Texte de de HORI Yasuo du 29 avril 2016 traduit de l'espéranto par Paul SIGNORET et Ginette MARTIN
Article original en espéranto
Le 14 avril s'est produit, dans le ken de Kumamoto de l'île méridionale de Kyushu, un grand tremblement de terre. Sa force était de magnitude 6,8 et le degré de tremblement de 7. Deux jours plus tard, le 16, au nord de l'épicentre du premier séisme, un deuxième a eu lieu; sa magnitude était de 7,3 et son degré également de 7. Jamais encore au Japon n'avaient eu lieu deux très forts séismes successifs dans une même région. De plus, c'est non seulement dans Kumamoto qu'on ressent les tremblements, mais également dans Ooita, situé plus à l'est. Il y a, aujourd'hui 29 avril, deux semaines déjà que la terre a commencé à trembler, et cela ne cesse pas.
*Quand, en 2011, s'est produit le séisme qui a causé le grand raz-de-marée, j'ai senti dans ma ville un tremblement de degré 5. Et il était déjà intolérablement effrayant. Or dans Kumamoto il s'en est produit déjà une quarantaine plus forts que celui que j'avais subi.
Comparez, dans le tableau ci-dessous, les nombres de secousses sismiques enregistrées à présent dans Kyushu avec ceux enregistrés pour le Japon tout entier en 2015 :
Vous pouvez comprendre, à quel point l'actuel ébranlement sismique est inhabituel.
Les Japonais sont de plus en plus soucieux d'éventuels grands tremblements de terre et renforcent les constructions, mais la survenue d'une succession de séismes d'intensité 7 n'avait pas été envisagée. Dans Kumamoto, beaucoup de maisons avaient résisté au premier fort séisme, mais ont été détruites par le deuxième. J'ai été étonné que soient ébranlés et mis hors d'usage des édifices publics tels que mairies, écoles, gymnases et des immeubles locatifs, qui avaient été pourtant solidement construits, selon les normes légales. De plus, il y a eu de grands glissements de terrain qui ont détruit voies de communication et ponts, perturbant ainsi la vie des gens.
Au Japon, on a dénombré deux mille failles actives et l'on suppose qu'elles sont en fait quatre fois plus nombreuses, mais cachées, ou bien non détectées. Partout dans le pays se trouvent de ces failles dangereuses, dont on ne sait quand elles se réactiveront. Dans la partie inférieure de la carte de l'île de Kyushu, on observe beaucoup de petits traits rouges indiquant les failles repérées, et les séismes actuels se produisent selon des failles situées au centre, dans une zone aux deux extrémités de laquelle est implantée une centrale nucléaire. C'est pourquoi beaucoup redoutent que ces deux centrales, Sendai et Ikata, soient en danger.
*En ce moment, à Sendai, deux réacteurs fonctionnent, mais à Ikata tous sont arrêtés.
Cependant l'Autorité de Régulation Nucléaire, qui est responsable de la sécurité dans les centrales, a dit que jusqu'à présent aucun problème ne s'est présenté dans l'une au l'autre des centrales en question, et qu'il n'apparaît donc pas nécessaire de les arrêter. Et c'est bien sûr avec joie que le gouvernement a suivi cette recommandation. Les centrales nucléaires offrent pourtant un danger tout particulier. Lorsqu'il s'y produit un accident grave, non seulement il est difficile de faire face à la situation, mais celle-ci risque d'empirer et de devenir non maîtrisable. C'est pourquoi, dans la presse, apparaissent seulement des opinions défavorables à l'Autorité, mais jamais de favorables.
Et à présent encore les séismes continuent. Beaucoup de gens ont perdu leur maison. Tous ont peur de dormir sous un toit. Nombreux sont ceux qui passent la nuit dans leur voiture, le corps recroquevillé, ce qui provoque le syndrome de la classe économique, qui a déjà causé la mort de plus d'une dizaine de personnes.
De nombreux locaux scolaires ont subi des dégâts et ne sont plus utilisables. Plus de cinq cents élèves sont déjà partis dans d'autres kens. Kyushu est un endroit touristique très apprécié, et le mois de mai y est le plus beau des mois. Pourtant, la plupart des réservations ont déjà été annulées. La bonne nouvelle du jour est la réouverture de la voie du rapide Shinkansen et de l'autoroute.
Depuis la Catastrophe Japonaise en 2011, il y a eu l'éruption du mont Ontake, en 2014, un glissement de terrain dans la ville d'Hiroshima la même année, une grande inondation dans Ibaraki en 2015, des typhons chaque année, qui ont causé de nombreuses morts et la perte de richesses. Vraiment le Japon est le pays des cataclysmes, aussi nous ne voulons plus avoir, de surcroît, un cataclysme nucléaire.
Sur la carte: ĉefaj aktivaj faùltoj = principales failles actives (celles-ci sont indiquées par des traits rouges)