Le 13 février 2019, les techniciens de Tepco ont continué à explorer l’espace situé sous la cuve du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Pour cela, ils ont utilisé un nouveau robot de 30 cm de long, développé par Toshiba, qui possède à lui seul une lampe, une caméra, un dosimètre, un thermomètre et une pince articulée à deux doigts crantés. Il est relié par un câble de 4 mètres qui lui permet d’être alimenté en énergie, d’être contrôlé, de rapatrier en direct les informations relevées et de se déplacer dans l’enceinte de confinement en étant poussé ou tiré.
Dans un premier temps, Tepco a fourni une série de photos prises par l’engin, mais ces photos sont plus spectaculaires qu’autre chose. Elles sont d’abord diffusées pour montrer que Tepco travaille. Aucun prélèvement n'a été effectué, on n’a pas diffusé les chiffres de la radioactivité, mais on en parle, c’est l’essentiel. Une fois que ces informations lacunaires ont été diffusées en masse, avec une technique bien rôdée, Tepco a fourni ensuite des informations plus intéressantes mais de manière plus confidentielle ; comme on ne va pas parler de Fukushima tous les jours, les médias ne les reprennent pas, peut-être pour ne pas lasser les lecteurs.
Ainsi, Tepco a diffusé 15 jours plus tard une vidéo en japonais. On y apprend, grâce à un technicien pédagogue qui explique l’investigation dans le détail, que le robot est passé dans un trou (fait par le passage du corium ?) de la plateforme d’accès aux barres de contrôle pour visiter le fond du piédestal, ce support en béton qui supporte la cuve. L’engin a mesuré la radioactivité à différentes hauteurs (mais on ne connaît pas la distance par rapport au fond de la cuve), de 6,4 à 7,8 Gy/h. Eh oui, Tepco utilise maintenant le Gray (Gy), alors qu’elle avait toujours utilisé le Sievert (Sv). Ce sont des unités quasi équivalentes sauf que le Sievert prend en compte l'absorption moyenne par le corps humain… Hum, pas très clair tout ça pour le commun des mortels. Changer d’unité est une vieille technique de l’industrie nucléaire pour égarer les curieux. On ne conseillera jamais assez aux novices de s’informer sur ce sujet en lisant le vademecum sur le nucléaire de Georges Magnier. Mais revenons aux mesures ; on remarquera que Tepco a pris soin de ne pas donner une mesure trop proche du corium, à la base de l’enceinte. Il ne s’agirait pas de refaire la même erreur qu’en février 2017 où la mesure effrayante de 530 Sieverts avait été divulguée pour ce même réacteur...
Par ailleurs, Tepco fournit également des températures aux mêmes points, fluctuant autour de 23 °C (contre 21°C un an plus tôt, sans doute à cause d’un débit d’eau de refroidissement moins élevé aujourd’hui).
La vidéo montre aussi une animation sur le meltdown, vous savez, cet évènement tant redouté qui signifie la fonte du combustible et la formation du corium. A ce propos, on a appris récemment que les trois meltdowns de Fukushima Daiichi avaient produit en tout une masse de corium d’environ 880 tonnes.
Quand on sait qu’il aura fallu attendre 8 ans après le début de la catastrophe pour ne déplacer que quelques grammes de cette matière, on peut imaginer que les 40 années données par Tepco pour récupérer les 880 tonnes qui se sont répandues dans les sous-sols de la centrale ne suffiront pas… Il faudra plutôt plusieurs siècles avant de régler le problème, si on peut le régler un jour.
On n’en saura pas plus pour le moment. Anniversaire oblige, gloire aux robots et surtout, pas de vague avant les JO ! Mais si, avant de se préoccuper de 2020, on prenait soin des enfants qui vivent en territoire contaminé ?
Pour finir, place aux images, aux captures d’écran pour les pressés et aux vidéos en bas de page pour ceux qui ont plus le temps !
Pierre Fetet
Emplacement prospecté par le robot au fond de l’enceinte de confinement (Capture d’écran vidéo Tepco)
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Vidéos de Tepco