont
établies par des bureaucrates, les lois sont votées par des politiques et mises en œuvre par l'industrie. Les bureaucrates non élus qui formulent les politiques ne sont redevables qu'à
eux-mêmes. Les bureaucrates au long cours ont des décennies pour alimenter leurs relations. Les hauts fonctionnaires en retraite évoluent souvent vers des conseils d'administration du secteur
privé ou obtiennent des positions lucratives dans des organisations qu'ils avaient l'habitude de réguler, mêlant ainsi confortablement les secteurs public et privé. Et le système
s'auto-entretient. (...) Cela peut être le danger des relations nakama - quand quelqu'un en position de pouvoir fait quelque chose qu'il ne devrait pas faire, la plupart hésitent à entreprendre
quoi que ce soit de peur de nuire à leurs relations.
Voyez le désastre de Fukushima. Non seulement la prise de décisions a été trop lente dans les premières heures de la crise parce qu’il fallait
parvenir à un consensus entre des acteurs trop nombreux mais il y a eu un manque de communication du à une panne du système téléphonique. De plus, les acteurs du triangle d'or
protégeaient leurs territoires respectifs. Les politiques et régulateurs protégeaient l'industrie nucléaire et l'industrie nucléaire se protégeait elle-même. Le meilleur intérêt du peuple
japonais est passé au dernier rang. (...) Il reste encore incertain à quel point une partie de ce qui a mal fonctionné a relevé de la pure incompétence ou d'un manque de préparation, ou encore
d'une tentative de cacher la vérité. Mais le New York Times a apporté une analyse incroyable de cette "culture de collusion" dès le début de la crise. Et il a fallu une personne extérieure (qui
avait précédemment fait partie du système) pour révéler la vérité, en l'occurrence que "les acteurs majeurs de l'industrie nucléaire sont davantage intéressés par leurs propres intérêts que par
l'amélioration de la sécurité". (...)
La sécurité du peuple japonais n'était pas la première priorité, ce qui montre par ailleurs que le système décisionnel ne fonctionne pas. (...) Et, pour montrer encore les manquements du triangle d'or et comment chacun y a d'abord pensé à protéger son territoire, les bureaucrates ont initialement fait de la rétention d'information même vis-à-vis des politiques, qui font pourtant partie de leur propre cercle. (...)
Tout ceci amène une question fondamentale. Qu'est-ce qui donne aux bureaucrates le droit de décider quoi dire (ou ne pas dire) au public, en particulier quand il s'agit de questions de santé ? Comme dans le conte du garçon qui criait au loup, nombreux sont ceux qui au Japon ne croient plus ce qu'on leur dit. A tel point que même si on leur dit la vérité, ils sont peu nombreux à y croire. »
Texte original :
"As the current decision-making system in Japan increasingly works to the detriment of Japanese society, what is needed instead is a more transparent, honest, and benevolent decision-making system that listens to the wishes of the people and responds to it. (...) It is a cozy relationship. Policies are established by bureaucrats, laws are then passed by politicians and implemented by the business sector. The unelected bureaucrats who formulate policies are beholden to no one other than themselves. Long-term bureaucrats have decades to nurture connections. Top officials often "retire" on to private sector Board of Directors or are granted lucrative positions inside organizations that they used to regulate, thereby forming a comfortable intermingling of the public and private sectors. The system perpetuates itself. (...) This can be the danger of nakama relations -- when someone in a position of power does something he/she should not do, most are reluctant to do anything about it for fear of damaging relations.
Witness the Fukushima disaster. Not only did decision-making take too long in the early hours of the crisis because consensus needed to be formed among too many players, but there was a lack of
communication due to inoperable phone systems. On top of this, the Iron Triangle players were protecting their respective turfs. Politicians and regulators protected the nuclear industry and
the nuclear industry protected itself. What was best for the people of Japan took a back seat.(...) How much of what went wrong was actually due to sheer incompetence or lack of adequate
preparation as opposed to an attempt to hide the truth is unclear. But the New York Times ran an incredible piece on this "culture of collusion" early in the crisis. And it took an
outsider (who used to be an insider) to reveal the truth -- that "nuclear power's main players are more interested in protecting their interests than increasing safety". (...)
The safety of the people of Japan was not the top priority which further shows that the decision-making system is not working. (...) And to further prove the point about the failings of the Iron Triangle and how members sought to protect their turf, bureaucrats initially withheld vital information even from politicians, part of their own inner circle. (...)
All of which raises a fundamental question -- What gives unelected bureaucrats the right to decide what the public is told (or not told), particularly when issues of health are at stake? Just
as with the tale of the boy who cried wolf, many people in Japan no longer trust what they are told. It is now to the point where even if the truth is told, few believe it."