9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 00:48
conference-presse.jpgOn se souvient de l’enquête du journaliste indépendant Tomohiko Suzuki qui s’était fait engager l’année dernière comme ouvrier à la centrale de Fukushima Daiichi. Les résultats de ses investigations avaient fait beaucoup de bruit, car ils avaient révélé que l’état du site nucléaire n’était pas aussi rassurant que le clamait Tepco et que les conditions de travail des ouvriers étaient inadmissibles. Mais de telles investigations ne sont pas sans risque. Par exemple le journaliste freelance Minoru Tanaka, suite à ses enquêtes sur les coulisses de la gestion de l’accident de Fukushima-Daiichi, a été accusé de diffamation par le président d’une entreprise de systèmes de sécurité pour centrale nucléaire. Autre exemple, ce journaliste d’origine canadienne, Christopher Johnson, qui, après avoir enquêté de manière indépendante sur la catastrophe atomique en avril 2011, s’est vu expulsé du Japon avec des pressions inqualifiables. Un exemple pour que les autres journalistes restent dans le rang de l’information officielle ? Le village nucléaire n’aime pas les questions embarrassantes, les enquêtes trop poussées, la diffusion d’informations sensibles, la révélation de compromissions, etc. et elle s’arrange d’une manière ou d’une autre pour empêcher ou ralentir le travail des journalistes indépendants, quitte à faire pression de manière radicale. Et pas seulement au Japon ; la journaliste française Dominique Lorentz, qui travaille sur le nucléaire, affirme avoir reçu un certain nombre d’intimidations, dont des menaces « d’élimination physique ». Pour résumer la situation, il est difficile d’exercer son métier de journaliste quand on touche au nucléaire. Nous avons déjà montré dans ce blog comment le nucléaire aboutissait inéluctablement à une société policière ; avec les obstructions régulières faites à l’encontre des journalistes d’investigation, nous voyons qu’il mène également à une société de type totalitaire, certes de manière sournoise, mais assurément une société où l’information doit être officielle ou ne pas être.
 
Récemment, trois journalistes indépendants japonais refusant le fait de ne pas pouvoir accéder au club de presse officiel et faisant l’objet de discriminations, ont déposé une requête officielle afin d’être en mesure de couvrir correctement les manifestations anti-nucléaires. L’ONG Reporters sans frontières, qui soutient leur démarche, vient de publier un communiqué de presse à ce sujet :
 
« Les journalistes freelance interdits de couverture des manifestations anti-nucléaires
 
conférence presse2Reporters sans frontières soutient la requête officielle déposée le 31 octobre 2012, par trois journalistes freelance, Yu Terasawa, Michiyoshi Hatakeyama et Yuichi Sato, auprès de la Cour régionale de Tokyo, afin de pouvoir accéder au bâtiment du Kisha Club de la diète (Diet Kisha Club) et être ainsi en mesure de couvrir des manifestations anti-nucléaires.
 
Depuis le mois de juin, les trois journalistes freelance ont été systématiquement empêchés d’accéder au Kisha club (club de la presse officiel) de la Diète, notamment par son directeur Toshiyuki Saga. Des manifestations anti-nucléaires se déroulent tous les vendredis, depuis plusieurs mois, devant la résidence du premier ministre japonais. Le Club de presse, situé en face de la résidence, permet une couverture idéale de l’évènement.
 
“Cette obstruction dont les journalistes freelance font l’objet est arbitraire et illégale au regard du droit japonais et des principes fondamentaux de la liberté de la presse et du droit d’informer”, a déclaré Reporters sans frontières.
 
“La Cour régionale de Tokyo ne saurait légitimer de tels blocages dans l’accès à l’information, d’autant plus qu’ils émanent de journalistes. Les journalistes freelance jouent un rôle essentiel dans la garantie du pluralisme de l’information, nécessaire à la démocratie. Non contents de jouir des privilèges inégalitaires qu’offre le système des Kisha clubs, les journalistes de ces clubs se fourvoient totalement en méprisant de la sorte toute une partie de la communauté des professionnels des médias", a ajouté l’organisation.
 
Les trois journalistes appartiennent au groupe de liaison des freelance, créée en octobre 2011 afin de défendre les droits des freelance à participer aux conférences de presse conjointement organisées par le gouvernement et la compagnie d’électricité TEPCO. Ils ont tenté de filmer les manifestations contre la reprise du nucléaire qui ont régulièrement lieu devant la résidence du Premier ministre.
 
Les journalistes ont déposé, à trois reprises, le 17 juillet, le 16 août et le 10 octobre 2012, des lettres adressées à Toshiyuki Saga, ancien de journaliste Kyodo News, une autorisation d’accès au club de presse. Ces lettres sont toutes restées sans réponses.
Dans une vidéo publiée sur Youtube le 13 octobre 2012, et filmé la veille, Toshiyuki Saga affirme son hostilité envers les journalistes freelance venus couvrir les manifestations :
 

 
 
Le 2 novembre dernier, Toshiyuki Saga a refusé d’être interviewé à ce sujet par le correspondant de Reporters sans frontières. »
(…)
 
 
 

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commentaires

B
Soyons plus précis encore. C'est la liberté des journalistes qui doit être respectée. Il suffit de voir en France : la presse est libre, mais c'est elle qui censure les propos de ses journalistes.<br /> Normal, elle appartient à de grandes entreprises souvent sans rapport de métier avec la presse, pour lesquelles elle est un instrument de propagande. Et ce, même si elle n'est pas rentable en<br /> termes de coûts directs.
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R
La liberté de la presse n'est pas négociable. J'espère que la révolution des hortensias se saisira de cet aspect, rappellera au premier ministre, aux membres du gouvernement, dans quelles<br /> conditions doivent s'exercer les libertés fondamentales.
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E
Même au niveau des blogueurs les coupures de réseaux ne surviennent pas de façon aléatoires...
Répondre

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