Le 6 novembre 2012, lors du forum Eurosafe organisé à Bruxelles par le réseau ETSON et ses partenaires, deux économistes de l'IRSN, Ludivine Pascucci-Cahen et Patrick Momal, ont présenté une communication intitulée « Massive radiological releases profoundly differ from controlled releases » (Les rejets radiologiques massifs sont très différents des rejets contrôlés).
La principale information de cette communication est une bombe : un accident nucléaire 3 fois moins important que celui de Fukushima (1 fusion de cœur de réacteur contre 3 au Japon) engendrerait un coût d’au moins 430 milliards d’euros pour le seul pays de France, soit plus que le budget de l’Etat. Autant dire une faillite complète.
Dans un souci de diffusion maximale des informations importantes concernant le nucléaire en France, le blog de Fukushima a décidé de réaliser la traduction de la communication de l’IRSN (1)
Télécharger la traduction française de la communication de l’IRSN
Cette communication serait passée inaperçue si l’ACRO ne l’avait pas relevée à l’occasion de sa mise en ligne en langue anglaise en décembre 2012 sur le site du forum Eurosafe. Depuis, une autre communication a été réalisée par les mêmes spécialistes en économie, en France cette fois à Cadarache, et c’est seulement à cette occasion que la presse s’en est fait l’écho à partir du 7 février 2013.
On ne saurait trop remercier tous les sites d'information qui ont repris cette nouvelle car bizarrement, alors que l’information a été rendue publique depuis maintenant 3 mois, ni le site de Cadarache, ni le site du CEA, ni le site de l’IRSN ne la diffusent. Comme le gouvernement français doit déposer, dans le cadre du débat national sur la transition énergétique, un projet de loi de programmation à la fin du premier semestre 2013, il nous a semblé opportun de diffuser aussi cette information cruciale dont les politiques doivent absolument tenir compte pour l’avenir de la France et de l’Europe en général.
430 milliards d’euros, c’est difficile à imaginer ! Voilà enfin la vérité de ce que nous propose le nucléaire, une sorte de roulette russe économique et sanitaire. Voilà le futur de ce pays et de l’Europe, car les pays voisins profiteront largement du désastre prévu, il n’y a pas comme au Japon l’océan Pacifique à l’est pour absorber la radioactivité mortelle. Il y a la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, l’Italie, pays qui ont décidé de sortir du nucléaire. Voilà aussi à quoi il faudrait se préparer : avoir une responsabilité et une honte éternelle envers tous les pays contaminés de l’Europe.
« L’Autorité de Sûreté Nucléaire l’a dit, on ne peut pas exclure une catastrophe nucléaire majeure en France. Le risque économique incommensurable que fait peser l’industrie nucléaire sur notre pays doit donc absolument être pris en compte dans le débat en cours. » (source ACRO)
Le projet de loi de programmation sur la transition énergétique concerne votre député et le sénateur de votre circonscription. Envoyez-leur la communication de l’IRSN en pièce jointe par mail ! Et dites-leur par la même occasion ce que vous pensez du risque nucléaire : acceptable ? inacceptable ?
Vous trouverez leurs adresses mail ici et là.
Vous pouvez aussi porter cette connaissance dans le débat national sur la transition énergétique. On peut y participer directement par cette page qui permet à toute personne intéressée de poster une contribution :
http://www.transition-energetique.gouv.fr/contribuer (lien mort)
Mise à jour du 12/03/2018 : lien qui contient toutes les informations relatives au débat et au nouveau modèle énergétique https://agence-energie.com/reseaux/transition-energetique
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Lire aussi à ce sujet :
Comment estimer le coût d’un accident nucléaire ? (Etude de P. Momal)
Peut-on supporter le coût d’une catastrophe nucléaire majeure ? (ACRO)
Le coût d'un accident nucléaire en France ? Plus de 400 milliards d'euros(Les Echos)
Un accident nucléaire majeur coûterait 430 milliards d'euros (Le Figaro)
Un accident nucléaire en France : une catastrophe pour l'économie (Le Monde)
L'IRSN évalue à 430 milliards d'euros le coût d'un accident nucléaire majeur en France(L’Usine Nouvelle)
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Addendum
Une lectrice du blog apporte une information de taille, puisqu’il s’agit d’une autre estimation de l’IRSN, énoncée dans le rapport public de la Cour des Comptes sur les coûts de la filière nucléaire mis en ligne le 31/01/12. Voici ce qu’indiquait la note 200, page 242 :
« Les estimations de l’IRSN donnent un coût moyen compris entre 70 Md€ pour un accident modéré sur un réacteur comme celui qui s’est produit à Three Mile Island en 1979, et 600 Md€ à 1 000 Md€ pour un accident très grave comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima. » (source)
On comprend ici que l’IRSN, qui réalise selon P. Momal et L. Pascucci-Cahen des estimations depuis 8 ans, a une politique de communication à deux vitesses. Devant la Cour des Comptes, l’accident majeur coûterait entre 600 et 1000 milliards d’euros, et devant les journalistes, ce coût tomberait à 430 milliards d’euros. Dans les deux cas, la somme est colossale et, comme dit P. Momal, « l’accident demeurerait largement intolérable » et les décideurs seraient face à « une situation dans l’ensemble désespérée ».
Une autre source de l'IRSN est publiée par le Figaro. Curieusement, cette image amoindrit encore l'estimation, la facture totale passant de 430 milliards dans l'article à 421 milliards dans l'illustration.
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(1) Les rejets radiologiques massifs sont très différents des rejets contrôlés
Ludivine Pascucci-Cahen et Patrick Momal
Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)
31 av Division Leclerc, 92260 Fontenay-aux-Roses
Titre original : Massive radiological releases profoundly differ from controlled releases
Edité par EUROSAFE, lien : http://www.eurosafe-forum.org/2012-seminar-2
Traduction française : Odile Girard, Catherine Thirion, Pierre Fetet
Résumé:
Se préparer à un accident nucléaire nécessite de comprendre les conséquences potentielles de cet accident. Alors que de nombreux experts spécialisés ont travaillé sur divers aspects particuliers d’un tel accident, il est surprenant que si peu d'efforts aient été consacrés à obtenir une vue d’ensemble et à fournir une image globale et équilibrée de toutes les conséquences majeures. L'IRSN a travaillé sur le coût des accidents nucléaires, un exercice qui se doit d’être aussi complet que possible, étant donné que toute omission sous-estimerait évidemment le coût. Il fournit donc (idéalement) une estimation de tous les éléments de coût d’un accident, révélant la nature de ces coûts et esquissant ainsi une image globale. Sur un réacteur à eau pressurisée français (REP), il apparaît que des rejets contrôlés provoqueraient un accident « économique » ayant des conséquences radiologiques limitées par rapport à d'autres coûts ; en revanche, des rejets massifs déclencheraient une crise majeure ayant des conséquences radiologiques importantes. Ces deux types de crises confronteraient les décideurs à différents types de défis.
Plan de la communication
1. LES COÛTS ESTIMATIFS DOIVENT ÊTRE COMPLETS POUR DONNER UNE VUE GLOBALE
1.1. L’estimation des coûts doit être complète
1.2. Les grandes catégories de coûts
1.3. Détail des postes de coûts
2. UN ACCIDENT NUCLÉAIRE GRAVE EN FRANCE serait un DÉSASTRE NATIONAL Mais resterait NÉanmoins gÉrable
2.1. Un désastre national
2.2. Une crise gérable
2.3. Variabilité
3. UN ACCIDENT NUCLÉAIRE MAJEUR EN FRANCE PROVOQUERAIT UNE CATASTROPHE EUROPÉENNE INGÉRABLE
3.1. Une catastrophe radiologique majeure
3.2. Des coûts économiques élevés
3.3. Des pertes énormes
4. REMARQUES DE CONCLUSION
Lire la communication en entier
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