19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 15:17

Avec ce deuxième témoignage de Fonzy, on se rend compte qu’en 2011 les Japonais n’étaient pas très au fait des dangers considérables qu’une centrale nucléaire pouvait faire encourir à leur pays et au monde. Les Français en sont-ils aujourd'hui plus conscients ?

Temple Tokei-ji à Kamakura,pendant notre promenade du 17 mars 2011

Temple Tokei-ji à Kamakura,pendant notre promenade du 17 mars 2011

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« Le 11 mars 2011, j’étais à la maison dans la banlieue de Tokyo quand le tremblement de terre a eu lieu. C’était une secousse qui était forte dès le début, et qui durait longtemps. La terre a été secouée comme un petit bateau frappé par de grandes vagues. Bien qu’habituée aux séismes, je n’en ai jamais connu de si violent. Prise de peur, je suis sortie sur le balcon et ai vu une grosse 4x4 s’ébranler de haut en bas. J’ai allumé la télé. Ils ne parlaient que du tremblement de terre, de tsunamis, de répliques, de transports perturbés, de victimes..., mais pas de centrales nucléaires ni de Fukushima.

 

Ce n’est que le 13 au matin que j’ai appris à la télé qu’il y avait eu un phénomène explosif dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, et qu’ il avait provoqué un trou d’un diamètre de 50 m sur le bâtiment n°1, selon M. Edano, porte-parole du gouvernement. Qu’est-ce un phénomène explosif  ? Est-il différent de l’explosion ? Un trou d’un diamètre de 50 m ? Est-ce plutôt la destruction du bâtiment ? Le gouvernement essayait déjà de dissimuler la vérité mais, à ce moment-là, j’étais moins sceptique et plus naïve. Il disait qu’il y aurait des coupures pour quelques heures à cause  du manque d’électricité. Donc c’était plutôt un problème d’électricité, j’ai compris comme ça cette nouvelle. 

 

Je suivais aussi les informations sur les médias français ou britanniques, qui signalaient sans arrêt l’importance de l’accident de Fukushima Daiichi, mais je disais avec mon copain qu’ils exagéraient un peu trop : « C’est n’importe quoi ! Fukushima n'est pas Tchernobyl ! »

 

Mes amis français ont commencé à quitter Tokyo autour du 17 mars, soit avec un vol charter organisé par le gouvernement français, soit en passant par Osaka, une ville qui se trouve à l’Ouest du Japon. Ils m’ont envoyé des mails qui me déchiraient le coeur. J’avais aussi des amis qui me proposaient de m’héberger pour quelques semaines en France. Pourtant, je ne voyais pas trop la nécessité immédiate de l’évacuation. Mes parents voulaient rester chez eux à Tokyo (d’ailleurs ils croyaient que ce n’était rien à Fukushima), en plus j’avais moins peur de la radioactivité que des tremblements de terre, en tout cas à cette époque-là.

 

Toutefois j’ai été obligée de réaliser la gravité de l’accident fin mars. On parlait de plus en plus de la situation de Fukushima, même à là télé japonaise, et d’un ton plus sérieux : pastille d’iode, noyau du réacteur fondu, enceinte de confinement, meltdown, Sievert, Becquerel, césium... Tous ces termes étaient tout à fait nouveaux pour moi. Tout en m’informant sur Internet, je lisais tranquillement La Peste d’Albert Camus, qui me faisait pressentir des malheurs que l’on avait et que l’on aurait dans un futur proche à Fukushima. Oui, à ce moment-là, je croyais que c’était le problème de Fukushima, seulement à Fukushima... »

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commentaires

R
Les "faiblesses" de l'information sont aggravées par les législations qui réduisent les libertés fondamentales. Le rôle des "lanceurs d'alerte" est irremplaçable. Encourageons les démarches citoyennes. Profitons du débat que le projet de loi sur la transition énergétique ouvre pour affirmer, avec force, nos revendications.
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C
Bonjour à tous,<br /> Serions nous mieux informés et formés? Il suffit de lire les déclarations des hautes personnalités politiques, ou même les consignes sur la conduite à tenir en cas d'accident et de comparer avec les écrits des autorités (ministères, ASN, IRSN) pour voir qu'ils sont incapables de travailler ensemble (le mille feuilles administratif). Depuis 1999 nous tentons de faire comprendre que l'augmentation du risque est intolérable! Toutes nos démarches judiciaires et administratives sont des échecs (jamais sur le fond mais toujours sur la forme). Aussi avons nous pris la décision d'informer à partir de ce que le retour d'expérience nous apprend. Et vous êtes les bienvenus.<br /> <br /> CONFERENCE DEBAT, 5 SEPTEMBRE 2014, A PARTIR DE 14H AU CHÂTEAU DE JOVIAC (entre Rochemaure et Le Teil en Ardèche face à Montélimar)<br /> Dans le cadre de notre opposition (historique, depuis les années 80) au projet de déviation de la RN 102 par le nord du Teil (Ardèche), nous organisons une conférence débat sur les liens existant entre l’aménagement du territoire et les risques majeurs et technologiques.<br /> <br /> Les demandes, tant du HCTISN (haut comité pour la transparence, l’information et la sûreté nucléaire) que des associations n’ayant pas été satisfaites, nous vous proposons de suppléer aux manques d’informations.<br /> <br /> Thème 1 : Le « pourquoi » du risque nucléaire. <br /> <br /> Nous expliquerons, à partir d’analogies simples, les erreurs fréquentes commises sur les conséquences radiologiques des accidents, les périmètres des zones PPI (plan particulier d’intervention) et la distribution d’iode.<br /> <br /> Thème 2 : Analyse sur la qualité des informations officielles transmises lors des campagnes dites d’information.<br /> <br /> Pour mémoire, depuis la loi de 2005, chaque citoyen est acteur de sa propre sécurité ! En clair, sur des événements non couvert par les assurances, il ne nous restera que nos yeux pour pleurer.<br /> <br /> Thème 3 : Impact des choix d’aménagement du territoire sur la résilience de notre société face aux aléas naturels ou technologiques.<br /> <br /> Nous étudierons les différences qu’il convient de faire sur la terminologie. Les aléas sont naturels (tornades, orages, inondations, séismes, glissements de terrains….) les catastrophes (économiques, humaines, environnementales) ne sont que les conséquences du refus d’intégrer la possibilité de survenance de l’aléa. Pour des motifs purement économique et politique à court terme, il est fréquent de sous estimer le risque. Nous en préciserons la nature sur la base des retours d’expérience (Nîmes, Vaison-la-Romaine, Vendée, TMI, Tchernobyl, Fukushima)<br /> <br /> <br /> Citation de Paul Valéry qui s'applique bien aux différents problèmes rencontrés avec nos élus et l’administration : <br /> &quot;La politique est l'art d'empêcher les citoyens de se mêler de ce qui les regarde&quot;. <br /> <br /> Danloue Jean-Pierre, Président de l’association des quartiers sud de Rochemaure en liaison avec d’autres associations.
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G
Ce témoignage me semble particulièrement touchant par la simplicité du ton et du vocabulaire.
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Une analyse critique des données concernant les rejets des eaux radioactives de la centrale de Fukushima Daiichi initiés en août 2023, dossier réalisé par la CRIIRAD qui tente de répondre à ces questions : Quels sont les principaux défis auquel est confronté l’exploitant de la centrale ? Quels sont les éléments radioactifs rejetés dans le Pacifique ? Les produits issus de la pêche sont-ils contaminés ? Est-il légitime de banaliser le rejet d’éléments radioactifs, notamment du tritium, dans le milieu aquatique ? Qu’en est-t-il en France ?

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