On dit que les médias traditionnels ne
s’intéressent plus à Fukushima. C’est vrai en partie. Certains font comme si le problème était réglé, en se contentant de répéter le discours officiel : « La situation est
stabilisée ». D’autres, beaucoup moins nombreux, continuent à questionner le sujet en publiant des articles de fond sur la catastrophe et ses conséquences. Malgré tout, il semble que le
lectorat traditionnel commence à changer ses habitudes, en se tournant davantage vers les réseaux d’information parallèles.
La raison ? Les infos du terrain ont du mal à passer deux barrières : celle de l’autocensure des
journalistes sur l’énergie nucléaire et celle des difficultés de traduction du japonais. Mais grâce à l’Internet, la situation est en train de bouger. La catastrophe de Fukushima a créé un
séisme dans l’establishment nucléaire international, et une faille est apparue au grand jour. Celle-ci ne se refermera pas : on n’a jamais autant parlé, publié, débattu du nucléaire que
depuis mars 2011, grâce notamment aux veilleurs de Fukushima. Et grâce aussi, il faut tout de même le reconnaître, aux médias qui publient et diffusent de plus en plus d’articles, d’émissions
de radios ou de reportages sur le nucléaire. Mais ce n’est qu’un début, les choses bougent lentement. Il manque encore des grands reporters, ceux qui vont chercher l’info sur le front. Oui, des
grands reporters pour témoigner de la guerre livrée quotidiennement contre le feu nucléaire de Fukushima.
Et en les attendant, l’info continue à passer, à travers des conférences, des articles et des
reportages :
De retour du Japon, Michèle Rivasi a donné une conférence le 20 juin à Valence. Elle se déclare effarée et
révoltée par ce qu’elle a pu constater dans les territoires contaminés : les Japonais sont dans le déni de la radioactivité et vivent dans la désinformation. Elle redoute une forte hausse
des cancers, surtout pour les enfants.
Vidéo de la conférence de Michèle Rivasi : Fukushima - Encore
pendant
Article de presse sur cette conférence :
Ce que dit la députée européenne est confirmé par un laboratoire français indépendant, l’ACRO, qui a réalisé des mesures sur le terrain. Suite à la
catastrophe de Fukushima, il a étendu son observatoire citoyen de la radioactivité dans l'environnement au Japon. L’analyse des échantillons prélevés dans les provinces de Fukushima et de
Miyagi mettent en évidence une contamination alarmante.
Pour voir les résultats mis à jour au 24 juin, c’est ici :
Kenji Saito raconte son voyage à Fukushima le 1er juin et sa rencontre avec le représentant du Réseau de Fukushima pour la protection des enfants contre le rayonnement. L’article est diffusé par le site safecast, qui est l’expression d’un réseau japonais de surveillance citoyenne de la radioactivité.
Reportage dans la ville de Fukushima (article en anglais)
Traduction complète de l'article en français :
Michio Kaku, physicien étatsunien, a été interviewé par une journaliste de CNN le 21 juin. Il affirme que les Japonais n’ont
toujours pas le contrôle des réacteurs de Fukushima Daiichi et que cette centrale reste une menace permanente (langue anglaise).
Anne-Laure Barral, journaliste envoyée au Japon pour France-Info, raconte ses impressions pendant… 1min42.
Les Japonais ne savent pas dire « je ne sais pas », donc il semble très difficile d’exercer convenablement le métier de journaliste là-bas. La vidéo est assez courte, mais écoutez
jusqu’au bout, la vérité sort de la bouche des enfants !
La Criirad, laboratoire associatif français créé après la catastrophe de Tchernobyl, s’est rendue au Japon
pour soutenir les organisations non gouvernementales japonaises qui se mobilisent pour faire des mesures et informer la population des risques de la radioactivité. Avec le réseau 47project, une conférence de presse s’est tenue à Tokyo au Japan National Press
Club le 1er juin 2011 avec les interventions de Bruno Chareyron et Wataru Iwata (langue japonaise et française).
Retranscription et traduction en
français des interventions et questions des journalistes ici (Les réponses et interventions de Bruno Chareyron en français ne sont pas retranscrites, mais à
consulter directement dans la vidéo):
Avec l’obligation de décontaminer l’eau utilisée pour refroidir les réacteurs de Fukushima Daiichi, les boues
radioactives vont s’accumuler : l’un des responsables du département nucléaire de Tepco, Teruaki Kobayashi, a avancé le chiffre de deux mille mètres cube de
boues fortement contaminées, d’ici la fin de l’année 2011. Tepco envisage aussi la construction de structures en polyester pour recouvrir les bâtiments des réacteurs et des turbines pour
limiter la diffusion de la radioactivité.
Un article du 15 juin du site zegreenweb :
Les liquidateurs de Fukushima s’expriment. Même si la centrale nucléaire de Fukushima Daichi reste
dangereuse, des demandeurs d’emploi sont toujours prêts à y travailler. Dans cette centrale qui emploie 2500 personnes, environ 2200 employés sont en sous-traitance. Dans les trois derniers
mois, au moins huit travailleurs ont été exposés à des niveaux élevés de radiation et retirés du service, mais cela n'a pas empêché les autres d’y aller. Bien qu’il n’existe que peu d'avantages
et pas d'assurance pour d’éventuelles blessures ou un empoisonnement par radiation, beaucoup font encore la queue pour avoir un emploi.
Un reportage du 19 juin de la chaîne Aljazeera (langue anglaise) :
Et enfin, souvenez-vous, le ministre français de l’Industrie, Eric Besson, a pris la fuite en plein tournage d’une émission sur
le nucléaire. Mais quelle question a-t-il voulu éviter ? Voici le témoignage qu’il n’a pas voulu entendre, celui d’un sous-traitant du nucléaire, Christian Ugolini, qui raconte comment "la
sûreté des installations nucléaires est sacrifiée à la rentabilité économique", avec un exemple précis à l'appui :
Le reportage qu’a évité Eric Besson :
Retour sur la question qui
fâche, un article du blog télé de Samuel Gontier :