Après une catastrophe naturelle telle que celle du tsunami du 11 mars qui a ravagé la côte est du Japon, on pleure ses morts, on nettoie les côtes, on déblaie, on reconstruit,
on se reconstruit et petit à petit, avec une énorme cicatrice au cœur et dans le paysage, la vie reprend le dessus.
Après une catastrophe nucléaire telle que celle de Fukushima Daiichi, on vit dans un environnement radioactif persistant, on n’ose plus laisser
ses enfants jouer dehors, on a peur de ce qu’on mange, on se méfie de la pluie et du vent, on s’inquiète de l’avenir, on craint qu’une nouvelle explosion se produise dans la centrale, on se
demande s’il faut partir ou rester, la vie est suspendue à cette éternité radioactive, qui rejoint toujours cet instant où tout a commencé et ou rien ne se terminera.
Huit mois après, la centrale continue de cracher ses radionucléides et le Japon marche sur la tête.
Après la catastrophe de mars 2011, le gouvernement japonais a discrètement augmenté les normes de la radioactivité de l’eau potable : le taux limite précédent
était de 10 Bq/litre pour le césium et l'iode. Les nouveaux niveaux sont de 200 Bq/litre pour le césium et 300 Bq/litre pour l'iode. Pour comparaison, alors que le taux recommandé par l'OMS est
de 1 Bq/L, l'Allemagne applique 0,5 Bq/L et les Etats-Unis 0,111 US Bq/L. (1)
sources :
Alors que l’on sait que les enfants sont plus fragiles face à la radioactivité, le gouvernement persiste à ne pas organiser leur évacuation qui les éloignerait de
Fukushima. Dans cette région de ce pays civilisé, les enfants portent des dosimètres destinés à savoir quelle dose de radioactivité ils reçoivent quotidiennement. Mais celui-ci ne mesure pas la
contamination interne. Pourtant on sait que rien que le fait de nouer ses lacets provoque une contamination au césium. Quel est l’avenir de ces enfants ?
sources :
Au lieu de rassembler les déchets radioactifs dans une zone et une seule afin de ne pas contaminer plus le pays, les Japonais ont semble-t-il décidé de répandre ces
déchets radioactifs dans le pays entier. La ville de Tokyo a ainsi décidé d’acheminer des déchets radioactifs dans le site de la baie de Tokyo.
sources :
Un député japonais a bu
l’eau filtrée de la centrale de Fukushima Daiichi pour démontrer aux médias que le système de décontamination fonctionnait bien et qu’il ne fallait pas avoir peur.
source :
Les médecins donnent des conseils fallacieux à la population au sujet de la radioactivité : conserver une bonne humeur protégerait des effets néfastes des
radiations ; le plutonium ne serait pas si dangereux que ça. Alors que la radioactivité est un phénomène physique qui casse les molécules ADN, provoque des maladies et des mutations
génétiques, ces pseudo-scientifiques font croire des inepties aux ignorants. (2)
source :
Le gouvernement nippon veut envoyer les denrées contaminées par la catastrophe de Fukushima comme aide humanitaire dans les pays du tiers-monde.
source :
Pour éviter la faillite de l’entreprise Tepco, l’État japonais vient de lui accorder une aide de 8 milliards d’euros. Mais les actionnaires, qui ont touché depuis dix ans des
milliards d’euros, ne sont pas inquiétés. Privatiser les profits, socialiser les pertes : de nos jours, plus aucune compagnie, qu’elle soit bancaire ou industrielle, n’échappe à cette règle
universelle. Au Japon, c’est la double peine : le contribuable est non seulement contaminé, mais en plus il met de sa poche pour continuer à faire vivre le plus gros pollueur de la
planète.
source :
D’après les sources officielles, la crise nucléaire serait sur le point d’être résolue avec un « arrêt à froid » des réacteurs. Pourtant, les radiations
atteignaient il y a quelques jours 620 millisieverts par heure au premier étage du bâtiment de l’unité 3, "le plus haut niveau enregistré sur place depuis le début de la catastrophe".
source :
Nouvelle photo de la piscine de combustible de l’unité 3
Le ministère des sciences et de l’éducation a stoppé la publication des cartes de contamination du Japon depuis un mois. La raison pourrait être que ces cartes
révèlent des concentrations trop fortes de radioactivité dans des régions jusque là connues pour avoir été épargnées. Comme toujours quand il y a rétention d’information, il faut se tourner vers
les réseaux parallèles pour être informé convenablement. Yukio Hayakawa, scientifique japonais spécialisé dans les cendres volcaniques, vient de diffuser une carte de la contamination radioactive
des cendres d’incinération du Japon. Ces cendres sont représentatives des déchets ménagers des Japonais, c'est-à-dire entre autres de ce qu’ils mangent. Le résultat est alarmant.
sources :
Carte de la contamination des cendres d’incinération par le césium : Tokyo au cœur de ce problème majeur
Bref, le Japon ne s’en sort pas et prend des décisions incompréhensibles, sans rapport avec l’attente des gens. Etant donné
que la radioactivité, à l’échelle humaine, est un problème sans solution, cette crise nucléaire nippone n’aura pas de fin, tout comme la catastrophe nucléaire de Tchernobyl qui, 25 ans après, n’a
toujours pas trouvé d’épilogue. L’urgence aujourd’hui est d’aider les populations à être mieux informées des dangers de la contamination par la poussière et la nourriture, et à évacuer toutes les personnes qui vivent dans des territoires fortement
contaminés.
Pour terminer sur une
note optimiste, je voudrais rendre hommage à un homme remarquable, Alain de Halleux, cinéaste humaniste qui fait en ce moment même un reportage sur les
enfants de Fukushima. Son témoignage, dans un blog intitulé « Carnet de voyage » est à lire, absolument. Il raconte mieux que quiconque la vie des gens, là-bas, ses
rencontres, ses peurs et ses espoirs.
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(1) Et chez vous, vous êtes-vous jamais demandé si on mesurait la radioactivité de l’eau régulièrement ? Connaissez-vous le taux limite ? Savez-vous si votre gouvernement a prévu de
l’augmenter en cas d’accident nucléaire ?
(2) Mais au fait, dans votre entourage, qui connaît vraiment les effets de la radioactivité sur la santé ? Si vous habitez à moins de 100 km d’une centrale nucléaire, y a-t-il des exercices
d’évacuation ou de confinement ? S’il y a un accident, saurez-vous quoi faire ? Vous demandera-t-on aussi de garder le sourire pour vous protéger des radiations ? C’est probable.
source :