On voit encore ici ou là des gens soi-disant spécialistes, mais essentiellement anonymes, qui prétendent que les faibles doses de radioactivité ne sont pas dangereuses pour la santé.
En fait, la question ne devrait plus être polémique car la CIPR, Commission Internationale de Protection Radiologique, a fait ces recommandations il y a plus de 20 ans, mais le gouvernement japonais semble les ignorer :
1) Il n'y a pas de seuil de dose en dessous duquel il n'y a aucun effet : en clair, cela signifie que toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique.
2) La probabilité d'apparition d'un cancer radio-induit mortel est directement proportionnelle à la dose reçue.
3) Le rayonnement naturel n'est pas inoffensif.
« La composante de l'irradiation du public due aux sources naturelles est de loin la plus élevée, mais ceci ne fournit aucune
justification pour réduire l'attention qu'on doit apporter aux irradiations plus faibles mais plus facilement maîtrisables dues aux sources artificielles » (article
140)
Dès 1990, la CPIR révisait à la baisse les normes de radioprotection, la portant à 1 mS/an pour le public et 20 mS/an pour les travailleurs. Mais ces limites de dose n'impliquent pas qu'en dessous de ces limites, le rayonnement est inoffensif ; cela est clairement indiqué dans l’article 124 :
"Dans la pratique, plusieurs idées fausses sont apparues dans la définition et la fonction des limites de dose. En premier lieu, la limite de dose est largement, mais d'une façon erronée, considérée comme une ligne de démarcation entre «l'inoffensif» et le «dangereux»"
Alors, quels dangers et quels effets ?
Je reprends des extraits d'un article de Roger Belbéoch de La Gazette nucléaire
Les effets biologiques, cancers et dommages génétiques, sont d'une nature tout à fait différente de ceux causés par les fortes doses. Ainsi les processus de réparation incomplète des cellules endommagées par le rayonnement peuvent induire un cancer, mais dans une population d'individus irradiés d'une façon identique, certains développeront un cancer, d'autres pas, sans qu'il soit possible de prédire qui sera affecté. Ces effets apparaissent au hasard au sein de la population irradiée.
(…)
Les effets génétiques se manifestent dans toutes les générations à venir.
Pour les cancers aucun symptôme n'est détectable entre le moment de l'irradiation et l'apparition clinique ultérieure du cancer radio-induit ce qui traduit des longs
temps de latence :
- de 2 ans et plus pour les leucémies
- supérieurs à 10 ans pour la plupart des tumeurs solides
(…)
On doit tenir compte des effets tératogènes par irradiation in utero des embryons et des fœtus,
particulièrement radiosensibles, pouvant conduire à des avortements spontanés, des anomalies à la naissance, des retards moteurs ou mentaux plus ou moins graves.
En ce qui concerne l'induction de cancer et leucémie on considère que le risque est plus élevé pour les enfants ayant été irradiés in utero. D'autre part il semble se confirmer que
les enfants de moins de dix ans sont plus radiosensibles que les adultes.
Source : La Gazette nucléaire n°141/142
http://solar-club.web.cern.ch/solar-club/gazette/1995/141_18.html
A propos de la CIPR et des effets des faibles doses, il faut lire l’analyse remarquable de Rosalie Bertell, présidente de l'International Institute of Concern for Public Health (Institut international pour la santé publique) de Toronto.
Lien :
http://www.dissident-media.org/infonucleaire/rosalie_bertell.html