16 octobre 2014 4 16 /10 /octobre /2014 22:48
Appel solennel à la fermeture de la centrale de Fessenheim

« Si une catastrophe survient ici, il ne restera rien de vos vignes, de vos forêts et de vos champs de maïs. Il faut fermer toutes les centrales du monde. » (Naoto Matsumura, cité dans L’Alsace, 10 mars 2014)

.

Suite à la catastrophe nucléaire de 2011, j’avais très rapidement fait le lien entre la plus vieille centrale française et le plus ancien réacteur de Fukushima Daiichi. Je me suis par ailleurs exprimé dans une contribution intitulée « Une évacuation définitive, c'est ZERO EMPLOI pour l'Alsace de demain » et j’ai participé à plusieurs manifestations dont celle de mars 2014 avec Naoto Matsumura. Malgré l’opposition majoritaire des Français au nucléaire, rien n’a changé dans l’Hexagone et la promesse électorale de François Hollande de fermer Fessenheim s’étiole petit à petit. C’est pourquoi je soutiens l’initiative du réseau Fukussenheim qui consiste à rappeler à nos décideurs ce danger permanent pour l’Europe et à demander l’arrêt définitif de cette centrale tant qu’il en est encore temps. Aujourd’hui, des gens de tous horizons s’associent à cet appel solennel et je vous encourage à votre tour à le signer et à le soutenir.

Pierre Fetet

Communiqué :

« Au regard des conséquences de la catastrophe de Fukushima qualifiée d’apocalyptique le 15 mars 2011 par le Commissaire européen à l’énergie, Günther Oettinger, face à l’inertie qu'elles suscitent en France, nous, citoyennes, citoyens et organisations signataires, sommes plus qu’interrogatifs. Nous sommes scandalisés par la désinvolture et/ou le déni des dirigeants d’EDF et de l’Etat français, actionnaire d’EDF à 85%.

Ils se sont montrés incapables jusqu’à aujourd’hui, contrairement à ceux de plusieurs autres pays, d’en tirer, au-delà des mots, les enseignements en terme de dénucléarisation effective de notre pays. Ils ont notamment reporté sine die la fermeture de la centrale de Fessenheim, la plus vieille centrale française en activité. Cette fermeture, objet d’un accord pré-électoral entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie-Les Verts, était prévue pour être immédiate au lendemain de l’élection présidentielle du 6 mai 2012. A priori la chose n’était pas impossible puisqu’un engagement pré-électoral identique, pris par la future première ministre québécoise a, lui, été tenu.

En conséquence nous, citoyennes, citoyens et organisations signataires, exigeons que l’arrêt définitif de la centrale de Fessenheim soit effectif avant la fin 2014. La date de l’arrêt devra être fixée avant la nomination du prochain PDG d’EDF, c’est-à-dire au plus tard le 22 novembre 2014. »

 

Liste des premiers signataires :

  • Noël Mamère, député-maire de Bègles
  • Suzanne Rousselot, Stop Fessenheim
  • Martine Billard, ancienne députée, Parti de Gauche
  • Gilles Barthe, CSFR - Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin
  • Corinne Lepage, ancienne ministre de l'écologie, ancienne député européenne, présidente de CAP 21
  • Aline Baumann, Stop Fessenheim
  • Isabelle Attard, députée, co-présidente de Nouvelle Donne
  • André Hatz, Stop Fessenheim
  • Julien Bayou, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts
  • Rémi Verdet, Stop Transports –Halte au nucléaire
  • Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble
  • Pierre Fetet, blog « Fukushima »
  • François Longérinas, secrétaire national du Parti de Gauche délégué aux luttes écologiques et à l'ESS
  • Philippe Wirth, Stop Fessenheim
  • Catherine Ségala, membre du Conseil national politique du NPA
  • Arnaud Demangeat, Parti de Gauche, Stop Fessenheim
  • Fabrice Van Borren, Nouvelle Donne Loiret
  • Arthur Morenas, Parti de Gauche
  • Corinne Morel-Darleux, Parti de Gauche, Conseillère régionale Rhône Alpes
  • Sylvie Vénuat
  • Thierry Gourvénec, Réseau Fukussenheim
  • François Damerval, CAP 21, Chef de cabinet de Corinne Lepage
  • Marie-Christine Gambérini
  • Mathieu Agostini, membre du Bureau National du Parti de Gauche en charge des questions d'écologie
  • Jean-Jacques Delfour, philosophe
  • (…)

 

Liste des cent premiers signataires et pétition, suivre ce lien :

Appel solennel à la fermeture, dans les plus brefs délais, de la centrale de Fessenheim

 

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Cet appel solennel fait écho au communiqué de presse des associations locales :

 

Arrêtez Fessenheim !

  • C.S.F.R. (Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin)
  • STOP FESSENHEIM
  • Alsace Nature
  • STOP TRANSPORTS – HALTE AU NUCLEAIRE
  • ALTER ALSACE ENERGIES

 

Communiqué de presse de vendredi 10 octobre 2014

 

Les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim sont à nouveau arrêtés simultanément !

Ne les redémarrons plus !

 

Alors que depuis le 27 septembre le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim est en arrêt prolongé pour rechargement de combustible, jeudi 2 octobre, le directeur de la centrale nucléaire annonçait en fin de CLIS un «arrêt programmé» très bref pour le week-end du réacteur n°2 pour une banale opération de maintenance suite à une « légère surconsommation d’eau ». Un nouveau coup de « com » du directeur nous faisant croire à de la transparence, après avoir – lors de la CLIS du 2 octobre – débité de longues phrases «calculées et préparées» pour nous faire croire que lors de l’incident du 9 avril 2014 sur le réacteur n°1 il n’y avait eu aucune négligence humaine !

Comment une opération de remplissage d’un réservoir menée par l’équipe de conduite à un rythme bihebdomadaire peut se réaliser pendant 37 ans sans anomalie et que le 9 avril dernier, la même opération entraine une inondation interne et la nécessité d’arrêter en urgence le réacteur sans qu’il puisse y avoir une défaillance humaine ?

Toujours est-il que le très bref «arrêt programmé» sur le réacteur 2 se prolonge et qu’il n’est pas prévu un redémarrage avant le 15 octobre prochain …

Il est grand temps d’arrêter cet acharnement sur ces vieilles chaudières atomiques à bout de souffle et de plus en plus dangereuses.

De telles négligences successives dans la conduite de la centrale nous amènent à de grandes inquiétudes, car derrière tout cela « se cache le diable » qui se nourrit de l’erreur humaine, de la vétusté de l’installation et de l’enchaînement des événements non prévisibles.

Ces derniers incidents sur les très vieux réacteurs atomiques de Fessenheim, toujours sous perfusions techniques et financières, toujours inondables et vulnérables aux séismes puissants et rapprochés, rappellent, même aux incrédules et inconscients, que cette installation est toujours une source de dangers inacceptables pour tous les habitants de la région du Rhin supérieur.

Continuer à investir dans cette centrale, pour satisfaire l’orgueil et la « doctrine » de l’industrie nucléaire française et de quelques élus-marionnettes locaux, c’est jeter l’argent des Français par les fenêtres, qu’il serait bien plus judicieux d’investir dans la maîtrise de nos consommations et de l’efficacité énergétique.

En France, commencer par ne plus redémarrer les deux « très vieux » réacteurs de Fessenheim est la seule voie responsable à l’égard des générations futures.

 

Le CSFR, Stop Fessenheim, Stop Transports – Halte au Nucléaire, Alsace Nature et Alter Alsace Energies demandent que cet énième arrêt simultané des réacteurs soit enfin transformé en arrêt définitif.

 

(source)

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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 21:42
« Ce que j'ai ressenti cet été dans mon pays, le Japon »

Après les témoignages de Fonzy et de Permaria, voici celui d’Ozu qui, en 2011, a choisi d’évacuer à cause des dangers de la radioactivité. Après être retournée dans son pays cet été, elle nous donne ses impressions sur le Japon de l’après-Fukushima qui semble, malgré la contamination persistante et les rejets toujours en cours, vouloir oublier la catastrophe nucléaire.

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« Je suis rentrée au Japon cet été 2014 pour passer mes vacances. Ça faisait un an que je n'avais pas vu ma famille et mes proches donc forcément j'étais très contente de revoir mon pays mais un problème récurrent m'a empêché d'en profiter.

 

Après le 11 mars, c'était un vrai combat de tous les jours pour moi ; je me suis enfuie au sud du Japon et puis en France pour m'éloigner de la radioactivité qui fuyait de la centrale nucléaire de Fukushima (aujourd'hui, après réflexion, quitter temporairement mon domicile n'était peut-être pas la meilleure décision car je suis sortie à l'extérieur pour m'éloigner de Tokyo les 13 et 14 mars 2011,  dates où la radioactivité était très élevée).

 

Après cette évacuation, je suis rentrée chez moi à Yokohama (30 km de Tokyo) pour mon travail. Je devais réfléchir à comment éviter d'être contaminée de manière importante en vivant au Japon. J'ai cherché de la nourriture non-contaminée, c'est à dire des aliments provenant du sud ou de l'étranger, qui plus est dont le taux de radioactivité était mesuré. J'ai utilisé de l'eau minérale pour tout : boire, cuisiner, faire la vaisselle et même me brosser les dents. Ensuite, j'ai acheté un compteur Geiger pour mesurer chaque jour et dans chaque endroit où j'allais. Quand je sortais, je mettais un masque et je m'habillais de vêtements en polyester pour éviter que la radioactivité se dépose sur moi. J'ai aussi banni le plaisir d'aller au restaurant, du fait de l'incertitude de la provenance des aliments.

Après l'accident, ces contraintes sont devenues mon quotidien au Japon.

 

Cet été, lors de mon séjour au Japon, je suis beaucoup sortie au restaurant avec mes amis et j'ai également été invitée chez eux, mais cela, sans vérifier la contamination... pourquoi ?

Parce que la plupart de mes amis ne font pas attention à la contamination, « Fukushima » est  une chose déjà passée et très loin d'eux. Je n'ose pas parler de ce sujet avec eux sauf avec quelques uns. Malheureusement, j'ai deux catégories d'amis depuis l'accident : ceux avec lesquels je ne peux pas parler de ce sujet ; et les autres avec qui je peux en parler sans tabou.

Peut-être devrais-je dire à mes amis que je ne veux pas manger dans n'importe quel restaurant ni n'importe quel aliment quand je suis invitée chez eux, mais je ne le peux pas de peur de gâcher ces moments avec eux quand on se retrouve après une longue séparation.

Donc pour l'instant, quand je rentre au japon je continue de faire attention au maximum quand je le peux. Sinon j'essaie de me dire que « c'est une histoire de quelque mois...»

 

J'ai senti cet été que les médias japonais sont de pire en  pire, surtout depuis la décision d’accueillir les J.O. en 2020 à Tokyo ; la télévision est particulièrement catastrophique : « FUKUSHIMA » est présent mais il y a très peu d'informations sérieuses. Elles montrent souvent des reportages sur les habitants de Fukushima vivant très positivement malgré la contamination très importante : par exemple, les pêcheurs recommencent à pêcher, les agriculteurs récoltent du riz comme avant, et les japonais sont poussés à consommer des produits de la région (avec enthousiasme !) et même à faire du tourisme !

 

J'ai senti que cette ambiance de « soutien à Fukushima » existe partout au Japon ; par contre le vrai problème est de plus en plus tabou, ou tout simplement les gens pensent que cela ne les concerne pas. Il y a un antagonisme assez fort au japon, entre ceux qui ne veulent pas en parler, et ceux qui continuent à lutter ; malheureusement, c'est ce que j'ai ressenti cet été dans mon pays. »    

 

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Photo d’entête : statue de Jizô à Kamakura

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 17:19

Mari Takenouchi se bat pour l’évacuation des enfants et des femmes enceintes des territoires contaminés par la catastrophe nucléaire de Fukushima. Dans un billet du mois d’août 2014, elle rapporte une information qui a été peu diffusée, à savoir que pour deux enfants atteints du cancer de la thyroïde, des métastases s’étaient propagées aux poumons.

Elle revient également sur les attaques qu’elle continue de subir. Malgré la suspension des charges dont elle avait fait l’objet suite à la plainte d’une responsable d’Ethos à Fukushima, Ryoko Ando (alias Yoko Kamata), des trolls et des harceleurs diffusent des infos calomnieuses comme quoi elle serait paranoïaque et coupable de fraudes. Manifestement, son combat entre en conflit avec des intérêts politiques et économiques.

Parallèlement, Jan Hemmer, un de ses amis militant en Allemagne, a également reçu des messages hostiles après avoir soutenu Mari Takenouchi dans son blog .

A partir du 10 décembre 2014, la loi de protection des secrets d’Etat va être appliquée au Japon. Ce qui est arrivé à Mari Takenouchi préfigure ce qui peut se passer : un simple tweet pourra envoyer quelqu’un en prison. C’est pourquoi il est important de soutenir les journalistes et les blogueurs qui continuent à informer sur ce qui se passe dans les centrales nucléaires japonaises, sur la réalité de la contamination et sur les conséquences sanitaires de la catastrophe nucléaire en cours.

 

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Des métastases aux poumons retrouvés chez des enfants de Fukushima atteints de cancer de la thyroïde


Mari Takenouchi

 

Source : http://savekidsjapan.blogspot.fr/2014/08/2-thyroid-cancer-fukushima-kids-had.html

Traduction : Cécile Monnier

 

Aujourd’hui [29 août 2014], j’ai appris une nouvelle très triste par l’Agence Kyodo News. Deux enfants de Fukushima atteints d’un cancer de la thyroïde avaient aussi des métastases dans leurs poumons.

 

Je réclame l’évacuation des enfants et des femmes enceintes depuis les tout premiers instants après l’accident de Fukushima.

 

Quelles que soient les précautions que l’on prend pour manger, personne ne peut s’arrêter de respirer. J’ai eu moi-même des toux persistantes après avoir été exposée à la radioactivité à Tokyo le 15 mars, et ce dont j’ai eu le plus peur, c’était d’avoir un cancer des poumons.

 

J’ai visité Fukushima une seule journée, à l’automne 2011. Ce jour-là, mon échine s’est glacée quand j’ai vu des affiches annonçant la tenue d’un marathon féminin à Fukushima.

Des métastases aux poumons retrouvés chez des enfants de Fukushima atteints de cancer de la thyroïde

Après ça, j’ai appris que même des marathons pour enfants étaient organisés dans des zones avec des doses correspondant aux zones où l’on contrôle la radioactivité.

Des métastases aux poumons retrouvés chez des enfants de Fukushima atteints de cancer de la thyroïde

NHK, une chaine japonaise de télévision publique, n’évoque jamais l’incidence du cancer de la thyroïde dans la préfecture de Fukushima (alors qu’elle le fait sur NHK International, mais jamais dans les programmes domestiques), et à la place, elle continue de couvrir les événements sportifs en extérieur et la cueillette des fruits par les enfants à Fukushima.

 

NHK diffuse des programmes qui encouragent les habitants des zones contaminées à rentrer chez eux, et ils ne parlent jamais de ces questions graves.

 

Pendant ce temps, j’ai été accusée pénalement par un leader d’ETHOS, une ONG de Fukushima qui encourage les habitants à rester vivre chez eux, et j’ai été menacée par d’innombrables trolls sur Internet.

 

Je crois vraiment qu’un gouvernement ou un média qui ignore la santé/ la vie de ses propres enfants est fou.


http://takenouchimari.blogspot.jp/2014/08/pm-abe-tried-to-hid-donation-from-nhknhk.html

En outre, récemment, le Premier ministre Abe a été pénalement accusé d’avoir dissimulé le don fait par le producteur en chef de la NHK à son organisme de gestion de campagne, mais la NHK a ignoré ce scandale important.
 

Je veux que ces faits soient connus de tous les citoyens éveillés du monde.




 

De Kyodo News


Le 28 août, à la Société Japonaise de Traitement du Cancer, le professeur Shinichi Suzuki de l’Université de Médecine de Fukushima a présenté des exemples concrets d’enfants ayant ou étant soupçonnés d’avoir un cancer de la thyroïde, à partir des examens de la thyroïde réalisés dans le cadre du suivi de la population de la préfecture de Fukushima après l’accident de Fukushima Daiichi.

Après avoir expliqué son point de vue selon lequel l'influence de l'accident nucléaire serait faible, il a souligné, que "son traitement était conforme à la norme."
Les examens de la thyroïde ont été réalisés sur 370 000 enfants de moins de 18 ans vivant dans la préfecture de Fukushima au moment de l’accident. Les cas [note des traducteurs : de cancer] confirmés sont au nombre de 57 et les cas suspectés 46. Comparé à l’accident nucléaire de Tchernobyl en 1986, le professeur Suzuki a déclaré : « Aussi bien les symptômes que la distribution des âges sont différents ».

Sur les 54 patients atteints d’un cancer de la thyroïde qui ont été opérés à l’Université de Médecine de Fukushima [note des traducteurs : 3 patients ont été opérés ailleurs], plus de 80% avaient une tumeur d’une largeur supérieure à 10mm, ou une métastase sur les ganglions lymphatiques ou d’autres organes, qui a nécessité une opération. Deux avaient des métastases dans les poumons.

Les 9 derniers patients avaient des tumeurs inférieures à 10 mm, sans métastase. Mais, selon le professeur Suzuki, « 7 d’entre eux avaient un cancer proche des voies respiratoires et l’intervention chirurgicale était une bonne décision ». L’opération des deux derniers aurait pu attendre un examen ultérieur, mais ils ont été opérés à leur demande et à celle de leurs familles.

90% des patients ont subi une ablation de seulement la moitié de la thyroïde.
Pour le cancer de la thyroïde à Fukushima, quelques experts ont demandé « N’y avait-il pas de cas où la chirurgie n’était pas nécessaire ? » et l’appel à la divulgation des données des patients prenait de l’ampleur.

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30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 16:35
Le mythe de la sûreté nucléaire

Deux articles parus ces derniers jours permettent de comprendre comment le Japon manipule l’opinion pour faire revenir les habitants évacués dans les zones contaminées et relancer son programme nucléaire. Les autorités prétendent qu’en dessous de 100 mSv/an, il n’y aurait pas de danger sanitaire alors que des études scientifiques prouvent le contraire. Selon un membre de l’AIEA, « tout est une question de communication, et il s’agit d’abord de calmer les inquiétudes « irraisonnées » des populations dues, selon lui, au terme « contamination » qui (…) fait peser sur l’irradiation une image négative », rapporte Cécile Asanuma-Brice dans sa dernière tribune intitulée « La légende Fukushima ».

Kolin Kobayashi revient quant à lui sur le programme Ethos qui, expérimenté sur les populations vivant en territoire contaminé par Tchernobyl, est maintenant appliqué sous d’autres formes – publication 111 de la CIPR par exemple – et aboutit aux mêmes recommandations pour la population de Fukushima. Il permet de demander localement une participation active des habitants, ce qui les rend responsables de la catastrophe dont ils sont pourtant victimes. Il permet également d’imposer une norme annuelle entre 1 et 20 mSv/an pendant la « période de reconstruction » et de 20 à 100 mSv/an dans une période d’urgence.

Ce qui se passe pour les populations vivant en territoires contaminés autour de Tchernobyl et de Fukushima sera bien évidemment appliqué dans n’importe quel pays du monde où aura lieu la prochaine catastrophe nucléaire. En France, la norme actuelle est 1 mSv/an, mais s’il y a un accident, ce sera 20 mSv/an et si vous avez la malchance d’habiter trop près du désastre, vous aurez droit à 100 mSv/an.

On comprend que les autorités nucléaires s’adaptent à toutes les situations, le curseur se déplaçant selon les circonstances, et l’idée rabâchée de la sûreté devient un véritable mythe.

PF

____________________

 

 

La légende Fukushima

 

Cécile Asanuma-Brice

 

(extrait)

« Trois ans et demi après l’accident de Fukushima, le nombre de décès relatifs à l’explosion de la centrale nucléaire Tepco Daiichi de Fukushima ne cesse de s’accroître. Selon le journal Tokyo Shimbun, plus de 1 100 décès sont comptabilisés au 11 septembre. La population vieillissante, relogée dans des logements «provisoires», a été la première touchée. Le droit au refuge ne leur ayant pas été accordé, en dépit des recommandations faites par le rapporteur aux droits de l’homme de l’ONU, Anand Grover, suite à sa mission au Japon fin 2012, aucun accompagnement financier ne permet à ces habitants le relogement. Leurs conditions sanitaires se dégradent au fur et à mesure du temps qui passe, alors que d’autres décident de partir à leurs frais devant l’instabilité environnementale insupportable au quotidien. La chute dans une spirale de paupérisation touche une partie d’entre eux, livrée à la dépression et à l’alcoolisme. Les villes de Namie (333 décès), Tomioka (250 décès), Futaba (113 décès) et Okuma (106 décès), adjacentes à la centrale dont les fuites d’eau contaminée sont toujours hors de contrôle, comptent au total 802 décès, identifiés officiellement comme conséquents de l’explosion de la centrale (55 ont été enregistrés dans les six derniers mois). Le journal Fukushima Minpo tirait la sonnette d’alarme le 21 juin en rapportant les propos du ministère de l’Intérieur sur le nombre de suicides en recrudescence. La multiplication du nombre des cancers de la thyroïde doit également être prise en compte dans le bilan des conséquences sanitaires de l’explosion. Selon la commission d’enquête du département de Fukushima, 104 enfants de moins de 18 ans, parmi les 300 000 composants l’échantillon, ont été diagnostiqués comme atteints d’un cancer de la thyroïde. Les voix d’épidémiologues, à l’intérieur comme à l’extérieur du Japon, se lèvent pour contrer la position des experts de la commission départementale de Fukushima, selon laquelle ces cancers ne seraient pas conséquents de l’explosion. Ceux-ci « justifient » l’augmentation du nombre de cas par le perfectionnement des outils radiologiques actuels.

Dans la même logique d’une tentative de réconfort moral des habitants, et la double perspective de la réouverture de la zone d’évacuation afin d’y reloger la population au plus vite, et du redémarrage programmé de deux centrales en 2014, le ministère de l’Environnement soutient, dans un rapport du 17 août, qu’en-deçà de 100 msv/an, il n’y aurait aucune conséquence sur la santé. »

(…)

Lire en entier l’article de Cécile Asanuma-Brice

 

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Du projet Ethos au mythe d’une sûreté sereine,

ou "la gestion post-accidentelle" du lobby nucléaire

 

Kolin Kobayashi

 

(extrait)

« Le mythe d’une sûreté sereine à Fukushima

L’Autorité de régulation de l’énergie nucléaire du Japon a installé en septembre 2013 une équipe de réflexion sur les mesures de sûreté sereine pour le retour au sein de l’organisation. L’Autorité de régulation de l’énergie nucléaire, formée en majorité par les personnalités scientifique qui viennent du lobby nucléaire, fondée en sept 2012, est dans une contradiction absolue. Son premier article de la loi de fondation de la ladite autorité stipule à la fin de ces phrases : « l’Autorité a pour but de contribuer à assurer la vie, la santé, les biens du peuple, et la sécurité de l’environnement et de la nation. » En donnant son accord pour le redémarrage de la centrale Sendaï à Kagoshima, le Président de cette autorité, Shunichi TANAKA a confirmé clairement lors de sa dernière conférence de presse, que l’examen effectué ne garantit nullement la sécurité, mais se contente de vérifier si la demande de redémarrage est conforme selon ses réglementations. Avec en son sein, les nominations de membres pro-nucléaires il est clair qu’il y a un conflit d’intérêt fondamental et total. Assurer à la fois la sécurité de la population et défendre l’intérêt du lobby nucléaire est incompatible. Cette autorité pose un réel problème déontologique.

De surcroît, il faut préciser que l’équipe de réflexion sur les mesures de sûreté sereine pour le retour est composée toujours des même acteurs, notamment, Dr. NAGATAKI Shigenobu, le Prof. NIWA Otsura, et le Prof. BAN Nobuhiko.

Ces deux derniers membres japonais de la CIPR ont des liens très étroits avec Jacques Lochard, bien entendu. Le prof. Niwa prône officiellement la méthode Ethos pour convaincre la population qu’il n’y a pas de conséquence sanitaire. Leur méthode est d’appliquer la publication 111 de la CIPR, quintessence du projet Ethos-CORE. Les membres de la CIPR bénéficient bien entendu de subventions de la part de l’association des opérateurs électro-nucléaires par le biais de REA, Radiation Effects Association.

Toutes les mesures qui ont été prises par le gouvernement pour le retour en zone contaminée, sont en parfait accord avec l’esprit Ethos. Lochard a d’ailleurs déclaré à l’Asahi Shimbun qu’on n’avait pas besoin de refaire Ethos au Japon parce qu’il y était d’emblée déjà bien établi.

Ce 17 aout, le gouvernement japonais a lancé une campagne d’information dans les journaux nationaux et locaux de Fukushima, intitulée « Ayons une connaissance véritable sur la radiation ». Dans cette annonce gouvernementale, sont citées quelques lignes de la conférence de M. Rethy Keith Chhem de l’AIEA et du prof. NAKAGAWA Keiichi, radiologue de l’université de Tokyo. Ce dernier prétend qu’il n’y a pas de conséquence grave à une exposition de moins de 100 mSV /an. Le premier explique qu’il y a des radiations naturelles partout et qu’on utilise aussi des rayonnements ionisants pour la médecine, des arguments qui banalisent la radioactivité de Fukushima. »

(…)

Lire en entier l’article de Kolin Kobayashi

 

 

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Photo d’entête : Unité 4 de Fukushima Daiichi, détail (source Tepco)

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 21:54

Quand, en 2011, la marine américaine se retrouve piégée par le nuage radioactif au large de Fukushima… A qui la faute ? Et que cherche-t-on à protéger en niant l’importance de la pollution subie ? C’est le sujet du troisième article de Jean-Marc Royer, tiré de son ouvrage inédit, "Le nucléaire, érotisation suprême et planétaire de la mort ".

 

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Atoms for peace [1], à la sauce baroque, au bas mot

 

 

Jean-Marc Royer

 

 

Une des obsessions du village nucléaire international est de cacher la nature et le niveau des effluents radioactifs émis durant les premiers jours de la catastrophe de Fukushima après les explosions des réacteurs, car il y a là de gigantesques enjeux économiques, juridiques et politiques internationaux. Or il vient de se produire un petit évènement gênant pour tous ces thanatologues et thanatopracteurs du nucléaire, comme si la vérité que l’on voulait absolument enfouir dans de profonds souterrains comme un déchet, venait inopinément de surgir à un endroit inattendu. Voici.

 

Participant à l'opération Tomodachi – amitié – déclenchée le 11 mars 2011, le porte avions à propulsion nucléaire de 100 000 tonnes USS Ronald Reagan, sur lequel servaient 5 500 personnes [2] s’était dérouté afin de servir de plate-forme de ravitaillement et de zone de transit pour les victimes et arrivait le lendemain aux abords de Fukushima (environ 3 km). Malheureusement, le vent soufflant vers la mer ce jour là, le navire était pris dans une sorte de « nuage inattendu », les hommes sur le pont se retrouvant enveloppés par une moiteur qui leur laissait dans la bouche « comme une sorte de goût métallique », le même que certains riverains avaient pu sentir lors du dégazage de Three Mile Island : ces personnels allaient être parmi les premiers à être exposés au panache de rayonnements dus à l’explosion du bâtiment-réacteur n°1 à 15h36. Les niveaux d'exposition sur le navire et sur les chaussures des militaires s’avérèrent être étonnamment élevés. De plus, les marins, comme à leur habitude, avaient utilisé l'eau de mer dessalée grâce aux dispositifs internes, pour cuisiner, se doucher, ainsi que pour tous leurs autres besoins avant que cela ne leur soit interdit. Cette situation dura dix heures avant que le bateau ne soit repositionné à plus de 100 km et que des mesures supplémentaires soient prises. Selon le Huffington Post du 27 février 2014 « des retombées graves ont été également apparemment trouvées sur les hélicoptères qui revenaient des missions de secours. […] à 100 mètres devant, l'hélicoptère lisait 4 sieverts par heure.[3] » Pour mémoire, le 16 mars, la US Nuclear Regulatory Commission portait la zone d’exclusion à 80 km de Fukushima, le 17 le département d’Etat publiait un mémo recommandant l’évacuation du Japon à tous ses ressortissants, personnels de l’ambassade et de la défense compris, et le 21 mars la prise d’iodure de potassium était recommandée jusqu’à 320 km de Fukushima. Ensuite de quoi des considérations diplomatiques et la prise en compte des intérêts de l’industrie nucléaire ont rapidement atténué des recommandations trop visibles …

 

La marine a toujours argué depuis le début que le porte-avions n’était pas contaminé, mais ni le Japon, ni la Corée du Sud, ni même l'île de Guam ne l’ont autorisé à venir à quai après cette mission. Depuis, le navire, après quelques épisodes, est finalement allé en cale sèche 14 mois à Bremerton, dans l'état de Washington, près de Seattle, pour un soi-disant « grand entretien et une remise à niveau » puis en est reparti en mars 2013 vers San Diego ; mais selon son capitaine, il semble que sa fin approche. Dans le Pacifique, tôt ou tard, il pourrait se faire définitivement oublier dans un de ces nombreux cimetières marins où il sera mis en pièces à mains nues par les esclaves des temps modernes qui y laissent leur peau, puisque c'est là que de nombreux navires terminent leur course.

 

Mais les marins connaissent depuis leur retour des problèmes de santé rares et gravissimes pour des personnes aussi jeunes : leucémies, dégénérescence du nerf optique, cancer de la thyroïde, des appareils génitaux et du cerveau. En avril 2012, le lieutenant Steve Simmons, un sportif, était hospitalisé pour une inflammation des ganglions lymphatiques, mais bientôt ses jambes ne le porteraient plus : il se déplace maintenant en fauteuil roulant. A trente cinq ans, il a été mis à la « retraite pour raison médicale » en avril 2014. Mathew Bradley, lui, a contracté une maladie dégénérative de la colonne vertébrale. Une femme de la Navy affirmait quant à elle : « pendant l'opération Tomodachi, j'ai commencé à avoir des migraines, des cycles menstruels irréguliers. Après, j'ai dû avoir recours à des opérations du genou, du sein et de la jambe pour enlever des excroissances » et l’épouse d’un marin a rapporté « qu’à la suite de cette exposition, notre fils, qui est né le 14 novembre 2012, a été diagnostiqué à huit mois avec le cancer du cerveau et de la colonne vertébrale ». Etant donné le développement du droit aus Etats-Unis, il y subsiste encore des possibilités de recours, c’est ce qui a permis la class-action de quelques 81 marins du navire. Et grâce au Freedom of Information Act (FOIA), les plaignants – dont la majorité travaille toujours pour la Navy – ont eu accès aux transcriptions des conversations téléphoniques entre les fonctionnaires du gouvernement fédéral, les autorités nucléaires, les responsables de l'ambassade des États-Unis à Tokyo et le personnel militaire du Commandement Pacifique (PACOM) à ce moment-là. On y constate la véracité de leurs dires malgré la prudence de mise dans ce type d’échanges sensibles (The Asia-Pacific Journal, Vol. 12, Issue 7, No. 4, February 17, 2014). Mais selon l’avocat des plaignants, la Navy ne serait pas nécessairement en cause : le principal responsable serait Tepco qui n'aurait pas prévenu du fait que le cœur du réacteur n°1 avait fondu et que des éléments radioactifs avaient été projetés à l'extérieur de la centrale lors de l'explosion du bâtiment. Les enjeux dans cette affaire sont si importants que malgré le nombre de plaignants et la solidité de leurs dossiers médicaux, il existe un fort risque qu'elle soit classée sans suite. Ce fût d'ailleurs le cas une première fois en novembre 2013 pour « absence de preuves ».

 

Quels sont les enseignements provisoires de cette affaire ? Primo, il est dit dans ces transcriptions de conversations téléphoniques que « le niveau de radiations était tel qu’en 10 heures le seuil admis pour le public était atteint ». Traduction de cette novlangue : le seuil admis outre Atlantique étant de 15 mSv [4] annuels, cela signifie qu’en une heure l’irradiation était de 1,5 mSv, ce qui en France, aurait déjà constitué un dépassement du seuil annuel ! Je rappelle que selon le rapport de l’ECRR, si les marins étaient restés dans ces conditions deux semaines, ils avaient une chance sur deux de rester vivants après leur retour.[5]

 

Comme à Hiroshima, à Nagasaki, et comme dans tous les accidents majeurs qui ont eu lieu depuis 1945, l’enjeu capital de cette affaire réside dans la dissimulation des radiations émises dans les premiers jours, car c’est à ce moment-là qu’elles sont les plus importantes. Il en va de l’avenir de l’industrie et du village nucléaire international ainsi que de la pérennité des pouvoirs aux commandes des Etats nucléaires. Autrement dit, il faut absolument dissimuler au public la gravité des faits durant les premiers jours, sous prétexte d’éviter la panique, mais en réalité pour éviter tous les recours qui pourraient durer des décennies contre l’industrie, le village et les Etats nucléaires, quitte à en augmenter les dangers et le nombre de victimes futures. Ainsi, depuis 1945, l’histoire nous enseigne que pour les Etats et le village nucléaire international, « gérer une catastrophe », c’est avant tout en éviter les répercussions socio-politiques incontrôlées, la sécurité des populations passant au second plan étant donné qu’il sera toujours possible de contester tous les effets de cette catastrophe, à condition que la nature et la quantité des effluents émis durant les premiers jours soient drastiquement minimisées. Après tout, qu’y-a-t-il à craindre de pauvres gens qui tomberont malades dans quelques années ou dans trente ans, puisqu’il ne leur sera pas possible de prouver l’origine de leur cancer, et que les responsables de ce temps-là exerceront … d’autres responsabilités ou auront fait valoir leurs droits à la retraite chapeau avec parachutes dorés ?

 

Deuzio, on se souvient que Tepco avait « balladé » les journalistes du monde entier en cachant la fusion des cœurs des réacteurs durant dix semaines, le temps que l’actualité internationale de Fukushima refroidisse … Pendant tout ce temps, le village et les puissances nucléaires étaient évidemment au courant des fusions, mais l’omerta internationale a correctement fonctionné. Via leur système satellitaire et leurs capteurs au sol, les Etats-Unis (et vraisemblablement d’autres nations), sont capables de détecter les effluents d’une explosion atomique (par exemple en Corée du Nord) dans les minutes qui suivent celle-ci. A qui fera-t-on croire que les responsables de la marine de ce pays en charge du porte-avions Ronald Reagan n’étaient pas au courant de la fusion des cœurs des réacteurs à Fukushima ? Et quand bien même cela serait le cas, cela marquerait un grave dysfonctionnement des échanges entre les services de surveillance ad hoc et les forces armées de ce même pays, au détriment des personnels militaires et des réfugiés qu’ils étaient venus secourir.

 

Democraty now. http://www.natureetsciences.com/2014_03_01_archive.html

Democraty now. http://www.natureetsciences.com/2014_03_01_archive.html

Tertio, sur les photos de ce porte-avion (dont la marine nie encore l’irradiation), on peut voir une chose dont on est à chaque fois abasourdi, à savoir les moyens dérisoires utilisés contre la contamination radioactive : comme dans les années 1950, des files de marins bottés avaient été alignés et, armés de balais-brosse et de produit vaisselle, ils lessivent le pont du navire, comme à Fukushima on arrosait les bâtiments à la lance à incendie ou bien qu’on mettait ensemble des batteries de voitures pour désespérement palier au défaut de courant électrique dans les salles de contrôle-commande. Violent paradoxe que celui-là et qui se renouvèle à chaque fois : d’un côté ils nous vantent la modernité scientifique et la sécurité technique du nucléaire ad nauseam, de l’autre ils font appel à des ressources ridiculement inadaptées pour lutter contre ces catastrophes, signe de l’impuissance réelle de ces cow-boys face à ce qu’ils ont déclenché. Il faudrait demander à tous ceux qui soutiennent le nucléaire de s’engager publiquement, à l’avance et par écrit à servir dans un corps de volontaires pour aller sur les lieux de la prochaine catastrophe nucléaire puisqu’ils n’en excluent plus l’occurrence périodique !

 

Quarto, sur d’autres photos du pont de ce navire prises deux ans après, il est possible de voir les dizaines d’automobiles des marins qui n’ont pas été autorisés à les récupérer lorsqu’ils ont débarqué ! Sans doute serait-il fâcheux qu’ils irradient un peu trop leur famille, leurs voisins de garage ou bien que des oragnismes indépendants soient à même de confirmer la contamination épouvantable de véhicules bon pour le rebus comme des centaines de véhicules et d’hélicoptères avaient du être abandonnés dans des cimetières à ciel ouvert après Tchernobyl. Plus forte que Balladur ou Juppé, soyons sûrs que la marine US se chargera elle-même d’emmener les véhicules à la casse après avoir octroyé une prime royale à ses personnels afin qu’ils en achètent des neufs …

 

21 mars 2013, http://www.10news.com/news/uss-ronald-reagan-returns-to-san-diego-after-more-than-a-year-in-washington-state-032113

21 mars 2013, http://www.10news.com/news/uss-ronald-reagan-returns-to-san-diego-after-more-than-a-year-in-washington-state-032113

Au-delà de tous ces détails, ce qu’il faut réaliser, c’est que « la gestion des catastrophes nucléaires » consiste essentiellement à nier par tous les moyens l’importance de ses effluents dans les tous premiers jours [6], afin de préserver l’avenir du nucléaire, plutôt que de risquer une situation de révolte de type insurrectionnelle de la part d’une multitude de personnes qui n’auraient plus rien à perdre, pas même leurs vies, ni celle de leurs descendants. La militarisation de ces situations va dans le même sens évidemment. On comprendra dans ce cadre que l’ignorance des foules et leur encadrement soient essentiels. Ceci est tellement vital que le gouvernement japonais vient de prendre un « State Secrets Act » qui criminalise toutes les critiques et les lanceurs d’alerte : il s’agit-là encore une fois de la restriction démocratique des libertés démocratiques …

 

Jean-Marc Royer, mai 2014

 

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[1] Voir le second paragraphe.

 

[2] http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/atom-heart-fucker-16-qu-est-il-150906

 - http://www.natureetsciences.com/2014_03_01_archive.html

http://thelead.blogs.cnn.com/2014/02/19/did-fukushima-disaster-make-u-s-sailors-and-marines-sick/

 - http://japanfocus.org/-Kyle-Cleveland/4075

http://ecowatch.com/2013/12/11/japans-new-fukushima-fascism/

 

[3] http://www.huffingtonpost.com/harvey-wasserman/documents-show-the-navy-k_b_4859290.html

 

[4] Les Etats-Unis en sont restés aux recommandations 26 de la CIPR de 1977, contrairement à d’autres pays qui ont adopté celles de 1990.

http://www.akademia.ch/~sebes/textes/1998/Belbeoch/1998RB_norme77.htm

 

[5] Il faut avoir atteint, selon la CIPR 5000 mSv, soit en l’occurrence 139 jours pour « avoir 50% de chances de mourir » rapidement, mais l’ECRR préconise de diviser par dix ces « recommandations », ce qui correspond 2 semaines.

 

[6] Cf. à ce sujet les révélations du Guardian.

 

 

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Mise à jour : 12 octobre 2014 (phrase "mais selon son capitaine, il semble que sa fin approche. Dans le Pacifique, tôt ou tard, il pourrait se faire définitivement oublier dans un de ces nombreux cimetières marins où il sera mis en pièces à mains nues par les esclaves des temps modernes qui y laissent leur peau, puisque c'est là que de nombreux navires terminent leur course.") 

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 15:50
Le nucléaire et sa critique, de Tchernobyl à Fukushima

L'Université Paris Diderot organise deux journées d’études les 26-27 septembre 2014 au Campus Grands Moulins - Halle aux farines. Cette rencontre intitulée « Le nucléaire et sa critique, de Tchernobyl à Fukushima » se tiendra en présence de chercheurs, sociologues, philosophes et militants, avec le concours du Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale. En voici la présentation, le programme et la liste des intervenants.

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La crise nucléaire de Fukushima a relancé la critique antinucléaire tant au Japon qu’en France et d’autres pays. Si les gouvernements japonais et français avaient annoncé leur ferme volonté de tirer toutes les leçons de la catastrophe de Fukushima, aujourd’hui ils tendent l’un et l’autre vers une relance des centrales avec un moindre niveau d’écoute de la critique. Comment comprendre cette évolution ? Trois ans après, quelle leçon tirer de ces « leçons » pour la recherche franco-japonaise ? En nombre de réacteurs et par la taille des entreprises du secteur, le Japon demeure la troisième industrie électronucléaire au monde après les Etats-Unis et la France. Alors s’agit-il d’effets de pesanteur d’un Etat dans l’Etat (le « village nucléaire » au Japon et le « lobby nucléaire » en France) ? Ya-t-il néanmoins des signes de sortie de cette politique ? Quelles marges de collaboration possibles pour les militants associatifs impliqués avec les victimes de Fukushima et les chercheurs en sciences sociales engagés dans une approche critique de cette situation ?

Les journées d’études permettront d’échanger tant sur la teneur des recherches en cours que sur les modes de financement possibles pour une recherche à plus long terme. Cette évolution post-Fukushima sera replacée à la lumière de celle qui a suivi Tchernobyl, et en confrontant l’expérience de terrain des sociologues et des militants avec la réflexion de philosophes.

 

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PROGRAMME

 

 

Vendredi 26 septembre 2014

 

 

1) Enjeux et limites du nucléaire comme « catastrophe » (philosophie et anthropologie)

Amphi 1A

9h30-9h45 Introduction : Paul Jobin

9h45-10h30 Satoshi Ukai : (Re) découvrir Hiroshima après Fukushima

10h30-11h15 Jean-Jacques Delfour : La philosophie face au nucléaire : pire qu’une catastrophe, la condition nucléaire

11h15-12h00 Christine Bergé : De Superphénix à Mururoa, une déconstruction infinie

 

2) Une catastrophe chronique : le travail nucléaire et ses déplacements (sociologie)

Amphi 12E

14h00-14h45 Marie Ghis : Santé sous-traitée et mobilisations de travailleurs dans l'industrie nucléaire française

14h45-15h30 Paul Jobin : La condition « gitane » du travail nucléaire (Japon)

15h30-15h45 Pause

15h45-16h30 Rina Kojima : Les personnes sinistrées en dehors des zones désignées: une palette de disparités

16h30-17h00 Annie Thébaud-Mony : Nucléaire : un « précariat » sacrifié (discussion du panel)

 

 

Samedi 27 septembre 2014

 

 

3La gouvernance nucléaire et sa critique (sociologie et action citoyenne)

Amphi 11E

9h30-10h15 Sezin Topçu : Du nucléaire et de ses dégâts : analyse sociologique d'une filière d'exception

10h15-11h00 Kolin Kobayashi : Du projet Ethos au mythe d'une sûreté sereine, ou "la gestion post-accidentelle" du lobby nucléaire

11h00-11h45 Yves Lenoir : Les différents temps d'une catastrophe atomique et le dilemme de la décision

11h45-12h15 Sezin Topçu, Paul Jobin, Kolin Kobayashi : Discussion du panel et conclusion du colloque

 

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Intervenants :

 

Christine Bergé, docteure de l’EHESS, anthropologue et philosophe des techniques, auteure de Superphenix, déconstruction

d'un mythe (La découverte 2010)

 

Jean-Jacques Delfour, professeur de philosophie à l’Université Toulouse-Le Mirail, auteur de La condition nucléaire ; réflexions sur la situation atomique de l’humanité (L’échappée, 2014)

 

Marie Ghis, doctorante contractuelle à l’EHESS, prépare une thèse de sociologie sur les mobilisations autour des questions de santé au travail dans l'industrie nucléaire en France

 

Paul Jobin, maître de conférences à l’Université Paris-Diderot (UFR de Langues et civilisations de l’Asie orientale), a publié plusieurs articles sur les ouvriers de l’industrie nucléaire au Japon

 

Kolin KOBAYASHI, journaliste indépendant, écrivain et vidéaste, auteur notamment de Le crime du lobby nucléaire international, de Tchernobyl à Fukushima (en japonais, Editions Ibun-sha, Tokyo, 2013)

 

Rina KOJIMA, doctorante allocataire Université Paris-Est LATTS (thèse sur les déplacés de Fukushima)

 

Yves Lenoir, président de l’Association « Enfants de Tchernobyl Belarus »

 

Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm et présidente de l’Association Henri Pézerat Santé Travail Environnement

 

Sezin Topçu, chargée de recherche au CNRS (CEMS, Paris), a publié La France nucléaire, l’art de gouverner une technologie contestée (Seuil, 2013)

 

Satoshi UKAI, professeur à l’Université Hitotsubashi Tokyo, administrateur du Maruki Gallery For The Hiroshima Panels Foundation.

 

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Lieux :

 

Vendredi matin : Amphi 1A

Vendredi après-midi : Amphi 12E

Samedi matin : Amphi 11E

 

Accès :

 

Accès par l'Esplanade des Grands Moulins

(Rue Marguerite Duras/ Rue Françoise Dolto ou Quai Panhard)

Paris 13ème, RER/Métro : Bibliothèque François-Mitterrand

Bus : 89, 62, 64, 325

 

____________

 

Interventions disponibles sur le net :

 

Les différents temps d'une catastrophe et le dilemme de la décision / Exposé de Yves Lenoir, président de « Enfants de Tchernobyl /Belarus»

 

Du projet Ethos au mythe d’une sûreté sereine, ou "la gestion post-accidentelle" du lobby nucléaire / Kolin Kobayashi

 

(dernière mise à jour : 5 octobre 2014)

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16 septembre 2014 2 16 /09 /septembre /2014 19:23

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 30 août 2014.

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN

avec les conseils de Paul SIGNORET

  • Le tribunal a reconnu qu'un suicide a eu lieu en raison de l'accident nucléaire
  • 57 enfants atteints d'un cancer de la thyroïde
  • Composition des sources d'énergie au Japon
  • Le gouvernement va acheter le terrain pour stocker la terre polluée

 

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Le tribunal a reconnu qu'un suicide a eu lieu en raison de l'accident nucléaire

    Le tribunal de district de Fukushima a prononcé ce verdict : TEPCO doit verser 49.000.000 yens (490 000 euros) à titre de compensation à M. Mikio Watanabe, 64 ans, dont l'épouse Hamako s'est suicidée après l'accident nucléaire.

Rapport de HORI Yasuo du 30 août 2014

La famille Watanabe a déménagé de son domicile situé dans la  ville de Kawamata pour un appartement dans la ville de Fukushima en juin 2011 à cause de l'accident nucléaire. Par la suite la femme a souffert d'insomnies et a maigri. Trois semaines plus tard, ils sont revenus chez eux pour une nuit. Dans la soirée, elle a été retrouvée morte, elle s'était immolée avec de l'essence.

 

Rapport de HORI Yasuo du 30 août 2014

    Le verdict  indique : «Hamako a vécu dans le quartier de Jamakiya de la ville Kawamata pendant 58 ans, et elle voulait continuer d'y habiter, cultiver des légumes et des fleurs, mais l'accident nucléaire lui a brusquement ravi cette vie qui était la sienne. La famille a perdu son travail d'élevage de volailles et Hamako a dû vivre dans un petit appartement. Elle n'a pas pu s'habituer à cette nouvelle vie et elle est devenue mélancolique. De retour chez elle, elle a été désespérée de sa vie de réfugiée et elle a choisi de mettre fin à ses jours dans le quartier où elle était née et avait grandi."

TEPCO a souligné que Hamako était faible d'esprit, mais le tribunal a jugé que le suicide et l'accident nucléaire avaient un lien de causalité. M. Watanabe Mikio a déclaré: « Que Hamako reste maintenant en paix dans le ciel. TEPCO doit accepter le verdict et me demander pardon."

Mme Vanessa Kanno, 36 ans, qui a également porté plainte contre TEPCO en mai dernier, a déclaré: "Ce verdict m'encourage. Je continuerai de me battre pour mon mari ". Son mari, producteur de lait, 54 ans, s'est suicidé trois mois  après l’accident nucléaire, après avoir écrit son testament sur  le mur de l'étable "Si l'accident nucléaire n'était pas arrivé ...".

Ce verdict est une grande victoire pour les victimes dans le département de Fukushima, et celles-ci espèrent que cela aura une répercussion pour d'autres cas, mais TEPCO fera certainement appel, par conséquent la bataille de M. Watanabe continuera...

 

57 enfants atteints d'un cancer de la thyroïde


    Le Comité des examens de santé des habitants du département de Fukushima a publié les résultats de l'enquête portant sur 370.000 jeunes gens qui avaient moins de 18 ans, lorsque l'accident nucléaire a eu lieu en 2011. Le Comité donne les chiffres suivants :
(1) Nombre de malades et de personnes susceptibles d'avoir un cancer :
    Souffrent d'un cancer de la thyroïde : 57
    susceptibles d'avoir un cancer de la thyroïde : 46
(2) Proportion de malades selon les régions :
    zone inhabitable (13 villages) autour de la centrale nucléaire n°1: 0,034%
    Hamadōri (le long de la côte du Pacifique, sauf la zone mentionnée ci-dessus): 0,035%
Nakadōri (région de l'intérieur): 0,036%
Aidu (région de montagne): 0,028%

Rapport de HORI Yasuo du 30 août 2014

Le directeur du Comité M. Hoshi Hokuto a dit: « Non, il n'y a pas de différence entre les régions dans les pourcentages de personnes atteintes, donc on peut conclure qu'il n'y a pas de lien de causalité entre l'apparition de cancers et l'accident nucléaire. A propos de la région d'Aidu, le nombre des cas examinés est plus faible que dans d'autres régions, et lorsque l'examen sera terminé, les différences s'atténueront ». Selon l'enquête menée par le ministère de l'environnement, le pourcentage de cancers de la thyroïde  dans d'autres départements  est  similaire à celui de Fukushima.
(Selon le journal Fukushima-Minpō du 25 août 2014)

Cependant, j'ai des doutes quant à ce résultat:
1- Selon le Centre National du Cancer, sur un million de jeunes gens âgés de 10 ans on en trouve 1 à 9 souffrant d'un cancer de la thyroïde. Dans le département de Fukushima 54 cas avérés (+46 possibles) sur 370.000 jeunes. S'il y avait un million de jeunes à Fukushima, cela ferait 146 avérés (+124 possibles). Le Centre du Cancer dit que jamais jusqu'à présent on n'a fait une recherche concernant les personnes souffrant de cancer de la thyroïde à une aussi grande échelle qu'à Fukushima, et que pour cette raison on peut difficilement faire des comparaisons.

Cependant le nombre de personnes atteintes dans le département de Fukushima est trop élevé.

2- Est-ce que vraiment le pourcentage dans l’Aidu avoisinera celui des autres régions ? L'Aidu  est situé loin de la centrale nucléaire, de sorte que, même immédiatement après l'accident nucléaire, la radioactivité n'y était pas aussi forte que dans d'autres régions. Je vois une grande différence entre les chiffres 0.028 et 0.034 ~ 0.036. Cette différence ne met-elle pas en évidence l'influence des radiations sur ​​le corps humain?

3- Le Comité n'a pas mis en évidence le nombre de malades en fonction de leur sexe. M. Matsuzaki Michiyuki, médecin, a écrit dans la revue «Science» (numéro de mars de 2014, publié par les éditions Iwanami) : "Les jeunes filles souffrent de 2 à 6 fois plus de cancers thyroïdiens que les garçons. Dans le département de Fukushima, les jeunes, garçons et filles, sont atteints dans les mêmes proportions qu'à Tchernobyl. Cela a pu être l'influence de l'accident nucléaire ».

4- Dans le journal Fukushima-Minpō du 17 août a paru une page de grande propagande de l'État: «Ayez une juste connaissance de la radioactivité", dans laquelle s'expriment M. Nakagawa Keiichi (professeur adjoint de l'hôpital universitaire de Tokyo) et Lethy Keeth Chem (orthographe  incertaine, ex-spécialiste de la santé en AIEA). Nakagawa dit: «Trop de nervosité au sujet de la radioactivité empoisonne l'existence et augmente les risques de cancer» et «les cancers causés par l'exposition à la radioactivité dans le département de Fukushima n'augmenteront pas" et Chem dit: "Agissez selon la norme scientifique établie par des organisations internationales"

Il me semble que le gouvernement essaie de cacher le danger de la radioactivité pour continuer à utiliser l'énergie nucléaire. Il me semble que ce résultat du Comité s’inscrit dans la ligne du gouvernement.

 

Composition des sources d'énergie au Japon

 

Suite à mon rapport précédent est arrivée une question à propos de la composition des sources d'énergie au Japon. Voici une réponse :

 

Successivement : en  2010 (avant l'accident nucléaire) et en 2013

- énergie de la vapeur (avec le pétrole):  61,8%  88,4%

- énergie atomique: 28,6%  1,0%

- énergie hydraulique: 8,5%  8,5%

- autres: 1,1%  2,2%

(La somme des chiffres de 2013 n'atteint pas 100 à cause du traitement des décimales.)

 

Le Japon a une technique avancée pour les centrales à vapeur. Le  réacteur le plus moderne pourra économiser 20% de pétrole. Beaucoup de compagnies d'électricité produisent actuellement de l'électricité avec de vieux réacteurs et veulent (à mon avis "veulent mollement» ou pas du tout) les remplacer par des neuves, mais le problème financier (et aussi le fait que l'on prévoit pour bientôt la remise en fonction des réacteurs nucléaires) freine ce mouvement. TEPCO prévoit de construire deux centrales à vapeur de 500.000 kilowatts dans le département de Fukushima comme symboles de la restauration du département, (parce que, à mon avis, elle ne peut pas envisager facilement la remise en route de ses centrales nucléaires).

 

Le gouvernement va acheter le terrain pour stocker la terre polluée


    Le 29 août, le département de Fukushima a décidé d'accepter la proposition du gouvernement concernant les terrains pour stocker la terre contaminée.
    Partout à Fukushima se trouvent des montagnes de sacs de terre contaminée. On ne peut pas la dépolluer, alors le seul remède est de la conserver quelque part, et le gouvernement a proposé de faire les stockages dans les villes de Ōkuma et de Futaba, où sont les réacteurs détruits. Afin d'acheter des terrains pour le stockage, le gouvernement a proposé  85.000.000.000 yens et le département 15.000.000.000 yens (total 100 milliards de yens, 1.000.000.000 euros) comme montant compensatoire pour les deux villes. Les deux villes accepteront l'offre. Par conséquent, les habitants de ces villes perdront à jamais leurs terres et l'espoir de rentrer chez eux. Le gouvernement a promis que, dans 30 ans, elle transportera la terre hors du département et l'enlèvera définitivement, mais personne ne croit que l'on trouvera des volontaires pour accepter de la prendre.
    Finalement c'est l'argent qui a eu le dernier mot !

 

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Texte original en espéranto

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La 30an de aŭgusto 2014

 

La tribunalo agnoskis, ke sinmortigo okazis pro la nuklea akcidento

 

   La distrikta tribunalo de Fukuŝima verdiktis, ke TEPCO pagu 49 milionojn da enoj (490 mil eŭrojn) kiel kompenson al s-ro Ŭatanabe Mikio 64-jara, kies edzino Hamako mortigis sin post la nuklea akcidento.

   La familio Ŭatanabe translokiĝis de sia hejmo en la urbeto Kaŭamata al apartamento en la urbo Fukuŝima en junio 2011 pro la nuklea akcidento. Poste ŝi suferis pro sendormo kaj maldikiĝo. Tri semajojn poste ili provizore revenis hejmen por tranokti unu nokton. Vespere ŝi estis trovita morta bruligite per benzino.

  La verdikto diras: « Hamako loĝis en la distrikto Jamakija de la urbeto Kaŭamata dum 58 jaroj, kaj volis loĝadi tie, kultivante legomojn kaj florojn, sed la nuklea akcidento abrupte rabis al ŝi tiun vivon. La familio perdis sian laboron de kokina bredado kaj ŝi devis loĝi en malgranda apartamento. Ŝi ne povis alkutimiĝi al tiu nova vivo kaj fariĝis melankolia. Kiam ŝi revenis hejmen, ŝi sentis malesperon pro la rifuĝa vivo kaj elektis sinmortigon en la distrikto, kie ŝi naskiĝis kaj kreskis ».

TEPCO insistis, ke Hamako estis mense malforta, sed la tribunalo konstatis, ke la sinmortigo kaj la nuklea akcidento havas kaŭzecon. S-ro Ŭatanabe Mikio diris: « Hamako nun restu pace en la ĉielo. TEPCO akceptu la verdikton kaj petu pardonon de mi ».

S-ino Vanessa Kanno 36-jara, kiu ankaŭ akuzis TEPCO-n en la lasta majo, diris : « Tiu verdikto kuraĝigas min. Mi plu batalos por mia edzo ». Ŝia edzo, laktofabrikisto 54-jara, mortigis sin tri monatojn post la nuklea akcidento, skribinte testamenton sur la muro de la bovinejo « Se ne okazus la nuklea akcidento, ... ».

 

Tiu verdikto estas granda venko por la suferantoj en Fukuŝima, kaj ili esperas, ke ĝi influos aliajn kazojn, do certe TEPCO apelacios, do la batalo de s-ro Ŭatanabe plu daŭros.

 

57 infanoj suferas pro tiroida kancero

   La Komitato pri sanekzamenado de la gubernianoj de Fukuŝima publikigis rezulton de la enketo inter 370 mil gejunuloj, kiuj estis pli junaj ol 18-jaraj, kiam okazis la nuklea akcidento en 2011. La Komitato jene klarigas :

(1) La nombro de suferantoj kaj eblaj suferantoj

   Suferantoj pro tiroida kancero :    57 personoj

   Eblaj suferantoj pro tiroida kancero:    46 personoj

(2) Proporcioj de la suferantoj laŭ la regionoj

   Neloĝebla distrikto (13 urbetoj) ĉirkaŭ la nuklea centralo n-ro 1:                                                                 0,034%

   Hamadoori (laŭ la pacifika marbordo krom la ĉi-supraj urbetoj):                                                                 0,035%

Nakadoori (enlanda regiono) :             0,036%

Aidu-regiono (montara regiono) :                 0,028%

 

La komitatestro s-ro Hoŝi Hokuto diris: “Ne troviĝas diferenco de procentoj de la suferantoj inter la regionoj, do oni povas konkludi, ke ne ekzistas kaŭzeco inter la kanceriĝo kaj la nuklea akcidento. Pri la regiono Aidu la nombro de la ekzamenitoj estas pli malgranda ol en aliaj regionoj, kaj kiam la ekzamenado finiĝos, la diferenco plimalgrandiĝos”. Laŭ la esploro de la ministerio de medio, la procentoj de tiroida kanceriĝo en aliaj gubernioj estas similaj kun tiu de Fukuŝima.

(Laŭ la ĵurnalo Fukuŝima-Minpoo, la 25an de aŭgusto 2014)

 

   Tamen mi havas dubojn pri tiu rezulto :

1. Laŭ la Ŝtata Kancercentro, el ĉiu unu miliono da gejunuloj en siaj 10aj jaroj aperas 1~ 9 suferantoj pro tiroida kancero. En Fukuŝima 54 (+46) suferantoj aperis el 370 mil gejunuloj. Se estus unu miliono da gejunuloj en Fukuŝima, aperus 146 (124) suferantoj. La Kancercentro diras, ke neniam antaŭe oni ne esploris tiel grandskale kiel en Fukuŝima pri suferantoj de tiroida kancero, tial la komparado estas malfacila.

Tamen la nombro de la suferantoj en Fukuŝima estas tro granda.

 

2. Ĉu vere la procento de Aidu proksimiĝos al tiuj de aliaj regionoj? Aidu situas tre fore de la nuklea centralo, do eĉ tuj post la nuklea akcidento, radioaktiveco ne estis tiel forta kiel en aliaj regionoj. Mi vidas grandan diferencon inter la ciferoj 0,028 kaj 0,034~0,036. Ĉu tiu diferenco ne evidentigas la influon de radioaktiveco sur homan korpon ?

 

3. La Komitato ne klarigis la nombron de la suferantoj laŭ la sekso. S-ro Macuzaki Miĉijuki, kuracisto, skribis en la revuo “Scienco” (marta numero de 2014) eldonita de la eldonejo Iŭanami : « Junulinoj 2~6-oble pli multe suferas pro tiroida kancero ol junuloj. En Fukuŝima gejunuloj samproporcie suferas, samkiel en Ĉernobil. Tio povis esti influo de la nuklea akcidento ».

 

4. En la ĵurnalo Fukuŝima-Minpoo la 17an de aŭgusto aperis unu-paĝa granda reklamo de la ŝtato : “Havu ĝustan scion pri radioaktiveco”, en kiu s-ro Nakagaŭa Keiiĉi (asista profesoro de la hospitalo de la universitato Tokio) kaj Lethy Keeth Chem (literumado de lia nomo ne estas certa, eksa fakestro de sano en IAEA). Nakagaŭa diras: « Tro da nervoziĝo pri radioaktiveco malbonigas vivadon kaj pligrandigas riskon de kancero » kaj « Ne multiĝos kancero kaŭzita de radioaktiva elmetiĝo en Fukuŝima », kaj Chem diras: « Agu laŭ la scienca normo fiksita de internaciaj organizoj ».

Ŝajnas al mi, ke la registaro provas kaŝi danĝeron de radioaktiveco por plu uzi atomenergion. Ŝajnas al mi, ke ankaŭ tiu rezulto de la Komitato sekvas la vojon de la registaro.

 

Konsisto de energifontoj en Japanio

   Al mia antaŭa raporto venis demando pri la konsisto de energifontoj en Japanio. Jen estas respondo :

 

En 2010 (antaŭ la nuklea akcidento),  en 2013

   Vapor energio : 61,8%                      88,4%

   Atomenergio :   28,6%                       1,0%

   Akva energio :  8,5%                        8,5%

   Aliaj :                1,1%                        2,2%

      (La sumo de la ciferoj en 2013 ne fariĝas 100 pro traktado de malgrandaj ciferoj.)

 

Japanio havas altan teknikon pri reaktoro de vaporenergio. La plaj nova reaktoro povos ŝpari petrolon je 20%. Multaj elektraj kompanio nun produktas elektron per malnovaj reaktoroj kaj volas (laŭ mi « voletas » aŭ nevole) anstataŭigi ilin per novaj, sed la financa problemo (kaj ankaŭ « antaŭvidataj baldaŭaj » refunkciigo de nukleaj reaktoroj) bremsas tiun movon. TEPCO planas konstrui du 500.000-kilovatajn vaporenergiajn reaktorojn en Fukuŝima kiel simbolojn de restarigo de Fukuŝima, (ĉar, laŭ mi, ĝi ne povas facile antaŭvidi refunkciigon de siaj nukleaj centraloj).

 

La registaro aĉetos la terenon por konservi poluitan teron

   La 29an de aŭgusto la gubernio Fukuŝima decidis akcepti la registaran proponon pri la tereno por konservi poluitan teron.

   Ĉiu en Fukuŝima troviĝas montoj da sakoj da poluita tero. Oni ne povas senpoluigi ĝin, do la unusola rimedo estas konservadi ĝin ie, kaj la registaro proponis fari la konservejon en la urboj Ookuma kaj Futaba, kie estas tiuj detruitaj reaktoroj. Por aĉeti terenon por la konservejo, la registaro proponis 85 miliardojn da enoj kaj la gubernio 15 miliardojn da enoj (sume 100 miliardojn da enoj, 1 miliardoj da eŭroj) kiel kompensan monon al ambaŭ urbetoj. Ambaŭ akceptos tiun proponon. Sekve la loĝantoj en tiuj urboj eterne perdos sian terenon kaj esperon reveni hejmen. La registaro promesas, ke post 30 jaroj ĝi transportos la teron ekster la gubernio kaj finforĵetos ĝin, sed neniu kredas, ke troviĝos tiuj, kiuj akceptos ĝin.

   Fine mono parolis !

 

 

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13 septembre 2014 6 13 /09 /septembre /2014 15:35
De la gestion des flux migratoires par un État nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire

Dans son numéro d’août-septembre, la revue Diplomatie (Les Grands Dossiers n° 22) a édité un nouvel article de Cécile Asanuma-Brice concernant la gestion des flux migratoires suite à la catastrophe de Fukushima, présentant des questions peu traitées jusqu'à maintenant comme le déplacement de la responsabilité de la catastrophe au niveau local et individuel, l’accès kafkaïen au dédommagement des victimes, l’anéantissement de l’interaction entre les habitants et leur territoire ou encore la stratégie d’endoctrinement utilisée par le gouvernement via une communication ciblée.

Le blog de Fukushima a choisi de publier une partie de cet article et propose sa lecture dans son intégralité en version pdf avec l’accord de son auteur.

 

__________________

 

 

De la gestion des flux migratoires par un État nucléariste

dans un contexte de catastrophe nucléaire

 

 

Par Cécile Asanuma-Brice, spécialisée en géographie urbaine, chercheuse associée au Clersé – Université de Lille I et au centre de recherche de la Maison franco-japonaise de Tokyo (1).

 

 

Trois années se sont écoulées depuis le tremblement de terre suivi d’un tsunami le 11 mars 2011, qui, faut-il le rappeler, a engendré un accident nucléaire majeur à la centrale de Fukushima Dai-ichi, dans le Nord-Est du Japon. Au cœur de la gestion post-catastrophe, c’est celle des hommes et de leur mobilité qui est en jeu.

 

Nous avions, en décembre 2011, rédigé un bilan précis des dégâts provoqués par la catastrophe de Fukushima dans le secteur du logement, ainsi que du relogement des personnes victimes à la fois du tsunami, et de la contamination nucléaire qui s’est très largement répandue dans une partie de la préfecture de Fukushima et des départements voisins (2). Le gouvernement a fait état de 160 000 personnes déplacées, dont 100 000 à l’intérieur du département et 60 000 à l’extérieur. À la suite de la politique publique de retour à vivre dans les territoires en grande partie contaminés, l’estimation officielle est aujourd’hui de 140 000 personnes réfugiées : 100 000 personnes à l’intérieur du territoire et 40 000 à l’extérieur. Néanmoins, ces chiffres sont le fruit d’un système d’enregistrement extrêmement contraignant, auquel une partie non négligeable des habitants n’a pas voulu se plier (3). La population déplacée est donc notablement plus élevée que ce que les statistiques officielles laissent entendre. Comment le Japon a-t-il géré ses « réfugiés du nucléaire » ? Quelles sont les logiques nationales et internationales à l’œuvre derrière les politiques publiques en la matière ? C’est ce que nous allons tenter d’expliquer ici.

 

Une fillette japonaise originaire du village d’Okuma, proche de Fukushima Daiichi, prend des jouets pour son frère au cours d’une distribution de jouets, de vêtements et de produits d’hygiène organisée par l’armée américaine, fin mars 2011. Au lendemain de l’accident de la centrale, les 11 500 habitants d’Okuma, ainsi que les quelque 65 000 habitants des huit autres communes situées à moins de 20 km de la centrale, ont été évacués dans des gymnases et des abris de fortune, qui seront plus tard remplacés par des logements dits « provisoires ». (© Leo Salinas)

Une fillette japonaise originaire du village d’Okuma, proche de Fukushima Daiichi, prend des jouets pour son frère au cours d’une distribution de jouets, de vêtements et de produits d’hygiène organisée par l’armée américaine, fin mars 2011. Au lendemain de l’accident de la centrale, les 11 500 habitants d’Okuma, ainsi que les quelque 65 000 habitants des huit autres communes situées à moins de 20 km de la centrale, ont été évacués dans des gymnases et des abris de fortune, qui seront plus tard remplacés par des logements dits « provisoires ». (© Leo Salinas)

Les enjeux de la catastrophe

 

Il est essentiel, lorsque l’on évoque la gestion des flux migratoires par un gouvernement et afin de comprendre ses choix, d’en appréhender la politique tant intérieure qu’extérieure. Or, parmi les plus grands paradoxes qui ont suivi la catastrophe dont il est question ici, se trouve la multiplication des accords internationaux en matière de nucléaire entre la France et le Japon (Mitsubishi et Areva notamment) pour la construction de nouvelles centrales nucléaires et l’exploitation de nouveaux gisements d’uranium (4), plus particulièrement en Asie. On notera par ailleurs – mais c’est sans doute une coïncidence – la première participation en juin 2014 du groupe Mitsubishi à Eurosatory, considéré comme le plus grand salon mondial de l’armement terrestre (5). Quelques mois plus tôt, dans une phase préparatoire, s’était tenue en décembre 2012, à Fukushima, la Conférence ministérielle sur la sécurité nucléaire. Des représentants de pays du monde entier y ont promis le développement de centrales désormais sûres et sans danger. La décision politique de poursuivre et de développer l’énergie nucléaire était prise au niveau international, requérant dès lors un retour à la normale des plus prompts et à moindre coût au Japon. Afin de concrétiser cette démarche, les outils élaborés par l’ICRP (International Commission on Radiological Protection), basés sur « les notions de doses collectives* et sur les analyses coûts-bénéfices », sont utilisés comme fondement des calculs de profitabilité en situation de risque. Selon cette institution, la gestion du risque relève d’une équation attribuant une valeur économique à la vie humaine, le calcul du coût de sa protection permettant de déterminer la rentabilité ou non de la mise en place de cette protection (6). Mais, comme le déclarait Jacques Lochard, membre du comité de l’ICRP et directeur du CEPN (Centre d’étude sur l’évaluation de la protection dans le domaine nucléaire)  lors d’un entretien que nous avons mené en novembre 2013, « Ethos ne va jamais sans Thanatos (7) ». Le tout est de savoir de quel côté l’on souhaite faire pencher la balance ! Attribuer une valeur monétaire à la vie humaine matérialise certainement l’aboutissement le plus extrême de la tendance à l’objectivation de l’être (devenu objet) dans nos sociétés.

 

De la gestion des flux migratoires par un État nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire

 

Phase 1. Une politique de gestion des flux à rebours

 

On peut découper en trois phases la politique de contrôle des flux de population en fonction des directives énoncées dans les plans de priorité annuels du gouvernement japonais dans le contexte que nous venons de décrire. La première étape a été mise en œuvre dans l’année qui a suivi la catastrophe. Il fallait répondre à l’urgence, et cela a été fait notamment par la mise à disposition gratuite du parc de logements publics vacants sur l’ensemble du territoire afin d’y accueillir les victimes. Rapidement, le réconfort prend place à l’intérieur du département de Fukushima, par la construction de l’illusion de la protection. Certes, des mesures concrètes et visibles sont réalisées. Cependant, les logements provisoires sont bâtis en partie sur des zones contaminées (voir carte ci-dessus), les postes de mesure installés sont trafiqués et l’inefficacité de la décontamination est rapidement montrée du doigt (voir notamment les nombreux travaux de l’auteur sur ce sujet, et en particulier l’article paru dans Outre-terre signalé en bibliographie, NdlR).

 

Un poste de mesure de la radioactivité. Installés à plus d’un mètre du sol, voire sur des plaques de fer, avec des nettoyages fréquents aux alentours, ils produisent des chiffres inférieurs à la réalité dans le but de rassurer les habitants. (© Cécile Asanuma-Brice)

Un poste de mesure de la radioactivité. Installés à plus d’un mètre du sol, voire sur des plaques de fer, avec des nettoyages fréquents aux alentours, ils produisent des chiffres inférieurs à la réalité dans le but de rassurer les habitants. (© Cécile Asanuma-Brice)

 

La fin de l’année 2012 est marquée par le premier appel au retour avec l’arrêt de la gratuité des logements publics vacants sur l’ensemble du territoire, la décision du maintien de cette mesure revenant désormais aux collectivités locales. C’est là l’un des points fondamentaux qui caractérisent la gestion du désastre, à savoir le déplacement de la responsabilité. Déresponsabiliser les pouvoirs publics – plus particulièrement gouvernementaux – au profit d’une responsabilisation des collectivités locales est le premier degré de ce processus. Cela se traduit par un retard considérable dans les plans de reconstruction, les collectivités locales concernées n’ayant pas les moyens de les assumer. Ainsi, pour l’État japonais, ne pas reconstruire tout en appelant au retour en vantant une reconstruction fictive garantit un maintien des dépenses à un niveau bien moindre que ce qu’impliquerait une véritable politique de reconstruction. Mais surtout, les autorités s’efforcent de fixer les populations dans le département de Fukushima afin d’assurer leur suivi statistique et scientifique. Elles ne sont pas prêtes à prendre en charge la protection de ces populations qu’elles estiment condamnées. Pourquoi investir dans des logements publics pour un département déjà dépeuplé et amené à l’être encore plus ?

(…)

 

Lire l’intégralité de l’article en français : cliquer ici.

 

Cécile Asanuma-Brice a écrit un texte plus complet intitulé "Au-delà du réel – ou Quand le concept participe de la création d’un espace idéal illusoire : de la gestion des flux migratoires par un Etat nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire" ; il comprend la totalité des notes et références.

- publié en anglais dans le magazine Japan Focus (novembre 2014)

- publié en japonais dans la revue critique de l'université de Kanagawa (n°79, décembre 2014)

Les traductions française, anglaise et japonaise de cet article plus complet sont disponibles sur le site du CSRP :  cliquer sur le lien ci-dessous.

_________________

 

(1) Résidente permanente au Japon depuis 2001, auteur de nombreux articles sur la gestion de la catastrophe nucléaire de Fukushima, Cécile Asanuma-Brice a participé à (ou organisé) un grand nombre de conférences sur ce même thème en France comme au Japon.

 

(2) Cécile Asanuma-Brice, « Logement social nippon : quand la notion de public retrouve sa raison », Revue Urbanisme, nov.-déc. 2011, no 381.

 

(3) Cécile Asanuma-Brice et Thierry Ribault, Quelle protection humaine en situation de vulnérabilité totale ? Logement et migration intérieure dans le désastre de Fukushima, rapport dans le cadre du programme « Nucléaire, risque et société » de la Mission Interdisciplinarité du CNRS (2012).

 

(4) Entre autres sur le sujet : « Le Duo Mitsubishi-Areva va construire quatre réacteurs nucléaires en Turquie », Le Monde, 2 mai 2013 ; « Nucléaire : accord de partenariat entre Areva, Mon-Atom et Mitsubishi », Le Parisien, 26 octobre 2013.

 

(5) « Le Japon revient dans la course aux ventes d’armes », Le Monde, 16 juin 2014.

 

(6) Franco Romerio, Énergie, économie, environnement : le cas de l’électricité en Europe entre passé, présent et futur, Genève, Librairie Droz, 1994.

 

(7) Entretien réalisé par C. Asanuma-Brice et T. Ribault à Fukushima en nov. 2013. J. Lochard faisait ici référence au projet ETHOS établi par le CEPN à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2012, visant à donner les connaissances de radioprotection à la population vivant dans des territoires contaminés afin de permettre le glissement de responsabilité que nous évoquons ici, soit l’autogestion de sa protection.

 

____________________________

Photo d'entête : Au lendemain du séisme de magnitude 9 qui a dévasté le Nord-Est du Japon, du 9 au 11 mars 2011, des habitants de Minamisoma (préfecture de Fukushima) observent les débris charriés par le tsunami qui s’est ensuivi. Si la catastrophe naturelle a laissé au moins 387 000 sans-abris, hébergés dans des structures d’accueil, l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Dai-ichi a, à lui seul, provoqué l’évacuation de 160 000 Japonais. (© AFP/ Toru Yamanaka)

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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 20:52

En 2011, Ian Goddard s’est penché sur l’explosion de l’unité 3 et, après avoir abandonné l’hypothèse d’Arnie Gundersen, a proposé une théorie basée sur une explosion de vapeur dans l’enceinte de confinement. Les autorités japonaises et l’opérateur Tepco ont toujours affirmé officiellement que cette explosion avait été provoquée par de l’hydrogène, mais cette position est uniquement due aux premiers communiqués du Cabinet du Premier ministre japonais et de la NISA, et non pas à la réalité constatée. En effet, quelques secondes après l’explosion, le directeur de la centrale s’est écrié : « QG, QG, c’est affreux ! L’unité 3 a explosé à présent ! Je pense que c’est probablement dû à la vapeur ». Mais on lui a bien fait comprendre ensuite qu’il ne faudrait plus qu’il en parle de cette manière et que l’on devait désormais uniquement expliquer les faits avec la version officielle.

J’ai choisi de diffuser la théorie de Ian Goddard car, 3 ans après les faits, elle reste la théorie la plus plausible et paradoxalement une des moins diffusées. Deux informations données par Tepco postérieurement à l’édition de l’article original en 2011 corroborent son scénario. Tout d’abord, en 2012, l’opérateur a lâché une information de taille : un bouchon de grandes dimensions qui ferme un conduit permettant d’apporter ou retirer des équipements lourds à la base de l’enceinte de confinement est sorti de son emplacement. Il est probable qu’une surpression interne ait pu réaliser cet exploit de déplacer cet équipement de plusieurs dizaines de tonnes qui reste évidemment fermé quand le réacteur est en fonctionnement. La deuxième information date de cette année : suite au nettoyage des ruines de l’unité 3, une partie de la dalle anti-missile, élément intégral du couvercle du puits de cuve du réacteur, a été retrouvée affaissée de 30 cm en son centre par rapport aux autres éléments, ce qui peut s’expliquer par son soulèvement et sa chute, aucun objet lourd n’étant tombé directement dessus. Là encore, cet équipement en béton armé d’environ 40 tonnes n’a pas pu bouger sans qu’une très forte pression n’apparaisse subitement.

Toutefois, la complexité de cette succession d’explosions de l’unité 3 est telle qu’il est possible que d’autres facteurs soient responsables de tel ou tel évènement physique non pris en compte dans ce scénario énoncé précocement. C’est pourquoi il doit être considéré comme une bonne piste de recherche et doit laisser la porte ouverte à d’autres scénarios ou variantes. Quoi qu'il en soit, cette hypothèse d’explosion de vapeur, toujours tue par les autorités scientifiques de la planète nucléaire, a le mérite d’exister et Ian Goddard doit ici être remercié pour la clarté de sa démonstration qui contraste avec le mutisme des organismes scientifiques censés nous expliquer ce qui est arrivé.

Pierre Fetet

 

 

__________________

 

 

 

Unité 3 de Fukushima : la théorie de l’explosion de vapeur

 

Ian Goddard

 

 

 

Titre original : Fukushima Unit 3 - steam-explosion theory

Source : http://iangoddard.com/fukushima01.html

Traduction française : Pierre Fetet (relecture Phil Ansois)

 

 

 

 

L’événement marquant des fusions de cœur de Fukushima a été la grande explosion de l'unité 3, le 14 mars, avec son nuage en forme de champignon, en total contraste avec l'explosion de l'unité 1 qui n'avait provoqué aucune projection verticale remarquable. Pourtant, Tokyo Electric Power Company suppose que chacune de ces explosions est due à de l’hydrogène qui s’est retrouvé confiné au niveau supérieur au-dessus du réacteur. Toutefois, parce que des effets radicalement différents suggèrent des causes différentes, considérons un modèle fondé sur des données probantes dans lequel l’explosion de l'unité 3 était une explosion de vapeur qui a vaporisé des tonnes d'eau de mer injectées en un nuage en forme de champignon et qui a déclenché des explosions secondaires d'hydrogène.
 

Figure 1: L’explosion de l’unité 1, contrairement à celle de l’unité 3, n’a pas eu d’amplitude verticale et n'a pas formé de nuage en forme de champignon. Il semble donc que quelque chose en plus soit arrivé à l'unité 3. Le nuage en forme de champignon est composé d’une masse compatible avec des tonnes d'eau vaporisée.

Figure 1: L’explosion de l’unité 1, contrairement à celle de l’unité 3, n’a pas eu d’amplitude verticale et n'a pas formé de nuage en forme de champignon. Il semble donc que quelque chose en plus soit arrivé à l'unité 3. Le nuage en forme de champignon est composé d’une masse compatible avec des tonnes d'eau vaporisée.


Le risque d'une explosion de vapeur au cours d’une fusion de cœur dans une enceinte de confinement abritant un réacteur a été un sujet de préoccupation et de recherche considérable, comme indiqué dans Moriyama et al .:

« L'explosion de vapeur provoquée par le contact d’un cœur fondu et d’un liquide de refroidissement [l'eau] est reconnue comme l'une des menaces potentielles pour l'intégrité d’une enceinte de confinement lors d'un accident grave de réacteurs à eau légère et l'une des plus importantes sources d'incertitude dans l'évaluation des fréquences des premiers rejets importants de produits de fission. » [1]

Puisque de l'eau de mer a été injectée dans le réacteur de l’unité 3 dans le but de le refroidir lors de sa fusion, les ingrédients nécessaires pour une explosion de vapeur dans l'enceinte de confinement étaient réunis avant l'explosion. Donc, étant donné que l'explosion de vapeur est un risque reconnu dans de telles circonstances, la possibilité d'une explosion de vapeur nécessite une enquête que nous allons entreprendre sans délai.


Panaches de vapeur distincts provenant de l'enceinte de confinement

 
Dès que les nuages ​​de l'explosion se sont dissipés, deux panaches de vapeur distincts ont été vus sortant du niveau supérieur démoli de l'unité 3.

La figure 2 (a) montre l'unité 3 trois minutes après son explosion, et là nous voyons deux panaches de vapeur distincts. Ces deux panaches ont été observées tout au long du début du printemps, quand l'unité 3 produisait de la vapeur, comme le montre la figure 2 (b, c, d).
 

Figure 2 (a-d): des panaches de vapeur distincts vus tout au long du début du printemps après l’explosion s’élèvent en nuage de l'unité 3. (e) La tendance à un panache de vapeur persistant suggère une vapeur provenant de l'enceinte de confinement.

Figure 2 (a-d): des panaches de vapeur distincts vus tout au long du début du printemps après l’explosion s’élèvent en nuage de l'unité 3. (e) La tendance à un panache de vapeur persistant suggère une vapeur provenant de l'enceinte de confinement.


La figure 2 (e) situe les panaches de vapeur sur le plan de l'unité 3. Sans surprise, le volume important des nuages de vapeur qui s'échappaient est en corrélation avec un grand réservoir d'eau bouillante [2]. La seule autre masse d'eau sur le site est la piscine de combustible usé sur le côté sud de l'unité 3 (voir la piscine de combustible usé dans les figures 2 (e) et 3). Cependant, les panaches de vapeur émanent de points autour du centre de l'unité 3, et s’échappent dans de gaies volutes tout comme de la vapeur s’échappant de trous dans un récipient d'eau bouillante. De toute évidence, ces panaches de vapeur distincts ne viennent pas de la piscine de combustible.


Les points chauds du couvercle du puits de cuve correspondent aux panaches de vapeur


La figure 3 localise les points chauds sur les photos infrarouges associées au plan de l’étage de service de l'unité 3. On constate que les points chauds clés s'alignent avec le bord du couvercle du puits de la cuve du réacteur. Ces points chauds correspondent à leur tour aux panaches de vapeur de la figure 2 et aux forces explosives que nous verrons dans la figure 4.
 

Figure 3 : Animation : les points chauds correspondent au couvercle, à la vapeur et aux souffles explosifs dans la figure 4. Notez que la piscine de combustible à gauche est décentrée ; c’est également chaud au niveau du stockage de combustible usé.

Figure 3 : Animation : les points chauds correspondent au couvercle, à la vapeur et aux souffles explosifs dans la figure 4. Notez que la piscine de combustible à gauche est décentrée ; c’est également chaud au niveau du stockage de combustible usé.


Les panaches de l’explosion correspondent aux panaches de vapeur


La figure 4 montre les séquences vidéo initiales de l'explosion de l’unité 3. Notez qu'il y a des panaches explosifs distincts, le plus évident étant le panache de feu qui a la forme d’un poing qui frappe et passe à travers le haut de la paroi sud ensoleillée. Notez aussi que les panaches explosifs initiaux ne se propagent pas vers le haut comme le nuage en forme de champignon qui les a suivis, mais qu’ils ont plutôt des effets de souffle sur les côtés suivant un angle d’environ 45˚. Les angles des vecteurs [d’éjection ; cf. Fig. 3] convergent bien sur ​​le bord du couvercle du réacteur, là d’où proviennent aussi les panaches de vapeur. Par conséquent, dans ce modèle d’explosion de vapeur, ces panaches explosifs sont une phase ignée des panaches de vapeur qui s’est produite immédiatement après, comme le montre la figure 2. Cette phase enflammée des panaches provenant de l’enceinte de confinement reflète l'éjection explosive de gaz inflammables comme l'hydrogène à partir de la zone supérieure de l'enceinte de confinement.
 

Figure 4 : Animation : modélisation de la phase initiale de l'explosion sur la base des données des figures 2 et 3. L'eau, dans notre modèle, est assombrie par sa contamination avec du combustible fondu et des dégagements gazeux.

Figure 4 : Animation : modélisation de la phase initiale de l'explosion sur la base des données des figures 2 et 3. L'eau, dans notre modèle, est assombrie par sa contamination avec du combustible fondu et des dégagements gazeux.


La figure 5 montre le mécanisme de déclenchement d’une explosion de vapeur hors cuve, comme cela est décrit dans Moriyama et al., où l'eau s’est accumulée au fond de l'enceinte de confinement en dessous du réacteur. Ensuite, le combustible fondu, en traversant le fond de la cuve fondue du réacteur, provoque une explosion de vapeur au moment où il tombe dans l’eau en dessous du réacteur. [1] Ainsi, dans notre modèle pour Fukushima, l'eau de mer injectée dans le réacteur de l'unité 3 s’écoule hors du réacteur et s’accumule dans l’enceinte de confinement. La chute du combustible en fusion déclenche alors une explosion de vapeur qui elle-même déclenche les explosions secondaires d'hydrogène. [1,3]
 

Figure 5 : Animation: l’explosion de vapeur hors-cuve déclenchée par le combustible fondu tombant dans l'eau.

Figure 5 : Animation: l’explosion de vapeur hors-cuve déclenchée par le combustible fondu tombant dans l'eau.


Dans la figure 6, toutes nos observations sont réunies pour former un modèle compatible et cohérent d’explosion de vapeur hors-cuve qui concorde parfaitement avec l'explosion de l'unité 3. Ici, nous faisons fonctionner ce modèle plus loin que l’animation de la figure 4, jusqu’au point de « l'épanouissement du champignon », qui arrive juste après comme prévu, une grosse boule de vapeur de carburant usé roulant vers le haut dans le ciel. Nous supposons que la force de l'explosion dans l'enceinte a momentanément soulevé le couvercle du puits de cuve, permettant à une partie importante de l'eau de mer de s’échapper, avant qu’il ne retombe et se referme. Mais les dégâts de l'explosion sur les joints du couvercle ont permis à la vapeur de se propager pendant des semaines comme on le voit dans la figure 2.

 

Figure 6 : Animation : modélisation de l’explosion de vapeur hors-cuve appliquée à l'explosion de l'unité 3.

Figure 6 : Animation : modélisation de l’explosion de vapeur hors-cuve appliquée à l'explosion de l'unité 3.

 

Indices donnés par les instruments de mesure

Les données enregistrées indiquent que l'explosion de l’unité 3 a été associée à un taux significatif de variation de pression (une chute de pression) dans l’enceinte de confinement (appelée aussi drywell, ou D/W) comme si cela correspondait à un rejet explosif soudain provenant de celle-ci. [4]

 

Figure 7 : l'explosion a coïncidé avec une baisse soudaine de la pression de confinement. Le graphique montre le taux de variation de pression et son évolution ; la pression n’est pas revenue à la normale après l'explosion (voir [4] pour plus de détails).

Figure 7 : l'explosion a coïncidé avec une baisse soudaine de la pression de confinement. Le graphique montre le taux de variation de pression et son évolution ; la pression n’est pas revenue à la normale après l'explosion (voir [4] pour plus de détails).


La théorie de TEPCO selon laquelle l'explosion de l’unité 3 est uniquement due à une explosion d'hydrogène dans l'espace du niveau supérieur au-dessus du confinement est contredite par la perte simultanée et soudaine de la pression de l'enceinte de confinement, qui indique clairement son implication dans l'explosion.
Cela montre aussi que l'eau de mer injectée dans le réacteur fuyait, ce qui de ce fait inondait l'enceinte de confinement comme le montre la figure 5. Vingt heures avant que l'unité 3 n’explose, TEPCO a également indiqué dans un communiqué de presse (soulignement ajouté):

En tenant compte du fait que le niveau d'eau dans la cuve sous pression n'a pas augmenté depuis longtemps et que la dose de rayonnement augmente, nous ne pouvons pas exclure la possibilité que la même situation se soit produite à l'unité 1 le 12 mars. [5]

Que le niveau de l’eau n'ait pas augmenté pendant une longue période est conforme à un écoulement de l'eau hors du réacteur. Et qu'il ait finalement augmenté est cohérent avec le fait que le niveau dans l'enceinte de confinement était finalement suffisamment élevé pour permettre au niveau d’augmenter aussi dans le réacteur. Cependant, gardez à l'esprit que ce sont des conclusions à partir d'une déclaration au sujet d'une situation complexe et que même ceux qui étaient sur le site à ce moment ne pouvaient pas être certains de la signification des données des niveaux d'eau.


Discussion


Étant donné que l'explosion de vapeur hors cuve au cours d'une crise est reconnue par l'industrie nucléaire et les scientifiques comme un risque grave, il est surprenant que la seule mention de celle-ci en rapport aux fusions de cœurs de Fukushima trouvée via Google (au 03/09/11) se trouve dans un rapport de Greenpeace Allemagne [6]. Ce qui est aussi surprenant, c'est qu'il n'y a pas eu à ce jour d'explication ou même de reconnaissance des différences considérables entre les explosions de Fukushima provenant de l'industrie, du gouvernement ou de sources universitaires. Et pourtant, comprendre exactement comment les centrales nucléaires ont explosé pourrait évidemment aider à protéger le public contre les catastrophes nucléaires du futur.


Dans le rapport du gouvernement japonais, l’explosion de l’unité 3 est expliquée de cette manière : " Une explosion, qui était probablement une explosion d'hydrogène, a eu lieu à la partie supérieure du bâtiment réacteur à 11h01 le 14 mars " [7]. C'est tout ! Pour une explication universellement acceptée, sans question à faire valoir en passant simplement comme probable, c'est surprenant. En outre, elle est probable par rapport à quoi ? Si je dis « La pluie est probable », nous savons que ça signifie que c’est probable par rapport au fait qu’il ne pleut pas, et nous savons ce que ne pas pleuvoir veut dire. Pourtant, il n'est pas fait mention de toute autre cause possible relative au fait que cette probabilité est favorisée. Le terme explosion de vapeur ne figure même pas dans le rapport. Il semble donc que soit il n’y a que Greenpeace à être familier avec la littérature nucléaire, soit le gouvernement et TEPCO ont choisi de garder le silence sur d'autres causes possibles.

Considérant que la fuite de liquide de refroidissement dans l'enceinte de confinement est une condition préalable pour une explosion de vapeur hors-cuve tant redoutée, il est curieux que TEPCO ait déclaré dans presque chaque communiqué de presse précédent l’explosion de l'unité 3 : « Actuellement, nous ne croyons pas qu'il y ait une fuite de liquide de refroidissement du réacteur vers l’enceinte de confinement du réacteur. » [8] En commençant par dire « nous ne croyons pas », c'est avant tout une déclaration au sujet de la croyance qui revient à dire : nous ne savons rien de toute fuite. Un tel déni de savoir qu'une condition préalable essentielle à une explosion de vapeur hors-cuve puisse exister a des relents de manœuvres précontentieuses destinées à réduire la responsabilité éventuelle de TEPCO.

En conclusion, les éléments de preuve dans le présent rapport ramènent constamment à une explosion dans l'enceinte de confinement et donc plus probablement à une explosion de vapeur hors cuve dans cette grande enceinte d'eau bouillante [2]. Ce type d'explosion de vapeur est le type le plus probable parce que la recherche indique qu’il est très peu probable qu’une explosion à l’intérieur de la cuve (c’est-à-dire une défaillance du confinement en mode alpha) survenant à l'intérieur du réacteur lui-même puisse provoquer une brèche dans l'enceinte de confinement, et il y aurait donc peu de chances qu’elle produise l'explosion dramatique de l'unité 3 [1].

 


Conclusion

La preuve empirique multimodale examinée ci-dessus démontre que tous ces éléments, à savoir (a) les panaches de vapeur d'eau, (b) les points chauds, (c) les forces explosives et (d) un nuage de vapeur en forme de champignon,  correspondent à des vecteurs [d’éjection ; cf. Fig. 3] dont les origines convergent autour du couvercle d'un grand réservoir d’eau bouillante connu sous le nom d’enceinte de confinement. En outre, les données enregistrées montrent que la pression dans l'enceinte de confinement a soudainement chuté au moment de l'explosion (conformément à une explosion provenant de l'enceinte de confinement) et que le jour avant l'explosion, les niveaux d'eau n'ont pas augmenté dans le réacteur pendant une longue période en dépit de l’eau injectée (compatible avec l'eau qui s'écoule du réacteur et son accumulation dans l’enceinte de confinement). Enfin, compte tenu de la présence de flammes dans deux des panaches explosifs (figures 4 et 6), l'explosion dans l'enceinte a probablement déclenché les explosions secondaires d'hydrogène, car ce  gaz se serait accumulé à la fois dans l'espace de l’enceinte de confinement et dans l'espace du niveau supérieur au-dessus de l'enceinte de confinement.

 


_______________

[1] Moriyama, K., et al. (2006). Evaluation of Containment Failure Probability by Ex-Vessel Steam Explosion in Japanese LWR Plants, Journal of Nuclear Science and Technology, 43(7), p.774-784.


[2] Nous n’avons pas besoin d’émettre l'hypothèse que le réservoir d'eau était en train de bouillir parce que son ébullition est un fait accepté par tout observateur bien informé. En effet, (1) l'eau autour du combustible nucléaire fondu ou en train de fondre est nécessairement en ébullition et doit être renouvelée en permanence pour étancher le rythme rapide de l'ébullition, et (2) les panaches de vapeur vus dans la figure 2 montrent clairement que l'eau fuyant de l’intérieur de l’enceinte de confinement de l’unité 3 bouillait. Reconnaissant que l'enceinte de confinement était un grand réservoir d'eau bouillante, comme une grande cocotte-minute avant que ses joints ne cèdent, la théorie selon laquelle il a subi une explosion de vapeur doit être considérée comme la théorie par défaut.

[3] JAEA. (2006). Nuclear Safety Research, Evaluating the Risk of Steam Explosions, JAEA R&D Review, p. 83.


[4] Variation du taux de pression du D/W de l’unité 3 (MPa/h) dans la période 0-96 heures après le séisme.

Voir aussi: la pression de la cuve du réacteur (RPV) et de l’enceinte de confinement primaire (PCV, et toute autre dénomination : enceinte de confinement, drywell ou D/W) au moment de l'explosion.

Données brutes de Tepco pour l'unité 3, certaines d'entre elles utilisées ici.

[5] TEPCO Communiqué de presse de Tepco du 13 Mars 2011 : Impact to TEPCO's Facilities due to Miyagiken-Oki Earthquake (as of 3:00PM).

[6] Large, J.H. (2011). Brief opinion on the TEPCO plan to flood the primary containment of Unit 1 Fukushima Dai-ichi, Greenpeace Germany.

[7] Prime Minister of Japan and His Cabinet. (2011). Report of Japanese Government to the IAEA Ministerial Conference on Nuclear Safety - The Accident at TEPCO's Fukushima Nuclear Power Stations, Chapter 4.


[8] Communiqué de presse de Tepco du 12 mars 2011 : Plant Status of Fukushima Daiichi Nuclear Power Station (as of 11PM March 12th).

 

 

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 18:34

Texte de HORI Yasuo, rédigé le 21 août 2014

traduit de l'espéranto par Paul Signoret

 

_________________

 

 

 

La centrale nucléaire de Sendai a subi l’examen avec succès

 

Aucun de nos 54 réacteurs nucléaires (50 + 4 hors d’usage à Fukushima) ne fonctionne. Après l’accident nucléaire de Fukushima, le gouvernement a créé un organisme, l’"Autorité Nucléaire de Régularisation", qui examine les réacteurs selon une norme nouvelle, plus sévère. Toutes les compagnies d’électricité possédant des réacteurs nucléaires veulent les remettre en marche et réclament de l’Autorité qu’ils soient examinés dans les meilleurs délais.

A propos de la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai

Le 16 juillet, l’Autorité a fait savoir que la centrale nucléaire de Sendai, située au sud de l’île de Kyushu (voir carte ci-contre : c’est l’île située à l’extrême sud-ouest de l’archipel) répondait à la nouvelle norme. Interviewé, le chef de l’Autorité, Tanaka Shunitsi, a dit : « Nous avons examiné la centrale non sous le rapport de sa sécurité, mais de sa conformité à la norme. Je ne dis pas que la centrale est sûre. Je ne peux pas dire qu’elle ne présente aucun risque. »

Le premier ministre Abe a délibérément mal interprété cette déclaration en disant : « Nous avons fait un pas en avant. L’Autorité a examiné la centrale selon la norme la plus sévère au monde et si, sur la base de cet examen, il sera conclu que la centrale est sûre, je veux la remettre en service après avoir reçu l’approbation des communautés concernées. ».

Beaucoup de gens critiquent le chef de l’Autorité et le premier ministre. Les principaux problèmes sont les suivants :

 

1. Cette norme n’est nullement la plus sévère au monde. Elle n’exige ni que le réacteur soit équipé d’un récupérateur du corium, entrant en fonction quand se produit une fusion du cœur du réacteur, ni que l’enceinte de sécurité ait une double paroi. Il s’agit pourtant là des techniques les plus modernes, déjà à l’œuvre en Europe.

 

2. Sendai est situé à proximité d’un grand volcan et beaucoup de géologues mettent en garde contre le danger d’une éventuelle éruption menaçant la centrale, mais l’Autorité a ignoré l’avertissement et approuvé les mesures préventives proposées par la compagnie d’électricité.

(À gauche, au centre du petit cercle rouge : la centrale de Sendai ; zones entourées de vert : trois grands volcans)

(À gauche, au centre du petit cercle rouge : la centrale de Sendai ; zones entourées de vert : trois grands volcans)

 

3. Il n’existe toujours pas de plan d’évacuation. Ni l’Autorité ni le gouvernement n’en ont la responsabilité. Le chef du département de Kagoshima dit même qu’un plan concernant les gens qui logent dans un rayon de dix kilomètres suffit, alors qu’à Fukushima il y a eu de nombreuses victimes à l’extérieur de cette zone. La remise en route de la centrale compte davantage, à ses yeux, que la vie des habitants.

La procédure se poursuivra ensuite de la façon suivante :

1. Audition par le gouvernement, pendant un mois, des opinions exprimées* par les gens.

    * Celles-ci seront majoritairement défavorables, mais le gouvernement les ignorera.

2. Approbation* de la remise en marche de la centrale par le département de Kagoshima et la ville de  Satsuma-Sendai.

    * Jusqu’à présent, il était admis qu’en cas d’approbation des deux communautés, la compagnie d’électricité aurait le droit de remettre en marche la centrale, or maintenant les villes voisines exigent que la compagnie les entendent, elles aussi, car en cas d’accident elles aussi seraient concernées.

3. Après l’automne, remise en marche des réacteurs.

 

 

 

Enquête sur la remise en marche des centrales

 

59% s’opposent à la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai

(enquête téléphonique menée par le journal Asahi, les 26 et 27 juillet)

 

1. Sur la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai :

 

Hommes :      pour : 33%          contre : 37%

Femmes :        pour : 13%          contre : 65%

Total :            pour : 23%          contre : 59%

 

2. Sur la sécurité de l’énergie nucléaire :

 

Peut être considérée comme sûre, si elle est techniquement bien gérée :

25%

36% (mai 2011, après l’accident de Fukushima)

Tellement dangereuse, que les hommes ne peuvent la rendre sûre :

63%

56% (mai 2011, après l’accident de Fukushima)

 

3. Le premier ministre a tiré la leçon de l’accident :

19%

Le premier ministre n’a tiré ancune leçon de l’accident :

61%

 

 

 

 

Enquête menée dans la ville de Satsuma-Sendai

 

La « Société de vie – Adieu à l’énergie nucléaire » a enquêté auprès de 1133 personnes, dans la ville de Satsuma-Sendai où est implantée cette centrale nucléaire.

 

1. Sur la remise en marche de la centrale nucléaire de Sendai :

Pour :                        7%

Contre :                     85%

2. La ville progressera-t-elle avec la centrale nucléaire ?

Ne progressera pas : 68%

Progressera :             9%

Progressera ou pas :  20%

 

Le premier ministre a fait à la compagnie d’électricité Kyushu la promesse suivante : “De toute façon, je réussirai à remettre la centrale en marche”, Mais y parviendra-t-il si facilement, alors qu’en raison de sa politique militariste les oppositions se multiplient ?

 

____________________________

 

Texte original en espéranto

____________________________

 

 

La 21an de aŭgusto 2014

 

La nuklea centralo de Sendai sukcese trapasis la ekzamenon

 

   Nun neniu el 54 nukleaj reaktoroj (50 + 4 forĵetitaj reaktoroj en Fukuŝima) funkcias. Post la nuklea akcidento en Fukuŝima, la registaro starigis organizon « Nuklea Reguligada Aŭtoritato », kiu ekzamenas reaktorojn laŭ la nova, pli severa normo. Ĉiuj elektraj kompanioj, kiuj posedas nukleajn reaktorojn, volas refunkciigi siajn reaktorojn plej baldaŭ kaj hastgis al la Aŭtoritato plej rapidan ekzamenon.

 

La 16an de julio, la Aŭtoritato publikigis, ke la nuklea centralo de Sendai en la suda insulo Kjuuŝuu (en la mapo : plej sube kaj plej maldekstre) konformiĝas al tiu nova normo. En la intervjuo la aŭtoritatestro Tanaka Ŝuniĉi diris: « Ni ekzamenis la centralon ne pri ĝia sekureco, sed pri ĝia konformeco al la normo. Mi ne diras, ke ĝi estas sekura. Mi ne povas diri, ke la centralo estas senriska ».

La ĉefministro Abe intence misinterpretis lian klarigon kaj diris: « Ni paŝis unu paŝon antaŭen. La Aŭtoritato ekzamenis la centralon laŭ la plej severa normo en la mondo kaj se oni konkludos surbaze de tiu ekzameno, ke la centralo estas sekura, mi volas refunkciigi ĝin, ricevonte aprobon de la rilatantaj komunumoj ».

Multaj homoj kritikas la aŭtoritatestron kaj la ĉefministron. Troviĝas jenaj ĉefaj problemoj:

1. Tiu normo tute ne estas la plej severa en la mondo. Ĝi postulas nek ekipi la reaktoron per “kerno-kaptilo (core catcher)”, kiu funkcias, kiam okazas kernofandiĝo, nek duoble kovri la reaktorsekrujon. Tiuj estas la plej moderanaj teknikoj, kiujn jam en Eŭropo oni adoptis.

2. La nuklea centralo Sendai situas proksime de la grandega vulkano kaj multaj geologoj avertas eventualan danĝeron de la erupcio al la centralo, sed la aŭtoritato ignoris la averton kaj aprobis la kontraŭrimedojn proponitajn de la elektra kompanio.

 

 

(Maldekstre, la ruĝa rondeto : Sendai-centralo, meze, verdaj zonoj : tri grandaj vulkanoj)

 

 

 

3. Ankoraŭ ne ekzistas sufiĉa plano de evakuado. Nek la aŭtoritato, nek la registaro respondecas pri evakuad-plano. La guberniestro de Kagoŝima eĉ diras, ke la plano nur por la loĝantoj en la radiuso de 10 kilometroj estas sufiĉa, kvankam en Fukuŝima multegaj homoj ekster tiu zono suferis. Por li refunkciado de la centralo estas pli grava ol vivo de la loĝantoj.

 

   Poste jene okazos la proceduro :

1. La registaro aŭskultos opiniojn de la popolanoj dum unu monato.

   *La plejparto de la opinioj estos kontraŭaj, sed la registaro ignoros ilin.

2. Aproboj de la gubernio Kagoŝima kaj la urbo Sacuma-Sendai.

   * Ĝis nun se la du komunumoj aprobos la refunkciigon, la elektra kompanio rajtas refunkciigi la centralon, sed nun ĉirkaŭaj urboj postulas, ke la kompanio aŭskultu ankaŭ ilin, ĉar kiam okazos akcidento, ĝi influos anakŭ ilin.

3. Post aŭtuno oni refunkciigos la reaktorojn.

 

Enketoj pri la refunkcigo de la centraloj

 

59% kontraŭas refunkciigon de la nuklea centralo de Sendai

   La ĵurnalo Asahi enketis telefone la 26an kaj la 27an de julio.

1. Pri refunkciado de la nuklea centralo de Sendai. 

Viroj :   por 33%     kontraŭ 37%

   Virinoj:    por 13%     kontraŭ 65%

   Sumo:      por 23%     kontraŭ 59%

2. Pri sekureco de nuklea energio

  Oni povas teni ĝin sekura, se oni bone zorgas ĝin teknike:

25%

36% (majo 2011, post la akcidento en Fukuŝima)

  Ĝi estas tiel danĝera, ke homoj ne povas teni ĝin sekura :          

63%

            56% (majo 2011, post la akcidento en Fukuŝima)

3. La ĉefministro lernis de la akcidento:

                   19%

  La ĉefministro ne lernis de la akcidento:

                   61%

 

Enketo en la urbo Sacuma-Sendai

   « La societo de vivo - Adiaŭo al nuklea energio » enketis al 1133 homoj en la urbo Sacuma-Sendai, kie situas tiu nuklea centralo.

1. Pri la refunkciigo de la nuklea centralo Sendai

   Por :                  7%

   Kontraŭ :          85%

2. Ĉu la urbo Sacuma-Sendai progresos, dependante de la nuklea centralo?

   Ne progresos :   68%

   Progresos :               9%

   Progresos aŭ ne:  20%

  

La ĉefministro promesis al la elektra kompanio Kjuuŝuu, dirante: “Mi ĉiel sukcesigos la refunkciigon”, sed ĉu li tiel facile povos sukcesi, ĉar nun pli kaj pli multiĝas kontraŭaj voĉoj al li pro lia militisma politiko ?

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