Le 15 mars 2011, une ou plusieurs explosions suivies d’un incendie mettaient à mal le bâtiment réacteur 4 de Fukushima Daiichi. L’origine de cette ou ces explosions est encore discutée. Officiellement, l’hydrogène de l’unité 3 en serait la cause, mais concrètement, on ne s’explique pas comment le gaz aurait pu passer d’un réacteur à l’autre alors que le tuyau les reliant avait été détruit la veille, lors de l’explosion de l’unité 3.
Tuyau de ventilation sectionné
Tepco dans sa version montre avec les flèches vertes d’autres tuyaux de plus petit diamètre, mais ils ne sont pas visibles entièrement :
Une autre hypothèse, plus simple et reprise par beaucoup d’observateurs, est que l’hydrogène serait venu de la piscine de désactivation, formé par le zirconium des gaines de combustible qui auraient souffert de la forte chaleur.
Les différentes chronologies proposées sur différents sites, pour les évènements du réacteur 4, ne s’accordent pas tout à fait pour la simple et bonne raison que les informations n’ont été données que parcimonieusement par l’opérateur. Quelque chose est top secret dans ces évènements : 19 mois plus tard, on ne sait toujours pas ce qui s’est passé et aucune vidéo n’a été diffusée, contrairement aux autres explosions. C’est tellement top secret qu’on a « oublié » d’indiquer cette ou ces explosions le 15 mars 2011 dans la chronologie étatsunienne de la catastrophe sur wikipedia, voyez vous-même :
A propos des Etats-Unis, il y a cette information peu divulguée sur l’intervention de l’armée américaine pour éteindre l’incendie. Le 15 mars, le premier ministre Kan donna la permission à l’armée américaine, en lien avec la force d’autodéfense japonaise, d’utiliser l’aéroport de Yamagata et le même jour, le gouvernement interdisait le survol de la centrale dans un rayon de 30 km. Selon le journal de la société Asahi, c’est bien l’armée américaine qui a éteint l’incendie du réacteur 4. De ce fait, on comprend mieux pourquoi le secret est bien gardé et l’info bridée : il semble bien qu’il s’agisse d’un secret-défense imposé par les Etats-Unis.
Au fait, c’était un incendie de quoi ? Cela n’a jamais été mentionné. Mais en revanche, on sait parfaitement que cet incendie et son nuage ont provoqué une forte hausse de la radioactivité (100 millisieverts par heure près du n°4 tout de même !) et en même temps un vent de panique chez tous nos dirigeants politiques et administratifs. C’est par exemple ce qui a poussé l'ambassade de France à demander à ses ressortissants de quitter Tokyo, ce qui a provoqué la décision des radios publiques françaises à rapatrier presque tous leurs journalistes du Japon. Faut-il aussi rappeler que les Etats-Unis ont demandé à ses ressortissants de s’éloigner à plus de 80 km de la centrale ?
Mais de quoi avait-on peur au fait ? Une explosion s’était produite et « quelque chose » brûlait dans l’unité 4, quelque chose qui augmentait la radioactivité de l’air, quelque chose qui est encore aujourd’hui top secret. Pourtant, officiellement, il n’y a eu qu’une explosion d’hydrogène. Or ce genre d’explosion ne donne que peu de pollution puisque l’hydrogène se combinant avec l’oxygène ne produit que de… l’eau. Si on admet qu’on ne nous cache pas une explosion nucléaire ‒ le toit et le bâtiment auraient été autrement détruits ! ‒ on doit se résoudre à admettre qu’on nous cache la nature même de l’incendie.
Pourtant les infos des journaux du 15 mars sont unanimes : c’est bien la piscine qui était en feu. Ils reprennent d’ailleurs un communiqué de l’AIEA de ce jour-là : « Les autorités japonaises ont informé aujourd'hui l'AIEA à 04H50 (03H50 GMT) que le bassin du combustible usé du réacteur nucléaire 4 de la centrale de Fukushima Daiichi était en feu et que de la radioactivité était en train d'être libérée directement dans l'atmosphère. » (source)
Mais la dernière version officielle, celle de Tepco de mai 2012, affirme que “the fuel in the pool was not exposed and was not damaged”, c’est-à-dire que le combustible de la piscine n’a pas été exposé [à l’air] et n’a pas subi de dommage. Comment expliquent-ils cela ? Alors que vraisemblablement l’eau de la piscine 4, à force de bouillir et s’évaporer, venait à manquer, la vanne entre la piscine et le réacteur se serait ouverte ou aurait perdu son étanchéité et l’eau du réacteur se serait alors transvasée dans la piscine, refroidissant rapidement le combustible. Cette version tient du miracle, mais bon, pourquoi pas, il y a eu 47 séismes ce jour-là au Japon avec une magnitude comprise entre 4,6 et 6, alors pourquoi pas une fuite effectivement, à la faveur d’une secousse un peu plus forte que les autres ? On ne serait d’ailleurs peut-être pas là à essayer de comprendre ce qui s’est passé si les 1535 assemblages de combustible n’avaient pas été refroidis à temps !
Mais tout ça n’explique pas la nature des incendies, celui du 15 mars que l’armée américaine aurait éteint, et celui du 16 mars, qui se serait éteint « spontanément ». Quelle était la nature des incendies ? Qu’a donc fait l’armée américaine pour éteindre l’incendie le 15 mars ? Pourquoi les faces sud et nord du bâtiment réacteur 4 présentent des trous béants au niveau 3 ? Saura-t-on un jour la vérité sur les évènements de l’unité 4 ?
Même la WANO (association mondiale des opérateurs nucléaires ) ne comprend pas ce qui s’est passé.
Les 4 faces de l’unité 4
face nord
face est
face sud
face ouest
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