Texte de HORI Yasuo, rédigé le 5 avril 2014,
traduit de l'espéranto par Paul SIGNORET
______________
Ce qu'il en est des travailleurs dans la centrale nucléaire
Faire comme mon père est le but de ma vie
Kitahara Hakuya, élève de quinze ans, habitant la ville de Fukushima
Mon rêve est de travailler comme mon père. Il est employé dans la centrale n° 1 de Fukushima, qui a été fortement endommagée par le séisme et le tsunami de 2011. J’éprouve de l’estime pour mon père et je voudrais faire comme lui.
Il y a certes divers problèmes dans la centrale, mais à présent elle se trouve dans un état relativement stable. Je crois qu’elle est maintenue dans cet état grâce à de nombreux travailleurs dévoués, qui veulent sauver leur région et leur ville. Je désire payer ma dette envers eux en étant moi-même, plus tard, un bon travailleur.
Pour que tous puissent vivre tranquilles dans leur foyer comme auparavant, je veux poursuivre mon but.
(paru dans le journal Fukshima Minpoo, du 24 mars 2014)
Un travailleur malade reconnu comme “victime d’un accident du travail”
Un travailleur de soixante-deux ans, qui avait été employé pendant 27 ans dans les centrales nucléaires de Takahama, Ōi et Mihama de la Compagnie d’électricité de Kansaya, a été reconnu comme “victime d’un accident du travail”. Il dit : “J’ai travaillé plusieurs fois dans des endroits très radioactifs, dans lesquels on ne peut rester plus de quinze minutes. Je croyais que la compagnie, possédant des informations suffisantes sur les types de radiations ionisantes et sur les limites d’exposition, m’en protègerait efficacement, or cette croyance était infondée. ”
En juillet 2011 on a découvert chez lui une tumeur lymphatique maligne, il a été opéré aussitôt et par la suite on l’a soumis à un traitement anticancéreux. Selon les indications portées dans son carnet d’exposition aux radiations, il a reçu, au cours des 27 dernières années, 168,41 millisieverts. Sa femme a demandé une aide du gouvernement, mais le Bureau du travail du département de Hyōgo la lui a refusée, en arguant que, pour être reconnu comme “accidenté du travail”, il faut avoir subi une exposition aux rayonnements ionisants supérieure à 200 millisieverts en cinq ans.
La norme de reconnaissance pour un malade leucémique exige qu’il (ou elle) ait travaillé plus d’un an et ait reçu une irradiation égale à 5 millisieverts multiplié par le nombre d’années de travail. Il n’existe pas de norme pour les malades atteints d’une tumeur lymphatique maligne, néanmoins le risque est supposé être égal au cinquième de celui de la leucémie.
En décembre 2012, cet homme, avec l’aide d’un conseil, a de nouveau sollicité le Bureau, et finalement a été reconnu comme malade victime de la radioactivité. Son avocat a déclaré : “Le gouvernement doit plus largement reconnaître la qualité de “victimes d’accident du travail” aux employés des centrales nucléaires malades, car pour éviter d’être licenciés pour dépassement du seuil d’exposition aux radiations ionisantes, ceux-ci parfois ne déclarent pas avec exactitude leurs temps d’exposition et en outre les maladies dues à la radioactivité n’ont pas encore été clairement explorées.”
(paru dans le journal Akahata du 25 mars 2011)
Mort d’un travailleur enseveli sous du sable
Le 28 mars, TEPCO a publié une information concernant la mort d’un travailleur de 55 ans, qui réparait la base d’une construction, dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, et qui a été enseveli dans un trou de deux mètres de profondeur sous une avalanche de sable et de blocs de béton. Il est la septième victime d’accident, depuis la catastrophe de 2011.
(paru dans la journal Akahata du 29 mars 2011)
Selon TEPCO, à la fin du mois de mars, le nombre de travailleurs malades ou blessés pendant leur travail s’élevait à cent vingt. Ils accomplissent des tâches très dures. Équipés de masques et de vêtements protecteurs, ils construisent des réservoirs pour eau polluée. Chaque jour, ils sont quatre mille à travailler ainsi, y compris des débutants inexpérimentés, et souvent des problèmes surviennent. Auparavant, il y avait deux hôpitaux dans le voisinage de la centrale, mais après l’accident de 2011, ils ont été fermés. Il y a maintenant, dans la centrale même, une clinique où médecins et infirmiers sont de service jour et nuit, mais dans laquelle on ne peut opérer, si bien que lorsque arrivent des cas graves, ils doivent être transportés jusqu’à un hôpital distant de soixante kilomètres. Et comme en outre le terrain de la centrale est très vaste, dans ce dernier accident, il a fallu vingt cinq minutes pour transporter la victime à la clinique. Pour supprimer entièrement les quatre réacteurs, quarante ans seront nécessaires. TEPCO doit donc mettre sur pied un bon dispositif pour prendre soin des travailleurs.
(paru dans le journal Fukushima-Minpō du 4 avril 2011)
Comment recrute-t-on des travailleurs ?
Sur Internet, je trouve de nombreuses compagnies qui recrutent de la main-d’œuvre pour les centrales nucléaires de Fukushima. Voici la traduction d’informations concernant deux d’entre elles.
Haut salaire pour travailleurs de la centrale nucléaire
Compagnie Aaty, dans la ville de Kōriyama, département de Fukushima
Nature du travail : travaux de terrassement et de construction
Salaire : 18000 yens (180 euros) pour un ouvrier
20 000 yens (200 euros) pour un contremaître
Logement : Nous le préparerons et nous en paierons le loyer
Nourriture : À votre charge
Chantiers : Il y a divers chantiers, dangereux ou non. Vous aurez le choix. N’hésitez pas à nous consulter.
Période de travail : Les travaux dans la centrale seront achevés en deux ou trois mois*, mais même après, nous vous donnerons du travail, quoique avec un salaire différent.
* Au sujet de cette période de travail "de deux ou trois mois", il faut noter que, selon la loi, un ouvrier peut être exposé, sur une année, à une irradiation de 50 millisieverts, mais beaucoup de compagnies ont leur propre seuil d’exposition, par exemple 20 millisieverts. Donc je suppose que certains travailleurs de cette compagnie, ayant reçu 20 millisieverts au cours des trois premiers mois et ne pouvant ensuite plus continuer à travailler dans une centrale, seront employés à la dépollution de lieux urbains ayant subi une contamination radioactive.
Nous embauchons deux cents travailleurs
Entreprise de construction Amdak, dans la ville de Iwaki, département de Fukushima
Salaire : 22 000 yens (220 euros)*, pour un chantier dans la centrale (déblaiement de détritus autour des réservoirs à eau)
15 500 yens (55 euros)*, pour un chantier de nettoyage de villes (autour d’habitations, dans des forêts, des champs et sur des bords de rivières)
Horaire de travail : 5 heures pour le travail en centrale, 7 heures dans les villes
Logement et nourriture : de 500 à 2 500 yens par jour pour un ouvrier en centrale et de 0 à 1 500 yens par jour pour un ouvrier en ville
Âge requis : de 30 à 60 ans pour un travail en centrale, de 20 à 60 ans pour un travail en ville.
Nombre d’ouvriers à recruter : 200
Autres conditions : Nous acceptons les gens sans expérience. Aucune compétence n’est requise.
Bienvenue : Nous estimons très importants un haut niveau de salaire et de bonnes conditions de travail. Que vous soyez sans expérience n’a aucune importance. Nous vous formerons avec soin à votre travail. Tous nos employés travaillent avec plaisir. Venez et soyez amis avec nous.
* À ma connaissance, beaucoup de travailleurs ne reçoivent que 12 000 yens environ. Il semble bien que 18 000 et 22 000 yens soient des salaires plus élevés que ceux réellement versés. En outre, il faut déduire de ces sommes impôt et assurance santé, et pour les toucher il faut mettre sa santé en danger, ce qui fait que ces salaires ne sont pas hauts du tout.