Trop de mauvaises nouvelles depuis plusieurs mois pour ne pas souligner les bonnes ! Cette semaine, au Japon et en France, deux personnalités se sont fait remarquer par leurs propos au sujet de la sortie du nucléaire. Même si ce ne sont que des paroles, elles marquent le début du tournant mondial provoqué par la catastrophe de Fukushima : l’industrie nucléaire étant à la fois trop dangereuse et plus du tout rentable, l’humanité va progressivement quitter cette ère honteuse pour les générations futures. Bien évidemment, cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique, il faudra sans doute plusieurs décennies, mais si les hommes politiques au pouvoir commencent enfin à prendre conscience de la nécessité du changement, on est sur le bon chemin.
Naoto Kan (photo Sebastian Pinera)
« Le risque nucléaire est trop fort »
Naoto Kan, premier ministre du Japon, a déclaré mercredi : « On ne peut plus soutenir que la politique menée jusqu’à présent garantisse la sécurité de l’exploitation de l’énergie nucléaire. Nous devons concevoir une société qui puisse s’en passer. »
Quelle audace ! Et quelle surprise ! Avant l’accident de Fukushima, ce même homme prévoyait une augmentation de la part de l’électricité nucléaire dans la production totale à plus de 50% d’ici à 2030, contre quelque 30% en 2010. Aujourd’hui, il envisage de revoir de fond en comble la politique énergétique du Japon : Naoto Kan plaide pour une « réduction progressive » de la part de l’électricité nucléaire au profit des énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse, etc.) avec pour objectif de s’en affranchir totalement.
Evidemment, les médias, sous influence financière de Tepco, ont vivement critiqué les propos du premier ministre. Mais malgré son impopularité au Japon, il a indiqué qu’il quitterait le pouvoir une fois adopté un texte sur les énergies renouvelables. Il est clair que les Japonais, de moins en moins favorables à l’énergie nucléaire, vont maintenant attendre des actes, car si « l'abandon du nucléaire est une idée qui monte en puissance" selon l'Asahi, elle "ne doit pas être seulement un slogan", poursuit le Mainichi.
Aujourd’hui, seuls 19 réacteurs sur 54 sont en activité au Japon, ce qui montre la grande faiblesse de cette énergie en cas de tremblement de terre.
Eric Besson
« Nous allons étudier tous les scénarios possibles du mix énergétique des années qui viennent », « Aucun scénario ne sera écarté, y compris, les scénarios de sortie du nucléaire »
Eric Besson, pronucléaire notable et ministre français de l’industrie, a précisé qu’une étude prospective était lancée afin d'envisager les scénarios de sortie du nucléaire. Ce programme s’appelle
« Energie 2050 ». « Ce programme, qui vient de démarrer et sera piloté par Bercy, prévoit le passage en revue de toutes les sources d'énergie, de la demande et des « sources de production »,
a précisé Eric Besson sur Europe 1. La grande nouveauté, c’est que parmi les hypothèses, la fin du nucléaire à l'horizon 2040-2050 sera envisagée, ce qui est une grande première pour l'exécutif français.
Bien que le gouvernement, Nicolas Sarkozy en tête, soit favorable à l’énergie nucléaire, les Français sont en train d’évoluer sur le sujet : suite à la catastrophe de Fukushima, les récents
sondages montrent qu’une majorité de Français ne sont pas favorables à cette énergie et de ce fait, il est probable que l’énergie sera un thème fort lors de la campagne électorale pour l’élection
présidentielle de 2012.
Fukushima a fait bouger les choses. Avant, on ne parlait pas de nucléaire, c’était un sujet tabou. A partir de maintenant, cela devient un enjeu électoral et chaque parti s’en empare : alors que sans surprise Europe-Ecologie-les-Verts veut mettre en œuvre une sortie rapide du nucléaire, le PS, plus divisé, envisage soit une dénucléarisation sans fixer d'échéance (Martine Aubry), soit une réduction de la part de l'atome à 50% d'ici 2025 (François Hollande), soit une sortie d'ici 40 ans (Ségolène Royal).
A chacun maintenant d’aider les politiques qui nous gouvernent ou qui vont nous gouverner à faire bouger la ligne encore plus loin,
- en les informant sur ce qui se passe réellement au Japon,
- et en leur indiquant que l’énergie sera un sujet clé pour les prochaines élections.
Aujourd’hui en France, de nombreuses centrales nucléaires sont en passe de devoir être
arrêtées à cause du manque d’eau dans les rivières qui assurent le refroidissement des cœurs, ce qui montre une autre faiblesse de cette énergie (voir article de l’observatoire du nucléaire).
sources :
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/bffd2e40-ad8f-11e0-afdb-44023cd0aa9f
http://www.francesoir.fr/actualite/politique/sortir-du-nucleaire-gouvernement-cogite-116878.html