Depuis le 27 octobre, 100 femmes se mobilisent pour réveiller le monde. Pour elles, la vie s’est arrêtée le 11 mars 2011 avec la catastrophe nucléaire. Leur région est
irrémédiablement contaminée. Elles veulent sauver leurs enfants et alerter le monde entier pour que l’énergie nucléaire ne soit plus utilisée.
Suivez-les presque en direct sur la chaine FukushimaVideoReport (voir les liens en bas de page) !
Drapeau dénonçant la machine à cancer Tepco
Le Réseau de Fukushima pour la Protection des Enfants contre le Rayonnement s’est formé en juin ; le blog de Fukushima avait diffusé à cette époque le
premier appel des mères de
Fukushima. Depuis, le réseau s’est organisé et étoffé. Il aide les habitants à mesurer les niveaux de radiation, à nettoyer les matières radioactives, à
évacuer le cas échéant. Le partage des connaissances est également une partie importante des activités du réseau. Un article paru dans le site Safecast, et traduit dans le site Aweb2u, « Visite
au "Réseau de Fukushima pour la Protection des Enfants contre le Rayonnement » montre très bien le climat de solidarité dans lequel ce réseau
s’est constitué.
Une maman militant pour la santé des enfants
"Nous avions cru, disent les 100 femmes, que cette catastrophe amènerait notre gouvernement à fermer les centrales nucléaires existantes et à stopper les projets de
nouvelles installations nucléaires. Nous croyions que notre dépendance à l’énergie nucléaire deviendrait un souvenir du passé et que le gouvernement japonais investirait désormais dans les
énergies renouvelables. Il nous faut constater cependant que, même si tous les sondages montrent que 80% de la population japonaise veulent se passer de l’énergie nucléaire, les hommes politiques
japonais veulent poursuivre leur agenda nucléaire et faire redémarrer les réacteurs."
Soutien français au sit-in des 100 femmes de Fukushima (dessin de
Nono)
Face à la non-assistance des autorités, les citoyens se sont organisés pour éviter le pire. Ne pas profiter de l’expérience de la catastrophe de Tchernobyl aurait
été une erreur. Des contacts se sont ainsi noués entre des organisations telles que celle présidée par Yves Lenoir, l'association Enfants de Tchernobyl Belarus et les
réseaux citoyens japonais. En Biélorussie et au Japon, les problèmes sont les mêmes : « mensonges délibérés des médecins radiothérapeutes qui, à Fukushima comme hier à Tchernobyl font
tout pour nier les inéluctables maux qu'entraîne l'exposition aux radiations et aux contaminations corporelles, surtout chez les enfants et les fœtus ».
Les Japonais ont évidemment raison de se mobiliser. Le gouvernement ne prend pas la mesure de l’ampleur de la catastrophe et ne prend pas toujours les bonnes
décisions. Aujourd’hui on sait selon une étude récente que la centrale a libéré deux fois plus de radioactivité que ce qu’avaient annoncé les
autorités. Des milliers de Japonais se mobilisent pour éviter une grande dispersion des déchets radioactifs dans le pays : le gouvernement s’apprête par exemple à vouloir déverser des
cendres radioactives provenant d’Iwate dans la baie de Tokyo (pétition
internationale).
En France, le Réseau "Sortir du nucléaire" a décidé d’appuyer l’action des 100 femmes et propose une campagne de photos de soutien dans la semaine à venir. Il vous invite à envoyer
des portraits de femmes, dans la mesure où les Japonaises qui ont initié cette action en appellent aux femmes du monde entier... mais ils invitent également les hommes à agir, par exemple en
prenant les photos !
Utilisez le modèle de poster, élaboré avec les Japonaises de
Fukushima, et réalisez un maximum de photos de femmes portant ce poster
en soutien. Faites-les ensuite parvenir à sdn.agglonimesuzes@free.fr
pour les mettre en ligne et les transmettre au Japon.
Intérieur de la tente louée spécialement pour les 100 femmes. La pile de cartons au milieu représente une petite partie des donations pour les habitants de la région.
Autre action possible, aider financièrement ce mouvement en faisant une donation par PayPal :
Nom de la donation :
"Women's Sit-In" ("Onna Suwarikomi")
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Reportages vidéo avec la chaine FukushimaVideoReport
Le 29 octobre, les mamans de Fukushima ont formé une chaine autour du METI (Ministère japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie).
Manifestation du 29 octobre à Tokyo
Il n’y a pas d’âge pour crier son désespoir !
Un point chaud dans un quartier froid !
Message de Mme Sato aux Français. Elle représente le Réseau de Fukushima pour la Protection des Enfants contre le Rayonnement
Transcription du message de Mme Sato par Yumiko
Mme Sato : Bonjour les Français,
A cause de l’accident, la situation actuelle est catastrophique à Fukushima.
On a beaucoup d'émotions en ce moment : la tristesse, la colère, le malheur, tous ces sentiments sont mélangés et nous essayons
de trouver de l'espoir dans l'arrêt des centrales au Japon et dans le monde.
Soyons ensemble, soyons liés tous ensemble, s'il vous plaît.
Yumiko : Quelle est la situation réelle à
Fukushima ?
Mme Sato : Les enfants de Fukushima vivent dans une zone
autant contaminées qu'à Tchernobyl, et ils sont dans l'obligation de vivre de façon normale face à cette situation.
Les habitants qui ont pu partir de Fukushima sont très peu nombreux, la complexité des situations familiales (cellule familiale,
situation professionnelle) sont autant d'empêchements
à la mobilité.
Tous le monde prend sa dose là-bas au jour le jour, on cherche tous les jours ce qu'on peut manger et boire comme eau ; on
cherche dans le noir, dans nos tètes de mamans, ce qu'on peut donner à manger et à boire ; à cela s’ajoutent les différences de sensibilités face aux dangers qui se manifestent au sein de
la famille.
Au début, nous avions l'espoir qu'après une décontamination nous pourrions revivre normalement, mais maintenant nous avons acquis la
certitude que la décontamination ne sert à rien.
Toutes les mamans veulent faire partir les enfants de la zone, elles ne pensent qu'à cela maintenant.
L'association essaye de placer les enfants ailleurs, au loin de cette zone.
Encouragez-nous !
Yumiko : Est-ce qu'il y a des problèmes de santé qui
apparaissent ?
Mme Sato : Les problèmes de santé commencent à être graves
pour les enfants ayant une faible santé ; les premiers symptômes de saignement de nez et de colique sont apparus deux mois après la catastrophe. C’est particulièrement vrai pour les
enfants qui souffraient déjà de dermatose atopique.
Maintenant cela commence à être visible dans les villes comme Tokyo et Chiba.
Ce problème de santé ne pourra pas être prouvé à l’avenir comme étant une cause directe de la radioactivité, ce sera un gros
problème de santé publique dans le futur.
Merci beaucoup d’être avec nous !
Une occupation permanente existait déjà devant le ministère par diverses associations antinucléaires. Le 29 octobre était leur 49ème jour de présence.
Cette présence permanente de militants antinucléaires matérialisée par une tente devant le METI rappelle celle effectuée par les vigies d’Hippocrate : depuis le 26 avril 2007, sans
relâche, des militants se relaient pour dénoncer l’attitude honteuse de l’OMS face à la catastrophe de Tchernobyl en étant présent devant le siège de l’organisation à Genève (1).
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(1) Pour mieux connaître cette action et participer, ne serait-ce qu’une heure, à la dénonciation de ce silence criminel de l’OMS,
cliquer ici.