19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 11:45
Miko Tsukamoto témoigne de la tragédie de Fukushima

Miko Tsukamoto vivait dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale de Fukushima Daiichi, avec son mari et ses deux enfants. Après avoir longtemps hésité, elle a décidé de déménager avec sa famille à KitaKyusyu, dans la préfecture de Fukuoka. Elle est depuis très engagée dans une association qui tente d'enseigner aux résidents les notions élémentaires pour se protéger de la radioactivité.

Dans une vidéo mise en ligne à la fin du mois d'octobre, elle dénonce les informations erronées diffusées par les autorités et par les médias. Elle témoigne surtout de son ignorance passée et de la nécessité de s'informer et d'agir pour protéger ses enfants.

Des informations officielles erronées

 

Depuis le début de la catastrophe qui a affecté la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, les autorités japonaises n'ont eu de cesse de minimiser les répercussions pour les populations, en faisant croire que la vie en territoire contaminée était possible. Les réfugiés qui ont du fuir la zone d'exclusion sont d'ailleurs maintenus dans l'illusion d'un retour prochain, empêchant la plupart d'entre eux de reconstruire une vie ou du moins un foyer digne de ce nom. Pour ceux qui vivent dans les zones les plus contaminées, aucune compensation financière n'est prévue et le Fukushima Collective Evacuation Trial n'a toujours pas réussi à obtenir justice devant les tribunaux japonais.

Relevé de radioactivité dans un parc de Fukushima : la mesure officielle indique 0,186 μSv/h alors que le Radex enregistre 0,49 μSv/h.

 

Dans ce contexte, il est toujours extrêmement difficile pour ceux qui souhaitent se protéger d'obtenir des informations fiables. Les mesures de radioactivité officielles sont régulièrement suspectées d'être minimisées pour rassurer artificiellement la population.

 

La semaine dernière encore, une jeune maman postait un article sur le site Internet de l'association World Network For Saving Children From Radiation pour dénoncer les écarts entre les mesures de radioactivité officielles et ses propres mesures dans les parcs de la ville de Fukushima.

La connaissance comme seul moyen de protéger ses enfants

 

Face à ce constat, de nombreux citoyens japonais se sont organisés pour procéder à leurs propres mesures de radioactivité, comme par exemple pour analyser la nourriture au sein de laboratoires citoyens. D'autres se regroupent en associations pour apprendre et aider leurs concitoyens à trouver les informations nécessaires pour se protéger efficacement. Face à la perte de légitimité d'une grande partie des autorités politiques, mais aussi médicales (rappelons que le Professeur Shunichi Yamashita, président de l'Association Japonaise de la Thyroïde et Conseiller de la préfecture de Fukushima pour les risques radioactifs, considère que les gens qui sourient sont moins affectés par les radiations), les citoyens japonais n'ont d'autres ressources que d'apprendre par eux-mêmes.

 

L'artiste japonais 281_Anti nuke dénonce aussi le mensonge officiel qui entoure la tragédie de Fukushima.

C'est toute la force du témoignage de Miko Tsukamoto, qui vient rappeler la difficulté pour les personnes qui vivent au Japon de trouver des informations fiables. Elle témoigne aussi et surtout de la difficulté de résister à la pression sociale pour faire entendre une voie différente et affirmer ses propres positions face au discours ambiant. Dans l'introduction de son témoignage, Miko Tsukamoto précise qu'elle n'a pas pu tout dire, car la vérité est tellement dure que certains refuseraient de la croire. C'est ce qu'elle nomme "la tragédie de Fukushima" : la réalité est tellement insupportable qu'il n'est pas possible de la dire entièrement...

Vidéo du témoignage de Miko Tsukamoto

 

La vidéo est en japonais, sous-titrée en anglais. La traduction française se trouve sous la vidéo.


Le témoignage de Mme Tsukamoto est accompagné d'un texte introductif :

"J'essaie de me limiter à décrire ce que j'ai vu ou vécu personnellement, ou à ce dont j'ai parlé avec une autre personne. Donc c'est assez limité.


Honnêtement, je pourrais parler indéfiniment des problèmes de santé qui ont nécessité un traitement médical. Par exemple, je pourrais parler du cousin d'une connaissance qui a eu un bébé plusieurs mois après le séisme - ce bébé est né avec un trou dans le cœur. Ou d'une connaissance, de ma sœur et de son mari, et d'un autre parent qui ont tous eu un cancer et ont dû subir une intervention chirurgicale. Et il y a eu près de 20 «Nii-bon» l'année dernière [service célébrant les morts de l'année précédente].


Il y aurait de nombreux cas similaires à partager, mais je les omets à dessein - sinon les gens me traiteront comme si j'étais "mentalement affectée" par les radiations. Je ne peux pas en parler, même si je le voulais. C'est la tragédie de Fukushima."

Miko Tsukamoto
Réseau pour la protection des enfants du Kitakyu

Témoignage de Miko Tsukamoto, évacuée de la ville d'Iwaki

"J'ai évacué volontairement de ma ville natale d'Iwaki pour la ville de Kitakyushu en janvier dernier, à cause de la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima du 11 mars. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'ai vu, vécu et ressenti pendant les 9 mois avant mon déménagement à Kitakyushu, ainsi que de ma situation actuelle.


Je vivais dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Je donnais des leçons de piano et mon mari travaillait comme employé municipal. Avec nos 2 enfants et mes étudiants, nous vivions heureux. Après le 11 mars, notre vie a complètement changé .


La partie nord d'Iwaki était dans la zone des 30 kilomètres, mais le maire a créé l'expression de "rumeur nocive", et la zone d'exclusion a été étendue à notre secteur. Le niveau de rayonnement, qui était de 0,05 microsieverts par heure avant l'accident, est passé à 23 microsieverts. C'est 460 fois [le niveau normal].


Le Professeur Shunichi Yamashita de l'Université de Nagasaki a lancé une campagne de masse indiquant qu'un niveau de 100 millisieverts [par an] était sûr, et cela a été largement accepté par la télévision, les journaux, la radio, les écoles et les conférences. À l'époque, les écoles ont jugé que les activités de plein air étaient sûres, même si le niveau de radioactivité était de 0,5 microsieverts, 10 fois la valeur normale.


Comme 100 millisieverts étaient considérés comme "sûrs", les repas des écoles ont d'abord été préparés à partir de produits locaux (1 mois après l'accident). Nous avons travaillé dur pour recueillir des signatures pour annuler immédiatement la règle de la "production locale pour une consommation locale". Il a fallu attendre le deuxième semestre universitaire cependant pour que la commission scolaire reconnaisse la liberté de refuser les repas scolaires. En d'autres termes, ceux qui ont fait confiance au "principe de sécurité" ont continué à laisser leurs enfants manger les repas scolaires. Il était inutile d'essayer de discuter avec l'école ou les enseignants.


Le niveau de radioactivité extérieur n'est pas cohérent. A dix centimètres de distance, il peut varier de 2-3 microsieverts à 5 microsieverts, ce qui représente 46 fois à 100 fois le niveau de tous les jours. Ce que je n'arrivais pas à comprendre, c'est le fait que les employés municipaux et les enseignants n'ont rien fait pour protéger les enfants contre l'exposition à la radioactivité.


Maintenant, parlons du moment où la centrale nucléaire a explosé. Notre maison n'a subi que des dommages minimes du tremblement de terre du 11 mars. Mais nous n'avions plus d'eau courante dans Iwaki pendant 20 jours. Mes enfants et moi avons fait la queue pendant deux heures le lendemain pour obtenir notre approvisionnement d'eau au camion de distribution.


La première explosion a eu lieu le 12 mars. Les données que nous avons vues plus tard indiquaient 23 microsieverts, 460 fois le niveau normal. Il n'y a eu aucune annonce publique locale pour nous prévenir de rester à l'intérieur, et nous sommes restés dehors pendant 2 heures entières, ignorant l'explosion.


On nous a dit que le Japon était sûr, mais les tests sanguins ont montré que mes deux enfants et moi avons des problèmes de thyroïde, et mon fils a une pustule de 5 millimètres. De nouvelles études disent maintenant que le cancer de la thyroïde est une maladie liée au mode de vie. Si nous développons un cancer, je suspecte que l'on va nous dire que c'est à cause d'une négligence et que le gouvernement refusera d'admettre tout lien avec l'exposition à la radioactivité.


Je voulais que mes enfants aient une anthropogammamétrie [analyse de la radioactivité du corps permettant de déduire la contamination interne, aussi appelée whole body counter] immédiatement après l'explosion. Mais je n'ai pas pu trouver une seule installation qui nous admette. Certaines personnes sont allées aussi loin que Tokyo pour se faire examiner, mais n'ont pas pu obtenir leurs propres données. J'ai appelé plusieurs endroits pour vérifier, mais aucun d'eux ne fournissait les données. J'ai donc fait une enquête au sujet des tests sanguins pour vérifier l'état de la thyroïde, et j'ai été choquée d'entendre qu'il n'y aurait pas d'examens de la thyroïde en masse à Iwaki. J'ai demandé à la préfecture de Fukushima comment je pourrais obtenir des preuves sur l'endroit où nous avons été exposés aux rayonnements, et on m'a dit que "il n'y a aucun moyen".


Mon mari est employé municipal. Il a dit que s'il y avait quelque chose à savoir, il aurait un accès immédiat à ces informations. Mais personne ne nous a informé de l'explosion et mes deux enfants et moi avons été exposés à la radioactivité alors que nous étions à l'extérieur. Mon mari a traité un flot d'appels téléphoniques, même s'il n'a nulle connaissance de la radioactivité, et il a pratiquement mémorisé le contenu des documents distribués par le gouvernement.


Cinq mois après l'accident, le niveau de radioactivité annoncé par la municipalité d'Iwaki était de 0,12μSv par heure. Mais quand j'ai emprunté un compteur Geiger de l'hôtel de ville, je me suis rendu compte que c'était en fait entre 0,24 et 22,14μSv par heure. Des bénévoles ont inspecté les arbres taillés et le sol, et le niveau de radioactivité était de 20 000 Bq / kg. Après avoir vu ces chiffres de radioactivité, mon mari et moi avons tous deux convenu que le gouvernement n'allait pas pour nous protéger.


Par exemple, l'eau du robinet est "ND" [non détectable] selon le site officiel de la ville d'Iwaki. J'ai donc demandé des données sur les radionucléides tels que le strontium et le plutonium, mais on m'a refusé l'accès à ces informations détaillées sur le motif que cela pourrait "perturber les résidents". Au lieu de cela, ils nous ont donné un document expliquant que l'iode et le césium n'étaient "pas dangereux". Cela m'a rendu furieuse parce qu'ils profitaient de notre manque de connaissance.


Ma décision d'évacuer a moins à voir avec la peur des radiations qu'avec l'attitude du gouvernement et des écoles, les mesures de radioactivité que nous avons vu de nos propres yeux, et les problèmes de santé dont ma famille a commencé à souffrir : diarrhée tous les jours, saignements de nez, aphtes, excroissances anormales à l'intérieur du nez... Ce sont les symptômes que ma famille et mes amis ont commencé à ressentir après l'explosion de la centrale nucléaire. J'ai réalisé beaucoup plus tard qu'il y a des problèmes de santé autres que le cancer qui peuvent être causés par la radioactivité.


Ce que l’État annonce est différent de la réalité. L’État espère évidemment que les gens n'accepteront aucune violation de la loi, tandis que les employés publics ne font que suivre les ordres d'en haut. Le système d'information publique vise à nous tromper avec des informations déformées - rien n'est divulgué et rien n'est mis sous forme écrite, le tout pour gagner du temps.


Les écoles ne protègent pas leurs élèves, nos enfants. Ils sont impitoyables envers les parents et les tuteurs qui sont préoccupés par cette radioactivité. Si je fais un panier repas pour protéger mes enfants de l'exposition à la radioactivité, ils sont victimes d'intimidation par d'autres camarades de classe. Même lorsqu'il y a eu violence physique, l'école n'a rien fait pour réprimander les intimidateurs et leurs parents, mais a préféré m'appeler pour m'"apprendre" à ne pas réagir de façon excessive à la radioactivité.


J'ai décidé d'évacuer quand ma fille a développé une phobie scolaire. J'ai essayé de chercher des solutions pour continuer à vivre à Iwaki et j'ai envoyé de nombreuses lettres de demande au gouvernement, mais je n'ai obtenu que des réponses évasives. J'ai essayé de convaincre mes parents âgés d'évacuer, mais ils ne voulaient pas quitter leur ville natale. Mon mari pensait que c'était suffisamment sûr. Ma belle-mère refusait que nous évacuions et disait que je "dépassais les bornes". Je me suis battue contre le gouvernement, j'étais en détresse, et quand mes parents m'ont dit de considérer le bien-être des enfants d'abord, j'ai choisi d'évacuer à Kitakyushu, en laissant mon mari et mes parents âgés à Fukushima.


Comme je vous l'ai dit, ce que disent les médias et les faits sont 2 choses tout à fait différentes. L'autre jour, un rapport intermédiaire sur l'élimination des déchets industriels a été rendu public. Il déclare qu'une entreprise de Fukushima a accepté la boue et la poussière contaminée de Fukushima, Ibaraki, Yamagata et même Kanagawa. Cette société a commencé à fonctionner avant que la ville de Kitakyushu accepte de recevoir des débris, et continue de le faire maintenant. Il y a un tollé concernant l'acceptation des débris, et pourtant les substances radioactives sont incinérées sans rechigner, même s'il n'y a pas de filtre à particules fines installé.


Les médias sont préoccupés par les polluants atmosphériques PM2,5 [particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre] en provenance de Chine, mais est-ce vraiment vrai ? Les usines de traitement des déchets industriels et les usines de ciment de Kitakyushu recyclent la cendre de charbon de Fukushima. Selon un document officiel de Kitakyushu, la pollution en PM2,5 a été multipliée par plus de 230 fois en avril de l'année dernière, et le niveau a souvent dépassé 100 fois durant les autres mois. Il ne fait aucun doute que la pollution provient du Kyushu ; en d'autres termes, c'est "domestique".


Ce qui est arrivé aux habitants de Fukushima va bientôt affecter tous les Japonais. Je pense que ça va commencer à cause de l'air que nous respirons et de la nourriture que nous mangeons. L'autre jour, il y avait un article dans un magazine d'information local "Donna Mamma" avec les déclarations faites par des professeurs et conférenciers d'université ainsi que par des agents administratifs qui soutiennent que le niveau de radioactivité n'est pas une menace. L'affirmation selon laquelle le niveau de radioactivité n'est pas dangereux est complètement répandue au Japon.


Alors que certains disent que la radioactivité s'est "dispersée" et que nous sommes maintenant en sécurité, les gens sont en fait en train de mourir à Fukushima. Le lendemain de la mort de mon cousin, le mari de mon amie est décédé. Je ne dis pas que tout est causé par les radiations... Mais il y a l'exemple de Tchernobyl...


L’État refuse de l'admettre. Mais nous avons le "droit de choisir" - à partir de ce que nous entendons et voyons, et en examinant les deux arguments selon lesquels la radioactivité est dangereuse ou pas.


Je n'étais pas au courant des dangers des centrales nucléaires, et c'est la raison pour laquelle je me trouve dans la situation actuelle. J'étais ignorante du fait que la radioctivité ne disparaît pas simplement et je tentais de décontaminer l'avant de ma maison - tout en inhalant de l'air contaminé.


Il y a des gens qui vivent à Fukushima, en ce moment. Ils disent tous :
"Nous sommes des cobayes après tout, et si nous essayons d'évacuer nous ne serons pas en mesure de gagner notre vie car il n'y a pas de compensation du gouvernement."
"Je ne veux pas perdre mon style de vie."
"Si l’État dit que c'est sans danger, alors c'est sûr."
" Beaucoup de gens sont en train de mourir , hein ?"
" Il n'y a rien que nous puissions faire, c'est inutile, alors pourquoi s'embêter ?"
"Je ferais mieux de me concentrer sur des choses positives."
Et ils continuent leur décontamination, mais les eaux usées contaminées se transforment en boue et en cendres d'incinération, qui à leur tour produisent des déchets hautement radioactifs. Les gens refusent de faire face au fait qu'ils finiront par revenir les hanter
.


La décontamination est inutile. Je l'ai essayée moi-même et je le sais. Le niveau diminue de 0,5 à 0,2, puis revient à 0,5 deux semaines plus tard. C'est la réalité. Où vont ces énormes quantités de sols pollués après la décontamination ? Si l’État voulait gérer de façon responsable les déchets, ils les auraient fait prendre en main par des entreprises d'élimination des déchets industriels ... mais là encore, ils seront recyclés en ciment, en poteries et en boues, et finiront par nous revenir.


C'est important pour nous de nous reposer et de récupérer, mais cela n'aidera personne de manière fondamentale. Je crois que la seule façon de nous en sortir est de mesurer les niveaux de radioactivité et de divulguer les faits, ce qui garantit une compensation suffisante, et ensuite permettre aux résidents de Fukushima de prendre leurs propres décisions.


Ne dispersez pas la radioactivité, mais contenez-là à l'intérieur de Fukushima. Le tombeau de mes ancêtres est à 2 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. S'il vous plaît, laissez les déchets radioactifs là-bas. Il y a beaucoup de résidents de Fukushima qui pensent ainsi, bien qu'ils y aient des tombes d'ancêtres, des maisons ou de grandes propriétés terriennes. Mais ils sont ignorés.


En mars de cette année, je suis allé au village de Samekawa dans la préfecture de Fukushima pour arrêter la construction d'une installation expérimentale d'incinération de paille de riz, dans laquelle on a mesuré un niveau de radiation de 8 000 bq[/kq]. Une conférence de presse était prévue et tout ce que nous avions à faire était de soumettre certains papiers, mais au dernier moment, un individu qui était ostensiblement contre la construction est intervenu et nous a empêché de continuer. Un opposant s'est avéré être un partisan. C'est la réalité que j'ai vécue.


Même pendant la campagne contre l'acceptation de débris contaminés à Kitakyushu, il était convenable de s'inscrire à la manifestation, mais pas de soutenir la conclusion de l'accord sur la prévention de la pollution.


J'avais entendu dire que notre dernier espoir était une réclamation de la coopérative de pêche de Kitakyushu, mais quand nous avons demandé à voir le document officiel, j'ai découvert que la coopérative n'avait pas présenté de réclamation. Ou plutôt, la «réclamation » n'a pas été faite en termes clairs. Les manifestants se réunissaient dans le village de tente après que l'incinération des débris contaminés ait commencé, et pendant ce temps, je me rendais auprès d'un certain nombre d'associations de pêche pour leur demander de déposer une "réclamation", mais seulement 2 ont accepté de me rencontrer, et aucune d'entre elles n'a fait de réclamation.


Si seulement une seule association avait déposé une réclamation, ou si seulement 2 résidents vivant à proximité de l'incinérateur avait fait une demande d'accord sur la prévention de la pollution... Il y avait tellement de pression pour empêcher les gens de prendre de telles mesures, et moi, évacuée de Fukushima, je me sentais en situation d'échec. Après avoir vu la réalité de cette prétendue campagne de "protestation", j'ai perdu tout espoir que Fukushima ne soit jamais "sauvée".


Tout comme le mensonge éhonté qu'un filtre à particules fines peut éliminer pratiquement 100% du césium, je pense que [le gouvernement] va installer un filtre HEPA et déclarer que Fukushima est sûr, puis construire des usines d'incinération à 8 000 bq[/kg - taux de radioactivité dans les cendres d'incinération] à travers le Japon et des centrales biomasses utilisant le bois de Fukushima.


L’État a beaucoup d'argent pour empêcher les gens de poser des questions en manipulant les médias, créer une certaine «humeur» dans le pays en publiant de fausses informations, et soutenir des campagnes pour convaincre ceux qui ne sont d'accord, et "encore une fois, nous nous retrouvons sans le savoir par n'être qu'une partie du troupeau".


Ce que je crois être un véritable lien ne peut être fait en suivant aveuglément les paroles de ceux qui sont "au sommet". Au contraire, il s'agit de nous apprendre les uns aux autres ce que nous ne savons pas, en partageant l'information et en continuant d'apprendre, puis en passant cette connaissance à ceux qui nous entourent. Avec plus de courage, nous pouvons informer les associations de pêcheurs et les personnes résidant à proximité des installations d'élimination des déchets, des incinérateurs de déchets industriels et des cimenteries - établissements que l’État va tenter d'influencer et de contrôler.


De la même façon que la ville de Kitakyushu a organisé des "rencontres explicatives pour une personne" pour le président de l'association des résidents quand ils ont décidé d'accepter les débris, nous avons besoin de "sessions d'étude pour une personne" pour les résidents locaux, car c'est la seule façon de protéger nos enfants.


J'ai été trompée par les médias et cela a permis que mes enfants soient exposés aux radiations. Parce que j'étais ignorante et que je n'avais que des connaissances superficielles, je ne pouvais pas protéger mes enfants, malgré que nous ayons évacué. La seule chose que je peux faire, c'est dire aux autres ce que j'ai vécu. J'espère que cela vous aidera à faire les bons choix. Si cela est possible, apprenez et partagez avec les autres.


Ne vous trompez pas sur les faits. Les faits deviendront évidents si vous avez le courage et prenez l'initiative de penser et d'agir par vous-même.


Notre dernier espoir se trouve dans la municipalité locale. Nous devons commencer par "l'éducation de résidents", puis la formation des enseignants et des employés municipaux par des résidents informés. C'est le seul choix que nous ayons. J'ai appris de première main qu'il n'y a aucun moyen de protéger mes enfants tant que je n'agis pas, quel que soit le fardeau que cela puisse représenter.


Peu importe ce que cela me coûte de prendre soin de mes enfants, j'espère continuer à faire du mieux possible."

 

Ce texte a été traduit depuis sa version rédigée en anglais. Il s'agit donc de la traduction d'une traduction, ce qui peut entraîner de légers écarts avec l'original.

 

Vous pouvez retrouver la version écrite en japonais ici et la version écrite en anglais ici.

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 17:05

Cet article est une tribune de Thierry Ribault, économiste au CNRS, avec la collaboration de Cécile Asanuma Brice, chercheur associée à la Maison franco-japonaise de Tokyo, paru sur le site de Rue89 le 7 novembre 2013.

_________________

 

 

Les administrateurs du désastre de Fukushima – Etat, réseaux interlopes, scientifiques, experts, contre-experts, mouvements citoyens et organisations non gouvernementales – sont devenus les cogestionnaires de dégâts en chaîne, chacun œuvrant au nom d’un intérêt supérieur hautement revendiqué : protéger.

 

Que s’agissait-il de protéger cependant lorsque, en mai 2013, les décideurs ont achevé la réouverture des zones interdites ? Que protège-t-on en incitant les populations à revenir vivre sur des terres contaminées où le seuil d’inacceptabilité, fixé à 20 milliesieverts par an, est quatre fois supérieur à celui fixé à Tchernobyl – sans compter les « points-chauds » à plus de 50 millisieverts – et vingt fois plus élevé que le seuil internationalement recommandé ?

 

Que protège-t-on en appelant à retrouver une « vie normale » à proximité d’un complexe nucléaire hautement dangereux : inondations, fuites d’eau contaminée, démarrage imminent d’opérations d’extraction des 400 tonnes de combustibles de la piscine du réacteur n°4, dont les produits de fission représentent 14 000 fois ceux de la bombe de Hiroshima ?

 

Quelle est donc la nature de cette « protection » ici mise en œuvre par l’ensemble de la société ?

 

Quelles relations incestueuses la lient pour longtemps à la soumission ?

 

 

Associations de victimes déboutées

 

Soulignant les nuisances et les limites des sociétés industrielles à l’aube du XXIe siècle, ce désastre a démontré, si besoin était encore, à quel point l’Etat, qui ne peut plus gérer les accidents de son développement, délègue à d’autres le soin de le faire. A l’intérieur de ce cadre établi et à leur corps défendant, de multiples « mouvements citoyens » ont dû faire le constat de leur impuissance.

 

Les « All Stars Demo », avec à leur tête le haut du panier de la contestation anti-nucléaire nobélisée, usent plus les semelles de la piétaille manifestante que les nerfs du gouvernement. Les associations de victimes, qui mènent Tepco et l’Etat devant les tribunaux, viennent d’être déboutées. Les agriculteurs avouent ne pas consommer les aliments irradiés qu’ils mettent cependant sur le marché.

 

Quant aux populations restées sur place, tétanisées par la propagande qui les condamne, incapables de décider de sauver leur vie, elles attendent une mort déclarée statistiquement probable, mais non certaine, et se font les cobayes d’une « science » eugéniste et radio-négationniste, puisque niant les effets de la radioactivité, pourtant, préalablement et scientifiquement, établies.

 

 

Les populations fuient hors de la réalité

 

Les populations, ainsi sommées de considérer la contamination radioactive telle une « mauvaise rumeur », tombent dans l’apathie, le découragement et fuient hors de la réalité. Pendant ce temps-là, ladite rumeur embauche 20.000 personnes pour la seule décontamination extérieure à la centrale, et, contrairement à ce qu’annoncent les pouvoirs publics, serait, dans ce même but, dans l’obligation de dépenser 210 milliards d’euros.

 

Pendant ce temps-là, le 7 septembre 2013, à Buenos Aires, lors de son discours devant le Comité olympique international, le Premier ministre Shinzo Abe « donne la garantie absolue que les questions sanitaires ne constituent pas un problème jusqu’à présent, et qu’elles n’en constitueront pas plus à l’avenir. »

 

Représenter la réalité tel un enfer n’est pas suspect ; exhorter systématiquement à la fuir l’est. Voilà pourtant le premier fondement de la protection à l’œuvre, à Fukushima, aujourd’hui.

 

 

Une science d’ascenseur

 

Le second fondement a consisté en la mise en place insidieuse d’une science d’ascenseur qui s’est construite précisément par renvois entre ses protagonistes avec, pour principale visée, l’accès optimisé à de non moins ascendantes carrières. C’est à la science ce que la « musak » est à la musique : un ersatz apparemment insignifiant, aux finalités répressives.

 

Ainsi Shinobu Goto, spécialiste des sciences de l’environnement à l’université de Fukushima, dénonce-t-il la partition entre d’un côté, des citoyens, qui ne seraient qu’irrationnels et émotifs, et de l’autre, des experts scientifiques dont le jugement serait le plus pertinent dans une situation comme celle de Fukushima.

 

De fait, on a vu, à travers l’exemple du désormais trop fameux professeur Shunichi Yamashita, médecin promptement nommé dès avril 2011 à la tête de l’enquête sanitaire menée par l’université de médecine de Fukushima et défenseur zélé de l’innocuité des radiations en deçà de 100 millisieverts par an, combien certains experts scientifiques savent établir des zones d’ignorance là où des certitudes avaient enfin fini par apparaître.

 

 

Des scientifiques transformés en experts

 

Les dix-neuf cas de cancer de la thyroïde jusqu’à présent officiellement détectés et opérés, parmi les enfants de Fukushima et les 25 autres cas en attente d’une intervention chirurgicale, sont ainsi considérés, par ces fossoyeurs de vérité, comme s’étant trop rapidement déclarés pour que l’on puisse considérer qu’ils aient un lien quelconque avec l’accident nucléaire.

 

Pour le radiobiologiste Keith Baverstock, ancien responsable du programme de protection contre les radiations au bureau européen de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), une telle imposture renvoie précisément à la transformation de nombre de scientifiques en « experts » qui, sous couvert de s’inscrire dans le consensus établi par leur « communauté », évitent de véritables confrontations scientifiques avec leurs « pairs ».

 

Obligeant chacun à ralentir le pas pour paître en toute quiétude dans les prairies des dangers avérés, et gommant les désagréables rumeurs que font circuler quelques émotifs inquiets, parce que mal informés, on a laissé épandre une science de l’oubli dont l’objectif, tel un pesticide sélectif destiné à anéantir le souvenir, est de produire les conditions psychologiques censées améliorer le bien-être et la protection de tous, menant ainsi à un niveau jamais égalé la soumission volontaire.

 

 

Les chœurs de l’internationale nucléariste

 

A qui, à quoi s’agit-il exactement de se soumettre ?

 

Visant à réduire à néant une loi humaine qui veut que, paradoxalement, les contextes d’insécurité seuls permettent aux populations de penser, de décider et d’agir avec une relative liberté d’esprit, les autorités japonaises, encouragées en cela par les chœurs de l’internationale nucléariste, ont établi en pierre de touche la sécurité, quitte à lui faire prendre, dans le contexte de mise en auto-expérimentation qui caractérise désormais la situation à Fukushima, des allures d’inhumanité.

 

Juan Carlos Lentijo, directeur à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) de la division Cycle du combustible et technologie des déchets – donc manifestement rompu aux questions de l’humain et de sa destinée dans la société nucléaire – rendait récemment les conclusions de sa mission, « encourageant les institutions japonaises à accroître leurs efforts de communication relative à l’acceptabilité d’une dose allant de 1 à 20 millisieverts par an, dose qui est en conformité avec les normes internationales ».

Un ouvrier nucléaire sur le site de Fukushima Daiichi, le 12 juin 2013 (Toshifumi Kitamura/AP/SIPA)

Un ouvrier nucléaire sur le site de Fukushima Daiichi, le 12 juin 2013 (Toshifumi Kitamura/AP/SIPA)

Trois jours plus tard, Olivier Isnard, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), entonnait la même berceuse :

« Dans cette étape intermédiaire, et selon les recommandations internationales en vigueur, on peut revivre dans la zone contaminée à condition que le niveau d’exposition externe et de contamination interne combinés n’excède par 20 millisieverts par an. »

 

Le perroquet équilibriste de l’IRSN, toutefois, nous alerte :

« Près des maisons, les niveaux sont peut-être par endroits redevenus tolérables, mais inutile de songer à aller dans les bois cueillir des champignons alentour et les manger, car ce sont des éponges à radioactivité. »

 

Autant dire – quand on sait que la périphérie de la zone de décontamination (cette dernière n’étant jamais définitive) n’excède pas les 20 mètres pour les habitations situées en bordure de forêt – que cette survie en zone contaminée, qui nous est, dans un premier temps, présentée comme « transitoirement » vivable, est dans les faits, à court comme à long terme, invivable, bien que recommandée par ceux qui prennent soin de laisser aux autres le risque de l’expérimenter.

 

(…)

 

Lire la suite de l’article

 

 

____________________________

 

En savoir plus

 

Deux journées de rencontres ont eu lieu les 15 et 16 octobre 2013 à la Maison Franco Japonaise de Tôkyô :

 

Protéger et soumettre à Fukushima : soumission scientifique

Part 1: http://www.ustream.tv/recorded/39863390

Part 2: http://www.ustream.tv/recorded/39866159

 

Protéger et soumettre à Fukushima : soumission citoyenne

Part 1: http://www.ustream.tv/recorded/39890131

Part 2: http://www.ustream.tv/recorded/39892824

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29 octobre 2013 2 29 /10 /octobre /2013 23:44
Un maire japonais accueille des enfants de Fukushima dans sa ville

Par YURI KAGEYAMA, Associated Press

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Cet article est paru sous le titre original “Japan mayor offers Fukushima kids home in his town

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Traduction : Phil Ansois

Edition en français avec l’autorisation de l’auteur

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Photo © The Associated Press

Docteur Akira Sugenoya, maire de Matsumoto

Après la catastrophe de Tchernobyl de 1986, il y a déjà une génération, le docteur Akira Sugenoya a pratiqué des opérations chirurgicales sur plus d’une centaine d’enfants, pour leur sauver la vie. Il est maintenant maire d’une ville du centre du Japon, et il voudrait éviter que sa propre histoire ne se répète.


A partir d’avril, les parents qui vivent dans l’ombre du désastre nucléaire de Fukushima pourront envoyer leurs enfants à environ 300 kilomètres (200 miles) de Fukushima, dans sa ville de Matsumoto. La ville paiera 14 millions de Yens (soit 143000 $, ou 104000 €) [cours du 27/10/2013] pour une maison équipée de six chambres à coucher et le personnel ; les parents ne paieront pas les cours, mais seulement les dépenses utilitaires et les repas.


Dans une récente interview à l’« Associated Press » faite dans l’hôtel de ville de Matsumoto, le Dr Sugenoya déclare : « Si mes craintes ne se révèlent pas fondées, ce serait la meilleure des nouvelles », « mais si elles se réalisent, alors il y aura peu de temps disponible avant qu’il ne soit trop tard ».


Le Dr Sugenoya a critiqué la réaction du gouvernement à la triple fusion des cœurs de la centrale nucléaire de Fukushima, qui a explosé à la suite du Tsunami en mars 2011, et qui continue toujours aujourd’hui de déverser de la radioactivité dans l’air et dans l’eau. Le démantèlement prendra des décennies, et les experts ne parviennent pas à se mettre d’accord pour définir dans quelle mesure ce désastre affecte la santé des habitants.


Le cancer de la thyroïde est la seule maladie confirmée par l’AIEA due aux faibles doses de radioactivité, suite à la catastrophe de Tchernobyl, une maladie qui est rarement fatale quand elle est traitée par la chirurgie adéquate. En 1991, après avoir entendu parler des milliers de cas de cancers de la thyroïde en Biélorussie, le Dr Sugenoya, un spécialiste de la thyroïde, est parti travailler comme volontaire en Biélorussie, près de la centrale nucléaire Ukrainienne.


Cinq ans plus tard, il a quitté son travail dans un hôpital Japonais prestigieux et est retourné là-bas pour une nouvelle période de cinq ans et demi. Il a mis sur pied une récolte de fonds pour les victimes de Tchernobyl et il invite régulièrement des médecins de Biélorussie à venir participer à des formations au Japon.


La comparaison entre les fuites radioactives près de Fukushima Daïchi et celles de Tchernobyl n’est pas très facile. La mesure de l’exposition au niveau individuel implique des calculs complexes pour tenir compte des quantités de nourriture et d’eau ingérés quotidiennement, qui peuvent varier considérablement.


Le gouvernement Japonais a détecté 44 cas de cancer de la thyroïde (confirmés ou suspectés) parmi 217 000 jeunes d’âge égal ou inférieur à 18 ans, ceci dans la préfecture de Fukushima. Le cancer de la thyroïde est généralement rare chez les enfants, il est estimé à un par million. Le lien avec la radioactivité n’est pas encore concluant, et des tests plus étendus sur les enfants de Fukushima pourraient nous donner des nombres plus élevés*.

Les enfants sont plus sensibles que les adultes aux maladies causées par les radiations parce que leur corps est en cours de développement, mais leur corps peut aussi réagir et guérir [plus facilement] des dégâts créés par la radioactivité. Le Dr Sugenoya précise que dans les zones de la Biélorussie qui sont proches de Tchernobyl, les enfants sont périodiquement déplacés en dehors des zones irradiées.


Matsumoto, dans la préfecture de Nagano, comprend à peu près 240 000 habitants. Il y a de la place dans les écoles à cause du déclin de la population, un déclin courant dans les zones rurales. Le plan du Dr Sugenoya, appelé le « Projet Matsumoto », sera ouvert aux étudiants de Fukushima pour les enfants de la 3ème année du primaire jusqu’à la fin du collège [donc de 8 à 14 ans].


Les personnes responsables de Matsumoto ont organisé des réunions à Fukushima pour expliquer le projet, et quelques parents ont exprimé leur intérêt, mais on ne sait pas combien d’entre eux voudront bien envoyer leurs enfants étudier au loin.


Parmi les habitants de Fukushima, ceux qui sont le plus inquiets à propos de la radioactivité sont déjà partis. Quelques 150 000 personnes ont quitté les zones de Fukushima les plus ravagées à la suite du Tsunami; un tiers d’entre elles sont parties dans d’autres préfectures.


A peu près 200 d’entre elles sont à Matsumoto, dont Horishi Ueki, sa femme et leurs enfants, âgés de 4 et 6 ans.


Ueki dit que ses enfants lui ont demandé : « Maintenant je peux toucher les fleurs ? ».
A Fukushima, ils devaient porter des masques, et ils ont commencé à prendre peur. Ils étaient très souvent grondés : « Ne touchez pas les poussières », « Ne touchez pas ceci », « Ne touchez pas cela ».


Certains de ceux qui restent dans les zones qui entourent les centrales nucléaires dévastées sont déchirés par la décision de partir ou rester.
 

Yuri Hasegawa, une mère de famille de 45 ans de Fukushima, est tellement tracassée qu’elle a acheté un compteur Geiger et un stock de masques. Dans sa cuisine, elle ne prépare que de la nourriture dont la radioactivité a été vérifiée.


Elle a envoyé ses deux enfants, de 9 et 13 ans, à des camps d’hivers et d’été dans l’île d’Hokkaido à l’extrême nord, à l’île d’Okinawa qui est à l’extrême sud, et à la cité d’Hiroshima qui se trouve au sud-ouest. Elle pense prendre part au « Projet Mastumoto ». Elle fait face à l’opposition de son mari et d’autres parents, qui se moquent de ses soucis et qui les trouvent extrêmes.


Elle dit que dans son jardin et dans d’autres zones, « le compteur Geiger commence à faire bip, bip, bip ». « Les bips arrivent si vite. Vous savez la radioactivité passe à travers nos corps. C’est parce que c’est invisible. Si nous pouvions le voir, nous ne voudrions pas habiter ici. »


Le gouvernement japonais prétend que l’on peut vivre en sécurité dans les zones qui n’ont pas été forcées à être évacuées, mais il a aussi admis des erreurs dans la réaction aux dangers de la radioactivité.


Peu de temps après le Tsunami, le gouvernement aurait pu distribuer les pilules d’iodure de potassium pour bloquer l’accumulation d’iode radioactif dans la glande thyroïde des enfants. Les pilules étaient disponibles, mais le gouvernement n’est pas arrivé à les distribuer à temps; il a reconnu qu’il n’était pas préparé à ça.

Le gouvernement a aussi reconnu qu’il n’a pas utilisé de manière efficace les données qui prévoyaient avec précision les directions prises par les nuages radioactifs. Bien que la zone autour du site nucléaire ait été évacuée, le gouvernement n’a pas averti les gens qui habitaient en dehors de cette zone, et qui, suivant les prévisions, étaient dans les trajectoires des retombées.

Le Dr Sugenoya, un homme de corpulence moyenne doté d’un gentil sourire, nous dit que son intention est d’offrir de l’aide aux familles concernées pour qu’elles puissent vivre pleinement en toute sécurité.

« La radioactivité ne fait pas mal. Elle ne nous irrite même pas la peau. »
« C’est terrible ce qui se passe, et les gens n’en prennent pas du tout conscience. »

 

 

 

_____________________

 

* [NDT c'est assez contradictoire de dire que le lien n'est pas concluant, vu que les chiffres donnés ici montrent une proportion de cancers de la thyroïde plus de cent fois plus élevée que la normale]

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 23:26

Un séisme de magnitude 7,1 a eu lieu le samedi 26 octobre 2013 à 2h10 (heure du Japon) à plusieurs centaines de kilomètres au large des côtes du Japon. Suite à l’annonce d’un tsunami, Tepco a décidé d’ordonner l’évacuation d'une partie de la centrale de Fukushima Daiichi. Une vague de 30 à 40 cm a été observée sur les côtes et rien n’est à signaler d’anormal sur le site nucléaire. L’alerte au tsunami est maintenant levée.

Séisme du 26 octobre 2013 de 2h10 (source Japan Meteorological Agency)

Séisme du 26 octobre 2013 de 2h10 (source Japan Meteorological Agency)

Une réplique de magnitude 5,1 a eu lieu à 6h28 (heure du Japon)

 

Derniers tremblements de terre au Japon :

http://www.jma.go.jp/en/quake/

 

Pour voir la centrale en direct :

http://www.tepco.co.jp/en/nu/f1-np/camera/index-e.html

 

Page d’annonce au tsunami de l’agence météorologique du Japon

http://www.jma.go.jp/en/tsunami/

 

Evacuation partielle de la centrale de Fukushima

En savoir plus :

http://www.afp.com/fr/node/1136539

 

____________

Mise à jour 15 h (26/10/13)

 

Selon le site Ex-SKF, Tepco a ordonné l'évacuation uniquement pour les travailleurs situés dans les zones basses proches du front de mer. (http://ex-skf.blogspot.fr/2013/10/magnitude-68-earthquake-off-fukushima.html)

J'ai donc ajouté le mot "partiellement" au titre de ce billet. Merci à Kna de nous avoir donné cette précision importante.

PF

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22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 10:44
Fukushima : l’AIEA autorise la vie en zone contaminée

Avertissement : attention aux lecteurs sensibles, la lecture de cet article peut provoquer des nausées.

.

(Illustration : Juan Carlos Lentijo, chef de la mission AIEA chargée d'enquêter sur la décontamination à Fukushima et sur les mesures de protection des habitants de la région. Source : Reuters)

Selon le communiqué de presse de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) du 21 octobre 2013, les Japonais peuvent se faire contaminer en toute tranquillité à 20 mSv/an.

 

Et pour qu’il n’y ait pas de contestation, elle implique directement les organisations qui auraient pu prétendre le contraire : la CIPR (Commission internationale de la protection radiologique), l’UNSCEAR (Comité scientifique des Nations Unies sur les effets des rayonnements ionisants et l'OMS (Organisation mondiale de la Santé).

 

Bien sûr, on n’attendra pas de réactions outrées de ces organisations qui sont soumises au bon vouloir de l’industrie nucléaire.

 

Les 16 personnes faisant partie de cette mission AIEA à Fukushima ont eu cette conclusion géniale : recommander aux habitants de porter des dosimètres pour qu’ils gèrent eux-mêmes leur empoisonnement.

 

La catastrophe de Fukushima aura donc eu comme effet :

 

1. l’autorisation de l’industrie nucléaire à rejeter en continu 300 m3 d’eau hautement radioactive par jour dans l’océan Pacifique pour une durée illimitée,

 

2. l’autorisation pour la population de se faire irradier à 20 mSv/an, c’est-à-dire de vivre normalement avec sa famille, ses enfants, dans un endroit aussi risqué qu’une « zone contrôlée » d’une centrale nucléaire.

 

Pour mémoire, les territoires contaminés de Tchernobyl ont été évacués à partir de 5 mSv/an. Et dans les territoires contaminés où on a laissé vivre la population, trois quart des enfants ne sont plus en bonne santé.

 

Ecœurant…

 

Pierre Fetet

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 00:29

Paroles de Takashi Hirose, journaliste et ancien ingénieur, dans le film documentaire AU-DELA DU NUAGE °Yonaoshi 3.11 霧の向こう de Keïko Courdy (2013).

Takashi Hirose : « J’appelle ce pays une nation criminelle »

« Les gens ont reçu un choc avec l’accident.

Puis petit à petit, tout le monde a commencé à avoir peur.

Mais c’était une bonne chose, une bonne peur.

Ils ont compris que l’on ne pouvait plus faire confiance.

Malheureusement, l’homme est entouré chaque jour de milliers d’informations.

Cela lui fait oublier les plus terribles évènements.

On vit cette situation aujourd’hui.

 

En ce moment-même, sous Fukushima, de la matière radioactive est en train de s’échapper.

Elle va dans les sous-sols, dans la mer, puis elle ressort sans l’atmosphère.

Ce genre de chose n’apparaît pas dans les nouvelles.

Alors tout le monde l’oublie.

Si cela apparaissait tous les jours aux informations, les Japonais ne pourraient pas l’ignorer.

Mais on passe toute sorte d’autres choses.

Je pense que la plus grande faute revient aux médias.

Ils ont construit cette situation.

Rien n’a changé depuis l’accident.

Les accidents se produisent parce que les médias ne prennent pas le problème au sérieux.

Et même après l’accident, s’ils en parlaient un peu au début, maintenant ils n’en parlent qu’au compte-goutte.

 

Le problème de la contamination, c’est que l’on ne peut que la mesurer, dans les choses, dans la terre, dans le sol.

Beaucoup de monde aujourd’hui possède un compteur Geiger, mais cela ne mesure que ce qui circule dans l’air, cela ne mesure que les rayons gamma.

En fait, lorsqu’on recherche la composition de la radioactivité sortie des réacteurs et sa dispersion, on ne trouve pas tout.

L’intérieur des réacteurs faisait presque 5000 degrés.

C’était une température plus que monumentale.

Et l’uranium et le plutonium sont sortis sous forme de gaz.

Je peux trouver cela d’après mes calculs, mais cela ne ressort pas dans les compteurs Geiger, tout comme les rayons alpha ou bêta.

 

Personne ne mesure non plus le strontium.

Le strontium est le plus effrayant.

Il se fixe dans les os et provoque des leucémies.

C’est particulièrement dangereux pour les enfants en pleine croissance qui sont exposés aujourd’hui.

Pour les enfants qui habitent dans des lieux contaminés comme Fukushima, il faut organiser immédiatement une évacuation.

Mais quand on n’a pas d’argent, on ne peut pas fuir.

Même si les gens de Fukushima voulaient fuir, ils ne le pourraient pas pour des raisons économiques.

 

Maintenant nous devons agir pour que la société Tepco qui a provoqué l’accident donne des indemnités, de l’argent, pour que les gens puissent partir s’ils le veulent.

Le pays doit d’abord faire évacuer les enfants en groupe de la préfecture de Fukushima, plutôt que de les laisser fuir chacun de leur côté.

Les enfants veulent pouvoir rester avec leurs amis d’école.

On doit faire cela en groupe.

C’est possible.

Avant que le Japon ne perde la guerre, on avait organisé des évacuations de groupe.

On faisait fuir les enfants des zones dangereuses en les amenant dans les montagnes.

C’est quelque chose qui devrait être fait maintenant.

 

Mais le pays ne fait absolument rien.

Pour cette raison, j’appelle ce pays une nation criminelle.

Si on ne fait rien, il va arriver des choses terribles aux enfants.

Je suis inquiet. »


Takashi Hirose

(sous-titres en français à activer)

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 13:14
Fukushima : dysfonctionnement olympique

Cet article est paru le 11 octobre 2013 sous le titre original « Fukushima; Dysfunction Olympics ». Sa traduction est publiée avec l’autorisation du site SimplyInfo.

Traduction : Phil Ansois

Les travailleurs sont stressés, personne n’est tenu de rendre des comptes, les solutions restent hors de portée et les Jeux Olympiques surgissent comme une sorte de distraction. Au Japon rien ne semble fonctionner correctement.

 

Quelques travailleurs ont parlé au journal Le Monde à propos de leur situation sur le site. Ils ont parlé de leur isolement, des bas salaires et des mauvaises conditions de travail. Ils ont dit que beaucoup de travailleurs manquent complètement de formation et ne sont même pas familiarisés aux outils qu’ils doivent utiliser. Les équipements donnés aux travailleurs sont souvent anciens, car les sous-traitants ne veulent pas gaspiller de l’argent pour un équipement qui sera abandonné sur le site à cause de la contamination. Le président de TEPCO a admis cette semaine que les travailleurs travaillent trop, en faisant de longues journées et que le site manque de personnel. Les travailleurs disent qu’ils ne veulent plus travailler à Fukushima. Les bas salaires et la stigmatisation culturelle ambiante à propos de l’industrie nucléaire contribue à la chute du nombre de travailleurs. Ils citent aussi la construction des installations olympiques à Tokyo comme un attracteur potentiel des travailleurs hors du site nucléaire.

 

Des citoyens ont pris à Tokyo des mesures des radiations autour de nombreux endroits destinés aux Jeux Olympiques. Ils  ont trouvé des niveaux significatifs de contamination radioactive sur un certain nombre de sites olympiques. Le gouvernement a immédiatement complètement nié cette contamination comme si elle n’existait pas.  Ceci semble être la politique officielle du gouvernement, qui est soucieux de la sécurité des invités aux Jeux Olympiques.

 

La NRA [Nuclear Regulation Authority] japonaise a brillé par son bon sens cette semaine. Le responsable,  Shunichi Tanaka, a dit que les inspections en vue d’un possible redémarrage des réacteurs à Kashiwazaki Kariwa seront postposés jusqu’à ce que changent et les compétences et les capacités de TEPCO à traiter le foutoir de Fukushima Daïchi.
Maintenant la NRA annonce ouvertement son intention de mettre en veilleuse l’inspection de Kashiwazaki Kariwa. Comme le redémarrage de ces réacteurs était un élément clé du plan de réhabilitation de TEPCO par le gouvernement, ceci pourrait impacter les cours des actions de TEPCO et la volonté des banques de prêter de l’argent à TEPCO. Il y a aussi des discussions au Japon à propos du démantèlement de TEPCO ou de sa scission en deux sociétés.

 

Robert Jacobs, professeur associé à l’Institut de la Paix d’Hiroshima et membre de SimplyInfo.org, a parlé sur  RT et sur ABC Australia des énormes défis qui s’annoncent pour le Japon. Il a explicités les énormes risques que présente le site nucléaire si la situation reste sans solution, et la « nouvelle normalité » imposée aux habitants du Japon.

 

Les plus grand défis restent sans solution ou sont simplement ignorés par le gouvernement. Ceci commence à causer une paralysie majeure de l’Etat. Les personnes évacuées ne peuvent ni revenir chez elles ni obtenir une aide de relogement pour redémarrer leur vie. Les défis sur le site nucléaire demeurent sans solution.

Le Japon a fait un appel à l’aide internationale. Ceci peut amener quelques nouvelles tactiques de résolution de problème qui seront utiles pour tenter de traiter la triple fusion de cœurs et la pagaille créée ensuite par TEPCO.
Aucun pays ne détient une solution éprouvée pour résoudre ces problèmes.
Ni les gouvernements, ni le grand public de par le monde n’ont pris conscience de la réalité.

 

Source : http://www.fukuleaks.org/web/?p=11586

Traduit par Phil Ansois avec l’autorisation du site  SimplyInfo.

 

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Sur le même sujet :

J.O. 2020 : les mensonges du Premier ministre ont fait triompher Tokyo

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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 11:11

Texte de HORI Yasuo rédigé le 16 septembre 2013

(illustration : le Premier ministre Abe - Source Mainichi)

Le 16 septembre 2013

 

Les mensonges du Premier ministre ont fait triompher Tokyo

 

HORI Yasuo

 

 

Traduit du japonais à l'espéranto par Hori Yasuo,

Puis de l'espéranto au français par Ginette Martin



 

Les belles paroles du Premier ministre.
Le 7 septembre à Buenos Aires a eu lieu la Session générale du Comité international olympique (CIO), et Tokyo a été élue ville olympique pour 2020. Avant le vote,  le principal handicap pour Tokyo était l'accident de la centrale nucléaire n° 1 de Fukushima. Pour persuader les membres du comité, le Premier ministre Shinzo  Abe a fait la déclaration suivante :

"Tokyo est l'une des villes les plus sûres au monde, elle l’est non seulement maintenant, mais elle le sera aussi en 2020. Il y a certainement des gens qui ont des inquiétudes au sujet des centrales nucléaires de Fukushima, mais je vous promets ceci. Comme nous avons la situation sous contrôle, elles ne causeront aucun dommage à Tokyo. Je vous garantis que les Jeux Olympiques auront lieu en toute sécurité. La situation financière est également en ordre.
Si vous choisissez Tokyo comme ville olympique, cela donnera une nouvelle et forte source d'inspiration pour le mouvement olympique. Nous voulons faire du monde un endroit meilleur en collaboration avec le CIO".

 Ensuite eut lieu une séance de questions et réponses, et il a répondu comme suit:
"En conclusion, le problème de l'eau contaminée n'a pas d'importance. Voyez les faits :
l’influence de l’eau polluée ne s’exerce que sur une aire de 0,3 kilomètre carré dans le petit port de la centrale n° 1 de Fukushima.
Nous  faisons mesurer la radioactivité dans la mer proche. Même le plus élevé des chiffres relevés n’est que le 1/500-ème de la norme pour l'eau potable définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La norme japonaise de sécurité est la plus sévère au monde. Je vous garantis qu'au sujet de la santé, il n'y a jamais eu de problème dans le passé, il n'y en a pas maintenant, et il ne s'en présentera jamais à l'avenir. En outre, pour résoudre de façon plus parfaite la difficulté, nous avons défini un programme et avons commencé à œuvrer à sa réalisation totale. En tant que premier ministre du Japon, j'ai la responsabilité de la sécurité et de l'avenir des enfants et aussi des athlètes qui vont venir au Japon. J'assumerai parfaitement ma responsabilité.

 

 Réactions venues de divers côtés
TEPCO:
Nous voulons au plus vite stabiliser la situation. La densité de la radioactivité en dehors du petit port est le cinquième de ce qu'elle est à l'intérieur. L'eau polluée n'est pas encore parfaitement retenue.
    * TEPCO a envoyé un questionnaire au gouvernement au sujet du discours du Premier ministre. Cela signifie que TEPCO a une opinion différente de son discours.
    * la compagnie a installé des barrières appelées barrières de boue (siltfence, シルト フェンス) dans le petit port pour que l'eau contaminée ne sorte pas, mais elle avoue que l'eau contaminée n'est pas parfaitement retenue. En outre, elle ne nie pas la possibilité que de l'eau fortement contaminée provenant des stockages s'en aille jusqu'à la mer.

 

Un haut fonctionnaire du Ministère de l'Economie et de l'Industrie:
Il est difficile de  définir ce qu’est la « maîtrise » d’une situation , mais il est clair que nous ne pouvons pas nommer la situation actuelle "techniquement bien maîtrisée".
(Le journal Mainichi, 10 septembre 2013)

 

Konno Tomomicu, 54 ans, pêcheur dans la ville de Sooma, département de Fukushima,
       Ne dites pas de sottises.  C’est parce que la centrale nucléaire n'est pas maîtrisée, que nous souffrons tellement de l'eau contaminée. Il ne sait pas ce qui se passe ici. Il a parlé de la sécurité à l'étranger, mais jamais à nous, dans le pays. S'il a la responsabilité de ses propres paroles, qu'il fasse ce qu'il a promis.
(Le journal Asahi, 10 septembre 2013)

 

M. Masao Aïda, 69 ans, agriculteur, qui est parti du village d'Iitate, département de Fukushima, à cause de l'accident :
       Le gouvernement a dit qu'il était responsable de la  décontamination des sols, mais on ne voit de progrès nulle part. Il abandonne Fukushima. C'est une chose réjouissante que les Jeux Olympiques viennent au Japon, mais le gouvernement a mieux à faire qu’à s’occuper des Jeux Oympiques .
(Le journal Asahi, 10 septembre 2013),

 

M. Yamana Hajime (Président de l'Institut international de recherche pour le démantèlement des réacteurs, International Research Institute for Nuclear Decommissioning, 国際廃炉研究開発機構, fondé en août 2013)
       Nous disposons de données, grâce auxquelles nous pouvons conjecturer que la radioactivité reste à l'intérieur du petit port de la centrale nucléaire No1 de Fukushima. Et même si elle se répand à l'extérieur, elle perdra son intensité et ne provoquera pas de grands effets. Il est nécessaire que nous arrêtions l'eau polluée, mais nous ne savons pas où se trouvent les substances nucléaires qui la polluent. Le plus gros problème est le fait qu'un écoulement non maîtrisé perdure. Si nous ne pouvons pas venir à bout de la cause principale, viendront encore de nouveaux problèmes.
(Le journal Mainichi, le 11 septembre 2013).

 

Mme Sakiyama Hisako (membre de l'ancien Comité parlementaire sur l'accident nucléaire de Fukushima, 东京 电力 福岛 原子 力 発 电 所 事故 调查 委员会)
La situation de l'usine est pire qu'en juillet dernier, lorsqu'on a publié le rapport de la commission.
Chaque jour, 400 tonnes d'eau s’infiltrent sous les enceintes des réacteurs. On ne sait pas d'où elle vient, ni où elle va. Le gouvernement dit qu'il va stopper l'eau avec des murs en terre gelée, mais  on ignore si cette méthode fonctionnera vraiment. Peut-on dire que les réacteurs sont sous contrôle?
       On détecte une très forte quantité de césium chez les poissons pêchés dans la mer. Les substances radioactives répandues voyagent des montagnes vers les rivières et la mer. On détecte du césium également dans les urines des enfants vivant à Tokyo. On ne sait pas quels seront les effets d'une faible radioactivité sur la santé.
(Le journal Mainichi, le 11 septembre 2013),

 

Mme Oohashi Satsuki, 20 ans, qui habite la ville de Minami-Sooma située dans la zone de 20 kilomètres de rayon autour de la centrale nucléaire de Fukushima n ° 1:
       Je suis préoccupée par ma santé future. Je me demande toujours avec crainte: «Vais-je pouvoir me marier?", "Vais-je être capable de donner naissance à des bébés?", "Même si je peux en avoir, est-ce qu'ils naîtront normaux?"
(Le journal Akahata, le 11 septembre 2013),

 

L'olympisme est une philosophie de vie, élevant et réunissant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et du cœur. Associant le sport à la culture et à l'éducation, l'olympisme vise à créer un mode de vie fondé sur la joie dans l'effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des principes éthiques fondamentaux universels.

Principes fondamentaux de l'olympisme (1er chapitre)

 

 

Les Japonais sont bien organisés, de sorte que les Jeux Olympiques en 2020 connaîtront un beau succès, si l'accident nucléaire de Fukushima est résolu pour 2020, s'il n'arrive pas d'autres accidents graves dans d'autres réacteurs et si Tokyo n'est pas attaqué par un autre grand séisme,  dont on prévoit la survenue avec une probabilité de 70% au cours des 30 prochaines années. Pourtant ces Jeux Olympiques ne seront pas fondés sur « la joie dans l'effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des principes éthiques fondamentaux universels », mais sur « l'effort dans le sport du mensonge du Premier ministre, la valeur anti-éducative du mauvais exemple, l'irresponsabilité sociale et le manque de respect pour les victimes de l'accident nucléaire ». Quelle valeur auront ces Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 ?

 

Hori Yasuo

    traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN

    avec les conseils de Paul Signoret

 

 

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Sur le même sujet :

Fukushima : dysfonctionnement olympique

 

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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 13:58

Cet article est paru le 11 septembre 2013 sous le titre original «  Fukushima Unit 4 Fuel Removal Risks ». Sa traduction est publiée avec l’autorisation du site SimplyInfo.

Traduction : Phil Ansois,  17 septembre 2013

Les risques de la récupération du combustible de l’unité 4 à Fukushima

Les risques de la récupération du combustible

de l’unité 4 à Fukushima

 

TEPCO planifie la récupération du combustible usé de l’unité 4 cet automne. Cet effort est seulement survenu après la protestation publique, toujours en cours, à propos des dangers que pose la piscine endommagée. L’effort a été accéléré et la construction destinée à enlever le combustible a été installée ce printemps et cet été. Ce sera la première des quelques opérations à très haut risque sur le site de la centrale, et ce sont des travaux très peu compris par le public.

Mode opératoire

La procédure de récupération du combustible de l’unité 4 sera faite sous la nouvelle structure de récupération du combustible, installée au-dessus des restes du bâtiment du réacteur. TEPCO prétend que le bâtiment est quelque peu hermétique et contient son propre système CVAC (Chauffage, Ventilation et Air Conditionné), avec filtration des gaz et poussières. Ceci limitera tout déversement dans l’environnement tant qu’il fonctionne correctement. Même si cette construction procure une certaine protection à la fois en ce qui concerne la piscine de combustible et l’environnement extérieur, il ne sera pas assez robuste pour contenir n’importe quel incident sérieux.

Schéma de la superstructure de récupération du combustible

Schéma de la superstructure de récupération du combustible

La construction comporte deux nouvelles grues installées dans la superstructure métallique. La première, située au dessus, est une grue similaire à celle qui est utilisée pour déplacer du matériel lourd dans l’étage de changement du combustible d’un bâtiment de réacteur classique [NDT : une sorte de pont roulant]. Le bâtiment comporte aussi une nouvelle grue pour manipuler le combustible. C’est le système qui sera utilisé pour déplacer les assemblages de combustible. TEPCO prétend que cet outil est informatisé comme l’est une grue normale de manipulation du combustible et qu’elle peut être contrôlée à distance.


 

Levage de la grue supérieure pour l’unité 4

Levage de la grue supérieure pour l’unité 4

TEPCO envisage de déplacer certains équipements hors de la piscine et d’enlever autant de débris que possible avant de commencer à récupérer le combustible. Ce combustible sera alors inspecté visuellement avant de tenter de le récupérer.

 

Les risques de la récupération du combustible de l’unité 4 à Fukushima

Une fois que les assemblages de combustible seront récupérés, ils seront transférés dans une sorte de container de transfert [image ci-dessous]. Ce container sera soulevé hors de la piscine par la grue supérieure, mis en sécurité et envoyé dans la piscine commune pour un stockage et une inspection ultérieure.

Les risques de la récupération du combustible de l’unité 4 à Fukushima

Stabilité du bâtiment

La stabilité du bâtiment du réacteur de l’unité 4 est un souci majeur. Une grande partie des étages supérieurs ont été jugés en mauvais état dès 2011. Le bâtiment lui-même fait face au risque d’une défaillance catastrophique. TEPCO a insisté qu’un tel événement n’aurait pas d’impact sur la structure de la piscine de combustible usé. Une défaillance majeure pourrait aisément endommager encore plus la piscine de combustible usé ou les structures nécessaires pour maintenir la piscine et le réacteur bien remplis d’eau. TEPCO a déclaré que le bâtiment pouvait résister à un séisme important pourvu qu’il soit secoué dans la direction verticale. Suite à d’autres questions, ils ont admis que ceci n’inclut pas les ondes sismiques qui secouent horizontalement, y compris pour la piscine de combustible usé.

 

Stabilité de la piscine de combustible usé

La piscine de combustible usé a été endommagée durant le séisme initial et l’explosion. En 2011 a été réalisé un ajout de béton et de supports le long du bord de la piscine, là où elle rencontre l’enceinte de confinement. La piscine comprend actuellement un système de refroidissement et de recirculation [de l’eau]. Celui-ci a été en proie à des problèmes et des coupures électriques qui ont provoqué un échauffement de la piscine. Celle-ci est actuellement maintenue en dessous du point d’ébullition. TEPCO a installé une couverture flottante sur la piscine de combustible usé, quand ils ont entrepris de démolir les restes du 5ème étage. Cette couverture sera enlevée avant de pouvoir commencer le travail de récupération du combustible. L’inspection complète de la piscine n’a pas pu être faite depuis que la couverture a été installée. TEPCO a produit quelques rapports additionnels au sujet des débris dans la piscine dans les derniers mois. Un examen détaillé du revêtement de la piscine de combustible usé n'a pas été fait à ce jour.

L’état du revêtement est critique pour l’étanchéité de la piscine. A ce jour, nous ne connaissons pas l’état de la porte [destinée au passage du combustible] qui sépare la piscine de combustible usé de la zone contenant le réacteur [voir figure 2]. TEPCO a mentionné des fuites d’eau à travers cette porte durant les premières semaines du désastre. Nous supposons que les joints gonflables de la porte ne fonctionnent plus du à une panne de courant ou l’endommagement du système qui les maintient gonflés. L’état chimique actuel de l’eau dans la piscine de combustible usé n’a pas été documenté par TEPCO. En 2010, ils ont retiré autant de sel que possible de l’eau pour diminuer la corrosion. Le haut taux de sel (le taux de chlorure [de sodium] était dans les 0,1 %) dans la piscine durant une longue période a vraisemblablement corrodé les assemblages et les composants qui sont dans la piscine.

 

Stabilité du combustible

TEPCO a tout d’abord enlevé deux assemblages de combustible neuf de la piscine de combustible de l’unité 4 pour inspection. [NDT Il y avait 1331 assemblages usés et 204 assemblages neufs dans cette piscine]. Ils ont déclaré qu’ils étaient légèrement corrodés mais par ailleurs globalement en bon état. Ils ont trouvé de petits morceaux de débris de béton logés dans les assemblages de combustible. Plus récemment TEPCO a tenté certains tests destructifs sur des assemblages de combustible neufs. Ils ont laissé tomber un poids de 100 kg sur un assemblage de combustible pour tenter de simuler la chute de débris. Ceci a détruit la poignée de levage et plié les barres de combustible comme on peut le voir sur l’image ci-dessous. Il a été établi que des parties d’assemblage de combustible se corrodent lorsqu’elles sont laissées dans des conditions similaires à cette piscine de combustible usé, dans des conditions similaires où se pose le même problème de haute température et de haute salinité. Pour traiter le problème des poignées de levage, TEPCO a construit un système de d’accrochage fabriqué sur mesure qui, espèrent-ils, leur permettra de retirer les assemblages de combustible qui ont des poignées de levage endommagées.


 

Les risques de la récupération du combustible de l’unité 4 à Fukushima

Système d’accrochage et de levage des assemblages de combustible endommagés de TEPCO, qui n’a pas précisé si ce système de levage a été testé : 

 

Les risques de la récupération du combustible de l’unité 4 à Fukushima

Lors de l’inspection en cours de la piscine de combustible usé de l’unité 4, on a remarqué que certains ensembles de rangement de combustible étaient désalignés. Les rangements [racks] qui contiennent les plaques de bore, destinées à empêcher la criticité [NDT en absorbant les neutrons, le bore empêche le démarrage de la réaction de fission nucléaire], pourraient avoir été endommagées ou été partiellement ou complètement désalignées par le choc durant la catastrophe. On trouve aussi dans les notes d’inspection de TEPCO que des petits morceaux de débris de béton ont pu tomber dans les rangements [racks] et les assemblages de combustible. Ceci peut compliquer la récupération du combustible si des morceaux de béton se coincent entre les assemblages et les racks [NDT sorte de caissons] servant à  ranger ces assemblages.

 

Les risques de la récupération du combustible de l’unité 4 à Fukushima

Les problèmes additionnels dus à la chaleur, le sel, l’hydrogène et les dégâts de l’explosion peuvent tous avoir joué un rôle dans les dégâts ultérieurs de ce combustible. On ne sait pas si certains combustibles stockés étaient déjà endommagés avant le désastre. L’état des barres de combustible qui avaient déjà des fissures dans leur revêtement ou un autre dégât similaire, pourrait avoir empiré pendant les 2,5 années de mauvais traitement.
[NDT Si l’on retire les barres de combustible avant que tout l’uranium soit « brûlé », c’est aussi parce qu’après un certain temps les gaines qui confinent les pastilles d’oxyde d’uranium ou de MOX risquent de se fragiliser à cause de la chaleur et des radiations. Les piscines sont des stockages temporaires, les gaines de combustibles ne sont pas prévues pour y rester à long terme]

 

Risques de dégâts matériels

Tous ces dégâts potentiels augmenteront le risque que quelque chose tourne mal durant la récupération du combustible. Le plus grand souci serait la rupture complète d’un assemblage de combustible durant la récupération, ce qui disperserait les pastilles de combustible dans la piscine. Ceci créerait soit une situation critique [au sens ou la réaction nucléaire de fission se mettrait en marche], ou au minimum une libération de radiations. Les assemblages de combustible pliés ou les débris coincés dans les racks pourraient empêcher la récupération d’un assemblage de combustibles. Il est exclus de laisser un assemblage dans la piscine. Ceci pourrait poser un défi considérable.

Risques humains

L’erreur humaine pose un risque considérable d’accidents impliquant le transfert de combustibles. Les problèmes de mise en œuvre des étapes du projet tels que des procédures inadéquates pour réaliser les tâches, des procédures inapplicables ou l’ignorance des procédures peuvent créer une situation où quelque chose tourne de travers. Dans les recherches que nous avons passées en revue, une formation ou une expérience inadéquate est considérée comme un facteur de risque. Le fait que TEPCO se repose sur une main d’œuvre aux contrats précaires [NDT et aussi aux multiples niveaux de sous-traitance] et fréquemment non formée pourrait créer un problème dans cette situation. Les travailleurs qui ont une longue expérience sur le site et en particulier de la manipulation du combustible seraient ceux qui conviennent le mieux pour faire ce travail. Malheureusement, beaucoup de ces travailleurs ont atteint leur dose maximale de radiations et ne peuvent plus travailler sur le site. Les problèmes de communication peuvent augmenter les risques de sécurité. Le travail à distance, effectué en portant des tenues complètes de protection contre les radiations, et où la communication repose sur les casques et micros intégrés aux équipements est aussi cité comme une source de problèmes potentiels. Le travail à distance n’est jamais à 100% évident. Dans le travail fait jusqu’à présent sur l’unité 3, ils ont fréquemment utilisé des observateurs humains pour aider les télétravailleurs. Travailler avec l’attirail complet de protection contre les radiations et le masque sur le visage peut limiter la vision et l’audition. Les inspections visuelles peuvent devenir un défi. Les caméras et même la distorsion dans l’eau peuvent nous empêcher d’obtenir une vue du combustible dans la piscine précise et conforme à la réalité.

 

Les défis d’ordre général que présente ce travail peuvent poser divers risques menaçant la sécurité du processus. Les procédures monotones peuvent conduire à des défaillances. La pression exercée lorsque le travail doit être fait de manière précipitée – comme c’est le cas du calendrier très serré prévu pour récupérer le combustible de l’unité 4 – peut créer des situations où des accidents peuvent arriver. Des horaires très longs ou inhabituels peuvent créer des problèmes avec la force de travail, et cela peut tout simplement être un ou des travailleurs malades. Dans le cas du travail à Fukushima Daiichi, la chaleur et le froid on joué un rôle considérable dans la capacité des travailleurs à fonctionner normalement. Sans aucune sorte de contrôle climatique dans le bâtiment de récupération du combustible, ils devront travailler dans une chaleur suffocante ou un froid glacial suivant la période de l’année. La question du travail de groupe peut poser problème si les travailleurs refusent de mettre en question les idées des autres travailleurs, permettant ainsi de persévérer dans l’erreur. Une coordination d’équipe inadéquate, ou le fait que le groupe dépende de manière excessive d’un ou de quelques travailleurs peut aussi créer des risques. Cette situation peut arriver si vous avez un travailleur expérimenté qui guide une équipe de travailleurs inexpérimentés. Une équipe adéquatement formée, fonctionnant bien, est essentielle pour assurer que ces opérations s’effectuent sans erreur.

 

Risques liés aux grues et aux transferts

Les « défaillances de grues » et la « chute de containers » sont considérées comme des accidents à haut risque dans une centrale nucléaire en temps normal. Le défi extraordinaire du scenario prévu à l’unité 4 exacerbe ces risques. Les accidents de chute lors de l’utilisation des grues sont le plus souvent causés par des défaillances du système d’accrochage et de levage. Ceci implique le contrôle manuel de la grue pour accrocher l’objet soulevé. Le non-respect de la procédure ou un défaut de maintenance sont considérés comme un risque d’accident du type « défaillance de grue ». Le plus haut risque serait une chute du container depuis la grue avant que ce container ne soit complètement sécurisé et scellé. Ceci pourrait conduire à exposer des assemblages de combustible sans bouclier de protection et poser un danger mortel d’exposition aux radiations à tout travailleur se trouvant à proximité. Les assemblages de combustible non protégés par l’eau ou tombant hors du container peuvent déclencher cette situation. Un container qui tombe de la grue peut aussi endommager le niveau sur lequel il tombe. Ceci peut rendre inutilisable l’équipement nécessaire pour résoudre le problème. Dans le cas de l’unité 4 cela pourrait faire des dégâts considérables à la piscine de combustible usé ou à l’étage de réception du nouveau combustible autour de la piscine. Les deux zones sont déjà dégradées par des dégâts précédents.

 

Conclusion

TEPCO n’a documenté aucun passage en revue des risques de ce travail. Il n’a montré aucune évaluation des risques pour identifier et évaluer les risques potentiels. Une évaluation qui devrait aussi inclure toutes les procédures de « retour en arrière » au cas où quel que chose se passerait  mal. C’est un travail à très haut risque qui inclut le risque potentiel de blesser les travailleurs, de rendre l’accès au site impossible ou de disperser encore plus de radiations dans l’environnement global. Il doit y clairement avoir un effort d’anticiper les risques et de les exposer de manière transparente au public international.
 

________________


Liens (en anglais)

TEPCO Handout
https://www.dropbox.com/s/4z8tev1wnzy1q2o/U4_fuelremovalprep_handouts_130830_05-j.pdf

NRC research on human error during fuel removal
http://pbadupws.nrc.gov/docs/ML1106/ML110610673.pdf

METI roadmap of decommissioning work
http://www.meti.go.jp/english/press/2013/pdf/0627_01.pdf

Potential risks from dropping fuel assemblies
http://www.osti.gov/bridge/servlets/purl/5807117/5807117.pdf

CNIC review of TEPCO’s defueling effort at unit 4
http://www.cnic.jp/english/newsletter/nit154/nit154articles/03_nf.html

TEPCO information on transfer casks
http://www.tepco.co.jp/en/nu/fukushima-np/images/handouts_121114_01-e.pdf

TEPCO information on casks & shipping
http://www.tepco.co.jp/en/nu/fukushima-np/handouts/2013/images/handouts_130228_05-e.pdf

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15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 10:22

L’article « Le nucléaire déclinant au pays du soleil levant » a été publié le 12 septembre 2013 sur le site de l’ACRO. Son auteur, le physicien David Boilley, est président de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest et conseiller scientifique du laboratoire citoyen japonais Chikurinsha. Depuis 2011, il tient une chronologie très précise de la catastrophe de Fukushima sur cette page dédiée. Il sera présent le 18 septembre au colloque « Figurer la catastrophe, réfléchir le nucléaire : ce que les films sur Fukushima apprennent aux sciences humaines et sociales » qui aura lieu à Lyon du 17 au 19 septembre 2013.

Centrale nucléaire d’Ohi © Tomohiro Ohsumi/Bloomberg

Centrale nucléaire d’Ohi © Tomohiro Ohsumi/Bloomberg

Le nucléaire déclinant au pays du soleil levant

 

David Boilley
 

Le 15 septembre 2013, à peine plus de deux ans et demi après le déclenchement de la catastrophe de Fukushima, le Japon va se retrouver à nouveau sans aucun réacteur nucléaire en fonctionnement. La dernière fois, c’était le 5 mai 2012. Personne ne peut dire jusqu’à quand cette situation va perdurer. Un dossier de demande de redémarrage a été déposé pour 12 réacteurs et 5 ont déjà été rejetés. Il ne reste que 7 réacteurs en course… sur 50. Cela ne fait pas beaucoup. Comment en est-on arrivé là ?

Avant la catastrophe de Fukushima, le Japon comptait 54 réacteurs nucléaires de production qui fournissaient environ 30% de l’électricité du pays. 10% venaient des énergies renouvelables, essentiellement de l’hydraulique, et le reste des énergies fossiles.

Le séisme du 11 mars 2011, a entraîné l’arrêt de 14 réacteurs, dont 4 ont été complètement détruits. Le Japon ne compte plus que 50 réacteurs officiellement. En mai 2011, le premier ministre de l’époque a demandé la fermeture de la centrale de Hamaoka, proche d’une faille sismique. En cas d’accident, ce sont les principales voies de communication entre l’Est et l’Ouest du pays qui auraient été coupées. Puis, les autres réacteurs ont été arrêtés normalement, les uns après les autres, après 13 mois d’exploitation. 

Sans énergie nucléaire au printemps 2012, la question était à l’époque de savoir si le pays pourrait passer l’été, quand la demande est la plus forte à cause de la climatisation. Le gouvernement a pensé qu’avec des stress-tests demandés aux exploitants, il n’y aurait pas de problème pour redémarrer les réacteurs. Ce n’était qu’une affaire de quelques mois. Mais c’était sans compter sur la population et les plus grandes manifestations qu’a connues le pays depuis les années 70. 

Le gouvernement est passé en force et a autorisé, en juillet 2012, le redémarrage de deux réacteurs de la centrale d’Ôï, dans le Kansaï, région où le nucléaire compte pour 40% de l’électricité consommée. Il n’a pas pu en redémarrer plus, au grand dam des exploitants. Et il s’est finalement avéré que le Japon aurait pu se passer de ces deux réacteurs sans coupure. Ce sont eux qui sont à nouveau arrêtés en septembre 2013, après 13 mois de fonctionnement. 

Entre-temps, le gouvernement a mis en place une nouvelle autorité de sûreté nucléaire, indépendante, qui est entrée en fonction en septembre 2012. Cette Agence de Régulation Nucléaire (NRA en anglais) se distingue de son prédécesseur, la NISA, complètement inféodée au ministère de l’industrie et à l’industrie nucléaire et qui a été discréditée par la catastrophe de Fukushima.

Cette nouvelle agence s’est rapidement attelée à la tâche de rédiger un nouveau référentiel de sûreté, qui a finalement été adopté le 8 juillet 2013. Elle prétend qu’il s’agit des règles les plus strictes au monde… qui ne sont respectées par aucun réacteur japonais !

Il y a dix compagnies d’électricité au Japon, qui se sont partagées le territoire avec un monopole dans leur zone. Neuf d’entre elles exploitent, ou plutôt exploitaient, des centrales nucléaires. Elles sont toutes dans le rouge, sauf deux. Les deux compagnies qui s’en sortent sont celles qui n’ont pas ou peu de nucléaire. Les autres doivent payer le maintien de leur parc nucléaire, les emprunts et la production d’électricité de substitution. Elles payent donc une partie de la production presque deux fois et ne la vendent qu’une fois.

Elles sont donc pressées de relancer leurs réacteurs, les bénéfices primant sur la sûreté. Mais ce n’est pas si facile. Contrairement à l’Europe où, tous les dix ans, les exploitants du nucléaire doivent investir dans leurs centrales pour les mettre en conformité avec les dernières exigences, au Japon, tout comme aux Etats-Unis, les normes de sûreté qui s’appliquaient sont celles en cours au moment de la mise en service et cela, pour toute la durée de vie de la centrale.

Pour les réacteurs les plus vieux, le fossé est si grand qu’il ne sera pas possible de les remettre aux nouvelles normes. Il y a, par exemple, 13 réacteurs avec des câbles électriques inflammables. C’était toléré avant Fukushima, c’est interdit maintenant. Et comme il y a des milliers de kilomètres de câbles dans un réacteur, il est peu vraisemblable qu’il soit économiquement viable de les changer. 

Il y a aussi deux sortes de réacteurs au Japon, des réacteurs à eau sous pression (REP, ou PWR en anglais) et des réacteurs à eau bouillante (REB, BWR en anglais). Tous doivent désormais être équipés d’un filtre à particules radioactives pour limiter les rejets en cas d’accident, mais les REP bénéficient d’un délai de grâce de 5 ans, car leur enceinte de confinement est plus grande.

Au final, des dossiers de demande de redémarrage n’ont été déposés que pour 12 réacteurs durant l’été 2012, tous des REP, et le gouvernement vise 10% d’électricité d’origine nucléaire à moyen terme. Le dossier de la centrale de Tomari de Hokkaïdô Electric s’est déjà fait retoqué car il est incomplet. Les données sur le système refroidissement en cas d'accident concernaient un autre système que celui en place. Encore des ingénieurs qui connaissent bien leurs machines… Celui de Takahama aussi, car Kansaï Electric a sous-estimé la hauteur du tsunami qui pourrait la frapper. Elle est bonne pour rehausser la digue, ce qui prend du temps. Il n’y a plus que 7 dossiers en cours d’évaluation par la NRA, pour 50 réacteurs. Le gouvernement était encore bien optimiste avec ses 10%.

Inversement, d’un tiers à la moitié du parc ne redémarrera probablement jamais. 17 réacteurs ont plus de 30 ans. Il n’est pas sûr qu’il vaille le coût d’investir pour les remettre à niveau. D’autres sont sur des failles qui sont maintenant considérées comme actives après un réexamen. C’est le cas pour la centrale de Tsuruga (Fukui) et probablement pour celle de Higashidori (Aomori). Et puis, TEPCo ne pourra jamais redémarrer les réacteurs de Fukushima qui n’ont pas explosé, même si la compagnie y songe encore.

Le gouvernement a aussi demandé aux autorités locales de mettre en place un plan d’évacuation de toute la population sur un rayon de 30 km autour de chaque centrale. A Tôkaï (Ibaraki), c’est quasiment mission impossible car la population se compte par million. Pour les pouvoirs locaux, c’est non.

TEPCo veut redémarrer au plus vite deux réacteurs de sa centrale de Kashiwazaki-Kariwa, fortement secouée lors du séisme de 2007. Mais, avec la légèreté avec laquelle elle se préoccupe de l’eau contaminée à Fukushima, il lui est difficile de convaincre qu’elle a amélioré sa culture de sûreté. Le gouverneur de la province de Niigata est fermement opposé au redémarrage de ces réacteurs tant que toute la lumière n’aura pas été faite sur l’accident nucléaire de Fukushima.

Plusieurs compagnies d’électricité sont donc dans une situation financière critique car elles ne pourront pas redémarrer de réacteur nucléaire avant longtemps, voire jamais.

En attendant, avec la libéralisation complète du marché de l’électricité à partir de 2016, la concurrence va être plus rude. De nombreux investissements se tournent vers les énergies renouvelables : en plus du solaire et du vent, l’exploitation de l’énorme potentiel géothermique du pays n’est plus tabou. Selon le ministère de l’industrie, une centaine de nouvelles compagnies se sont enregistrées pour vendre de l’électricité. 40% d’entre elles en produisent déjà. 

Comme pour le moment tout projet de construction de nouvelle centrale nucléaire est gelé au Japon, le nucléaire est, de facto, déclinant au Japon, quelle que soit la couleur des partis au pouvoir. Le précédent gouvernement voulait arrêter le nucléaire à terme, mais relancer les réacteurs jugés sûrs par la NRA en attendant. Le nouveau gouvernement veut relancer le nucléaire et redémarrer les réacteurs jugés sûrs par la NRA en attendant, ce qui revient exactement au même. 

Les deux s’accordent sur l’exportation de technologie nucléaire et le maintien des investissements dans le « retraitement » des combustibles usés et le surgénérateur Monju, même si l’usine n’a jamais fonctionné et que son lancement a connu 19 reports en plus de 5 ans. Le réacteur expérimental, quant à lui, n’a fonctionné que 240 jours depuis 1994 et ne pourra probablement jamais satisfaire les nouvelles normes de sûreté. Cette obstination n’est pas sans arrières pensées militaires et inquiète les Etats-Unis. 

Le Japon ne peut pas importer d’électricité. Une moitié du pays est à 50 Hz et l’autre à 60 Hz, ce qui réduit drastiquement les échanges entre les deux parties. Il s’en est cependant sorti, grâce notamment aux économies d’énergie. Les émissions de CO2 de TEPCo par kilowattheure produit a augmenté, mais la quantité totale rejetée en 2012 est égale à celle rejetée en 2010. Les économies d’énergie ont compensé l’arrêt complet du parc nucléaire de la compagnie. En revanche, elle n'a pas réussi à baisser ses émissions conformément au protocole de Kyôto.

Selon le ministère de l'industrie, 9 des 10 compagnies d'électricité, n'ont pas réussi à remplir leurs objectifs de réduction de 20% de leurs émissions de CO2 par rapport à 1990, conformément aux engagements pris en 2007. La seule compagnie qui s'en tire, est celle d'Okinawa, qui n'a pas de nucléaire ! Chubu Electric, qui dépend peu du nucléaire, a réduit ses émissions de 12,9%. Chukoku Electric, de 13,4%. D'autres ont augmenté leurs émissions. Globalement, les 9 compagnies qui ont du nucléaire n'ont réduit, en moyenne, leurs émissions que de 2,6%. Ces compagnies produisent environ un tiers des émissions de CO2 du pays, mais le Japon va néanmoins satisfaire au protocole de Kyôto grâce aux échanges de quotas d'émission. Les compagnies d'électricité, quant à elles, rechignent à utiliser cette possibilité car elles sont dans le rouge.

 

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