2.7.2. La toiture
Le toit du BR3 est horizontal. Il est maintenu par une charpente de poutres métalliques que l'on voit très clairement sur cette photo datant d'avant 2011.
La structure charpentée, très solide, est restée solidaire dans son ensemble durant les explosions. Ses 5 grandes doubles poutres maîtresses reposaient sur les 10 piliers centraux des faces est et ouest.
Les piliers ouest ayant disparu durant les explosions, la charpente s'est affaissée de ce côté et n'est restée maintenue du côté est que sur le pilier central.
Deux secteurs de cette charpente ont été fortement dégradés par les explosions. La double poutre maîtresse située à l’extrémité sud (poutre 5) s’est détachée de l’ensemble de la charpente et a été en grande partie ensevelie par les décombres du toit. Celle de l'extrémité nord (poutre 1) a été fortement détériorée, il en reste une grande partie visible du côté nord-est mais très déformée.
2.7.3. Les zones d'explosions
L'étude de la toiture a permis de localiser deux zones très dégradées, l'une au sud, l'autre au nord.
2.7.3.1. La zone sud
Cette zone correspond à l’emplacement de la piscine de combustible. L'explosion qui a eu lieu à cet endroit a pulvérisé entièrement la toiture et sa charpente, ainsi que l'intégralité du mur sud aux niveaux CRF et 5F. Les poutrelles métalliques issues de la toiture semblent avoir été déformées par une intense chaleur et jonchent la surface technique parmi les gravats. La double poutre maîtresse située à l’extrémité sud (poutre 5) s’est désolidarisée du reste de la charpente et est tombée sur la surface technique le long de ce qui était le mur sud. A l’emplacement de la piscine de combustible, une zone d’environ 20 m² semble vide de débris, du moins c’est ce qu’on observe à la surface de l’eau.
Avec le plan de la piscine de combustible fournie par Tepco, on peut localiser l’endroit correspondant à cette zone vide faisant penser à un « trou ». Il y avait bien du combustible à cet endroit mais Tepco n’a jamais fourni aucune photo de ce secteur de la piscine où l’on apercevrait des assemblages.
2.7.3.2. La zone nord
C'est la zone du BR3 la plus endommagée. Les inquiétudes s'étant focalisées sur la piscine de combustible au sud, ce secteur est presque passé inaperçu. Pourtant c'est de ce côté nord, associé à une partie du côté ouest, que le niveau 4F a été éventré. La torsion de la poutre maîtresse nord (poutre 1) indique que le souffle de l'explosion avait pour origine le côté de l'angle nord-ouest.
L’explosion qui a eu lieu de ce côté provenait d’un niveau inférieur à celui de la surface technique (5F). On trouve au niveau 4F les condenseurs de secours, c’est-à-dire le système qui permet de refroidir le cœur automatiquement en cas de panne des pompes. Il est constitué de deux grosses cuves remplies d’eau. En cas d’urgence, la vapeur provenant du réacteur est acheminée directement par des tuyauteries robustes dans les condenseurs où, comme leur nom l’indique, la vapeur d’eau se condense, refroidit, puis revient au cœur à l’état liquide par simple gravité pour continuer le cycle du refroidissement du combustible.
Selon les plans du bâtiment réacteur, les condenseurs se trouvent proches du puits de cuve. L’explosion qui s’est produite au niveau 4F est peut-être liée à un disfonctionnement des condenseurs.
2.7.4. Les panaches
Après les explosions et dans les jours suivants, des panaches de différentes couleurs ont été visibles s’échappant du BR3.
2.7.4.1. Juste après l’explosion
Un panache de couleur blanche, provenait du centre du bâtiment, donc de l'enceinte de confinement. Il indiquait qu'il y avait des fuites de gaz importantes au niveau du puits de cuve sur plusieurs points comme on peut le constater sur cette photo satellite qui a été prise seulement 3 minutes après l’explosion.
Fig. 38 : Plusieurs panaches blancs sortent du puits de cuve juste après l’explosion (Détail photo Digital Globe)
Le 27 mars, il a été remarqué que le principal dégagement gazeux provenait de l'angle sud-ouest de la piscine d'équipement (3) qui communique avec le puits de cuve.
(3) La piscine d’équipement se trouve au point 2 du plan d’Oyster Creek présenté au chapitre 1. Cette piscine n’est pas orientée de la même manière à Fukushima, cf. paragraphe 2.7.6.2.
On a observé également un panache blanc au-dessus de la piscine de combustible. Voici une capture d’une vidéo non datée (fin mars ou avril 2011) que nous avons colorisée.
2.7.4.2. Panaches noirs
Le 21 mars, puis le 23, une fumée noire s’échappait du BR3, entrainant l’évacuation d’une partie du personnel. Des photos de Tepco conservent le souvenir de ces évènements.
Cette photo du 21 mars montre un panache gris-noir provenant de la partie nord du bâtiment. Il ne s’agit pas d’un effet de contraste avec le ciel clair car l’évaporation de l’eau de la piscine du réacteur 4 en arrière-plan donne bien un panache de couleur blanche.
Un communiqué de Tepco précisait ce jour-là que de la fumée grise puis noire s’échappait « du toit du réacteur », plus exactement, selon la photo, de l’emplacement de la piscine d’équipement qui, rappelons-le, était vide. On observe également sur cette photo qu’il n’y a pas de panache blanc sortant du BR3.
Deux jours plus tard, on observe ce 23 mars un mélange de deux panaches noir et blanc. Il est possible que le panache blanc soit celui du BR4. A propos de la fumée noire, un porte-parole de Tepco affirmait qu’ils ne savaient pas si elle provenait du bâtiment des turbines ou de l’enceinte de confinement. Manifestement, elle ne provenait pas du bâtiment des turbines.
On peut observer également ce qui ressemble à un panache gris-noir s’échappant de la piscine de combustible sur une photo aérienne prise le 30 mars 2011. Cependant, il est fort probable qu’il ne s’agisse que du reflet du panache blanc sur la surface de l’eau de la piscine ou d’un effet de contraste d’un léger panache blanc à la surface sombre de l’eau de la piscine de combustible.
2.7.4.3. Jet de vapeur
Une vidéo aérienne publiée à l’origine par NHK, puis reprise par des médias étrangers comme CNN ou TV9, montre un jet de vapeur formant un champignon au-dessus du BR3. Ce fait a été considéré par plusieurs observateurs comme l’explosion du BR4. Or la vidéo de cet évènement n’a jamais été diffusée.
En situant exactement les réacteurs à leur place respective, on peut s’apercevoir que cette vapeur sort bien du BR3.
La vidéo, sauvegardée sur différents comptes Youtube, ne mentionne pas la date mais comme le BR4 est encore intact, elle a certainement été tournée le 14 mars après-midi, quelques heures après l’explosion du BR3.