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Texte de de HORI Yasuo
du 5 octobre 2015
traduit de l'espéranto
par Ginette MARTIN
avec l'aide de Paul SIGNORET
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(source illustration : AFP PHOTO / KAZUHIRO NOGI)
Des manifestations se déroulent en divers endroits au Japon
Tanaka Shōzō
Le 3 octobre, des membres de la Société Esperanto dont moi-même avons visité la ville de Tatebayashi dans mon département de Gunma. Là nous avons visité le petit musée fondé à la la mémoire de la lutte des agriculteurs.
Dans les années 1890, un problème de poison s'est avéré sérieux, il venait de la mine de cuivre du département de Tochigi, voisin de notre département. Une eau toxique sortant de la mine avait pénétré dans la rivière Watarase et avait pollué les champs, occasionnant un grand dommage pour les agriculteurs. Le gouvernement a négligé leurs plaintes, parce que, en ce temps-là, le cuivre jouait un grand rôle dans l'économie japonaise comme produit d'exportation majeur.
Le député Tanaka Shōzō a pris la tête des agriculteurs et s'est battu. Finalement, le gouvernement n'a pas pu négliger complètement ce mouvement et a «résolu» le problème en faisant un grand lac sur le site du village de Yanaka, pour que le poison ne coule plus vers la vallée et que les inondations ne puissent plus se produire, mais dans cette affaire, les habitants de Yanaka ont perdu leur domicile en 1909. Apparemment, le problème a été résolu, mais encore maintenant on gratte la terre toxique des champs et on plante des arbres dans les monts chauves autour des anciennes usines.
Le texte est le suivant:
Si l'on ne prévoit pas que l'Etat peut disparaître, c'est la fin de l'Etat.
Si l'on tue des citoyens, c'est la mise à mort de l'Etat.
Si l'on méprise les lois, c'est l'Etat qu'on méprise.
A la lecture de ces phrases, j'ai été très ému, car les politiciens de ce temps-là ressemblent beaucoup à l'actuel Premier ministre Abe. Nous sommes dans la même situation que Tanaka et les agriculteurs.
Abe a approuvé avec beaucoup de légèreté la remise en fonctionnement des centrales nucléaires qui pourront causer la mort de l'Etat. Il a approuvé les lois permettant aux compagnies de faire travailler des travailleurs à très bas salaire selon leur bon plaisir. Il prévoit d'augmenter l'impôt sur la consommation et de détériorer la vie de la population. Il a ignoré la constitution japonaise et approuvé la "législation militaire", qui va mettre en péril la vie des Japonais. Depuis l'époque de Tanaka Shōzō, la politique japonaise continue de servir les capitalistes et opprime toujours la vie des populations.
Abe maintenant dirige le Japon comme un dictateur et apparemment il est très fort, mais dans tout le pays les mécontentements et les colères explosent, ce qui donne lieu à des manifestations et luttes d'opposition.
Manifestations contre la nouvelle base militaire d'Okinawa
L'île d'Okinawa est située dans la mer du sud, loin de l'île de Kyūshū. Avant l'année 1609, lorsque le fief de Satsuma (l'actuel département de Kagoshima) s'est agrandi en envahissant l'île, celle-ci était le royaume indépendant de Ryūkyū.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement sacrifia Okinawa afin de prolonger le régime impérial. Une cruelle bataille a eu lieu dans cette petite île entre les armées japonaises et américaines, impliquant les habitants. Le nombre de morts a été celui-ci:
Soldats japonais ne venant pas d'Okinawa 65 908
Habitants d'Okinawa 122 228
Soldats des Etats-Unis 14 006
Après la guerre, Okinawa a été occupée par les États-Unis jusqu'en 1972. Elle était elle-même une importante base militaire des États-Unis pour les guerres en Corée et au Vietnam. Plus tard, elle a été redonnée au Japon, mais elle continue d'abriter des bases militaires américaines. C'est une très petite île, occupant seulement 0,6% de la superficie totale du Japon, mais elle contient 73,8% des bases militaires américaines se trouvant sur le sol nippon. Les États-Unis sont comme un occupant d'Okinawa, il s'ensuit de terribles accidents et crimes.
Au milieu de la ville de Ginowan se trouve la base militaire de Futenma, qui est très dangereuse, car beaucoup de gens vivent alentour. Le gouvernement qui va fermer cette base dangereuse, a commencé à en construire une nouvelle sur le rivage de Henoko et il affirme que remplacer celle de Futenma par celle d'Henoko est le seul moyen de protéger la vie des habitants. Toutefois, en fait, celle qui va être construite sera complètement nouvelle, équipée d'installations les plus modernes. Si elle est construite, Okinawa deviendra pour l'éternité une base militaire des États-Unis.
Les habitants d'Okinawa ne veulent plus être dans cette situation misérable. La plupart d'entre eux n'acceptent pas le plan du gouvernement. Au cours de la dernière élection générale, tous les candidats du Parti libéral-démocrate d'Okinawa, qui soutiennent le plan et Abe, ont été battus, et l'actuel préfet Onaga, qui s'oppose fortement au projet du gouvernement, a été élu. Il déclare qu'il fera tout pour le faire échouer. Le 21 septembre, lors de la réunion du Comité des droits de l'Homme des Nations Unies, il a dit : "Comment un pays qui ne peut pas garantir la liberté, l'égalité et la démocratie à son propre peuple, peut-il agir en concertation avec les pays démocratiques dans le monde?"
Les habitants d'Okinawa le soutiennent, et beaucoup de gens dans d'autres départements soutiennent la lutte des Okinawaïens. Des manifestations ont lieu devant le Parlement à Tokyo et à Okinawa. Je suis sûr qu'Onaga et Okinawa vont gagner.
Manifestations contre la remise en route de la centrale nucléaire de Sendai
Le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Sendai dans l'île de Kyūshū au sud, déjà vieux de 32 ans et le plus dangereux selon un chercheur, a été remis en fonctionnement par la compagnie Kyūshū. Au Japon, depuis septembre 2013, aucun réacteur ne fonctionnait, puis, au bout de 2 ans et demi, les Japonais ont eu à nouveau de l'électricité produite par le nucléaire.
Après l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, le nouveau comité qui s'appelle Autorité de Régulation Nucléaire a été fondé pour examiner plus sévèrement les réacteurs. Ce comité a constaté que le réacteur n°1 de Sendai répondait à la nouvelle norme, mais son président n'a jamais dit qu'il n'offrait aucun risque. Le Premier ministre Abe a détourné de son sens le résultat de l'examen du comité et a déclaré: "Le comité a constaté que le réacteur de Sendai est sûr selon la norme la plus stricte dans le monde, de sorte que le gouvernement approuve sa remise en fonctionnement".
Cependant, la norme n'est pas la plus sévère, ni ce réacteur tout à fait sûr. Diverses personnes expliquent de différentes façons les dangers du réacteur. En voilà les deux principaux :
1. Possibles éruptions très importantes sur l'île de Kyūshū
La plupart des sismologues et vulcanologues avertissent d'une possibilité d'énorme éruption aux alentours du réacteur, et tous disent qu'il est impossible d'en prévoir la survenue, mais la compagnie d'électricité répète que c'est possible et qu'au moment venu elle transportera les matériaux nucléaires quelque part.
2. Les plans d'évacuation ne sont pas suffisants
L'Autorité de Régulation Nucléaire n'examine pas les plans d'évacuation. Les villes et villages en sont responsables. Autour de la centrale vivent beaucoup de gens, de sorte qu'il sera très difficile pour tous les habitants d'être évacués rapidement sans problèmes.
Le gouvernement et les compagnies électriques, profitant de la remise en route du réacteur de Sendai, désirent accélérer celle d'autres réacteurs. Maintenant, plus de 60% de la population s'oppose à cette politique du gouvernement, alors des manifestations ont lieu à divers endroits.
Eruption du mont Aso le 14 septembre 2015
Actuellement les volcans japonais sont très actifs. Dans l'île de Kuchinoerabu-jima près de l'île de Kyūshū, en raison de l'éruption les habitants se sont réfugiés ailleurs. Dans Kyūshū, le mont Sakurajima entre en éruption presque tous les jours et, dernièrement, le mont Aso dans la même île a fait de même. Sur l'île principale de Honshū, nous entendons aussi parler de nouvelles éruptions. Maintenant les volcans japonais nous avertissent des dangers des centrales nucléaires, mais le gouvernement n'a pas d'oreilles pour entendre. Vraiment "si nous ne prévoyons pas l'éventualité d'une disparition de l'Etat, c'est la fin de l'Etat".
Les Jeux Olympiques en 2020 vont-ils être une réussite?
Le Japon a réussi à obtenir que les Jeux Olympiques de 2020 aient lieu à Tokyo . L'argument décisif de la réussite a été un mensonge du Premier ministre Abe. A cette époque, de nombreux membres du comité olympique CIO craignaient que Tokyo ne soit toujours pas un lieu sûr en raison de l'accident nucléaire de Fukushima. Pour balayer cette crainte, Abe a menti en disant que l'accident nucléaire était sous contrôle. Pourtant, même maintenant sortent chaque jour des réacteurs de Fukushima des substances radioactives qui se mélangent à l'air et de l'eau contaminée qui se jette dans la mer. Nous ne savons toujours pas dans quel état est le combustible nucléaire dans les enceintes des réacteurs. Beaucoup d'habitants de Fukushima ont dû être évacués dans des endroits étrangers et ils sont sans espoir de revenir à leur domicile et à leur ancienne vie.
Après le mensonge d'Abe, s'est posé le problème du stade olympique. Le comité avait choisi le projet d'une femme, l'architecte Zaha HADID (photo), mais par la suite, il s'est avéré que le coût serait de 250 milliards de yens (environ 2 milliards d'euros). Beaucoup de gens se sont mis en colère, parce que les stades des Jeux Olympiques précédents avaient coûté moins cher :
2008 Pékin 52, 5 milliards de yens
2012 Londres 58,3 milliards de yens
2016 Rio 44 milliards de yens
2020 Tokyo 250 milliards de yens
La colère des gens était si grande, qu'Abe a eu peur qu'elle ne se retourne contre lui et qu'elle ne prenne ensuite pour cible la législation militaire proposée. Il a déclaré soudain qu'il allait reconsidérer le plan, et le gouvernement a décidé de construire le stade avec un coût de 155 milliards de yens. Récemment, il a promis au président du CIO que le nouveau stade serait prêt en janvier 2020, trois mois avant la date prévue sur le plan. Est-ce que les Japonais approuveront ce plan encore très onéreux? Est-ce que le stade sera construit dans les délais promis par Abe?
Ensuite est arrivé le problème de l'emblème. Pour les Jeux Olympiques, on a besoin d'un logo. Le comité a choisi un logo conçu par M. Sano Kenjirō (Photo), mais ensuite on a trouvé un dessin similaire sur Internet. Le problème englobait d'autres problèmes et finalement le comité a décidé qu'il allait choisir un nouveau logo.
Les Jeux Olympiques de Tokyo ont commencé avec le mensonge d'Abe. Rien de bon ni d'idéal ne peut naître d'un mensonge. Lorsque le Japon a réussi à obtenir l'organisation des Jeux, beaucoup ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme et ont applaudi Abe, mais un tel enthousiasme a aujourd'hui disparu. Au contraire, à cause de la construction à Tokyo, la main-d'oeuvre fait défaut et les matériaux renchérissent, donc la reconstruction des villes endommagées par la catastrophe de 2011 est maintenant difficile. Le thème principal des Jeux Olympiques de Tokyo était "Jeux Olympiques pour la reconstruction,", mais maintenant nous constatons que ce slogan est aussi un mensonge.
Le Premier ministre Abe est assiégé de divers problèmes: introduction d'un impôt de 10% à la consommation, TPP (Traité du Trans-Pacifique) entre les pays sur le pourtour de l'océan Pacifique qui peut détruire l'agriculture japonaise, réductions des versements des assurances aux personnes âgées, etc. Réussira-t-il à résoudre ces problèmes? Je désire vraiment sa défaite.
Manifestations au Japon (2) en espéranto
Manifestations au Japon (1) en français