25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 00:43

 

"Il est tout à fait possible que la fusion se soit également produite au sein des réacteurs deux et trois [et que] la plupart du combustible soit sans doute tombé au fond [de la cuve sous pression], comme dans le réacteur numéro un", a déclaré un porte-parole de Tokyo Electric Power.

 

Source : Le Monde

http://www.lemonde.fr/japon/article/2011/05/24/tepco-annonce-que-les-reacteurs-2-et-3-sont-en-fusion_1526427_1492975.html

 

 

1, 2, 3, ça fait 3 cœurs fondus ! Tepco reconnaît officiellement la fusion des réacteurs 1, 2 et 3 après deux mois d’entourloupes. Heureusement qu’il y a des gens qui parlent au Japon, sinon on en serait encore à un incident mineur…

 

En fait pour ceux qui s’informent correctement, c’est-à-dire par le réseau des veilleurs de Fukushima, cette information de Tepco n’est pas vraiment une nouveauté. Je vous en avais déjà parlé il y a 3 semaines avec la déclaration de Mishio Ishikawa à la télévision le 29 avril dernier ( http://fukushima.over-blog.fr/article-les-coeurs-des-reacteurs-1-2-et-3-de-fukushima-dai-ichi-auraient-fondu-a-100-73003947.html ). On ressent juste de la colère face à cette entreprise menteuse et manipulatrice, qui n’hésite pas à cacher la vérité en mettant en péril la vie de dizaines de milliers d’habitants.

 

Et puis, il y a maintenant le professeur Hiroaiki Koide de l'Université de Kyoto, qui aurait déclaré hier devant la commission de la chambre haute du parlement Japonais que lui et ses collègues avaient eu à subir de "fortes pressions pour ne pas publier immédiatement les données de contamination dès le 15 mars" dans le cadre de l'accident de Fukushima. H. Koide avait fait de nombreuses déclarations préalables selon lesquelles les autorités Japonaises minimiseraient systématiquement les retombées de l'accident dans le cadre d'accords secrets entre les opérateurs et les autorités de contrôle nucléaires.

source :

 http://www.forum-rpcirkus.com/t1653p210-les-informations

 

Fusion-et-excursion-corium

 

Bon alors maintenant, où en est le corium des trois réacteurs ? Ce ne sont pas les ingénieurs de Tepco qui vous le diront, car ils n’en savent rien ! Il n’y a pas de caméra sous la cuve, et même s’il y avait du matériel pour mesurer quoi que ce soit, il serait fondu par cet infâme magma. Donc il faudra attendre plus de 10 ans (voire 20 selon Thierry Charles, IRSN), avant qu’il ne refroidisse et que l’on sache ce qu’il est devenu, à moins qu’il ne provoque une nouvelle explosion. Le Mainichi a publié hier les déclarations de Chris Allison du Idaho National Laboratory, USA, créateur d’un logiciel de simulation d'analyse d'accident grave, qui a estimé à son tour qu'en cas de "blackout station" total sur un réacteur de même modèle qu'à Fukushima, l'ensemble du combustible fondrait et se regrouperait en fond de cuve à environ +200 minutes puis que le corium atteindrait 1650° C à +260 minutes après le début du blackout, température de fusion de l'acier inoxydable de la cuve du réacteur. La synthèse de ces travaux a été communiquée à l'AIEA fin mars, ce qui n'a pas empêché Tepco de révéler la gravité réelle de l'accident 45 jours plus tard et de continuer à soutenir à ce jour que le corium est "probablement" resté bien sagement stationné au fond de la cuve du réacteur. Mais qui croit encore Tepco ?

 

Source Mainichi :
http://mdn.mainichi.jp/mdnnews/news/20110523p2a00m0na019000c.html

 

 

 

 

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 23:42

 

 

Voici un extrait de la conclusion du rapport de l’IRSN intitulé « Evaluation au 66ème jour des doses externes projetées pour les populations vivant dans la zone de retombée nord-ouest de l’accident nucléaire de Fukushima - Impact des mesures d’évacuation des populations » (j'ai ajouté les caractères gras qui constitueront mes seuls commentaires) :

 

 

 

« Les projections des doses externes qui sont susceptibles d’être reçues par les populations vivant en territoires contaminés toute leur vie donnent des valeurs particulièrement significatives, certaines sortant même du champ dit des faibles doses redéfini en 2010 par l’UNSCEAR, à savoir moins de 200 mSv3. L’effectif des populations impliquées pourrait être également significatif, de l’ordre de 70 000 personnes dont 9 500 enfants de 0 à 14 ans (les enfants au Japon représentant 13,7% de la population en 2005).

Ces niveaux de doses ne prennent pas en compte les doses reçues lors du passage du panache sur les territoires concernés ni celles déjà prises ou à venir liées à l’alimentation.

Les doses efficaces totales (externe + interne) pourraient être augmentées significativement selon le type de dépôt (sec ou humide), le régime alimentaire et la provenance des aliments. »

 

La carte ci-dessous, extraite de ce rapport, traduit l’ampleur des territoires concernés dans la région de la centrale nucléaire de Fukushima.

 

carte irsn pollution japon 24 mai

 

 

 

La carte ci-dessous, extraite du même rapport, représente les zones d’évacuation planifiées ou en préparation établie par les autorités japonaises compétentes dont la « Nuclear and Industrial Safety Agency » (NISA) et le MEXT.

 

 carte d'évacuation fukushima

 

 

 

Source IRSN : le rapport complet

http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/IRSN_Rapport_Evaluation_Dosimetrique_Fukushima_16052011.pdf

 

 

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 23:30

Le Tokyo National Collège of Technology, centre universitaire de technologie à Tokyo, a publié il y a quelques jours une note informant qu’on avait détecté, au mois de mai, de petites quantités de matières radioactives (moins de 10 Bq/kg) dans l’eau du robinet de l'établissement. Une surveillance régulière de cette eau sera réalisée.

 

Source :

http://www.tokyo-ct.ac.jp/220/000607.html

 

Ce qui est inquiétant, ce n’est pas la dose minime (quoique les faibles doses ont forcément des effets sur la santé, voir  « Les dangers des faibles doses » : http://fukushima.over-blog.fr/article-les-dangers-des-faibles-doses-72733737.html ), c’est le fait que cette radioactivité n’avait pas été détectée au mois d’avril. Cela signifie concrètement que la contamination des sols, puis des nappes phréatiques, est progressive et cumulative. Et pas seulement dans la région de Fukushima, mais aussi à des centaines de kilomètres, par le phénomène de la retombée des poussières radioactives au sol par les pluies.

 

 doses cumulées tokyo

 

Pour illustrer l’effet cumulatif de la radioactivité, weatheronline fournit un graphique estimatif de la radioactivité reçue à Tokyo depuis le 13 avril.

Source :

http://www.wofrance.fr/weather/news/fukushima?LANG=fr&VAR=radiationsum&WMO=1140000001

 

Les réacteurs de Fukushima Daiichi dégageant de la radioactivité tous les jours et les cœurs ayant fondu, il est certain que cette courbe n’est pas prête de faiblir…

 

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 00:28

Je conseille la lecture de cet article de l’AIPRI qui donne la vraie mesure de l’horreur de la catastrophe de Fukushima. Combien de tonnes de combustible radioactif se sont déjà disséminées et combien dans le futur ?

 

"Sans attendre les dix ans que prendront le prochain rapport de l’Onu, l’AIPRI anticipe son second inventaire des produits de fission et d’activation des 6 réacteurs de Fukushima d’une puissance globale de 4696 Mwé.  L’AIPRI, rappelant que quasiment tous les carburants « actifs » et « éteints » sont là en probable fusion, considère qu’au moins 8 tonnes de matière ont été fissionnées à Fukushima dans les 577 tonnes de combustible utilisées. (…)"

 

Lire la suite de l’article ici :

http://aipri.blogspot.com/

 

 

Qu’est-ce que l’AIPRI ?

Association fondée en 1993 par Jean Pignero et Maurice Eugène André, l'AIPRI ( Association Internationale pour la Protection contre les Rayons Ionisants) a pour but la divulgation scientifique dans le domaine de la physique nucléaire et des dangers radiologiques de la contamination interne.

 

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 08:55

Jusqu'à présent, on n'avait que des photos éloignées de la façade ouest du bâtiment du réacteur 3. De nouvelles photos, publiées par Cryptome, permettent de s'en rapprocher sensiblement. Ces photos sont précieuses pour ceux qui essaient de comprendre ce qui a pu se passer dans ce réacteur.

 

unité 3 moyenne face cachée 110316 1f sora 1 - Copie

 

On distingue par exemple une grille bleue dans l'angle nord-ouest du bâtiment en ruine. Cet objet d'environ 2 m de longueur avec des cases carrées pourrait-il être un support d'assemblages ? La question est posée.

 

Ajout du 29 mai 2011 :

Tepco a ajouté une image de meilleure qualité sous ce même angle ici

http://www.tepco.co.jp/en/news/110311/images/110527_3.jpg

 

 

Pour mémoire, Cryptome publie régulièrement des photos de Fukushima Daiichi. Tous les liens actualisés régulièrement vers les 15 séries de photos se trouvent ici :

http://fukushima.over-blog.fr/article-voir-fukushima-2-71376115.html

 

Lien direct vers le site de Cryptome :

http://cryptome.org/nppw-series.htm

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 01:02

L'explosion du bâtiment du réacteur n°3, survenue le 14 mars, reste encore un mystère. Pour autant, les experts en énergie nucléaire sans langue de bois s'accordent à reconnaître, non pas une explosion due à l'hydrogène, mais une explosion nucléaire. Christopher Busby, scientifique britannique, fait le même diagnostic qu'Arnie Gundersen. Cette petite vidéo de 2min49, créée par GoddarsJournal, reprend cette théorie et explique de manière très claire le déroulement de l'explosion.

 

video explosion 3

Lien vers la vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=1Q3ljfLvHww

 

In order to better follow this video, I propose a transcript of the English text and French translations.

 

Pour mieux suivre cette vidéo, je propose une retranscription du texte en anglais et une traduction en français.

 

 

0 :00

While officials claim that both blasts were hydrogen explosions, professor Christopher Busby, a nuclear energy expert complains that the blast at Fukushima Daiichi unit 3 may have been a nuclear fission criticality.

0:18

Indeed it's plain to see that the explosion of unit 3 differs significantly from the explosion at unit 1. Not just in terms of magnitude, but a whole spectrum of features. 0:30

In this video, we'll examine some of those features.

0:37

Unit 3 building initially implodes and from its first seconds its blast differs from unit 1's.

0:45

Its first smoke is pitch black and while the force of unit's one blast is almost entirely lateral, the forces from unit 3 are almost entirely straight upward, carrying massive debris five times the height of the building.

1:06

Indicative of extreme temperatures, an apparent ring of vortex forms immediately unconstrained lateral smoke projection.

1:16

Fire appears to be sucked up and into the vortex.  Ring vortices are classic features of nuclear explosions.

1:26

Indeed a classical mushroom cloud cap eventually blooms from the blast invariably driven by the same thermal forces.

1:45

For context let's compare the Fukushima fission reactor blast with a known test of a nuclear fission weapon.

1:54

The classic thermally driven downward rotation of mushroom cloud caps is equally apparent in both cases. 

2:03

While all nuclear explosions have these thermally driven characteristics, not all explosions with these characteristics are nuclear. 

2:13

So while the visual evidences may be consistent with Busby's speculation, it is not perfect proof that unit 3's blast was really a fission criticality explosion.

2:26

Such proof could come from isotope ratio data that TEPCO has yet to release.

2:34

But one has to wonder what are the odds that such a massive explosion with distinct nuclear fission characteristics arises from a nuclear fission power plant and isn't a nuclear fission event.   

 

0 :00

Bien que les responsables affirment que les deux explosions ont été des explosions d'hydrogène, le professeur Christopher Busby, un expert en énergie nucléaire le conteste : l'explosion de l’unité 3 à Fukushima Daiichi peut avoir été due à une criticité de fission nucléaire.

0 :18

En effet il est aisé de voir que l'explosion de l'unité 3 diffère de manière significative de l'explosion de l'unité 1. Pas seulement en termes de grandeur, mais aussi avec tout un éventail de caractéristiques.

0 :30

Dans cette vidéo, nous allons examiner certaines de ces caractéristiques.

0 :37

Tout d’abord, le bâtiment de l’unité 3 implose et le souffle de ces premières secondes diffère de celui de l'unité 1.

0 :45

Sa première fumée est noire comme la poix, et alors que la force du souffle de l’unité 1 est presque entièrement latérale, les forces provenant de l'unité 3 sont presque entièrement dirigées vers le haut, transportant des débris massifs jusqu’à cinq fois la hauteur du bâtiment.

1 :06

Révélateur de températures extrêmes, un anneau apparent de vortex forme immédiatement et sans contrainte une projection latérale de fumée.

1 :16

Le feu semble être aspiré dans le tourbillon. Les tourbillons annulaires sont des caractéristiques classiques des explosions nucléaires.

1 :26

En effet, le sommet du nuage classique en forme de champignon se forme invariablement à partir du souffle entrainé par les mêmes forces thermiques.

1 :45

Pour exemple, nous allons comparer l'explosion du réacteur de Fukushima avec un essai connu d'une arme à fission nucléaire.

1 :54

La rotation classique entrainée thermiquement vers le bas des sommets de champignon est apparente de la même manière dans les deux cas.

2 :03

Bien que toutes les explosions nucléaires aient ces poussées thermiques caractéristiques, toutes les explosions avec ces particularités ne sont pas nucléaires. 2 :13

Ainsi, alors que les évidences visuelles peuvent être en accord avec la spéculation de Busby, cela ne constitue pas une preuve parfaite que l’explosion de l'unité 3 était vraiment une explosion de criticité de fission.

2 :26

Cette preuve pourrait venir à partir des données de rapport isotopique que TEPCO n'a pas encore publiées.

2 :34

Mais on peut se demander quelles sont les chances qu'une telle explosion massive, avec des caractéristiques distinctes de fission nucléaire, provienne d'une centrale nucléaire et ne soit pas un accident de criticité.

 

 

 

Qu’est-ce qu’un accident de criticité ?

 

Un accident de criticité désigne un accident nucléaire  provoqué par une réaction nucléaire en chaîne involontaire et incontrôlée dans un combustible nucléaire fissile comme l'uranium ou le plutonium. Cet événement nécessite à minima une masse critique de matière nucléaire. Le combustible est alors le siège d'une réaction en chaîne au cours de laquelle se produit un grand nombre de fissions en un court laps de temps. Il se dégage alors une quantité dangereuse de rayonnement ionisant, sous forme de neutrons et de rayons X ou gamma. Normalement, un accident de criticité ne provoque pas d’explosion nucléaire.

Source wikipédia

http://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_de_criticit%C3%A9

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 20:05

"Fusion de trois réacteurs à Fukushima : les médias français regardent ailleurs"

 

4 réacteurs

 

Tel est le titre de cet excellent article de Simon Recht, journaliste d'Arrêt sur Images,

 

où l'on voit que les médias français sont très frileux quand il s'agit de nucléaire : 

 

 

"La situation est grave au Japon, mais les médias français l'ont oublié. Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, l'a reconnu jeudi 12 mai : les coeurs des réacteurs n°1,2 et 3 de la centrale de Fukushima ont fondu. Plus grave, la cuve du réacteur n°1 est trouée. Auparavant, il n'était question que de "fusion partielle" des coeurs, et pas de fuites. Des employés de Tepco viennent de pénétrer dans les réacteurs n°2 et 3 pour observer l'étendue des dégats. Pendant au moins une semaine, ces informations capitales n'ont pourtant trouvé que peu de relais en France.

 

Un reportage de quelques minutes, au 20 heures de France 2, sur l'évolution du pompage de l'eau contaminée, coincé entre deux directs avec New York, où il fallait suivre en direct l'arrivée d'Anne Sinclair au procès de son mari, Dominique Strauss-Kahn: le regard médiatique, en ce jeudi 19 mai, s'est bien détourné de Fukushima. Et encore, cet étrange reportage n'a-t-il pas donné l'information essentielle de cette dernière semaine: un des "scénarios du pire" s'était déroulé, dès le premier jour. Mardi 17 mai, une dépêche AFP a souligné que "l'opérateur -Tepco- s'est rendu compte récemment, grâce à de nouvelles mesures, que le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 avait vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergé durant plusieurs heures après la catastrophe du 11 mars qui a anéanti les systèmes de refroidissement". En clair, comme l'expique un article d'analyse clair de Rue89, "ce n'est pas que la situation se soit brutalement aggravée à Fukushima. Seulement Tepco a fini par admettre, deux mois après le séisme, que l'ampleur des dégâts était bien pire qu'envisagé sur le coup." Rue 89 indique que "le cœur du réacteur numéro 1 a totalement fondu", c'est-à-dire que "le combustible est transformé en corium", une lave brûlante, et imprévisible. (...) "

 

Lire la suite de l'article ici :

http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4035

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 16:27

  shema reacteurs 3 et 4 image plus petite

 

Depuis deux mois, beaucoup de chiffres circulent sur le tonnage des combustibles de la centrale de Fukushima Daiichi. Mais il est difficile de s’y retrouver car les données diffèrent d’une source à l’autre. Cet article essaie de faire le point.

 

« Chaque piscine du bâtiment du réacteur contient 3.450 assemblages de combustible » ; « Le chargement du réacteur 3 ne contient que 32 barres de MOX » ; « TEPCO a aussi pu observer les 1535 assemblages et leurs rangements » : ce sont des "informations" que j’ai trouvées ici ou là sur la toile mais les données sont fausses. Il faut bien avouer que les sources manquent. Malgré sa soi-disant « transparence », l’industrie nucléaire n’est pas très encline à diffuser des informations précises, d’où l’abondance des approximations et des méprises.

 

Certaines erreurs proviennent aussi de confusions entre les réacteurs à eau bouillante utilisés à Fukushima et les réacteurs à eau pressurisée que nous avons en France. D’autres écarts de mesures résultent des différents assemblages utilisés dans les six8x8 schéma réacteurs. A Fukushima Dai-ichi, le réacteur 1, de type BWR-3, ainsi que les réacteurs 2 à 5, de type BWR-4, étaient équipés à l’origine avec des assemblages 7x7, c’est-à-dire constitués de 49 barres de combustible. Puis, suite à l’évolution de cette technologie, ils ont été remplacés par des assemblages 8x8, soit 64 barres, dont 63 sont destinées au combustible et 1 à la circulation de l’eau ; le réacteur 6 est plus récent ; de type BWR-5, il pourrait, si l'on suit la logique de l'évolution des assemblages, avoir le modèle 8x8R, soit 64 barres, dont 2 sont réservées à l’eau ; mais comme je n'en ai pas de certitude, je le considérerai dans les estimations comme ayant 63 barres de combustible comme pour les autres réacteurs du site. 

 

La méconnaissance du vocabulaire explique aussi certaines erreurs. Il ne faut pas confondre barre et assemblage, BWR et PWR (ou REB et REP), Fukushima Daiichi et Fukushima Daiini, etc. Cet article est donc là pour donner quelques éclaircissements, en particulier avec des tableaux de données précises.

 

 

Tableau 1 - Informations générales sur la centrale de Fukushima Daiichi

 

Fukushima Daiichi

http://fukushima.over-blog.fr/

Unité 1

Unité 2

Unité 3

Unité 4

Unité 5

Unité 6

Type de réacteur

BWR-3

BWR-4

BWR-4

BWR-4

BWR-4

BWR-5

Modèle

Mark I

Mark I

Mark I

Mark I

Mark I

Mark II

Constructeur

General Electric

General Electric  et Toshiba

Toshiba

Hitashi

Toshiba

General Electric et Toshiba

Début des travaux

1967

1969

1970

1972

1971

1973

Mise en service

mars 1971

juillet 1974

mars 1976

oct. 1978

avril 1978

oct. 1979

Statut de l’installation le 11 mars 2011

En service

En service

En service

A l’arrêt pour entretien

A l’arrêt pour entretien

A l’arrêt

pour entretien

Dernière inspection

15 oct. 2010

15 déc. 2010

26 oct. 2010

30 nov. 2010

3 jan.

2011

14 août

2010

Puissance thermique

1380 MWt

2381 MWt

2381 MWt

2381 MWt

2381 MWt

3293 MWt

Puissance électrique brute

460 MW

784 MW

784 MW

784 MW

784 MW

1100 MW

Puissance électrique nette

439 MW

760 MW

760 MW

760 MW

760 MW

1067 MW

 

 

 

  Tableau 2 - Données sur les réacteurs de Fukushima Daiichi

 

tableau 2 

 

 

reacteur en françaisAvec une longueur avoisinant les 4 mètres, une barre (appelée aussi crayon) est constituée de plusieurs centaines de pastilles de dioxyde d’uranium enveloppée dans une gaine de zircaloy (alliage de zirconium). Les pastilles peuvent aussi être constituées d’un mélange de dioxyde d’uranium et de dioxyde de plutonium que l’on appelle le MOX. Dans le réacteur 3 de Fukushima Daiichi, il y a 32 assemblages de MOX sur les 548 présents au moment de l’accident. Mais le problème, quand on recherche la justesse des nombres, c’est qu’on ne dispose d’aucune information concernant la masse d’une pastille d’oxyde d’uranium ou de plutonium et le nombre de ces pastilles par barre dans les réacteurs de Fukushima. Malgré tout, on peut se faire une idée du nombre avec des données pellet uraniumconnues sur des réacteurs similaires construits par General Electric : une barre d’assemblage de type 8x8 peut contenir 366 pastilles. Chaque pastille, d’un diamètre et d’une hauteur approchant 10 mm, pèse environ 8 grammes.

 

barre et pellets shémaDans le réacteur à eau bouillante n°1 de Fukushima Daiichi, le cœur est composé de 400 assemblages. Chaque assemblage est constitué de 63 crayons de combustibles. Les réacteurs 2 à 5 de Fukushima Daiichi sont quant à eux composés chacun de 548 assemblages, constitués eux-mêmes de 63 crayons de combustibles chacun. Enfin, le sixième réacteur, plus récent, est chargé de 764 assemblages de 63 barres chacun (ou de 62 barres si BWR5 utilise des assemblages 8x8R). D’après les informations recueillies dans le site web de Tepco, on considère qu’un assemblage a une masse moyenne de 172 kg, et c’est à partir de cette estimation que les poids des combustibles ont été évalués ; ils ont été reportés dans le tableau 3 ci-dessous.

 

 

 

Tableau 3 - Données sur les combustibles de Fukushima Daiichi

  

 tableau 3

 

Il y a deux sortes de combustibles, le combustible neuf et le combustible usé. La centrale de Fukushima Daiichi produit environ 700 assemblages de combustible usé chaque année. On les entrepose de trois manières : dans les piscines des réacteurs, dans une piscine commune et dans des conteneurs d’entreposage à sec pour les combustibles en fin de refroidissement ("dry casks").

 

 

Tableau 4 - Stockage annexe de combustible usé de Fukushima Daiichi

 

tableau 4 

 

  

piscineLes piscines dans les unités 2, 3, 4 et 5 ont toutes un volume de 1 425 mètres cubes, avec des dimensions de 12,2 m x 9,9 m x 11,80 m de profondeur. La piscine du réacteur 1 est un peu plus petite avec 1 020 mètres cubes et celle du réacteur 6 légèrement plus grande avec 1497 mètres cubes. La piscine de stockage de combustible usé commun aux 6 réacteurs se situe à 50 m à l’ouest du réacteur 4. Son volume est de 3828 mètres cubes (29 m x 12 m x 11 m). Sa capacité maximale d’entreposage est de 6840 assemblages, elle en avait 6375 au moment du tsunami, ce qui correspond à 1097 tonnes de combustible.

 

 

Tableau 5 - Données sur les combustibles de Fukushima Daiichi

d’après l’ambassade de France au Japon

 

tableau 5 

 

Vous avez remarqué avec le tableau 5 qu’il reste une divergence entre les chiffres donnés par Tepco et ceux fournis par le Service Nucléaire de l’ambassade de France au Japon. La différence est de taille puisqu’elle est de 37 tonnes ! Lequel des deux se trompe ? S’agit-il d’une modification du tonnage par l’abandon des assemblages 7x7 au profit des 8x8 ? Cette hypothèse est à étudier, bien que la logique veuille que le poids augmente avec le nombre de barres et non l’inverse. Tepco essaierait-il de cacher encore quelque chose ? Bien sûr il y a 11 ans d’écart entre ces données mais les réacteurs sont toujours les mêmes et le combustible ne s’évapore pas ! J’ai contacté l’ambassade de France pour avoir des éclaircissements. A suivre donc.

 

Autre découverte : durant ma recherche, j’ai appris que dans plusieurs centrales nucléaires japonaises existait un entreposage à sec de combustible usé « en châteaux ». L’ambassade de France indique que les réacteurs 4, 5 et 6 avaient ce type de stockage en plus de la piscine en 1999. Habituellement, ce type de confinement est utilisé pour le transport. Il s’agit en fait d’un stockage supplémentaire en conteneurs appelés « dry casks ». Le commentaire du document en français de l’ambassade du japon dit : « Stockage à sec en châteaux des combustibles usés utilisé en supplément des piscines ». Ce qui est étrange, c’est que le document rattache ces conteneurs à 3 réacteurs alors qu’un bâtiment commun est spécialisé pour entreposer ces conteneurs. Il est situé en bordure de mer, entre les réacteurs 1 et 5. Cet entrepôt a-t-il été construit après 1999, date du document, ou bien les réacteurs 4 à 6 ont-ils un entrepôt particulier ? A suivre également.

 

 

Tableau 6 - Total des combustibles du site de Fukushima Daiichi

 

tableau 6 

 

La radioactivité est invisible, mais le tonnage est concret, c’est pourquoi il est intéressant de comparer la catastrophe de Fukushima avec les accidents nucléaires précédents. A Three Mile Island en 1979, la quantité de carburant perdu dans la fusion du cœur était d'environ 30 tonnes, et en 1986, le réacteur de Tchernobyl avait environ 180 tonnes lorsque l'accident est survenu.

En 2011, la catastrophe est pire : les 6 réacteurs sont concernés (explosions, destruction des infrastructures, inondations, fuites, perte de contrôle) et ce sont 1350 tonnes de combustible qui sont en cause.

Dans le cas d’une explosion du réacteur 4, la piscine commune pourrait aussi être affectée car elle n’est qu’à 50 mètres de ce dernier. Ce serait alors 1096 tonnes de combustible supplémentaire qui seraient en cause, soit un total de plus de 2400 tonnes de combustible radioactif.

 

Pierre Fetet

 

 

Petit lexique anglais-français

 

CV = Confinment Vessel (enceinte de confinement)

RPV = Reactor Pressure Vessel (cuve du réacteur)

assembly = assemblage

core = cœur

fuel pellet = pastille de combustible

rod = barre (ou crayon)

suppression pool = piscine torique de condensation à la base de la cuve de confinement

BWR = Boiling Water Reactor (REB = réacteur à eau bouillante)

PWR = Pressurized Water Reactor (REP = réacteur à eau pressurisée)

 

 

Sources :

 

Ambassade de France au Japon

http://www.ambafrance-jp.org/

 

ANSN (Asian Nuclear Safety Network)

http://www.ansn-jp.org/index.php

 

DOE (Department of Energy)

http://www.energy.gov/

 

JNES (Japan Nuclear Energy Safety)

http://www.jnes.go.jp/english/index.html

 

NIRS (Nuclear Information and Resource Service)

http://www.nirs.org/

 

NISA (Nuclear and Industrial Safety Agency)

http://www.nisa.meti.go.jp/english/

 

NEA (Nuclear Energy Agency)

http://www.oecd-nea.org/

 

OSTI (Office of Scientific and Technical Information)

http://www.osti.gov/

 

TEPCO (Tokyo Electric Power Company)

http://www.tepco.co.jp/

 

 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 09:54

La Sardaigne dit non à l’énergie nucléaire

 

En Sardaigne, le résultat du référendum consultatif du 16 mai est sans appel : 97% des votants ont répondu « oui » à la question : « Etes-vous contre la présence de centrales nucléaires et de sites de stockage de déchets radioactifs en Sardaigne? » Le taux de participation était de 59,34%.

 

Ugo Cappellacci, président de la région sarde, s’est dit « fier de la cohésion de la Sardaigne, en mesure de donner une démonstration d’unité face à un choix dont dépend notre avenir ».

 

source :

http://www.ilsalvagente.it/Sezione.jsp?titolo=Referendum%3A+in+Sardegna+il+97%25+boccia+il+nucleare&idSezione=10844

 

 

 

Articles précédents :

L'effet Fukushima en Europe (1)

http://fukushima.over-blog.fr/article-l-effet-fukushima-en-europe-71884022.html

L'effet Fukushima en Europe (2)

http://fukushima.over-blog.fr/article-l-effet-fukushima-en-europe-2-72180896.html

L'effet Fukushima en Europe (3)

http://fukushima.over-blog.fr/article-l-effet-fukushima-en-europe-3-72325622.html

 

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 11:16

C'est ce que réclament José Bové, Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly et Nicolas Hulot.

 

Aujourd'hui, il est temps que la société française s'empare de cette question. S'il est une leçon à retenir de Fukushima, c'est qu'on ne peut plus laisser prendre des décisions qui engagent à ce point la santé et la sécurité de tous sans un débat national aussi large et ouvert que possible. C'est pour cette raison que nous pensons qu'il faut formellement poser aux Français la question suivante : "Voulez vous renouveler le parc nucléaire national par la prolongation ou la construction de centrales ?"

 

Lire l'article en entier sur le site du Monde :

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/12/un-referendum-sur-le-nucleaire-en-france_1520942_3232.html

 

 

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