Texte de de HORI Yasuo du 20 août 2015
traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN
avec l'aide de Paul SIGNORET
.
Beaucoup de pays ont des centrales nucléaires. Qu'arrivera-t-il aux habitants lorsque surviendront des accidents nucléaires graves ? Vous pouvez clairement voir et comprendre ce qui va arriver aux habitants, c'est-à-dire à vous, si vous regardez les faits qui se déroulent à Fukushima. Le Japon est un pays moderne et apparemment démocratique, où les droits de l'homme sont apparemment protégés, et le gouvernement a un budget plus important que d'autres pays pour cette catastrophe. Que se passe-t-il dans ce "bon" pays ?
Des villes pourront disparaître
Le gouvernement a publié une prévision de la future population des 12 villes de la région côtière de Fukushima, dont les habitants ont reçu l'ordre d’évacuer :
Pronostics :
Dans ces villes vivaient 203 000 personnes avant l'accident nucléaire, et selon les estimations de 2008, la population passera à 135 000 en 2045, car la population du Japon en général diminue de plus en plus. Mais en raison de l'accident nucléaire, la population diminuera plus rapidement et sera de 102 000 avant 2045. À mon avis, cette prévision est trop optimiste. Parce que seules les personnes âgées reviendront dans leur ville, la population se réduira plus rapidement, par conséquent ces villes vont bientôt disparaître.
Une enquête auprès des habitants des villes autour de la centrale nucléaire d'août à octobre 2014 montre que peu de gens veulent retourner dans leur ancienne ville :
Personnes désirant revenir à leur maison :
Villes |
Reviendront |
Namie |
16,6% |
Futaba |
12,3% |
Ōkuma |
13,3% |
Tomioka |
11,9% |
Les villes vont devenir des sanctuaires pour les sangliers
Au lieu de personnes commencent à s'installer des animaux sauvages, principalement des sangliers, dans ces villes.
Auparavant, les chasseurs pouvaient vendre de la viande de sanglier, mais maintenant celle-ci a une contamination supérieure à la norme et se trouve non comestible, donc ils ne veulent plus chasser, et en outre on doit enterrer ou brûler les sangliers attrapés. Cela non plus n'est pas facile.
Les hybrides de sanglier (inoshishi) et de porc (buta) appelés "ino-buta" se multiplient. Ils ont plus souvent et davantage de bébés, de sorte que les problèmes augmentent.
Les départements voisins aussi souffrent
Les substances radioactives se sont disséminées à partir des réacteurs endommagés au-delà des limites du Fukushima et elles ont contaminé une vaste zone.
Cinq départements autour de Fukushima : Miyagi, Ibaraki, Tochigi, Gunma et Chiba, conservent les quantités suivantes de déchets pollués :
A propos du département de Chiba, le ministère de l'Environnement a proposé que le lieu de stockage final soit sur le terrain de la centrale à vapeur de TEPCO, et celui-ci a accepté le plan, mais les habitants ont vivement protesté, et le plan stagne. Le ministère sournoisement a remplacé le nom "lieu de stockage" par celui d' "installation à gestion de longue durée" pour tromper les habitants, mais bien sûr, il n'a pas réussi à les convaincre.
En juillet 2015, 7128 personnes dans le département de Tochigi situé au sud de Fukushima ont exigé de TEPCO le paiement d'une indemnité. Bien qu'ils aient souffert de l'accident comme les habitants de Fukushima, TEPCO n'a rien fait pour eux, ni ne s'est excusé auprès d'eux.
Les victimes sont rejetées
Maintenant, dans les villes de Namie, Futaba, Ōkuma, Tomioka et Naraha le long de la côte de Fukushima (voir le tableau de la page suivante) plus personne n'habite. Selon l'ordre du gouvernement, tous les habitants ont été évacués et depuis plus de 4 ans ils vivent dans des lieux étrangers, sans recevoir une indemnisation suffisante.
En mars, le gouvernement a publié un nouveau plan pour l'annulation de cette obligation de rester en refuge. Selon ce plan, à l'exception des villes trop fortement polluées, les autres deviendront "habitables" à partir de mars 2017, c'est-à-dire celles qui sont en dessous de 20 millisieverts par an, donc TEPCO et le gouvernement vont cesser de verser des indemnités à partir de mars 2018 et ensuite plus du tout. Mais ce chiffre de 20 est trop élevé. Conformément à la loi et jusqu'avant l'accident, un lieu contaminé à plus d'un millisievert par an était inhabitable. Pour économiser l'argent compensatoire, le gouvernement et TEPCO essaient de faire revenir les habitants, leur imposant cette norme illogique pour eux.
Au début de septembre, le gouvernement déclarera l'annulation de cet ordre d'évacuation pour les habitants de Naraha. 7300 habitants, n'ayant pas encore les moyens suffisants pour subvenir à leurs besoins, perdront l'argent compensatoire. 90% d'entre eux ne veulent pas revenir par crainte d'une forte radioactivité et à cause de circonstances défavorables ; sans hôpitaux ni magasins, sans voisins. Ils pourront aussi perdre leur habitation, car le gouvernement ne donnera plus de logement temporaire gratuit à partir de 2017. Ils doivent continuer d'errer, avec inquiétude et sans stabilité, quelque part dans la société japonaise.
Conclusion
Un accident nucléaire diffère complètement des autres accidents. La radioactivité se diffuse largement et ne disparaît pas, alors le drame va se prolonger très longtemps. Même si les réacteurs nucléaires ne se trouvent pas dans les environs de votre maison, à tout moment vous pouvez en devenir les victimes.
Le gouvernement et les entreprises électriques agissent en capitalistes, à savoir uniquement pour le profit, alors ils veulent cesser le plus tôt possible de s'occuper des victimes. Malheureusement des hommes cupides soudoyés par les grandes entreprises gouvernent le pays, il faut donc que des hommes honnêtes mais sans pouvoir continuent de souffrir. La situation actuelle des victimes de l'accident nucléaire de Fukushima montre cela clairement.
_____________________
Rapport en espéranto