Dans une vidéo datée du 26 avril 2011, Arnie Gundersen, ingénieur de la société Fairewinds, propose une théorie sur l'explosion du réacteur 3 de la centrale de Fukushima Dai-ichi, au Japon.
Il m’a semblé intéressant de proposer une traduction française de son intervention. Pour ce faire, j’ai amélioré un texte de sous-titrage qui comportait de nombreuses erreurs. Mais ce texte avait au moins le mérite d’exister, même si le traducteur ne maîtrise pas complètement le français.
Vidéo originale :
Vidéo sous-titrée originale (au choix : English, French, Japanese) :
http://www.universalsubtitles.org/ja/videos/2TnNJkefdfyZ/fr/80081/
Traduction en français de l’intervention
« Bonsoir, je suis Arnie Gundersen, de la société Fairwinds (Ingénieur Nucléaire Chef). Nous avons reçu beaucoup de courriers électroniques sur maints sujets, mais un sujet a suscité beaucoup de questions et de préoccupations, c'est ce qui est arrivé au réacteur numéro 3 : en comparaison avec le réacteur numéro 1et tout autre réacteur sur le site, pourquoi a-t-il explosé comme il l'a fait?
Donc, aujourd'hui je voudrais prendre l'opportunité de parler de ce que nous savons de manière certaine sur le réacteur 3, et donner quelques théories sur les causes possibles de la dévastation à ce réacteur.
Pour commencer, l’explosion au réacteur numéro 3 était beaucoup plus spectaculaire que l'explosion au réacteur numéro 1. Chez les ingénieurs, nous utilisons deux termes différents : la détonation, et la déflagration. En fait, les deux sont des explosions, dans un sens ordinaire, mais une déflagration est une explosion qui envoie une onde à la vitesse du son. Alors qu’une détonation est une explosion avec une onde qui dépasse la vitesse du son. Une détonation est beaucoup plus destructrice qu'une déflagration. Peut-être ça ne semble être qu’une nuance technique, mais en fait c'est là toute la différence entre ce qui est arrivé au réacteur numéro 1 et ce qui est arrivé au réacteur numéro 3. Si, vous regardez le panache de fumée qui monte au-dessus du réacteur numéro 1, il se propage moins vite que celui du réacteur 3.
Je voudrais attirer votre attention sur plusieurs détails dont nous sommes certains à propos du réacteur 3, puis fournir des hypothèses sur les causes. D'abord l'explosion au réacteur 3 est beaucoup plus puissante que celle du réacteur 1. Deuxièmement, une quantité supérieure d'énergie qui monte verticalement. Ca s'appelle un vecteur. Il y a un vecteur ascendant sur l’unité 3, ce qui n’est pas le cas pour l’unité 1. C'est un indice important dont on parlera plus loin.
On constate clairement qu'il y a eu une véritable explosion au réacteur 3. Si vous regardez le côté sud, ou à droite du bâtiment [sur la vidéo, ndt], on voit une flamme jaune qui apparaît avant la montée de la fumée noire. C'est un autre indice important dont on parlera aussi. Il semble que les morceaux de barres de combustible ont été trouvés à 2 miles de la centrale.
Par ailleurs, à l’unité 4, par comparaison, les barres de combustible sont restées sèches, et l'ensemble du combustible est resté intact. C'est évident que ces barres ne pouvaient pas venir du réacteur 4, donc le combustible trouvé hors du site est venu du réacteur 3.
D'autres découvertes encore. L'uranium, dans une forme de poussières très fines, a été trouvé à Hawaii et sur la côte ouest des Etats Unis ; du plutonium a été trouvé sur place, aussi dans la forme de poussière ; et un isotope qui s'appelle américium a été trouvé en Nouvelle Angleterre, sur la Côte Est. On les appelle des transuraniens, car ils sont plus lourds que l'uranium, ce qui indique qu’un combustible nucléaire a été endommagé et en plus, que ce combustible s’est volatilisé à la centrale de Fukushima.
D’autre part, les photos du réacteur 3 prises après l'explosion indiquent qu'une grande partie du bâtiment manque, spécialement sur le côté sud. Cependant, les photos infrarouges montrent qu'il y a toujours une source de chaleur sur le côté sud.
Donc, dernièrement, on est sûr, et les données le confirment, que le confinement, et le réacteur 3 même sont toujours intacts.
Il y a ici un mystère. Le réacteur est intact, mais le bâtiment est presque complètement détruit. Pourquoi? Je crois que le bassin de refroidissement, un bassin qui mesure 50 pieds sur 50 pieds, et a 50 pieds de profondeur, était vide, et il s’est remplit avec des gaz, puis il explosé verticalement. Le bassin est ouvert sur le dessus, mais, car les côtés sont fermés, faisant une barrière, c'est possible que ça ait provoqué une explosion qui monte verticalement, comme on l’a vu. Le bassin était comme la bouche d'un fusil, qui a fait monter l'explosion.
On constate aussi en regardant les photos qu'il y a beaucoup de gravats qui redescendent. Ce sont les barres de combustible et des morceaux d’uranium et de plutonium, ce qui explique pourquoi on en a découvert à quelques miles du site.
En plus, la couleur noir du panache de fumée indique qu'il y avait dedans de l'uranium et du plutonium volatilisé. Sous la forme d’aérosol, ils pouvaient voyager très loin, jusqu'aux Etats Unis, à Hawaii, sur la Côte Ouest et ici en Nouvelle Angleterre.
Mais, qu’est-ce qui a provoqué cette force vers le haut ? Si la réaction avait été uniquement de l’hydrogène et de l'oxygène, cela aurait produit seulement de l'eau.
Dans ce cas, l’onde se serait propagée à la vitesse du son, et ça aurait été une déflagration, et c'est ça qui est arrivé au réacteur 1. C'est impressionnant, mais ce n'est pas explosif. En revanche, il y a eu une détonation au réacteur 3. La taille massive du panache de fumée noire, et la flamme jaune au moment de l'explosion du réacteur 3, indique une détonation.
Alors, quel était la cause de cette détonation? La réaction oxygène-hydrogène n'explique pas cette explosion. Il faut chercher l'explication ailleurs, et nous n'avons pas encore la réponse définitive. Une hypothèse plausible est que l'explosion a commencé avec une réaction oxygène-hydrogène. Immédiatement après, cette réaction à créé un choc suffisant à déformer les barres de combustible nucléaire, ce qui a produit une réaction nucléaire et la détonation, suivie d’un panache de fumée noire et l'éjection des gravats irradiés du réacteur 3 du central de Fukushima.
Il existe des moyens pour tester cette hypothèse, qui consiste à mesurer les sortes d'isotopes dans cette fumée. Nous savons que l'armée a des avions en vol, et nous pouvons croire qu'il y a des laboratoires qui ont calculé les différentes sortes de substances. Il y a deux isotopes de xénon, et leur ratio dans la fumée peuvent confirmer si oui ou non qu'il y a eu une explosion due à la perturbation de la masse critique. Les données existent, même si elles ne sont pas encore disponibles.
Notre gouvernement [USA] doit certainement les avoir.
Je vous remercie, et quand je disposerai de plus d'information, je vous tiendrai au courant. »
(Si vous constatez qu’il reste encore des erreurs de traduction, merci de me le signaler, je ferai la correction.)
Qui est Arnie Gundersen ?
Arnold, ou Arnie Gundersen est un ancien cadre de l'industrie de l’énergie nucléaire. Il a plus de 25 ans d’expérience dans le domaine de la surveillance du démantèlement. Aujourd’hui, il est ingénieur en chef chez Fairewinds Associates, entreprise de recherche, d’expertise et d’aide juridique sur les questions de fiabilité et de sécurité dans l’industrie nucléaire. A. Gundersen a remis en question la sécurité de l’AP1000 de la Westinghouse Electric Company, un projet de troisième génération de réacteurs nucléaires. Il a également exprimé ses préoccupations concernant le fonctionnement de la centrale nucléaire de Vermont Yankee. Il a participé à l'enquête sur l’accident de Three Mile Island en tant que témoin expert.
sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/Arnold_Gundersen
http://fairewinds.com/content/who-we-are