31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 01:24
Paroles de Masao Yoshida, ancien directeur de la centrale de Fukushima Daiichi

La diffusion du témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, aujourd’hui décédé, est primordiale car il montre l’impuissance des hommes – fussent-ils ingénieurs, politiques ou présidents – face au feu nucléaire déchaîné. Les 28 heures d’auditions de cet homme-clé, effectuées par la commission d’enquête indépendante sur l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, ont été transcrites sur plus de 400 pages qui représentent une source historique inestimable. Bien évidemment, il nous est impossible de restituer ce document dans sa totalité, mais grâce à Hori Yasuo, Ginette Martin et Paul Signoret, nous avons la chance de pouvoir bénéficier de larges extraits en langue française, ce qui nous permet d’appréhender la manière dont ont été gérés les premiers jours de la crise nucléaire nipponne.

PF

_____________________

 

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 8 octobre 2014,

traduit de l'espéranto par Ginette Martin et Paul SIGNORET

 

 

Auditions de Yoshida Masao*,

directeur de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima

    Après l'accident nucléaire de Fukushima en mars 2011, la commission d’enquête gouvernementale sur l'accident a interrogé 772 personnes, dont des ministres, des responsables gouvernementaux, des dirigeants de TEPCO et des employés de la centrale nucléaire, etc., leur demandant comment ils avaient agi pendant et ce qu'ils avaient fait après l'accident [cf. Rapport officiel de la commission d’enquête indépendante sur l’accident nucléaire de Fukushima, N.D.E.]. Initialement, le gouvernement avait l'intention de ne pas publier l'ensemble des procès-verbaux, mais par la suite des parties ont été divulguées dans quelques journaux, si bien que le gouvernement a décidé de publier la totalité.

 

Je pense que, parmi toutes ces auditions, celle de Yoshida Masao, directeur de la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, est la plus importante. Au début, j'ai essayé de traduire l'article du journal Mainichi, mais quand j'ai lu l'article du journal Asahi, j'ai vu que les deux différaient beaucoup. Peut-être les journalistes respectifs avaient-ils choisi, en les résumant, les parties qui à leurs yeux méritaient d'être rapportées. Donc, j'ai renoncé à traduire ces articles. Je vais traduire, en les résumant et selon mon point de vue personnel, les textes originaux que j'ai trouvés sur internet. Et quand ce sera nécessaire, je ferai référence aux deux articles.

 

Toutefois, le contenu est trop abondant, avec de nombreux termes que je ne suis pas sûr de pouvoir traduire avec exactitude, mais je crois que ma traduction vaudra mieux que rien.

*Yoshida Masao (17/02/1955 - 09/07/2013). Depuis juillet 2007 jusqu'au 1er décembre 2011 était responsable de la centrale nucléaire n°1 de  Fukushima. Il est mort d'un cancer de l'œsophage.

 

   Cet ensemble de  procès-verbaux comprend les auditions suivantes:
1- Etat de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident
(22 juillet 2011, six auditions, 68 pages en format A4)
2- Etat de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident
(29 Juillet 2011, six auditions, 60 pages)
3- État de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident  1
(8-9 août 2011, deux auditions, 35 pages)
4 -État de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident 2
(8-9 août 2011, deux auditions, 31 pages)
5 -État de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident 3
(8-9 août 2011, deux auditions, 35 pages)
6-État de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident 4
(8 -9 Août 2011, deux auditions, 68 pages)
7- Batailles contre l'eau contaminée
  (9 août 2011, une audition, 4 pages)
8- Conjecture au sujet d'eau très contaminée avant le 24 mars et discussions à la session du 4 avril
(13 octobre 2011, deux auditions, 5 pages)
9 - Etat de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident
(6 novembre 2011, trois auditions, 66 pages)
10-  État de la centrale et actions menées à l'occasion de l'accident
(novembre 6 2011, deux auditions, 37 pages)
 

Le texte original est lisible ci-dessous:

http://www.cas.go.jp/jp/genpatsujiko/hearing_koukai/hearing_list.html

 

Le 11 mars 2011

– La première lame du tsunami a atteint la centrale à 15h27. Avez-vous eu le sentiment qu'il fallait refroidir en urgence les trois réacteurs 1 à 3 ?
"Oui. Oui, j'ai eu un sentiment de crise très grave. J'avais peur que, lorsque les vagues se retireraient, nous ne puissions pas fournir de l'eau dans les réacteurs. Si cela arrivait, j'allais devoir mettre de l'eau provenant d'autres sources. Il nous fallait nous préparer pour ce travail ".

– Vous avez ensuite été informé de la perte de toutes les sources de courant alternatif. Que vouliez-faire faire?
"J'ai été choqué, pensant que le pire état critique était arrivé. Un accident grave pourrait se produire. Nous devions être prêts pour cela. Ne pourrions-nous pas utiliser un générateur diesel de secours ? Si nous ne pouvions pas l'utiliser, que devais-je faire? Si nous disposions d'un condenseur de secours contenant encore de l'eau, nous pourrions refroidir les réacteurs pendant quelques heures. Ces pensées tournaient dans ma tête ".

– Il était clair qu'on ne pouvait pas utiliser un générateur diesel de secours.
"J'étais au désespoir. J'ai dit aux membres de l'équipe, qu'ils devaient trouver un moyen de refroidir les réacteurs. Je réfléchissais et réfléchissais, mais je n'arrivais pas à trouver de bonne idée. Le guide disait qu'il fallait mettre en route la pompe à incendie diesel, mais j'ai jugé que ce serait difficile. En tout cas, la chose la plus importante était de pomper de l'eau pour en injecter à l'intérieur. J'ai ordonné qu'on trouve des pompes qu'on pourrait utiliser grâce à une source d'électricité du bâtiment n°2.

Bâtiments sinistrés dans la centrale nucléaire n° 1

Bâtiments sinistrés dans la centrale nucléaire n° 1

Système de refroidissement des réacteurs

Système de refroidissement des réacteurs

– Où avez-vous trouvé la source électrique nécessaire?
"Pour avoir une source de courant alternatif, il faut un camion équipé d'un générateur d'électricité. J'ai demandé au Bureau Central de TEPCO, mais j'ai dû attendre, très fâché, pendant de nombreuses heures. J'ai aussi demandé une source de courant continu pour pouvoir utiliser les dispositifs de contrôle. Ces choses que je demandais sont arrivées peu à peu, mais pour nous, qui travaillions sur place, elles nous ont semblé arriver très très lentement. TEPCO nous a envoyé tout ce que la compagnie avait rassemblé, mais nous devions faire un tri. Il nous fallait juger ce qui était utilisable et ce qui ne l'était pas. Pour ce travail, il nous fallait des renforts en hommes. Cela fut une grande perte (de temps). Nous désirions très fort que TEPCO nous envoie uniquement des appareils appropriés. "

– Vous a-t-on informé du fait que le condenseur ne fonctionnait pas?
"Non. A propos du condenseur, le responsable continuait de croire que le système fonctionnait ".

– N'avez-vous pas été préoccupé au sujet de la dégradation du cœur du réacteur?
«Au fond, je ne comprenais pas la situation. Je dois faire maintenant mon autocritique, mais il ne m'est pas venu de rapport du chef de groupe des générateurs. J'aurais dû m'assurer et confirmer que le condenseur fonctionnait. J'avais un préjugé. Je pensais que cela fonctionnait bien, car le niveau de l'eau n'était pas si bas. Si un SOS me parvenait, je m'occuperais de la main-d'œuvre, mais j'étais responsable de l'ensemble, par conséquent, il était difficile pour moi de tout gérer à la fois. Maintenant, je m'en veux de ne pas avoir posé de questions sur la situation ".

– Pensiez-vous que le condenseur fonctionnait durant la nuit du 11 mars?
«En voyant le niveau de l'eau, j'étais un peu rassuré, mais j'avais un petit doute. La pression dans l'enceinte de sécurité du réacteur avait augmenté et le niveau d'eau n'avait pas changé, et par la suite la pression a encore augmenté. Compte tenu de ces choses, j'ai eu un doute sur le niveau de l'eau. J'avais une autre préoccupation, à savoir le niveau de la radioactivité à 21h51. J'avais entendu dire qu'elle était très forte. Si l'enceinte de sécurité avait été refroidie, la radioactivité n'aurait pas été aussi élevée, parce que les substances radioactives n'auraient pas diffusé au travers. Je ne connaissais pas l'état du réacteur, mais j'ai soupçonné qu'il y avait une possibilité de dégradation des combustibles nucléaires. "


Le 12 mars 2011

– Le Premier ministre Kan est arrivé à la centrale. Que vous a-t-il dit ?
«Il m'a demandé d'un air sévère quelle était la situation, alors je lui ai répondu que presque toutes les sources d'électricité étaient hors d'usage et que nous ne pouvions pas contrôler les réacteurs. Il m'a posé une question sur la décompression ( En cas d'urgence, évacuation des gaz, même radioactifs, hors de l'enceinte de sécurité, afin que celle-ci ne soit pas endommagée par un excès de pression interne.) et je lui ai répondu que nous essayions, mais que la situation était très difficile. Je me souviens uniquement de ces conversations. "

– A 6h50, le ministre de l'économie et de l'industrie a ordonné la "décompression".
«J'étais en colère. Nous ne pouvions pas l'exécuter. Sachant cela, pourquoi l'exigeait-il ? Il ne suffisait pas d'ordonner pour que ce soit possible. J'étais dans cet état d'esprit ".

– L'intervention du premier ministre vous a-t-elle gênés dans votre travail?
"Non. Nous voulions réduire la pression dans l'enceinte de sécurité, mais nous ne le pouvions pas. Afin de maintenir le réacteur en sécurité, il nous fallait absolument le faire, c'était notre volonté. De l'équipe de service je ne recevais que des informations inutilisables. Et ceux qui ordonnaient d'en haut ne comprenaient pas notre situation. Les travailleurs étaient en grande difficulté, certains exposés à 100 millisieverts de radioactivité. J'ai décidé que, finalement, nous devions faire une "décompression" manuelle, au risque d'une forte contamination, mais en réalité, nous ne pouvions même pas nous approcher de la valve de sécurité et nous avons renoncé à le faire. "

– A 14h30, on a réussi à faire sortir des substances radioactives avec la décompression.
"Si la radioactivité à la sortie de la cheminée augmentait, nous pourrions constater que la décompression avait réussi, mais nous ne pouvions pas observer cela. À ce moment-là, la télévision filmait le réacteur n°1 et à l'image on voyait de la fumée blanche, et en même temps la pression dans l'enceinte de sécurité a chuté, si bien qu'on a conclu que la décompression avait réussi ".

– A 15h36 a eu lieu une explosion dans le réacteur n°1. Comment avez-vous compris la situation?
«Je ne m'attendais pas à l'explosion. A ce moment-là nous étions prêts à injecter de l'eau. A cet instant, j'ai senti un bref tremblement qui venait d'en dessous, et j'ai pensé qu'un tremblement de terre avait eu lieu. Pendant ce temps les gens sont revenus des lieux de travail et ils ont rapporté que la partie supérieure du bâtiment n°1 n'était plus qu'un squelette. Je me demandais ce qui s'était passé. Sont revenus également des blessés, qui ont informé qu'une explosion semblait s'être produite. Maintenant, je sais que l'hydrogène sortant de l'enceinte de sécurité s'était amassé sous le toit et avait explosé, mais à ce moment-là je ne comprenais pas quelle en était la cause. Peut-être deux heures plus tard, nous sommes arrivés à cette conclusion. "

– Que pensiez-vous de l'état du cœur du réacteur n°1 avant l'explosion?
"La pression dans l'enceinte du réacteur était élevée, donc nous avons essayé de faire une décompression, mais, même maintenant, je ne suis pas sûr qu'elle ait été vraiment accomplie, car nulle part les écrans de contrôle ne fonctionnaient. Nous essayions alors de faire une décompression et une injection d'eau. "

– A 14h53, les pompiers ont déversé 80 tonnes d'eau, et à 14h54 est venue une instruction du directeur de la centrale à propos d'une injection d'eau de mer.
«J'avais déjà donné des instructions à propos d'un déversement d'eau de mer. Nous n'avons pas pu prendre de l'eau directement dans la mer, car nous n'avions pas de pompes. Je savais que dans le bâtiment du réacteur n°3, il se trouvait beaucoup d'eau de mer abandonnée par le tsunami, et j'ai décidé de l'utiliser et j'ai donné les instructions à 14h54 ".

– Aviez-vous déjà entendu parler auparavant d'expériences de déversement d'eau de mer dans les enceintes de réacteurs?
"Pas du tout. On n'a jamais fait cela nulle part dans le monde, mais il n'y avait que l'eau de mer que nous pouvions utiliser sans limite, donc nous n'avions pas d'autre choix. Nous nous occupions seulement de deux choses: diminuer la pression dans l'enceinte du réacteur et y injecter de l'eau. Les autres questions étaient des bagatelles. Afin de contrôler le réacteur en furie, nous ne devions compter que sur l'eau de mer ".

– Vous n'avez pas pensé que si vous utilisiez de l'eau de mer, tous les appareils deviendraient inutilisables et que cela coûterait très cher?
"Pas du tout. Comme les barres de combustible étaient endommagées, on ne pourrait plus utiliser ce réacteur. Donc trouver le moyen de le contrôler était le plus important. Je n'ai jamais pensé à sa réutilisation. "

– Il y a un rapport sur l'heure du déversement de l'eau de mer. Il y est consigné que c'est à 20h20 qu'on a commencé à déverser de l'eau de mer, mais selon le rapport de TEPCO c'est à 19h04. Pourquoi cette différence?
"Tout de suite après que nous avions commencé à verser de l'eau de mer, à 19h04 est venu un coup de téléphone de Takeguro Ichirō de TEPCO, disant que le gouvernement n'autorisait pas encore le déversement, mais je n'avais pas du tout l'intention de l'arrêter, donc j'ai demandé au responsable de ne jamais arrêter, même si j'allais dire le contraire à TEPCO. Puis vint l'autorisation du gouvernement, et nous avons décidé de déclarer officiellement que le déversement avait commencé à 20h20 ".

– A 20h45 on a un rapport sur le déversement d'eau avec du borax. Pourquoi avez-vous utilisé ce mélange à ce moment-là?
«Je voulais utiliser du borax depuis le début, mais la radioactivité était très forte et on avait besoin de temps pour le dissoudre, donc j'ai décidé de déverser en premier de l'eau, et quand l'eau additionnée de borax a été prête, nous l'avons utilisée. Et à ce moment-là il était 20h20.

– Lorsqu'a eu lieu une explosion dans le bâtiment n°1, avez-vous discuté des moyens de prévenir une explosion dans les 5 autres bâtiments ?
"Oui, bien sûr. A propos du bâtiment du réacteur n°2, par hasard les panneaux de décompression étaient ouverts, peut-être à cause de la pression lors de l'explosion du bâtiment n°1, donc j'étais un peu tranquillisé. A propos du bâtiment n°3, nous avons beaucoup réfléchi, et même voulu demander aux soldats de faire des trous avec des armes à feu".


Le 13 mars 2011

– A partir de la panne du système de refroidissement HPCI jusqu'au déversement d'eau à 9h20, il s'est écoulé 6 heures et 40 minutes. Que pensiez-vous de l'état du réacteur n°3 ?
"Je pensais que j'allais mourir. Je voulais verser de l'eau le plus tôt possible, mais les conditions n'étaient pas au rendez-vous ".

– Tôt dans la matinée du 13 mars, le système de refroidissement HPCI du réacteur n°3 s'est arrêté, et vous avez essayé de mettre de l'eau avec le système RCIC (système pour refroidir le réacteur au moyen d'eau dans le condenseur), mais vous avez échoué, et vous avez estimé que le système de refroidissement du réacteur s'était mis en panne à 4h15. Compreniez-vous alors, qu'une grande partie du combustible nucléaire était déjà à nu?
"Bien sûr, oui. Pour cette raison, ma tâche la plus importante était de faire cesser cet état dès que possible, mais nous ne pouvions mettre en place les moyens pour cela. Des personnes extérieures nous ont critiqués en disant que nous travaillions très lentement. Je ne leur pardonne pas. Nous étions peu nombreux à travailler contre les trois réacteurs déchaînés".

– Il était 9h20, lorsque vous avez pu injecter de l'eau dans le réacteur n° 3.
«L'eau est entrée et la pression et le niveau de l'eau ont commencé à se normaliser. J'étais très content. Mais en réalité, j'ai été trompé par le témoin du niveau d'eau qui était endommagé. J'ai commencé à traiter le réacteur n°2. Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais d'hommes obligés de combattre en même temps contre trois réacteurs accidentés. Je ne veux plus me souvenir de tout ça ".

– Avez-vous pensé qu'il fallait s'occuper de la piscine destinée aux combustibles usagés dans le bâtiment n°4?
"Oui. Quand a eu lieu le tremblement de terre, le réacteur n°4 était en examen. C'est pourquoi les 548 barres de combustible avaient toutes été retirées et mises dans le bassin. Elles avaient été brûlées dans l'année, donc elles étaient très chaudes et des plus difficiles à traiter. Donc j'ai pensé qu'il était très important de savoir comment traiter le réacteur n°4 "


Le 14 mars 2011

– Vers sept heures du matin le réacteur n° 3 a commencé à se comporter de façon très anormale, avec forte radioactivité et pression élevée.
« J'ai signalé que le réacteur n°3 était dans le même état que le n°1 ; il y avait un risque d'explosion, c'est pourquoi à 9 heures 30 ou à 10 heures, j'ai donné à tout le monde l'ordre de se réfugier dans le quartier général antisismique, avant que l'explosion ne se produise à 11 heures 01. Il y a eu un appel téléphonique de M. Mutō de TEPCO. À sa demande, j'ai envoyé des gens à leur poste de travail. Et une explosion s'est produite. Je dois demander pardon aux membres du corps de défense, qui sont partis vers le réservoir d'eau avec leur camion et commençaient à travailler lorsque, à ce moment-là, a eu lieu l'explosion. »
« Dans un premier temps est venue une information faisant état de la disparition d'une quarantaine de personnes. J'ai alors eu l'intention de mourir. Si autant de gens étaient morts, je devais me faire harakiri. Par la suite, il devint clair qu'en fait il y avait quelques blessés mais pas de morts. Ce fut une chance parmi tant de grands malheurs. Étonnamment, personne n'était mort à l'endroit où étaient tombées des masses de béton arrachées au bâtiment. Certainement Buddha nous avait bénis. »
« Tous étaient abasourdis et ne savaient que faire. J'ai donc commencé par m'excuser auprès d'eux d'avoir apprécié la situation de façon erronée et j'ai dit : "Maintenant l'alimentation en eau s'est arrêtée. Si nous ne faisons rien, les choses deviendront pires. Je vous demande d'aller déblayer les gravats et de réparer les tuyaux. Prenez garde à la radioactivité." J'ai été touché de voir que tous étaient d'accord pour aller travailler. Après que j'ai procédé à la répartition des tâches, ils sont sortis. Au cours de ce travail, la plupart d'entre eux ont atteint la dose maximale d'irradiation. Grâce à eux, nous avons réussi à rétablir l'apport d'eau à seize heures trente. ».

– En ce qui concerne le réacteur n°2, de quelle façon pensiez-vous pouvoir rétablir l'apport d'eau ?
« Nous ne pouvions introduire de l'eau tant la pression était élevée. Le premier travail était de la faire baisser. Nous avons discuté des moyens. À ce moment-là il y a eu un appel téléphonique du cabinet du premier ministre, et M. Madarame (alors président de la Commission de sûreté nucléaire) m'a ordonné de faire baisser la pression et d'envoyer de l'eau à l'intérieur, et M. Shimizu (alors président de TEPCO) a crié la même chose pendant une séance de télévision. Je me suis étonné qu'ils puissent exiger cela, alors qu'ils ignoraient quelle était, ici, la situation. Tous voulaient rétablir l'apport d'eau, mais pour ce faire il faut d'abord des préparatifs, or cela ils ne le comprenaient pas. Ils pensaient simplement que nous hésitions. Je voudrais les battre, ces gens-là. ».

– Il vous a fallu beaucoup de temps pour faire baisser la pression. Quelle en était la cause ?
« Je ne la comprends pas bien moi-même. D'abord il n'y avait pas de batteries. Nous avons tenté d'ouvrir les valves de diverses façons mais en vain, et le niveau de l'eau baissait de plus en plus. Nous étions au plus près de la mort. Si nous n'arrivions pas à les ouvrir, nous serions désarmés, mais finalement nous avons réussi. Ensuite ce fut le tour du camion des pompiers qui n'avait plus d'essence, car il nous avait attendus longtemps. Il est reparti faire le plein et enfin nous avons pu envoyer l'eau. Je reprenais vie. Jusqu'alors j'étais comme mort. Toutes les quatre heures, ce camion de pompiers doit refaire le plein. Pendant le temps d'attente et le trajet vers la station d'essence les gens sont très exposés aux radiations. Ceux qui ont reçu cent et quelques dizaines de millisieverts sont ceux qui travaillaient à réparer les tuyaux et à livrer l'essence. ».

– Pendant ce temps les équipiers de TEPCO travaillaient en milieu très radioactif.
« Il y avait parmi nous une femme, qui s'occupait du ravitaillement en essence du corps des pompiers. Elle faisait son travail vite et bien. J'ai voulu qu'elle se retire, mais elle a refusé. Elle avait un très fort sens du devoir. Elle restait à l'intérieur du quartier général antisismique où elle était assise à côté de la porte. L'explosion du bâtiment du réacteur n°1 a endommagé la porte et, à travers les fentes, l'air extérieur chargé de radioactivité a pénétré, si bien qu'elle a été irradiée au-delà de la limite admise et qu'elle souffrait en outre de l'exposition interne. Elle avait une mission de travail, mais son cas a été présenté par les mass media comme l'exemple même d'une mauvaise gestion de la centrale nucléaire. Je suis très remonté contre ces sales médias. »

– La température du bassin de refroidissement du réacteur n°4 était de 84 degrés, à 4h08. Est-il prévu que l'on doive faire quelque chose dans ce cas-là ?
« Oui. Nous devions ajouter de l'eau, mais nous manquions de main d'œuvre car il nous fallait nous occuper de trois réacteurs. J'ai donc demandé à la compagnie TEPCO de faire elle-même tout le nécessaire pour le réacteur n°4 ».


Le 15 mars 2011

– Entre 6h et 6h10, le matin du 15 mars, une explosion s'est fait entendre. Avez-vous ressenti une secousse ou entendu un bruit dans le quartier général antisismique ?
« L'explosion n'a pas été ressentie dans le quartier général. Une information m'est parvenue au sujet d'un petit bruit : "¨Pan !". J'ai pensé qu'une avarie avait pu se produire dans l'enceinte de sécurité, ce qui engendre une situation critique. J'ai ordonné alors qu'à l'exception des cadres tout le monde se mette à l'abri. Entre-temps un membre de l'équipe de direction, qui était allé dans le bâtiment n°4, a apporté l'information que la partie supérieure des murs avait craqué. Je ne peux toujours pas dire, si ce bruit provenait du bâtiment n° 2 ou du bâtiment n° 3 ».

– Est-ce que, à peu près à cette heure-là, le premier ministre est venu au bureau central de TEPCO ?
« Oui. À la télévision, j'ai vu le président et d'autres responsables de TEPCO se réunir et le premier ministre était très en colère et criait. Entre-temps s'était produite cette situation de crise, j'ai donc dit à TEPCO que j'allais évacuer les membres du quartier général. Nous, qui travaillions sur le terrain, nous devions nous préparer au pire, nous avons donc préparé des autobus et avons envoyé les membres du Q.G à la centrale nucléaire n°2. »

– Le bâtiment n°2 était en difficulté et vous avez constaté les avaries du bâtiment n°4, et ensuite le feu s'est déclaré. Qui a donné l'alarme ?
« L'intensité radioactive était telle autour de tous les bâtiments, que, même dans les salles des commandes, il était impossible d'assurer le service, donc de temps en temps les membres du Q.G. s'y rendaient pour recueillir des données. L'un d'eux a vu de la fumée sortir du bâtiment n°4. J'ai vérifié la chose avec des jumelles, car le système de télévision ne fonctionnait plus. Les pompiers ne sont pas venus en raison de la forte radioactivité, j'ai donc demandé par téléphone à M. Hosono (alors ministre de l'environnement), qu'il obtienne de l'aide, soit du corps de défense japonais, soit de l'armée américaine. Mais avant que l'aide n'arrive, le feu s'était éteint.»

– Dans le bâtiment n°4, la partie supérieure a été endommagée et le feu a pris au troisième ou au quatrième étage, et le 16 mars de nouveau le feu a repris. Qu'est-ce qui, selon vous, est arrivé là ?
« Je n'ai pas compris d'où provenait le premier bruit, j'ai donc soupçonné que les combustibles dans leur bassin étaient devenus trop chauds et avaient explosé. Mais ensuite, j'ai pu constater que les barres de combustibles étaient en état normal et que la cause du bruit était autre. Beaucoup disent à présent que de l'hydrogène issu du bâtiment n° 3 avait envahi le bâtiment n° 4 et avait explosé, mais je ne le crois pas, car je ne comprends pas de quelle manière il aurait pu y entrer, ni pourquoi seuls les murs sud et nord ont été rompus. Il n'y a pas de trous dans les murs situés à l'est et à l'ouest.»

 

* L'article paru dans le journal Mainichi rend compte du contenu du rapport jour après jour, jusqu'au 15 mars et j'ai conservé cette présentation. Pour les jours suivants, Mainichi procède par thèmes, et là encore je trouve que sa présentation est bonne. Donc, à présent, je traduis par thèmes.

ORDRE D'URGENCE D'OPERATIONS A EFFECTUER

– Il y a un document daté du 16 mars, à 10h04, dans lequel est écrit « Classement par ordre d'urgence des opérations à effectuer ». La première est l'apport d'eau dans le bassin de refroidissement des barres de combustible du réacteur n°4, la deuxième est la reconstruction d'une source extérieure de courant électrique, la troisième est la construction d'une voie pour les camions et la quatrième, l'apport d'eau dans les bassins des barres de combustible des réacteurs n°1 et 3.
« Dans le bâtiment n° 4 il y avait des barres de combustible extrêmement chaudes. Je craignais qu'elles n'aient été endommagées, donc il était très important d'en normaliser l'état. Je voulais que nous réparions des appareils et pour ce faire il est indispensable d'avoir du courant. Il importait donc en premier lieu de rétablir une source extérieure de courant et, si cela était impossible, d'utiliser alors des camions porteurs de générateurs. Le bâtiment n° 2 n'était pas endommagé, donc, au lieu d'effectuer un apport d'eau, nous avions l'intention de faire la réparation à l'intérieur.

– Le 17 mars, le réacteur n° 3 a été refroidi et non le n° 4. Pourquoi le n° 4 n'a-t-il pas été refroidi le premier ?
« Le matin du 17 mars, un hélicoptère a survolé la centrale cucléaire avec à son bord un équipier du Q.G. Celui-ci a filmé le bâtiment n°4 et nous avons vu de l'eau dans le bassin de refroidissement des combustibles. Voilà pourquoi nous avons refroidi d'abord le n°3. »


L'APPORT D'EAU EFFECTUE PAR LE CORPS DE DEFENSE A-T-IL ETE EFFICACE ?

– Le corps de défense a fait un apport d'eau par hélicoptères et par camions à haute pression du corps des pompiers, et la préfecture de police et le bureau du corps des pompiers ont de leur côté fait des apports d'eau par camions de pompiers à haute pression. Lesquels ont été efficaces et lesquels ne l'ont pas été ?
« À vrai dire, toutes les actions du corps de défense ont été inutiles. La quantité d'eau était trop faible et il est douteux que l'eau projetée ait atteint son but. Les actions menées par la préfecture de police et le bureau du corps des pompiers ont été inutiles, elles aussi. »
– Ensuite sont intervenus les Girafes et les Eléphants (camions dotés de très longs tuyaux destinés à déverser du béton). Ont-ils été efficaces ?
« Ils l'ont été. On a fixé les tuyaux juste au sommet du réacteur, et on a donc réussi à verser l'eau au bon endroit.»


DES AIDES VENUES DE NIIGATA

– Les membres du Q.G. sont-ils peu à peu revenus ?
– Le 15 mars, tous s'étaient réfugiés dans la centrale nucléaire n° 2. Puis certains sont aussitôt revenus et plus tard, peu à peu, les autres membres du Q.G. sont revenus à leur tour, n'est-ce pas ?
« Oui. Le terrain était si radioactif, que des gens ayant en charge la mesure et la recherche des radiations faisaient défaut. Des aides en assez grand nombre sont donc venus en renfort de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, dans le département de Niigata ».
– Si un accident se reproduisait, devrait-on faire appel à des aides venus d'autres centrales nucléaires ?
« Fondamentalement oui. Mais l'un des problèmes est que les équipements changent de plus en plus, or chaque centrale a son propre équipement. Donc il peut arriver que des aides de Kashiwazaki soient incapables de réparer l'équipement d'une autre centrale. Un autre problème est que des salariés de TEPCO n'ont pas fait eux-mêmes certaines des tâches, mais les ont fait faire par des ouvriers d'entreprises sous-traitantes. En résumé : les gens ne peuvent pas s'adapter immédiatement à des équipements nouveaux, et les salariés de TEPCO n'ont pas l'expérience leur permettant de réparer eux-mêmes ces équipements. »


AU SUJET D'EAU POLLUEE

– Le 1er avril, le ministre de l'environnement, M. Hosono, s'est opposé au rejet d'eau polluée dans la mer.
« Quand j'ai entendu sa déclaration, je me suis étonné : qu'allait-on faire de l'eau polluée ? Nous avons versé de l'eau dans les bâtiments des réacteurs et cette eau ressort quelque part. Nous devons la traiter, mais c'est un problème qui n'avait pas à être traité entre le Bureau Central de TEPCO et le sous-ministère de la Sécurité nucléaire industrielle. C'est pourquoi j'étais très irrité.»

– Selon le rapport du 2 avril, on a découvert que beaucoup d'eau polluée s'est échappée du réacteur n° 2.
« Pendant la réunion du 4 avril au matin, il m'a été ordonné de faire cesser le rejet d'eau, mais personne n'a proposé une façon de traiter l'eau et de la conserver, j'ai donc beuglé qu'on y réfléchisse sérieusement, et ce n'est qu'après qu'on a commencé à penser à ce problème. »
– Etait-ce la montée du niveau de l'eau dans le réacteur n° 3 qui vous a poussé à hausser le ton au sujet de l'eau polluée ?
« Oui. Mon opinion était que nous devrions rejeter l'eau polluée à l'extérieur pour vider le bâtiment n°3, car nous n'avions aucun endroit pour l'y mettre. »
– Au sujet de l'eau dans le canal d'écoulement souterrain des bâtiments n° 5 et 6.
« Si l'eau endommageait le système électrique, nous perdrions le moyen de refroidir le réacteur, et il s'ensuivrait une phase critique. J'étais donc d'avis, que nous devions de toute façon rejeter l'eau à l'extérieur. »
– Il a été décidé de rejeter 1 500 tonnes d'eau polluée. Que pensez-vous de cette décision ?
« Je voulais retirer l'eau du canal d'écoulement souterrain, j'ai donc été étonné, que l'on ait décidé de cette quantité. »
– Nous entendons dire, que vous aviez déjà décidé, sans attendre l'autorisation du gouvernement, de mettre le réacteur n° 6 hors service quand il entrerait en phase critique par inondation.
« Oui, J'avais pris cette décision pour protéger l'usine, même si je devais être renvoyé. Si le réacteur n° 6 avait été inondé et que le réseau électrique soit hors service, cela aurait pu causer une fusion du cœur, il s'agissait donc de quelque chose de très grave. »


ACCIDENT EN 1991 ET SEISME DE CHŪETSU

Le réacteur n° 2 avait eu un accident à cause d'une fuite d'eau, en 1991. Cela avait entraîné l'arrêt de presque tous les systèmes de refroidissement. Ce fut un très grave accident, occupant peut-être le premier ou le second rang parmi les plus dangereux au Japon, mais on ne le considère pas comme tel. Cet accident m'a appris que l'eau est un danger et qu'il nous faut prévoir une parade contre les infiltrations d'eau, mais rénover de vieux réacteurs déjà en place n'est pas chose facile. Nous avons procédé à diverses restaurations, mais rénover de façon parfaite est très difficile, à cause entre autre des coûts. Nous devons certes en suivre le principe, mais le mettre en œuvre n'est pas aisé.
Quand la condition première, par exemple touchant la puissance supposée d'un éventuel tsunami, change, le mieux est de construire de nouvelles installations, mais si cela est impossible, nous utilisons les anciennes, ou bien nous les rénovons partiellement. Telle est notre manière de faire. Cependant, la puissance du tsunami de 2011, d'une hauteur de quinze mètres, a dépassé toutes nos prévisions, nous ne pourrons donc pas continuer d'y faire face ainsi.
En 2007, lors du séisme de Chūetsu qui détruisit simultanément plusieurs installations de la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, il y eut de grands dégâts mais l'arrêt se fit en toute sécurité. Malgré l'énorme tremblement de terre, les réacteurs s'arrêtèrent sans problème. Par la suite, nous avons examiné les équipements : presque tous étaient indemnes. Nous avons pensé qu'en un temps très bref, le séisme avait déployé une énergie capable d'arrêter tous les réacteurs. Mais il n'avait détruit aucune des sources de refroidissement. Il dépassait de beaucoup la puissance maximale qui avait été prévue lors de la construction, pourtant les réacteurs s'étaient arrêtés sans dégâts. Nous en avons conclu un peu trop vite, que le projet japonais tenait la route.


REPLIES OU PAS

« Pendant un temps, il nous fut impossible de verser de l'eau dans le réacteur n°2. J'avais fait baisser la pression, mais les camions des pompiers ne roulaient plus faute d'essence, donc il y eut des heures pendant lesquelles, nous ne pouvions pas faire d'apport d'eau. Mon cœur alors s'affolait chaque seconde dans la crainte que nous ne pussions pas y parvenir. En ce cas ce serait la fusion du cœur avec dégagement d'une énorme quantité de radioactivité, et par suite l'impossibilité, pour nous, d'aller aux réacteurs n° 1 et 3 qui se trouveraient alors dans la même phase critique, et enfin, même dans la centrale nucléaire n°2, nous ne pourrions pas travailler. La seule chose que je pouvais faire durant ces heures était d'attendre en priant.
C'est dans cette situation que j'ai fait savoir par téléphone à M. Hosono, alors ministre de l'environnement, que hormis les techniciens, les responsables de réparation et d'alimentation en eau, les pompiers, les manipulateurs et moi-même, je pouvais envoyer les autres se réfugier temporairement dans la centrale nucléaire n°2. À la télévision on a utilisé les mots de "repli de tous", or je n'ai jamais employé ce terme. C'est pourquoi je proteste énergiquement.»
(Fin des traductions)

 

COMMENTAIRES DE HORI YASUO

 

Ci-dessus j'ai traduit les comptes-rendus des auditions de Yoshida selon mon point de vue et l'intérêt que j'y trouvais en feuilletant les pages. L'article du journal Asahi disait ceci, en citant des paroles de Yoshida que je n'ai pu retrouver :

 

"À cause des difficultés dues à la présence de décombres et à la radioactivité, les apports d'eau par camions de pompiers ont été un échec, et la pression à l'intérieur des enceintes de sécurité a dépassé la limite. Le danger de voir se répandre partout une énorme quantité de radioactivité se rapproche. Cette situation M. Yoshida l'a exprimée ainsi : “Le syndrome chinois va se réaliser”, “En imagination, nous avons vu détruite toute la partie orientale du Japon.”"

 

Après avoir traduit, j'ai pensé les choses suivantes :

1. Au début, le gouvernement n'avait pas l'intention de publier ces comptes-rendus. C'est là, de sa part, une attitude inadmissible. Les gens ont le droit de connaître la vérité. Tous ont souffert, ou souffrent encore, à cause de l'accident nucléaire, donc nous avons le droit d'en savoir le plus de choses possibles. Si nous ne partagions pas l'information entre nous tous, comment pourrions-nous prévenir un nouvel accident ? Certainement le gouvernement, qui veut remettre en marche les centrales nucléaires, ne souhaitait pas que les gens aient une information véridique et terrifiante sur le danger de l'énergie atomique.

 

2. Nous ne pouvons pas dépendre à cent pour cent des médias. Asahi et Mainichi sont des journaux relativement consciencieux, mais les contenus de leurs articles respectifs sont très dissemblables. Il est possible que Yomiuri et Sankey, journaux de droite, aient traité le sujet selon des points de vue fort différents. Nous devons avoir accès au texte original, et nous devons même voir ce qui s'est passé et se passe derrière cet original.

 

3. Quand TEPCO construit et rénove une centrale, il semble que le plus important soit l'argent. Par exemple, pour restaurer ou rehausser la digue anti-tsunami, la compagnie a besoin de très grosses sommes. Elle ne veut pas dépenser tant d'argent pour un tsunami, qui pourrait ne pas venir. Si la digue n'était pas destinée à protéger la centrale nucléaire, cette attitude serait admissible, mais la centrale présente un danger d'une tout autre nature. Lorsque c'est l'argent qui gouverne, c'est toujours un danger et cela ne devrait pas être permis.

 

4. Enfin, j'exprime mes condoléances à M. Yoshida, qui est mort jeune, en se vouant à la lutte contre l'accident nucléaire.

 

 

(Crédit photo : Asahi Shimbun)

(Crédit photo : Asahi Shimbun)

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commentaires

N
Merci du fond du cœur pour cette traduction.
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G
En traduisant ce texte, une idée s'est imposée à moi. Pourquoi a-t-on groupé plusieurs réacteurs au même endroit, alors qu'en maîtriser un seul en cas de grosse panne est déjà une entreprise gigantesque à la limite de l'impossible? <br /> Même les gens qui soutiennent l'idée du nucléaire devraient imposer un seul réacteur par site pour la sécurité. Cela en ferait pas mal à fermer en France.
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R
Des témoignages tels que ceux-ci, traités par Hori Yasuo avec un grand souci d'objectivité, sont importants non seulement parce qu'ils apportent des éclaircissements sur certains événements clés mal connus, comme le cas de l'Unité 4, par exemple. mais aussi parce que les passer sous silence pourrait faciliter une présentation selon laquelle &quot;les équipement étaient bien conçus et ont fonctionné comme prévu&quot;, mais &quot;l'ampleur du cataclysme était hors-normes et l'équipe sur place a mal réagi&quot;: autrement dit, comme dans tous les accidents précédents, disculper l'industrie en prétextant l'erreur humaine.
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C
Merci, pour votre travail.
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