Les émissions parlant de Fukushima en France sont suffisamment rares pour qu’on les signale.
France Culture diffusait le 19 septembre l’émission « Du grain à moudre » intitulée :
Peut-on désinventer le nucléaire ?
Olivier Isnard
et Bernard Laponche
Présentation :
« De la même manière qu’il y eut un ‘avant’ et un ‘après’ Tchernobyl, il y aura un ‘avant’ et un ‘après’ Fukushima. Six mois après le séisme et le tsunami qui ont mis en péril la centrale japonaise et traumatisé la population, la question de la pérennité du nucléaire civil reste plus que jamais d’actualité. Depuis cet accident, la Suisse a décidé de sortir du nucléaire en 2034, l’Allemagne dès 2022. L’Italie, de ne pas y revenir, comme cela avait été un temps envisagé.
Hier, le conglomérat industriel allemand Siemens a annoncé à son tour qu’il renonçait à cette technologie, pour se consacrer pleinement aux énergies renouvelables. Le nucléaire : trop dangereux aux yeux de nos plus proches voisins.
Cette série de décisions, d’en finir une bonne fois pour toutes, contraste fortement avec l’attitude de la France. C’est qu’il n’est pas facile de remettre en cause une politique énergétique fondée depuis les débuts de la Vème République sur la primauté de l’atome.
L’électricité que nous consommons aujourd’hui est fournie, pour les trois quarts par l’énergie nucléaire. Avec ses 19 centrales et ses 58 réacteurs en activité, la France est le pays le plus nucléarisé au monde. Et pas forcément le plus sûr.
Selon une enquête récente de l’Autorité de sureté nucléaire, aucune de nos centrales ne prendrait correctement en compte le risque sismique. Eric Besson, le ministre de l’énergie, avait donc beau jeu aujourd’hui de plaider, devant l’AIEA à Vienne, en faveur d’une généralisation des tests de résistance à tous les réacteurs du monde.
La France ne semble donc pas prête à sortir du nucléaire. Mais, et c’est un changement notable, ceux qui la dirigent ou la dirigeront demain, sont désormais disposés à en débattre, comme l’a prouvé la première confrontation télévisée entre les candidats à la primaire socialiste. L’idée d’une sortie du nucléaire n’est plus taboue Mais s’agit-il vraiment d’une bonne idée ?
Peut-on désinventer le nucléaire ?
Pour y répondre, Hervé Gardette recevait :
- Olivier Isnard, chercheur à l'Institut radiologique de sûreté nucléaire (IRSN), adjoint au chef du service des situations d'urgence et d'organisation de crise
- Jacques Foos, professeur honoraire au Conservatoire national des Arts et Métiers et auteur du livre Peut-on sortir du nucléaire ? Après Fukushima, les scénarios énergétiques de 2050 à paraître aux éditions Hermann le 24 octobre 2011
- Bernard Laponche, physicien nucléaire, politologue et auteur du livre En finir avec le nucléaire à paraître aux éditions du Seuil le 6 octobre 2011 »
Pour écouter cette émission :
http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-4311981#reecoute-4311981
(39 minutes)
Durant cette émission, encore des propos très ambigus d’Olivier Isnard (IRSN) :
« Ce qu’on ressent de la société japonaise, c’est une défiance de plus en plus forte vis-à-vis de… vis-à-vis du… du pouvoir… du pouvoir politique et de.. et des mesures qu’ils sont en train de prendre. Euh… On est dans une période, par rapport à cette crise, où finalement, on n’attend plus de son pays de nous protéger de manière arbitraire, mais d’instaurer une discussion, une ouverture à la société civile, où un débat s’instaurerait entre cette société et l’état et le pouvoir politique pour trouver ensemble euh... ben… une certaine acceptation de la vie dans un territoire contaminé. Ce qui n’est à l’heure actuelle pas le cas, et donc la défiance vis-à-vis des mesures prises par l’état et bien évidemment le problème posé par le nucléaire au Japon se fait de plus en plus important. »
Mais face au discours pronucléaire invraisemblable de Jacques Foos, le représentant de l’IRSN a insisté sur les réels dangers du césium. De plus, il a bien expliqué la différence fondamentale existant entre une irradiation naturelle provenant du sol et une contamination interne via la chaîne alimentaire comme c’est le cas au Japon actuellement. Merci à lui d’avoir recentré les informations de base.
Merci aussi et enfin à Bernard Laponche d’avoir rétabli la vérité sur les dangers de la radioactivité et la nécessité de sortir du nucléaire !