11 septembre 2011 : deux souvenirs d’évènements douloureux
vont se télescoper, 6 mois exactement après le tremblement de terre japonais et 10 ans après la destruction des tours jumelles à New York. Alors autant prendre quelques jours d’avance pour faire
le point sur la catastrophe de Fukushima, car on sait déjà de quoi les médias vont parler le plus… Ne parlons même pas du non-lieu général dans l'affaire des retombées en France du nuage de Tchernobyl. 10 ans
d’enquête pour en arriver là… Vraiment, 2011, une triste année. Alors commençons par la seule bonne nouvelle qui semble se dessiner.
C’est maintenant presque officiel : le Japon va sortir du nucléaire ! Naoto
Kan, ex premier ministre, est devenu anti-nucléaire. Avant de quitter le gouvernement, il avait pris soin de faire voter une loi favorable aux énergies renouvelables. Libéré de ses fonctions et
des pressions qu’il subissait, il dit aujourd’hui publiquement ce qu’il pensait tout bas : « Quand vous pensez à la possibilité d'un accident qui pourrait rendre la moitié du pays
inhabitable, vous ne pouvez pas prendre ce risque, même si cela n’arrivait qu’une fois dans un siècle" (lien). Le nouveau
gouvernement ne dit pas autre chose : Yoshihiko Noda, premier ministre depuis une semaine, juge difficile de construire de nouveaux réacteurs au Japon, y compris pour remplacer ceux arrivant
en fin de vie. A terme, cela devrait aboutir à la disparition progressive des centrales nucléaires au Japon, comme l’a indiqué dernièrement le ministre de l'industrie (lien).
C’était la bonne nouvelle. Les autres sont moins réjouissantes, car la crise nucléaire est à
son paroxysme, non pas à la centrale même ‒ même si la centrale continue de diffuser son poison en continu, il n’y a plus d’explosions spectaculaires
‒ mais dans les territoires contaminés qui sont loin de se limiter à la zone d’exclusion décidée par le gouvernement. Pour plusieurs centaines de
milliers de Japonais, la situation sanitaire est désormais critique, certains secteurs habités étant plus pollués que des zones interdites à Tchernobyl. Malgré ces faits alarmants, peu de médias
osent aborder le sujet. D’où aujourd’hui l’idée de faire le point à l’aide de dossiers, de synthèses ou de reportages réalisés récemment qui donnent des éclairages multiples de la situation
presque 6 mois après l’accident.
1. Fukushima, 6 mois après : la catastrophe continue (Réseau
Sortir du nucléaire)
2. A Fukushima, « on ne maîtrise rien », témoigne Corinne
Lepage (reportage)
3. Une synthèse de l'accident de Fukushima du 11 mars 2011
(Forum de Radioprotection)
4. Mise en place de moyens de contrôles radiologiques
indépendants (Partenariat Criirad-ONG japonaises)
5. Le point sur la situation à Fukushima Daiichi (Autorité de
Sûreté Nucléaire)
6. Accident survenu à la centrale de Fukushima Daiichi : point
de la situation (IRSN)
7. Fukushima Retombées (reportage TV
australien)
8. Dernières nouvelles de Tokyo en… 2016 (court-métrage
japonais)
9. Qui tient encore le fil de l’actualité de Fukushima
aujourd’hui ? (liens)
1. Fukushima, 6 mois après : la catastrophe
continue
Dossier du réseau Sortir du
nucléaire
6 septembre 2011
« Ce 11 septembre 2011, six mois se seront écoulés depuis le début de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Six mois que Tepco, l’ensemble
du lobby nucléaire, le gouvernement japonais, mentent et désinforment les citoyens du Japon et du reste de la planète. Six mois déjà, à lutter contre l’opacité, à tenter de démêler les fils de la
vérité, concernant la situation des réacteurs, la contamination de l’environnement, des habitants et des aliments. A la veille du 11 septembre 2011, nous sommes toujours confrontés à un mur de
censure. Les grandes catastrophes nucléaires de l’histoire, de Mayak à Fukushima en passant par Tchernobyl, se suivent… la désinformation reste entière, et nous, citoyens du Japon et d’ailleurs,
sommes les premières victimes. Ce silence doit cesser.
Le Réseau “Sortir du nucléaire“ souhaite ici fournir un aperçu – sans prétendre être exhaustif – de la situation des populations dans
la préfecture de Fukushima à ce jour. Ce dossier met en valeurs certains aspects scandaleux de la gestion de la catastrophe par les autorités japonaises qui sont passés inaperçus dans les médias
en France. Alors que l’accident n’en est qu’à son commencement, le Japon en a-t-il tiré les leçons ? »
…
2. A Fukushima, « on ne maîtrise rien », témoigne
Corinne Lepage
Propos recueillis par Audrey
Chauvet
6 septembre 2011
L'eurodéputée Corinne Lepage
lors d'une manifestation contre le nucléaire,
en mars 2011 à Paris.
(AFP PHOTO / BERTRAND LANGLOIS)
« Presque six mois, jour pour jour, après la catastrophe de Fukushima, la députée européenne Corinne Lepage s'est rendue au
Japon. Elle en revient avec un témoignage alarmant...
Elle a «pris son baluchon» et elle s’est rendue sur les lieux de la catastrophe. La députée européenne Corinne Lepage, qui suit
particulièrement la question du nucléaire au Parlement européen, s’est rendue au Japon du 29 août au 2 septembre pour y rencontrer les autorités, les ONG et les associations de familles de Fukushima. Elle en revient avec des nouvelles alarmantes sur l’état de
la centrale accidentée et la radioactivité à laquelle sont confrontées les populations, mais témoigne également de la possibilité d’adapter la consommation électrique d’un pays à de nouvelles
contraintes et dénonce l’industrie nucléaire, incapable de faire face aux accidents dont elle est à l’origine. »
3. Une synthèse de l'accident de Fukushima du 11
mars 2011
Mise en ligne le 29 août 2011
Ce document a été élaboré grâce aux informations collectées via le fil de discussion dédié a cette catastrophe sur le forum du Radioprotection Cirkus. Elle fait un point de la situation à la fin juin 2011 sur les six thèmes suivants
:
- La cinétique de l’accident.
- L’état des tranches fin juin 2011 soit
trois mois et demi après l’accident.
- Le traitement des déchets et effluents liquides.
- L’impact dosimétrique sur les intervenants.
- L'impact sur l'environnement.
- L’impact sanitaire prévisionnel sur la population.
Si cette synthèse est technique, elle est aussi critique, ce qui lui donne une originalité
incomparable sur la toile : nous avons là les informations officielles résumées et des commentaires et interrogations pertinents, comme l’annonce cet extrait de l’introduction du
document : « Cependant nous pensons que la situation est loin d’être stabilisée et que des questions majeures se posent encore sur la reprise de
criticité, sur les coriums qui peuvent avoir ou non traversés les radiers, sur la récupération du combustible dans les piscines de stockage et des coriums, sur les traitements des effluents
liquides, sur l’impact dosimétrique chez les intervenants et dans la population et sur le suivi épidémiologique qui sera réalisé dans le futur. »
4. Partenariat Criirad-ONG japonaises : mise en
place de moyens de contrôles radiologiques indépendants.
Dossier spécial Japon Criirad
La CRIIRAD a accueilli du 9 au 12 août 2011 à Valence une délégation du CRMS (Citizen’s
Radioactivity Measuring Station) afin de renforcer les liens de coopération mis en place depuis avril 2011 avec M Wataru Iwata (ONG Project 47 et CRMS). La visite a comporté des réunions de
travail, formation aux techniques de mesure de radioactivité, réunion publique et conférence de presse. Quelques unes des interventions médiatisées sont disponibles
ci-dessous :
- Sujet de France 3 diffusé le 10 août 2011. Il traite de la formation organisée au laboratoire
de la CRIIRAD
Conférence de presse organisée à la CRIIRAD à Valence le 11 août 2011
Intervenants : M Wataru Iwata (CRMS) et Bruno Chareyron (CRIIRAD)
- Sujets de M. Lorrain Sénéchal diffusés sur France Inter, France Info et France Bleu Drôme
Ardèche (fichiers audio)
5. Le point sur la situation à Fukushima
Daiichi
par l’ASN
26 août 2011
L’ASN fait le point sur la situation de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi et les
conséquences radiologiques au Japon :
I. La situation de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi
II. Le suivi des populations présentes au Japon
III. La contamination radioactive de l’environnement au Japon
IV. La mise en place d’un « zonage post accidentel »
V. La radioactivité dans les produits alimentaires japonais
VI. La radioactivité dans l’eau du robinet au Japon
VII. La radioactivité dans les produits non alimentaires au Japon
VIII. La gestion des déchets contaminés
6. Accident survenu à la centrale de Fukushima
Daiichi : point de la situation
par l’IRSN
25 août 2011
Depuis le 12 mars 2011, l'IRSN publie des points d'informations réguliers sur l'état des
installations nucléaires au Japon. Mais attention, pas de scoop dans ce bulletin, car l’IRSN ne restitue que les données fournies par Tepco. De plus, les commentaires sont excessivement prudents,
ce qui donne une impression constante de minimisation de la catastrophe. Pourtant, l’IRSN aurait de quoi dire beaucoup plus. Alors que cet organisme chapeaute un laboratoire de recherche sur le
corium (le Laboratoire d’études du corium et du transfert des radioéléments - LETR - financé par les contribuables français), il ne communique pas
sur les coriums de
Fukushima ! Mais je vous l’avais déjà signalé, le mot est tabou autant chez Tepco que dans l’espace nucléaire français. Cet état de fait est
scandaleux : plus un sujet est dangereux en terme d’image pour l’industrie nucléaire, plus on le camoufle.
7. Fukushima : Fallout
(Retombées)
Reportage australien de Liz Hayes, sous-titré en
français par Kna60
Extrait de l'émission "60 Minutes" de Channel Nine
diffusée le 19 juin 2011.
« Quand le Japon a été secoué par un énorme séisme et un tsunami en mars dernier, nous nous sommes dit que le pire était derrière nous. Des dizaines de milliers de
morts, une économie dévastée, des communautés entières rasées. Sûrement les Japonais avaient assez souffert comme cela. Bien des semaines plus tard, la crise est loin d'être terminée. La centrale
nucléaire endommagée de Fukushima fuit toujours et, à en juger par l'expérience de Tchernobyl, le rétablissement du Japon ne se mesurera pas en années, mais en siècles.
La contamination radioactive ajoute simplement un autre chapitre à ce qui est déjà une tragédie indicible : la décision de revenir et reconstruire pourrait bien ne pas appartenir à la population
qui habitait dans la zone d'exclusion. Cette contamination, diluée, s'étend maintenant à la planète entière. »
8. Dernières nouvelles de Tokyo en…
2016
Ecrit et dirigé par Yukihiro Shoda, Blind est un
court-métrage qui prend place dans un Tokyo post-nucléaire dans lequel un homme d’affaires se retrouve propulsé dans un monde surréaliste.
9. Qui tient encore le fil de l’actualité de
Fukushima aujourd’hui ?
Il faut le reconnaître, se tenir constamment informé sur Fukushima et restituer l’info
clairement de manière quotidienne est une tâche difficile car elle nécessite un temps plein. Certains veilleurs des premiers temps de la catastrophe ont jeté l’éponge ou font une pause (1),
d’autres passent le relai. Pour les francophones, voici quelques sites qui ont encore des rubriques actualisées type « fil d’info » ou « dernières
nouvelles » :
Restent aussi les sites collectant les articles qui paraissent au jour le jour, les fameux
« scoopit » intarissables de Pascal49 et d’Etienne Servant :
Et les sites toujours actifs, s’attachant particulièrement à la traduction d’articles
étrangers :
ou à la sensibilisation mondiale de la catastrophe :
(1) On regrette en particulier les bulletins de l’électron libre (Glasnost sur Fukushima), les « Quoi de neuf ? » de Paul Keirn, les fils d’infos d’Ubick (Radio Blüe), de l’association
Kokopelli, de François Leclerc (blog de Paul Jorion), de Dazibaoueb, etc. Espérons que ces forces d’information soient réactivées bientôt, ou qu’elles ressurgissent sous d’autres formes sur la
toile.
Source photo tête d'article : Jdd