La catastrophe de Fukushima relance le débat sur la sous-traitance dans les centrales nucléaires. Voici quelques reportages, sous forme de film, de vidéo, d'articles ou de dossiers pour aborder le problème.
Nucléaire : voyage au pays des forçats de l'atome
LE MONDE | • Mis à jour le
"Gérard Teyssier connaît les sales boulots du nucléaire. Quinquagénaire robuste, adepte de la course de fond, cet employé de la sous-traitance a notamment décontaminé les sols « avec une machine monobrosse, mais souvent à la main, à quatre pattes, vêtu d'une cagoule, d'une combinaison en papier et d'une paire de gants en vinyle ».
Pratiques scandaleuses pour les travailleurs de Fukushima
(ddmagazine, 12/12/12)
Le ministère du Travail japonais a demandé à Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, d'améliorer le contrôle de ses sous-traitants. Selon le Asahi Shimbun, cette décision revient à la reconnaissance implicite d'un système illégal de sous-traitance en cascade, avec Tepco au sommet, qui permet de s'affranchir de la sécurité des travailleurs. Le président de Tepco, Naomi Hirose, a admis les difficultés du recrutement de travailleurs pour intervenir sur des zones fortement contaminées de la centrale en ruine et le recours à des centaines de travailleurs au travers d'un système de recrutement opaque. [en vignette, schéma du système publié par le Asahi Shimbun].
(...)
Lire la suite :
.
La sous-traitance explose
article de Claire Berthelemy (OWNI, 22 septembre 2011)
Lien : http://owni.fr/2011/09/22/marcoule-le-royaume-de-la-sous-traitance-nucleaire-edf-areva/
En début de semaine, EDF jouait les bons élèves en transmettant à l’Autorité pour la Sûreté Nucléaire (ASN) des conclusions très rassurantes à propos de la filière nucléaire française. Pas de chance, cette remise de copie intervient quelques jours après un accident survenu à Marcoule dans le Gard, au Centre de traitement et de conditionnement de déchets de faible activité (Centraco). Sur ce site géré par le groupe EDF, le 12 septembre, l’explosion d’un four d’incinération a tué une personne et en a blessé quatre autres.
Plusieurs enquêtes de l’ASN, de l’Inspection du Travail et la gendarmerie sont en cours pour déterminer les causes de cet incident nucléaire. Mais dès à présent, les différentes personnes travaillant sur place, avec lesquelles nous nous sommes entretenues, expliquent le drame par une gestion approximative de la maintenance, fondée selon eux sur une multiplication des sous-traitants. Ces derniers travaillant le plus souvent dans des conditions préoccupantes. 350 personnes sont employées au Centraco, 210 relevant de contrats de travail passés par le groupe EDF et 140 relevant de plusieurs entreprises de sous-traitance.
Emission de Mathieu Vidard "La tête au carré" du 28 octobre 2011 sur France Inter
Lien : http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-la-sous-traitance-dans-le-nucleaire
La sous-traitance dans le nucléaire, un reportage de Pascale Pascariello
Près de 80% de la maintenance des installations nucléaires est aujourd’hui sous-traitée.
« EDF utilise pas loin de 20 000 personnes en sous-traitance, aux cotés de ses 20 000 salariés. C'est vraiment un souci ! Ces sous-traitants doivent être formés, travailler dans de bonnes conditions, être bien protégés, bien surveillés ». Ce cri d'alarme a été lancé le 29 aout dernier par le Président de l'Autorité de Sureté nucléaire, André-Claude Lacoste, en charge de veiller sur les 19 centrales françaises.
Nous sommes donc allés voir ceux qui entretiennent les centrales. Certains sont des "nomades" qui vont de centrales en centrales et logent dans des campings ou des gites. Souvent interdits de parole sous peine de licenciement, les sous-traitants du nucléaire éprouvent aujourd'hui le besoin d'alerter l'opinion sur les risques qu'ils encourent et sur la dégradation des conditions d'intervention à l'intérieur des centrales.
RAS nucléaire, rien à signaler
Un film de Alain de Halleux (2009)
Lien : http://www.tuxboard.com/r-a-s-nucleaire-rien-a-signaler/
On les appelle les "jumpers", ils sont chargés d'entrer dans le générateur de vapeur pour obturer les tuyaux qui le relient au réacteur nucléaire. Séjour maximum autorisé : de 90 à 120 secondes, sous peine de surdosage radioactif ! Ils font partie de la masse des ouvriers intérimaires et sous-payés, chargés de maintenance dans les centrales nucléaires (décontamineurs, mécaniciens, contrôleurs...). Des travailleurs de l'ombre qui, avec ce film, sortent pour la première fois du silence pour dresser un tableau inquiétant d'un des fleurons de l'industrie européenne. Depuis la libéralisation des marchés et la privatisation des groupes énergétiques, les conditions de travail semblent en effet se dégrader, au mépris de la santé des ouvriers et de la sécurité. Au nom de la rentabilité, EDF/GDF-Suez, Areva et les autres recourent de plus en plus à la sous-traitance, rognent sur les effectifs et la maintenance, font pression sur les employés...
Nucléaire: quels sont les risques de la sous-traitance?
Blog Et voilà le travail, chronique de l’humain en entreprise
Article d’Elsa Fayner
Lien : http://voila-le-travail.fr/2011/04/03/nucleaire-quels-sont-les-risques-de-la-sous-traitance/
Au Japon, comme en France, les tâches dangereuses du nucléaire sont confiées à des sous-traitants. Qui sont ces nomades du nucléaire, qui interviennent de centrale en centrale? Quels sont les risques de la sous-traitance pour leur santé, et pour la sûreté du pays ?
Les bagnards du nucléaire
Reportage audio d’Aurélien Chartendrault (l’Express), publié le 19/03/2011
(durée : 5min39)
Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-bagnards-du-nucleaire_974084.html
Ils parcourent la France entière pour effectuer la maintenance des centrales et travaillent au plus près du risque. On les appelle "les invisibles", "les intermittents", les "nomades" du nucléaire. Qui sont-ils? Reportage à la centrale de Nogent-sur-Seine.
Les clochards du nucléaire
Article de Mathieu Gaulène (l’Express), publié le 02/04/2011
Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/japon-les-clochards-du-nucleaire_978891.html
80% des travailleurs du nucléaire au Japon sont en fait des sous-traitants, recrutés parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise.
Les invisibles du nucléaire
Emission Envoyé spécial du 17 mars 2011
Qui entretient les centrales nucléaires en France ? Jumpers, funambules, scaphandriers, ils sont 20.000 à parcourir chaque année des milliers de kilomètres pour assurer la maintenance des centrales et réacteurs français. Ces sous-traitants de l’atome dénoncent aujourd’hui leurs conditions de travail et s’inquiètent pour leur santé.
Les serfs de l'atome
Article de Marie Vaton et Elsa Vigoureux (Le Nouvel Observateur), publié le 03/05/2011
Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20110503.OBS2308/enquete-les-serfs-de-l-atome.html
Ils sont 21.000 à nettoyer, curer, réparer les cuves des centrales nucléaires. Un travail de sous-traitance, loin du temps où leurs pères portaient fièrement le blason EDF. Nomades, ils interviennent à Cuers, au Tricastin ou ailleurs en France. Une vie passée à prendre "de la dose" pour pas cher payé.
Compétitivité et sous-traitance nucléaire: servitude et nouvelle forme d'esclavage
Article d’Annie Thebaud-Mony, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publié par le Réseau Sortir du nucléaire (1999).
Lien : http://www.sortirdunucleaire.org/index.php?menu=sinformer&sousmenu=revue&page=article&id=375&num=35
Chaque année, entre 20 000 et 30 000 travailleurs, intervenant en sous-traitance dans l’industrie nucléaire, sont directement affectés aux travaux sous rayonnements. Ces travailleurs que certains nomment de façon péjorative “les viandes à rem” effectuent l’essentiel des tâches de maintenance des centrales et supportent plus de 80 % de la dose collective annuelle d’irradiation reçues dans le parc nucléaire français. La question qui se pose est pourquoi les activités de maintenance, fondamentales pour la sûreté des installations nucléaires, sont-elles sous-traitées ?
A lire aussi :
L'industrie nucléaire : sous-traitance et servitude.
Enquête sur le personnel intérimaire travaillant dans l'industrie nucléaire.
272 pages, 28 € port compris à commander au Réseau “Sortir du nucléaire”
Les intermittents du nucléaire - Enquête STED sur le travail en sous-traitance dans la maintenance des centrales nucléaires
Sous la coordination de Ghislaine Doniol-Shaw, Dominique Huez et Nicolas Sandret
Editions Octares - 1995
Cet ouvrage présente les résultats de la première phase de l'enquête épidémiologique STED (Sous-Traitance EDF DATR) conduite auprès des salariés sous-traitants DATR (Directement Affectés aux Travaux sous Rayonnements ionisants) intervenant dans les travaux de maintenance des centrales nucléaires, pendant les arrêts de tranche.
A voir aussi :
Arrêt de tranche - les trimardeurs du nucléaire
Catherine Pozzo di Borgo
L'Harmattan - 1994
Un film qui met en lumière la précarité de l'emploi, pose la question des risques auxquels ces travailleurs, exposés à de fortes radiations, sont confrontés et interroge la sûreté même des installations nucléaires françaises.
Les intouchables japonais
Un reportage de Lili Eclimont sur ARTE.
La catastrophe de Fukushima, c'était en mars 2011. Depuis, les agences d'intérim peinent à trouver des travailleurs qui acceptent d'aller dans la centrale dont l'avenir est toujours imprévisible. Mais où Tepco va-t-il donc chercher ces "volontaires" quand on sait qu'à ce jour, 3 hommes sont morts irradiés dans la centrale endommagée. Selon certaines rumeurs, des "burakumin" seraient recrutés, des personnes issues d'une caste très pauvre qui s'est toujours vu confier les basses besognes depuis l'époque Edo mais aussi des sans-abri et des journaliers, une main d'œuvre bon marché et soumise. Une pratique courante dans les centrales nucléaires japonaises, bien avant Fukushima.
http://www.arte.tv/fr/3975506,CmC=3975580.html
Et encore :
Suite à des incidents dans la centrale de Tricastin, des salariés de la sous-traitance ont décidé de créer en novembre 2009, ce site et de “tenir informés des conditions de travail , de santé et de vie” dans les centrales.
www.sst-nucleaire-chimie.org/
« Santé, Sous-traitance nucléaire-chimie » est une association à but non lucratif qui soutient et défend les droits de ces salariés n’ayant aucun recours ».
Livres :
Annie Thébaud-Mony :
"L'Industrie nucléaire. Sous-traitance et servitude", Inserm-EDK, 2000, "Travailler peut nuire gravement à votre santé", La Découverte, 2007.
Un roman très précis sur le sujet : « La centrale » de Elisabeth Filhol, P.O.L., 2010.
Rapports :
Rapport 2010 de l’Autorité de sureté nucléaire :
http://rapport-annuel2010.asn.fr/telechargements/rapport-annuel-2010.html
Rapport d’étape de la mission parlementaire sur la sécurité nucléaire, la place de la filière et son avenir. Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques :
http://www.senat.fr/rap/r10-701/r10-7011.pdf