A cause de la tempête tropicale Sandy qui a balayé l’est des Etats-Unis, 2 réacteurs nucléaires ont été arrêtés, 2 ont eu des incidents et une centrale (Oyster Creek dans le New Jersey) a été mise en alerte de niveau 2 ‒ sur une échelle de 4 ‒ car elle a failli être dans la même situation que Fukushima.
En effet, les deux évènements précurseurs à l’accident étaient identiques :
1) Perte d’alimentation électrique extérieure
2) Montée des eaux et perte partielle de la source froide permettant de refroidir le cœur
Deux experts nucléaires états-uniens ont communiqué sur cette situation : Robert Alvarez d’une part a assuré que si une forte inondation ou des vents violents avaient mis à plat le système électrique de secours, la centrale aurait alors été en situation de black-out, situation qui avait mené au désastre de Fukushima, au Japon en 2011. D’autre part, Arnie Gundersen a déclaré que si le réacteur avait fonctionné en pleine capacité ‒ Oyster Creek était en phase de ravitaillement ‒ ça aurait été le pire des scénarios, comme à Fukushima.
Centrale d'Oyster Creek
La situation à la centrale nucléaire de Salem (dans le New Jersey également) était aussi critique : 4 pompes sur 6 destinées à la circulation d’eau étaient en panne. [Mise à jour du 1/11/12 : la situation était sans doute pire à la centrale de Salem, lire l'article sur Gen4 "L’opérateur PSEG a défié l’ouragan Sandy le matin du 30 octobre à Salem".]
En effet, la menace était réelle : l’autorité de sûreté nucléaire américaine, par la voix de son porte-parole Neil Sheehan, a annoncé qu’il restait encore à régler de nombreuses questions concernant la stabilité de la température des réacteurs affectés par la tempête.
Or nul n’ignore aujourd’hui que la maîtrise de la température d’un réacteur est la clé de voûte de la sûreté nucléaire. Sans refroidissement, c’est la fonte du cœur assurée en une dizaine d’heures quand une centrale est en fonctionnement habituel.
Pour mémoire, on a déjà frôlé la catastrophe deux fois en Europe depuis Tchernobyl :
- une fois en 1999 avec l’inondation de la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) qui a mis hors service plusieurs systèmes de refroidissement.
- une autre fois en 2006 à Forsmark (Suède) : à 7 minutes près, le cœur du réacteur commençait à fondre
Il faut le redire à tous ceux qui clament que l’énergie nucléaire est sûre : un tsunami ou un tremblement de terre ne sont pas nécessaires à l’arrivée d’une catastrophe nucléaire. Bien d’autres évènements peuvent survenir, comme le rappellent justement Stéphane Lhomme ici ou Trifouillax là.
Comme d’habitude en cas de menace, le message se voulait rassurant : « Il n'y a aucune menace de fuite » radioactive, annonçait Craig Fugate, de l'agence américaine de gestion des crises (FEMA), interrogé sur la chaîne NBC. Mais le lendemain, on apprenait de l’opérateur de la centrale de Salem 1 que le réacteur avait sans doute relâché des gaz pouvant contenir du tritium.
sources :
http://gen4.fr/2012/10/usa-electronucleaire-ouragan-sandy.html
En savoir plus sur les centrales nucléaires du New Jersey :
http://www.thelivingmoon.com/forum1/index.php?topic=3086.0
Autre effet de la tempête…
Un veilleur de Fukushima états-unien, Alexander Higgins, a dû évacuer sa maison inondée.
Lanceur d’alerte par son blog, il a été l’un des premiers à s’interroger sur la détection de plutonium et de strontium sur le sol américain en avril 2011.
Aujourd’hui, il a tout perdu, sa maison, son serveur, et son travail.
Une page de soutien et de solidarité s’est rapidement créée sur Facebook. Vous trouverez sur cette page des informations et la manière d’aider Alexander et sa famille à surmonter cette épreuve extrêmement difficile :
https://www.facebook.com/#!/events/383224498421091/
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Illustration d’entête : crédit YouDon’tKnowJersey.com